Archive pour le 22 janvier, 2009

Saint Stephen martyr

22 janvier, 2009

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Le culte des saints dans l’Église catholique

22 janvier, 2009

du site:

http://www.esprit-et-vie.com/breve.php3?id_breve=529

Le culte des saints dans l’Église catholique 

Maurice Jourjon

Le culte des saints dans l’Église catholique Tout au long de l’année, nous fêtons des saints : apôtres, martyrs, évêques, docteurs, religieux et religieuses, hommes et femmes ayant exercé une fonction pédagogique ou une activité caritative. Nous les fêtons parce qu’ils ont rempli une fonction dans l’Église de Dieu, parce qu’ils sont été des serviteurs et des ministres du peuple de Dieu, rejoignant les intendants fidèles et avisés de l’Évangile.

À côté de ces « fonctionnaires », au meilleur sens du terme, l’Esprit Saint suscite librement des hommes et des femmes hors catégorie, qui ne sont pas des fonctionnaires mais des prophètes : François d’Assise, Catherine de Sienne, Jeanne d’Arc, Thomas More, Frédéric Ozanam, Thérèse de Lisieux ou Edith Stein, dont le P. Jourjon dit, dans une belle formule, qu’ » ils ont jeté l’Église en avant ». Leur canonisation répond à la mission ce l’Église de présenter aux chrétiens ceux et celles qui sont « non seulement nos ancêtres dans la foi, mais des hommes et des femmes d’avenir, et des enfants de grande espérance ».

L’étude originale du P. Jourjon nous aide à mieux saisir la place des saints dans la vie de l’Église, de notre Église qui en permanence est à la fois institutionnelle et charismatique. Il conviendrait de la prolonger par une recherche sur les critères et les modalités des béatifications et des canonisations, qui ont sensiblement évolué au long des siècles, et donc par une nouvelle réflexion théologique et ecclésiologique sur le culte que nous rendons aux saints.

Pour aborder la question du culte des saints dans l’Église catholique, nous prendrons le terme de canonisation au sens large, nous l’étendrons pour ainsi dire tout au long des siècles. La canonisation des saints, c’est leur inscription sur une liste, l’enregistrement de leurs noms dans un document officiel (un martyrologe) après un jugement, officiel lui aussi, porté sur eux au cours d’un véritable procès. Nous écrirons donc par une induction vérifiée et pas du tout un abus de langage trois chapitres de l’histoire de ce que, peu à peu, on appellera canonisation.

Nous réfléchirons d’abord sur la liste primitive, celle de l’Église à ses origines, celle des deux premiers siècles. Puis, sur la liste dressée, peu à peu, par l’Église ancienne, l’Église des Pères, comme on dit, l’Église du iie au ve siècles. Enfin, franchissant allégrement Moyen Âge et Temps modernes, nous évoquerons quelques canonisés de notre xxe siècle qui s’achève.

Pour ce faire, nous utiliserons, nous analyserons trois textes. Nous ferons vraiment trois explications de textes, tournant à la théologie historique et à la spiritualité.

Les martyrs, premiers canonisés. Un texte percutant d’Irénée

C’est par le truchement d’un texte percutant d’Irénée que nous aborderons notre premier sujet : les martyrs premiers canonisés. Que veut dire Irénée lorsqu’il affirme que, grâce à l’Esprit Saint, le christianisme est : « une connaissance vécue comportant : l’enseignement des apôtres ; l’organisme originel de l’Église répandu à travers le monde entier ; la marque distinctive du Corps du Christ consistant dans la succession des évêques auxquels les apôtres remirent chaque Église locale ; parvenue jusqu’à nous, une conservation immuable des Écritures […] ; enfin le don suréminent de l’amour […]. Voilà pourquoi l’Église, en tout lieu, à cause de son amour pour Dieu, envoie sans cesse au-devant d’elle une multitude de martyrs vers le Père » (Contre les hérésies (A. H.), IV, 33, 8-9 ; trad. A. Rousseau, p. 519).

Expliquons le texte d’Irénée par Irénée lui-même, c’est-à-dire par son ouvrage intitulé Contre les hérésies : une connaissance vraie et non une connaissance au nom menteur (celle des sectes gnostiques) c’est, pour Irénée, cette sorte d’expérience de la présence, en nous, par la foi baptismale, de l’Esprit de vérité promis par le Christ pour nous enseigner toutes choses (Jn 14, 26) et nous conduire vers la vérité tout entière (Jn 16, 13).

Selon l’enseignement des apôtres, il y a un seul Dieu, Père tout-puissant, un seul Christ, Jésus, Fils de Dieu qui s’est incarné pour notre salut, et l’Esprit Saint qui, par les prophètes, a annoncé tout cela. (Voir A. H. I, 10, 1 ; trad., p. 65.)

L’organisme originel de l’Église, c’est son lien, son articulation avec le Père qui est la tête du Christ, le Verbe, qui est la tête de l’Église et l’Esprit qui est « l’eau vive octroyée par le Seigneur » (A. H. V, 18, 2 ; trad., p. 624).

La continuité apostolique de toutes les Églises grâce à la succession des évêques est la marque distinctive du Corps du Christ. Cette marque, qui est comme le signal de l’Église du Christ, prend sens et signification, devient signe d’authenticité par la prédication de l’Évangile et la vie selon l’Évangile (A. H. IV, 26, 5 ; trad., p. 495). C’est pourquoi il faut s’attacher à ceux qui gardent la succession depuis les apôtres et offrent une parole saine et une conduite irréprochable, comme c’est le cas de l’Église que Pierre et Paul fondèrent à Rome (A. H. III, 3, 2 ; trad., p. 279-280).

La conservation immuable des Écritures, c’est leur transmission intégrale et la proclamation de leur enseignement (A. H. I, 10, 2 ; trad., p. 66) par une lecture exempte de fraude et une interprétation légitime. Enfin le don par excellence, supérieur à tous les autres charismes, c’est l’amour pour Dieu, cause de l’irréfutable sainteté de l’Église : la multitude des martyrs.

Lorsque, vers 180 ap. J.-C., Irénée compose ce beau texte, quels sont les chrétiens que leur martyre a, si nous nous permettons cet anachronisme, canonisés ? Saint Étienne, Pierre et Paul et les autres victimes de Néron ; Polycarpe de Smyrne, Ignace d’Antioche, Justin et ses compagnons, les martyrs lyonnais, les martyrs scilitains. Le martyre d’Étienne est dans l’Écriture Sainte (Ac 7, 54-60) ; celui de Pierre et Paul est attesté par la lettre de l’Église de Dieu qui pérégrine à Rome, de l’Église de Dieu qui pérégrine à Corinthe. Pour ceux (et implicitement pour celles) que je viens de citer, nous avons des documents sûrs, authentiques, qui attestent l’historique vérité de leur mort pour le Christ. Le martyre de Polycarpe est attesté par une lettre de son Église, celle de Smyrne, à celle de Philomélium « et à toutes les communautés de la sainte Église catholique ». Pour Ignace, nous n’avons de récit de sa mort que légendaire, mais sept lettres de lui nous disent qu’il a été jugé et condamné à être livré aux bêtes. Pour Justin et ses disciples ou élèves ou étudiants, nous avons les Actes officiels mêmes de son procès et de sa condamnation. La lettre sur la persécution des chrétiens de Lyon, lettre des serviteurs du Christ qui sont à Vienne et à Lyon, nous raconte ces faits. Des martyrs de Scili, bourgade près de Carthage, par les Actes de leur procès (qui sont également l’acte de naissance du christianisme en Afrique), nous connaissons même les noms : Speratus, Nartzalus, Cittinus, Donata, Secunda, Vestia (trois hommes, trois femmes, quatre Romains, deux Berbères).

Ce sont des documents, certes, mais plus et mieux encore : ce sont des sources de vie et un pain nourrissant. Souvent, en les relisant, monte de mon cœur à ma mémoire l’étonnante parole de saint Jean de la Croix :

Cette source d’eau vive que je désire

Et ce pain de la vie, moi je la vois

Encore que de nuit.

Comme on ne peut pas tout dire, ni tout lire, nous procéderons selon la méthode bien connue de l’adjudant ; il demandait : « Pourquoi Pasteur et Berthelot sont-ils de grands savants du xixe siècle ? » et il fallait répondre : « C’est pour ne citer que les principaux ! » Nous allons considérer comme principaux : Étienne, Pierre et Paul, les Lyonnais.

Étienne

Le premier martyr, c’est-à-dire le premier qui restitua au Christ le sang que le Christ versa pour nous. On peut même dire le premier à prier le Christ, c’est-à-dire à le confesser comme Dieu. Étienne, en effet, adresse au Christ la prière du Christ au Père. La mort d’Étienne est comme la reprise de la mort de Jésus, une nouvelle version, un remake de la mort de Jésus. La mort de Jésus est un passage de Jésus à son Père. La mort d’Étienne est un passage d’Étienne à Jésus.

« Étienne prononçait cette invocation : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit. » Puis il fléchit les genoux et lança un grand cri : « Seigneur, ne leur compte pas ce péché. » Et sur ces mots il mourut. » (Ac 7, 59-60.)

Telle est la première canonisation. Et le premier canonisé a, pour ainsi dire, signé son entrée au ciel : « Étienne, plein de grâce et de vérité » (Ac 6, 8). « Rempli d’Esprit Saint fixa le ciel : il vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu. « Voici, dit-il, que je contemple les cieux ouverts, et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu. » » (Ac 7, 55-56.)

Pierre et Paul, plus une immense foule d’élus

Témoigne d’eux la lettre écrite, en 95-96, par l’Église de Rome à celle de Corinthe : « Pierre qui […] a supporté tant de souffrances […] et qui après avoir rendu ainsi témoignage [littéralement  : avoir accompli son martyre] s’en est allé au séjour de gloire qui lui était dû […]. Paul […] après avoir enseigné la justice au monde entier et atteint les bornes de l’Occident rendit témoignage [litt. : accomplit son martyre] et s’en alla au séjour de sainteté. […] À ces hommes qui ont vécu dans la sainteté est venue se joindre une immense foule d’élus… » (Clément de Rome, Épître aux Corinthiens, Paris, Éd. du Cerf ; coll. « Sources chrétiennes » (SC), n° 167, p. 109).

Ignace

« Comme l’a dit quelqu’un des nôtres, condamné aux bêtes à cause du témoignage rendu par lui à Dieu : « Je suis le froment du Christ et je suis moulu par la dent des bêtes, pour être trouvé un pur pain de Dieu. » » (Rousseau, p. 654.)

Polycarpe

« Je te bénis pour m’avoir jugé digne de ce jour et de cette heure de prendre part, au nombre de tes martyrs, au calice de ton Christ pour la résurrection… » (Ignace d’Antioche, Lettres, SC 10, p. 263.)

saint Bède le Vénérable: Marie glorifie le Seigneur

22 janvier, 2009

du site:

http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20010529_beda_fr.html

Marie glorifie le Seigneur

« Mon âme exalte le Seigneur; exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur. Le sens premier de ces mots est certainement de confesser les dons que Dieu lui a accordés, à elle, Marie, spécialement; mais elle rappelle ensuite les bienfaits universels dont Dieu ne cesse jamais d’entourer la race humaine. L’âme glorifie le Seigneur quand elle consacre toutes ses puissances intérieures à louer et à servir Dieu; quand, par sa soumission aux préceptes divins, elle montre qu’elle ne perd jamais de vue sa puissance et sa majesté.

L’esprit exulte en Dieu son Sauveur, quand il met toute sa joie à se souvenir de son Créateur dont il espère le salut éternel. Ces mots, sans doute, expriment exactement ce que pensent tous les saints, mais il convenait tout spécialement qu’ils soient prononcés par la bienheureuse Mère de Dieu qui, comblée d’un privilège unique, brûlait d’un amour tout spirituel pour celui qu’elle avait eu la joie de concevoir en sa chair. Elle avait bien sujet, et plus que tous les saints, d’exulter de joie en Jésus — c’est-à-dire en son Sauveur — car celui qu’elle reconnaissait pour l’auteur éternel de notre salut, elle savait qu’il allait, dans le temps, prendre naissance de sa propre chair, et si véritablement qu’en une seule et même personne serait réellement présent son Fils et son Dieu.

Car le Puissant fit pour moi des merveilles. Saint est son nom! Pas une allusion à ses mérites à elle. Toute sa grandeur, elle la rapporte au don de Dieu, qui, subsistant par essence dans toute sa puissance et sa grandeur, ne manque pas de communiquer grandeur et courage à ses fidèles, si faibles et si petits qu’ils soient en eux-mêmes.

Et c’est bien à propos qu’elle ajoute: Saint est son nom, pour exhorter ses auditeurs et tous ceux auxquels parviendraient ses paroles, pour les presser de recourir à l’invocation confiante de son nom. Car c’est de cette manière qu’ils peuvent avoir part à l’éternelle sainteté et au salut véritable, selon le texte prophétique: Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. C’est le nom dont elle vient de dire: Exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur.

Aussi est-ce un usage excellent et salutaire, dont le parfum embaume la sainte Église, que celui de chanter tous les jours, à vêpres, le cantique de la Vierge. On peut en attendre que les âmes des fidèles, en faisant si souvent mémoire de l’incarnation du Seigneur, s’enflamment d’une plus vive ferveur, et que le rappel si fréquent des exemples de sa sainte Mère les affermisse dans la vertu. Et c’est bien le moment, à vêpres, de revenir à ce chant, car notre âme, fatiguée de la journée et sollicitée en sens divers par les pensées du jour, a besoin, quand s’approche l’heure du repos, de se rassembler pour retrouver l’unité de son attention. »

Des Homélies sur l’Évangile de saint Bède le Vénérable, prêtre (I, 4 : CCL 122, 25-26.30)  

Prière

Dieu tout-puissant, tu as inspiré à la Vierge Marie, qui portait en elle ton propre Fils, de visiter sa cousine Élisabeth; accorde-nous d’être dociles au souffle de l’Esprit afin de pouvoir nous aussi te magnifier éternellement. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen

Préparé par le Département de Théologie Spirituelle de
L’Université Pontificale de la Sainte-Croix

Saint Augustin : La Vie s’est manifestée dans la chair

22 janvier, 2009

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/www/main.php?language=FR&localTime=01/22/2009#

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermons sur la première lettre de saint Jean, 1,1 (trad. cf SC 75, p. 113)

La Vie s’est manifestée dans la chair
      « Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons contemplé de nos yeux, et que nos mains ont touché, c’est le Verbe, la Parole de la vie. » (1Jn 1,1) Comment peut-on toucher de ses mains le Verbe, sinon parce que « le Verbe s’est fait chair et qu’il a établi sa demeure parmi nous » ? (Jn 1,14) Ce Verbe, qui s’est fait chair pour être touché de nos mains, a commencé d’être chair dans le sein de la Vierge Marie. Mais ce n’est pas alors qu’il a commencé d’être le Verbe, car il était « depuis le commencement », dit saint Jean…

      Peut-être que certains entendent le « Verbe de la vie » comme une expression vague pour désigner le Christ, et non pas précisément le corps même du Christ, que des mains ont touché. Mais voyez la suite : « Oui, la vie s’est manifestée » (1Jn 1,2). Le Christ est donc le Verbe de la vie. Et comment cette vie s’est-elle manifestée ? Elle était dès le commencement, mais elle ne s’était pas manifestée aux hommes : elle s’était manifestée aux anges, qui la voyaient et qui s’en nourrissaient comme de leur pain. C’est ce que dit l’Écriture : « L’homme a mangé le pain des anges » (Ps 77,25).

      Donc, la vie elle-même s’est manifestée dans la chair ; elle a été placée en pleine manifestation, pour qu’une réalité visible seulement par le coeur devienne également visible aux yeux, afin de guérir les coeurs. Car seul le coeur voit le Verbe ; la chair et les yeux du corps ne le voient pas. Nous étions capables de voir la chair, mais pas capables de voir le Verbe. Le Verbe s’est fait chair, que nous pouvions voir, pour guérir en nous ce qui devait voir le Verbe.

the holy Spirit

22 janvier, 2009

the holy Spirit dans image bon nuit, jour, dimanche etc. HolySpirit
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PRIÈRE AU SAINT-ESPRIT (du site maronite March Charbel)

22 janvier, 2009

du site:

http://www.ayletmarcharbel.org/priere2.htm

PRIÈRE AU SAINT-ESPRIT

Nous sommes devant toi, Saint-Esprit, Notre Seigneur.

Nous voici, conscients de nos fautes innombrables,

Mais particulièrement unis en ton Saint Nom.

Viens à nous et reste avec nous:

Daigne entrer dans nos coeurs.

Sois le guide de nos actions,

Indique nous où nous devons aller,

Fais nous voir ce que nous devons faire, pour que,

Avec ton aide, notre travail puisse t’être agréable.

Toi seul, sois notre inspirateur et dirige nos intentions:

Car toi seul possèdes un nom glorieux avec le Père et le Fils…

Ne permets jamais que nous fassions obstacle à la justice,

Toi qui es l’infinie équité.

Ne permets pas que notre ignorance nous amène à mal faire,

Que les flatteries nous fassent fléchir,

Que les intérêts, moraux ou matériels, nous corrompent.

Attache nos cœurs à toi seul, vigoureusement,

Par le don de ta grâce.

Ainsi nous serons en toi un seul être

Et jamais nous ne nous éloignerons de la vérité.

Ainsi, puisque nous sommes unis en ton Nom,

Nous pourrons, en chacun de nos actes,

Suivre les conseils de ta pitié et de ta justice.

Alors, aujourd’hui et toujours,

Notre jugement ne s’éloignera pas du tien,

Et, dans le siècle future, nous pourrons recevoir

La récompense éternelle de notre travail.

Amen.

Saint Isodore De Séville

Le Saint-Esprit dans la Vie Chrétienne: La faim de Justice

22 janvier, 2009

du site:

http://www.foi-et-contemplation.net/themes/Esprit-Saint/Saint-Esprit-Vie-Chretienne-faim-justice.php

Le Saint-Esprit dans la Vie Chrétienne

Chapitre IV
La faim de Justice

« Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice,
parce qu’ils seront rassasiés. » (Matth., V, 6)

Par justice il faut entendre ici la sainteté; il semble que c’est le véritable sens du mot. Il ne s’agit pas en effet de la vertu particulière de justice, mais de cette justice générale que Dieu nous donne et qui est identique à la justification par la grâce sanctifiante. La sanctification de l’âme est à bon droit appelée justice parce qu’elle nous met en règle et nous rend justes vis-à-vis de lui : telle est la sainteté.

I. – Raccordement du don et de la béatitude

Cette béatitude nous est présentée par nos maîtres habituels comme renfermant l’activité caractéristique du don de Force. Au premier abord on ne conçoit pas bien ce rapprochement. Mais remarquons que les forts d’ordinaire ont un grand appétit. Il y a correspondance entre la puissance de faire une œuvre, aussi bien matérielle que spirituelle, et l’appétit, le désir. Au spirituel, les forts, ceux qui peuvent faire des œuvres, travailler, ont un appétit, une faim, une soif de déployer leurs forces; ils ont la magnanimité, de grands désirs. Ce n’est donc pas arbitrairement que sont rapprochés les affamés de sainteté et les forts par le Saint-Esprit.

D’autant plus que la Force infusée par le Saint-Esprit dans ses inspirations est proportionnée au but qu’il a en vue. Et que voit-il ? Il scrute jusqu’au fond des profondeurs de Dieu, il voit la sainteté infinie de Dieu, C’est là l’idéal qu’il aura pour nous. Il nous pousse à l’infini de la sainteté. Telle est la perfection sans limites où l’âme tend quand elle est poussée par le Saint-Esprit : elle est alors affamée et assoiffée de sainteté. Et voilà par où le raccord se fait entre cette béatitude et le don de Force.

II. – Faim et soif de sainteté en Notre-Seigneur

Voyons maintenant ce qu’est cette faim et cette soif de sainteté, d’abord en Notre-Seigneur, puis en nous-mêmes.

La faim et la soif sont des besoins impérieux, violents, qui exigent naturellement leur satisfaction. La faim et la soif sont de plus des besoins toujours renaissants. Quand on les a apaisés, on en est libéré pour quelques heures, ensuite ils reviennent et veulent de nouveau être satisfaits.

Enfin, on éprouve un certain contentement physique, naturel, à les satisfaire; c’est la joie de faire un bon dîner, de manger du pain quand on a faim.

Tels sont les trois caractères de la faim et de la soif : ces paroles de Notre-Seigneur n’ont pas été dites en l’air.

Regardons maintenant ce besoin de sainteté, de justice en notre modèle à tous: Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Il s’est servi expressément de ces deux mots, faim et soif, pour caractériser son état d’âme, la force avec laquelle il se donnait à son œuvre.

Quand ses disciples, après l’avoir quitté au bord du puits de Jacob, viennent le presser de manger. « J’ai une nourriture, dit-il, que vous ne connaissez pas (Jean, IV, 32) », un aliment invisible, immatériel. Cette nourriture, il la traduisait ensuite : « Ma nourriture est de faire la volonté de mon Père et d’accomplir jusqu’au bout son œuvre (Jean, IV, 34). » Voilà son besoin impérieux, toujours renaissant, qu’il se satisfait à contenter, mais qui laisse place à de nouveaux appétits. Il n’y a pas de parole plus forte : la volonté de son Père, c’est sa nourriture, son aliment nécessaire, quotidien, il n’en a pas eu d’autre. L’Apôtre nous dit : « Entrant dans le monde, il a dit : Me voici, ô Père, pour faire votre volonté (Hébr., X, 5). » Et en sortant de cette vie, il a répété par trois fois : « Pas ma volonté, mais la vôtre, ô Pères (Marc, XIV, 36 et ss). » Il n’a pas fait un pas sans se la proposer, c’est de cela qu’il avait faim.

L’Évangile parle aussi tout au long du calice dont Notre-Seigneur avait soif. Il en parle une première fois quand il annonce sa passion et sa mort: A Jacques et Jean qui demandent part à sa gloire, Notre-Seigneur répond : « Pouvez-vous boire le calice que je dois boire ? (Marc, X, 38) » Au moment de son arrestation à Gethsémani, il dira à Pierre : « Le calice que m’a donné le Père, est-ce que je ne dois pas le boire? (Jean, XVIII, 11) » Dans son agonie, nous retrouvons ce calice, le calice de la volonté de son Père. Dans l’épreuve qu’il traverse, Notre-Seigneur a un premier mouvement de répulsion, de tristesse, d’angoisse devant ce calice : « S’il était possible, ô Père, que ce calice s’éloigne de moi… » Et pourtant, il était venu pour le boire. Il se reprend devant ce même calice : « Non pas ma volonté, ô Père, mais la vôtre (Marc, XIV, 36) », et il l’accepte. Sur la croix, il dit cette parole incompréhensible : « Sitio » (j’ai soif). C’est toujours le même calice dont il a soif. On croit le contenter en lui donnant à boire, mais il ne veut pas de ce breuvage. Au bord du puits de Jacob (Jean, IV) il avait dit cette même parole : « J’ai à boire une eau que vous ne comprenez pas. » Il a soif de ce calice d’amertume, de souffrance qu’il doit absorber afin de nous sauver. Et lorsqu’il l’a bu jusqu’à la lie, il peut dire : « Consummatum est. » Tout est consommé, J’ai bu le calice jusqu’au fond, je n’ai plus qu’à livrer ma vie.

Notre-Seigneur avait faim et soif de cette sainteté, de l’accomplissement de la volonté du Père, et en particulier de celle qui voulait sa mort, son sacrifice, pour que l’injure faite à la sainteté de Dieu soit réparée et que l’humanité puisse de nouveau être sainte. Voilà Notre-Seigneur en face de la faim et de la soif de la justice, de ce besoin impérieux de sainteté, de cette sanctification active de nos âmes où il a trouvé la consommation de son œuvre.

III. – Faim et soif de la justice en nous

Que devons nous faire pour avoir ainsi faim et soif de la sainteté ?

Il faut que cette faim et cette soif soient en nous à l’état impérieux, Si nous avons de bons désirs, de bonnes volontés, mais intermittentes, faibles, nous n’arriverons qu’à des résultats modestes, suffisants peut-être pour être sauvés, pour mener une vie religieuse honorable, mais non pas pour avoir une vie chrétienne poussée à fond, une vie religieuse pleine, avec toute la profondeur et l’étendue qu’elle doit obtenir. L’Esprit de Force vient à notre secours en nous inspirant cette assurance produite par la communication de sa propre force, et cette activité dominatrice qui est comme quelque chose de son désir de la sainteté.

L’Apôtre dit : « La charité, l’amour de Jésus-Christ nous presse (II Cor., V, 14). » Elle est en nous à l’état de besoin violent, elle ne nous laisse pas tranquille. Et nous avons de quoi faire pour aimer Dieu par-dessus toutes choses et accomplir sa volonté sans cesse avec ardeur. C’est le sentiment qu’inspire le Saint-Esprit qui, en nous donnant la force, nous donne aussi ses appétits.

C’est un état fréquent chez les saints que cet état d’appétit de la sainteté. Nous le voyons de la façon la plus frappante chez sainte Catherine de Sienne. Sa faim de sainteté est extraordinaire, tant dans sa vie contemplative que dans sa vie active ! Simple jeune fille, elle ira aux sociétés les plus mêlées, jusque sur l’échafaud, s’il le faut, pour soutenir un criminel; elle ira en Avignon, et, au milieu de ces actes extérieurs, dans le fond elle poursuivra la sainteté jusqu’au fini le plus consommé. Elle aura la crainte, le scrupule même, la douleur amère de la moindre faute qui pourra lui échapper : un regard détourné un instant sur un frère qui passait… Elle a senti le besoin pressant du fini dans la perfection.

Ce besoin impérieux doit être aussi en nous toujours renaissant. Certaines âmes ont parfois des ardeurs qui se déclarent et les enflamment, pendant quelque temps. Puis il arrive que, le temps changé, les circonstances n’étant plus les mêmes, le milieu différent, elles se croient autorisées à laisser éteindre leur ferveur. Ce n’est pas ainsi qu’est la faim selon l’Esprit, elle se redresse toujours, elle est persévérante : « Faisont le bien, n’ayons pas de défaillance », dit saint Paul (II Thess., III, 13). Qu’il fasse beau ou triste au dedans, que telle ou telle passion se soulève, que les influences extérieures qui nous consolent ou nous affligent changent, l’âme qui a la force du Saint-Esprit conserve toujours renaissantes sa faim et sa soif : elle reste la même, parce que ce n’est pas sur ses forces qu’elle s’appuie, mais sur la communication de la force de Dieu que lui donne le Saint-Esprit.

Nous pourrions ici faire notre examen de conscience. Nos négligences, nos torpeurs, nos inconstances qui nous empêchent de faire le bien à fond, d’une façon continue, tout cela vient de ce que nous n’avons pas assez faim de la sainteté. Le Saint-Esprit peut nous donner cette faim, puisque nous avons en nous le don de Force, qui est destiné à la produire. De nous-mêmes nous ne pourrions l’avoir; mais tendons notre voile, ouvrons notre cœur, exposons-nous à l’action du Saint-Esprit, pour qu’il nous communique cette force impérieuse et toujours égale à elle-même.

Enfin, participant à toutes les propriétés de la faim, ce besoin, quand il est rempli, nous donne de la joie. Lorsque nous avons fait effort pour suivre l’inspiration du Saint-Esprit, lorsque nous arrivons à une certaine continuité dans l’œuvre de Dieu ou que nous accomplissons une œuvre plus difficile, nous sentons un contentement intérieur. L’âme vient de faire un sacrifice, un effort, elle sent de l’apaisement, sa faim est apaisée pour un temps.

C’est ainsi que sainte Catherine, après un effort qui demandait plus de sacrifice, – quand, par exemple, soignant une lépreuse, elle avait fait un effort suprême pour surmonter le dégoût et se dévouer à celle qui la persécutait –, sentait sa faim de sainteté apaisée dans un repas magnifique. Elle était heureuse, et Notre-Seigneur lui apparaissait, lui disait son contentement, sanctionnant ainsi cet état d’apaisement dans lequel elle était entrée. Après une journée où nous avons bien rempli notre devoir, nous sommes comme nourris de la volonté de Dieu, nous sommes apaisés, tranquilles; c’est la joie spirituelle promise à ceux qui font leur effort pour contenter la volonté de Dieu.

Puisqu’il en est ainsi et que le Saint-Esprit veut nous aider, nous n’avons qu’à invoquer son secours, nous mettre sous son influence, et il nous donnera cette faim et cette soif de la justice. Il arrivera ainsi que, d’une manière toute simple, nous résoudrons une foule de problèmes et surmonterons une multitude de tentations qui nous viennent sous la forme des trois concupiscences. Sous l’impulsion du Saint-Esprit, il nous suffisait, au point de vue de la pauvreté, du simple mot : « Peu », pour nous retirer de tout. De même, pour la sainteté, en nous inspirant faim et soif, le Saint-Esprit nous donnera une sorte de flair, de tact, de sens divin avec lequel nous marcherons, sachant toujours comment nous comporter en face des devoirs et des obstacles divers.

Il faut pourtant nous garder des illusions, Il est des personnes à qui leur imagination donne une faim de sainteté factice, qui n’est pas selon le Saint-Esprit, mais selon leur goût et qui deviennent par là des tyrans pour les autres. Jamais la véritable faim de la sainteté n’a de ces écarts, comme jamais l’inspiration n’est contraire à la prudence ni à l’obéissance. Nous ne devons pas nous croire autorisés par le Saint-Esprit à une faim de sainteté personnelle, par exemple à un amour intransigeant pour telle observance, telle mortification, et cela contre l’autorité, la règle, la prudence. Eliminons ces choses, conservons ce qui est bon. « Éprouvez les esprits, disait saint Paul; ce qui est bon, tenez-le ferme (Thess., ?,). » Si nous sommes véritablement sous l’influence du Saint-Esprit, cela nous conduira loin – selon l’obéissance et la prudence, le terrain est large – très loin dans le fini de la perfection, de la sainteté, dans l’accomplissement de la volonté de Dieu.

IV. – Pratique

Voyons de plus près ce que nous inspire la faim de la sainteté, cette faim qui nous vient du Saint-Esprit.

La faim et la soif de la doctrine divine. – C’est par là que le vrai Dieu se fait jour en nous, qu’il nous est connu pour se faire aimer. Cette doctrine est contenue d’abord dans les enseignements du Nouveau Testament et la doctrine de l’Église. Certains saints ont médité avec l’Esprit de Dieu sur les paroles de Dieu, et ils nous les donnent plus expliquées et renfermant encore l’émotion qu’ils ont éprouvée. Cette doctrine nous fait connaître Dieu Père, Fils et Saint-Esprit, sa vie divine, la charité avec laquelle le Père envoie son Fils, Notre-Seigneur avec sa double nature, son Cœur adorable, organe de l’amour substantiel de Dieu, les gestes de sa vie qui traduisent en partie la sainteté du Père; le drame de la Rédemption dont nous sommes la cause, le Saint-Esprit avec ses bontés, ses attentions, son influence, l’Église, la liturgie, les écrits des docteurs et des saints, notre Credo en particulier: voilà la nourriture de la contemplation et de la charité véritable qui, dans la mesure où elle est instruite, trouve le vrai Dieu. Si nous avons quelques instants, allons à cette nourriture; si même nous sommes fatigués, nourrissons-nous-en encore par nos souvenirs. Méditons les mystères du Rosaire qui renferment la quintessence de la doctrine de la révélation. Cette nourriture est sanctifiante.

La faim et la soif des sacrements, – C’est par eux que nous vient ou nous est renouvelée la grâce divine.
Faim et soif de la pénitence, qui dérive directement de la croix. Toutes les fois que nous venons à ce sacrement, nous sommes devant la croix, et c’est Notre-Seigneur qui, du haut de cette croix, par la main du prêtre, nous donne cette nourriture de la grâce spéciale qui est la force contre le péché.

Faim et soif de la messe, où nous avons la présence réelle de Notre-Seigneur dans son état d’immolation. Quelle nourriture pour la participation à la sainteté. Faim et soif de la messe qui se termine par la réception, dans le tabernacle de notre corps, de ce pain, l’Hostie du Calvaire, toute brûlante des actes d’amour du Fils de Dieu. Quel accroissement de grâce sanctifiante nous y est communiqué ! « Je suis le pain de vie », a dit Notre-Seigneur. Si nous voulons mener une vie sainte, celle qui conduit à Dieu, ayons faim de ce pain; c’est là l’aliment, la source, la manne cachée. « J’ai faim », disait simplement sainte Catherine, et le bienheureux Raymond comprenait, et il allait chercher l’Eucharistie. Si quelquefois nos communions sont tièdes, tourmentées, c’est que nous n’avons pas assez faim habituellement. Notre faim devrait être à l’état de besoin impérieux. Que pourrions-nous désirer de plus, puisque nous avons Celui que les Bienheureux possèdent lorsqu’ils le contemplent face à face et se nourrissent de lui ? Nous devrions vivre toute la journée de cette réception du corps de Notre-Seigneur, comme aussi du désir de le recevoir à nouveau.

La faim et la soif de la Volonté de Dieu. – Nous sommes encadrés par la volonté de Dieu. Elle se présente à nous sous la forme de la Règle, des obédiences qui nous sont communiquées, des inspirations de notre conscience… Mais nous ne savons pas le reconnaître. Nous pensons avoir affaire à telle occupation qui nous agrée ou non, à telle personne, à telle contrariété, à telle épreuve de la vie commune… Mais ce sont des volontés de Dieu. Si nous avions faim de justice comme Notre-Seigneur, nous irions à ces occasions de trouble, d’épreuve, comme à une nourriture succulente qui nous apaiserait. Le Saint-Esprit est capable de nous inspirer ces redressements dans tous les détails. Pendant sa vie cachée, Notre-Seigneur, dans ses actions, ses courses, ses occupations, ses conversations, rencontrait des occasions de froissement, d’ennui; c’était sa nourriture, la volonté de Dieu qu’il voyait en toutes choses, petites et grandes.

Quand Dieu veut pour nous l’épreuve, la souffrance, c’est sa volonté. Les souffrances sont pénibles. L’impression naturelle que font ces messagères du bon Dieu est une impression d’ennui, de dégoût; on gémit sur soi, on voudrait se soustraire. Une âme forte reconnaît là la volonté de Dieu, Sainte Thérèse ne concevait pas une vie sans souffrance: «Ou souffrir, ou mourir» disait-elle.

La faim des souffrances est difficile, héroïque; non seulement ne pas s’y soustraire, mais au contraire les désirer est un effet manifeste du don de force. Il est des âmes qui en sont là; elles appellent les infirmités, des miséricordes du Seigneur. Elles voient dans les souffrances une association plus proche aux souffrances du Sauveur et elles en ont soif. Cela est au-dessus de nos forces, mais le Saint-Esprit peut nous l’inspirer, pourquoi ne pas le lui demander.

La faim et la soif des âmes. – C’est encore une nourriture qui nous est proposée.
Et d’abord les âmes des personnes qui nous entourent. Ce sont des âmes que Dieu aime, auxquelles il veut du bien. Elles ont leurs lacunes, leurs insuffisances, comme nous avons les nôtres. Cependant Dieu se plaît en elles, il veut les sanctifier, parce qu’il voit avant tout leur bien. Nous devons entrer dans cette vue et cette volonté de Dieu, réprimer tout sentiment mauvais, amer, et faire sortir de nous-mêmes des sentiments de bonté, de miséricorde, leur procurer tous les services, afin de les aider dans ce travail de leur sanctification.

Ensuite, les âmes des malheureux qui ont besoin de nous. Il faut en eux voir les âmes, la volonté de Dieu sur elle, la résidence mystérieuse de Jésus-Christ dans le pauvre et le malade. Appliquons-nous-y de plus en plus à fond, et par notre dévouement inlassable aux misères des corps, donnons à Dieu des âmes, sanctifions ces âmes auxquelles il nous envoie, ou qu’il nous envoie.

Nous avons donc bien des occasions d’éprouver et de satisfaire cette faim et cette soif de sainteté, qui nous est donnée dans l’Évangile comme une béatitude et qui naît de l’activité du don de Force.

Remettons-nous pleinement sous le souffle divin, qui nous donnera la force, la confiance, l’activité victorieuse et dont la marque en nous sera la faim de la sainteté, la soif de la volonté divine. Ne craignons pas de pousser à fond cette faim, dans les limites de la prudence; le Saint-Esprit est avec nous pour nous conduire jusqu’à la vérité, la justice, la sainteté. Notre labeur, s’il demande des consentements qui sont des sacrifices, sera récompensé, car il est écrit dans l’Évangile « que ceux qui ont faim et soif de la justice sont bienheureux, parce qu’ils seront rassasiés (Matth., V, 6) ».   

21 janvier – Sainte Agnès

22 janvier, 2009

du site:

http://missel.free.fr/calendrier.php?mois=1&annee=2009

21 janvier – Sainte Agnès


Historique

A propos de sainte Agnès, la tradition latine a pour fondement le De Virginibus de saint Ambroise. Prononcé pour la fête de la sainte, en janvier 375 ou 376, le sermon donne la plus ancienne représentation du martyre de date certaine :

A douze ans, Agnès accomplit son martyre ; détestable cruauté qui n’épargna point cet âge si jeune ou plutôt admirable puissance de la foi qui jusque dans cet âge sut trouver un témoin.

En un si petit corps, y eut-il place pour la blessure ? Et pourtant, n’ayant pas où recevoir le glaive, elle eut de quoi vaincre le glaive.

Les filles de cet âge ne peuvent soutenir le regard irrité de leurs parents, une piqûre d’aiguille les fait pleurer, comme si c’était une blessure ; Agnès, intrépide entre les mains sanglantes des bourreaux, immobile au milieu des lourdes chaînes qu’on tire avec fracas, offre tout son corps à la pointe du glaive que le soldat brandit contre elle avec fureur.

Sans savoir encore ce qu’est la mort, elle est prête à la subir. Si, malgré elle, on la traîne aux autels, à travers leurs feux elle tend les mains vers le Christ ; sur les foyers sacrilèges, elle forme le signe victorieux de la croix du Seigneur. Au carcan et aux menottes de fer, elle passe son cou et ses deux mains ; mais il n’en était pas qui pussent serrer des membres si délicats.

Martyre d’un genre inconnu, elle n’a point l’âge requis pour le supplice et elle est capable d’en triompher. À grand’peine elle peut être admise à combattre et, sans peine, elle ravit la couronne. Elle est maîtresse consommée en fait de courage, elle qui en était dispensée par son âge. L’épousée n’irait pas aussi allègrement à la salle nuptiale que la vierge alla, joyeuse de son succès, hâtant le pas vers le lieu de son supplice, ayant pour orner sa tête non la coiffure bien tressée, mais le Christ, ayant pour couronne non les fleurs, mais les vertus.

Tous pleuraient, elle seule était sans larmes.

On s’étonnait qu’elle fût si facilement prodigue de sa vie, qu’elle la donnât sitôt, non encore goûtée, comme si elle en était rassasiée déjà. Chacun s’émerveillait de la voir se présenter déjà en témoin de la divinité, à un âge où l’on ne peut encore disposer de soi.

Elle fit tant qu’on accepta, quand il s’agissait de Dieu, son témoignage qu’on n’aurait pu recevoir s’il se fût agi d’un homme ; ce qui dépasse la nature ne dénote-t-il pas l’auteur de la nature.

Quel appareil de terreur employa le juge pour l’intimider, que de douces paroles pour la persuader ! Combien lui exprimèrent le vœu de l’obtenir pour épouse ! Mais c’est faire injure à mon fiancé, dit-elle, que s’attendre à me plaire. Celui-là m’aura pour sienne qui le premier m’a choisie. Pourquoi, bourreau, tant de retards ? Périsse un corps qui peut être aimé par des yeux auxquels je me refuse !

Elle se tient droite, elle prie, elle infléchit le cou. Le juge frémit comme s’il était le condamné. Le bourreau sentit sa main trembler, son visage pâlir ; il redoutait pour Agnès ce qu’Agnès ne redoutait pas pour elle-même.

Vous avez donc en une seule victime un double martyre : celui de la pudeur et celui de la religion. Agnès est restée vierge et elle a obtenu le martyre.

Ambroise aime ici à répandre des fleurs sur son sujet ; il se soucie des antithèses beaucoup plus que des faits ; il suppose que son auditoire connaît l’histoire ou la légende de son héroïne ; il se réclame de la tradition dont les points essentiels se ramènent aux suivants :

1. Agnès accomplit son martyre à douze ans ; la naissance de la sainte a pu varier entre 240 et 290, le martyre entre 254 et 304 ; les auteurs, ici, ne sont pas d’accord ;

2. Agnès était vierge et elle a dû lutter pour rester vierge ;

3. Agnès a péri percée par le glaive ; elle est allée spontanément au martyre.

D’autre part, dans la composition de son hymne, Agnes beatæ virginis, le même saint Ambroise a mis en lumière quelques traits laissés ici dans l’ombre ; ainsi, la modestie de la vierge mourante : curam pudoris præstitit, de l’avant-dernière strophe ; mais les différences ne portent que sur des particularités. Les données de la tradition ambrosienne restent donc plausibles.

 De Virginibus de saint Ambroise

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Les reliques et les églises de Rome en son honneur

Lorsque le martyre d’Agnès fut consommé, ses restes furent recueillis et portés dans une villa de la famille, non loin de la voie Nomentane ; on a cru retrouver cette villa dans le monastère de Sainte-Agnès-hors-les-Murs.

Quand la paix fut donnée à l’Église, les malades affluèrent au tombeau. Constance, qu’on a dite fille de Constantin le Grand fut guérie par l’intercession de sainte Agnès. Au tombeau de cette sainte, le pape Libère fit mettre des tables de marbre, sur l’une de ces tables, saint Damase inscrivit les louanges d’Agnès et y mentionna le nom de Constance. Cette princesse avait, en 321, résolu d’élever une basilique sur le tombeau : ce fut Sainte-Agnès-hors-les-Murs.

Vers 410, Innocent I° mit la basilique et son cimetière sous la juridiction du prêtre titulaire de Saint-Vital. Les récits du V° siècle font allusion à la conservation du corps sous l’autel majeur de Sainte-Agnès-hors-les-Murs. Il y eut des réparations, sous Symmaque, Honorius I° ; des dévastations par les Lombards en 755, puis des réparations sous Adrien I°, en 773.

Près de la basilique se trouvait un monastère de religieuses basiliennes grecques auxquelles Léon III fit des dons magnifiques pour l’ornementation de l’église. En somme, jusqu’au IX° siècle, les reliques de sainte Agnès restèrent intactes dans le tombeau où l’on avait placé aussi le corps de sainte Émérentienne (23 janvier) ; sous Pascal I° (817-824), les religieuses grecques furent remplacées par des bénédictines ; le corps de sainte Émérentienne fut tiré du tombeau, son chef resta à la basilique de la voie Nomentane, mais sans être placé sous l’autel. Le corps de sainte Agnès resta dans le tombeau, sous l’autel majeur ; le chef en fut détaché pour être porté dans la chapelle du palais pontifical du Latran, appelée Sancta sanctorum. En 877, Jean VIII pouvait emporter dans ses voyages le chef de sainte Agnès ; de là diverses translations et repositions pendant les XIV° et XVI° siècles. Il était dans un reliquaire donné par Honorius III, on en a fait une reconnaissance en 1903.

Quant au corps de sainte Agnès, la reconnaissance qui en fut faite l’an 1605 en constate la présence à Sainte-Agnès-hors-les-Murs.

Une pratique annuelle observée dans cette basilique a quelque rapport symbolique avec sainte Agnès elle-même. Chaque année, après la messe solennelle du 21 janvier, l’abbé de Saint-Pierre-ès-Liens bénit deux agneaux qui ont été donnés à titre de redevance au chapitre de Saint-Jean-de-Latran ; les chanoines de ce chapitre desservent maintenant la basilique de Sainte-Agnès-hors-les-Murs ; ils offrent au pape ces deux agneaux bénits dont le soin est confié aux religieuses du couvent de Saint-Laurent in Panisperna ; elles en recueillent et tissent la laine pour la confection des palliums.

Outre la basilique de Sainte-Agnès-hors-les-Murs, Rome possédait plusieurs églises construites en l’honneur de sainte Agnès dont deux ont disparu : celle du Transtevere et S. Agnese ad duo furna ; en revanche, il existe encore, place Navonne, S. Agnese in Agone, à l’endroit même où s’élevaient les arcades du stade de Domitien, là où la tradition latine place l’exposition et le supplice de sainte Agnès.

A Paris, au début du XIII° siècle, sainte Agnès possédait une chapelle, près des Halles, qui fut plus tard érigée en église paroissiale sous le vocable de Saint-Eustache où Augustin de Saint-Aubin a dessiné la châsse de sainte Agnès, telle qu’il la voyait, vers 1779, dans le recueil de Stockholm ; Lepautre sculpta une sainte Agnès sur le banc d’oeuvre.