Archive pour le 1 juin, 2009
Le Temps Ordinaire (liturgie)
1 juin, 2009du site:
http://lyon.catholique.fr/?Le-Temps-Ordinaire
Le Temps Ordinaire (liturgie)
On nomme aussi le Temps ordinaire parfois « Temps de l’Eglise ». Il se déploie à partir de la fin du temps de Noël (le baptême du Seigneur) au début du Carême (mercredi des Cendres) et
reprend de la Pentecôte à la fin de l’année liturgique.
Ce temps liturgique très long est une sorte de retour au quotidien. Attention toutefois ! Non pas un quotidien rendu à sa banalité, mais un quotidien redécouvert et renouvelé.
Durant cette période l’Eglise continue à célébrer, dimanche après dimanche, le mystère de la mort et de la résurrection du Christ.
Pourquoi l’appellation
« Temps ordinaire » ?
Une telle appellation, bien que pouvant surprendre, a une signification chrétienne très riche. Le mot « ordinaire » ne veut pas dire « sans importance ». La plupart et la plus grande partie de nos journées, de nos mois,de nos années sont ordinaires.
Le mot « ordinaire » désigne ce qui fait le tissu habituel de notre vie, avec sa monotonie, ses contraintes, sa grisaille, ses luttes, ses souffrances, et aussi,
heureusement, ses petites ou grandes joies, ses éclaircies, ses réussites.
Il indique la trame habituelle de l’histoire humaine, de cette histoire dont il n’est pas question dans les livres d’histoire.
Du côté de la liturgie
Pendant le Temps Ordinaire, la liturgie met aussi en valeur la vie ordinaire si peu valorisée par ailleurs. L’année liturgique qui comprend des temps forts (Noël, Carême, Pâques…) nous rappelle et nous rend présent les grands Mystères, c’est-à-dire les grandes interventions de Dieu par Jésus Christ dans l’Esprit Saint pour le salut et la vie du monde.
Si tout est réalisé du côté du Christ en qui le Père a accompli son dessein de salut et par qui il a envoyé son Esprit Saint ; en même temps ces célébrations des Mystères du salut nous disent que la Vie éternelle dont ils sont la source doit être reçue par les hommes. Dieu nous invite donc à « être grand dans les petites choses pour pouvoir être grand dans les grandes. » (Saint François-Xavier).
C’est là qu’est le sens du Temps liturgique Ordinaire. Le Temps Ordinaire, c’est le temps de l’accueil du salut dans notre vie et notre histoire, le temps où l’Esprit Saint nous apporte et intériorise en nous la vérité, la vie, l’amour, la liberté, la sainteté du Christ et fait de nous l’Église en marche au milieu des consolations et des tribulations de l’histoire humaine.
Par là le temps liturgique nous révèle la valeur de la vie ordinaire aux yeux de Dieu. Il nous dit que Dieu a voulu et réalisé les Mystères du salut par amour pour l’homme ordinaire et que celui-ci a à les recevoir et les vivre dans sa vie ordinaire et au sein de ses relations ordinaires. L’humilité de Dieu se manifeste non seulement dans le fait que son Fils a pris les chemins de pauvreté pour sauver le monde, mais aussi en ce qu’il a aimé les hommes dans leur vie ordinaire, qu’il a sauvé le temps ordinaire, qu’il a sanctifié les hommes dans leur réalité la plus ordinaire. Pour aimer Dieu, pour devenir des saints, pour être témoins du salut, il n’est pas nécessaire de faire des choses extraordinaires. Il faut vivre dans l’Esprit Saint tous les aspects de la vie ordinaire.
Dans l’année liturgique, le Temps Ordinaire n’est donc pas un temps mineur. Même s’il est entouré de teintes moins brillantes, il est ainsi comme pour mieux s’insérer dans la trame de la vie quotidienne !
Prier avec « la vie ordinaire »
Nous autres, gens des rues
Il y a des gens que Dieu prend et met à part. Il y en a d’autres qu’il laisse dans la masse, qu’il ne retire pas du monde. Ce sont des gens qui font un travail ordinaire, qui ont un foyer ordinaire ou sont des célibataires ordinaires. Des gens qui ont des maladies ordinaires, des deuils ordinaires. Des gens qui ont une maison ordinaire, des vêtements ordinaires. Ce sont des gens de la vie ordinaire. Les gens que l’on rencontre dans n’importe quelle rue. Ils aiment la porte qui s’ouvre sur la rue, comme leurs frères invisibles au monde aiment la porte qui s’est refermée sur eux. Nous autres, gens de la rue, croyons de toutes nos forces que cette rue, que ce monde où Dieu nous a mis, est pour nous le lieu de notre sainteté. Nous croyons que rien de nécessaire ne nous y manque, car si ce nécessaire nous manquait, Dieu nous l’aurait déjà donné.
Madeleine Delbrêl
Extrait tiré de « L’Evangile au coin de la rue »
Mai 2004
par Sandro Magister: La revanche de la prière, dans un monde qui veut la bannir
1 juin, 2009du site:
http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1338671?fr=y
La revanche de la prière, dans un monde qui veut la bannir
Du Mont-Cassin, le pape relance la devise de saint Benoît: « Ora et labora ». Et le cardinal Ruini explique pourquoi prier est la réponse sûre aux crises modernes de la foi. Il en a été question également lors d’un Festival de la théologie
par Sandro Magister
ROME, le 29 mai 2009 – En visite à l’abbaye du Mont-Cassin, le dimanche après l’Ascension, Benoît XVI a relancé la célèbre devise du saint dont il a pris le nom: « Ora et labora et lege ». Travaille et étudie, mais avant tout prie.
Et il a associé cette devise à une autre qu’il a placée plusieurs fois à l’origine de toute la civilisation occidentale: « quaerere Deum », rechercher Dieu.
Aux yeux de Benoît XVI, prier Dieu n’est pas une partie de la vocation de l’homme, mais sa totalité. Cette thèse peut paraître audacieuse, à une époque où la prière est souvent déconsidérée, contestée, bannie. Mais elle s’appuie sur des signes d’attention renouvelée à cet acte capital de la vie chrétienne et ce n’est pas tout.
***
Par exemple, tandis que le pape était au Mont-Cassin, à Bologne, une ville plus au nord de l’Italie et l’un des plus sécularisées du pays, la fête de la Vierge de Saint-Luc a accueilli pour la prière une foule bien plus nombreuse que dans le passé. Quelques semaines plus tôt, toujours à Bologne, l’immense basilique San Petronio n’a pas suffi à contenir une foule de jeunes réunis pour une veillée de prière et ils ont aussi rempli la place qui se trouve devant la basilique.
Encore plus au nord et toujours ces jours-ci, des hommes d’Eglise, des théologiens, des philosophes et des artistes, croyants ou incroyants, se sont réunis à Plaisance, sur les bords du Pô, pour débattre précisément sur ce sujet: « Prière et expériences de Dieu ».
La rencontre, organisée comme un « Festival de la théologie », a débuté et s’est achevée, les 22 et 24 mai, par deux « discours magistraux »: le premier du cardinal Camillo Ruini, le second du plus célèbre des théologiens évangéliques allemands, Jürgen Moltmann.
Ont également pris la parole, entre autres, Philippe Némo et Mario Botta, PierAngelo Sequeri et Elmar Salmann, Massimo Cacciari et Guido Ceronetti.
Le discours du cardinal Ruini est reproduit ci-dessous, avec des intertitres de la rédaction du site.
On lira avec un intérêt particulier les passages où il analyse les objections que la culture actuelle oppose à la prière et, inversement, le sens profond de la prière comme « affaire sérieuse », pierre de touche de la foi chrétienne.
L’horizon de la prière: en route vers Dieu
par Camillo Ruini
Partons d’une définition classique de Saint Thomas d’Aquin: « Oratio est proprie religionis actus », la prière est précisément l’acte de la religion (« Summa Theologiae » II-II, q. 83, a. 3). Cette définition est généralement reconnue, même aujourd’hui, comme universellement valable dans le cadre de l’histoire des religions, en termes paradoxalement plus larges que la reconnaissance du rapport de la religion avec un Dieu personnel […].
Le bouddhisme reste l’exemple le plus notable d’une grande religion qui ne fait pas place à un Dieu personnel mais ramène tout à la non-distinction du « Rien », dans laquelle se dissout tout « Je » et tout « Tu », y compris un présumé « Tu » divin.
En ce cas, la prière change, pour ainsi dire, de nature et devient une « mystique » (en un sens très différent de la mystique chrétienne), c’est-à-dire le chemin qui conduit de la distinction à l’indistinction et finalement se présente comme l’expérience même de l’indistinction, qui constituerait la réalité suprême et décisive, la seule véritablement contraignante, dans le domaine du religieux.
Dans la perspective de l’histoire et de la phénoménologie des religions, cela ne paraît pas être l’approche spontanée et originelle de la prière, qui est plutôt de se tourner vers le divin comme vers un « Tu », même s’il est radicalement supérieur, mystérieux et ineffable, avec lequel nous pouvons en tout cas entrer en relations – et lui avec nous – pour nous le rendre propice et être protégés des menaces et des pièges de la vie, mais aussi pour l’honorer dans sa grandeur et reconnaître notre dette radicale envers lui, c’est-à-dire pour l’adorer.
La fonction de la prière consiste justement à rendre possible et à réaliser cette mystérieuse relation. Le mythe, ou plutôt les mythes, surtout les mythes des origines, peuvent être considérés comme le contexte explicatif et interprétatif dans lequel l’humanité a structuré et justifié pendant des millénaires une telle relation avec le divin.
LA CRITIQUE GRECQUE DU MYTHE
Mais déjà cinq ou six siècles avant Jésus-Christ, une critique rationnelle et philosophique du mythe s’est développée en Grèce, tendant à le remplacer par le « logos », le discours rationnel, quant à la connaissance de notre réalité et de celle du monde, tout en lui laissant assez de place pour diriger la vie de ceux qui ne sont pas capables de se servir pleinement du « logos » et aussi – en partie – pour atteindre ces réalités plus hautes auxquelles le « logos » de l’homme ne peut parvenir avec certitude.
En tout cas, la philosophie grecque n’est pas du tout « athée », au moins dans ses formes dominantes et les plus significatives. Au contraire, elle se définit aussi comme « théologie », une théologie non plus mythique mais « physique », naturelle, en ce sens qu’elle perçoit rationnellement la vraie nature du divin. Il serait trop expéditif d’affirmer que cette théologie philosophique est à proprement parler monothéiste, mais elle conçoit en tout cas la réalité suprême comme unitaire, ou comme l’Un au sommet de la réalité. Le problème est plutôt que cet Un ou Absolu n’est pas, comme tel, « interpellable » par nous: justement à cause de son absoluité transcendante, nous ne pouvons pas entrer en relations avec lui et donc la prière, acte et comportement fondamentaux de l’homme religieux, ne peut se tourner vers lui. Elle ne peut trouver un sens et une justification que sur un plan différent, en rapport avec nos besoins existentiels et sociaux, en se tournant concrètement vers ces Dieux qui ne sont en réalité que des images de l’Absolu, construites pour nous et en vue de notre besoin.
Il est intéressant de noter qu’à la même époque, au VIe siècle avant Jésus-Christ, dans une zone géographique et culturelle bien différente, naissait le bouddhisme, qui peut lui aussi être compris comme une critique des formes précédentes de religion mythique et qui ne laisse pas non plus de place à la prière comme relation personnelle avec un Tu divin.
LA RÉVÉLATION BIBLIQUE
Mais, toujours à cette époque, une critique tout aussi radicale du polythéisme a été développée par les prophètes d’Israël, en particulier par le Second Isaïe (Is 40-55), en liaison avec la fin de la monarchie davidique et l’exil à Babylone. Mais il s’agit d’une critique profondément différente, fondée non sur la raison humaine comme celle de la philosophie grecque, ni sur une expérience mystique comme celle du bouddhisme, mais sur la révélation directe du Dieu unique qui, à travers le prophète, s’adresse au peuple d’Israël.
La foi en Yahvé seul vrai Dieu et la relation exclusive avec lui ont sûrement des racines beaucoup anciennes, qui ont à voir avec l’origine même d’Israël comme peuple. Mais en réalité c’est vraiment la très grave crise constituée par l’exil à Babylone et la fin de l’indépendance nationale – en elle-même elle tendait à mettre en discussion la puissance du Dieu d’Israël vaincu, selon la mentalité du temps, par les dieux de Babylone – qui a été l’occasion de réagir en développant et en approfondissant encore la foi en Lui comme Créateur de l’univers et seul vrai Dieu de toutes les nations.
De plus, on peut dire que l’on ne rencontre qu’en Israël le monothéisme au sens propre et plein, dont l’essence ne consiste pas simplement en l’affirmation de l’unicité d’un Etre suprême mais aussi en son « interpellabilité », notre possibilité d’établir une relation avec lui et de le prier, et dans l’exclusion du culte d’autres divinités qui en découle.
Ainsi la révélation biblique dépassait dès le début cette séparation qui a tourmenté la religion dans l’antiquité classique, en réunifiant, dans le Dieu qui se révèle à nous, l’Etre absolu auquel les philosophes étaient parvenus d’une manière ou d’une autre et ces divinités à qui l’on pouvait rendre un culte, mais que la critique philosophique réduisait désormais à l’état de mythes dépourvus de vérité et de substance.
Dans une perspective historico-religieuse, un divorce à certains égards semblable paraît s’être produit plusieurs millénaires auparavant: en effet la croyance en un Etre suprême existe pratiquement chez presque tous les peuples et tous les mythes archaïques, mais peu à peu ce Dieu suprême paraît s’éloigner du monde et des hommes, se désintéresser d’eux et abandonner son pouvoir à des divinités inférieures, devenant ainsi un « Deus otiosus », un Dieu oisif, qui reçoit comme tel de moins en moins de prières. La révélation biblique se présente donc comme un virage grandiose et décisif dans l’histoire de la religion et des religions: le Dieu suprême prend alors l’initiative, surgit sur la scène du monde et dans la vie de l’homme, se présentant comme le « Dieu jaloux », qui veut pour lui seul la prière, le culte et l’adoration, parce que lui seul est Dieu et que tout le reste est sa création.
Dans l’Ancien Testament, à la base de la prière, il y a donc l’initiative de Dieu qui parle à l’homme, qui à son tour répond: « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute », dit le jeune Samuel (1 Sam 3, 9). Prier, c’est donc se mettre en présence du Dieu vivant ; la raison fondamentale de la prière est l’alliance que Dieu a conclue avec son peuple et qui demande la cohérence de la vie, l’accomplissement fidèle de la loi que Dieu a donnée. Les dimensions éthique et communautaire sont donc au premier plan: mais quand, comme je l’ai dit, la communauté nationale connaît une crise – à cause de son infidélité persistante à l’alliance – le caractère personnel de la prière s’accentue, comme on peut le voir dans beaucoup de psaumes.
LA PRIÈRE DE JÉSUS
Un autre changement dans la prière, définitif celui-là, apparaît avec Jésus de Nazareth et surtout avec sa prière personnelle, où s’exprime sa relation avec Dieu le Père. Cette relation unique nous fait pénétrer en quelque sorte dans le mystère de Dieu parce que l’homme Jésus de Nazareth est – et sait qu’il est – le Fils totalement tourné vers le Père, le Fils dont la nourriture est de faire la volonté du Père (Jn 4, 34), le Fils qui n’est vraiment connu que par le Père et qui, à son tour, est seul à connaître vraiment le Père (Mt 11, 27), en dernière analyse le Fils qui, dans l’unité de l’amour réciproque, ne fait qu’un avec le Père (Jn 10, 30). L’Eglise primitive a conservé dans sa forme originale araméenne le mot-clé par lequel Jésus s’adressait à Dieu dans la prière, « Abba », qui signifie Père avec une nuance de profonde intimité unie à beaucoup de respect et de dévouement.
Jésus lui-même a initié ses disciples à sa prière et à sa relation avec le Père, jusqu’à leur enseigner cette prière – le « Notre Père » – qui reste pour toujours la prière fondamentale et caractéristique du chrétien.
On notera simplement que ses trois premières demandes concernent Dieu lui-même, la reconnaissance et l’adoration que nous lui devons comme fils, alors que les quatre autres concernent nos espoirs, nos besoins et nos difficultés. Dans le Nouveau comme dans l’Ancien Testament, la prière implique et exige donc la cohérence de la vie, concrètement l’unité entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain, unité qui est radicalisée dans le Nouveau Testament: « tout ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40). Comme l’a écrit Benoît XVI dans son « Jésus de Nazareth », « Nous prierons d’autant mieux que l’orientation vers Dieu sera présente au fond de notre âme. Plus cela deviendra la base portante de toute notre vie, plus nous serons des hommes de paix et plus nous serons capables de supporter la souffrance, de comprendre les autres et de nous ouvrir à eux » (p. 159).
LA PRIÈRE DE L’ÉGLISE
Dans l’histoire et dans la vie de l’Eglise, la prière a occupé et occupe une place de premier plan, qui ne devient pleinement perceptible qu’a ceux qui en font l’expérience personnelle ou en étudient directement les documents historiques.
Cette prière se structure surtout comme liturgie, prière publique et communautaire de l’Eglise qui, unie à Jésus-Christ, s’adresse dans le Saint-Esprit à Dieu le Père. Le caractère spécifiquement trinitaire de la prière chrétienne émerge là dans toute son expressivité, comme participation et introduction dans la relation du Christ avec Dieu le Père dans le lien d’amour du Saint-Esprit. Nous sommes immergés, ou soulevés, c’est-à-dire dans une vie qui n’est pas notre vie d’hommes, de créatures, mais celle de Dieu; et le Dieu à qui nous nous adressons dans la liturgie n’est pas un Dieu générique, et même pas précisément le Dieu un et trin, mais le Dieu Père de Jésus-Christ et notre Père à tous en le Christ.
De plus, dans la prière chrétienne, la dimension publique et communautaire et la dimension intime et personnelle renvoient l’une à l’autre et progressent ensemble: le « Nous » de la prière de l’Eglise est associé à l’écoute de ce Dieu qui voit dans le secret et que nous sommes appelés à rencontrer dans l’intimité de notre chambre et dans le secret de notre cœur (Mt 6, 5-6). Au cours des siècles, ce caractère personnel de la prière a trouvé bien des expressions, assez souvent sublimes, qui restent un trésor précieux, comme le sont aussi les humbles expressions de la piété populaire.
Une autre grande caractéristique de la prière chrétienne concerne sa dimension « mystique ». Je ne pense pas seulement aux figures des grands mystiques dont le christianisme est riche à un point exceptionnel, mais plus radicalement au caractère spécifique de la mystique chrétienne, que l’on peut déjà percevoir dans les écrits des apôtres Paul et Jean.
Elle est directement liée à ce que nous avons dit de la prière de Jésus et de sa relation avec Dieu le Père. La formule de Jean sur l’ »être dans » mutuel – selon laquelle, de même que le Père est dans le Fils et le Fils dans le Père, de même les croyants sont appelés à être dans le Père et dans le Fils, tandis que le Père et le Fils sont en eux (Jn 17, 21) – exprime de manière insurpassable cette union avec Dieu qui est le cœur de toute mystique authentique.
Mais ici l’union avec Dieu résulte du don de soi que le Christ a fait historiquement sur la croix et elle exige le caractère concret, du point de vue éthique, de l’amour actif envers nos frères: « Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous et en nous son amour est accompli… Celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne saurait aimer Dieu qu’il ne voit pas » (1 Jn 4, 12.20).
Ce n’est donc pas une mystique refermée sur elle-même. Au contraire, elle est entrée dans l’histoire et exige la conversion, le changement de vie.
LES OBJECTIONS MODERNES
Mais il faut maintenant tenir compte des nombreuses difficultés que la prière a rencontrées à partir de l’époque moderne, surtout dans les pays de religion chrétienne. Certaines sont liées aux idées et aux convictions et, pendant longtemps, elles ont eu une faible diffusion au niveau populaire. Fondamentalement elles sont de trois sortes.
Les premières difficultés naissent de la négation de l’existence de Dieu, ou au moins d’une position agnostique: qu’on pense, par exemple, au matérialisme déjà présent dans certains courants des Lumières du XVIIIe siècle, ou à Feuerbach et au marxisme. Mais les formes de panthéisme qui apparaissent à partir de Spinoza ne laissent pas non plus une vraie place à la prière.
Dans le deuxième type de difficultés, on ne met pas en discussion Dieu, c’est-à-dire le « Tu » à qui la prière s’adresse, mais on pense qu’il est inaccessible à une relation personnelle avec nous. C’est le cas, par exemple, de Kant, qui, tout en gardant une bonne partie du concept chrétien de Dieu, voit dans la prière une « illusion superstitieuse » (« La religion dans les limites de la seule raison », sous la direction de M. M. Olivetti, 1993, p. 217) et de beaucoup d’autres avec lui, qui pensent que seule une religion naturelle et commune à tous les hommes peut être vraie et authentique, mais pas une religion révélée.
Nous arrivons ainsi à la troisième cause de difficultés: la contestation du christianisme. Au début, elle a plutôt concerné l’Eglise comme institution et son pouvoir social, puis elle s’est développée de plus en plus jusqu’à mettre en discussion des éléments centraux de la foi, comme la divinité du Christ et la possibilité même d’une intervention de Dieu dans l’histoire.
Sur ce point, on pense spontanément aux Lumières, surtout françaises. Mais la critique du christianisme faite en Allemagne pendant le XIXe siècle a peut-être été plus radicale et plus efficace historiquement, comme le montre très bien le livre de K. Löwith « De Hegel à Nietzsche. La fracture révolutionnaire dans la pensée du XIXe siècle ». Cette critique a notamment porté sur la vraisemblance historique du personnage du Christ tel qu’il nous est présenté par les Evangiles.
On comprend facilement combien tout cela a pu et peut entraver cette relation confiante et filiale avec Jésus-Christ et Dieu le Père qui est propre à la prière chrétienne.
LE DÉFI DE LA SÉCULARISATION
Mais les difficultés qui ont eu le plus fort impact sur les gens ordinaires ne dépendent pas d’idées et de théories, mais des énormes changements survenus dans les derniers siècles, à un rythme de plus en plus pressant, quant aux conditions concrètes de notre vie.
Je pense à la révolution industrielle et aux grandes transformations qui l’ont suivie, dont le moteur est le développement des sciences modernes et des technologies qui leur sont liées. Le monde qui en résulte et dont nous avons l’expérience directe nous apparaît de plus en plus comme l’œuvre de l’homme et de moins en moins comme la « nature », qui renvoie à son Créateur.
Mais le processus de changement est encore plus vaste parce qu’il englobe progressivement les rapports sociaux et les institutions, les sciences et en général l’utilisation publique de la raison, qui se rattachent exclusivement à l’intelligence et à la liberté de l’homme, ce qui les soustrait à l’influence de Dieu et de la religion.
Ce macro-processus, appelé « sécularisation », a trouvé son expression classique dès 1625 dans la formule créée par un grand juriste hollandais, personnellement très croyant, Hugo Grotius: « etsi Deus non daretur », comme si Dieu n’existait pas.
Cette formule signifie que le droit naturel et en général les systèmes d’organisation du monde gardent leur valeur même dans l’hypothèse – tout à fait impie pour Grotius – où Dieu n’existerait pas. La conséquence pratique est la réduction tendancielle de la relation avec Dieu au seul contexte personnel et privé, aujourd’hui théorisée à travers une interprétation restrictive du concept de « laïcité ».
Pour être concret, il faut ajouter la grande et presque étouffante influence négative qu’exercent le vacarme quotidien, l’idolâtrie de l’argent et du succès, l’ostentation de la sexualité qui devient sa propre fin. Ainsi la prière risque d’être étouffée non seulement au niveau public mais aussi au fond de notre cœur.
Dans la dynamique de l’histoire, ces divers facteurs agissent nécessairement les uns sur les autres et parfois se réunissent pour essayer d’éliminer la religion et la prière de l’horizon de l’humanité. Des deux grandes tentatives de ce genre, l’une appartient à un passé récent mais encore très actif dans certaines parties du monde, l’autre aux années que nous vivons.
Le premier est l’athéisme d’état développé systématiquement par les régimes communistes. On fait remarquer à juste titre que cette tentative a échoué, puisque la foi et la prière ont survécu à son attaque et font même, à certains égards, preuve d’une vitalité nouvelle dans les pays qui ont subi cette expérience. Mais ce n’est qu’une partie de la question: les dégâts et les destructions provoqués ont en effet laissé des conséquences profondes quant à la consistance humaine et morale de tant de personnes et de sociétés entières et aussi, plus précisément, quant à leur enracinement dans le christianisme.
Aujourd’hui, en tout cas, nous devons être surtout attentifs à un phénomène beaucoup plus complexe, subtil et impalpable que l’athéisme d’état.
C’est la tentative de présenter la religion et la prière d’une part comme dépourvues de fondement objectif – parce que Dieu n’existe pas, ou que nous ne pouvons pas le connaître, ou qu’il n’a pas un caractère personnel qui nous permettrait de l’interpeller – et d’autre part, comme s’expliquant très bien en tant que fonction psychologique humaine, localisée dans des zones déterminées de notre cerveau, cherchant à répondre à nos besoins de protection et de sécurité et pouvant peut-être avoir joué, dans le passé, un rôle positif pour la survie et l’évolution de notre espèce.
Je note au passage que cette façon de voir néglige une caractéristique fondamentale de l’expérience religieuse et morale: quand celle-ci est authentique, elle se rapporte à l’Absolu et on ne peut donc pas l’expliquer totalement en fonction de buts relatifs et contingents sans la méconnaître et la nier dans sa véritable essence. Effectivement la prière et l’expérience religieuse se fixent d’autres buts, consciemment ou inconsciemment, et elles peuvent contribuer à les atteindre, mais seulement selon la logique du « cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît » (Mt 6, 33).
Concrètement, l’influence de la religion et en particulier de la foi en un Dieu unique est souvent considérée aujourd’hui comme néfaste.
Son rôle public tendrait en effet à restreindre la liberté des comportements et aussi à opposer les uns aux autres les hommes et les peuples en fonction des différentes croyances qu’ils professent, jusqu’à devenir source de violence.
Sur le plan personnel aussi, la religion serait une cause de malheur, provoquant des sentiments de culpabilité et réprimant la joie de vivre.
LA PRIÈRE COMME AFFAIRE SÉRIEUSE DE LA FOI
Je ne parlerai pas ici des nombreux problèmes qui entravent la pratique de la prière à notre époque. Il faut reconnaître qu’ils n’ont pas passé sans laisser de traces et que beaucoup de gens, y compris d’une certaine manière des croyants, ont perdu le sens et le goût de la prière, en plus de sa pratique: même si ensuite, parfois, ils demandent spontanément à d’autres personnes de prier pour eux, montrant ainsi qu’il leur reste au moins un peu de considération et peut-être de nostalgie pour la prière.
Mais il y a de nombreux témoignages d’un phénomène inverse: de plus en plus de gens, notamment chez les jeunes, ont soif de prière et prennent des décisions courageuses pour la satisfaire. Phénomène confirmé par l’augmentation, y compris en Italie et en Europe, des vocations contemplatives, très significative en un temps où, au contraire, les vocations sacerdotales et religieuses de vie active sont, hélas, en baisse dans ces pays.
En tout cas, au-delà des chiffres des statistiques et de toutes les difficultés et conditionnements qui peuvent provenir du contexte socioculturel, la prière, comme la foi, est un choix personnel dans lequel le dernier mot revient à notre liberté. Ou plutôt, dans une vision chrétienne, deux libertés entrent en jeu dans la prière et dans la foi: celle de Dieu d’abord et celle de l’homme en second lieu.
Donc, même s’il est utile et nécessaire de dissiper autant que possible les nuages qui actuellement rendent l’horizon de la prière peu visible dans notre culture, le plus important, pour chacun de nous, est la réalité et la qualité de notre prière personnelle. Sur ce plan personnel et presque confidentiel, je voudrais vous dire que, dans mon expérience, la pratique même de la prière en augmente le besoin et rend la foi plus forte, plus sûre et plus joyeuse.
Dans son « Introduction à la foi », un petit livre paru il y a presque 40 ans, le théologien Walter Kasper, aujourd’hui cardinal, a écrit sur la prière des pages qui restent d’une grande actualité. Leur titre est « La prière comme affaire sérieuse de la foi ». En effet l’essence de l’acte de foi s’exprime sous sa forme la plus concrète dans la prière et tous les motifs actuels de crise de la foi y convergent aussi, comme en un point crucial.
Dans la prière, avant tout, nous disons « Tu » à Dieu: mais cela a-t-il encore un sens, aujourd’hui, de percevoir Dieu comme une personne? C’est la raison de fond pour laquelle, il y a 40 ou 50 ans, des théologiens protestants et même l’évêque anglican John A. T. Robinson dans son livre « Honest to God » pensèrent que la prière au sens propre devait désormais être remplacée par le dévouement au prochain.
En réalité, si quelque chose est évident dans toute la Bible, depuis la Genèse jusqu’à l’Apocalypse, c’est que Dieu est extrêmement intelligent et libre et que c’est lui qui prend l’initiative de s’adresser personnellement à nous. Il n’est donc pas impersonnel mais éminemment personnel, d’une manière qui, certainement, dépasse infiniment la manière humaine d’être une personne, de même que toute autre catégorie ne peut être appliquée à Dieu qu’en dépassant infiniment les dimensions de nos concepts.
Le Dieu de Jésus-Christ est amour interpersonnel, communion de personnes, et ainsi il est vraiment unité parfaite. Mais aussi, sur le plan rationnel, nier que Dieu soit une personne signifie le réduire à un fond obscur et nécessaire de l’être, et donc, paradoxalement, cela signifie nier sa transcendance, que l’on voulait justement sauvegarder. De plus, s’il n’y a pas, à la racine de l’être, une intelligence et une liberté, l’univers entier ne peut qu’être une nécessité aveugle et donc il ne peut même pas y avoir de place pour notre intelligence, notre liberté et notre personnalité.
On peut ajouter, encore avec Walter Kasper, que la personnalité de Dieu et le fait qu’il soit distinct du monde, éléments constitutifs de la foi, ont leur contrepartie pratique dans la distinction entre la prière et le reste de la vie. Cela ne signifie pas du tout que la prière soit indifférente à nos situations, besoins et attentes, ni que toute notre vie ne doive pas être orientée vers Dieu et constituer ainsi une forme de prière, mais que la prière elle-même, pour s’enraciner en nous, a besoin d’autonomie par rapport aux autres moments de la vie et à toutes nos actions.
C’est précisément dans l’autonomie de son rapport direct à Dieu que la prière nous rend libres et capables d’accueillir avec un regard purifié toutes les réalités de la vie, pour les affronter non pas dans une optique égoïste mais à la lumière de l’amour miséricordieux de Dieu le Père. La prière est donc la réfutation vécue d’une pensée purement immanente, qui n’arrive plus à trouver le chemin vers le Créateur, et aussi d’une idolâtrie de l’action et de ses résultats qui ne laisse pas de place à l’expérience de la gratuité et à la découverte du plus beau côté de la vie.
Si nous passons de Dieu à l’autre pôle de la prière, c’est-à-dire à nous-mêmes, notre époque nous apparaît caractérisée par une véritable explosion de la subjectivité: chacun de nous veut être avant tout lui-même et choisir tout seul les chemins de sa vie, même si souvent il finit prisonnier d’un conformisme bien orchestré. La prière chrétienne demande l’ouverture de notre subjectivité, surtout vers Dieu, la rencontre avec lui élargissant nos horizons à l’infini, les sauvant du risque d’une fausse absolutisation de nous-mêmes.
Le fait que Dieu se soit révélé à nous et qu’en Jésus-Christ il nous ait montré son visage – comme Jésus l’a dit à l’apôtre Philippe « Qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14, 9) – donne aussi à notre subjectivité un point de référence décisif, qui ne peut pas ne pas représenter une orientation précise pour ceux qui croient vraiment que Dieu se révèle.
Spécialement dans la liturgie, nous apprenons à unir le caractère objectif du credo et du culte de l’Eglise à notre subjectivité et à notre intériorité. En réalité c’est justement là un point crucial dans la situation actuelle de la foi: en effet, dans le domaine religieux, l’explosion de la subjectivité devient très souvent un éclectisme, qui puise indifféremment à telle ou telle tradition religieuse et spirituelle ce qui lui paraît convenir le mieux aux besoins et aux goûts de chaque individu. Mais, de cette façon, nous négligeons une donnée fondamentale, à savoir que Dieu lui-même, en Israël puis pleinement dans le Christ, s’est révélé à nous personnellement et que donc, peut-être sans nous en rendre compte, nous nous éloignons de notre foi. Prier à la manière chrétienne est donc essentiel pour être et rester chrétiens.
VERS UNE NOUVELLE SPIRITUALITÉ CHRÉTIENNE
Mais il reste devant nous, ou plutôt en nous, cette difficulté fondamentale qui ne naît pas de théories ou de contestations, mais du changement de notre situation dans le monde qui fait que, dans les circonstances normales de la vie, nous faisons plutôt l’expérience des produits de notre action que celle de l’œuvre du Dieu créateur.
L’indication fondamentale pour trouver dans cette nouvelle situation le sens et les chemins de la prière, saint Thomas d’Aquin nous l’a déjà offerte. Avec la redécouverte d’Aristote en Occident, il s’était trouvé confronté à l’apport innovant et, on peut le dire, « moderne » de la pensée aristotélicienne, qui proposait une interprétation, « scientifique » à sa manière, du monde, cherchant à expliquer les phénomènes par des causes internes au monde et non en se référant à des influences supérieures et divines comme le faisait au contraire l’interprétation « religieuse » du monde qui avait dominé le Moyen Age jusqu’alors.
Saint Thomas accueille pleinement cette nouvelle approche mais n’y voit pas du tout une alternative à la précédente: il propose en fait une « voie moyenne » (« Q. D. de Veritate », q. 6, a. 2) qui distingue une place spécifique et complémentaire pour chacune des deux interprétations: c’est-à-dire que les phénomènes du monde ont leurs causes immanentes, à rechercher par la méthode rationnelle, mais qu’ils ont aussi, tous ensemble, leur racine dans l’action créatrice de Dieu, qui concerne non seulement l’origine mais toute la vie et le devenir de l’univers et de l’homme dans l’univers.
Aujourd’hui le tableau est sûrement plus complexe et la mise en pratique de la « voie moyenne » est demandée non seulement aux philosophes, mais à l’homme ordinaire, puisque nous avons affaire à une « science » toute autre que celle d’Aristote: une science capable de transformer le monde et, dans une certaine mesure, de nous transformer aussi.
Mais l’indication de fond fournie par saint Thomas reste valable et elle a été reprise par le Concile Vatican II, en particulier dans « Gaudium et spes », 36. Il s’agit donc de la développer et de l’affiner conceptuellement, par rapport aux réalités et aux sciences actuelles, et surtout de l’intérioriser et de la concrétiser pour en faire une ligne directrice de notre relation personnelle avec Dieu, qui pourra ainsi s’insérer harmonieusement dans notre expérience de vie actuelle. C’est là une tâche très absorbante pour la communauté ecclésiale qui, comme l’a écrit Jean-Paul II dans « Novo millennio ineunte », 33, est appelée à être une « école de prière ».
Mais Vatican II (« Gaudium et spes » 37) nous a offert une autre indication qui me paraît particulièrement précieuse pour vivre notre situation actuelle dans le monde avec une authentique joie chrétienne.
D’une part il faut être bien conscients que toutes les activités humaines sont mises en danger chaque jour par l’orgueil et par l’amour désordonné de nous-mêmes et qu’elles ont donc besoin d’être purifiées à travers la croix et la résurrection du Christ.
Mais d’autre part l’homme racheté par le Christ et devenu, par l’opération du Saint-Esprit, une « créature nouvelle » (Gal 6, 15) peut et doit aimer les choses que Dieu a créées, en les regardant et en les honorant comme si elles sortaient maintenant de ses mains. Il en remercie leur Auteur et « utilisant et jouissant » des créatures dans la pauvreté et en liberté d’esprit, il est introduit dans la vraie possession du monde, comme s’il n’avait rien et possédait tout (2 Cor 6, 10): « Tout est à vous, mais vous êtes au Christ et le Christ est à Dieu » (1 Cor 3,22-2).
Le Concile, pour décrire l’approche chrétienne des choses du monde, associe au verbe « utiliser », qui caractérisait une spiritualité orientée vers la fuite et le mépris du monde, le mot « jouir », qui ouvre vers une nouvelle spiritualité chrétienne, que l’on pourrait qualifier de spécifiquement moderne.
Dans cette approche l’engagement dans le monde et la sympathie pour le monde trouvent une pleine légitimité, comme façon d’accueillir l’amour que Dieu a pour nous et de pratiquer l’amour envers Dieu et envers le prochain: sans justifier par là aucun envahissement de l’esprit du monde dans l’Eglise ou dans l’âme du chrétien, mais en restant toujours ancrés à la croix et à la résurrection du Christ, donc au renoncement à nous-mêmes pour pouvoir faire place à l’amour de Dieu et du prochain.
Chers amis, demandons au Seigneur de pouvoir avancer avec confiance sur ce chemin.
zzzzzzzz….gnao….z..z..z….bonne nuit
1 juin, 2009Sainte Catherine de Sienne: Le maître de la vigne
1 juin, 2009du site:
http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20090601
Le lundi de la 9e semaine du Temps Ordinaire : Mc 12,1-12
Commentaire du jour
Sainte Catherine de Sienne (1347-1380), tertiaire dominicaine, docteur de l’Église, co-patronne de l’Europe
Le Dialogue, 23 (trad. cf Hurtaud, et Guigues, Seuil 1953)
Le maître de la vigne
[Sainte Catherine a entendu Dieu lui dire] : « Toute créature douée de raison possède en elle-même une vigne, qui est la vigne de son âme. C’est la volonté, par le libre arbitre, qui est l’ouvrier de cette vigne durant le temps de la vie ; passé ce temps, elle n’y peut plus faire aucun travail ni bon ni mauvais, mais pendant la vie, elle peut cultiver sa vigne dans laquelle je l’ai envoyée. Cet ouvrier de l’âme a reçu de moi une telle force qu’il n’est ni démon ni autre créature qui puisse la lui enlever, s’il s’y oppose. C’est dans le baptême qu’il a reçu cette force et en même temps le glaive de l’amour de la vertu et de la haine du péché. C’est pour cet amour et cette haine, pour l’amour de vous et en haine du péché, qu’est mort mon Fils unique, en répandant pour vous tout son sang. Et c’est cet amour de la vertu et cette haine du péché que vous trouvez dans le saint baptême qui vous rend la vie par la force de son sang…
« Arrachez donc les ronces des péchés mortels et plantez des vertus…, ayez la contrition, le dégoût du péché et l’amour de la vertu ; alors vous recevrez les fruits du sang de mon Fils. Vous ne pourrez pas les recevoir si vous ne vous disposez pas à devenir de bons sarments unis au cep de la vigne, mon Fils, qui a dit : « Moi, je suis la vraie vigne, mon Père est le vigneron, et vous, les sarments » (Jn 15,1.5).
« Telle est la vérité. C’est bien moi qui suis le vigneron, puisque toute chose qui possède l’être est venue et vient de moi. Ma puissance est insondable et par ma puissance et ma force je gouverne tout l’univers, si bien que rien n’est fait ni ordonné en dehors de moi. Oui, je suis le vigneron ; c’est moi qui ai planté la vraie vigne, mon Fils unique, dans la terre de votre humanité pour que vous, les sarments unis à cette vigne, vous portiez des fruits. »
Gonfle les voiles de ma foi (prière)
1 juin, 2009du site:
http://www.pastoralesante.org/article.php3?id_article=12
Gonfle les voiles de ma foi
Donne-moi, Seigneur Dieu,
le vrai sens des mots,
la lumière de l’intelligence
et la foi en la vérité,
afin que ce que je crois
je sache le dire aux hommes.
O, Seigneur,
c’est par la beauté
que tu révèles ta grandeur.
Comme il est beau ton ciel
tout clairsemé d’étoiles,
et splendides ces astres
dont l’éternelle mouvance
figure ton éternité.
Qu’elle est belle ta terre
aux changeantes parures…
O Seigneur,
c’est à travers l’homme
que tu révèles ton amour.
Seigneur, gonfle les voiles de ma foi
pour que je puisse prêcher partout le nom de Dieu.
Seigneur, délie ma langue
pour que je fasse honneur à ton saint nom.
Seigneur, éclaire mon esprit
pour que je révèle à tous ceux qui l’ignorent
ce que tu es, toi le Père du Fils unique de Dieu…
Saint Hilaire
(IVème siècle)