LES PETITS RIENS, REFLETS DU GRAND AMOUR DE DIEU

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(sur le site aussi: LES HUMBLES RÉALITÉS, OBSTACLES A L’AMOUR ; LES HUMBLES RÉALITÉS, DÉCEPTIONS DE L’AMOUR; LES PETITS RIENS, OCCASIONS DE GRAND AMOUR)

LES PETITS RIENS, REFLETS DU GRAND AMOUR DE DIEU

Si, par amour, nous apprenons à faire tout le mieux possible, nous recevrons dès ici-bas un centuple, même du côté de ces riens qu’il nous eut été facile de dédaigner. Ces petites choses, mais elles sont l’œuvre de Dieu. Il a « promené sur elles son regard », et les a « revêtues de beauté ». Seulement, il faut apprendre à poser sur elles un regard d’enfant, tout extasié et pur.

Alors, elles laissent parfois filtrer un « je ne sais quoi » de leur Créateur, telles des perles de rosée qui, au sein d’une grande prairie ensoleillée, reflètent, diaprées, le soleil du matin. Et l’âme que meut l’Esprit déchiffre émerveillée quelques mesures de l’hymne de la création.

Entre elles et les choses les plus minimes qui l’entourent, il s’établit une sorte de commerce fraternel, de communion en Dieu. Cela est vraiment régner sur la création. Nous avons recueilli cet aveu sur les lèvres de Laurent de la Résurrection qu’il « se trouvait heureux comme un roi » en ses travaux culinaires. Il avait profondément, lui, le sens des petits riens et savait y trouver Dieu. Son biographe nous raconte que « dans tout ce qu’il voyait, dans tout ce qui lui arrivait, il s’élevait en passant de la créature au Créateur » ; et cet exemple surprenant est cité : « Un arbre qu’il vit sec en hiver le fit tout à coup remonter jusqu’à Dieu et lui en inspira une si sublime connaissance qu’elle était encore aussi forte et aussi vive en son âme après quarante ans que lorsqu’il la reçut ».

Nous aurions des textes admirables à citer sur cet amour de nos mystiques pour la nature. Sainte Thérèse dit la joie qu’elle éprouve en son ermitage parce que « de son lit elle peut contempler la rivière et les levers de soleil ». Saint Jean de la Croix assiste, lui aussi de l’escalier de son couvent, au spectacle féerique de l’aurore sur l’Alhambra. Qu’il nous suffise d’avoir simplement touché cet aspect très consolant de notre spiritualité. Il vient sinon atténuer, du moins contrebalancer la sévérité de nos saints vis-à-vis des petits riens, tant que ceux-ci s’opposent au progrès spirituel. Il nous met en garde contre la contrainte sotte, l’effort exagéré ; il nous rappelle l’extraordinaire souplesse exigée des esprits carmélitains à qui l’on demande tour à tour – quand ce n’est pas simultanément – de tout sacrifier et de se servir de tout pour aimer, et d’aimer toutes choses dans l’Amour. Il y a temps pour tout, en effet, Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, qui a poussé l’ingéniosité du renoncement à ses limites extrêmes –au point d’en venir à « éprouver un véritable amour pour les objets les plus laids et les moins commodes »- savait aussi se livrer à d’innocentes distractions, se pencher avec amour sur les choses pour y chercher un reflet de l’amour de Dieu : car elle « n’était pas d’un rigorisme absolu au sujet des satisfactions permises. En cela comme en tout elle procédait avec simplicité et ne refusait pas de bénir le bon Dieu dans ses œuvres. Elle aimait à toucher les fruits – la pêche en particulier, admirant sa peau veloutée – de même à distinguer entre eux les parfums de leurs. Elle aurait cru pécher contre la tempérance en ne jouissant pas, quand elle y était attirée par une pensée d’amour et reconnaissance envers Dieu, des charmes de la nature, de la musique, etc. »

Les choses sont ce que nous les faisons. Ces textes cités, si épisodiques qu’ils soient, étaient nécessaires pour montrer, après l’exposé des grandes lignes de la spiritualité carmélitaine, combien celle-ci sait descendre dans le détail. Seulement là encore, dans l’attitude qu’elle nous dicte, elle conserve son cachet personnel, son charme propre : elle est l’amour s’exprimant avec le plus de pureté possible, mais aussi avec une souveraine souplesse et spontanéité, s’échappant des petits riens lorsqu’ils risquent de le retenir captif ; s’en servant, au contraire, pour aimer, se laissant enfin captiver par eux lorsqu’ils lui parlent de Dieu : lorsque, occasions de grand amour, ils deviennent pour un moment reflets du grand amour de Dieu.

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