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SAINT PAUL, LE PASSIONNÉ, LE FOU DU CHRIST
Conversion de saint Paul, 25 janvier
La conversion de Paul* de Tarse, ce juif convaincu, fervent disciple de Moïse et des grands serviteurs de Dieu au sein du judaïsme, est un modèle pour chacun de nous, même s’il lui a fallu en tomber en bas de son cheval alors qu’il persécutait des chrétiens ! Sa conversion est tellement importante qu’on la fête spécialement le 25 janvier. Elle est là, juste un mois après Noël, jour pour jour, comme une célébration renouvelée de la naissance de Dieu fait homme. La vraie fête de saint Paul* est à la fin du mois de juin. L’adhésion de Paul au Christ est en effet tellement riche et profonde qu’elle regroupe aujourd’hui tous les chrétiens durant la Semaine annuelle de prières pour l’Unité qui a lieu chaque année à la fin du mois de janvier pour honorer cette conversion exemplaire et phénoménale à la fois. Les chrétiens se rassemblent depuis près d’un siècle pour demander à Dieu d’arriver un jour à ce que nous soyons tous unis comme l’a tant souhaité Jésus lui-même. C’est ce que nous rapporte dans son évangile saint Jean, dans l’une des plus belles pages de l’histoire humaine. Le Fils de Dieu s’adresse à son Père la veille de sa Passion* : « Je prie pour que tous soient un, Père, qu’ils soient unis à nous, comme toi tu es en moi et moi en toi.. Qu’ils soient un pour que le monde croie que tu m’as envoyé ». Or, c’est terrible ce qui nous est arrivé à nous chrétiens depuis quelques siècles en dépit de cette admirable prière de Jésus. Nous sommes tellement divisés que j’ai entendu dire qu’il y aurait maintenant plus de 32,000 Églises chrétiennes différentes.et séparées. Mais heureusement, notre Église catholique, quant à elle, en dépit des soubresauts qu’elle éprouve, demeure unie. Elle comprend même une vingtaine d’Églises unies au pape, l’évêque de Rome, successeur de Pierre*. Ces Églises conservent pour ainsi dire leur autonomie sous la juridiction d’un patriarche. Certains patriarches sont parfois nommés cardinaux Nous n’y
pensons pas assez et presque tout le monde l’ignore.
Je vous mentionne donc quelques-unes de ces Églises où il fait bon aller de temps à autres pour y communier, nous latins, avec nos frères unis: l’Église Chaldéenne catholique d’Irak, l’Église Maronite et l’Église Melkite du Moyen-Orient, l’Église Arménienne catholique, les Églises Syro-Malabar et Syro-Malankar de l’Inde, et beaucoup d’Églises importantes commel’Église Ukrainienne catholique de rite byzantin. Ces Églises unies à notre Église latinepréfigurent, avec toutes les autres Églises unies autour de l’évêque de Rome, l’union à venir des anciennes Églises apostoliques et de la grande Église Orthodoxe.
N’oublions jamais que nos frères Orthodoxes non unis à Rome demeurent toujours unis entre eux; leurs Églises dites autocéphales, ou nationales, étant fidèles les unes aux autres, fidèles à une tradition tout à fait semblable à celle des catholiques et qui s’exprime en particulier par leur attachement au Patriarche oecuménique qui a son siège au coeur de la Grande Orthodoxie, à Constantinople, ville maintenant musulmane depuis le XVe siècle sous le nom d’Istambul, dans ce pays devenu musulman à plus de 99%. Nous formons, nous catholiques, plus de la moitié des chrétiens du monde. Ce qui nous unit, c’est tout d’abord évidemment le Christ lui-même. Mais nous attachons aussi beaucoup d’importance à ces paroles de Jésus à l’Apôtre Pierre : « Pierre, tu es Pierre et sur cette pîerreje bâtirai mon Église, et les forces de l’enfer ne l’emporteront jamais contre elle ».
Pour nous, Pierre* est et demeure le premier pasteur de l’Église universelle, le premier pape, celui auquel le Christ a dit : « Sois le berger de mes brebis ». Notre coeur de chrétiens est toujours meurtri en voyant tous nos frères souvent si fervents et ardents qui n’arrivent pas à saisir combien nous les aimons et combien nous voudrions tant être tous ensemble, égaux et fraternels comme Jésus l’a souhaité.
La Semaine de prières pour l’unité, fondée en France par l’abbé Paul Couturier*, permet aux uns et aux autres de se mieux connaître en priant ensemble, comme Jésus l’a demandé à son Père il y a près de deux mille ans. N’oublions jamais que la connaissance fervente engendre
l’amour réciproque. Saint Paul* a admirablement parlé de l’unité au chapitre 4 de sa très belle lettre adressée aux habitants de la ville d’Éphèse. On sent chez saint Paul tout le feu que le Christ est venu porter sur la terre. Son âme est brûlante de ce feu qui nous émeut toujours après deux millénaires : « Nous parviendrons tous ensemble à l’unité de notre foi et de notre
connaissance du Fils de Dieu. Nous deviendrons des adultes dont le développement atteindra à la stature parfaite du Christ. Alors, nous ne serons plus des enfants, emportés par les vagues et poussés çà et là par n’importe quel vent d’enseignement répandu par des hommes trompeurs, qui entraînent les autres dans l’erreur par les ruses qu’ils inventent.
Au contraire, en proclamant la vérité avec amour, nous grandirons en tout vers le Christ qui est la tête. C’est grâce à lui que les différentes parties du corps sont solidement assemblées et que le corps entier est bien uni par toutes les jointures dont il est pourvu. Ainsi, lorsque chaque partie agit comme elle doit, le corps entier grandit et se développe par l’amour ».
Comme tous ceux qui aiment saint Paul l’ont dit et répété, la personne de ce très grand saint, ses enseignements et son désir fantastique de communiquer sa foi sont extrêmement attachants. Tout nous émerveille chez ce juif miraculeusement converti. C’est saint Luc qui nous raconte dans les Actes des Apôtres cette conversion très étonnante que l’on retrouve dans la vie de nombreux autres chrétiens au cours des siècles. Ce sont des conversions subites comme celle d’Alphonse Ratisbonne au XIXe siècle, d’André Frossard au XXe siècle.
On trouve celle de saint Paul au chapitre 9 des Actes des Apôtres. C’est tellement spécial
que, comme le dit bien Joseph Holzner dans son admirable « Paul de Tarse », à la page 47 : «La critique, hostile au surnaturel, essaie d’expliquer la conversion de saint Paul et sa nouvelle
conception du Christ de façon exclusivement psychologique». Or Holzner, après avoir contredit cette opinion réductrice, reprend de façon magistrale le récit de saint Luc dans les Actes: « De lui-même saint Paul ne serait jamais devenu chrétien » écrit Holzner. Il s’approchait de Damas où il devait commettre un nouveau crime. Mais l’heure de son revirement était proche. Les yeux de Saul commençaient à lui faire mal… C’est alors que se produisit l’événement inouï, que personne n’expliquera jamais. Soudain une lumière céleste resplendit autour de lui. Les chevaux se cabrent, se jettent sur le côté… L’arc enflammé se referme au-dessus de lui. Dans cette apparition de feu il voit une face, celle d’un « homme céleste » (1 Cor. 15, 48).
Un regard se pose sur lui, un regard d’éternité où se mêlent la sévérité et la tristesse, la noblesse et la douceur. Sous ce regard de feu, toute résistance s’évanouit. Et une voix lui parle dans la langue de ses pères (Actes, 26, 14) : « Saul ! Saul ! pourquoi me persécutes-tu ? En un éclair il comprend : Ma cause est perdue ! « Qui es-tu, Seigneur ? » Voici que tombe le mot libérateur : « Je suis Jésus ! » et puis comme un doux reproche : « Que tu persécutes ! » À cet instant, le visage transfiguré du Christ lui apparaît comme couvert de sang et de blessures, sillonné de lignes rouges. Le sang des martyrs qu’il avait répandu coulait de cette face goutte à goutte… Alors jaillit du plus profond de son être une source, dont les flots inondèrent son âme de cette « lumière dans laquelle resplendit la connaissance de la gloire de Dieu imprimée sur la face du Christ » (2 Cor. 4, 6).
La lumière de la foi brillait en lui. Une force mystérieuse faisait irruption dans son âme; une vie nouvelle commençait. Il entrait dans un monde supérieur. (…) Saint Paul n’aura jamais le moindre doute au sujet de ce qu’il a vécu pendant ces quelques instants. Sa conviction demeurera inébranlable : il avait réellement vu le Ressuscité et il lui avait parlé. … Quand Paul
se relève, il est disciple de Jésus pour toujours. De cette bonté du Christ à son égard, Paul tirera immédiatement une conclusion : ce qui importe, ce n’est pas de vouloir, ni de courir, c’est uniquement la miséricorde de Dieu (Rom. 9, 16)…. Le fait que le Christ ressuscité lui soit apparu, non pas sous les traits de celui qui châtie et qui venge, mais avec une face empreinte de miséricorde et de bonté (Tit. 3, 5), confirme saint Paul dans l’idée que la colère de Dieu contre les hommes s’est transformée en amour, grâce au Crucifié. »
Sources : J. Holzner, « Paul de Tarse », Alsatia, réédité par Pierre Téqui, 1997.
M. Villain, « L’abbé Paul Couturier », Casterman, 1964.