Archive pour le 4 septembre, 2008
Frédéric Manns, ofm: Comment lire la Bible ? Lecture critique de la Bible
4 septembre, 2008du site:
http://www.custodia.org/spip.php?article3798&lang=fr
SBF La parole de Dieu : Comment lire la Bible ? Lecture critique de la Bible
Frédéric Manns, ofm
Mis en ligne le lundi 1er septembre 2008 à 14h47
Par Eugenio
La littérature mondiale abonde de chefs d’oeuvre supérieurs à certains livres de la Bible, voire plus édifiants au plan moral. De plus, il arrive que des archéologues contestent telle ou telle donnée historique relue dans la Bible à partir des documents extra-bibliques, d’Assyrie ou d’Ebla en particulier. Pourquoi perdre son temps à lire des récits dépassés ? Ces contestations font venir à l’esprit le récit biblique de Naaman le syrien.
Quand le prophète Elisée dit à Naaman, qui était venu le voir pour être guéri de la lèpre, de se laver sept fois dans le Jourdain, celui-ci répondit, indigné : « Est-ce que les fleuves de Damas, l’Abana et le Parpar, ne valent pas mieux que toutes les eaux d’Israël ? Ne pourrais-je pas m’y baigner pour être purifié ? » (2 R 5, 12). Naaman avait raison : les fleuves de Syrie étaient meilleurs et plus riches en eau que le Jourdain ; et pourtant, il fut guéri en se baignant dans ce fleuve et sa peau devint comme celle d’un jeune homme, ce qui ne se serait jamais produit s’il s’était baigné dans les grands fleuves de la Syrie.
De même aucun des livres classiques de la littérature mondiale ne produit les mêmes effets que le plus modeste des livres inspirés. Dans la parole des Ecritures, il y a quelque chose qui agit au-delà de toute explication humaine ; la disproportion évidente entre le signe et la réalité qu’il produit, fait penser à l’action des sacrements.
Les « eaux d’Israël », qui symbolisent les Ecritures inspirées par Dieu, continuent aujourd’hui de guérir de la lèpre du péché. Au cours de l’eucharistie, après la proclamation de l’Evangile le célébrant récite cette prière : « Que cet Evangile efface nos péchés ». Les Ecritures elles-mêmes attestent du pouvoir de guérison de la parole de Dieu. L’auteur du livre de la Sagesse, relisant le livre de l’Exode, affirme : « Et de fait, ce n’est ni herbe ni émollient qui leur rendit la santé, mais ta parole, Seigneur qui guérit tout ! » (Sg 16, 12).
Il n’en reste pas moins qu’il y a deux manières d’aborder la Bible – la lecture scientifique et celle de la foi. Elles ne s’excluent pas, au contraire, elles se complètent. Il est nécessaire d’étudier la Bible de façon critique pour éviter le fondamentalisme qui consiste à prendre un verset de la Bible, tel qu’il est, et l’appliquer aux situations concrètes, sans tenir compte des différences de culture, de temps, et en oubliant les genres littéraires de la Bible. On n’insistera jamais assez sur l’importance d’une étude scientifique de la Bible. Cependant, la Bible n’est pas un livre de science, mais elle relate l’histoire du salut. Dieu a adapté son langage pour que les hommes puissent le comprendre ; il n’a pas écrit pour les hommes de l’ère scientifique. La première page de la Bible est un hymne au Dieu créateur et n’a aucune prétention critique. Par contre, réduire la Bible à un objet d’érudition, en restant indifférent à son message, c’est s’exposer à un grand danger, car « la lettre tue et l’esprit donne la vie ». L’image du fiancé qui lit une lettre d’amour de sa fiancée est souvent reprise. Si le fiancé se contente d’examiner la lettre en scrutant la grammaire et la syntaxe, et s’arrête là, sans y reconnaître le message d’amour qu’elle contient à travers la pauvreté des mots, il passe à côté de l’essentiel. Lire la Bible sans la foi, c’est oublier l’intention de l’auteur. Lire l’Ecriture à la lumière de la foi signifie faire référence au Christ et à son Eglise, en relevant, dans chaque page, ce qui se rapporte à lui. Certains fondamentalistes veulent absolument que la Bible dise le vrai. La Bible dit vrai quand elle enseigne le vrai visage de Dieu et le sens de la destinée humaine. Mais elle le fait avec son langage, même avec divers langages. De même que Jésus est venu prendre chair en un pays déterminé, adoptant sa langue, ses coutumes, les écrivains sacrés se sont tous insérés dans un temps, une culture. Ils en partagent les vues et les limites. L’Esprit Saint a accepté de passer par leur médiation. Il y a une manière d’écrire qui est poétique, une autre qui relève de la sagesse populaire ou royale, une autre encore de la célébration épique et solennelle de la libération ou de l’identité d’un peuple. La Bible dit le vrai, mais que dit-elle de vrai ? et surtout comment le dit-elle ? Pour répondre à ces questions, il est nécessaire de situer le texte de l’Ancien Testament dans son contexte historique et sa culture.
Le chrétien lit toute la Bible en partant du mystère pascal. Jésus lui-même y invitait les disciples d’Emmaüs : « Commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes, il leur interpréta dans toutes les Écritures ce qui le concernait » (Lc 24,27). C’est ainsi que, revenant avec le Christ et sous sa conduite, vers les textes de l’Ancien Testament, il y découvre le monde comme création, l’homme et la femme comme créatures aimées de Dieu, la vocation du peuple de Dieu à être ferment de communion et de justice au cśur du monde. Il y découvre également l’annonce du Messie et la préparation de sa venue : toutes les Ecritures sont orientés vers cette venue. Saint Augustin disait : « Le lièvre et l’âne boivent à la fontaine. L’âne boit davantage, mais chacun boit selon ses capacités ». Que nous soyons des lièvres ou des ânes, nous avons tous besoin de boire l’eau. Ayant étanché notre soif, il nous faudra revenir chaque jour nous approcher à la source d’eau vive.
« Comme S. Paul laissez-vous saisir par le Christ », exhorte Benoît XVI
4 septembre, 2008du site:
http://www.zenit.org/article-18706?l=french
« Comme S. Paul laissez-vous saisir par le Christ », exhorte Benoît XVI
A l’audience générale
ROME, Mercredi 3 septembre 2008 (ZENIT.org) – « A l’exemple de saint Paul laissez-vous saisir par le Christ », a exhorté Benoît XVI lors de l’audience générale en la salle Paul VI du Vatican, en présence de quelque 7.000 visiteurs. Le pape était venu en hélicoptère de sa résidence d’été de Castel Gandolfo. Il a souligné que la « conversion » de Paul est le fruit de la rencontre avec le Christ et pas avec une « idée ».
Benoît XVI a en effet poursuivi son cycle de catéchèses sur saint Paul commencées à l’occasion de l’année Saint-Paul (cf. Zenit des 2 juillet 2008 et 27 août 2008), en évoquant la « conversion » de Paul à Damas.
« Je suis heureux de vous accueillir chers pèlerins francophones, a déclaré le pape. A l’exemple de saint Paul laissez-vous saisir par le Christ. C’est en lui que se trouve le sens ultime de votre vie ».
Plus encore, le pape invitait à ce que cette union au Christ débouche sur le témoignage chrétien en disant : « Vous aussi, soyez des témoins ardents du Sauveur des hommes, parmi vos frères et vos sśurs. Que Dieu vous bénisse ! »
« Nous méditons aujourd’hui, a annoncé le pape, sur l’expérience que saint Paul a faite sur le chemin de Damas, communément appelée sa conversion. On peut se demander comment s’explique le changement qui s’est alors opéré en lui. Les témoignages de l’Apôtre sur l’événement sont constamment centrés sur la figure même de Jésus Christ. Il s’agit donc essentiellement d’une rencontre de « personnes », alors que les « idées » jouent un rôle secondaire ».
« Paul vit la gloire de Dieu briller sur le visage du Christ, a expliqué Benoît XVI. Il faut se garder d’interpréter cet événement avec des catégories purement psychologiques. Ce dont nous pouvons être assurés sur le plan historique, c’est que ce qui s’est passé sur le chemin de Damas a eu une influence déterminante, tout à fait positive et féconde, sur le reste de la vie de Paul. Il y a fait l’expérience d’une rencontre personnelle avec Jésus ressuscité et il a mûri une conviction qui a retourné son existence ».
Et de conclure sur l’identité du disciple du Christ : « Ce qui doit demeurer comme un point lumineux à nos yeux, c’est qu’il n’est pas possible de parler de conversion au christianisme sans mettre au premier plan la personne de Jésus Christ. C’est lui qui définit notre identité de chrétiens ».
Rabbin Michael Lerner : D’où vient la violence ? Un monde qui vit dans sa bulle (extrait court)
4 septembre, 2008du site:
http://www.bonheurpourtous.com/botext/douvien.html
Rabbin Michael Lerner
D’où vient la violence ? Un monde qui vit dans sa bulle (extrait court)
[...] Quand la violence devient si répandue partout dans la planète, il est trop facile de parler tout simplement « d’esprits dérangés ». Nous avons besoin de nous demander, « qu’y a-t-il dans la façon dont nous vivons, organisons nos sociétés et nous traitons les uns les autres qui fait que la violence semble plausible à tant de personnes ? » [...]
Nous pouvons bien nous dire que la violence actuelle n’a « rien à faire » avec la façon dont nous avons appris à fermer nos oreilles quand on nous dit qu’une personne sur trois, sur cette planète, n’a pas assez à manger et qu’un milliard de personnes sont littéralement affamés. Nous pouvons nous rassurer que l’accaparement des ressources du monde entier par la société la plus riche de l’histoire du monde et nos tentatives frénétiques d’accélérer la mondialisation malgré les inégalités économiques qui l’accompagnent, n’ont aucun rapport avec le ressentiment que d’autres éprouvent à notre égard. Nous pouvons nous dire que la souffrance des réfugiés et des opprimés n’a rien à voir avec nous – que c’est une toute autre histoire qui se passe quelque part ailleurs.
Mais nous vivons dans un monde de plus en plus interconnecté avec chacun et les forces qui jettent les gens dans l’humiliation, la colère et le désespoir en fin de compte frappent nos propres vies quotidiennes.
La même incapacité à sentir la douleur des autres est la pathologie qui forme l’esprit de ces terroristes. Elevez des enfants dans des circonstances où personne ne s’occupe d’eux, où ils doivent vivre en mendiant ou en vendant leurs corps dans la prostitution, mettez-les dans des camps de réfugiés et dites-leur qu’ils n’ont « aucun droit de retour » dans leurs maisons, traitez-les comme s’ils avaient moins de valeur et méritaient moins de respect parce qu’ils font partie de quelque groupe national ou ethnique méprisé, entourez-les de médias qui vantent les riches et obligent tous ceux qui ne sont pas économiquement prospères, physiquement « en forme » et conventionnellement « beaux » à se sentir mal dans leur peau, offrez-leur des emplois dont le seul but est d’enrichir « le compte en banque » de quelqu’un d’autre et apprenez-leur que « chercher la première place » est la seule chose qui compte « vraiment » et que ceux qui croit à l’amour et à la justice sociale ne sont tout simplement que de naïfs idéalistes qui sont destinés à toujours rester impuissants et vous produirez, à l’échelle planétaire, une population de gens qui se sentent déprimés, irrités, incapables de se soucier des autres, et, de façons diverses, dérangés. [...]
Nous avons limité notre propre attention à « réussir » ou « gagner » dans nos propres vies personnelles et qui a le temps pour se concentrer sur tout le reste de cette situation ? La plupart d’entre nous mènent des vies parfaitement raisonnables dans les limites des options qui nous sont ouvertes – pourquoi les autres devraient-ils être fâchés contre nous, pire, pourquoi nous attaqueraient-ils ? Et, à dire vrai, notre colère aussi est compréhensible : les actes de terreur par lesquels d’autres nous frappent sont aussi irrationnels que le système mondial qu’ils cherchent à affronter. Et pourtant, nos actes de contre-terreur seront tout aussi contre-productifs. Nous aurions dû apprendre de la phase actuelle de la lutte entre Israël et les Palestiniens, que répondre à la terreur par plus de violence, au lieu de nous demander nous-mêmes ce que nous pourrions faire pour changer les conditions qui l’ont produite en premier lieu, ne fera que susciter encore plus de violence contre nous dans l’avenir.
Heureusement, la plupart des gens ne s’abandonnent pas à la violence – ils ont plutôt tendance à s’auto-détruire, se noyant dans l’alcool ou les drogues ou le désespoir personnel. D’autres se tournent vers des religions fondamentalistes ou l’extrémisme ultra-nationaliste. D’autres encore se mettent à agresser les gens qu’ils aiment, par un comportement coléreux et brutal envers leurs enfants ou leurs conjoints.
C’est un monde qui a perdu contact avec lui-même, rempli des gens qui ont oublié comment reconnaître et répondre au sacré les uns dans les autres parce que nous sommes si habitués à estimer les autres en fonction de ce qu’ils peuvent faire pour nous, et de la façon dont nous pouvons les utiliser à notre service. Les alternatives sont dramatiques : ou bien commencez à vous soucier du destin de chacun sur cette planète ou bien soyez prêts à glisser rapidement vers une violence qui finira par dominer nos vies quotidiennes. [...]
Rabbin Michael Lerner, TIKKUN Magazine, septembre 2001
Traduction de l’anglais par J.M. Gaudeul, http://www.le-sri.com/Textes.htm