Archive pour le 23 septembre, 2008
Macaire le Grand. (Père du désert)
23 septembre, 2008du site:
http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Philocalie/macaire.html
Macaire le Grand. (Père du désert)
La figure de Saint Macaire est très certainement composite. Son nom lui-même, Makavrioõ – Makarios -, est en fait un adjectif qui signifie « bienheureux ». Le Macaire originel naquit en haute-Égypte, vers 300. Vers 330, il se fit moine, c’est-à-dire qu’il se retira, le premier, dans le désert de Scétis, à l’endroit appelé depuis Deir Abu Makar (34). Bientôt rejoint par d’autres hommes, il y vécut en ermite, entouré par les retraites des autres solitaires. C’est alors que, étonnés par sa sagesse et son intelligence, ses compagnons lui donnèrent le surnom de toV nevoõ ghraioõ – to néos gêraios -, « le jeune âgé ».
« Prophète et docteur », c’est-à-dire théologien et prêcheur, Macaire fut ordonné prêtre vers 340. Les moines se réunissaient autour de lui pour les liturgies et admiraient l’éloquence de ses homélies et de ses sermons. Fermement opposé à l’hérésie arienne, il fut, vers 374, exilé dans une île du Nil par l’évêque Lucius d’Alexandrie. Peu de temps après, il revint au désert pour y finir ses jours. C’est pendant cette dernière période qu’Évagre le Pontique fut son disciple. Il mourut vers 391.
La littérature macarienne comporte au moins trois sources :
- une lettre, « Aux amis de Dieu », sans doute authentiquement du premier Macaire; – les « Cent Cinquante Homélies spirituelles », réunies par Syméon le Métaphraste (35), que la critique moderne attribue souvent à un auteur de tendance messalienne, Syméon de Mésopotamie et nous nous y référerons comme au pseudo-Macaire;
- le cycle copte de Macaire, avec le recueil des « Vertus de saint Macaire », appelé ici le Macaire copte.
On voit ici l’importance d’une tradition orale inspirée par la figure du « Bienheureux ». Le texte ci-dessous rapporte très vraisemblablement la pensée de saint Macaire : « On demandait à l’abba (36) Macaire : Comment doit-on prier ? L’ancien répondit : Point n’est besoin de se perdre en paroles; il suffit d’étendre les mains et de dire « Seigneur, comme il Vous plaît et comme Vous savez, ayez pitié ». Si le combat vous presse, dites : « Seigneur, au secours ! ». Il sait ce qui vous convient et Il aura pitié de vous. »
Citation des « Cent cinquante homélies spirituelles ».
18. La persévérance dans la prière est le fondement de tout bon effort et la cime où s’accomplissent les oeuvres droites. C’est par elle, quand nous appelons Dieu à tendre une main secourable, que nous acquérons les autres vertus. C’est dans la prière en effet qu’est donné à ceux qui en sont jugés dignes de communier à l’énergie mystique et de rencontrer l’état de sainteté qui, par l’ineffable amour du Seigneur, tourne vers Dieu également l’intelligence elle-même. Il est dit : « Tu as donné la joie à mon coeur ». Et le Seigneur lui-même : « Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous ». Que le Royaume de Dieu soit au dedans, qu’est-ce que cela peut signifier d’autre que ceci : la joie céleste de l’Esprit marque clairement de son empreinte les âmes qui en sont dignes ? Car les âmes qui, par la communion efficace de l’Esprit, sont dignes d’une telle grâce reçoivent les arrhes et les prémices de la réjouissance, de la joie, du bonheur que donne l’Esprit, et auquel ont part les saints dans la lumière éternelle au coeur du Royaume du Christ. C’est là, nous le savons, ce qu’a montré l’Apôtre divin. Il dit en effet : « Il nous console dans notre affliction, afin que par la consolation que nous mêmes recevons de Dieu, nous puissions consoler ceux qui sont dans la détresse ». Mais également : « Mon coeur et ma chair crient de joie vers le Dieu vivant », et : « Comme de graisse et de moelle mon âme sera rassasiée ». De même les versets qui s’accordent à ceux-ci veulent dire la même chose, et font allusion à la joie et à la consolation efficaces de l’Esprit.
19. De même que l’oeuvre de la prière est plus grande que les autres, de même celui qui est épris d’amour pour elle doit se donner plus de peine et de souci afin de ne pas se faire voler à son insu par le vice. Car en ceux qui visent un plus grand bien, le malin attaque avec de plus grands efforts. Un tel homme aura ainsi besoin d’une grande vigilance et d’une grande sobriété pour porter davantage encore les fruits de l’amour et de l’humilité, de la simplicité et de la bonté, et enfin du discernement, en persévérant chaque jour dans la prière. Ces fruits lui rendront manifestes son propre progrès et sa propre croissance dans les choses de Dieu, et ils inviteront les autres à éprouver la même ferveur.
20. L’Apôtre divin lui-même enseigne qu’il faut prier continuellement et persévérer dans la prière. Et le Seigneur l’a dit : « Combien plus Dieu fera-t-il justice à ceux qui l’appellent nuit et jour » et : « Veillez et priez ». Il faut donc « toujours prier et ne pas se lasser ». De même que celui qui persévère dans la prière a choisi une oeuvre plus fondamentale, de même il lui faut mener un grand combat et soutenir un effort continu, car à la persévérance dans la prière s’opposent les nombreux obstacles du vice : le sommeil, l’acédie, la pesanteur du corps, l’égarement des pensées, l’agitation de l’intelligence, le relâchement, et les autres oeuvres mauvaises. Puis viennent les afflictions, les soulèvements des esprits du mal eux-mêmes, qui nous combattent et nous résistent avec acharnement et empêchent d’approcher Dieu l’âme qui sans relâche le recherche en vérité.
22. Si l’humilité et l’amour, la simplicité et la bonté, ne règlent pas le bon ordre de notre prière, une telle prière, qui serait plutôt l’apparence de la prière, ne peut guère nous aider. Et nous ne disons pas cela de la seule prière, mais de tout effort et de toute peine, de la virginité, du jeûne, de la veille, de la psalmodie, du service, de tout travail fait avec attention pour l’amour de la vertu. Si nous ne nous attachons pas à voir en nous-mêmes les fruits de l’amour, de la paix, de la joie, de la simplicité, de l’humilité, mais aussi de la douceur, de la candeur, de la foi telle qu’elle doit être, de la patience et de la bienveillance, les peines que nous nous donnons ne nous servent à rien. Car nous acceptons de supporter les peines pour profiter des fruits. Mais si l’on ne trouve pas en nous les fruits de l’amour, notre travail est tout à fait vain. De tels hommes ne diffèrent en rien des cinq vierges folles. Celles-ci n’avaient pas dès maintenant dans leur coeur l’huile spirituelle : l’énergie des vertus dont nous avons parlé, cette énergie que donne l’Esprit. Aussi furent-elles appelées folles et rejetées lamentablement hors du lieu des noces royales, sans recevoir en partage le fruit des peines de la virginité. En effet, quand on cultive la vigne, on prodigue à l’avance tous ses soins et toute sa peine dans l’espoir d’obtenir des fruits, mais si l’on n’a pas récolté de fruits, le travail s’avère aléatoire. De même si nous ne voyons pas en nous, grâce à l’énergie de l’Esprit, les fruits de l’amour, de la paix, de la joie et des autres vertus que l’Apôtre a énumérées, et si nous ne nous attachons pas à reconnaître cette grâce en toute certitude et par la perception spirituelle, l’effort de la virginité, de la prière, de la psalmodie, du jeûne et de la veille est manifestement vain. Car ces peines et ces efforts de l’âme et du corps doivent s’accomplir, nous l’avons dit, dans l’espérance des fruits spirituels. Porter les fruits des vertus est une jouissance spirituelle, accompagnée d’un plaisir incorruptible, que l’Esprit suscite secrètement dans !es coeurs fidèles et humbles. Qu’ainsi les peines et les efforts soient considérés pour ce qu’ils sont, comme des peines et des efforts, et que les fruits soient considérés comme des fruits. Mais si quelqu’un, par manque de connaissance, pense que son travail et son effort sont des fruits de l’Esprit, qu’il n’ignore pas qu’il se console et se trompe lui-même, et que dans son état il est privé des fruits réellement grands, les fruits de l’Esprit.
24. Ceux qui ne peuvent pas encore – parce qu’ils sont des enfants s’adonner jusqu’au bout à l’oeuvre de la prière, doivent accepter de servi leurs frères avec piété, foi et crainte de Dieu. Car ils sont au service d’un commandement de Dieu et d’une oeuvre spirituelle. Mais qu’ils n’attende pas des hommes un salaire, ou un honneur, et un remerciement. Qu’ils ne se permettent aucun murmure, ni orgueil, ni négligence, ni relâchement, à de ne pas souiller et corrompre une telle Couvre bonne, mais qu’ils s’efforcent cent bien plutôt de la rendre agréable à Dieu par la piété, la crainte et la joie.
25. Le Seigneur est descendu parmi les hommes – ô la miséricorde divine à notre égard ! – avec tant d’amour et de bonté, cherchant à ne pas laisser d’oeuvre bonne sans aucun salaire, mais à mener tous les êtres des plus petites aux plus grandes vertus, pour ne priver personne de récompense, n’aurait-on donné qu’un verre d’eau fraîche. Car il a dit: « Quiconque donnera à boire un seul verre d’eau fraîche à l’un de ces petits, parce qu’il est Mon disciple, en vérité Je vous le dis, il ne perdra pas sa récompense ». Et encore : « Dans la mesure où vous avez fait cela à l’un d’eux, c’est à Moi que vous l’avez fait ». Seulement, qu’on fasse un tel geste pour l’amour de Dieu, et non pour une gloire humaine. Car il a ajouté : « parce qu’il est Mon disciple », c’est-à-dire : dans la crainte et l’amour du Christ. Blâmant en effet ceux qui poursuivent le bien ostensiblement, et donnant à sa parole la force d’une sentence ferme, le Seigneur en vient à dire : « En vérité Je vous le dis, ils ont reçu leur récompense ».
(34) En arabe. Ce nom peut se traduire par « le lieu de Père Macaire ».
(35) Syméon le Métaphraste, en grec Sumevon metavfrastiõ – Syméon métaphrastis -, c’est-à-dire Syméon le traducteur, vécut à Constantinople, probablement entre 900 et 985. Lui-même hagiographe, son Mhvwlogion – Ménologion — est une collection de dix volumes relatant les vies des premiers saints orientaux, arrangée dans l’ordre du jour de leur fêtes. Syméon n’était ni prêtre ni moine, mais appartenait à l’administration byzantine.
(36) Le mot abba est la transcription du grec ecclésiastique – abbas -, lui-même issu, via l’araméen, de l’hébreu ba – ’av -. Il signifie « père », avec l’idée de supérieur monastique
LE PÈRE DU DÉSERT
23 septembre, 2008
du site:
http://www.st-benoit-du-lac.com/peres/peres2.html
LE PÈRE DU DÉSERT
On appelle « Pères du désert » les moines qui, à partir du IVe siècle, peuplèrent les déserts d’Égypte, de Palestine et de Syrie. Les premiers moines furent des anachorètes vivant en marge des villages. En Égypte, les moines habitaient dans d’anciens tombeaux égyptiens (saint Antoine). Puis, ils s’éloignèrent des lieux habités pour peupler le désert, plus propice à leur méditation. La croyance populaire directement héritée de la tradition pharaonique voulait que le désert, stérile et inhabité, soit le royaume de Seth, dieu du Mal, et par conséquent du démon. C’est pourquoi les moines choisirent le désert afin d’affronter le démon.
Certains Pères du désert vécurent dans des grottes (« laures » de Palestine), mais le plus souvent ils se regroupaient dans le désert, à l’ouest du delta du Nil (Wadi Natroun ou désert de Scété), chacun habitant dans une cellule. La cellule a donné son nom à l’un des grands centres monastiques du désert, les « Kellia ». Ce mode de vie dans le désert se situe à mi-chemin entre l’érémitisme et le cénobitisme, les cellules étaient situées « à portée de voix » les unes des autres (Apophtegmes des Pères du désert). Durant la semaine, les moines avaient peu de contact entre eux. Du samedi soir au dimanche matin, ils se retrouvaient tous à l’ecclesia (assemblée) pour prendre un repas en commun et célébrer l’eucharistie. Devant le nombre de cellules, qui pouvait atteindre plusieurs centaines sur un même site (on compta jusqu’à 5 000 moines dans le désert de Nitrie), le désert fut comparé, par saint Antoine, à une cité.
Le terme de « père » est entendu au sens de « vieillard » ou de « sage ». Son expérience est constituée à la fois par une lutte interne qu’il mène contre ses penchants (« démon de midi » qui est découragement et paresse) et une lutte contre le démon et ses tentations. Cette expérience personnelle lui permet de guider d’autres moines plus jeunes; il devient alors un « père spirituel ». La vie des moines dans le désert ne se bornait pas à la méditation mais s’accompagnait d’une activité manuelle nécessaire à la pratique de l’ascèse et qui leur permettait en outre d’acheter de la farine, base de leur alimentation.
On connaît l’enseignement des « Pères du désert » grâce à des sentences qu’ils ont énoncés lors d’entretiens avec leurs disciples et que ceux-ci ont consignées, au Ve siècle, dans des recueils appelés Apophtegmes des Pères du désert. Les paroles des Pères du désert, abondamment diffusées, ont largement contribué, avec les règles de vie communautaire de saint Pacôme, à la naissance du monachisme en Orient et en Occident. Après un séjour dans l’Est méditerranéen, Jean Cassien rapporta ces recueils et devint le promoteur du monachisme occidental.
un sentence, Abba Macaire:
Abba Macaire, qui habitait le Désert des Cellules, reçu un jour un professeur du Caire qui venait recevoir de lui une parole de vie. Macaire lui servit une tisane. Il remplit entièrement la tasse de son visiteur et continua de verser le brevage. Le professeur voyant sa tasse déborder, ne pût se contenir plus longtemps et s’exclamma : « La tasse déborde, ne vois-tu pas qu’il est impossible d’en mettre un goutte de plus? » « Comme cette tasse », lui répondit Macaire, « tu es rempli de tes propres opinions et de tes spéculations, comment pourrais-je te faire entendre une parole de vie sans que tu ne vides tout d’abord ta tasse? »
bonne nuit
23 septembre, 2008Elle vivait de foi comme nous
23 septembre, 2008du site:
http://www.levangileauquotidien.org/www/main.php?language=FR&localTime=09/23/2008#
Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (1873-1897), carmélite, docteur de l’Église
Derniers Entretiens, 21/08/1897 (OC, Cerf DDB 1996, p.1102)
Elle vivait de foi comme nous
Que j’aurais bien voulu être prêtre pour prêcher sur la Sainte Vierge ! Une seule fois m’aurait suffi pour dire tout ce que je pense à ce sujet.
J’aurais d’abord fait comprendre à quel point on connaît peu sa vie. Il ne faudrait pas dire des choses invraisemblables ou qu’on ne sait pas ; par exemple que, toute petite, à trois ans, la Sainte Vierge est allée au Temple s’offrir à Dieu avec des sentiments brûlants d’amour et tout à fait extraordinaires ; tandis qu’elle y est peut-être allée tout simplement pour obéir à ses parents… Pour qu’un sermon sur la Sainte Vierge me plaise et me fasse du bien, il faut que je voie sa vie réelle, pas sa vie supposée ; et je suis sûre que sa vie réelle devait être toute simple. On la montre inabordable, il faudrait la montrer imitable, faire ressortir ses vertus, dire qu’elle vivait de foi comme nous, en donner des preuves par l’Evangile où nous lisons : « Ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait » (Lc 2,50). Et cette autre, non moins mystérieuse : « Ses parents étaient dans l’admiration de ce qu’on disait de lui » (Lc 2,33). Cette admiration suppose un certain étonnement, ne trouvez-vous pas ?
On sait bien que la Sainte Vierge est la Reine du Ciel et de la terre, mais elle est plus mère que reine, et il ne faut pas dire à cause de ses prérogatives qu’elle éclipse la gloire de tous les saints, comme le soleil à son lever fait disparaître les étoiles. Mon Dieu ! que cela est étrange ! Une mère qui fait disparaître la gloire de ses enfants ! Moi je pense tout le contraire, je crois qu’elle augmentera de beaucoup la splendeur des élus. C’est bien de parler de ses prérogatives, mais il ne faut pas dire que cela… Qui sait si quelque âme n’irait pas même jusqu’à sentir alors un certain éloignement pour une créature tellement supérieure et ne se dirait pas : « Si c’est cela, autant aller briller comme on pourra dans un petit coin ».
Ce que la Sainte Vierge a de plus que nous, c’est qu’elle ne pouvait pas pécher, qu’elle était exempte de la tache originelle, mais d’autre part, elle a eu bien moins de chance que nous, puisqu’elle n’a pas eu de Sainte Vierge à aimer, et c’est une telle douceur de plus pour nous.