Archive pour novembre, 2008
« Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants »
22 novembre, 2008du site:
http://www.levangileauquotidien.org/www/main.php?language=FR&localTime=11/22/2008#
Saint Justin (vers 100 -160), philosophe, martyr
Traité sur la Résurrection, 8 (trad. OC, Migne 1994, p. 354 rev.)
« Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants »
La chair est précieuse aux yeux de Dieu, il la préfère entre toutes ses oeuvres, donc ce serait normal qu’il la sauve… Ne serait-ce pas absurde que ce qui a été créé avec tant de soin, ce que le Créateur considère comme plus précieux que tout le reste, cela retourne au néant ?
Quand un sculpteur ou un peintre veulent que demeurent les images qu’ils ont créées afin de servir leur gloire, ils les restaurent lorsqu’elles sont abîmées. Et Dieu verrait son bien, son oeuvre, retourner au néant, ne plus exister ? Nous appellerions « ouvrier de l’inutile » celui qui bâtirait une maison pour la détruire ensuite ou qui la laisserait s’abîmer quand il peut la remettre debout. De la même façon, n’accuserions-nous pas Dieu de créer la chair inutilement ? Mais non, l’Immortel n’est pas ainsi ; celui qui par nature est l’Esprit de l’univers ne saurait être insensé !… En vérité, Dieu a appelé la chair à renaître et il lui a promis la vie éternelle.
Car là où on annonce la bonne nouvelle du salut de l’homme, on l’annonce aussi pour la chair. Qu’est-ce que l’homme en effet, sinon un être vivant doué d’intelligence, composé d’une âme et d’un corps ? L’âme toute seule fait-elle l’homme ? Non, c’est l’âme d’un homme. Appellera-t-on « homme » le corps ? Non, on dit que c’est un corps d’homme. Si donc aucun de ces deux éléments n’est à lui seul l’homme, c’est l’union des deux qu’on appelle « l’homme ». Or c’est l’homme que Dieu a appelé à la vie et à la résurrection : non pas une partie de lui, mais l’homme tout entier, c’est-à-dire l’âme et le corps. Ne serait-ce donc pas absurde, alors que tous deux existent selon et dans la même réalité, que l’un soit sauvé et pas l’autre ?
bonne nuit
21 novembre, 2008La Liturgie maronite: Que le temple intérieur soit aussi beau que le temple de pierres
21 novembre, 2008du site:
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La Liturgie maronite
Prière pour la dédicace d’une église
Que le temple intérieur soit aussi beau que le temple de pierres
Quand trois sont assemblés en ton nom (Mt 18,20), ils forment déjà une église. Garde les milliers ici rassemblés : leurs coeurs avaient préparé un sanctuaire avant que nos mains ne construisent celui-ci à la gloire de ton nom. Que le temple intérieure soit aussi beau que le temple de pierres. Daigne habiter dans l’un comme dans l’autre ; nos coeurs comme ces pierres sont marqués de ton nom.
La toute-puissance de Dieu aurait pu s’élever une demeure aussi aisément que, d’un geste, elle a donné l’existence à l’univers. Mais Dieu a bâti l’homme afin que l’homme bâtisse des demeures pour lui. Béni soit sa clémence qui nous a tant aimés ! Il est infini ; nous sommes limités. Il construit pour nous le monde ; nous lui construisons une maison. Il est admirable que l’homme puisse bâtir une demeure à la Toute-puissance partout présente, à qui rien ne saurait échapper.
Il habite au milieu de nous avec tendresse ; il nous attire avec des liens d’amour ; il reste parmi nous et nous appelle afin que nous prenions le chemin du ciel pour habiter avec lui. Il a quitté sa demeure et a choisi l’Eglise pour que nous délaissions notre demeure et choisissions le paradis. Dieu a habité au milieu des hommes pour que les hommes rencontrent Dieu.
Crocefisso
20 novembre, 2008Crocefisso, Firenze, Santa Croce
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Audience générale du 19 novembre : La justification par la foi (Saint Paul)
20 novembre, 2008
du site:
http://www.zenit.org/article-19422?l=french
Audience générale du 19 novembre : La justification par la foi
Texte intégral
ROME, Mercredi 19 novembre 2008 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse prononcée ce mercredi par le pape Benoît XVI au cours de l’audience générale, place Saint-Pierre.
* * *
Chers frères et sśurs,
Sur le chemin que nous sommes en train de faire sous la conduite de saint Paul, nous voulons à présent nous arrêter sur un thème qui se trouve au centre des controverses du siècle de la Réforme : la question de la justification. Comment l’homme devient-il juste aux yeux de Dieu ? Lorsque Paul rencontra le Ressuscité sur le chemin de Damas, il était un homme réalisé : irrépréhensible quant à la justice dérivant de la Loi (cf. Ph 3, 6), il observait les prescriptions mosaïques mieux que beaucoup de personnes de son âge et soutenait avec zèle les traditions des pères (cf. Ga 1, 14). L’illumination de Damas changea radicalement son existence : il commença à considérer tous les mérites, acquis dans une carrière religieuse intègre, comme des « balayures » face au caractère sublime de la connaissance de Jésus Christ (cf. Ph 3, 8). La Lettre aux Philippiens nous offre un témoignage touchant du passage de Paul d’une justice fondée sur la Loi et acquise avec l’observance des śuvres prescrites, à une justice fondée sur la foi dans le Christ : il avait compris que ce qui lui était apparu jusqu’alors comme un avantage était en réalité une perte face à Dieu, et il avait donc décidé de miser toute son existence sur Jésus Christ (cf. Ph 3, 7). Le trésor caché dans le champ et la perle précieuse dans l’achat de laquelle il faut investir tout le reste n’étaient plus les śuvres de la Loi, mais Jésus Christ, son Seigneur.La relation entre Paul et le Ressuscité devint tellement profonde qu’elle le poussa à affirmer que le Christ n’était plus seulement sa vie mais sa façon de vivre, au point que pour pouvoir le rejoindre même mourir devenait un avantage (cf. Ph 1, 21). Non pas qu’il méprisât la vie, mais il avait compris que pour lui vivre n’avait désormais plus d’autre but et il ne nourrissait donc pas d’autre désir que celui de rejoindre le Christ, comme dans une compétition d’athlétisme, pour rester toujours avec Lui : le Ressuscité était devenu le principe et la finalité de son existence, la raison et le but de sa course. Seule la préoccupation pour la maturation de la foi de ceux qu’il avait évangélisés et la sollicitude pour toutes les Eglises qu’il avait fondées (cf. 2 Co 11, 28) le poussaient à ralentir sa course vers son unique Seigneur, pour attendre les disciples afin qu’ils puissent courir avec lui vers le but. Si dans l’observance précédente de la Loi il n’avait rien à se reprocher d’un point de vue de l’intégrité morale, une fois le Christ rejoint il préférait ne pas prononcer de jugement sur lui-même (cf. 1 Co 4, 3-4), mais il se limitait à se proposer de courir pour conquérir Celui par lequel il avait été conquis (cf. Ph 3, 12). C’est précisément en raison de cette expérience personnelle de la relation avec Jésus Christ que Paul place désormais au centre de son Evangile une opposition irréductible entre deux parcours alternatifs vers la justice : l’un construit sur les śuvres de la Loi, l’autre fondé sur la grâce de la foi dans le Christ. L’alternative entre la justice par les śuvres de la Loi et celle par la foi dans le Christ devient ainsi l’un des motifs dominants qui parcourt ses Lettres : « Nous, nous sommes Juifs de naissance, nous ne sommes pas de ces pécheurs que sont les païens ; cependant nous le savons bien, ce n’est pas en observant la Loi que l’homme devient juste devant Dieu, mais seulement par la foi en Jésus Christ ; c’est pourquoi nous avons cru en Jésus Christ pour devenir des justes par la foi au Christ, mais non par la pratique de la loi de Moïse, car personne ne devient juste en pratiquant la Loi » (Ga 2, 15-16). Et il répète aux chrétiens de Rome : « Tous les hommes sont pécheurs, ils sont tous privés de la gloire de Dieu, lui qui leur donne d’être des justes par sa seule grâce, en vertu de la rédemption accomplie dans le Christ Jésus » (Rm 3, 23-24). Et il ajoute : « En effet, nous estimons que l’homme devient juste par la foi, indépendamment des actes prescrits par la loi de Moïse » (ibid. 28). A ce point, Luther traduisit : « justifié par la seule foi ». Je reviendrai sur ce point à la fin de la catéchèse. Nous devons tout d’abord éclaircir ce qu’est cette « Loi » de laquelle nous sommes libérés et ce que sont ces « śuvres de la Loi » qui ne justifient pas. L’opinion – qui allait ensuite revenir systématiquement dans l’histoire – selon laquelle il s’agissait de la loi morale, et que la liberté chrétienne consistait donc dans la libération par rapport à l’éthique, existait déjà dans la communauté de Corinthe. Ainsi, à Corinthe, circulait la parole ‘tout est licite pour moi’. Il est évident que cette interprétation est erronée : la liberté chrétienne n’est pas libertinisme, la libération dont parle saint Paul ne libère pas du devoir d’accomplir le bien.Mais que signifie par cons
équent la Loi dont nous sommes libérés et qui ne sauve pas ? Pour saint Paul comme pour tous ses contemporains, le mot Loi signifiait la Torah dans sa totalité, c’est-à-dire les cinq livres de Moïse. La Torah impliquait, dans l’interprétation pharisienne, celle étudiée et reprise par saint Paul, un ensemble de comportements qui allaient du noyau éthique jusqu’aux observances rituelles et cultuelles qui déterminaient substantiellement l’identité de l’homme juste. En particulier la circoncision, les observances concernant les aliments purs et plus généralement la pureté rituelle, les règles sur l’observance du sabbat, etc. Des comportements qui apparaissent souvent également dans les débats entre Jésus et ses contemporains. Toutes ces observances qui expriment une identité sociale, culturelle et religieuse étaient devenues particulièrement importantes à l’époque de la culture hellénistique qui commence au IIIe siècle avant Jésus Christ. Cette culture, qui était devenue la culture universelle de l’époque et qui était une culture apparemment rationnelle, une culture polythéiste, apparemment tolérante, constituait une forte pression vers l’uniformité culturelle et menaçait ainsi l’identité d’Israël qui était politiquement obligée d’entrer dans cette identité commune de la culture hellénistique, perdant de ce fait sa propre identité ; et perdant également, par conséquent, le précieux héritage de la foi des Pères, de la foi en l’unique Dieu et dans les promesses de Dieu.
Contre cette pression culturelle qui menaçait non seulement l’identité israélite mais aussi la foi dans l’unique Dieu et dans ses promesses, il fallait créer un mur de distinction, un bouclier de défense pour protéger le précieux héritage de la foi ; ce mur consistait précisément dans les observances et les prescriptions judaïques. Paul, qui avait appris ces observances justement en tant que défense du don de Dieu, de l’héritage de la foi en un Dieu unique, a vu cette identité menacée par la liberté des chrétiens : c’est pour cette raison qu’il les persécutait. Au moment de sa rencontre avec le Ressuscité, il comprit qu’avec la résurrection du Christ la situation avait radicalement changée. Avec le Christ, le Dieu d’Israël, l’unique vrai Dieu, devenait le Dieu de tous les peuples. Le mur – comme il le dit dans la Lettre aux Ephésiens – entre Israël et les païens n’était plus nécessaire : c’est le Christ qui nous protège contre le polythéisme et toutes ses déviances ; c’est le Christ qui nous unit avec et dans l’unique Dieu ; c’est le Christ qui garantit notre identité véritable dans la diversité des cultures. Le mur n’est plus nécessaire, notre identité commune dans la diversité des cultures est le Christ, et c’est lui qui nous rend juste. Etre juste veut simplement dire être avec Jésus Christ en Jésus Christ. Et cela suffit. Les autres observances ne sont plus nécessaires. C’est pourquoi l’expression « sola fide » de Luther est vraie, si l’on n’oppose pas la foi à la charité, à l’amour. La foi c’est regarder le Christ, s’en remettre au Christ, s’attacher au Christ, se conformer au Christ, à sa vie. Et la forme, la vie du Christ c’est l’amour ; donc croire c’est se conformer au Christ et entrer dans son amour. C’est pourquoi saint Paul dans la Lettre aux Galates, dans laquelle il a notamment développé sa doctrine sur la justification, parle de la foi qui śuvre au moyen de la charité (cf. Ga 5, 14).Paul sait que toute la Loi est présente et s’accomplit dans le double amour de Dieu et du prochain. Ainsi, toute la Loi est réalisée dans la communion avec le Christ, dans la foi qui crée la charité. Nous devenons justes en entrant en communion avec le Christ qui est l’amour. Nous verrons la même chose dans l’Evangile de dimanche prochain, solennité du Christ Roi. C’est l’Evangile du juge dont l’unique critère est l’amour. Ce qu’il demande c’est seulement cela : m’as-tu visité quand j’étais malade ? Quand j’étais en prison ? M’as-tu donné à manger quand j’ai eu faim, m’as-tu vêtu quand j’étais nu ? Et ainsi la justice se décide dans la charité. Ainsi, au terme de cet Evangile, nous pouvons presque dire : juste l’amour, juste la charité. Mais il n’y a pas de contradiction entre cet Evangile et saint Paul. C’est la même vision, la vision selon laquelle la communion avec le Christ, la foi dans le Christ crée la charité. Et la charité est la réalisation de la communion avec le Christ. Ainsi, en étant unis à lui, nous sommes justes, et de nulle autre manière.
A la fin, nous ne pouvons que prier le Seigneur qu’il nous aide à croire, croire réellement ; croire devient ainsi vie, unité avec le Christ, transformation de notre vie. Et ainsi, transformés par son amour, par l’amour de Dieu et du prochain, nous pouvons être réellement justes au yeux de Dieu.
Puis le pape a proposé une synthèse de sa catéchèse, en français :
Chers frères et sśurs francophones, je voudrais commencer aujourd’hui à vous parler de la doctrine de la justification chez saint Paul. Mon point de départ seront les versets 21 à 24 du chapitre 3 de la Lettre aux Romains où l’Apôtre développe la relation qui existe entre la foi et les śuvres. Saint Paul lorsqu’il a rencontré le Christ sur le chemin de Damas, se jugeait irréprochable selon les critères de la Loi mosaïque. Pourtant, à ce moment là, il a découvert une justice nouvelle, gracieusement offerte et basée sur la foi dans le Christ mort et ressuscité. Le Christ est devenu le principe et la finalité de son existence et l’Apôtre voulait partager à ses disciples son expérience christique. C’est elle que Paul place au centre de son annonce en mettant en évidence une opposition irréductible entre deux parcours : celui construit sur les śuvres de la Loi, et l’autre, sur la grâce de la foi au Christ crucifié. L’évènement de Damas a permis à Paul de comprendre la Loi de manière nouvelle : si celle-ci est bonne et si elle vient de Dieu, seule, elle est impuissante à nous justifier car elle ne peut donner la vie. Ce don n’est effectif qu’avec l’accomplissement de la promesse faite à Abraham, par l’envoi de l’Esprit. La Croix du Christ est l’unique voie ouverte vers la justification. Paul ne désire pas abroger la Loi mosaïque car elle vient de Dieu et constitue l’identité d’Israël, mais elle trouve son accomplissement dans le Christ et se vit dans le commandement de l’amour qu’il nous a laissé. Plutôt que vers la sola fides, l’enseignement de Paul nous conduit vers le solus Christus, le seul Christ, centre de notre foi et unique sauveur du monde.
Je suis heureux de saluer les pèlerins de Montréal avec Son Eminence le cardinal Jean-Claude Turcotte, les membres de la Conférence internationale catholique du Scoutisme, et la paroisse de Béziers. Avec saint Paul, vivons du Christ qui est le centre de notre foi et de notre vie ! Avec ma Bénédiction apostolique.
bonne nuit
20 novembre, 2008Origène: « En voyant la ville, Jésus pleura sur elle »
20 novembre, 2008du site:
http://www.levangileauquotidien.org/www/main.php?language=FR&localTime=11/20/2008#
Origène (v.185-253), prêtre et théologien
Homélie 38 sur Luc, PG 13, 1896-1898 (trad. Thèmes et figures, DDB 1984, p146)
« En voyant la ville, Jésus pleura sur elle »
Quand notre Seigneur et Sauveur fut proche de Jérusalem, à sa vue, il pleura sur elle : « Ah! si en ce jour tu avais compris, toi aussi, le message de paix ! Mais maintenant encore il demeure caché à tes yeux. Oui, des jours vont fondre sur toi où tes ennemis t’environneront de retranchements »… Quelqu’un dira peut-être : « Le sens de ces paroles est clair ; de fait, elles se sont réalisées au sujet de Jérusalem ; l’armée romaine l’a assiégée et dévastée jusqu’à l’extermination, et le temps viendra où il n’en restera plus pierre sur pierre. »
Je ne le nie pas, Jérusalem a été détruite à cause de son aveuglement, mais je pose la question : ces pleurs ne concernaient-ils pas notre Jérusalem à nous ? Car nous sommes la Jérusalem sur laquelle Jésus a pleuré, nous qui imaginons avoir un regard si pénétrant. Si, une fois instruit des mystères de la vérité, après avoir reçu la parole de l’Évangile et l’enseignement de l’Église…, l’un de nous pèche, il provoquera lamentations et pleurs, car on ne pleure sur aucun des païens, mais sur celui qui après avoir fait partie de Jérusalem a cessé d’en être.
Des pleurs sont versés sur notre Jérusalem parce qu’en raison de ses péchés « les ennemis vont l’entourer », c’est-à-dire les forces adverses, les esprits mauvais. Ils dresseront autour d’elle un retranchement ; ils l’assiègeront, et « ils n’en laisseront pas pierre sur pierre ». C’est ce qui arrive lorsqu’après une longue continence et plusieurs années de chasteté, un homme succombe, vaincu par les séductions de la chair… Voilà donc la Jérusalem sur laquelle des pleurs sont versés.
SAINTE MECHTILDE de HACKEBORN
19 novembre, 2008du site:
http://www.magnificat.ca/cal/fran/02-26.htm
du site:
http://www.magnificat.ca/cal/fran/02-26.htm
SAINTE MECHTILDE de HACKEBORN
Vierge, Bénédictine
(1240-1298)
Sainte Mechtilde et Sainte Gertrude sa soeur, comtesses de Hackeborn, et proches parentes de l’empereur Frédéric II, naquirent à Isèble dans la Haute-Saxe. Mechtilde fut élevée chez les bénédictines de Rédaresdorff ou Rodersdorff, au diocèse de Halberstad. Elle montra, dès ses premières années, une grande innocence de moeurs et un grand dédain pour les vanités mondaines. Son obéissance charmait ses supérieures; on la voyait toujours exécuter avec autant de joie que de ponctualité ce qui lui avait été prescrit. Son amour pour la mortification frappait toutes les personnes qui vivaient avec elle. Jamais elle ne flattait son corps et quoiqu’elle fût d’une complexion très délicate, elle s’interdisait l’usage de la viande et du vin. Son humilité lui faisait éviter tout ce qui aurait pu sentir l’ostentation: elle mettait même autant de soin à cacher ses vertus, que les autres en mettent d’ordinaire à cacher leurs vices.
Elle ne voulut point sortir de la solitude, et quand elle fut en âge de se consacrer à Dieu par des voeux, elle fit profession dans le monastère de Rodersdorff. Quelque temps après, on l’envoya à Diessen, en Bavière, où elle devint supérieure du monastère de ce nom.
Elle y introduisit bientôt la pratique des plus sublimes vertus. Persuadée qu’on ne peut atteindre à la perfection monastique sans une exacte observation de tous les points de la règle, elle exhortait ses soeurs à s’y conformer avec promptitude, et à anticiper plutôt sur le temps marqué pour chaque exercice, que de se permettre le moindre retard par négligence.
Le monastère d’Ottilsteten ou d’Edelstetin, en Souabe, était alors tombé dans un grand relâchement. Les évêques du pays, voulant y introduire la réforme, ordonnèrent à Mechtilde de s’y retirer et de se charger de cette bonne oeuvre: mais la sainte employa diverses raisons pour s’en dispenser; elle eut même recours aux larmes et aux prières. Tout fut inutile, il fallut obéir. Elle se rendit à sa nouvelle communauté et y rétablit en peu de temps l’esprit d’une parfaite régularité. Personne ne peut résister à la force réunie de sa douceur et de ses exemples. Austère pour elle-même, elle était pleine de bonté pour les autres. Elle savait faire aimer la règle en la faisant observer, et tenir ce juste milieu qui consiste à ménager la faiblesse humaine, sans élargir les voies évangéliques. Ses instructions étaient toujours accompagnées de cet esprit de charité et d’insinuation qui rend la vertu aimable. Elle obligeait ses soeurs à la plus exacte clôture, et les tenait éloignées de tout commerce avec les gens du monde: les préservant ainsi de la dissipation dont l’effet ordinaire est de refroidir la charité et d’éteindre la ferveur.
Son lit était un peu de paille, sa nourriture fort grossière, encore ne mangeait-elle que pour soutenir son corps. Elle partageait tous ses moments entre la prière, la lecture et le travail des mains. Elle observait le silence le plus rigoureux. L’esprit de componction dont elle était animée fournissait à ses yeux une source continuelle de larmes. Elle ne se crut jamais dispensée de la règle, pas même à la cour de l’empereur, où elle avait été obligée d’aller pour les affaires de son monastère. Lorsque la maladie la forçait à garder le lit, sa plus grande douleur était de ne pouvoir assister, avec les autres soeurs, à la prière et à l’office de la nuit. Elle mourut à Diessen le 29 mars, quelque temps après l’an 1300, et avant sainte Gertrude, sa soeur. Son nom n’a jamais été inséré dans le martyrologe romain; mais on le trouve dans plusieurs calendriers sous le 10 avril, le 29 mars et le 30 mai.
M. L’Abbé Jacquet, L’Année Chrétienne, La Vie d’un saint pour chaque jour, Tome I, p. 409-410
Madeleine Delbrêl, « grande mystique missionnaire », par le P. Gilles François
19 novembre, 2008du site:
http://www.zenit.org/article-19402?l=french
Madeleine Delbrêl, « grande mystique missionnaire », par le P. Gilles François
Centre Saint-Louis de France « L’Europe et le langage de la mystique féminine »
ROME, Lundi 17 novembre 2008 (ZENIT.org
) – Madeleine Delbrêl, qui a dit, trois semaines avant sa mort, être « éblouie par Dieu », est « une grande mystique missionnaire », estime le P. Gilles François. Le P. François, président des Amis de Madeleine Delbrêl amis.madeleine.delbrel@wanadoo.fr ), et auteur de « Madeleine Delbrêl, genèse d’une spiritualité » (Nouvelle Cité 2008) a tenu une conférence intitulée « Madeleine Delbrêl : une vie de conversion », au centre culturel Saint-Louis de France, à Rome, dans le cadre d’une réflexion sur « L’Europe et le langage de la mystique féminine », promue par l’université romaine « Roma 3 », ce lundi, 17 novembre.
Le P. Franç
ois a voulu « repérer les traces de Jésus Christ » dans le langage mystique de Madeleine Delbrêl , « au travers de quatre périodes de sa vie ».
« Il y a 75 ans, rappelait-il, Madeleine Delbrêl (1904-1964) démarrait avec des compagnes une aventure qui dure encore dans la banlieue ouvrière d’Ivry au sud de Paris. Dans ce fief du communisme français, son engagement auprès des plus pauvres était le fruit de sa conversion à l’âge de 20 ans et de son amour pour Jésus-Christ ».
Le premier é
pisode, intitulé « Conversion, désert et solitude » est reflété dans le poème « Le désert », du 29 mars 1924, jour de sa conversion.
« Viens à moi, le désert est un immense appel… ».1 « Dans ce poème de style symboliste, retravaillé ensuite et où il est question d’un « livre ouvert sur le bord du néant » se découvre une attirance de Madeleine pour l’abîme, un thème qu’elle développe souvent ensuite : « [La] passion de Dieu, écrit-elle en 1960, nous révèlera que notre vie chrétienne est une marche entre deux abîmes. L’un est l’abîme mesurable des rejets de Dieu par le monde, l’autre est l’abîme insondable des mystères de Dieu » 2, a expliqué le P. François.
Le deuxiè
me épisode, « les noces mystiques et la Croix » se reflètent dans ses lettres de 1930 à son confesseur.
« Dans une lettre inédite du 11 octobre 1930, Madeleine exprime son union à Jésus-Christ comme un double amour : amour d’épouse, orienté vers Lui, et amour de mère, orienté vers les âmes », a fait remarquer le conférencier qui soulignait que son langage « est celui de joyeuses noces mystiques ». Et de citer ce passage : « Le plus petit instant d’amour vrai en croix nous est plus précieux que des heures de prière confortable ou des monceaux d’aumônes, parce que l’âme aime Jésus d’un amour d’épouse en se donnant elle-même, ce qui est le plus qu’elle puisse faire et que, en même temps, elle donne la vie aux autres âmes, elle les aime d’un amour de mère ».3 »
« Pour Madeleine Delbrê
l, disait le P. François, l’audace d’aimer vient de l’union mystique exprimée aussi dans l’adoration : « Être des îlots de résidence divine (…), être voué avant tout à l’adoration, laisser peser sur nous jusqu’à l’écrasement le mystère de la vie divine ».4 »
Un troisiè
me épisode correspond à des « paroles pour un mieux vivre ensemble », qui s’expriment dans sa « Veillée d’armes », de 1942.
« Devenue assistante sociale, rappelait le confé
rencier, Madeleine écrit en 1934 : « Le service social est la robe neuve de la charité. La charité est l’âme du vrai service social ».5 »
Il pré
cisait qu’elle montera « en première ligne » durant toute la période de la guerre, « en tant que responsable du service social de la Mairie d’Ivry, coordinatrice et formatrice de services sociaux, elle poursuit sa réflexion mystique dans un monde en crise ».
« Veillé
e d’armes, a-t-il expliqué, est un livre adressé aux travailleuses sociales. « C’est avec cette initiation à la souffrance du temps présent que nous nous sommes recueillis sur l’avenir », écrit-elle. « Il fallait que nos cœurs de femmes retrouvent la forme du ciel, qu’ils s’élargissent assez pour pouvoir comprendre la terre et pouvoir recevoir le ciel ».6 »
« Madeleine déborde du cadre de la spécialisation professionnelle : la force de son union à Dieu la porte vers l’universalité, mais son livre regorge aussi de conseils à propos du service : douceur, confiance, optimisme, humilité », a souligné le P. François.
Enfin, le quatriè
me épisode est relaté dans son livre « La femme, le prêtre et Dieu » (1950) et constitue comme une rencontre entre « le possible et Dieu ».
« Immergée dans la mission et le bouillonnement qui précède le Concile, Madeleine est une grande mystique missionnaire », a affirmé le conférencier.
Il soulignait que, dans «
un texte oublié, contemporain du Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir », elle médite sur « la complémentarité entre les prêtres et les femmes ».
« Dans la dernière partie, (« Le possible et Dieu »), elle développe, en questionnant le masculin et le féminin, que prêtres et laïques engagés dans le célibat se rejoignent dans un même signe, celui d’une « énorme humanité pour laquelle Dieu a dilaté en eux des entrailles immenses ».7 Le célibat des « volontaires d’un autre amour » est fécond », a fait observer le conférencier.
Il ajoutait, en soulignant la solitude que vé
cut Madeleine Delbrêl : « Madeleine sait le désert nécessaire. Il est un appel entendu par quelques-uns pour préparer l’accueil par tous de l’immensité de la charité, amour de Dieu qui prend tout et met en solitude :
« La solitude, ô mon Dieu
ce n’est pas que nous soyons seuls,
c’est que vous soyez là
car en face de vous, tout devient mort
ou tout devient vous »
.8 »
« C’est sur ce plan de la foi qu’elle ne cesse de méditer durant toute sa maturité et jusqu’à sa mort dans une œuvre littéraire immense que la publication des Œuvres complètes permet aujourd’hui de mieux découvrir », a conclu le P. Gilles François.
NOTES
1. M. Delbrêl connue et inconnue par G. François, B. Pitaud et A. Spycket (Nouvelle Cité 2004) 2. Nous autres, gens des rues, textes de M. Delbrêl (Seuil 1966) 3. M. Delbrêl, genèse d’une spiritualité par G. François et B. Pitaud (Nouvelle Cité 2008)
4. Communautés selon l’Évangile
, textes de M. Delbrêl (Seuil 1973) 5. M. Delbrêl, Le service social entre personne et société, tome VI des Œuvres complètes (Nouvelle Cité 2007) 6. M. Delbrêl, Profession assistante sociale, tome V des Œuvres complètes (Nouvelle Cité 2007) 7. A paraître dans le tome VIII des Œuvres complètes prévu en 2010
8. M. Delbrêl, Humour dans l’amour
, tome III des Œuvres complètes (Nouvelle Cité 2005)