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Le rejet de la barbarie nazie, viscéral chez les Ratzinger
Le P. Lombardi dément toute participation aux Jeunesses hitlériennes
ROME, Mardi 12 mai 2009 (ZENIT.org) – Le rejet de la barbarie nazie, le pape bavarois l’a vécu d’abord en famille : des idées fausses mais non moins « coriaces », selon l’expression de M. Remaud dans « Un écho d’Israël » continuent cependant de circuler.
C’est ce qui a conduit le directeur de la salle de presse du Saint-Siège, le P. Federico Lombardi, à protester : « Le pape n’a jamais fait partie des Jeunesses hitlériennes, jamais, jamais, jamais ». Il a conseillé de consulter la biographie du pape que le Vatican propose d’ailleurs sur son site : «Tout est dans sa biographie».
« Je souhaite clarifier les mensonges écrits par la presse israélienne et internationale, a déclaré le P. Lombardi à propos de Benoît XVI. Il n’a jamais été dans ce mouvement. Il n’a jamais été dans ce mouvement de jeunesse idéologiquement lié au nazisme ».
Il résume ainsi la biographie du jeune Ratzinger à propos de son enrôlement de force dans l’armée : « Jeune séminariste », il a été « enrôlé contre sa volonté dans une unité de défense anti-aérienne chargée de la protection des villes ».
Enfin, le P. Lombardi rappelle que « pendant une brève période, il a été détenu par les Américains, à la fin de la guerre, et après cette détention brève, il est retourné au séminaire ».
C’est donc l’occasion de faire le point sur l’enseignement de Joseph Ratzinger père, à ses enfants et sur la non-participation du jeune Joseph aux Jeunesses hitlériennes.
La biographie officielle du Vatican mentionne le livre d’entretiens du cardinal Joseph Ratzinger avec Peter Seewald. Le cardinal Ratzinger confiait lui-même en 1996, dans ce livre intitulé « Salz der Erde », « Le Sel de la terre » (publié en français chez Flammarion en avril 2005), à propos de cette période : « A partir de 1943, les séminaristes de Traunstein furent tous envoyés en groupe à Munich pour servir dans la défense anti-aérienne. J’avais 16 ans et nous avons effectué notre service une bonne année durant, d’août 1943 à septembre 1944. A Munich, nous étions rattachés au lycée Max, en outre, nous suivions aussi des cours » (pp. 56-57).
Puis il est libéré de ce service d’auxiliaire de la DCA le 10 septembre 1944 parce qu’il est désormais en âge de servir dans l’armée. Mais ce sera le Travail obligatoire. Et lorsqu’il sera intégré dans l’infanterie, il sera renvoyé à Traunstein dans des circonstances qu’il a racontées lui-même : « Je suis tombé, au bureau de l’affectation, sur un officier très sympathique, manifestement antinazi, qui essayait d’aider tout le monde comme il le pouvait. Il m’a envoyé chez moi à Traunstein, si bien que mon service dans l’infanterie fut relativement anodin » (« Ma Vie. Souvenirs 1927-1977 », Fayard, 1998, p. 41).
Le 30 avril, avec la nouvelle du suicide de Hitler, il décide de rentrer, mais il risque d’être abattu pour désertion. Lorsqu’il rencontre deux sentinelles aux abords d’une gare. Dans ses mémoires, il avoue s’être trouvé dans une « situation extrêmement critique », mais il est blessé, et ils le laissent filer (« Ma Vie », p. 42).
Le cardinal Ratzinger ajoute : « C’est là que j’ai été fait prisonnier, et j’ai ensuite été interné dans un camp américain où il y avait de quarante mille à cinquante mille prisonniers de guerre. Le 19 juin 1945, j’ai été libéré ». Il confie encore les conditions de détention pour conclure : « J’étais tout simplement heureux que la guerre fût finie » (« Le Sel de la terre », pp. 58-59).
Or, un biographe du pape soutient par exemple que le jeune Joseph est inscrit contre son gré dans les Jeunesses hitlériennes, à 14 ans (Bernard Lecomte « Benoît XVI. Le dernier pape européen », chez Perrin, p. 25), soit après le 16 avril 1941…
Ce qui est incohérent avec la chronologie de l’autobiographie de Ratzinger. Certes, un décret de mars 1939 obligeait l’inscription de tous les jeunes Allemands de plus de 12 ans à la « Hitler Jugend », fondée en 1930.
Reprenons le détail. Le cardinal Ratzinger indique qu’à Pâques 1939 il entra au séminaire (« Ma Vie », p. 30) . Après la déclaration de guerre, en septembre 1939, le petit séminaire devient un hôpital militaire (p. 31) et le petit séminaire se transporte aux Thermes de la ville puis chez les sœurs de Mary Ward à Sparz.
Il se trouve donc au séminaire lorsque, « un dimanche ensoleillé de 1941 », il apprend l’ouverture du front russe : on sait que l’Opération Barberousse a été déclenchée le 22 juin 1941. La maison de Sparz est réquisitionnée : le jeune Joseph revient dans sa famille à Traunstein (p. 34). Ainsi, au moment indiqué par le biographe, le futur pape a au contraire réussi à échapper à la « Hitler Jugend ».
En somme, le pape Ratzinger n’a jamais été du côté des bourreaux et de leurs complices. Chez les Ratzinger, on avait trop l’Evangile chevillé à l’âme : on avait fait des anti-corps au poison de l’idéologie nazie.
Le site du Vatican indique ce climat familial opposé au nazisme : « La période de sa jeunesse ne fut pas facile. La foi et l’éducation reçue dans sa famille l’avaient préparé à affronter la dure expérience des temps où le régime nazi entretenait un climat de forte hostilité contre l’Église catholique. Le jeune Joseph vit ainsi les nazis frapper de coups le curé de sa paroisse peu avant la célébration de la Messe ».
Ses maîtres aussi « résistaient » comme ils pouvaient : il a confié le souvenir de ce professeur de musique, catholique, qui remplaçait par une prière les paroles anti-juives d’un chant imposé à la jeunesse par le régime, comme il le raconte dans « Ma vie » (p. 28).
Son père, avec ce que cela signifiait comme risque pour lui, sa femme et leurs trois enfants, lisait le quotidien anti-nazi de Bavière, fondé avant même la prise de pouvoir de Hitler. « Der gerade Weg » , « Le juste chemin », fut bientôt interdit par le régime. Il a été publié entre 60.000 et 90.000 exemplaires entre janvier 1932 et mars 1933. Son rédacteur en chef et fondateur, Fritz Gerlich, sera interné à Dachau où il mourra.
Joseph Ratzinger père, gendarme, avait également pris un « assez long congé de maladie », notamment en raison du « contexte politique » sorte de retraite anticipée justement par opposition au régime (« Ma vie », p. 25).
Et lorsque Hitler enchaînait les victoires en 1940, il y discernait « une victoire de l’Antéchrist, annonciatrice de temps apocalyptiques » (« Ma vie », p. 32).
Anita S. Bourdin