Archive pour le 30 septembre, 2008
Pape Benoît: Saint Jérôme:(audience 14 novembre 2007)
30 septembre, 2008du site:
BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 14 novembre 2007
Saint Jérôme
Chers frères et sœurs,
Nous poursuivons aujourd’hui la présentation de la figure de saint Jérôme. Comme nous l’avons dit mercredi dernier, il consacra sa vie à l’étude de la Bible, au point d’être reconnu par l’un de mes prédécesseurs, le Pape Benoît XV, comme « docteur éminent dans l’interprétation des Saintes Ecritures ». Jérôme soulignait la joie et l’importance de se familiariser avec les textes bibliques: « Ne te semble-t-il pas habiter – déjà ici, sur terre – dans le royaume des cieux, lorsqu’on vit parmi ces textes, lorsqu’on les médite, lorsqu’on ne connaît ni ne recherche rien d’autre? » (Ep 53, 10). En réalité, dialoguer avec Dieu, avec sa Parole, est dans un certain sens une présence du Ciel, c’est-à-dire une présence de Dieu. S’approcher des textes bibliques, surtout du Nouveau Testament, est essentiel pour le croyant, car « ignorer l’Ecriture, c’est ignorer le Christ ». C’est à lui qu’appartient cette phrase célèbre, également citée par le Concile Vatican II dans la Constitution Dei Verbum (n. 25).
Réellement « amoureux » de la Parole de Dieu, il se demandait: « Comment pourrait-on vivre sans la science des Ecritures, à travers lesquelles on apprend à connaître le Christ lui-même, qui est la vie des croyants » (Ep 30, 7). La Bible, instrument « avec lequel Dieu parle chaque jour aux fidèles » (Ep 133, 13), devient ainsi un encouragement et la source de la vie chrétienne pour toutes les situations et pour chaque personne. Lire l’Ecriture signifie converser avec Dieu: « Si tu pries – écrit-il à une noble jeune fille de Rome -, tu parles avec l’Epoux; si tu lis, c’est Lui qui te parle » (Ep 22, 25). L’étude et la méditation de l’Ecriture rendent l’homme sage et serein (cf. In Eph., prol.). Assurément, pour pénétrer toujours plus profondément la Parole de Dieu, une application constante et progressive est nécessaire. Jérôme recommandait ainsi au prêtre Népotien: « Lis avec une grande fréquence les divines Ecritures; ou mieux, que le Livre Saint reste toujours entre tes mains. Apprends-là ce que tu dois enseigner » (Ep 52, 7). Il donnait les conseils suivants à la matrone romaine Leta pour l’éducation chrétienne de sa fille: « Assure-toi qu’elle étudie chaque jour un passage de l’Ecriture… Qu’à la prière elle fasse suivre la lecture, et à la lecture la prière… Au lieu des bijoux et des vêtements de soie, qu’elle aime les Livres divins » (Ep 107, 9.12). Avec la méditation et la science des Ecritures se « conserve l’équilibre de l’âme » (Ad Eph., prol.). Seul un profond esprit de prière et l’assistance de l’Esprit Saint peuvent nous introduire à la compréhension de la Bible: « Dans l’interprétation des Saintes Ecritures, nous avons toujours besoin de l’assistance de l’Esprit Saint » (In Mich. 1, 1, 10, 15).
Un amour passionné pour les Ecritures imprégna donc toute la vie de Jérôme, un amour qu’il chercha toujours à susciter également chez les fidèles. Il recommandait à l’une de ses filles spirituelles: « Aime l’Ecriture Sainte et la sagesse t’aimera; aime-la tendrement, et celle-ci te préservera; honore-la et tu recevras ses caresses. Qu’elle soit pour toi comme tes colliers et tes boucles d’oreille » (Ep 130, 20). Et encore: « Aime la science de l’Ecriture, et tu n’aimeras pas les vices de la chair » (Ep 125, 11).
Pour Jérôme, un critère de méthode fondamental dans l’interprétation des Ecritures était l’harmonie avec le magistère de l’Eglise. Nous ne pouvons jamais lire l’Ecriture seuls. Nous trouvons trop de portes fermées et nous glissons facilement dans l’erreur. La Bible a été écrite par le Peuple de Dieu et pour le Peuple de Dieu, sous l’inspiration de l’Esprit Saint. Ce n’est que dans cette communion avec le Peuple de Dieu que nous pouvons réellement entrer avec le « nous » au centre de la vérité que Dieu lui-même veut nous dire. Pour lui, une interprétation authentique de la Bible devait toujours être en harmonieuse concordance avec la foi de l’Eglise catholique. Il ne s’agit pas d’une exigence imposée à ce Livre de l’extérieur; le Livre est précisément la voix du Peuple de Dieu en pèlerinage et ce n’est que dans la foi de ce Peuple que nous sommes, pour ainsi dire, dans la juste tonalité pour comprendre l’Ecriture Sainte. Il admonestait donc: « Reste fermement attaché à la doctrine traditionnelle qui t’a été enseignée, afin que tu puisses exhorter selon la saine doctrine et réfuter ceux qui la contredisent » (Ep 52, 7). En particulier, étant donné que Jésus Christ a fondé son Eglise sur Pierre, chaque chrétien – concluait-il – doit être en communion « avec la Chaire de saint Pierre. Je sais que sur cette pierre l’Eglise est édifiée » (Ep 15, 2). Par conséquent, et de façon directe, il déclarait: « Je suis avec quiconque est uni à la Chaire de saint Pierre » (Ep 16).
Jérôme ne néglige pas, bien sûr, l’aspect éthique. Il rappelle au contraire souvent le devoir d’accorder sa propre vie avec la Parole divine et ce n’est qu’en la vivant que nous trouvons également la capacité de la comprendre. Cette cohérence est indispensable pour chaque chrétien, et en particulier pour le prédicateur, afin que ses actions, si elles étaient discordantes par rapport au discours, ne le mettent pas dans l’embarras. Ainsi exhorte-t-il le prêtre Népotien: « Que tes actions ne démentent pas tes paroles, afin que, lorsque tu prêches à l’église, il n’arrive pas que quelqu’un commente en son for intérieur: « Pourquoi n’agis-tu pas précisément ainsi? » Cela est vraiment plaisant de voir ce maître qui, le ventre plein, disserte sur le jeûne; même un voleur peut blâmer l’avarice; mais chez le prêtre du Christ, l’esprit et la parole doivent s’accorder » (Ep 52, 7). Dans une autre lettre, Jérôme réaffirme: « Même si elle possède une doctrine splendide, la personne qui se sent condamnée par sa propre conscience se sent honteuse » (Ep 127, 4). Toujours sur le thème de la cohérence, il observe: l’Evangile doit se traduire par des attitudes de charité véritable, car en chaque être humain, la Personne même du Christ est présente. En s’adressant, par exemple, au prêtre Paulin (qui devint ensuite Evêque de Nola et saint), Jérôme le conseillait ainsi: « Le véritable temple du Christ est l’âme du fidèle: orne-le, ce sanctuaire, embellis-le, dépose en lui tes offrandes et reçois le Christ. Dans quel but revêtir les murs de pierres précieuses, si le Christ meurt de faim dans la personne d’un pauvre? » (Ep 58, 7). Jérôme concrétise: il faut « vêtir le Christ chez les pauvres, lui rendre visite chez les personnes qui souffrent, le nourrir chez les affamés, le loger chez les sans-abris » (Ep 130, 14). L’amour pour le Christ, nourri par l’étude et la méditation, nous fait surmonter chaque difficulté: « Aimons nous aussi Jésus Christ, recherchons toujours l’union avec lui: alors, même ce qui est difficile nous semblera facile » (Ep 22, 40).
Jérôme, défini par Prospère d’Aquitaine comme un « modèle de conduite et maître du genre humain » (Carmen de ingratis, 57), nous a également laissé un enseignement riche et varié sur l’ascétisme chrétien. Il rappelle qu’un courageux engagement vers la perfection demande une vigilance constante, de fréquentes mortifications, toutefois avec modération et prudence, un travail intellectuel ou manuel assidu pour éviter l’oisiveté (cf. Epp 125, 11 et 130, 15), et surtout l’obéissance à Dieu: « Rien… ne plaît autant à Dieu que l’obéissance…, qui est la plus excellente et l’unique vertu » (Hom. de oboedientia: CCL 78,552). La pratique des pèlerinages peut également appartenir au chemin ascétique. Jérôme donna en particulier une impulsion à ceux en Terre Sainte, où les pèlerins étaient accueillis et logés dans des édifices élevés à côté du monastère de Bethléem, grâce à la générosité de la noble dame Paule, fille spirituelle de Jérôme (cf. Ep 108, 14).
Enfin, on ne peut pas oublier la contribution apportée par Jérôme dans le domaine de la pédagogie chrétienne (cf. Epp 107 et 128). Il se propose de former « une âme qui doit devenir le temple du Seigneur » (Ep 107, 4), une « pierre très précieuse » aux yeux de Dieu (Ep 107, 13). Avec une profonde intuition, il conseille de la préserver du mal et des occasions de pécher, d’exclure les amitiés équivoques ou débauchées (cf. Ep 107, 4 et 8-9; cf. également Ep 128, 3-4). Il exhorte surtout les parents pour qu’ils créent un environnement serein et joyeux autour des enfants, pour qu’ils les incitent à l’étude et au travail, également par la louange et l’émulation (cf. Epp 107, 4 et 128, 1), qu’ils les encouragent à surmonter les difficultés, qu’ils favorisent entre eux les bonnes habitudes et qu’ils les préservent d’en prendre de mauvaises car – et il cite là une phrase de Publilius Syrus entendue à l’école – « difficilement tu réussiras à te corriger de ces choses dont tu prends tranquillement l’habitude » (Ep 107, 8). Les parents sont les principaux éducateurs des enfants, les premiers maîtres de vie. Avec une grande clarté, Jérôme, s’adressant à la mère d’une jeune fille et mentionnant ensuite le père, admoneste, comme exprimant une exigence fondamentale de chaque créature humaine qui commence son existence: « Qu’elle trouve en toi sa maîtresse, et que sa jeunesse inexpérimentée regarde vers toi avec émerveillement. Que ni en toi, ni en son père elle ne voie jamais d’attitudes qui la conduisent au péché, si elles devaient être imitées. Rappelez-vous que… vous pouvez davantage l’éduquer par l’exemple que par la parole » (Ep 107, 9). Parmi les principales intuitions de Jérôme comme pédagogue, on doit souligner l’importance attribuée à une éducation saine et complète dès la prime enfance, la responsabilité particulière reconnue aux parents, l’urgence d’une sérieuse formation morale et religieuse, l’exigence de l’étude pour une formation humaine plus complète. En outre, un aspect assez négligé à l’époque antique, mais considéré comme vital par notre auteur, est la promotion de la femme, à laquelle il reconnaît le droit à une formation complète: humaine, scolaire, religieuse, professionnelle. Et nous voyons précisément aujourd’hui que l’éducation de la personnalité dans son intégralité, l’éducation à la responsabilité devant Dieu et devant l’homme, est la véritable condition de tout progrès, de toute paix, de toute réconciliation et d’exclusion de la violence. L’éducation devant Dieu et devant l’homme: c’est l’Ecriture Sainte qui nous indique la direction de l’éducation et ainsi, du véritable humanisme.
Nous ne pouvons pas conclure ces rapides annotations sur cet éminent Père de l’Eglise sans mentionner la contribution efficace qu’il apporta à la préservation d’éléments positifs et valables des antiques cultures juive, grecque et romaine au sein de la civilisation chrétienne naissante. Jérôme a reconnu et assimilé les valeurs artistiques, la richesse des sentiments et l’harmonie des images présentes chez les classiques, qui éduquent le cœur et l’imagination à de nobles sentiments. Il a en particulier placé au centre de sa vie et de son activité la Parole de Dieu, qui indique à l’homme les chemins de la vie, et lui révèle les secrets de la sainteté. Nous ne pouvons que lui être profondément reconnaissants pour tout cela, précisément dans le monde d’aujourd’hui.
Pape Benoît: Saint Jérôme (audience 7 novembre 2007)
30 septembre, 2008du site:
BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 7 novembre 2007
Saint Jérôme
Chers frères et soeurs!
Nous porterons aujourd’hui notre attention sur saint Jérôme, un Père de l’Eglise qui a placé la Bible au centre de sa vie: il l’a traduite en langue latine, il l’a commentée dans ses œuvres, et il s’est surtout engagé à la vivre concrètement au cours de sa longue existence terrestre, malgré le célèbre caractère difficile et fougueux qu’il avait reçu de la nature.
Jérôme naquit à Stridon vers 347 dans une famille chrétienne, qui lui assura une formation soignée, l’envoyant également à Rome pour perfectionner ses études. Dès sa jeunesse, il ressentit l’attrait de la vie dans le monde (cf. Ep 22, 7), mais en lui prévalurent le désir et l’intérêt pour la religion chrétienne. Après avoir reçu le Baptême vers 366, il s’orienta vers la vie ascétique et, s’étant rendu à Aquilée, il s’inséra dans un groupe de fervents chrétiens, qu’il définit comme un « chœur de bienheureux » (Chron. ad ann. 374) réuni autour de l’Evêque Valérien. Il partit ensuite pour l’Orient et vécut en ermite dans le désert de Calcide, au sud d’Alep (cf. Ep 14, 10), se consacrant sérieusement aux études. Il perfectionna sa connaissance du grec, commença l’étude de l’hébreu (cf. Ep 125, 12), transcrivit des codex et des œuvres patristiques (cf. Ep 5, 2). La méditation, la solitude, le contact avec la Parole de Dieu firent mûrir sa sensibilité chrétienne. Il sentit de manière plus aiguë le poids de ses expériences de jeunesse (cf. Ep 22, 7), et il ressentit vivement l’opposition entre la mentalité païenne et la vie chrétienne: une opposition rendue célèbre par la « vision » dramatique et vivante, dont il nous a laissé le récit. Dans celle-ci, il lui sembla être flagellé devant Dieu, car « cicéronien et non chrétien » (cf. Ep 22, 30).
En 382, il partit s’installer à Rome: là, le Pape Damase, connaissant sa réputation d’ascète et sa compétence d’érudit, l’engagea comme secrétaire et conseiller; il l’encouragea à entreprendre une nouvelle traduction latine des textes bibliques pour des raisons pastorales et culturelles. Quelques personnes de l’aristocratie romaine, en particulier des nobles dames comme Paola, Marcella, Asella, Lea et d’autres, souhaitant s’engager sur la voie de la perfection chrétienne et approfondir leur connaissance de la Parole de Dieu, le choisirent comme guide spirituel et maître dans l’approche méthodique des textes sacrés. Ces nobles dames apprirent également le grec et l’hébreu.
Après la mort du Pape Damase, Jérôme quitta Rome en 385 et entreprit un pèlerinage, tout d’abord en Terre Sainte, témoin silencieux de la vie terrestre du Christ, puis en Egypte, terre d’élection de nombreux moines (cf. Contra Rufinum 3, 22; Ep 108, 6-14). En 386, il s’arrêta à Bethléem, où, grâce à la générosité de la noble dame Paola, furent construits un monastère masculin, un monastère féminin et un hospice pour les pèlerins qui se rendaient en Terre Sainte, « pensant que Marie et Joseph n’avaient pas trouvé où faire halte » (Ep 108, 14). Il resta à Bethléem jusqu’à sa mort, en continuant à exercer une intense activité: il commenta la Parole de Dieu; défendit la foi, s’opposant avec vigueur à différentes hérésies; il exhorta les moines à la perfection; il enseigna la culture classique et chrétienne à de jeunes élèves; il accueillit avec une âme pastorale les pèlerins qui visitaient la Terre Sainte. Il s’éteignit dans sa cellule, près de la grotte de la Nativité, le 30 septembre 419/420.
Sa grande culture littéraire et sa vaste érudition permirent à Jérôme la révision et la traduction de nombreux textes bibliques: un travail précieux pour l’Eglise latine et pour la culture occidentale. Sur la base des textes originaux en grec et en hébreu et grâce à la confrontation avec les versions précédentes, il effectua la révision des quatre Evangiles en langue latine, puis du Psautier et d’une grande partie de l’Ancien Testament. En tenant compte de l’original hébreu et grec, des Septante et de la version grecque classique de l’Ancien Testament remontant à l’époque pré-chrétienne, et des précédentes versions latines, Jérôme, ensuite assisté par d’autres collaborateurs, put offrir une meilleure traduction: elle constitue ce qu’on appelle la « Vulgate », le texte « officiel » de l’Eglise latine, qui a été reconnu comme tel par le Concile de Trente et qui, après la récente révision, demeure le texte « officiel » de l’Eglise de langue latine. Il est intéressant de souligner les critères auxquels ce grand bibliste s’est tenu dans son œuvre de traducteur. Il le révèle lui-même quand il affirme respecter jusqu’à l’ordre des mots dans les Saintes Ecritures, car dans celles-ci, dit-il, « l’ordre des mots est aussi un mystère » (Ep 57, 5), c’est-à-dire une révélation. Il réaffirme en outre la nécessité d’avoir recours aux textes originaux: « S’il devait surgir une discussion entre les Latins sur le Nouveau Testament, en raison des leçons discordantes des manuscrits, ayons recours à l’original, c’est-à-dire au texte grec, langue dans laquelle a été écrit le Nouveau Pacte. De la même manière pour l’Ancien Testament, s’il existe des divergences entre les textes grecs et latins, nous devons faire appel au texte original, l’hébreu; de manière à ce que nous puissions retrouver tout ce qui naît de la source dans les ruisseaux » (Ep 106, 2). En outre, Jérôme commenta également de nombreux textes bibliques. Il pensait que les commentaires devaient offrir de nombreuses opinions, « de manière à ce que le lecteur avisé, après avoir lu les différentes explications et après avoir connu de nombreuses opinions – à accepter ou à refuser -, juge celle qui était la plus crédible et, comme un expert en monnaies, refuse la fausse monnaie » (Contra Rufinum 1, 16).
Il réfuta avec énergie et vigueur les hérétiques qui contestaient la tradition et la foi de l’Eglise. Il démontra également l’importance et la validité de la littérature chrétienne, devenue une véritable culture désormais digne d’être comparée avec la littérature classique: il le fit en composant le De viris illustribus, une œuvre dans laquelle Jérôme présente les biographies de plus d’une centaine d’auteurs chrétiens. Il écrivit également des biographies de moines, illustrant à côté d’autres itinéraires spirituels également l’idéal monastique; en outre, il traduisit diverses œuvres d’auteurs grecs. Enfin, dans le fameux Epistolario, un chef-d’œuvre de la littérature latine, Jérôme apparaît avec ses caractéristiques d’homme cultivé, d’ascète et de guide des âmes.
Que pouvons-nous apprendre de saint Jérôme? Je pense en particulier ceci: aimer la Parole de Dieu dans l’Ecriture Sainte. Saint Jérôme dit: « Ignorer les Ecritures, c’est ignorer le Christ ». C’est pourquoi, il est très important que chaque chrétien vive en contact et en dialogue personnel avec la Parole de Dieu qui nous a été donnée dans l’Ecriture Sainte. Notre dialogue avec elle doit toujours revêtir deux dimensions: d’une part, il doit être un dialogue réellement personnel, car Dieu parle avec chacun de nous à travers l’Ecriture Sainte et possède un message pour chacun. Nous devons lire l’Ecriture Sainte non pas comme une parole du passé, mais comme une Parole de Dieu qui s’adresse également à nous et nous efforcer de comprendre ce que le Seigneur veut nous dire. Mais pour ne pas tomber dans l’individualisme, nous devons tenir compte du fait que la Parole de Dieu nous est donnée précisément pour construire la communion, pour nous unir dans la vérité de notre chemin vers Dieu. C’est pourquoi, tout en étant une Parole personnelle, elle est également une Parole qui construit une communauté, qui construit l’Eglise. Nous devons donc la lire en communion avec l’Eglise vivante. Le lieu privilégié de la lecture et de l’écoute de la Parole de Dieu est la liturgie, dans laquelle, en célébrant la parole et en rendant présent dans le Sacrement le Corps du Christ, nous réalisons la parole dans notre vie et la rendons présente parmi nous. Nous ne devons jamais oublier que la Parole de Dieu transcende les temps. Les opinions humaines vont et viennent. Ce qui est très moderne aujourd’hui sera très vieux demain. La Parole de Dieu, au contraire, est une Parole de vie éternelle, elle porte en elle l’éternité, ce qui vaut pour toujours. En portant en nous la Parole de Dieu, nous portons donc en nous l’éternel, la vie éternelle.
Et ainsi, je conclus par une parole de saint Jérôme à saint Paulin de Nola. Dans celle-ci, le grand exégète exprime précisément cette réalité, c’est-à-dire que dans la Parole de Dieu, nous recevons l’éternité, la vie éternelle. Saint Jérôme dit: « Cherchons à apprendre sur la terre les vérités dont la consistance persistera également au ciel » (Ep 53, 10).
Pape Benoît: Angelus 28 septembre
30 septembre, 2008du site:
http://www.zenit.org/article-18919?l=french
Angélus du 28 septembre, 30e anniversaire de la mort de Jean-Paul Ier
Benoît XVI évoque le testament spirituel du défunt pape : l’humilité
ROME, Dimanche 28 septembre 2008 (ZENIT.org) – Benoît XVI a évoqué le testament spirituel de Jean-Paul Ier : l’humilité. Avant l’angélus de ce dimanche 28 septembre, en ce 30e anniversaire de la mort de son prédécesseur, Benoît XVI a souligné combien la vertu d’humilité a permis au pape Luciani d’entrer tout de suite « dans le cœur des gens ».
Nous publions ci-dessous le texte de son intervention avant la prière de l’Angélus.
* * *
AVANT L’ANGELUS
Aujourd’hui, la liturgie nous propose la parabole évangélique des deux fils envoyés par leur père à travailler à sa vigne. L’un d’eux dit aussitôt « oui » mais ensuite, il n’y va pas ; l’autre au contraire refuse sur le moment, puis il se repent et répond au désir de son père. Par cette parabole, Jésus redit sa prédilection pour les pécheurs qui se convertissent, et il nous enseigne qu’il faut de l’humilité pour accueillir le don du salut.
Saint Paul aussi, dans le passage de la lettre aux Philippiens que nous méditons aujourd’hui, nous exhorte à l’humilité. « Ne soyez jamais intrigants ni vantards – écrit-il – , mais ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes » (Ph 2,3).
Ce sont les sentiments mêmes du Christ, qui, en se dépouillant de la gloire divine par amour pour nous, s’est fait homme et s’est abaissé jusqu’à mourir crucifié (cf. Ph 2, 5-8). Le verbe utilisé (ekenôsen) signifie littéralement qu’il s’est « vidé lui-même » et met clairement en lumière l’humilité profonde de l’amour infini de Jésus, le Serviteur humble par excellence.
En réfléchissant sur ces textes bibliques, j’ai immédiatement pensé au pape Jean-Paul Ier : c’est aujourd’hui le 30e anniversaire de sa mort. Il a choisi la même devise épiscopale que saint Charles Borromée : Humilitas. Un seul mot qui synthétise l’essentiel de la vie chrétienne et indique la vertu indispensable pour qui, dans l’Eglise, est appelé au service de l’autorité. Dans l’une des quatre audiences générales qu’il a tenues pendant son très bref pontificat, il a dit entre autres, avec ce ton familier qui le caractérisait : « Je me limite à recommander une vertu si chère au Seigneur. Il a dit : Apprenez de moi car je suis doux et humble de cœur (…). Même si vous avez fait de grandes choses, dites : Nous sommes des serviteurs inutiles ». Et il fit observer : « Au contraire la tendance, chez nous tous, est plutôt l’opposé : se mettre en avant » (Enseignements de Jean-Paul Ier, pp. 51-52 en italien, cf. Audience du Mercredi 6 septembre 1978, ndlr ). On peut considérer que l’humilité est son testament spirituel.
C’est justement grâce à cette vertu que 33 jours suffiront pour que le pape Luciani entre dans le cœur des gens. Dans ses discours, il utilisait des exemples tirés de faits de la vie concrète, de ses souvenirs de famille, et de la sagesse populaire. Sa simplicité était le véhicule d’un enseignement solide et riche, qu’il ornait, grâce au don d’une mémoire exceptionnelle et d’une vaste culture, par de très nombreuses citations d’auteurs ecclésiastiques et profanes.
C’est ainsi qu’il a été un catéchiste incomparable, sur les pas de saint Pie X, son compatriote, et prédécesseur, d’abord au siège de saint Marc, et ensuite, à celui de Pierre. « Nous devons nous sentir petits devant Dieu », a-t-il dit au cours de la même audience. Et il a ajouté : « Je n’ai pas honte de me sentir comme un enfant devant ma maman : on croit en sa maman, je crois dans le Seigneur, à ce qu’Il ma révélé ». (Ibidem, p. 49). Ces paroles révèlent la profondeur de sa foi.
En remerciant Dieu de l’avoir donné à l’Eglise et au monde, faisons trésor de son exemple, en nous engageant à cultiver la même humilité, qui l’a rendu capable de parler à tous, spécialement aux petits et à ceux qui sont soi-disant loin.
Et pour cela invoquons la Très sainte Vierge Marie, l’humble Servante du Seigneur.
APRES L’ANGELUS
La période estivale est désormais passée et après-demain je rentrerai au Vatican. Je remercie le Seigneur pour tous les dons qu’il m’a accordés durant cette période. Je pense en particulier à la Journée mondiale de la jeunesse de Sydney, au temps de repos à Bressanone, à la visite en Sardaigne et au voyage apostolique à Paris et Lourdes ; et je pense à la possibilité de séjourner dans cette maison, où je me repose mieux et où je travaille mieux pendant les mois les plus chauds. J’adresse une salutation cordiale à la communauté de Castel Gandolfo, avec mes sincères remerciements à l’évêque, au maire et aux forces de l’ordre. Merci à tous et au revoir !
A l’issue de l’Angélus, le pape a salué les pèlerins en différentes langues. Voici ce qu’il a dit en français :
Je vous salue, chers pèlerins francophones, qui êtes venus pour réciter l’Angélus. Par cette prière, nous faisons mémoire de l’Incarnation du Fils de Dieu et nous contemplons le « oui » immédiat et paisible de la Vierge Marie à la volonté de Dieu exprimée par l’Archange Gabriel. Que la présence de Marie à nos côtés donne à nos « oui » d’être spontanés, généreux et sans retour ! Avec ma Bénédiction apostolique.
bonne nuit
30 septembre, 2008Saint Augustin : « On refusa de l’accueillir, parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem »
30 septembre, 2008du site:
http://www.levangileauquotidien.org/www/main.php?language=FR&localTime=09/30/2008#
Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermon sur le psaume 64 (trad. cf En Calcat)
« On refusa de l’accueillir, parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem »
Il y a deux cités ; l’une s’appelle Babylone, l’autre Jérusalem. Le nom de Babylone signifie « confusion » ; Jérusalem signifie « vision de paix ». Regardez bien la cité de confusion pour mieux connaître la vision de paix ; supportez la première, aspirez à la seconde.
Qu’est-ce qui permet de distinguer ces deux cités ? Pouvons-nous dès a présent les séparer l’une de l’autre ? Elles sont emmêlées l’une dans l’autre et, depuis l’aube du genre humain, s’acheminent ainsi vers la fin des temps. Jérusalem est née avec Abel, Babylone avec Caïn… Les deux villes matérielles ont été construites plus tard, mais elles représentent symboliquement les deux cités immatérielles dont les origines remontent au commencement des temps et qui doivent durer ici-bas jusqu’à la fin des siècles. Le Seigneur alors les séparera, lorsqu’il mettra les uns à sa droite et les autres à sa gauche (Mt 25,33)…
Mais il y a quelque chose qui distingue, même maintenant, les citoyens de Jérusalem des citoyens de Babylone : ce sont deux amours. L’amour de Dieu fait Jérusalem ; l’amour du monde fait Babylone. Demandez-vous qui vous aimez et vous saurez d’où vous êtes. Si vous vous trouvez citoyen de Babylone, arrachez de votre vie la convoitise, plantez en vous la charité ; si vous vous trouvez citoyen de Jérusalem, supportez patiemment la captivité, ayez espoir en votre libération . En effet, beaucoup de citoyens de notre sainte mère Jérusalem (Ga 4,26) étaient d’abord captifs de Babylone…
Comment peut s’éveiller en nous l’amour de Jérusalem notre patrie, dont les longueurs de l’exil nous ont fait perdre le souvenir ? C’est le Père lui-même qui, de là-bas, nous écrit et rallume en nous par ses lettres, qui sont les Saintes Ecritures, la nostalgie du retour.
Victor Hugo: Le firmament est plein de la vaste clarté
30 septembre, 2008du site:
http://www.bonheurpourtous.com/botext/lefirma.html
Victor Hugo, Les contemplations, avril 1840
Le firmament est plein de la vaste clarté
;
Tout est joie, innocence, espoir, bonheur, bonté.
Le beau lac brille au fond du vallon qui le mure ;
Le champ sera fécond, la vigne sera mûre ;
Tout regorge de sève et de vie et de bruit,
De rameaux verts, d’azur frissonnant, d’eau qui luit,
Et de petits oiseaux qui se cherchent querelle.
Qu’a donc le papillon ? qu’a donc la sauterelle ?
La sauterelle a l’herbe, et le papillon l’air ;
Et tous deux ont avril, qui rit dans le ciel clair.
Un refrain joyeux sort de la nature entière ;
Chanson qui doucement monte et devient prière.
Le poussin court, l’enfant joue et danse, l’agneau
Saute, et, laissant tomber goutte à goutte son eau,
Le vieux antre, attendri, pleure comme un visage ;
Le vent lit à quelqu’un d’invisible un passage
Du poème inouï de la création ;
L’oiseau parle au parfum ; la fleur parle au rayon ;
Les pins sur les étangs dressent leur verte ombelle ;
Les nids ont chaud ; l’azur trouve la terre belle,
Onde et sphère, à la fois tous les climats flottants ;
Ici l’automne, ici l’été ; là le printemps.
Ô coteaux ! ô sillons ! souffles, soupirs, haleines !
L’hosanna des forêts, des fleuves et des plaines,
S’élève gravement vers Dieu, père du jour ;
Et toutes les blancheurs sont des strophes d’amour ;
Le cygne dit : Lumière ! et le lys dit : Clémence !
Le ciel s’ouvre à ce chant comme une oreille immense.
Le soir vient ; et le globe à son tour s’éblouit,
Devient un oeil énorme et regarde la nuit ;
Il savoure, éperdu, l’immensité sacrée,
La contemplation du splendide empyrée,
Les nuages de crêpe et d’argent, le zénith,
Qui, formidable, brille et flamboie et bénit,
Les constellations, ces hydres étoilées,
Les effluves du sombre et du profond, mêlées
A vos effusions, astres de diamant,
Et toute l’ombre avec tout le rayonnement !
L’infini tout entier d’extase se soulève.
Et, pendant ce temps-là, Satan, l’envieux, rêve.