L’Ascension, une fête triste?

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L’Ascension, une fête triste?
Posted on 28 avril, 2008 by moineruminant


Comme j’ai trouvé touchante hier à l’église cette remarque d’une paroissienne me disant que depuis qu’elle était petite elle avait toujours trouvé que la fête de l’Ascension était une fête triste! « Mais pourquoi? », lui ai-je demandé? « Parce que Jésus est parti », m’a-t-elle répondu. Jésus est parti! D’ailleurs, les disciples semblaient eux-mêmes désemparés, suite au départ de Jésus, quand l’ange leur a demandé : « Mais pourquoi restez-vous là à regarder le ciel? » Je pense que le sens de cette fête nous échappe en effet. L’Ascension est le parent pauvre du cycle pascal, alors qu’elle est sans doute la fête qui exprime le mieux le sens de notre destinée humaine, la portée incroyable de la victoire du Christ pour nous. Le pape Benoît XVI exprime magnifiquement le sens de cette fête. Il affirme dans une homélie à l’occasion de l’Ascension :

« La signification du dernier geste du Christ est double. En s’élevant d’abord il révèle l’évidence de sa divinité en retournant d’où il était venu, vers Dieu, ayant accompli sa mission terrestre. Ensuite, il remonte au Ciel avec l’humanité qu’il a acquise et avec laquelle il est ressuscité des morts, notre humanité, transfigurée, divinisée, devenue éternelle. L’Ascension révèle aussi la vocation suprême de tout être humain, appelé à la vie éternelle du Royaume ».

Je retiens de son commentaire surtout l’expression « notre humanité, transfigurée ». L’Ascension nous renvoie au mystère qu’affirme notre Credo : « Je crois à la résurrection de la chair. » C’est avec cette humanité qu’il a reçue de la Vierge Marie que Jésus est retourné vers le Père. Et ce sont là les prémisses de la destinée de tous les humains. Le Christ nous a acquis cette victoire. C’est tout l’Homme qui est sauvé, corps et âme.

En dépit de notre infinie pauvreté en comparaison de la gloire infinie de Dieu, ce dernier ne s’éloigne pas de nous. Charles Journet a cette réflexion extraordinairement profonde sur cette question de notre destinée :

« De l’éternité tout entière, il ne s’éloignera pas. Il a créé l’univers non pas pour l’anéantir, mais pour qu’il soit… Dieu a créé l’univers une fois pour toutes et pour toujours. Il a créé la matière pour toujours. Cela, nous seuls chrétiens, nous osons l’affirmer; nous savons, de foi divine, que les corps ressusciteront, qu’éternellement les hommes seront des hommes et non pas des anges; nous savons, de foi divine, qu’éternellement Jésus sera le Verbe fait chair. Si la matière n’avait pas été voulue par Dieu, si cette terre, parmi les milliards d’étoiles, n’avait pas été fondée, si l’homme n’avait pas été créé – il faudrait même dire : si l’homme n’avait pas péché, s’il n’avait pas appelé, par la profondeur de sa catastrophe, une si prodigieuse rédemption – il n’y aurait jamais eu l’Incarnation, l’Esprit de Dieu jamais n’aurait couvert la Vierge de son ombre (Lc 1, 32), jamais le Verbe ne se serait fait chair, jamais nous n’aurions su quel poids de spiritualité, quel poids de transparence, quel poids de transfiguration et de gloire, une nature humaine corporelle était capable de soutenir, sans céder, sans s’évanouir, sans se volatiliser. »

(Ch. Journet. Entretiens sur Dieu le Père. Parole et Silence. 1998.)

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