Archive pour juin, 2009

Saint Irénée de Lyon: « Baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit »

6 juin, 2009

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20090607

Sainte Trinité, solennité : Mt 28,16-20

Commentaire du jour
Saint Irénée de Lyon (vers 130-vers 208), évêque, théologien et martyr
Démonstration de la prédication apostolique, 6-8 (trad. Verbraken / Orval)

« Baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit »

      Voici quelle est la règle de notre foi, voici ce qui fonde notre édifice, voici ce qui donne fermeté à notre comportement. D’abord : Dieu Père, incréé, illimité, invisible ; Dieu un, créateur de l’univers ; c’est le premier article de notre foi. Deuxième article : le Verbe de Dieu, Fils de Dieu, Jésus Christ, notre Seigneur ; il a été révélé aux prophètes selon le genre de leurs prophéties et selon le dessein du Père ; par son entremise, tout a été fait ; à la fin des temps, pour récapituler toutes choses, il a daigné se faire homme parmi les humains, visible, palpable, pour ainsi détruire la mort, faire apparaître la vie et opérer la réconciliation entre Dieu et l’homme. Et troisième article : l’Esprit Saint ; par lui, les prophètes ont prophétisé, nos pères ont appris les choses de Dieu et les justes ont été guidés dans la voie de la justice ; à la fin des temps, il a été répandu d’une manière nouvelle sur les hommes, afin de les rénover sur toute la terre, pour Dieu.

      C’est pourquoi le baptême de notre nouvelle naissance est placé sous le signe de ces trois articles. Dieu le Père nous l’accorde en vue de notre nouvelle naissance dans son Fils par l’Esprit Saint. Car ceux qui portent en eux l’Esprit Saint sont conduits au Verbe qui est le Fils, et le Fils les conduit au Père, et le Père nous accorde l’immortalité. Sans l’Esprit il est impossible de voir le Verbe de Dieu, et sans le Fils on ne peut pas approcher du Père. Car la connaissance du Père, c’est le Fils, et la connaissance du Fils se fait par l’Esprit Saint, et le Fils donne l’Esprit selon le bon plaisir du Père.

Sainte Trinité – dimanche 7 juin 2009: Homélie

6 juin, 2009

du site:

http://www.homelies.fr/homelie,sainte.trinite,2441.html

Sainte Trinité – dimanche 7 juin 2009

Famille de saint Joseph Juin 2009   
 Homélie – Messe  

Le mystère de la Trinité que nous fêtons aujourd’hui est le mystère central de notre foi. N’est-ce pas « au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit », comme nous le rappelle l’évangile, que nous avons été baptisés ? Croire en Dieu, d’autres religions le proposent ; mais croire en un Dieu unique, Père, Fils et Saint Esprit, c’est là le propre de la foi chrétienne. Les trois parties du Credo que nous confessons chaque dimanche ne sont-elles pas structurées autour des trois personnes divines ? Saint Irénée les appelait « les trois chapitres de notre sceau (baptismal) » (Cf. Démonstration 100).

Mais, en tant que mystère de Dieu, le mystère de la Sainte Trinité ne nous est connu que dans la mesure où il nous est révélé par Dieu lui-même. C’est ici qu’il faut nous plonger dans les textes de l’Ecriture et particulièrement ceux de ce dimanche. Le Deutéronome nous rappelle : « Est-il un peuple qui ait entendu comme toi la voix de Dieu… ? […] Le Seigneur est Dieu, là-haut dans le ciel et ici-bas sur la terre, et il n’y en a pas d’autres » (Cf. 1ère lecture). Nous nous retrouvons ici devant une affirmation clef de l’Ancien Testament où Dieu se révèle comme l’Unique.

Dans le Psaume, pas un mot du mystère de la Trinité, au moins apparemment.
Ce Mystère du Dieu Unique en Trois Personnes n’a certes été découvert par les croyants qu’après la Pentecôte, mais ce fut sur le matériau de l’Ecriture Sainte à commencer par l’Ancien Testament. Dans le Psaume de ce jour, Dieu se révèle comme Parole, comme Verbe. Tout d’abord, comme Parole créatrice : « Le Seigneur a fait les cieux par sa Parole, l’univers, par le souffle de sa bouche. Il parla et ce qu’il dit exista. » ; Ensuite comme Parole de Providence : « Dieu veille sur ceux qui le craignent… » ; Enfin, comme Parole de miséricorde : « Nous attendons notre vie du Seigneur… Que ton amour Seigneur soit sur nous comme notre espoir est en toi. » A la lumière de la venue du Christ, nous comprenons que la Parole de Dieu dont ce psaume a tant parlé est une Personne. Nous entendons comme en écho ces versets du Prologue de l’évangile de saint Jean : « Au commencement était le Verbe… Tout fut par lui, et rien de ce qui fut ne fut sans lui ». Nous comprenons alors qu’en Dieu, le Père et le Fils – qui est la Parole du Père
- ne peuvent agir que de concert.

Enfin, dans la deuxième lecture, Paul s’arrête sur notre condition de fils de Dieu qui nous permet de reconnaître et de confesser Dieu comme Père. A travers les mots de l’Apôtre, nous est révélé que c’est l’Esprit Saint qui en Jésus, le Fils unique, fait de nous des fils et nous fait nous tourner vers le Père pour l’appeler « Abba ».

Dieu tout entier, Père, Fils et Esprit Saint, s’est donc engagé dans la Révélation et dans l’histoire du salut. Le Concile Vatican II résume cela admirablement : « Il a plu à Dieu dans sa sagesse et sa bonté de se révéler en personne et de faire connaître le mystère de sa volonté grâce auquel les hommes, par le Christ, le Verbe fait chair, accèdent dans l’Esprit Saint auprès du Père et sont rendus participants de la nature divine » (Constitution dogmatique Dei Verbum 2).

Cette affirmation du Concile met en relief que si le mystère de la Sainte Trinité est le mystère central de notre foi, il est aussi celui de toute vie chrétienne. Notre espérance n’est-elle pas de pouvoir un jour partager la gloire de Dieu, c’est-à-dire d’avoir part en plénitude à la vie divine et à l’unité parfaite de la Trinité promise aux héritiers de Dieu que nous sommes (Cf. 2ème lecture) depuis le jour de notre baptême ?
Depuis ce jour, nous bénéficions des ares de cette vie éternelle en étant habités par la Sainte Trinité dans laquelle nous avons été plongés. Cette vérité de l’inhabitation de la Trinité dans notre âme doit nous soutenir et nous stimuler au quotidien dans notre marche vers la pleine participation à la gloire divine.

Ajoutons enfin que si l’Esprit d’Amour a été répandu dans nos cœurs, c’est aussi pour que nous nous fassions les porteurs de cette espérance au cœur du monde. Remplis de l’Esprit Saint, nous n’avons pas peur de témoigner à temps et à contre temps de la Bonne Nouvelle de l’Amour de Dieu pour tout homme.
C’est là tout le sens de la finale de l’évangile de Matthieu où Jésus envoie les apôtres : « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ; et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

Ainsi, fêter la Sainte Trinité, c’est nous redire que notre foi n’est pas qu’une adhésion intellectuelle à la vérité de Dieu, Un et Trine. En effet, cette vérité n’a rien de conceptuel car elle vérité sur l’infinie miséricorde du Père, vérité sur la vie filiale qui est notre héritage, vérité sur l’amour, qui est don en plénitude, à perte d’être.

« Seigneur Dieu, toi qui est Père, Fils et Saint-Esprit, puissions-nous aujourd’hui reconnaître de quel amour tu nous a aimés, accueillir cet amour pour en vivre et le répandre autour de nous. »
Frère Elie

Dimanche de la Sainte Trinité 2009 (à demain)

6 juin, 2009

Dimanche de la Sainte Trinité 2009 (à demain) dans images sacrée

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buona notte

5 juin, 2009

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Saint Ambroise: « David lui-même le nomme Seigneur »

5 juin, 2009

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20090605

Le vendredi de la 9e semaine du Temps Ordinaire : Mc 12,35-37
Commentaire du jour
Saint Ambroise (v. 340-397), évêque de Milan et docteur de l’Église
Sermon sur le psaume 35,4-5 (trad. Sr Isabelle de la Source, Lire la Bible, t. 6, p. 124)

« David lui-même le nomme Seigneur »

      Sois attentif au mystère du Christ ! Du sein de la Vierge il est né, à la fois Serviteur et Seigneur ; Serviteur pour oeuvrer, Seigneur pour commander, afin d’enraciner dans le coeur des hommes un Royaume pour Dieu. Il a une double origine mais il est un seul être. Il n’est pas autre quand il vient du Père et autre quand il vient de la Vierge. C’est lui, le même, né du Père avant les siècles, qui a pris chair de la Vierge dans le cours du temps. Voilà pourquoi il est appelé et Serviteur et Seigneur : à cause de nous, Serviteur ; mais en raison de l’unité de la substance divine, Dieu de Dieu, Principe du Principe, Fils égal en tout au Père, son égal. Le Père, en effet, n’a pas engendré un Fils étranger à lui-même, ce Fils dont il a déclaré : « En lui j’ai mis tout mon amour » (Mt 3,17)…

      Le Serviteur conserve partout les titres de sa dignité. Dieu est grand, et grand est le Serviteur : en venant dans la chair, il ne perd pas cette « grandeur qui n’a pas de limite » (Ps 144,3)… « Lui qui était dans la condition de Dieu n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu, mais au contraire il s’est dépouillé lui-même en prenant la condition de Serviteur » (Ph 2,6-7)… Il est donc égal à Dieu, comme Fils de Dieu ; il a pris la condition de Serviteur en s’incarnant ; « il a goûté la mort » (He 2,9), lui dont « la grandeur n’a pas de limites »…

      Elle est bonne, cette condition de Serviteur, qui nous a fait tous libres ! Oui, elle est bonne ! Elle lui a valu « le nom qui est au-dessus de tout nom » ! Elle est bonne, cette humilité ! Elle a obtenu qu’« au nom de Jésus, tout être vivant tombe à genoux aux cieux, sur terre et dans l’abîme et que toute langue confesse : Jésus est le Seigneur dans la gloire de Dieu le Père » (Ph 2,10-11).

Notre-Dame du Mont Carmel

4 juin, 2009

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http://www.carmel.asso.fr/-La-Vierge-Marie-.html

LES PETITS RIENS, REFLETS DU GRAND AMOUR DE DIEU

4 juin, 2009

du site:

http://www.carmel.asso.fr/Les-petits-riens,253.html#sommaire_4

(sur le site aussi: LES HUMBLES RÉALITÉS, OBSTACLES A L’AMOUR ; LES HUMBLES RÉALITÉS, DÉCEPTIONS DE L’AMOUR; LES PETITS RIENS, OCCASIONS DE GRAND AMOUR)

LES PETITS RIENS, REFLETS DU GRAND AMOUR DE DIEU

Si, par amour, nous apprenons à faire tout le mieux possible, nous recevrons dès ici-bas un centuple, même du côté de ces riens qu’il nous eut été facile de dédaigner. Ces petites choses, mais elles sont l’œuvre de Dieu. Il a « promené sur elles son regard », et les a « revêtues de beauté ». Seulement, il faut apprendre à poser sur elles un regard d’enfant, tout extasié et pur.

Alors, elles laissent parfois filtrer un « je ne sais quoi » de leur Créateur, telles des perles de rosée qui, au sein d’une grande prairie ensoleillée, reflètent, diaprées, le soleil du matin. Et l’âme que meut l’Esprit déchiffre émerveillée quelques mesures de l’hymne de la création.

Entre elles et les choses les plus minimes qui l’entourent, il s’établit une sorte de commerce fraternel, de communion en Dieu. Cela est vraiment régner sur la création. Nous avons recueilli cet aveu sur les lèvres de Laurent de la Résurrection qu’il « se trouvait heureux comme un roi » en ses travaux culinaires. Il avait profondément, lui, le sens des petits riens et savait y trouver Dieu. Son biographe nous raconte que « dans tout ce qu’il voyait, dans tout ce qui lui arrivait, il s’élevait en passant de la créature au Créateur » ; et cet exemple surprenant est cité : « Un arbre qu’il vit sec en hiver le fit tout à coup remonter jusqu’à Dieu et lui en inspira une si sublime connaissance qu’elle était encore aussi forte et aussi vive en son âme après quarante ans que lorsqu’il la reçut ».

Nous aurions des textes admirables à citer sur cet amour de nos mystiques pour la nature. Sainte Thérèse dit la joie qu’elle éprouve en son ermitage parce que « de son lit elle peut contempler la rivière et les levers de soleil ». Saint Jean de la Croix assiste, lui aussi de l’escalier de son couvent, au spectacle féerique de l’aurore sur l’Alhambra. Qu’il nous suffise d’avoir simplement touché cet aspect très consolant de notre spiritualité. Il vient sinon atténuer, du moins contrebalancer la sévérité de nos saints vis-à-vis des petits riens, tant que ceux-ci s’opposent au progrès spirituel. Il nous met en garde contre la contrainte sotte, l’effort exagéré ; il nous rappelle l’extraordinaire souplesse exigée des esprits carmélitains à qui l’on demande tour à tour – quand ce n’est pas simultanément – de tout sacrifier et de se servir de tout pour aimer, et d’aimer toutes choses dans l’Amour. Il y a temps pour tout, en effet, Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, qui a poussé l’ingéniosité du renoncement à ses limites extrêmes –au point d’en venir à « éprouver un véritable amour pour les objets les plus laids et les moins commodes »- savait aussi se livrer à d’innocentes distractions, se pencher avec amour sur les choses pour y chercher un reflet de l’amour de Dieu : car elle « n’était pas d’un rigorisme absolu au sujet des satisfactions permises. En cela comme en tout elle procédait avec simplicité et ne refusait pas de bénir le bon Dieu dans ses œuvres. Elle aimait à toucher les fruits – la pêche en particulier, admirant sa peau veloutée – de même à distinguer entre eux les parfums de leurs. Elle aurait cru pécher contre la tempérance en ne jouissant pas, quand elle y était attirée par une pensée d’amour et reconnaissance envers Dieu, des charmes de la nature, de la musique, etc. »

Les choses sont ce que nous les faisons. Ces textes cités, si épisodiques qu’ils soient, étaient nécessaires pour montrer, après l’exposé des grandes lignes de la spiritualité carmélitaine, combien celle-ci sait descendre dans le détail. Seulement là encore, dans l’attitude qu’elle nous dicte, elle conserve son cachet personnel, son charme propre : elle est l’amour s’exprimant avec le plus de pureté possible, mais aussi avec une souveraine souplesse et spontanéité, s’échappant des petits riens lorsqu’ils risquent de le retenir captif ; s’en servant, au contraire, pour aimer, se laissant enfin captiver par eux lorsqu’ils lui parlent de Dieu : lorsque, occasions de grand amour, ils deviennent pour un moment reflets du grand amour de Dieu.

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Audience générale du 3 juin 2009 : Raban Maure, sa vie, ses oeuvres

4 juin, 2009

du site:

http://www.zenit.org/article-21171?l=french

Audience générale du 3 juin 2009  : Raban Maure, sa vie, ses oeuvres

Texte intégral

ROME, Mercredi 3 juin 2009 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse prononcée ce mercredi par le pape Benoît XVI au cours de l’audience générale, place Saint-Pierre.

* * *

Chers frères et sœurs,
Je voudrais aujourd’hui parler d’un personnage de l’occident latin, vraiment extraordinaire : le moine Raban Maure. Avec des hommes tels qu’Isidore de Séville, Bède le Vénérable, Ambroise Autpert, dont j’ai déjà parlé dans des catéchèses précédentes, il sut garder, pendant les siècles qui constituent ce qu’on appelle le Haut Moyen-âge, le contact avec la grande culture des antiques sages et des Pères chrétiens. Raban Maure, que l’on évoque souvent comme « praeceptor Germaniae », fut d’une fécondité extraordinaire. Avec sa capacité de travail absolument exceptionnelle il contribua peut-être plus que tout autre à garder vivante cette culture théologique, exégétique et spirituelle à laquelle les siècles suivants devaient puiser. C’est à lui que se réfèrent aussi bien des grands personnages appartenant au monde des moines comme Pier Damiani, Pierre le Vénérable et Bernard de Clairvaux, qu’également un nombre toujours plus important de « clercs » du clergé séculier, qui au cours du XIIe et du XIIIe siècle furent à l’origine de l’une des floraisons les plus belles et les plus fécondes de la pensée humaine.

Né à Mayence vers 780, Raban entra très jeune au monastère : on lui ajouta le nom de Maure précisément en référence au jeune Maure qui, selon le Livre II des Dialogues de saint Grégoire le Grand, avait été confié encore enfant par ses parents eux-mêmes, nobles romains, à l’abbé Benoît de Nursie. Cette insertion précoce de Raban comme « puer oblatus » dans le monde monastique bénédictin, et les fruits qu’il en tira pour sa propre croissance humaine, culturelle et spirituelle, auraient permis à eux seuls une ouverture très intéressante non seulement sur la vie des moines et de l’Eglise, mais également sur toute la société de son temps, habituellement qualifiée de « carolingienne ». De ceux-ci, ou peut-être de lui-même, Raban Maure écrit : « Certains ont eu la chance d’être introduits dans la connaissance des Ecritures dès leur plus tendre enfance (« a cunabulis suis ») et ont été tellement bien nourris par la nourriture qui leur a été offerte par la sainte Eglise qu’ils peuvent être promus, avec l’éducation appropriée, aux ordres sacrés les plus élevés » (PL 107, col 419bc).

La culture extraordinaire qui caractérisait Raban Maure le fit rapidement remarquer par les grands de son temps. Il devint le conseiller de princes. Il s’engagea pour garantir l’unité de l’empire et, à un niveau culturel plus large, il ne refusa jamais à celui qui l’interrogeait une réponse modérée, qu’il tirait de préférence de la Bible et des textes des saints Pères. Tout d’abord élu abbé du célèbre monastère de Fulda, ensuite archevêque de sa ville natale, Mayence, il ne cessa pas pour autant de poursuivre ses études, démontrant par l’exemple de sa vie que l’on peut être simultanément à la disposition des autres, sans se priver pour cela d’un temps approprié pour la réflexion, l’étude et la méditation. Ainsi, Raban Maure fut exégète, philosophe, poète, pasteur et homme de Dieu. Les diocèses de Fulda, Mayence, Limbourg et Wroclaw le vénèrent comme saint et bienheureux. Ses œuvres remplissent six volumes de la Patrologie latine de Migne. C’est à lui que l’on doit selon toute probabilité l’un des hymnes les plus beaux et les plus connus de l’Eglise latine, le « Veni Creator Spiritus », synthèse extraordinaire de pneumatologie chrétienne. Le premier engagement théologique de Raban s’exprima, en effet, sous forme de poésie et eut comme thème le mystère de la Sainte Croix dans une œuvre intitulée « De laudibus Sanctae Crucis », conçue de manière telle qu’elle propose non seulement des contenus conceptuels mais également des stimulations plus purement artistiques, utilisant aussi bien la forme poétique que la forme picturale à l’intérieur du même codex manuscrit. En proposant iconographiquement, entre les lignes de son écrit, l’image du Christ crucifié, il écrit par exemple : « Voilà l’image du Sauveur qui, par la position de ses membres, rend sainte pour nous la très salubre, très douce et très aimée forme de la Croix, afin qu’en croyant en son nom et en obéissant à ses commandements nous puissions obtenir la vie éternelle grâce à sa Passion. Chaque fois que nous élevons le regard vers la Croix, souvenons-nous donc de celui qui souffrit pour nous, afin de nous arracher au pouvoir des ténèbres, en acceptant la mort pour nous faire héritiers de la vie éternelle » (Lib. 1, Fig. 1, pl 107 col 151 c).

Cette méthode d’allier tous les arts, l’esprit, le cœur et les sens, qui provenait de l’orient, aurait reçu un immense développement en occident, en atteignant des sommets jamais atteints dans les codex enluminés de la Bible, ainsi que dans d’autres œuvres de foi et d’art qui fleurirent en Europe avant l’invention de l’imprimerie et même après. Celle-ci révèle en tous cas chez Raban Maure une conscience extraordinaire de la nécessité de faire participer dans l’expérience de la foi, non seulement l’esprit et le cœur, mais également les sens à travers les autres aspects du goût esthétique et de la sensibilité humaine qui conduisent l’homme à jouir de la vérité de toute leur personne, « esprit, âme et corps ». Cela est important : la foi n’est pas seulement pensée, mais elle touche tout notre être. Etant donné que Dieu s’est fait homme en chair et en os, qu’il est entré dans le monde sensible, nous devons, dans toutes les dimensions de notre être, chercher et rencontrer Dieu. Ainsi, la réalité de Dieu, à travers la foi, pénètre dans notre être et le transforme. Pour cela, Raban Maure a concentré son attention en particulier sur la liturgie, comme synthèse de toutes les dimensions de notre perception de la réalité. Cette intuition de Raban Maure le rend extraordinairement actuel. De lui sont restés également célèbres les « Carmina », proposés pour être utilisés en particulier dans les célébrations liturgiques. En effet, étant donné que Raban était avant tout un moine, son intérêt pour la célébration liturgique était évident. Toutefois, il ne se consacrait pas à l’art de la poésie comme une fin en soi, mais il orientait l’art et tout autre type de connaissance vers l’approfondissement de la Parole de Dieu. Il s’efforça donc, avec une assiduité et une rigueur extrêmes, d’introduire ses contemporains, mais surtout les ministres (évêques, prêtres et diacres), à la compréhension de la signification profondément théologique et spirituelle de tous les éléments de la célébration liturgique.

Il tenta ainsi de comprendre et de proposer aux autres les significations théologiques cachées dans les rites, en puisant dans la Bible et dans la tradition des Pères. Il n’hésitait pas à citer, par souci d’honnêteté mais également pour donner une importance plus grande à ses explications, les sources patristiques auxquelles il devait son savoir. Mais il se servait d’elles avec liberté et un discernement attentif, en approfondissant le développement de la pensée patristique. Par exemple, au terme de l’« Epistola prima », adressée à un « corévêque » du diocèse de Mayence, après avoir répondu aux demandes d’éclaircissement sur le comportement à adopter dans l’exercice de la responsabilité pastorale, il poursuit : « Nous t’avons écrit tout ceci de la façon dont nous l’avons déduit des Ecritures Saintes et des canons des Pères. Mais toi, très saint homme, prend tes décisions comme bon te semble, au cas par cas, en cherchant à modérer ton jugement de façon à garantir en tout la discrétion, car elle est la mère de toutes les vertus » (Epsitulae, I, pl 112, col 1510 c). On voit ainsi la continuité de la foi chrétienne, qui trouve son origine dans la Parole de Dieu ; mais celle-ci est toujours vivante, elle se développe et elle s’exprime de façons nouvelles, toujours en cohérence avec toute la construction, avec tout l’édifice de la foi.

Etant donné qu’une partie intégrante de la célébration liturgique est la Parole de Dieu, Raban Maure se consacra à cette dernière avec le plus grand zèle au cours de toute sa vie. Il publia des explications exégétiques appropriées pour presque tous les livres bibliques de l’Ancien et du Nouveau Testament dans une claire intention pastorale, qu’il justifiait par des paroles comme celles-ci : « J’ai écrit ces choses… en résumant les explications et les propositions de beaucoup d’autres pour offrir un service au lecteur dépourvu qui n’a pas à sa disposition de nombreux livres, mais également pour faciliter ceux qui dans de nombreuses choses, n’arrivent pas à pénétrer en profondeur la compréhension des significations découvertes par les Pères » (Commentariorum in Matthaeum praefatio, pl 107, col 72d). En effet, en commentant les textes bibliques, il puisait à pleines mains chez les Pères antiques, avec une prédilection particulière pour Jérôme, Ambroise, Augustin et Grégoire le grand.

Sa sensibilité pastorale aiguë le conduisit ensuite à s’occuper avant tout de l’un des problèmes les plus ressentis par les fidèles et les ministres sacrés de son temps : celui de la pénitence. Il compila en effet les « Pénitenciers » – c’est ainsi qu’on les appelait – dans lesquels, selon la sensibilité de l’époque, étaient énumérés les péchés et les peines correspondantes, en utilisant dans la mesure du possible des motivations puisées dans la Bible, dans les décisions des Conciles et les décrets des papes. Ces mêmes textes furent utilisés par les « carolingiens » dans leur tentative de réforme de l’Eglise et de la société. C’est à la même intention pastorale que répondaient des œuvres comme « De disciplina ecclesiastica » et « De institutione clericorum » dans lesquelles, en puisant avant tout chez saint Augustin, Raban expliquait aux personnes simples et au clergé de son diocèse les éléments fondamentaux de la foi chrétienne : il s’agissait de sortes de petits catéchismes.

Je voudrais conclure la présentation de ce grand « homme d’Eglise » en citant certaines de ses paroles dans lesquelles se reflète bien sa conviction fondamentale : « Celui qui est négligent dans la contemplation (« qui vacare Deo negligit» ) se prive lui-même de la vision de la lumière de Dieu ; celui qui se laisse prendre de façon indiscrète par les préoccupations et permet à ses pensées d’être emportées par le tourbillon des choses terrestres se condamne lui-même à l’impossibilité absolue de pénétrer les secrets du Dieu invisible » (Lib. I, pl 112, col 1263a). Je pense que Raban Maure nous adresse ces paroles également à nous aujourd’hui : dans les heures de travail, avec ses rythmes frénétiques, et dans les temps de loisirs, nous devons réserver des moments à Dieu. Lui ouvrir notre vie en lui adressant une pensée, une réflexion, une brève prière, et surtout, nous ne devons pas oublier le dimanche comme jour du Seigneur, le jour de la liturgie, pour percevoir dans la beauté de nos églises, de la musique sacrée et de la Parole de Dieu la beauté même de Dieu, le laissant entrer dans notre être. Ce n’est qu’ainsi que notre vie peut devenir grande, devenir une véritable vie.

Le pape a ensuite résumé sa catéchèse en plusieurs langues. Voici ce qu’il a dit en français :

Chers frères et sœurs,

Je souhaite évoquer ce matin un homme d’Eglise hors du commun qui, dans la période du Haut Moyen-âge, contribua de façon décisive à la transmission de l’héritage du savoir antique et des Pères de l’Eglise. Il s’agit de Raban Maure auquel est traditionnellement attribué le célèbre texte du Veni Creator Spiritus. Né à Mayence autour de 780, il entre très jeune dans un monastère bénédictin où il se trouve immédiatement en contact familier avec la Parole de Dieu.

L’étendue de sa culture et son extraordinaire capacité de travail firent de lui le conseiller des princes, se distinguant par des réponses mesurées nourries de la Bible et des Pères de l’Eglise. Devenu abbé du monastère de Fulda, puis nommé Archevêque de Mayence, il conserva toujours dans l’exercice de sa charge un temps pour l’étude. Cela fit de lui un exégète, un philosophe, un poète, un pasteur et un homme de Dieu. Il commenta en particulier la Parole de Dieu avec le souci pastoral, de mettre à la disposition du plus grand nombre dans leur méditation la richesse des commentaires bibliques des Pères de l’Eglise, notamment de saint Jérôme, saint Ambroise, saint Augustin et saint Grégoire le Grand.

Aujourd’hui, par son enseignement et l’exemple de sa vie, Raban Maure nous invite encore à ne pas négliger de prendre du temps pour contempler le mystère de Dieu de sorte que les soucis du monde ne dominent pas notre pensée et notre cœur, mais la lumière de Dieu.

* * *

Je suis heureux de saluer les pèlerins francophones, notamment les pèlerins de la Province ecclésiastique de Marseille, les membres du Synode diocésain de Nice, accompagnés de l’Evêque, Mgr Louis Sankalé, les membres du Mouvement Foi et Vie venus de l’Île Maurice et les jeunes du collège Saint-Just d’Arbois. Que l’Esprit-Saint, reçu par l’Eglise au jour de la Pentecôte, chasse en vous toute peur et qu’il vous fasse brûler de son ardente charité ! Bon pèlerinage à tous !

Traduction Zenith

Audience générale du 27 mai : Théodore le Studite

4 juin, 2009

du site:

http://www.zenit.org/article-21099?l=french

Audience générale du 27 mai  : Théodore le Studite

Texte intégral

ROME, Mercredi 27 mai 2009 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse prononcée ce mercredi par le pape Benoît XVI au cours de l’audience générale, place Saint-Pierre.

* * *

Chers frères et sœurs !

Le saint que nous rencontrons aujourd’hui, saint Théodore le Studite, nous conduit en plein Moyen Age byzantin, à une période assez turbulente du point de vue religieux et politique. Saint Théodore naquit en 759 dans une famille noble et pieuse : sa mère, Théoctiste, et un oncle, Platon, abbé du monastère de Sakkudion en Bithynie, sont vénérés comme des saints. Ce fut précisément son oncle qui l’orienta vers la vie monastique, qu’il embrassa à l’âge de 22 ans. Il fut ordonné prêtre par le patriarche Tarasius, mais rompit ensuite la communion avec lui en raison de la faiblesse qu’il démontra à l’occasion du mariage adultérin de l’empereur Constantin VI. La conséquence en fut l’exil de Théodore, en 796, à Thessalonique. La réconciliation avec l’autorité impériale advint l’année suivante sous l’impératrice Irène, dont la bienveillance conduisit Théodore et Platon à s’installer dans le monastère urbain de Stoudios, avec une grande partie de la communauté des moines de Saccoudion, pour éviter les incursions des sarrazins. C’est ainsi que débuta l’importante « réforme studite ».

Toutefois, l’histoire personnelle de Théodore, continua d’être mouvementée. Avec son énergie habituelle, il devint le chef de la résistance contre l’iconoclasme de Léon V l’Arménien, qui s’opposa de nouveau à l’existence d’images et d’icônes dans l’Eglise. La procession d’icônes organisée par les moines de Stoudios déchaîna la réaction de la police. Entre 815 et 821, Théodore fut flagellé, incarcéré et exilé en divers lieu de l’Asie Mineure. En fin de compte, il put rentrer à Constantinople, mais pas dans son monastère. Il s’installa alors avec ses moines de l’autre côté du Bosphore. Il mourut, semble-t-il à Prinkipo, le 11 novembre 826, jour où il est célébré dans le calendrier byzantin. Théodore se distingua dans l’histoire de l’Eglise comme l’un des grands réformateurs de la vie monastique et également comme défenseur des images sacrées pendant la deuxième phase de l’iconoclasme, aux côtés du patriarche de Constantinople, saint Nicéphore. Théodore avait compris que la question de la vénération des icônes avait à voir avec la vérité même de l’Incarnation. Dans ses trois livres Antirretikoi (Réfutations), Théodore établit une comparaison entre les relations éternelles intratrinitaires, où l’existence de chaque Personne divine ne détruit pas l’unité, et les relations entre les deux natures en Christ, qui ne compromettent pas, en lui, l’unique Personne du Logos. Et il argumente : abolir la vénération de l’icône du Christ signifierait effacer son œuvre rédemptrice elle-même, du moment que, assumant la nature humaine, l’invisible Parole éternelle est apparue dans la chair visible humaine et de cette manière a sanctifié tout le cosmos visible. Les icônes, sanctifiées par la bénédiction liturgique et par les prières des fidèles, nous unissent avec la Personne du Christ, avec ses saints et, par leur intermédiaire, avec le Père céleste et témoignent de l’entrée dans la réalité divine de notre cosmos visible et matériel.

Théodore et ses moines, témoins du courage à l’époque des persécutions iconoclastes, sont liés de façon inséparable à la réforme de la vie cénobitique dans le monde byzantin. Leur importance s’impose déjà en vertu d’une circonstance extérieure : le nombre. Tandis que les monastères de l’époque ne dépassaient pas trente ou quarante moines, nous apprenons de La vie de Théodore l’existence de plus d’un millier au total de moines studites. Théodore lui-même nous informe de la présence dans son monastère d’environ trois cents moines ; nous voyons donc l’enthousiasme de la foi qui est né autour de cet homme réellement informé et formé par la foi elle-même. Toutefois, plus que le nombre, c’est le nouvel esprit imprimé par le fondateur à la vie cénobitique qui se révéla influent. Dans ses écrits, il insiste sur l’urgence d’un retour conscient à l’enseignement des Pères, surtout à saint Basile, premier législateur de la vie monastique et à saint Dorothée de Gaza, célèbre père spirituel du désert palestinien. La contribution caractéristique de Théodore consiste à insister sur la nécessité de l’ordre et de la soumission de la part des moines. Au cours des persécutions, ceux-ci s’étaient dispersés, s’habituant à vivre chacun selon son propre jugement. A présent qu’il était possible de reconstituer la vie commune, il fallait s’engager à fond pour faire du monastère une véritable communauté organisée, une véritable famille ou, comme il le dit, un véritable « Corps du Christ ». Dans cette communauté se réalise de façon concrète la réalité de l’Eglise dans son ensemble.

Une autre conviction de fond de Théodore est la suivante : les moines, par rapport aux séculiers, prennent l’engagement d’observer les devoirs chrétiens avec une plus grande rigueur et intensité. Pour cela, ils prononcent une profession particulière, qui appartient aux hagiasmata (consécrations), et est presque un « nouveau baptême », dont la prise d’habit représente le symbole. En revanche, par rapport aux séculiers, l’engagement à la pauvreté, à la chasteté et à l’obéissance est caractéristique des moines. S’adressant à ces derniers, Théodore parle de façon concrète, parfois presque pittoresque, de la pauvreté, mais celle-ci, dans la suite du Christ, est depuis le début un élément essentiel du monachisme et indique également un chemin pour nous tous. Le renoncement à la possession des choses matérielles, l’attitude de liberté vis-à-vis de celle-ci, ainsi que la sobriété et la simplicité valent de façon radicale uniquement pour les moines, mais l’esprit de ce renoncement est le même pour tous. En effet, nous ne devons pas dépendre de la propriété matérielle, nous devons au contraire apprendre le renoncement, la simplicité, l’austérité et la sobriété. Ce n’est qu’ainsi que peut croître une société solidaire et que peut être surmonté le grand problème de la pauvreté de ce monde. Donc, dans ce sens, le signe radical des moines pauvres indique en substance également une voie pour nous tous. Lorsqu’il expose ensuite les tentations contre la chasteté, Théodore ne cache pas ses expériences et montre le chemin de lutte intérieure pour trouver le contrôle de soi et ainsi, le respect de son corps et de celui de l’autre comme temple de Dieu.

Mais les renoncements principaux sont pour lui ceux exigés par l’obéissance, car chacun des moines a sa propre façon de vivre et l’insertion dans la grande communauté de trois cents moines implique réellement une nouvelle forme de vie, qu’il qualifie de « martyre de la soumission ». Ici aussi, les moines donnent uniquement un exemple de combien il est nécessaire pour nous-mêmes, car, après le péché originel, la tendance de l’homme est de faire sa propre volonté, le principe premier est la vie du monde, tout le reste doit être soumis à sa propre volonté. Mais de cette façon, si chacun ne suit que lui-même, le tissu social ne peut fonctionner. Ce n’est qu’en apprenant à s’insérer dans la liberté commune, à la partager et à s’y soumettre, à apprendre la loyauté, c’est-à-dire la soumission et l’obéissance aux règles du bien commun et de la vie commune, qu’une société peut être guérie, de même que le moi même de l’orgueil d’être au centre du monde. Ainsi, saint Théodore aide ses moines et en définitive, nous aussi, à travers une délicate introspection, à comprendre la vraie vie, à résister à la tentation de placer sa volonté comme règle suprême de vie, et de conserver sa véritable identité personnelle – qui est toujours une identité avec les autres – et la paix du cœur.

Pour Théodore le Studite une vertu aussi importante que l’obéissance et que l’humilité est la philergia, c’est-à-dire l’amour du travail, dans lequel il voit un critère pour éprouver la qualité de la dévotion personnelle : celui qui est fervent dans les engagements matériels, qui travaille avec assiduité, soutient-t-il, l’est également dans les engagements spirituels. Il n’admet donc pas que, sous le prétexte de la prière et de la contemplation, le moine se dispense du travail, également du travail manuel, qui est en réalité, selon lui et selon toute la tradition monastique, le moyen pour trouver Dieu. Théodore ne craint pas de parler du travail comme du « sacrifice du moine », de sa « liturgie », et même d’une sorte de Messe à travers laquelle la vie monastique devient angélique. C’est précisément ainsi que le monde du travail doit être humanisé et que l’homme à travers le travail devient davantage lui-même, plus proche de Dieu. Une conséquence de cette vision singulière mérite d’être rappelée : précisément parce qu’étant le fruit d’une forme de « liturgie », les richesses tirées du travail commun ne doivent pas servir au confort des moines, mais être destinées à l’assistance des pauvres. Ici, nous pouvons tous saisir la nécessité que le fruit du travail soit un bien pour tous. Bien évidemment, le travail des « studites » n’était pas seulement manuel : ils eurent une grande importance dans le développement religieux culturel de la civilisation byzantine comme calligraphes, peintres, poètes, éducateurs des jeunes, maîtres d’école, bibliothécaires.

Bien qu’exerçant une très vaste activité, Théodore ne se laissait pas distraire de ce qu’il considérait comme strictement lié à sa fonction de supérieur : être le père spirituel de ses moines. Il connaissait l’influence décisive qu’avaient eu dans sa vie aussi bien la bonne mère que le saint oncle Platon, qu’il qualifiait du titre significatif de « père ». Il exerçait donc à l’égard des moines la direction spirituelle. Chaque jour, rapporte son biographe, après la prière du soir, il se plaçait devant l’iconostate pour écouter les confidences de tous. Il conseillait également spirituellement de nombreuses personnes en dehors du monastère lui-même. Le Testament spirituel et les Lettres soulignent son caractère ouvert et affectueux, et montrent que de sa paternité sont nées de véritables amitiés spirituelles dans le milieu monastique et également en dehors de celui-ci.

La Règle, connue sous le nom d’Hypotyposis, codifiée peu après la mort de Théodore, fut adoptée, avec quelques modifications, sur le Mont Athos, lorsqu’en 962 saint Athanase Athonite y fonda la Grande Lavra, et dans la Rus’ de Kiev, lorsqu’au début du deuxième millénaire, saint Théodose l’introduisit dans la Lavra des Grottes. Comprise dans sa signification authentique, la Règle se révèle singulièrement actuelle. Il existe aujourd’hui de nombreux courants qui menacent l’unité de la foi commune et qui poussent vers une sorte de dangereux individualisme spirituel et d’orgueil intellectuel. Il est nécessaire de s’engager pour défendre et faire croître la parfaite unité du Corps du Christ, dans laquelle peuvent se composer de manière harmonieuse la paix de l’ordre et les relations personnelles sincères dans l’Esprit.

Il est peut-être utile de reprendre à la fin certains des éléments principaux de la doctrine spirituelle de Théodore. Amour pour le Seigneur incarné et pour sa visibilité dans la Liturgie et dans les icônes. Fidélité au baptême et engagement à vivre dans la communion du Corps du Christ, entendue également comme communion des chrétiens entre eux. Esprit de pauvreté, de sobriété, de renoncement ; chasteté, maîtrise de soi, humilité et obéissance contre le primat de sa propre volonté, qui détruit le tissu social et la paix des âmes. Amour pour le travail matériel et spirituel. Amitié spirituelle née de la purification de sa propre conscience, de son âme, de sa propre vie. Cherchons à suivre ces enseignements qui nous montrent réellement la voie de la vraie vie.

Le pape a ensuite résumé sa catéchèse en plusieurs langues. Voici ce qu’il a dit en français :

Chers frères et sœurs,

Saint Théodore le Studite, né en 759, fut un des grands réformateurs de la vie monastique byzantine et un défenseur des images sacrées durant la deuxième période de la crise iconoclaste, aux côtés du Patriarche de Constantinople Nicéphore. En effet, il avait compris que la question de la vénération des icônes mettait en cause la vérité même de l’Incarnation. En réformant la vie monastique, Théodore a voulu faire de chaque monastère une communauté bien organisée, un vrai «Corps du Christ ». Les moines ont pour engagement d’observer les devoirs chrétiens avec une grande rigueur. La profession religieuse est presque un «nouveau baptême », dont la vêture est le symbole. Pour Théodore, l’amour du travail est une vertu aussi importante que l’obéissance et l’humilité. Il y voit un critère pour tester la qualité de la dévotion personnelle. Celui qui est fervent dans ses engagements matériels l’est aussi dans ses engagements spirituels. Il n’admettait pas que sous le prétexte de la prière et de la contemplation, le moine se dispense du travail, qui, en réalité, est le moyen pour trouver Dieu. Théodore s’est comporté en véritable père spirituel de ses moines, se mettant à leur disposition pour les écouter et leur manifestant une véritable amitié spirituelle. La Règle, qui fut codifiée peu après sa mort, fut adaptée avec quelques modifications, sur le Mont Athos. Elle demeure d’une grande actualité.

Je salue avec joie les pèlerins francophones, particulièrement les groupes de jeunes de Bitche, d’Aix-en-Provence et du Luxembourg, ainsi que les pèlerins de l’Archidiocèse de Clermont-Ferrand. A la suite de saint Théodore le Studite, n’ayez pas peur de vous laisser guider par l’Esprit Saint «hôte très doux de nos âmes ». Avec ma Bénédiction apostolique.

Traduction : Zenit

bonne nuit

2 juin, 2009

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