Archive pour le 7 septembre, 2008
« Je suis là, au milieu d’eux »
7 septembre, 2008du site:
http://www.levangileauquotidien.org/www/main.php?language=FR&localTime=09/07/2008#
Saint Jean Chrysostome (vers 345-407), évêque d’Antioche puis de Constantinople, docteur de l’Église
Homélie 8 sur l’épître aux Romains, 8 ; PG 60, 464-466
« Je suis là, au milieu d’eux »
Si je vous dis d’imiter l’apôtre Paul, ce n’est pas vous dire : Ressuscitez les morts, guérissez les lépreux. Faites mieux : ayez la charité. Ayez l’amour qui animait saint Paul, car cette vertu est bien supérieure au pouvoir de faire des miracles. Là où il y a la charité, Dieu le Fils règne avec son Père et le Saint Esprit. Il l’a dit : « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux ». Aimer se trouver ensemble, c’est le caractère d’une amitié aussi forte que réelle.
Est-ce qu’il y a des gens assez misérables, direz-vous, pour ne pas désirer avoir le Christ au milieu d’eux ? Oui, nous-mêmes, mes enfants ; nous le chassons d’entre nous quand nous sommes en lutte les uns contre les autres. Vous me direz : Que dis-tu là ? Ne vois-tu pas que nous sommes rassemblés en son nom, tous dans les mêmes murs, dans l’enceinte de la même église, attentifs à la voix de notre pasteur ? Pas la moindre dissension, dans l’unité des cantiques et des prières, écoutant ensemble notre pasteur. Où est la discorde ?
Je sais que nous sommes dans le même bercail et sous le même pasteur. Je n’en pleure que plus amèrement… Car si vous êtes calmes et tranquilles en ce moment, au sortir de l’église celui-ci critique celui-là ; l’un injurie publiquement l’autre ; tel est dévoré par l’envie, la jalousie ou l’avarice ; tel autre médite la vengeance, tel autre la sensualité, la duplicité ou la fraude… Respectez donc, respectez cette table sainte à laquelle nous communions tous ; respectez le Christ immolé pour nous ; respectez le sacrifice qui est offert sur cet autel au milieu de nous
Simon de Cyrène
7 septembre, 2008
du site:
http://www.biblisem.net/meditat/audrasim.htm
Simon de Cyrène
Un homme pointe à l’horizon du paysage amer.
Il est robuste et calme. Il revient de ses champs
à la minute extrême où Dieu ne pouvait plus.
On le happe au tournant et le mystère descend
sur le Christ et sur lui qui s’élèvent ensemble.
Puis, la montagne acquise, les soldats le libèrent. On le rend à la nuit.
« Simon de Cyrène – si près de Dieu, puisque le bois te heurte –
silencieux auditeur de la croix que tu portes, et qui n’as jamais rien dit…
Qu’as-tu donc entendu des battements de son Coeur,
alors que le Passionné montait ? »
« Je n’ai rien entendu – dit Simon – que je puisse redire,
puisque l’Évangile s’est tu. »
Mais l’arbre de toutes les semences, et le tronc de tous les secrets,
n’a pas en vain sur ta chair imprimé ses méfaits
sans que tes épaules ressentent et que ton front comprenne,
– Simon de Cyrène – la lassitude humaine, et tout ce que l’homme va faire à Dieu…
La complainte infiniment pareille, le sanglot du mal inconscient ou voulu qui va jaillir tout à l’heure de ses plaies suspendues.
Le Seigneur te précède et t’omet.
L’Écriture mentionne sa grâce à Véronique, aux femmes son apostrophe.
Mais à toi plus prochain, qui partages avec Lui le fardeau des humains,
Il n’a pas dit merci !…
Saint Simon de Cyrène, philosophe ignoré, toi qui marches dans l’ombre de toute la Clarté,
Il te laisse derrière, la part du bois qui traîne, pour que l’intelligence à jamais te soit faite des choses inconsolées…
Dans le symbole de l’Écriture des jours, tu vis, Samaritain du Christ, à côté de chacun dont le travail surpasse les forces de la nature.
Tu te charges en silence, de ce peu de leur croix, qui dépasse, apparente, et soutiens tout leur coeur invisible, du tien.
Jusqu’au jour, où la même colline unifiant les sommets réunira les mondes,
devant la joie du Père, nous verrons le Verbe ensoleillé,
vers toi, Cyrénéen dirigeant sa parole –
avant tous les martyrs, les élus, les enfants, appeler :
« Consolateur » –
Et puis te consoler.
Alliette AUDRA, Via Crucis, Rouart, 1924.
Recueilli dans La vie de Jésus racontée par les poètes,
par Jacques Charpentreau, DDB, 1982.
P. Cantalamessa:Pour être capable de corriger les autres il faut savoir se laisser corriger
7 septembre, 2008
du site:
http://www.zenit.org/article-18720?l=french
Pour être capable de corriger les autres il faut savoir se laisser corriger
Commentaire de l’évangile du dimanche 7 septembre, par le P. Cantalamessa
ROME, Vendredi 5 septembre 2008 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile du dimanche 7 septembre proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.
Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 18, 15-20
Jésus disait à ses disciples : « Si ton frère a commis un péché, va lui parler seul à seul et montre-lui sa faute. S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère. S’il ne t’écoute pas, prends encore avec toi une ou deux personnes afin que toute l’affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à la communauté de l’Église ; s’il refuse encore d’écouter l’Église, considère-le comme un païen et un publicain. Amen, je vous le dis : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel. Encore une fois, je vous le dis : si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quelque chose, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. »
© Copyright AELF – Paris – 1980 – 2006 Tous droits réservés
Si ton frère commet un péché…
Dans l’Evangile de ce dimanche nous lisons : « Si ton frère a commis un péché, va lui parler seul à seul et montre-lui sa faute. S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère ». Jésus parle de n’importe quel type de péché ; pas seulement du péché commis contre nous. Dans ce cas, en effet, il est pratiquement impossible de savoir si ce qui nous pousse, c’est le zèle pour la vérité, ou notre amour propre blessé. Ce serait en tout cas davantage de l’autodéfense que de la correction fraternelle. Lorsque la faute est commise contre nous, le premier devoir n’est pas la correction mais le pardon.
Pourquoi Jésus dit-il : « Va lui parler seul à seul et montre-lui sa faute » ? Tout d’abord par égard pour la réputation de ton frère, pour sa dignité. Le pire serait de vouloir corriger un mari en présence de sa femme ou une femme en présence de son mari, un père devant ses enfants, un maître devant ses élèves, ou un supérieur devant ceux qui dépendent de lui. C’est-à-dire en présence des personnes dont on tient particulièrement au respect et à l’estime. La chose se transforme immédiatement en procès public. Ce sera bien difficile pour la personne d’accepter la correction de bon gré. Il en va de sa dignité.
Il dit « seul à seul » aussi pour donner à la personne la possibilité de se défendre et d’expliquer son action en toute liberté. Très souvent en effet, ce qui peut apparaître comme une faute à un observateur extérieur, ne l’est pas dans les intentions de celui qui l’a commise. Une explication franche dissipe beaucoup de malentendus. Mais cela n’est plus possible lorsque les faits sont portés à la connaissance de plusieurs.
Lorsque, pour différentes raisons, il n’est pas possible de corriger fraternellement, seul à seul, la personne qui a commis la faute, il y a une chose qu’il faut absolument éviter de faire à sa place, c’est divulguer inutilement la faute de ce frère, parler mal de lui, voire même le calomnier, en faisant comme si ce qui n’est pas prouvé l’était, ou en exagérant sa faute. « Ne médisez pas les uns des autres », dit l’Ecriture (Jc 4, 11). Ce n’est pas parce qu’on désigne maintenant le « bavardage » par un autre terme, celui de « gossip » (1) qu’il devient une chose moins laide et moins déplorable.
Un jour, une femme alla se confesser auprès de saint Philippe Neri, s’accusant d’avoir mal parlé de quelques personnes. Le saint lui donna l’absolution mais également une étrange pénitence. Il lui demanda de rentrer chez elle, de prendre une poule et de revenir le voir, en la plumant soigneusement tout le long du chemin. Lorsqu’elle fut de retour devant lui, il lui dit : « Maintenant rentre chez toi et ramasse une à une les plumes que tu as laissé tomber en venant ici ». La femme lui fit observer que cela était impossible : le vent les avait sûrement dispersées un peu partout depuis. Mais c’est précisément là que l’attendait saint Philippe Neri. « Tu vois, lui dit-il, de même qu’il est impossible de ramasser les plumes une fois dispersées par le vent, il est impossible de retirer des commérages et des calomnies une fois qu’ils ont été prononcés ».
En revenant au thème de la correction, il faut reconnaître que le fait de réussir à donner une correction ne dépend pas toujours de nous (malgré nos meilleures dispositions, l’autre peut ne pas l’accepter, il peut se raidir) ; en revanche, le fait de réussir à recevoir une correction dépend toujours et exclusivement de nous. En effet, je pourrais très bien être la personne qui « a commis le péché » et l’autre pourrait être le « correcteur » : le mari, la femme, l’ami, le confrère ou le père supérieur.
En somme, il n’y a pas que la correction active, mais aussi la correction passive ; il n’y a pas que le devoir de corriger mais aussi celui de se laisser corriger. Et c’est d’ailleurs là que l’on voit si une personne est suffisamment mûre pour corriger les autres. Celui qui veut corriger les autres doit aussi être prêt à se laisser corriger à son tour. Lorsque vous voyez que l’on fait une observation à une personne et que vous l’entendez répondre avec simplicité : « Tu as raison, merci de me l’avoir fait remarquer ! », vous pouvez exprimer votre respect, vous êtes devant un vrai homme ou une vraie femme.
Il faudrait toujours lire l’enseignement du Christ sur la correction fraternelle en même temps que ce qu’il dit à une autre occasion : « Qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’œil de ton frère ? Et la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ! Comment peux-tu dire à ton frère : ‘frère, laisse-moi ôter la paille qui est dans ton œil’, toi qui ne vois pas la poutre qui est dans ton œil ? » (Lc 6, 41 s.).
Ce que Jésus nous a enseigné concernant la correction peut être également très utile dans l’éducation des enfants. La correction est l’un des devoirs fondamentaux des parents. « Quel est le fils que ne corrige son père ? », dit l’Ecriture (He 12, 7) ; et encore : « Redresse la plante tant qu’elle est encore tendre si tu ne veux pas qu’elle grandisse de travers pour toujours ». Le renoncement total à toute forme de correction est l’un des pires services que l’on puisse rendre aux enfants et malheureusement, cela est très fréquent aujourd’hui.
Il faut seulement éviter que la correction se transforme en acte d’accusation ou en critique. Il faut plutôt circonscrire le reproche à la faute commise, ne pas la généraliser en blâmant en bloc toute la personne et sa conduite. Il faut au contraire profiter de la correction pour souligner tout le bien que l’on reconnaît chez l’enfant et le fait qu’on attend beaucoup de lui, afin que la correction apparaisse davantage comme un encouragement que comme une disqualification. C’est la méthode qu’utilisait saint Jean Bosco avec les jeunes.
Dans les cas concrets, ce n’est pas facile de comprendre s’il vaut mieux corriger ou laisser courir, parler ou se taire. Pour cela, il est important de tenir compte de la règle d’or, valable dans tous les cas, que l’Apôtre donne dans la deuxième lecture : « Frères, ne gardez aucune dette envers personne, sauf la dette de l’amour mutuel… l’amour ne fait rien de mal au prochain ». Saint Augustin a tout synthétisé dans le dicton « Aime et fais ce que tu veux ». Il faut s’assurer avant tout qu’il y a dans notre cœur une disposition fondamentale d’accueil de la personne. Ensuite, peu importe ce que nous déciderons de faire, que ce soit corriger ou nous taire, ce sera bien, car l’amour « ne fait rien de mal au prochain ».
(1) Terme anglais utilisé fréquemment en italien, ndlr
Traduit de l’italien par Zenit