Victor Hugo: Le firmament est plein de la vaste clarté

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Victor Hugo, Les contemplations, avril 1840

Le firmament est plein de la vaste clarté

;
Tout est joie, innocence, espoir, bonheur, bont
é.
Le beau lac brille au fond du vallon qui le mure ;
Le champ sera f
écond, la vigne sera mûre ;
Tout regorge de s
ève et de vie et de bruit,
De rameaux verts, d’azur frissonnant, d’eau qui luit,
Et de petits oiseaux qui se cherchent querelle.
Qu’a donc le papillon ? qu’a donc la sauterelle ?
La sauterelle a l’herbe, et le papillon l’air ;
Et tous deux ont avril, qui rit dans le ciel clair.
Un refrain joyeux sort de la nature enti
ère ;
Chanson qui doucement monte et devient pri
ère.
Le poussin court, l’enfant joue et danse, l’agneau
Saute, et, laissant tomber goutte
à goutte son eau,
Le vieux antre, attendri, pleure comme un visage ;
Le vent lit
à quelqu’un d’invisible un passage
Du po
ème inouï de la création ;
L’oiseau parle au parfum ; la fleur parle au rayon ;
Les pins sur les
étangs dressent leur verte ombelle ;
Les nids ont chaud ; l’azur trouve la terre belle,
Onde et sph
ère, à la fois tous les climats flottants ;
Ici l’automne, ici l’
été ; là le printemps.
Ô coteaux ! ô sillons ! souffles, soupirs, haleines !
L’hosanna des for
êts, des fleuves et des plaines,
S’
élève gravement vers Dieu, père du jour ;
Et toutes les blancheurs sont des strophes d’amour ;
Le cygne dit : Lumi
ère ! et le lys dit : Clémence !
Le ciel s’ouvre
à ce chant comme une oreille immense.
Le soir vient ; et le globe
à son tour s’éblouit,
Devient un oeil
énorme et regarde la nuit ;
Il savoure,
éperdu, l’immensité sacrée,
La contemplation du splendide empyr
ée,
Les nuages de cr
êpe et d’argent, le zénith,
Qui, formidable, brille et flamboie et b
énit,
Les constellations, ces hydres
étoilées,
Les effluves du sombre et du profond, m
êlées
A vos effusions, astres de diamant,
Et toute l’ombre avec tout le rayonnement !
L’infini tout entier d’extase se soul
ève.
Et, pendant ce temps-l
à, Satan, l’envieux, rêve.

 

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