Saint Antony of Padua
12 juin, 2009Raphael (Italian, 1483-1520). The Sant’Antonio di Padova Altarpiece (The Colonna Altarpiece)(detail: Saint Anthony of Padua), ca. 1504-5.
Raphael (Italian, 1483-1520). The Sant’Antonio di Padova Altarpiece (The Colonna Altarpiece)(detail: Saint Anthony of Padua), ca. 1504-5.
du site:
http://spiritualitechretienne.blog4ever.com/blog/lirarticle-83937-454157.html
Le sermon de Saint Antoine de Padoue aux poissons
Livre des Fiorettis de Saint François d’Assise, chapître 40
Du miracle que Dieu fit lorsque Saint Antoine, étant à Rimini, prêcha aux poissons de la mer
Le Christ béni voulant montrer la grande sainteté de son très fidèle serviteur Saint Antoine, et combien dévotement il fallait entendre sa prédication et sa sainte doctrine, se servit une fois entre autres des animaux sans raison, c’est-à-dire des poissons, pour reprendre la sottise des infidèles hérétiques (les Cathares), à la manière dont il vait jadis, dans les Vieux Testament repris par la bouche de l’anesse, l’ignorance de Balaam.
Saint Antoine était donc une fois à Rimini où il y avait une grande multitudes d’hérétiques, et il voulait les ramener à la lumière de la vraie Foi et dans le chemin de la Vérité: pendant plusieurs jours il leur prêcha et disputa avec eux de la Foi du Christ et de la Sainte Ecriture; mais non seulement ils ne se rendaient point à ses saints discours, mais même, comme endurcis et obstinés, ils ne voulaient pas l’écouter; aussi, un jour, par divine inspiration, Saint Antoine s’en alla à l’embouchure du fleuve au bord de la mer; et se tenant sur la rive entre la mer et le fleuve, il commença, comme s’il prêchait, par dire aux poissons de la part de Dieu: « Ecoutez la parole de Dieu, vous poissons de la mer et du fleuve, puisque les infidèles hérétiques refusent de l’entendre. » A peine eut-il ainsi parlé qu’il vint aussitôt vers lui, à la rive, une telle multitude de poissons, grands, petits et moyens, que jamais dans cette mer et dans ce fleuve on en avait vu une si grande quantité; et tous se tenaient la tête hors de l’eau et demeuraient attentifs tournés vers le visage de Saint Antoine, tous en très grande paix, en très grand calme, en très grand ordre; car au premier rang et le plus près de la rive se tenaient les plus petits poissons, et derrière eux les poissons moyens, et en arrière encore, où l’eau était plus profonde, les plus grands poissons.
Les poissons étant donc ainsi rangés en tel ordre et disposition, Saint Antoine commença à leur prêcher solennellement; il parla ainsi: « Mes frères les poissons, vous êtes fort obligés, selon votre pouvoir, de rendre grâce à votre Créateur, qui vous a donné un si noble élément pour votre habitation, en sorte qy’à votre choix vous avez des eaux douces et des eaux salées; Il vous a donné beaucoup de refuges pour éviter les tempêtes; Il vous a donné encore un élément clair et transparent et la nourriture qui vous permette de vivre. Dieu votre Créateur courtois et plein de bonté, quand Il vous céa, vous donna l’ordre de croître et de vous multiplier, et vous donna Sa Bénédiction. Puis, au déluge universel, alors que mouraient tous les autres animaux, Dieu vous consevar seuls sans dommage. Ensuite, Il vous a donné des nageoires pour pouvoir aller çà et là partout où il vous plaît. A vous il fut accordé, par le commandement de Dieu, de garder le Prophète Jonas et après trois jours de le rejeter à terre sain et saulf. Vous avez offert le cens à Notre Seigneur Jésus-Christ qui, comme un petit pauvre, n’avait pas de quoi payer. Par un mystère singulier, vous avez été la nourriture de l’éternel Roi Jésus-Christ avant et après Sa Résurrection. Pour tout cela, vous êtes extrêmement obligés de louer et de bénir Dieu, qui vous a donné tant de bienfaits de plus qu’aux autres créatures. »
A ces paroles et enseignements, et autres semblables de Saint Antoine, les poissons commencèrent à ouvrir la bouche et à incliner la tête, et par cs signes de respect et d’autres encore, ils louaient Dieu comme il leur était possible. Alors Saint Antoine, voyant un tel repsect des poissons envers leur Créateur, se réjouit en esprit et dit à haute voix: « Béni soit le Dieu éternel, parce que les poissons des eaux L’honorent plus que ne le font les honnes hérétiques, et que les animaux sans raison écoutent mieux Sa Parole que les hommes infidèles ». Et plus Saint Antoine prêchait, plus croissait la multitude des poissons, et pas un ne quittait la place qu’il avait prise.
A ce miracle, les gens de la ville commencèrent d’accourir et, parmi eux, y vinrent même les susdits hérétiques, qui, voyant le miracle si merveilleux et manifeste, le coeur touché de componction, se jetèrent tous aux pieds de Saint Antoine pour entendre sa prédication. Alors Saint Antoine commenca de prêcher sur la Foi Catholique et prêcha si noblement sur ce sujet qu’il convertit tous ces hérétiques et les fit retourner à la vraie Foi du Christ; tous les fidèles en demeurèrent en grande allégresse, réconfortés et fortifiés dans la Foi. Cela fait, Saint Antoine congédia les poissons avc la bénédiction de Dieu, et tous s’en allèrent donnant de merveilleux signes d’allégresse; et le peuple fit de même.
Puis Saint Antoine resta à Rimini pendant nombre de jours, prêchant et produisant beaucoup de fruits spirituels dans les âmes.
du site:
http://missel.free.fr/Sanctoral/06/13.php
13 juin – Saint Antoine de Padoue
Biographie
L’enthousiasme des peuples a fait de saint Antoine de Padoue, surnommé le Thaumaturge, presque l’égal du fondateur de l’Ordre des mineurs auquel il appartient. Le nom de la ville de Padoue a été joint à son nom de religieux parce qu’il y est mort et que ses reliques y sont conservées.
Fils de Martin de Bouillon et de Maria Tavera, il naquit à Lisbonne, en Portugal, le 15 août 1195, et reçut au baptême le prénom de Fernando. A dix ans, il entra à l’école de la cathédrale pour étudier le latin, l’histoire ecclésiastique, la liturgie et le chant sacré. A quinze ans, il fut admis chez les chanoines réguliers de Saint-Augustin, à Saint-Vincent de Fora, et deux ans plus tard, passa au monastère de Sainte-Croix de Coïmbe où, pendant huit ans, il fit, sous d’habiles maîtres, des études de philosophie, de théologie, d’Écriture Sainte et de patristique, étonnant ses confrères par ses progrès dans la science et la sainteté. Dès cette époque, il fut l’objet de plusieurs faveurs miraculeuses : ce fut probablement pendant ce laps de temps qu’il fut ordonné prêtre.
En 1220, la translation des reliques de cinq frères mineurs récemment martyrisés, orienta définitivement sa vie, vers l’Ordre franciscain. Il voulut lui aussi devenir franciscain pour aller prêcher la foi aux infidèles. Admis dans l’ordre sous le nom de frère Antoine d’Olivarès, il obtint de passer en Afrique, quelques semaines plus tard, mais à peine débarqué au Maroc, il fut saisi d’une fièvre violente : les remèdes demeurant sans effet, il lui fut ordonné de rentrer en Espagne. Le vaisseau qui le ramenait, assailli par une violente tempête, fut jeté sur les côtes de Sicile. Apprenant que saint François avait convoqué à Assise un chapitre général pour la Pentecôte 1221, Antoine s’y rendit. Quand tout fut terminé et que l’on procéda à la distribution des charges, comme personne n’avait réclamé cet étranger inconnu, Gratien, provincial de Romagne, consentit à le prendre au couvent de Montepaolo, près de Forli. Antoine passa environ dix mois dans cette retraite, inconnu du monde, ignoré même de ses frères : il partageait son temps entre la contemplation et les humbles emplois du couvent.
En 1222, il accompagna son supérieur à Forli, où quelques Franciscains et Dominicains devaient recevoir les saints ordres. Comme chacun se récusait pour adresser quelques mots d’édification aux ordinands, Antoine dut, par obéissance, prendre la parole, et manifesta tant de science et d’éloquence que François d’Assise en fut informé et l’envoya prêcher aux peuples. Ainsi, à vingt-sept ans, l’humble religieux inaugura un ministère de neuf années où il obtint un succès vraiment prodigieux : il parcourut les villes et les campagnes pour y détruire le désordre et l’erreur, pour ranimer la foi et faire fleurir la vertu ; les nombreux et éclatants prodiges qui accompagnèrent sa prédication lui firent décerner le titre d’Apôtre et de Thaumaturge. Partout où il parut, les foules se pressaient pour le voir et l’entendre, si bien que les églises étaient trop étroites et qu’il dut souvent prêcher en pleine campagne. Les pécheurs se convertirent, les hérétiques eux-mêmes abjurèrent leurs erreurs, ce qui valut à Antoine le surnom de Marteau infatigable des hérétiques. Plus tard, le pape Grégoire IX, émerveillé de sa connaissance profonde des Écritures, lui donnera le titre d’Arche du Testament.
Après avoir prêché en Lombardie et en Romagne, il passa les Alpes (1224), évangélisa Montpellier, où l’on constata un phénomène de bilocation, puis le silence imposé aux grenouilles d’un étang (le lac de Saint-Antoine). Pour la fête de l’Assomption, il était à Toulouse où il resta jusqu’à la fin de 1225, époque où il fut nommé gardien au couvent du Puy. Durant son séjour dans cette ville, il fit deux prophéties. En 1226, il était à Bourges où il fit le miracle de la mule : soutenant un jour une dispute avec une hérétique sur la présente réelle de Jésus-Christ dans l’eucharistie, il obtint qu’une mule, privée de nourriture depuis trois jours, se prosternât à deux genoux devant l’hostie consacrée au lieu de manger l’avoine qu’on lui présentait ; à ce spectacle, l’hérétique se convertit et se déclara sur-le-champ catholique. De Châteauroux où il était allé en quittant Bourges, Antoine descendit en Arles pour assister au chapitre de Provence (septembre 1226) qui le nomma custode de Limoges où il opéra d’autres prodiges.
En 1227, à la nouvelle de la mort de saint François, Antoine repartit pour l’Italie. A Rome, d’innombrables pèlerins de toutes langues et de toutes nations entendirent les paroles d’Antoine aussi nettement que s’il eut parlé la langue de chacun d’eux. A Rimini, il convoqua au bord de la mer les hérétiques insensibles à ses exhortations et, en leur présence, parlaa aux poissons. Il prêcha ensuite à Aquilée, Goritz, Udine, Gemona, Trévise et Venise. Il donna le carême à Padoue, puis visita Vérone, Florence, Milan, Verceil … En 1230, il était à Assise pour la translation du corps de saint François. Après le chapitre général, il reparut à Padoue pour le carême de 1231. Ce fut l’apogée de son apostolat et de sa popularité. Épuisé de fatigue, il se retira au début de juin, avec deux compagnons, dans l’ermitage de Campo Sanpietro. Sentant ses forces l’abandonner, il demanda à être transporté au couvent de Padoue, pour y mourir ; mais quand on arriva à l’entrée de la ville, on dut le déposer au monastère des clarisses de l’Arcela, près duquel les frères mineurs avaient une modeste habitation. Le vendredi 13 juin, Antoine se confessa et communia ; dans le transport de sa joie, il chanta d’une voix affaiblie : O Gloriosa Domina, son hymne favorite. Puis il expira doucement, le 13 juin 1231. Il n’était âgé que de trente-six ans.
du site:
http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1338822?fr=y
Une année spéciale pour remettre les prêtres à neuf
Benoît XVI l’a lancée pour renforcer l’identité spirituelle du clergé et pour en nettoyer la « saleté ». Les Légionnaires du Christ dans l’œil du cyclone. Séminaires: l’impitoyable diagnostic du secrétaire de la congrégation pour l’éducation catholique
par Sandro Magister
ROME, le 10 juin 2009 – L’Année Sacerdotale spéciale voulue par Benoît XVI commencera dans quelques jours, le vendredi 19, fête du Sacré-Cœur de Jésus.
Le pape en a indiqué les finalités aux cardinaux et évêques qui composent la congrégation pour le clergé, réunis le 16 mars dernier en assemblée plénière.
La congrégation pour le clergé s’appelait jusqu’en 1967 congrégation « du Concile ». Elle avait en effet été créée après le concile de Trente pour assurer l’application des indications conciliaires par le clergé ayant charge d’âmes.
Le profil de prêtre défini par le concile de Trente a caractérisé la vie de l’Eglise catholique jusqu’au milieu du XXe siècle. Un modèle en a été le saint Curé d’Ars, Jean-Marie Vianney, mort il y a 150 ans.
Mais au cours des dernières décennies, l’identité du prêtre catholique s’est modifiée, obscurcie, effritée à des degrés divers, sous les coups de la sécularisation, dans l’Eglise et au dehors.
L’objectif de l’Année Sacerdotale est justement de reconstruire une forte identité spirituelle du prêtre, fidèle à sa mission originelle. Cela inclut aussi un vigoureux travail d’élimination de la « saleté » qui a souillé une partie du clergé, limitée en termes quantitatifs mais désastreuse quant à son image globale.
On notera à ce sujet une coïncidence. L’Année Sacerdotale commencera au même moment que la visite apostolique décidée par les autorités vaticanes au sein de la congrégation des Légionnaires du Christ. Cette congrégation est remarquable par l’abondance des vocations et le grand nombre de nouveaux prêtres. Mais elle risque aussi de s’écrouler, comme l’a fait la figure de son charismatique fondateur, le prêtre Marcial Maciel, dont la double vie gravement immorale – définitivement révélée – constitue aujourd’hui un terrible scandale, surtout pour ceux qui ont été ses plus fervents disciples.
Reconstruire l’identité spirituelle du clergé implique donc aussi d’apporter un soin particulier à sa formation. De même que les séminaires ont été un élément fondamental de la réforme de l’Eglise voulue par le concile de Trente, de même, aujourd’hui, c’est dans les séminaires que se forge l’identité des nouveaux prêtres.
Ce n’est pas la congrégation du clergé qui s’occupe des séminaires, mais la congrégation pour l’éducation catholique.
Cette dernière devra donc agir elle aussi pour que l’Année Sacerdotale porte des fruits. En fait, elle a déjà fait quelque chose, à en juger par le discours de son secrétaire, Jean-Louis Bruguès, aux recteurs des séminaires pontificaux réunis à Rome ces jours derniers.
Mgr Bruguès, 66 ans, dominicain, a été évêque d’Angers jusqu’en 2007. Secrétaire de la congrégation pour l’éducation catholique, il est aussi vice-président de l’œuvre pontificale des vocations sacerdotales et membre de la commission pour la formation des candidats au sacerdoce. Il fait par ailleurs partie de l’académie pontificale Saint Thomas d’Aquin.
Son discours aux recteurs de séminaires n’a rien du langage de la curie. Avec une franchise peu commune, il décrit et dénonce en termes clairs les dégâts de l’après-concile, notamment en Europe, y compris l’ignorance impressionnante sur des points de doctrine élémentaires dont font aujourd’hui preuve les jeunes qui entrent au séminaire.
Cette ignorance est telle que, parmi les remèdes, Mgr Bruguès souhaite qu’une année entière de séminaire soit consacrée à apprendre le Catéchisme de l’Eglise catholique.
Le Catéchisme « ad parochos » fut un autre élément fondamental de la réforme tridentine. Quatre sièclesplus tard, on en est de nouveau là.
Voici le discours du secrétaire de la congrégation pour l’éducation catholique aux recteurs des séminaires pontificaux, rendu public par « L’Osservatore Romano » du 3 juin 2009 :
Formation au sacerdoce, entre sécularisme et modèles d’Eglise
par Jean-Louis Bruguès
Il est toujours risqué d’expliquer une situation sociale à partir d’une seule interprétation. Mais certaines clés ouvrent plus de portes que d’autres. Depuis longtemps je suis convaincu que la sécularisation est devenue un mot-clé pour penser aujourd’hui nos sociétés, mais aussi notre Eglise.
La sécularisation représente un processus historique très ancien puisqu’il est né en France au milieu du XVIIIe siècle, avant de s’étendre à l’ensemble des sociétés modernes. Mais la sécularisation de la société varie beaucoup d’un pays à l’autre.
En France et en Belgique, par exemple, elle a tendance à bannir les signes d’appartenance religieuse de la sphère publique et à ramener la foi dans la sphère privée. On remarque la même tendance, mais moins forte, en Espagne, au Portugal et en Grande-Bretagne. Aux Etats-Unis, en revanche, la sécularisation s’harmonise facilement avec l’expression publique des convictions religieuses : on l’a encore vu à l’occasion des dernières élections présidentielles.
Depuis une dizaine d’années, un débat très intéressant s’est ouvert à ce sujet entre les spécialistes. Jusqu’alors il semblait qu’on devait considérer comme acquis que la sécularisation à l’européenne était la règle et le modèle, celle de type américain étant l’exception. Mais aujourd’hui beaucoup de gens – comme Jürgen Habermas, par exemple – pensent que c’est le contraire qui est vrai et que même en Europe postmoderne les religions joueront un nouveau rôle social.
RECOMMENCER À PARTIR DU CATÉCHISME
Quelque forme qu’elle ait prise, la sécularisation a provoqué dans nos pays un effondrement de la culture chrétienne. Les jeunes qui se présentent dans nos séminaires ne savent plus rien ou presque de la doctrine catholique, de l’histoire de l’Eglise et de ses coutumes. Cette inculture généralisée nous oblige à effectuer des révisions importantes dans la pratique suivie jusqu’à présent. J’en citerai deux.
Tout d’abord, il me paraît indispensable de prévoir pour ces jeunes une période – un an ou plus – de formation initiale, de « rééducation », à la fois catéchétique et culturelle. Les programmes peuvent être conçus de différentes manières, en fonction des besoins spécifiques de chaque pays. Personnellement, je pense à une année entière consacrée à l’assimilation du Catéchisme de l’Eglise Catholique, qui se présente comme un résumé très complet.
Deuxièmement, il faudrait revoir nos programmes de formation. Les jeunes qui entrent au séminaire savent qu’ils ne savent pas. Ils ont humbles et désireux d’assimiler le message de l’Eglise. On peut travailler vraiment bien avec eux. Leur manque de culture a ceci de positif qu’ils ne traînent plus avec eux les préjugés négatifs de leurs aînés. C’est une chance. Nous sommes donc amenés à construire sur une « table rase ». Voilà pourquoi je suis favorable à une formation théologique synthétique, cohérente et visant à l’essentiel.
Cela implique que les enseignants et les formateurs renoncent à une formation initiale caractérisée par un esprit critique – comme ce fut le cas de ma génération, pour laquelle la découverte de la Bible et de la doctrine a été contaminée par un esprit de critique systématique – et à la tentation d’une spécialisation trop précoce : précisément parce qu’il manque à ces jeunes le background culturel nécessaire.
Permettez-moi de vous confier quelques questions qui me viennent maintenant à l’esprit. On a mille fois raison de vouloir donner aux futurs prêtres une formation complète et de haut niveau. Comme une mère attentive, l’Eglise veut le meilleur pour ses futurs prêtres. Les cours ont donc été multipliés, au point d’alourdir les programmes d’une façon qui me paraît exagérée. Vous avez probablement senti le risque de découragement chez beaucoup de vos séminaristes. Je pose la question : une perspective encyclopédique est-elle adaptée à ces jeunes qui n’ont reçu aucune formation chrétienne de base? Cette perspective n’a-t-elle pas provoqué une fragmentation de la formation, une accumulation des cours et une organisation trop historicisante? Est-il vraiment nécessaire, par exemple, de donner à des jeunes qui n’ont jamais appris le catéchisme une formation approfondie en sciences humaines ou en techniques de communication?
Je conseillerais de choisir la profondeur plutôt que l’étendue, la synthèse plutôt que la dispersion dans les détails, l’architecture plutôt que la décoration. Autant de raisons me portent à croire que l’étude de la métaphysique, si contraignant soit-il, est une phase préliminaire absolument indispensable à l’étude de la théologie. Ceux qui viennent chez nous ont souvent reçu une solide formation scientifique et technique – c’est une chance – mais leur manque de culture générale ne leur permet pas d’entrer d’un pas décidé dans la théologie.
DEUX GÉNÉRATIONS, DEUX MODÈLES D’ÉGLISE
En de nombreuses occasions, j’ai parlé des générations : la mienne, celle qui m’a précédé, les générations futures. C’est pour moi le nœud crucial de la situation actuelle. Certes, le passage d’une génération à l’autre a toujours posé des problèmes d’adaptation, mais ce que nous vivons aujourd’hui est tout à fait particulier.
Le thème de la sécularisation devrait nous aider, là aussi, à mieux comprendre. Elle a connu une accélération sans précédent au cours des années 60. Pour les hommes de ma génération et plus encore pour ceux qui m’ont précédé, souvent nés et élevés dans un milieu chrétien, elle a constitué une découverte essentielle, la grande aventure de leur vie. Ils en sont donc arrivés à interpréter l’ »ouverture au monde » souhaitée par le concile Vatican II comme une conversion à la sécularisation.
C’est ainsi que nous avons vécu, ou même favorisé, une auto-sécularisation extrêmement puissante dans la plupart des Eglises occidentales.
Les exemples abondent. Les croyants sont prêts à s’engager au service de la paix, de la justice et de causes humanitaires, mais croient-ils à la vie éternelle? Nos Eglises ont fait un immense effort pour renouveler la catéchèse, mais cette catéchèse n’a-t-elle pas tendance à négliger les réalités ultimes? Nos Eglises, sollicitées par l’opinion publique, se sont embarquées dans la plupart des débats éthiques du moment, mais dans quelle mesure parlent-elles du péché, de la grâce et de la vie théologale? Nos Eglises ont déployé avec succès des trésors d’ingéniosité pour faire mieux participer les fidèles à la liturgie, mais celle-ci n’a-t-elle pas perdu en grande partie le sens du sacré? Peut-on nier que notre génération, peut-être sans s’en rendre compte, a rêvé d’une « Eglise de purs », une foi purifiée de toute manifestation religieuse, mettant en garde contre toute manifestation de dévotion populaire comme les processions, les pèlerinages, etc.?
Le choc entre la sécularisation et nos sociétés a profondément transformé nos Eglises. On pourrait avancer l’hypothèse selon laquelle nous sommes passés d’une Eglise d’ »appartenance », où la foi était donnée par le groupe de naissance, à une Eglise de « conviction », où la foi se définit comme un choix personnel et courageux, souvent en opposition avec le groupe d’origine. Ce passage a été accompagné d’impressionnantes variations numériques. On a vu diminuer à vue d’œil la présence dans les églises, au catéchisme, et dans les séminaires. Toutefois, il y a quelques années, le cardinal Lustiger avait démontré, chiffres en main, qu’en France le rapport entre le nombre des prêtres et celui des pratiquants réels était toujours resté le même.
Nos séminaristes et nos jeunes prêtres appartiennent eux aussi à cette Eglise de « conviction ». Ils ne viennent plus tellement des campagnes mais plutôt des villes et surtout des villes universitaires. Ils ont souvent grandi dans des familles divisées ou « éclatées », ce qui leur laisse des traces de blessures et, parfois, une sorte d’immaturité affective. Le milieu social d’appartenance ne les soutient plus : ils ont choisi d’être prêtres par conviction et ont renoncé, de ce fait, à toute ambition sociale (ce que je dis n’est pas vrai partout : je connais des communautés africaines où la famille ou le village portent encore des vocations nées dans leur sein). C’est pourquoi ils ont un profil plus déterminé, des individualités plus fortes et des tempéraments plus courageux. A ce titre, ils ont droit à toute notre estime.
La difficulté sur laquelle je voudrais attirer votre attention dépasse donc le cadre d’un simple conflit de générations. Ma génération, j’insiste là-dessus, a identifié l’ouverture au monde à une conversion à la sécularisation, pour laquelle elle a éprouvé une certaine fascination. Les plus jeunes, au contraire, sont nés dans la sécularisation, c’est leur environnement naturel, ils l’ont assimilée avec le lait de la nourrice : mais ils cherchent surtout à prendre leurs distances vis-à-vis d’elle et ils revendiquent leur identité et leurs différences.
ACCOMMODEMENT AVEC LE MONDE OU CONTESTATION?
Il existe désormais dans les Eglises européennes, et peut-être aussi dans l’Eglise américaine, une ligne de partage, et parfois de fracture, entre un courant de « composition » et un courant de « contestation ».
Le premier nous conduit à penser qu’il y a, dans la sécularisation, des valeurs à forte matrice chrétienne comme l’égalité, la liberté, la solidarité, la responsabilité et qu’il doit être possible de trouver un accord avec ce courant et de définir des domaines de coopération.
Le second courant, au contraire, invite à prendre ses distances. Il considère que les différences ou les oppositions, surtout dans le domaine de l’éthique, vont devenir de plus en plus marquées. Il propose donc un modèle alternatif par rapport au modèle dominant et accepte de tenir le rôle d’une minorité contestatrice.
Le premier courant a été prédominant pendant l’après-concile; il a fourni la matrice idéologique des interprétations de Vatican II qui se sont imposées à la fin des années 60 et pendant la décennie suivante.
Cela s’est inversé à partir des années 80, surtout – mais pas exclusivement – sous l’influence de Jean-Paul II. Le courant de « composition » a vieilli mais ses adeptes détiennent encore des positions clés dans l’Eglise. Le courant du modèle alternatif s’est considérablement renforcé mais il n’est pas encore devenu dominant. C’est ainsi que s’expliquent les tensions actuelles dans beaucoup d’Eglises de notre continent.
Je n’aurais pas de mal à illustrer par des exemples l’opposition que je viens de décrire.
Les universités catholiques se répartissent aujourd’hui selon cette ligne de partage. Certaines jouent la carte de l’adaptation et de la coopération avec la société sécularisée, ce qui les contraint à prendre leurs distances de manière critique à propos de tel ou tel aspect de la doctrine ou de la morale catholique. D’autres, d’inspiration plus récente, mettent l’accent sur l’affirmation de la foi et la participation active à l’évangélisation. Il en est de même pour les écoles catholiques.
Et, pour revenir au sujet de cette rencontre, on pourrait en dire autant à propos du profil-type de ceux qui frappent à la porte de nos séminaires ou de nos maisons religieuses.
Les candidats de la première tendance sont de plus en plus rares, au grand déplaisir des prêtres des générations les plus âgées. Les candidats de la seconde tendance sont aujourd’hui plus nombreux que les premiers, mais ils hésitent à franchir le seuil de nos séminaires parce que, souvent, ils n’y trouvent pas ce qu’ils cherchent.
Ils sont porteurs d’une préoccupation d’identité (ils sont parfois qualifiés, avec un certain mépris, d’ »identitaires ») : identité chrétienne – en quoi devons-nous nous distinguer de ceux qui ne partagent pas notre foi? – et identité du prêtre, alors que l’identité du moine ou du religieux est plus facilement perceptible.
Comment favoriser une harmonie entre les éducateurs, qui appartiennent souvent au premier courant, et les jeunes qui s’identifient au second ? Les éducateurs continueront-ils à s’attacher à des critères d’admission et de sélection qui datent de leur époque mais ne correspondent plus aux aspirations des plus jeunes? On m’a cité un séminaire français où les adorations du Saint-Sacrement avaient été supprimées depuis une bonne vingtaine d’années parce qu’elles étaient jugées trop dévotionnelles : les nouveaux séminaristes ont dû se battre pendant plusieurs années pour qu’elles soient rétablies, tandis que certains enseignants ont préféré démissionner face à ce qu’ils considéraient comme un « retour au passé »; en cédant aux demandes des plus jeunes, ils avaient l’impression de renier ce pour quoi ils s’étaient battus toute leur vie.
Dans le diocèse dont j’étais évêque j’ai connu de telles difficultés quand des prêtres plus âgés – ou des communautés paroissiales entières – éprouvaient une grande difficulté à répondre aux aspirations des jeunes prêtres qui leur étaient envoyés.
Je comprends les difficultés que vous rencontrez dans votre ministère de recteurs de séminaires. Plus que le passage d’une génération à une autre, vous devez assurer harmonieusement le passage d’une interprétation du concile Vatican II à une autre et, peut-être, d’un modèle ecclésial à un autre. Votre position est délicate mais elle est absolument essentielle pour l’Eglise.
du site:
http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20090612
Le vendredi de la 10e semaine du Temps Ordinaire : Mt 5,27-32
Commentaire du jour
Paul VI, pape de 1963-1978
Humanae vitae, 8-9 (trad. bréviaire)
« Dieu créa l’humanité à son image, homme et femme il les créa » (Gn 1,27)
L’amour conjugal révèle sa vraie nature et sa vraie noblesse quand on le considère dans sa source suprême, Dieu qui est amour… Le mariage n’est donc pas l’effet du hasard ou un produit de l’évolution de forces naturelles inconscientes : c’est une sage institution du Créateur pour réaliser dans l’humanité son dessein d’amour. Par le moyen de la donation personnelle réciproque…les époux tendent à la communion de leurs êtres en vue d’un mutuel perfectionnement personnel, pour collaborer avec Dieu à la génération et à l’éducation de nouvelles vies. De plus, pour les baptisés, le mariage revêt la dignité de signe sacramentel de la grâce, en tant qu’il représente l’union du Christ et de l’Église (Ep 5,32).
Dans cette lumière apparaissent clairement les notes et les exigences caractéristiques de l’amour conjugal… C’est avant tout un amour pleinement humain, c’est-à-dire à la fois sensible et spirituel. Ce n’est donc pas un simple transport d’instinct et de sentiment, mais aussi et surtout un acte de la volonté libre, destiné à se maintenir et à grandir à travers les joies et les douleurs de la vie quotidienne, de sorte que les époux deviennent un seul coeur et une seule âme et atteignent ensemble leur perfection humaine.
C’est ensuite un amour total, c’est-à-dire une forme toute spéciale d’amitié personnelle, par laquelle les époux partagent généreusement toutes choses, sans réserves indues ni calculs égoïstes. Qui aime vraiment son conjoint ne l’aime pas seulement pour ce qu’il reçoit de lui, mais pour lui-même, heureux de pouvoir l’enrichir du don de soi.
C’est encore un amour fidèle et exclusif jusqu’à la mort. C’est bien ainsi, en effet, que le conçoivent l’époux et l’épouse le jour où ils assument librement et en pleine conscience l’engagement du lien matrimonial… C’est enfin un amour fécond, qui ne s’épuise pas dans la communion entre époux, mais qui est destiné à se continuer en suscitant de nouvelles vies.