Archive pour le 23 avril, 2009

moine Ambrogio Autperto…

23 avril, 2009

moine Ambrogio Autperto... dans images sacrée carloambrogio

Miniature traite du Chronicon Vulturnense : Carlo Magno donne a l’abbé Ambrogio Autperto le diplôme de confirmation des biens (ceci c’est l’unique image que j’ai trouvé)

  http://www.comune.rocchettaavolturno.is.it/decaprio100/carlo_magno.htm

Par le cardinal Poupard: Jean-Paul II a remis la miséricorde de Dieu « au centre »

23 avril, 2009

du site:

http://www.cardinalrating.com/cardinal_80__article_6853.htm

Jean-Paul II a remis la miséricorde de Dieu « au centre »

Apr 02, 2008

Par le cardinal Poupard.

ROME, Mardi 1er avril 2008 (ZENIT.org) – Jean-Paul II a remis la miséricorde de Dieu « au centre » de la théologie comme de la pastorale, souligne le cardinal Poupard.

Le cardinal Paul Poupard, président émérite du Conseil pontifical de la culture évoque aujourd’hui à Radio Vatican la béatitude des miséricordieux, à l’occasion de l’ouverture, demain matin du premier congrès mondial sur la miséricorde, héritage spirituel de Jean-Paul II. Ce sera, le 2 avril, le 3e anniversaire de la mort du pape Wojtyla.

Le cardinal Poupard rappelle en effet que Dives in misericordia, le Dieu « riche en miséricorde » a été le thème de la première encyclique de Jean-Paul II.

La miséricorde remise « au centre »

Pour le cardinal Poupard, « la miséricorde est le deuxième nom de l’amour : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » – « bienheureux les miséricordieux parce qu’ils obtiendront miséricorde ».

Il souligne l’évolution apportée par Jean-Paul II : « Je me souviens qu’au premier congrès auquel j’ai participé à Collevalenza pour le premier anniversaire de cette encyclique, j’avais ouvert les encyclopédies théologiques, les dictionnaires, les manuels de théologie, cherchant en vain le mot ‘miséricorde’. Et Jean-Paul II l’a remise au centre ».

« Le deuxième nom de Dieu »

C’est, souligne le cardinal Poupard, une urgence pour le monde d’aujourd’hui : « Et ainsi, il nous a rappelé que notre monde, dans lequel il faudrait avoir le cœur liquéfié, alors qu’il est trop souvent pétrifié, nous avons besoin de revenir à la méditation, comme lui, qui a cité mille fois Gaudium et Spes en disant: « Seule la vérité sur Dieu permet de découvrir la vérité sur l’homme » et « Miséricorde » est « le deuxième nom de Dieu ». »

La miséricorde nous réchauffe le cœur

C’est un remède à l’inquiétude du monde, ajoute le cardinal Poupard : « Nous vivons dans un monde dans lequel tant de personnes sont en proie à l’inquiétude, au ressentiment, à la violence, et à l’injustice. Il est donc de toute première importance de présenter le mystère de Dieu dans son cœur, et justement, le Cœur transpercé sur la croix. Tel est le grand message qui est à la fois théologique et pastoral, et je crois que des années après, nous en avons encore plus besoin : lorsque nous écoutons la radio, que nous regardons la télévision, que nous parcourons les journaux, nous voyons tant et tant de choses dramatiques à travers le monde, qu’il me vient à l’esprit ce que disait mon compatriote Bernanos : ‘Le monde moderne a froid et claque des dents’. La Miséricorde nous réchauffe le cœur ».

par Père Raniero Cantalamessa: Jusqu’a la mort, et a la mort de la croix

23 avril, 2009

du site:

http://www.cantalamessa.org/fr/predicheView.php?id=305

par Père Raniero Cantalamessa:

Jusqu’a la mort, et a la mort de la croix
 
 
2009-04-10- Prédication du Vendredi Saint 2009 en la Basilique Saint-Pierre

« Christus factus est pro nobis oboediens usque ad amortem, mortem autem crucis » : « Le Christ s’est fait obéissant pour nous jusqu’à la mort. Et à la mort de la croix ». En ce bimillénaire de la naissance de l’apôtre Paul, écoutons encore quelques unes de ses paroles enflammées sur le mystère de la mort du Christ que nous célébrons. Personne ne saurait mieux que lui nous aider à en comprendre le sens et la portée.

Aux Corinthiens, il écrit en guise de manifeste : « Alors que les Juifs demandent des signes et que les Grecs sont en quête de sagesse, nous proclamons, nous, un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais pour ceux qui sont appelés, Juifs et Grecs, c’est le Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu » (1 Co 1, 22-24). La mort du Christ a une portée universelle : « Si un seul est mort pour tous, alors tous sont morts » (2 Co 5, 14). Sa mort a conféré un sens nouveau à la mort de chaque homme et de chaque femme.

Aux yeux de Paul, la croix revêt une dimension cosmique. Sur la croix, le Christ a détruit la barrière de séparation, a réconcilié les hommes avec Dieu et entre eux, en tuant la haine (Ep 2,14-16). Dorénavant, la tradition primitive développera le thème de la croix arbre cosmique qui, avec le bras vertical, unit le Ciel et la terre et, avec le bras horizontal, réconcilie entre eux l’ensemble des peuples du monde. Evénement à la fois cosmique et extrêmement personnel : « Il m’a aimé et s’est livré pour moi » (Ga 2, 20). Tout homme, écrit l’Apôtre, est « celui-là pour qui le Christ est mort » (Rm 14, 15).

De là naît le sentiment de la croix, non plus comme châtiment, reproche ou sujet d’affliction, mais gloire et fierté du chrétien, c’est-à-dire comme une joyeuse certitude, accompagnée d’une gratitude émue, à laquelle l’homme s’élève dans la foi : « Pour moi, que jamais je ne me glorifie sinon dans la croix de notre Seigneur Jésus Christ » (Ga 6, 14).

Paul a planté la croix au centre de l’Eglise, tel le grand mât au centre du navire ; il en a fait le fondement, le centre de gravité de tout. Il a fixé pour toujours le cadre de l’annonce chrétienne. Les évangiles, écrits après lui, en suivront le schéma, faisant du récit de la Passion et de la mort du Christ l’élément central vers lequel tout est orienté.

On reste abasourdi devant l’entreprise menée à bien par l’Apôtre. Il est relativement facile pour nous, aujourd’hui, de voir les choses dans cette lumière, après que la croix du Christ, comme disait saint Augustin, ait rempli l’univers et brille à présent sur la couronne des rois[1]. Mais au moment où Paul écrivait, la Croix était encore synonyme de la plus grande ignominie, quelque chose que l’on ne devait même pas mentionner entre gens bien élevés.

Le but de l’année paulinienne n’est pas tant de mieux connaître la pensée de l’Apôtre (ceci, les spécialistes le font depuis toujours, sans compter que la recherche scientifique requiert des périodes plus longues qu’un an) ; c’est plutôt, comme le Saint-Père l’a rappelé à plusieurs reprises, d’apprendre de Paul comment faire face aux défis actuels de la foi.

Un de ces défis ouverts, le plus ouvert peut-être jamais encore lancé, s’est traduit dans un slogan publicitaire écrit sur les bus de Londres et d’autres capitales européennes : « Dieu n’existe probablement pas. Cessez donc de vous inquiéter et profitez de la vie » : There’s probably no God. Now stop worrying and enjoy your life. »

L’élément le plus accrocheur de cette publicité n’est pas tant la prémisse « Dieu n’existe pas », que la conclusion : « Profitez de la vie ! » Le message sous-jacent est que la foi en Dieu empêche de profiter de la vie, qu’elle est ennemie de la joie. Sans la foi, il y aurait davantage de bonheur dans le monde ! Paul nous aide à apporter une réponse à ce défi, en nous expliquant l’origine et le sens de toute souffrance, à partir de celle du Christ.

Pourquoi « fallait-il que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire » ? (Lc 24, 26). Une question, à laquelle on apporte parfois une réponse « faible » et, en un certain sens, rassurante. Le Christ, en révélant la vérité de Dieu, suscite nécessairement l’opposition des forces du mal et des ténèbres et celles-ci, comme cela s’était produit avec les prophètes, conduiront à son refus et à son élimination. « Il fallait que le Christ endurât ces souffrances » aurait donc été compris dans le sens qu’« il était inévitable que le Christ endurât ces souffrances ».

Paul donne une réponse « forte » à cette question. La nécessité n’est pas d’ordre naturel, mais surnaturel. Dans les pays qui ont conservé une foi chrétienne ancienne, on associe presque toujours l’idée de souffrance et de croix à celle de sacrifice et d’expiation : la souffrance, pense-t-on, est nécessaire pour expier le péché et apaiser la justice de Dieu. C’est ce qui a provoqué, à l’époque moderne, le rejet de toute idée de sacrifice offert à Dieu et, pour finir, l’idée même de Dieu.

Il est indéniable que nous, les chrétiens, avons parfois prêté le flanc à cette accusation. Mais il s’agit d’un malentendu qu’une meilleure connaissance de la pensée de Paul a désormais définitivement clarifié. Dieu, écrit-il, a exposé le Christ « comme instrument de propitiation » (Rm 3, 25), mais cette propitiation n’agit pas sur Dieu pour l’apaiser, mais sur le péché pour l’éliminer. « On peut dire que Dieu lui-même, pas l’homme, expie le péché… L’image est davantage celle d’une tache corrosive que l’on enlève, ou la neutralisation d’un virus mortel, que celle d’une colère apaisée par la punition »[2].

Le Christ a donné un contenu radicalement nouveau à l’idée de sacrifice. « Ce n’est plus l’homme qui exerce une influence sur Dieu pour l’apaiser. C’est plutôt Dieu qui agit pour que l’homme renonce à son inimitié contre lui et envers le prochain. Le salut ne commence pas avec la demande de réconciliation de la part de l’homme, mais avec l’exhortation de Dieu lui-même : ‘Laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Co 5, 20) »[3].

Le fait est que Paul prend le péché au sérieux, il ne le banalise pas. Le péché est, pour lui, la cause principale du malheur des hommes, c’est-à-dire le refus de Dieu, pas Dieu ! Le péché enferme la créature humaine dans le « mensonge » et dans l’« injustice » (Rm 1, 18 ss. ; 3, 23), condamne le cosmos matériel lui-même à la « vanité » et à la « corruption » (Rm 8, 19 ss.) ; il est aussi la cause ultime des maux sociaux qui affligent l’humanité.

On n’en finit pas d’analyser l’actuelle crise économique dans le monde ainsi que ses causes, mais qui ose mettre la hache à la racine et parler de péché ? L’Apôtre définit la cupidité une « idolâtrie » (Col 3, 5) et montre du doigt l’amour démesuré de l’argent comme étant « la racine de tous les maux » (1 Tm 6, 10). Pouvons-nous lui donner tort ? Pourquoi tant de familles sur la paille, de masses de travailleurs sans travail, sinon à cause de la soif insatiable de profit de quelques uns ? L’élite financière et économique mondiale était devenue une locomotive folle emportée dans une course effrénée, sans se soucier du reste du train resté à l’arrêt, à distance sur la voie. Nous marchions tous « à contresens ».

Par sa mort le Christ n’a pas seulement dénoncé et vaincu le péché, il a aussi donné un sens nouveau à la souffrance, y compris à la souffrance qui ne dépend du péché de personne, comme c’est le cas de la souffrance provoquée ces jours derniers dans la région voisine des Abruzzes à cause du terrible tremblement de terre. Il en a fait un instrument de salut, un chemin vers la résurrection et la vie. Son sacrifice agit non pas à travers la mort mais à travers le dépassement de la mort, c’est-à-dire la résurrection. Il a été « livré pour nos fautes » et il est « ressuscité pour notre justification » (Rm 4, 25) : les deux événements sont inséparables dans la pensée de Paul et de l’Eglise.

Il s’agit d’une expérience humaine universelle : dans cette vie, le plaisir et la douleur se succèdent avec la même régularité que l’affaissement et le creux qui avale le naufragé, suit la vague de la mer qui se soulève. « Un je ne sais quoi d’amer – a écrit le poète païen Lucrèce – jaillit du plus profond de chaque plaisir et nous angoisse au cœur des délices »[4]. Le recours à la drogue, l’abus du sexe, la violence homicide, procurent l’ébriété du plaisir sur le moment, mais conduisent à la dissolution morale, et souvent aussi physique, de la personne.

Par sa passion et sa mort, le Christ a renversé le rapport entre plaisir et douleur. « Au lieu de la joie qui lui était proposée, [il] endura une croix » (He 12, 2). Ce n’est plus un plaisir qui se termine dans la souffrance, mais une souffrance qui conduit à la vie et à la joie. Il ne s’agit pas seulement d’une manière différente de se suivre des deux choses ; c’est la joie qui, de cette manière a le dernier mot, non la souffrance, et une joie qui durera éternellement. « Le Christ une fois ressuscité des morts ne meurt plus », « la mort n’exerce plus de pouvoir sur lui » (Rm 6, 9). Et elle n’exercera plus de pouvoir sur nous non plus.

Ce nouveau rapport entre souffrance et plaisir se reflète dans la manière dont la Bible marque le temps. Dans le calcul humain, le jour commence avec le matin et se termine avec la nuit ; pour la Bible il commence avec la nuit et se termine avec le jour : « Il y eut un soir et il y eut un matin : premier jour », dit le récit de la création (Gn 1, 5). Le fait que Jésus soit mort le soir et ressuscité le matin a une signification. Sans Dieu, la vie est un jour qui se termine par la nuit ; avec Dieu c’est une nuit qui se termine par le jour, et un jour sans coucher du soleil.

Le Christ n’est donc pas venu augmenter la souffrance humaine ou prêcher la résignation à la souffrance ; il est venu lui donner un sens et en annoncer la fin et le dépassement. Le slogan sur les bus de Londres et d’autres villes est lu également par des parents qui ont un enfant malade, par des personnes seules, ou qui ont perdu leur travail, par des exilés qui ont fui les horreurs de la guerre, par des personnes qui ont subi de graves injustices dans la vie… J’essaie d’imaginer leur réaction en lisant ces paroles : « Dieu n’existe probablement pas : profite donc de la vie ! » Et avec quoi ?

La souffrance reste certes un mystère pour tous, spécialement la souffrance des innocents, mais sans la foi en Dieu celle-ci devient immensément plus absurde. On lui enlève même son ultime espérance de rachat. L’athéisme est un luxe que seuls les privilégiés de la vie peuvent se permettre, ceux qui ont tout eu, y compris la possibilité de se consacrer aux études et à la recherche.

Ce n’est pas la seule incohérence de cette trouvaille publicitaire. « Dieu n’existe probablement pas » : il pourrait donc exister, on ne peut pas exclure totalement le fait qu’il existe. Mais cher frère non croyant, si Dieu n’existe pas, moi je n’ai rien perdu ; si en revanche il existe, tu as tout perdu ! On devrait presque remercier ceux qui ont promu cette campagne publicitaire ; elle a servi davantage la cause de Dieu que tant de nos arguments apologétiques. Elle a montré la pauvreté de ses raisons et a contribué à réveiller de nombreuses consciences endormies.

Mais Dieu a un mètre de jugement différent du nôtre et s’il voit de la bonne foi ou une ignorance non coupable, il sauve aussi celui qui l’a combattu avec acharnement au cours de sa vie. Nous les croyants devons nous préparer à des surprises dans ce domaine. « Combien de brebis il y a à l’extérieur de la bergerie, s’exclame saint Augustin, et combien de loups à l’intérieur ! » « Quam multae oves foris, quam multi lupi intus ! »[5].

Dieu est capable de faire de ceux qui le nient de la manière la plus acharnée, ses apôtres les plus passionnés. Paul en est la preuve. Qu’avait fait Saul de Tarse pour mériter cette rencontre extraordinaire avec le Christ ? Qu’avait-il cru, espéré, souffert ? A lui s’applique ce que saint Augustin disait de tout choix divin : « Cherche le mérite, cherche la justice, réfléchis et vois si tu trouves autre chose que de la grâce »[6]. C’est ainsi qu’il explique son propre appel : « je ne mérite pas d’être appelé apôtre, parce que j’ai persécuté l’Eglise de Dieu. C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis » (1 Co 15, 9-10).

La croix du Christ est motif d’espérance pour tous et l’année paulinienne une occasion de grâce aussi pour celui qui ne croit pas et est en recherche. Il y a une chose qui parle en leur faveur devant Dieu : la souffrance ! Comme le reste de l’humanité, les athées souffrent aussi dans la vie, et depuis que le Fils de Dieu l’a prise sur soi, la souffrance a un pouvoir de rédemption presque sacramentel. C’est un canal, écrivait Jean-Paul II dans la lettre apostolique « Salvifici doloris »[7], à travers lequel les énergies salvifiques de la croix du Christ sont offertes à l’humanité.

L’invitation à prier « pour ceux qui ne croient pas en Dieu » sera suivie tout à l’heure par une prière touchante, en latin, qui dit : « Dieu éternel et tout puissant, tu as mis dans le cœur des hommes une nostalgie de toi tellement profonde, qu’ils ne sont en paix que lorsqu’ils te trouvent : fais qu’au-delà de tout obstacle, tous reconnaissent les signes de ta bonté et, encouragés par le témoignage de notre vie, qu’ils aient la joie de croire en toi, unique vrai Dieu et Père de tous les hommes. Par le Christ notre Seigneur ».

Traduit de l’italien par ZENIT

[1] S. Augustin, Enarr. in Psaumes, 54, 12 (PL 36, 637).
[2] J. Dunn, La teologia dell’apostolo Paolo, Paideia, Brescia 1999, p. 227.
[3] G. Theissen – A. Merz, Il Gesù storico. Un manuale, Queriniana, Brescia 20032, p. 573.
[4] Lucrèce, De rerum natura, IV, 1129 s.
[5] S. Augustin, In Ioh. Evang. 45,12.
[6] S. Agostino, La predestinazione dei santi 15, 30 (PL 44, 981).
[7] Cf. Lettre apostolique “Salvifici doloris”, 23.

Audience générale du mercredi 22 avril (catéchèse sur Ambroise Aupert)

23 avril, 2009

du site:

http://www.zenit.org/article-20765?l=french

Audience générale du mercredi 22 avril (catéchèse sur Ambroise Aupert)

Texte intégral

ROME, Mercredi 22 avril 2009 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse prononcée ce mercredi par le pape Benoît XVI au cours de l’audience générale, place Saint-Pierre.

* * *

Chers frères et sœurs,

L’Eglise vit dans les personnes et celui qui veut connaître l’Eglise, comprendre son mystère, doit considérer les personnes qui ont vécu et vivent son message, son mystère. C’est pourquoi je parle depuis si longtemps dans les catéchèses du mercredi de personnes dont nous pouvons apprendre ce qu’est l’Eglise. Nous avons commencé avec les apôtres et les Pères de l’Eglise et nous sommes peu à peu arrivés jusqu’au VIIIe siècle, la période de Charlemagne. Aujourd’hui, je voudrais parler d’Ambroise Aupert, un auteur plutôt inconnu : ses œuvres, en effet, avaient été attribuées en grande partie à d’autres personnages plus célèbres, de saint Ambroise de Milan à saint Ildefonse, sans parler de celles que les moines du Mont-Cassin on pensé devoir attribuer à la plume d’un de leurs abbés homonyme, qui vécut presque un siècle plus tard. En dehors de quelques brefs faits autobiographiques insérés dans son grand commentaire de l’Apocalypse, nous ne possédons que peu d’informations certaines sur sa vie. La lecture attentive des œuvres dont peu à peu la critique lui reconnaît la paternité permet cependant de découvrir dans son enseignement un trésor théologique et spirituel précieux également pour notre époque.

Né en Provence, dans une bonne famille, Ambroise Aupert – selon son biographe tardif Jean – vécut à la cour du roi franc Pépin le Bref où, en plus de la fonction d’officier, il exerça également d’une certaine façon celle de percepteur du futur empereur Charlemagne. Probablement à la suite du Pape Etienne II, qui en 753-54 s’était rendu à la cour franque, Aupert vint en Italie et eut l’occasion de visiter la célèbre abbaye bénédictine de saint Vincent, à la source du Volturne, dans le duché de Bénévent. Fondée au début de ce siècle par les trois frères du Bénévent Paldone, Tatone et Tasone, l’abbaye était connue comme une oasis de culture classique et chrétienne. Peu après sa visite, Ambroise Aupert décida d’embrasser la vie religieuse et il entra dans ce monastère, où il put se former de façon adaptée, en particulier dans le domaine de la théologie et de la spiritualité, selon la tradition des Pères. Autour de l’année 761, il fut ordonné prêtre et, le 4 octobre 777, il fut élu abbé avec le soutien des moines francs, alors que les Lombards s’opposaient à lui, favorables au Lombard Potone. La tension à caractère nationaliste ne se calma pas pendant les mois successifs, si bien que l’année suivante, en 778, Aupert pensa donner sa démission et se retirer avec quelques moines francs à Spolète, où il pouvait compter sur la protection de Charlemagne. Mais malgré cela, la divergence dans le monastère de Saint-Vincent ne fut pas aplanie et quelques années plus tard, quand à la mort de l’abbé qui avait succédé à Aupert fut précisément nommé Potone (env. 782), l’opposition reprit avec vigueur et l’on arriva à la dénonciation du nouvel abbé auprès de Charlemagne. Celui-ci renvoya les adversaires devant le tribunal du Pape, qui les convoqua à Rome. Il appela également Aupert comme témoin, mais celui-ci mourut à l’improviste pendant le voyage, peut-être tué, le 30 janvier 784.
Ambroise Aupert fut moine et abbé à une époque marquée par de fortes tensions politiques, qui se répercutaient également sur la vie à l’intérieur des monastères. Nous en avons des échos fréquents et préoccupés dans ses écrits. Il dénonce, par exemple, la contradiction entre la splendide apparence extérieure des monastères et la tiédeur des moines : cette critique visait aussi certainement sa propre abbaye. Pour celle-ci, il écrivit la Vie des trois fondateurs avec la claire intention d’offrir à la nouvelle génération de moines un point de référence auquel se confronter. Un but semblable était également poursuivi par le petit traité d’ascèse Conflictus vitiprum et virtutum (« Conflit entre les vices et les vertus »), qui connut un grand succès au Moyen-âge et fut publié en 1473 à Utrecht sous le nom de Grégoire le Grand et un an plus tard à Strasbourg sous celui de saint Augustin. Dans celui-ci, Ambroise Aupert entend enseigner aux moines de façon concrète la façon d’affronter le combat spirituel jour après jour. De manière significative, il applique l’affirmation de 2 Tm 3, 12 : « D’ailleurs tous ceux qui veulent vivre en hommes religieux dans le Christ Jésus subiront la persécution », non plus la persécution extérieure, mais l’assaut que le chrétien doit affronter en lui-même de la part des forces du mal. Dans une sorte d’affrontement, sont présentées 24 couples de combattants ; chaque vice cherche à tenter l’âme par de subtiles raisonnements, alors que la vertu respective combat ces tentations en se servant de préférence de paroles de l’Ecriture.

Dans ce traité sur le conflit entre vices et vertus, Aupert oppose à la cupiditas (la cupidité), le contempus mundi (le mépris du monde), qui devient une figure importante dans la spiritualité des moines. Ce mépris du monde n’est pas un mépris de la création, de la beauté et de la bonté de la création et du Créateur, mais un mépris de la fausse vision du monde qui nous est présentée et qui est insinuée en nous précisément par la cupidité. Celle-ci nous laisse croire qu’« avoir » serait la valeur suprême de notre être, de notre vie dans le monde en apparaissant comme importants. Aupert observe ensuite que l’avidité du gain des riches et des puissants dans la société de son temps existe aussi au sein des âmes des moines, et il écrit donc un traité intitulé De cupiditate, où, avec l’apôtre Paul, il dénonce dès le début la cupidité comme la racine de tous les maux. Il écrit : « Du sol de la terre différentes épines pointues pointent de diverses racines ; dans le cœur de l’homme, en revanche, les piqures de tous les vices proviennent d’une unique racine, la cupidité » (De cupiditate : 1 cccm 27b, p. 963). Une caractéristique qui, à la lumière de la présente crise économique mondiale, révèle toute son actualité. Nous voyons que c’est précisément de cette racine de la cupidité que cette crise est née. Ambroise imagine l’objection que les riches et les puissants pourraient soulever : mais nous ne sommes pas des moines, pour nous certaines exigences ascétiques ne sont pas valables. Et lui répond : « Ce que vous dites est vrai, mais pour vous également, selon la manière propre à votre milieu et dans la mesure de vos forces, celle qui est valable est la voie escarpée et étroite, car le Seigneur n’a proposé que deux portes et deux voies (c’est-à-dire la porte étroite et la porte large, la voie escarpée et la voie aisée) ; il n’a pas indiqué de troisième porte, ni de troisième voie » (l.c., p. 978). Il voit clairement que les façons de vivre sont très diverses. Mais pour l’homme de ce monde également, pour le riche aussi vaut le devoir de combattre la cupidité, le désir de posséder, d’apparaître, contre le concept erroné de liberté comme faculté de disposer de tout selon le libre arbitre. Le riche aussi doit trouver l’authentique voie de la vérité, de l’amour et ainsi, de la juste voie. Alors Autpert, en pasteur d’âme prudent, sait ensuite dire, à la fin de sa prédication pénitentielle, une parole de réconfort : « J’ai parlé non pas contre les avides, mais contre l’avidité, non pas contre la nature, mais contre le vice » (l.c., p. 981).

L’œuvre la plus importante d’Ambroise Autpert est certainement son commentaire en dix livres de l’Apocalypse : il constitue, après des siècles, le premier ample commentaire dans le monde latin du dernier livre de l’Ecriture Sainte. Cette œuvre était le fruit d’un travail de plusieurs années, qui s’est déroulé en deux étapes entre 758 et 767, c’est-à-dire avant son élection comme abbé. Dans l’introduction, il indique de façon détaillée ses sources, chose absolument hors du commun au Moyen Age. A travers sa source sans doute la plus significative, le commentaire de l’Evêque Primatius d’Hadrumète, rédigé aux environs de la moitié du VIe siècle, Autpert entre en contact avec l’interprétation qu’avait laissée dans l’Apocalypse l’Africain Tyconius, qui avait vécu une génération avant saint Augustin. Il n’était pas catholique ; il appartenait à l’Eglise schismatique donatiste ; c’était toutefois un grand théologien. Dans son commentaire, il voit surtout reflété dans l’Apocalypse le mystère de l’Eglise. Tyconius était convaincu que l’Eglise était un corps bipartite : une partie, dit-il, appartient au Christ, mais il existe une autre partie de l’Eglise qui appartient au diable. Augustin lut ce commentaire et en tira profit, mais souligna fortement que l’Eglise est entre les mains du Christ, demeure son Corps, ne formant avec Lui qu’un seul objet, participant à la médiation de la grâce. Il souligne donc que l’Eglise ne peut jamais être séparée de Jésus Christ. Dans sa lecture de l’Apocalypse, semblable à celle de Tyconius, Autpert ne s’intéresse pas tant à la deuxième venue du Christ à la fin des temps, mais plutôt aux conséquences qui découlent pour l’Eglise du présent de sa première venue, l’incarnation dans le sein de la Vierge Marie. Et il nous dit une parole très importante : en réalité, le Christ « doit en nous, qui sommes son Corps, naître, mourir et ressusciter quotidiennement » (In Apoc, III : cccm 27, p. 205). Dans le contexte de la dimension mystique qui investit chaque chrétien, il regarde Marie comme le modèle de l’Eglise, modèle pour nous tous, car en nous et entre nous aussi doit naître le Christ. Sur la foi des Pères qui voyaient dans la « Femme vêtue de lumière » de l’Ap 12, 1, l’image de l’Eglise, Autpert explique : « La bienheureuse et pieuse Vierge… engendre quotidiennement de nouveaux peuples, à partir desquels se forme le Corps général du Médiateur. Il n’est donc pas surprenant que celle dans le sein bienheureux duquel l’Eglise elle-même mérite d’être unie à son Chef, représente le type de l’Eglise ». En ce sens, Autpert voit un rôle décisif de la Vierge Marie dans l’œuvre de la rédemption (cf. également ses homélies dans In purificatione s. Mariae et In adsumptione s. Mariae). Sa grande vénération et son profond amour pour la Mère de Dieu lui inspirent parfois des formulations qui d’une certaine façon, anticipent celles de saint Bernard et de la mystique franciscaine, sans toutefois dévier vers des formes discutables de sentimentalisme, car il ne sépare jamais Marie du mystère de l’Eglise. C’est donc à juste titre qu’Ambroise Autpert est considéré comme le plus grand mariologue en Occident. A la piété qui, selon lui, doit libérer l’âme de l’attachement aux plaisirs terrestres transitoires, il considère que doit s’unir la profonde étude des sciences sacrées, en particulier la méditation des Ecritures saintes, qu’il qualifie de « ciel profond, abîme insondable » (In Apoc. IX). Dans la belle prière par laquelle il conclut son commentaire de l’Apocalypse, en soulignant la priorité qui revient à l’amour dans toute recherche théologique de la vérité, il s’adresse à Dieu par ces paroles : « Lorsque nous te scrutons de façon intellectuelle, nous ne te découvrons jamais tel que tu es réellement ; lorsque nous t’aimons, alors nous parvenons à toi ».

Nous pouvons voir aujourd’hui chez Ambroise Autpert une personnalité vécue à une époque de profonde instrumentalisation politique de l’Eglise, dans laquelle nationalisme et tribalisme avaient défiguré le visage de l’Eglise. Mais lui, parmi toutes ces difficultés que nous connaissons nous aussi, sut redécouvrir le véritable visage de l’Eglise dans Marie et dans les saints. Et il sut ainsi comprendre ce que signifie être catholique, être chrétien, vivre de la parole de Dieu, entrer dans cet abîme et vivre ainsi le mystère de la Mère de Dieu : donner de nouveau vie à la Parole de Dieu, offrir à la Parole de Dieu sa propre chair dans le temps présent. Et avec toute sa connaissance théologique et la profondeur de sa science, Autpert sut comprendre qu’avec la simple recherche théologique, Dieu ne peut être connu tel qu’il est réellement. Seul l’amour peut parvenir à lui. Ecoutons ce message et prions le Seigneur afin qu’il nous aide à vivre le mystère de l’Eglise aujourd’hui, à notre époque.

Le pape a ensuite résumé sa catéchèse en plusieurs langues. Voici ce qu’il a dit en français »:

Chers frères et sœurs,

Ambroise Autpert est un auteur du huitième siècle assez peu connu. Né en Provence, officier à la cour du roi Pépin le Bref, il contribua à l’éducation du futur Charlemagne. Puis il fut admis à l’abbaye bénédictine de Saint-Vincent dans le Bénévent et reçut l’ordination sacerdotale en 777. Rapidement élu Abbé, il dût faire face jusqu’à sa mort, en 784, à de fortes oppositions au sein de l’abbaye, qui reflétaient les tensions politiques de l’époque. Il est l’une des figures majeures de la renaissance carolingienne. Dans ses écrits, il s’emploie notamment à raviver l’idéal et la ferveur monastiques. Son Commentaire de l’Apocalypse est toutefois son œuvre majeure qui révèle l’originalité et la profondeur de sa spiritualité. L’Eglise en est le thème central. Il affirme qu’il ne faut pas la séparer du Christ, seul Médiateur. Corps du Christ, l’Eglise, participe à cette médiation. Chaque jour, écrit-il, le Christ doit naître en nous, il doit mourir en nous et ressusciter. Et Marie, dans le sein duquel l’Eglise est unie à son Chef, est le modèle de l’Eglise. En dévoilant son rôle unique dans l’œuvre de la Rédemption, Ambroise Autpert se montre comme le premier grand mariologue de l’occident ; son amour de la Vierge Marie l’oriente vers la source de la véritable vie chrétienne, celle qui s’abreuve aux Saintes Ecritures.

Je suis heureux de vous accueillir, chers pèlerins francophones. Je salue en particulier les nombreux jeunes présents ce matin, surtout les lycéens. Les pèlerins des diocèses de Perpignan et de Fréjus Toulon avec leurs Evêques Mgr Marceau et Mgr Rey, les paroisses de saint-Cloud et de saint Martin de Chanu, ainsi que les pèlerins de Paris, Strasbourg, Dijon, Cambrai, Albi, Angoulême et Versailles. A l’exemple de saint Ambroise Autpert et de la Vierge Marie, aimez passionnément l’Eglise. Que Dieu vous bénisse !

bonne nuit

23 avril, 2009

bonne nuit dans image bon nuit, jour, dimanche etc. k8570-1

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Saint Syméon le Nouveau Théologien: « Celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu »

23 avril, 2009

dal sito:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20090423

Le jeudi de la 2e semaine de Pâques : Jn 3,31-36
Commentaire du jour
Saint Syméon le Nouveau Théologien (vers 949-1022), moine grec
Catéchèses, 3 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 293 rev ; cf SC 96, p. 305)

« Celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu »

      Le Seigneur nous a dit : « Scrutez les Écritures » (Jn 5,39). Scrutez-les donc et retenez avec beaucoup d’exactitude et de foi tout ce qu’elles disent. Ainsi, connaissant clairement la volonté de Dieu…, vous serez capables de distinguer, sans vous tromper, le bien du mal, au lieu de prêter l’oreille à n’importe quel esprit et d’être emportés par des pensées nuisibles.

      Soyez certains, mes frères, que rien n’est aussi favorable à notre salut que l’observance des divins préceptes du Seigneur… Il nous faudra toutefois beaucoup de crainte, de patience et de persévérance dans la prière pour que nous soit révélé le sens d’un seul mot du Maître, pour que nous connaissions le grand mystère caché dans ses moindres paroles, et que nous soyons prêts à donner notre vie pour un seul petit trait des commandements de Dieu (cf Mt 5,18).

      Car la parole de Dieu est comme une épée à deux tranchants (He 4,12) qui taille et coupe l’âme de toute convoitise et de tout instinct de la chair. Plus que cela, elle devient aussi comme un feu brûlant (Jr 20,9) lorsqu’elle ranime l’ardeur de notre âme, lorsqu’elle nous fait mépriser toutes les tristesses de la vie et considérer les épreuves comme une joie (Jc 1,2), lorsque, devant la mort que redoutent les autres hommes, elle nous fait désirer et embrasser la vie, en nous donnant le moyen d’y parvenir.