Archive pour novembre, 2008

Saint Bernard : « Lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le royaume de Dieu est proche »

28 novembre, 2008

du site: 

http://www.levangileauquotidien.org/www/main.php?language=FR&localTime=11/28/2008#

Saint Bernard (1091-1153), moine cistercien et docteur de l’Église
Sermons sur le Cantique des cantiques, no. 74

« Lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le royaume de Dieu est proche »

« En lui nous vivons, en lui nous avons le mouvement et l’être » (Ac 17,28). Heureux celui qui vit par lui, qui est mû par lui, et en qui il est la vie. Vous me demanderez, puisque les traces de sa venue ne peuvent pas être découvertes, comment j’ai pu savoir qu’il était présent ? C’est qu’il est vivant et efficace (He 4,12) ; à peine était-il en moi qu’il a réveillé mon âme endormie. Il a vivifié, attendri et excité mon coeur qui était assoupi et dur comme une pierre (Ez 36,26). Il a commencé à arracher et à sarcler, à construire et à planter, à arroser ma sécheresse, à éclairer mes ténèbres, à ouvrir ce qui était fermé, à enflammer ma froideur, et aussi à « redresser les sentiers tortueux et aplanir les endroits rugueux » de mon âme (Is 40,4), de sorte qu’elle puisse « bénir le Seigneur et que tout ce qui est en moi bénisse son saint nom » (Ps 102,1).

Le Verbe Époux est venu en moi plus d’une fois, mais sans donner signe de son irruption… C’est au mouvement de mon coeur que j’ai perçu qu’il était là. J’ai reconnu sa force et sa puissance parce que mes mauvais penchants et mes passions s’apaisaient. La mise en discussion ou en accusation de mes sentiments obscurs m’a conduit à admirer la profondeur de sa sagesse. J’ai expérimenté sa douceur et sa bonté au léger progrès de ma vie. Et voyant « se renouveler l’homme intérieur » (2Co 4,16), mon esprit au plus profond de moi-même, j’ai découvert un peu de sa beauté. En saisissant du regard enfin tout cela ensemble, j’ai tremblé devant l’immensité de sa grandeur.

Saint Jean Chrysostome : La prière est la lumière de l’âme

28 novembre, 2008

du site:

http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20010302_giovanni-crisostomo_fr.html

La prière est la lumière de l’âme

« Le bien suprême, c’est la prière, l’entretien familier avec Dieu. Elle est communication avec Dieu et union avec lui. De même que les yeux du corps sont éclairés quand ils voient la lumière, ainsi l’âme tendue vers Dieu est illuminée par son inexprimable lumière. La prière n’est donc pas l’effet d’une attitude extérieure, mais elle vient du coeur. Elle ne se limite pas à des heures ou à des moments déterminés, mais elle déploie son activité sans relâche, nuit et jour.

En effet, il ne convient pas seulement que la pensée se porte rapidement vers Dieu lorsqu’elle s’applique à la prière; il faut aussi, même lorsqu’elle est absorbée par d’autres occupations – comme le soin des pauvres ou d’autres soucis de bienfaisance -, y mêler le désir et le souvenir de Dieu, afin que tout demeure comme une nourriture très savoureuse, assaisonnée par l’amour de Dieu, à offrir au Seigneur de l’univers. Et nous pouvons en retirer un grand avantage, tout au long de notre vie, si nous y consacrons une bonne part de notre temps.

La prière est la lumière de l’âme, la vraie connaissance de Dieu, la médiatrice entre Dieu et les hommes.

Par elle, l’âme s’élève vers le ciel, et embrasse Dieu dans une étreinte inexprimable; assoiffée du lait divin, comme un nourrisson, elle crie avec larmes vers sa mère. Elle exprime ses volontés profondes et elle reçoit des présents qui dépassent toute la nature visible.

Car la prière se présente comme une puissante ambassadrice, elle réjouit, elle apaise l’âme.

Lorsque je parle de prière, ne t’imagine pas qu’il s’agisse de paroles. Elle est un élan vers Dieu, un amour indicible qui ne vient pas des hommes et dont l’Apôtre parle ainsi: Nous ne savons pas prier comme il faut, mais l’Esprit lui-même intervient pour nous par des cris inexprimables.

Une telle prière, si Dieu en fait la grâce à quelqu’un, est pour lui une richesse inaliénable, un aliment céleste qui rassasie l’âme. Celui qui l’a goûté est saisi pour le Seigneur d’un désir éternel, comme d’un feu dévorant qui embrase son coeur.

Lorsque tu la pratiques dans sa pureté originelle, orne ta maison de douceur et d’humilité, illumine-la par la justice; orne-la de bonnes actions comme d’un revêtement précieux; décore ta maison, au lieu de pierres de taille et de mosaïques, par la foi et la patience. Au-dessus de tout cela, place la prière au sommet de l’édifice pour porter ta maison à son achèvement. Ainsi tu te prépareras pour le Seigneur comme une demeure parfaite. Tu pourras l’y accueillir comme dans un palais royal et resplendissant, toi qui, par la grâce, le possèdes déjà dans le temple de ton âme. »

Saint Jean Chrysostome: Homélie du Ve siècle

Préparé par l’Institut de Spiritualité:
Université Pontificale Saint Thomas d’Aquin            

bonne nuit

27 novembre, 2008

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 Egyptian Goose

http://animalphotos.info/a/topics/animals/birds/egyptian_goose/

Saint Augustin : « Redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche »

27 novembre, 2008

du site: 

http://www.levangileauquotidien.org/www/main.php?language=FR&localTime=11/27/2008#

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Discours sur le psaume 95

« Redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche »

« Alors tous les arbres des forêts bondiront de joie devant la face du Seigneur, car il vient, car il vient pour juger la terre » (Ps 95,12-13). Le Seigneur est venu une première fois, et il viendra de nouveau. Il est venu une première fois « sur les nuées » (Mt 26,64) dans son Église. Quelles sont les nuées qui l’ont porté ? Les apôtres, les prédicateurs… Il est venu une première fois porté par ses prédicateurs, et il a rempli toute la terre. Ne résistons pas à son premier avènement si nous ne voulons pas redouter le second…

Que doit donc faire le chrétien ? Profiter de ce monde, mais ne pas servir ce monde. En quoi cela consiste-t-il ? « Posséder comme si on ne possédait pas ». C’est ce que dit Saint Paul : « Frères, le temps est court… Dès lors, que ceux qui pleurent soient comme s’ils ne pleuraient pas, ceux qui sont heureux, comme s’ils n’étaient pas heureux, ceux qui font des achats, comme s’ils ne possédaient rien, ceux qui tirent profit de ce monde, comme s’ils n’en profitaient pas. Car ce monde tel que nous le voyons est en train de passer. Je voudrais vous voir libre de tout souci » (1Co 7,29-32). Celui qui est libre de tout souci attend avec assurance la venue de son Seigneur. Car est-ce qu’on aime le Seigneur, si on redoute sa venue ? Mes frères, n’en rougissons-nous pas ? Nous l’aimons, et nous redoutons sa venue ? L’aimons-nous vraiment, ou est-ce que nous n’aimons pas davantage nos péchés ? Haïssons donc nos péchés, et aimons Celui qui doit venir…

« Tous les arbres des forêts seront dans l’allégresse à la vue du Seigneur », parce qu’il est venu une première fois… Il est venu une première fois, et il reviendra pour juger la terre ; alors il trouvera pleins d’allégresse tous ceux qui auront cru la première fois à son avènement.

Angelus Domini nuntiavit Mariae…

26 novembre, 2008

Angelus Domini nuntiavit Mariae... dans images sacrée Lairesse_private_Annunciation

Gerard de Lairesse – Liège 1641 – 1711 Amsterdam

Annunciation, private collection http://www.casa-in-italia.com/artpx/dut/dutch_17.htm

Angelus Domini nuntiavit Mariae
et concepit de Spiritu Sancto.

Ave Maria, gratia plena, Dominus tecum,
benedicta tu in mulieribus et benedictus fructus ventris tui Jesus.
Sancta Maria, Mater Dei, ora pro nobis peccatoribus,
nunc et in hora mortis nostrae. Amen.

Ecce, ancilla Domini.
Fiat mihi secundum verbum Tuum.
Ave Maria…

Et verbum caro factum est
et habitavit in nobis.
Ave Maria…

Ora pro nobis, Sancta Dei Genetrix,
ut digni efficiamur promissionibus Christi.

Oremus.

Gratiam Tuam, quaesumus, Domine, mentibus nostris infunde, ut, qui angelo nuntiante, Christi, Filii Tui, incarnationem cognovimus, per passionem eius et crucem ad resurrectionis gloriam perducamur.
Per eundem Christum, Dominum nostrum. Amen.

par Sandro Magister : Nouvelle choc: un cardinal fait l’éloge de l’orthodoxie

26 novembre, 2008

du site:

http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/209817?fr=y

Nouvelle choc: un cardinal fait l’éloge de l’orthodoxie

Dans son dernier livre, le cardinal Biffi écrit: « Aujourd’hui, ce n’est plus l’hérésie qui constitue une nouvelle, mais la vraie doctrine ». Sur la chasteté, par exemple. Ou sur Jésus qui n’est pas seulement un homme, mais Dieu

par Sandro Magister 

ROMA, le 24 novembre 2008 – Dans sa retraite située sur la colline de Bologne, le cardinal Giacomo Biffi a écrit un nouveau livre de réflexions intitulé: « Pecore e pastori [Brebis et pasteurs]« , dont il explique le titre ainsi:

« Dans l’Eglise, tout le monde appartient avant tout au bercail du Christ. Pour tous, du pape au plus récent des baptisés, le vrai motif de grandeur n’est pas tant d’être chargés de telle ou telle tâche dans la communauté chrétienne que d’appartenir au ‘petit troupeau’. Il y a donc une égalité de fond entre tous les croyants, pourvu qu’ils croient vraiment: ce n’est qu’en croyant qu’on fait partie des brebis ».
Comme dans ses livres précédents, les propos si vivants du cardinal théologien ne sont pas ceux que l’on entend dans les grandes écoles de théologie, ils puisent directement dans le langage de l’Evangile, ouvert aux « petits » et fermé aux « sages ». Le cardinal Biffi sait que l’hérésie est à la mode: raison de plus, pour lui, de défendre l’orthodoxie: « Parfois, dans certains milieux catholiques, on en arrive à penser que c’est la Révélation divine qui doit s’adapter à la pensée du moment pour être crédible et non la pensée du moment qui doit se convertir, à la lumière qui nous vient d’en-haut. Il faudrait pourtant réfléchir au fait que c’est ‘conversion’, et pas ‘adaptation’, qui fait partie du vocabulaire évangélique ». L’adaptation à la pensée du moment – écrit-il – en arrive à brouiller la divinité de Jésus, réduit à n’être qu’un simple homme, même s’il est d’une valeur extraordinaire: L’affirmation peut sembler paradoxale, mais le problème de l’arianisme [du nom d’Arius, hérésiarque condamné au Concile de Nicée en 325] est toujours à l’ordre du jour de la vie ecclésiale. Il peut y avoir tant de prétextes: le désir de sentir le Christ plus proche et davantage l’un de nous, ou le projet de le rendre plus compréhensible en valorisant presque exclusivement ses aspects sociaux et humanitaires. A la fin, le résultat est toujours d’enlever son unicité radicale au Rédempteur de l’homme et de le classer parmi les êtres affables et apprivoisables. A cet égard, on peut dire que le Concile de Nicée est aujourd’hui beaucoup plus actuel que le Concile Vatican II ». Bien des pages du nouveau livre de Biffi vont à contre-courant. On trouvera ci-après le chapitre qui concerne un sujet des plus controversés, la chasteté, traité par l’auteur sous une forme qui apparaît insolite et à contre-courant justement parce qu’elle se réfère directement aux sources de la doctrine et de la morale chrétiennes: les paroles de Jésus dans les Evangiles, les lettres de Paul et les autres livres des Ecritures.

Le défi de la chasteté

par Giacomo Biffi

Dans l’histoire séculaire de l’humanité – si monotone et répétitive dans ses opacités spirituelles, ses défaites morales, ses souffrances énigmatiques – l’apparition du « petit troupeau » du Christ a peut-être été la seule nouveauté importante: quelque chose d’inédit et de positivement original est enfin apparu sur terre. La charité est apparue pour la première fois comme idéal de vie très élevé: [...] un idéal souvent admiré même [...] par les non-chrétiens, bien que difficile à imiter; un témoignage qui a parfois fait réfléchir même ceux qui ne sont pas habitués à faire place à Dieu dans leurs pensées. Au contraire, ce que le monde a trouvé difficile et déplaisant dans la mentalité et le style de l’Eglise, c’est l’idéal, le programme, le témoignage de la chasteté. [...] Dès le début elle apparaît comme un véritable défi et elle le reste face à la mentalité la plus répandue et prédominante de nos jours. [...]

Une évidente incompatibilité

Quand il apparaît dans l’histoire – dans les territoires de l’ancien royaume d’Israël et le monde gréco-romain – le christianisme doit faire face à une culture caractérisée par une conception de l’érotisme, une pratique de la sexualité, une réglementation de l’institution du mariage tout de suite perçues comme étrangères à l’esprit de l’Evangile et même contraires à l’humanité nouvelle issue de l’événement pascal. Mais il n’y a pas eu d’hésitations. Tout de suite, la conviction générale et sans failles qu’on ne pouvait admettre ni ambiguïtés ni compromis en ce domaine s’est imposée. Le « peuple nouveau » né de l’eau et de l’Esprit devait se distinguer à la fois par l’amour fraternel – un phénomène inouï – et par une forme exigeante et radicale de chasteté. Tous les témoignages en notre possession concordent. [...] Cela se déduit des listes de transgressions inadmissibles dans une vie chrétienne et qui empêchent d’entrer dans le Royaume de Dieu; listes proposées par la sollicitude pastorale aux communautés de croyants: « Ne vous y trompez pas: ni les fornicateurs (pornòi), ni les idolâtres, ni les adultères (moichòi), ni les dépravés (malakòi), ni les sodomites (arsenokòitai), ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni les calomniateurs, ni les pillards n’hériteront du Royaume de Dieu » (1 Corinthiens 6, 9). « Sachez-le bien, ni le fornicateur (pòrnos) ni l’impur (akàthartos) ni le cupide, qui est un idolâtre, n’auront en héritage le Royaume du Christ et de Dieu » (Ephésiens 5, 5). « On sait bien tout ce que produit la chair: fornication (pornèia), impureté (akatharsìa), débauche (asèlgheia)…; je vous préviens, comme je l’ai déjà fait, que ceux qui commettent ces fautes-là n’hériteront pas du Royaume de Dieu » (Galates 5, 19-21).

Exigence de sainteté

Une conduite chaste est l’un des signes nécessaires et très reconnaissables du passage concret, par le baptême, de la vie immorale et indigne typique du paganisme à un état de pureté nouvelle: c’est une coupure nette entre les vieilles habitudes et la nouveauté pascale: « Car si vous avez jadis offert vos membres comme esclaves à l’impureté et au désordre de manière à vous désordonner, offrez-les de même à la justice pour vous sanctifier » (Romains 6, 19). « Il est fini, le temps passé à satisfaire les passions des païens en vivant dans les vices (en aselghèiais) » (1 Pierre 4, 3). Ce comportement n’est inspiré ni par une sexophobie obsessionnelle ni par un moralisme exacerbé, mais plutôt par une conscience sans précédent de l’exigence de sanctification, qui provient de l’adhésion au Dieu trois fois saint: « Voici quelle est la volonté de Dieu: c’est votre sanctification; c’est que vous vous absteniez d’impudicité (apò tes pornèias), que chacun de vous sache user du corps qui lui appartient avec sainteté et respect, sans se laisser emporter par la passion, comme font les païens qui ne connaissent pas Dieu » (1 Thessaloniciens 4, 3-5). « Dieu ne nous a pas appelés à l’impureté (epì akatharsìa), mais à la sanctification. Dès lors, qui rejette cela, ce n’est pas un homme qu’il rejette, c’est Dieu, lui qui vous fait le don de son Esprit Saint » (1 Thessaloniciens 4, 7-8).
La jeune communauté chrétienne sent que c’est surtout l’immoralité sexuelle du monde hellénistique qui mérite le nom d’impureté (akatharsìa) contraire à Dieu.

Valeur du corps

Cette culture, inconnue dans la société gréco-romaine, ne naît pas d’un excès de spiritualisme: on n’y trouve pas la méfiance envers le matériel et le corporel présente dans les pensées de type platonicien (mais ignorée par la mentalité juive). Au contraire, elle s’alimente et s’exprime à travers le respect pour le corps, considéré dans la perspective chrétienne comme une réalité sacrée et un instrument de sanctification: « Fuyez la fornication! Tout péché que l’homme peut commettre est extérieur à son corps; celui qui fornique, lui, pèche contre son propre corps. Ne savez-vous pas que votre corps est un temple du Saint Esprit qui est en vous et que vous tenez de Dieu? Et que vous ne vous appartenez pas? Vous avez été bel et bien achetés! Glorifiez donc Dieu dans votre corps! » (1 Corinthiens 6, 18-20). Il y a, d’après saint Paul, comme une « dimension liturgique » de la chasteté: « Je vous exhorte, frères, par la miséricorde de Dieu, à offrir vos corps comme hostie vivante, sainte et agréable à Dieu; c’est là le culte spirituel que vous avez à rendre » (Romains 12, 1). On comprend que l’Eglise ait tout de suite réagi au mépris gnostique du mariage – mépris que le gnosticisme pousse jusqu’à l’interdire (cf. 1 Timothée 4, 3) – et en ait défendu la dignité: « Que le mariage soit honoré de tous et le lit nuptial sans souillure. Car Dieu jugera fornicateurs et adultères » (Hébreux 13, 4).
La nouvelle humanité du baptisé se révèle aussi dans son langage qui doit éviter les obscénités ou implement les vulgarités, parce que, chez les « saints » (c’est ainsi que les lettres apostoliques appellent les chrétiens), le soin de la chasteté est global et doit briller dans toute manifestation de l’ »homme nouveau », y compris son attitude générale et ses propos: « Vous aussi, rejetez tout cela: colère, emportement, malice, outrages et propos obscènes (aischrologhìan) doivent quitter vos lèvres » (Colossiens 3, 8). « Quant à la fornication, à l’impureté sous toutes ses formes, ou encore à la cupidité, que leurs noms ne soient même pas à prononcer parmi vous: c’est ce qui sied à des saints. De même pour les grossièretés, les inepties, les facéties: tout cela ne convient guère » (Ephésiens 5, 3-4).

La question de l’homosexualité

A propos du problème de l’homosexualité, de plus en plus important aujourd’hui, il faut, selon la conception chrétienne, distinguer le respect toujours dû aux personnes – qui comporte le refus de toute exclusion sociale et politique à leur égard (sous réserve de la nature intangible du mariage et de la famille) – de la juste réprobation de toute idéologie valorisant l’homosexualité. La parole de Dieu – comme nous la connaissons par une page de la lettre de l’apôtre Paul aux Romains – nous offre une interprétation théologique du phénomène de l’envahissante aberration idéologique et culturelle sur ce sujet: cette aberration, est-il dit, est à la fois la preuve et le résultat de l’exclusion de Dieu de l’attention collective et de la vie sociale, et du refus de lui donner la gloire qui lui est due.

L’exclusion du Créateur provoque un déraillement universel de la raison:

« Ils ont perdu le sens dans leurs raisonnements et leur cœur inintelligent s’est enténébré. Dans leur rétention à la sagesse, ils sont devenus fous » (Romains 1, 21-22). La conséquence de cet aveuglement intellectuel a été la chute comportementale et théorique dans la plus totale débauche: « Aussi Dieu les a-t-il livrés selon les convoitises de leur cœur à une impureté où ils avilissent eux-mêmes leurs propres corps » (Romains 1, 24).
Pour prévenir toute équivoque et toute lecture complaisante, l’Apôtre poursuit avec une analyse impressionnante, formulée en termes tout à fait explicites: « Aussi Dieu les a-t-il livrés à des passions avilissantes: car leurs femmes ont échangé les rapports naturels pour des rapports contre nature; pareillement les hommes, délaissant l’usage naturel de la femme, ont brûlé de désir les uns pour les autres, perpétrant l’infamie d’homme à homme et recevant en leurs personnes l’inévitable salaire de leur égarement. Et comme ils n’ont pas jugé bon de garder la vraie connaissance de Dieu, Dieu les a livrés à leur esprit sans jugement, pour faire ce qui ne convient pas » (Romains 1, 26-28). Enfin saint Paul n’oublie pas de dire que l’on atteint l’extrême abjection quand « les auteurs de pareilles actions… non seulement les font, mais approuvent aussi ceux qui les commettent » (Romains 1, 32). Cette page du Livre inspiré, aucune autorité humaine ne peut nous forcer à la censurer. Et, si nous voulons être fidèles à la parole de Dieu, il ne nous est même pas permis d’être pusillanimes et de la passer sous silence par crainte de paraître « politiquement incorrects ».
Il faut au contraire souligner l’actualité remarquable de cet enseignement de la Révélation divine: ce que saint Paul signalait comme ayant lieu dans le contexte culturel du monde gréco-romain renvoie prophétiquement à ce qui s’est produit dans la culture occidentale de ces derniers siècles: l’exclusion du Créateur – jusqu’à la grotesque proclamation de la « mort de Dieu » – a eu comme conséquence et presque comme punition intrinsèque la diffusion d’une idéologie sexuelle aberrante, inconnue, dans son arrogance, des époques précédentes.

La pensée du Christ

Jésus a, d’une manière générale, abordé ces sujets rarement, toujours de façon sobre mais en même temps claire et résolue. En matière de morale sexuelle, il est en désaccord non seulement avec les habitudes des païens, mais aussi avec des convictions répandues en Israël. Par ailleurs il est inimaginable que l’annonce pascale et la proposition de la communauté chrétienne, avec leur charge de nouveauté et de non-conformisme, ne s’en soient pas tenus, sur ce point aussi, à la pleine fidélité à l’Evangile et n’aient pas cherché à être en parfait accord avec le magistère du Seigneur, conservé et transmis par la prédication des Apôtres. Jésus n’hésite pas à compter aussi les manquements à la chasteté parmi les comportements qui attentent à la dignité de l’homme et à sa pureté intérieure, précisant en outre que la corruption du « cœur » (c’est-à-dire du monde intérieur) est la source et la mesure de la responsabilité (et donc de la culpabilité) des actes commis: « Du cœur proviennent mauvais desseins, meurtres, adultères, débauches, vols, faux témoignages. Voilà les choses qui rendent l’homme impur » (Matthieu 15, 19-20). Jésus pense même – c’est typique de son anthropologie – qu’il y a manquement à la chasteté dans le secret de l’âme quand celle-ci accepte le désir répréhensible, avant que l’acte luxurieux soit consommé:
« Quiconque regarde une femme pour la désirer a déjà commis, dans son cœur, l’adultère avec elle » (Matthieu 5, 28).

Un problème pour les rabbins à propos du mariage

« Est-il permis à un homme de répudier sa femme (gynàica) pour n’importe quel motif? » (Matthieu 19, 3). La question que les pharisiens posent à Jésus avait un point de repère précis: elle divisait les courants rabbiniques de l’époque. L’école de Shammai pensait qu’il n’y avait qu’une raison valable pour une répudiation: le mauvais comportement moral, c’est-à-dire la débauche, de la femme. Mais pour l’école de Hillel un désagrément dans la vie conjugale suffisait: ne fût-ce que l’habitude de trop saler les aliments ou le fait d’avoir laissé le repas brûler. Rabbi Aquiba, poursuivant sur cette ligne permissive, en arrivera, quelques dizaines d’années plus tard, à considérer comme une raison suffisante la possibilité pour le mari d’épouser une femme plus belle.

La réponse de Jésus

Jésus ne se laisse pas prendre dans les controverses des docteurs de la loi et ne se montre pas conditionné par les comportements répandus chez les juifs. Il prend de la hauteur: sa réponse est qu’il faut se référer au dessein originel de Dieu: « A l’origine de la création Dieu les fit homme et femme; ainsi donc l’homme quittera son père et sa mère et les deux ne feront qu’une seule chair. Eh bien! Ce que Dieu a uni, l’homme ne doit point le séparer » (Marc 10,6-9). « A l’origine »: cette « origine » où a été conçue et décidée la création (cf. Genèse 1, 1: en archè) inclut déjà la perspective christologique et ecclésiologique selon laquelle la réalité nuptiale est signe et image de l’union qui lie le Rédempteur à l’humanité renouvelée; la distinction entre les sexes est elle-même une allusion à la dialectique et à la communion entre le Christ et l’Eglise. C’est une vision du mariage si sublime et inattendue que les disciples, stupéfaits, se réfugient dans le sarcasme: « Si telle est la condition de l’homme envers la femme, mieux vaut ne pas se marier » (Matthieu 19, 10). Notons que la rédaction de l’épisode par Marc suppose l’idée de la parité essentielle entre l’homme et la femme: parité qui n’existait pas dans la loi mosaïque: « Quiconque répudie sa femme et en épouse une autre commet un adultère à l’égard de la première; et si une femme répudie son mari et en épouse un autre, elle commet un adultère » (Marc 10, 11-12). L’évangile de Luc, quant à lui, nous a conservé une autre phrase de Jésus qui donne une précision supplémentaire: « Quiconque répudie sa femme et en épouse une autre commet un adultère; celui qui épouse une femme répudiée par son mari commet un adultère » (Luc 16, 18). Comme on le voit, la seconde partie de la phrase prévoit et écarte aussi l’hypothèse que l’indissolubilité n’existe plus après la rupture du lien, comme certains l’ont pensé. Et rejette l’hypothèse que la loi de l’indissolubilité puisse exceptionnellement être violée, quand il s’agit du conjoint répudié, non responsable de la rupture.

L’incise de Matthieu

Le texte de Matthieu ajoute une incise malaisée à comprendre:

« Quiconque répudie sa femme (ten ghynàica autoù), sauf en cas de ‘pornèia’, et en épouse une autre, commet un adultère » (Matthieu 19, 9). Qu’est-ce que cette « pornèia »? Il ne peut s’agir d’un mauvais comportement moral de l’épouse parce que Jésus s’alignerait alors sur l’école de Shammai (la réaction des disciples ne s’expliquant que par l’absolue nouveauté de la sentence du Christ). D’autre part, la concordance parfaite de Marc, Luc et Paul nous assure que Jésus considère que le principe de l’indissolubilité est absolu.
La solution la plus simple qu’il est ici question d’une cohabitation hors mariage avec une femme; cohabitation qui non seulement peut mais doit être interrompue. C’est aussi l’interprétation de la Bible de la conférence des évêques d’Italie, qui traduit: « Sauf en cas d’union illégitime ».

L’idéal et la miséricorde

Jésus annonce sans atténuations ni rabais le magnifique dessein originel du Père sur la femme et l’homme; par là même il nous avertit tous de ne pas gâcher cet idéal d’une vie chaste et sainte qui nous est divinement proposé. Mais il regarde toujours avec sympathie et compréhension les hommes qui ont en fait avili cet idéal par leurs manquements à leurs devoirs. Il traite les pécheurs avec une affectueuse cordialité. Il ne les considère pas comme étrangers et éloignés; il voit plutôt en eux la raison de sa venue dans le monde et les destinataires naturels de sa mission: « Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs » (Matthieu 9, 13; Marc 2, 17; Luc 5, 32). Cette attitude bienveillante lui permet de sauver la femme adultère de la lapidation (Jean 8, 1-11). Il défend de façon chevaleresque une femme que le récit désigne comme « une pécheresse de la ville » (Luc 7, 37). Il conquiert le cœur de la Samaritaine aux nombreuses expériences par le dialogue délicat et sobre qu’il a avec elle (Jean 4, 5-42). Il ne pratique pas la miséricorde apparente de la permissivité mais la miséricorde salvatrice qui, sans mépriser ni humilier, incite au repentir et à la renaissance intérieure.

Le « mystère de grande portée »

La transcendante vision chrétienne du rapport homme-femme – et sa proposition précise et exigeante de vie chaste selon l’état spécifique de chacun – trouve sa base et son inspiration dans la conviction que ce rapport est l’image du lien conjugal qui unit le Christ à l’Eglise. C’est une leçon de « théologie anagogique » (c’est-à-dire qui se laisse éclairer par en haut) que saint Paul nous donne dans la lettre aux Ephésiens. Dans le don mutuel des époux il y a un « mystère de grande portée » [...] conçu par le Père avant tous les siècles: « Ce mystère est de grande portée; je veux dire qu’il s’applique au Christ et à l’Eglise » (Ephésiens 5, 32). Aux yeux de l’Apôtre, l’amour du mari pour sa femme évoque celui du Christ pour l’Eglise: un amour qui sauve, purifie et sanctifie. Par la suite, le magistère de l’Eglise parlera du mariage comme d’un « sacrement »: un sacrement qui, étant une allusion et une image du lien qui fait « une seule chair » du Rédempteur et de l’humanité rachetée, réalise dans les époux une participation spéciale à cet évènement, [...] dans lequel les actes de don mutuel de la personne deviennent l’occasion et le véhicule de grâces continues. Aucune philosophie, aucune religion n’est jamais arrivée à exalter ainsi la vie sexuelle; bien entendu, la vie sexuelle vécue selon le plan originel de Dieu.

Un défi toujours actuel

La chasteté annoncée et proposée par la prédication apostolique a sans aucun doute été un défi à la mentalité et au comportement de l’humanité de cette époque. Et c’est un défi qui conserve aujourd’hui encore toute son actualité. A un certain point de vue, elle est même devenue plus nécessaire et plus urgente. Notre époque est dominée et touchée par une sorte de pansexualisme. Le sexe est sans cesse cité: pas seulement dans les formulations sociales et psychologiques, dans les multiples expressions artistiques et culturelles, dans les spectacles et les divertissements; même dans les messages publicitaires, on ne peut s’empêcher de l’évoquer et d’y faire allusion. Nous avons parfois l’impression d’être conditionnés et manœuvrés par une bande mystérieuse de maniaques qui imposent à tout le monde leur dégénérescence mentale. Ce sont eux qui ne manquent jamais de traiter de bigots et de puritains tous ceux qui ne se laissent pas convaincre par leurs arguments élevés. Et grâce à leur ténacité et à leur esprit d’initiative, ils atteignent involontairement le triste but d’un comique objectif.

Réalisme évangélique

Sans aucun doute, aux yeux du monde, la vision chrétienne apparaît forcément abstraite et utopique: noble et belle, certes, mais trop loin de la réalité concrète. A vrai dire, cet idéal de chasteté est tout à fait impossible et vain si on ne vit pas en plénitude la vie baptismale, avec les rendez-vous sacramentels, la contemplation assidue de l’évènement pascal et la juste place donnée à la prière, le partage résolu et joyeux de l’expérience ecclésiale. La raison, c’est que la chasteté n’est pas une vertu qu’on peut rechercher et acquérir toute seule, hors du contexte d’une fidélité intégrale au Christ. Dans ce contexte, au contraire, tout devient possible, facile, joyeux: « Je puis tout en celui qui me rend fort » (Philippiens 4, 13).

bonne nuit

26 novembre, 2008

bonne nuit dans image bon nuit, jour, dimanche etc. normal_sunset2

http://adigitaldreamer.com/gallery/thumbnails.php?album=2&page=3

Jean Tauler :« Vous serez détestés de tous à cause de mon nom, mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. »

26 novembre, 2008

du site: 

http://www.levangileauquotidien.org/www/main.php?language=FR&localTime=11/26/2008#

Jean Tauler (vers 1300-1361), dominicain à Strasbourg
Sermon 21, pour l’Ascension (trad. Cerf 1991, p. 157 rev.)

« Vous serez détestés de tous à cause de mon nom, mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. »

Jésus promettait toujours la paix à ses disciples, avant sa mort et aussi après sa résurrection, toujours la paix (Jn 14,27;Lc 24,36). Les disciples n’ont jamais obtenu cette paix extérieurement, mais ils ont recueilli la paix dans la lutte et l’amour dans la souffrance ; et dans la mort ils ont trouvé la vie. Ils ont aussi trouvé un triomphe joyeux quand, avant cette mort, on les interrogeait, jugeait et condamnait. Ils étaient de vrais témoins.

Oui, il y a beaucoup d’hommes qui sont tout remplis de douceur dans leur corps et dans l’âme au point d’en être pénétrés jusqu’à la moelle et jusqu’aux veines, mais quand viennent ensuite la souffrance, les ténèbres, le délaissement intérieur et extérieur, ils ne savent plus où aller. Ils s’arrêtent tout court, et de cela il ne provient rien. Quand viennent les ouragans terribles, le délaissement intérieur, la tentation extérieure du monde, de la chair et de l’Ennemi, celui qui saura passer à travers tout cela trouvera la paix profonde que personne ne saura lui enlever. Mais celui qui ne prend pas ce chemin reste en arrière et ne goûtera jamais la paix véritable. Voilà quels sont les vrais témoins du Christ.

Day 1 From chaos to light / Jour 1 Du chaos à la lumière / 15 GOD CREATES HEAVEN AND EARTH

25 novembre, 2008

Day 1 From chaos to light / Jour 1 Du chaos à la lumière / 15 GOD CREATES HEAVEN AND EARTH  dans images sacrée 15%20GOD%20CREATES%20HEAVEN%20AND%20EARTH

DESCRIPTION: 15 British library God creates heaven and earth Description: (Whole folio) Miniature containing Creation scene, with God, holding a pair of compasses, creating heaven and earth, with a decorated initial ‘A’ beginning the text of Genesis 1, below, and full foliate and ivy leaf borders. Title of Work: Bible Historiale, vol. 1 Author: Des Moulins, Guyart, author; Du Val, Thomas, scribe Illustrator: Style of the Egerton Master Production: France (Paris); circa 1411 Language/Script: French

http://www.artbible.net/1T/Gen0101_1Chaos_light/index.htm

SAINT AUGUSTIN – PRIÈRE

25 novembre, 2008

du site:

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/augustin/soliloques/index.htm#_Toc4396527

SAINT AUGUSTIN – PRIÈRE

DU: LES SOLILOQUES 1,1, 2-6

2. O Dieu, créateur de l’univers ! accordez-moi d’abord de vous bien prier, ensuite de me rendre digne d’être exaucé par vous, enfin d’être délivré (1) ; ô Dieu ! par qui toutes les choses qui n’auraient pas d’existence par elles-mêmes tendent à exister; ô Dieu ! qui ne laissez pas périr les créatures mêmes qui se détruisent l’une l’autre; ô Dieu ! qui avez créé de rien ce monde, que les yeux de tous les hommes regardent comme votre plus bel ouvrage;
1. Quoique converti depuis peu de temps, saint Augustin exprime dans ce passage la nécessité et la puissance de la grâce avec beaucoup de force, et cela dans un ouvrage purement philosophique et à une époque où d ne pouvait pas être encore familiarisé avec le langage de la théologie.
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ô Dieu ! qui n’êtes pas l’auteur du mal et qui le permettez pour prévenir un plus grand mal; ô Dieu ! qui faites voir au petit nombre de ceux qui se tournent. vers la vérité que le mal lui-même n’est rien; ô Dieu ! qui donnez la perfection à l’univers même avec des défauts; ô Dieu ! dont les ouvrages n’offrent aucune dissonance, puisque ce qu’il y a de plus imparfait répond à ce qu’il y a de meilleur; ô Dieu ! qu’aime toute créature qui peut aimer, le sachant ou à son insu; ô Dieu ! en qui sont toutes choses et qui ne souffrez rien, ni de la honte, ni de la méchanceté,.ni des erreurs de quelque créature que ce soit; ô Dieu ! qui avez voulu que les coeurs purs connussent seuls la vérité (1) ; ô Dieu ! père de la vérité, père de la sagesse, père de la véritable et souveraine vie, père de la béatitude, père du bon et du beau, père de la lumière intelligible, père des avertissements et des inspirations qui dissipent notre assoupissement, père de Celui qui nous a enseigné à retourner vers vous !
3. Je vous invoque, ô Dieu de vérité! dans qui, de qui et par qui sont vraies toutes les choses qui sont vraies; ô Dieu de sagesse! dans qui, de qui et par qui sont sages tous les êtres doués de sagesse; ô Dieu véritable et souveraine vie ! dans qui, de qui et par qui vivent tous les êtres qui possèdent la véritable et souveraine vie; ô Dieu de béatitude ! en qui, de quiet par qui sont heureuses toutes les créatures qui jouissent de la félicité; ô Dieu, bonté et beauté! par qui, de qui et dans qui sont bonnes et belles toutes les choses qui possèdent la bonté et la beauté; ô Dieu, lumière intelligible! dans qui, de qui et par qui sont rendues intelligibles toutes les choses qui brillent à notre esprit; ô Dieu ! qui avez pour royaume ce monde intellectuel, que les sens ne peuvent apercevoir; ô Dieu ! qui gouvernez votre royaume par des lois dont nos empires terrestres portent l’empreinte; ô Dieu ! se détourner de vous c’est tomber; se convertir à vous c’est se relever; demeurer en vous c’est se conserver; ô Dieu ! se retirer de vous c’est mourir; retourner vers vous c’est revivre; habiter en vous c’est vivre; ô Dieu ! personne ne vous quitte , s’il n’est trompé; personne ne vous cherche, s’il n’est averti ; personne ne vous trouve s’il n’est purifié; ô Dieu ! vous abandonner c’est périr, vous être attentif c’est vous aimer, vous voir c’est vous posséder; ô Dieu ! c’est vers vous que la foi nous éveille,
1. Rét. liv. 1, ch. IV, n. 2
à vous que l’espérance nous élève, à vous que la charité nous unit; ô Dieu ! par qui nous triomphons de l’ennemi, je vous implore; ô Dieu! c’est à vous que nous devons de ne pas périr entièrement; c’est vous qui nous exhortez à veiller; c’est vous qui nous faites distinguer le bien du mal; c’est vous qui nous faites embrasser le bien et fuir le mal, c’est par votre secours que nous résistons à l’adversité; c’est par vous que nous savons bien commander et bien obéir ; c’est vous qui nous apprenez à regarder comme étrangères les choses que nous croyions autrefois nous appartenir, et comme nous appartenant celles que nous regardions autrefois comme étrangères; c’est vous qui empêchez en nous l’attachement aux plaisirs et aux attraits des méchants; c’est vous qui ne permettez pas que les vanités du monde nous rapetissent; c’est par vous que ce qu’il y a de plus grand en nous n’est pas soumis à ce qu’il y a d’inférieur; c’est par vous que la mort sera absorbée dans sa victoire (1) ; c’est vous qui nous convertissez, c’est vous qui nous dépouillez de ce qui n’est pas et qui nous revêtez de ce qui est; c’est vous qui nous rendez dignes d’être exaucés; c’est vous qui nous fortifiez; c’est vous qui nous persuadez toute vérité; c’est vous qui nous suggérez toute bonne pensée, qui ne nous ôtez pas le sens et qui ne permettez à personne de nous l’ôter ; c’est vous qui nous rappelez dans la voie; c’est vous qui nous conduisez jusqu’à la porte; c’est vous qui faites ouvrir à ceux qui frappent (2); c’est vous qui nous donnez le pain de vie; c’est par vous que nous désirons de boire à cette fontaine qui doit nous désaltérer à jamais (3); c’est vous qui êtes venu convaincre le monde sur le péché, sur la justice et sur le jugement (4); c’est par vous que ceux quine croient point n’ébranlent point notre foi; c’est par vous que nous improuvons l’erreur de ceux qui pensent que les âmes ne méritent rien auprès de vous; c’est par vous que nous ne sommes point assujétis aux éléments faibles et pauvres (5) ; ô Dieu ! qui nous purifiez et nous préparez aux récompenses éternelles, soyez-moi propice !
4. Ô Dieu ! qui êtes seul tout ce que je viens de dire, venez à mon secours; vous êtes la seule substance éternelle et véritable, où il n’y a ni discordance, ni confusion, ni changement, ni indigence, ni mort, mais souveraine
1 Cor. XV. 54. — 2 Matth. VII, 8. — 3. Jean, VI, 35. — 4. Ib. XVI, 8. — 5. Gal. IV, 9.
127
concorde, évidence souveraine, souveraine immutabilité, souveraine plénitude, souveraine vie. Rien ne manque en vous, rien n’y est superflu. En vous celui qui engendre et celui qui est engendré n’est qu’un (1) ; ô Dieu! c’est à vous que sont soumises toutes les créatures capables de soumission; c’est à vous qu’obéit toute âme bonne; d’après vos lois les pôles tournent, les astres poursuivent leur course, le soleil active le jour, la lune repose la nuit, et pendant les jours que forment les vicissitudes de la lumière et de l’obscurité; pendant les mois dus aux accroissements et aux décroissements de la lune; pendant les années que composent ces successions de l’été, de l’automne, du printemps et de l’hiver; pendant ces lustres où le soleil achève sa course; au milieu de ces orbes immenses que décrivent les astres pour revenir sur eux-mêmes, le monde entier observe, autant que la matière insensible en est capable, une constance invariable dans la marche et les révolutions du temps; ô Dieu ! c’est vous qui, par les lois constantes que vous avez établies, éloignez le trouble du mouvement perpétuel des choses muables, et qui, par le frein des siècles qui s’écoulent, rappelez ce mouvement à l’image de la stabilité; vos lois donnent à l’âme le libre arbitre, et selon les règles inviolables que rien ne peut détruire, assignent des récompenses aux bons, des châtiments aux méchants; ô Dieu ! c’est de vous que nous viennent tous les biens, c’est vous qui empêchez tous les maux de nous atteindre; ô Dieu ! rien n’est au-dessus de vous, rien n’est hors de vous, rien n’est sans vous; ô Dieu! tout vous est assujéti, tout est en vous, tout est avec vous; vous avez fait l’homme à votre image et à votre ressemblance, ce que connaît celui qui se connaît : exaucez, exaucez, exaucez-moi, ô mon Dieu, ô mon Seigneur, mon roi, mon père, mon Créateur, mon espérance, mon bien, ma gloire, ma demeure, ma patrie, mon salut, ma lumière, ma vie; exaucez, exaucez, exaucez-moi, à la manière que si peu connaissent.
5. Enfin, je n’aime que vous, je ne veux suivre que vous, je ne cherche que vous, je suis disposé à ne servir que vous; vous seul avez droit de me commander, je désire être à vous. Commandez, je vous conjure, prescrivez tout ce que vous voudrez; mais guérissez et ouvrez mon oreille pour que j’entende votre
1. Rét. livr. 1, ch. IV, n. 3.
voix; guérissez et ouvrez mes yeux, pour que je puisse apercevoir les signes de votre volonté. Eloignez de moi la folie, afin que je vous connaisse. Dites-moi où je dois regarder pour vous voir, et j’ai la confiance d’accomplir fidèlement tout ce que vous m’ordonnerez. Recevez, je vous en supplie, ô Dieu et père très-clément, ce fugitif dans votre empire. Ah ! j’ai souffert assez longtemps; assez longtemps j’ai été l’esclave des ennemis que vous foulez aux pieds; assez longtemps j’ai été le jouet des tromperies; je suis votre serviteur, j’échappe à l’esclavage de ces maîtres odieux : recevez-moi; pour eux je n’étais qu’un étranger, et quand je fuyais loin de vous, ils m’ont bien reçu. Je sens que j’ai besoin de retourner vers vous; je frappe à votre porte, qu’elle me soit ouverte; enseignez-moi comment on parvient jusqu’à vous. Je ne possède rien que ma volonté; je ne sais rien, sinon qu’il faut mépriser ce qui est changeant et passager, pour rechercher ce qui est immuable et éternel. C’est ce que je fais, ô mon Père ! parce que c’est la seule chose que je connaisse; mais j’ignore comment on peut arriver jusqu’à vous. Inspirez-moi, éclairez-moi, fortifiez-moi. Si c’est par la foi que vous trouvent ceux qui vous cherchent, donnez-moi la foi; si c’est parla vertu, donnez-moi la vertu; si c’est par la science, donnez-moi la science. Augmentez en moi la foi, augmentez l’espérance, augmentez la charité.
Oh ! que votre bonté est admirable et singulière !
6. Je vous désire, et c’est à vous que je demande encore les moyens de suivre ce désir. Si vous nous abandonnez, nous périssons; mais vous ne nous abandonnez point, parce que vous êtes le souverain bien, et personne ne vous a jamais cherché avec droiture sans vous trouver. Ceux-là vous ont cherché avec droiture à qui vous avez accordé la grâce de vous chercher avec droiture. Faites, ô Père ! que je vous cherche ; préservez-moi de l’erreur, et qu’en vous cherchant, je ne rencontre que vous. Si je ne désire plus que vous, faites, ô Père ! que je vous trouve enfin. S’il reste en moi quelques désirs d’un bien passager, purifiez-moi et rendez-moi capable de vous voir. Quant à la santé de ce corps mortel, comme je ne sais de quelle utilité elle peut être pour moi ou pour ceux que j’aime, je vous la confie entièrement, ô Père souverainement sage et souverainement bon ! et je vous [428] demanderai pour lui ce que vous m’inspirerez au besoin; seulement, ce que je sollicite de votre souveraine clémence, c’est de me convertir entièrement à vous, c’est de m’empêcher de résister à la grâce qui me porte vers vous: et tandis que j’habite dans ce corps mortel, faites que je sois pur, magnanime, juste, prudent; que j’aime parfaitement et que je reçoive votre sagesse; que je sois digne d’habiter et que j’habite, en effet, dans le royaume éternel, séjour de la suprême félicité. Ainsi soit-il (1).

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