Jamais plus d’abus sexuels sur des mineurs

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Jamais plus d’abus sexuels sur des mineurs

Entretien avec le président de la Conférence épiscopale australienne

ROME, Lundi 21 juillet 2008 (ZENIT.org) – Samedi dernier Benoît XVI a demandé pardon aux victimes d’abus sexuels commis par des membres du clergé en Australie, et confirmé la volonté de l’Eglise de prendre des mesures préventives pour combattre ces méfaits.

Mgr Philip Wilson, archevêque d’Adélaïde et président de la Conférence épiscopale australienne, a expliqué que l’Eglise a besoin d’un programme qui réponde non seulement à cette situation d’abus, mais qui permette d’éviter à tout jamais que de tels abus ne se répètent.

Dans cet entretien à ZENIT, l’archevêque indique quelles sont les mesures concrètes qui peuvent aider à surmonter la crise due aux scandales sexuels, et trace un bref bilan de la Journée mondiale de la Jeunesse.

ZENIT – Que pensez-vous de ce que Benoît XVI a dit sur la question des abus sexuels dans son discours au clergé australien ?

Mgr Wilson - Le Saint-Père, concernant les abus sexuels perpétrés en Australie par des prêtres ou religieux, a eu des paroles merveilleuses, celles d’un pasteur de l’Eglise.

Il a dit combien tout cela l’a peiné et souligné que des mesures devaient être prises, dans une attitude de compassion, en particulier à l’égard des victimes de ces abus. Il a également dit ce qu’il était nécessaire de faire pour garantir que cela n’arrive plus, réaffirmant la nécessité de trouver les moyens de protéger et de surveiller les enfants à l’intérieur de nos communautés.

ZENIT – Pourriez-vous nous dire brièvement ce qui a été fait et ce que l’Eglise en Australie pourrait encore faire par rapport à ce problème ?

Mgr Wilson - Je crois que tous travaillent durement pour trouver ce qu’il y a de mieux à faire pour répondre à cette situation, en s’efforçant d’aider les victimes, et de reconnaître la part de culpabilité

qui existe dans tout cela.Nous reconnaissons que certaines personnes, au sein de l’Eglise, ont commis des choses terribles et sont responsables. Nous devons r

épondre à ces faits d’une manière qui soit appropriée, mais également réaliste et authentique.

Se limiter à des excuses sans agir ne servirait à rien. Des pas concrets doivent être accomplis pour affronter ce problème, et en Australie nous avons été très fermes sur ce point. En effet, en 1996, nous avons mis sur pied un programme appelé « Towards Healing » (« Vers la guérison ») qui marche très bien.

Les victimes ont beaucoup à nous apporter à ce sujet, et le programme a été réadapté deux fois en fonction des observations qu’ils nous faisaient.

ZENIT – Comme vous l’avez déjà affirmé, ce secteur est un des secteurs où l’Eglise se donne le plus de mal…

Mgr Wilson - Cela fait longtemps que je m’occupe des divers points que le programme de l’Eglise devrait affronter pour faire face à des questions de ce type.

En premier lieu, nous devons suivre un programme qui permette d’agir sur les auteurs de ces abus afin qu’ils cessent leur acte, utilisant tous les pouvoirs dont l’Eglise dispose.

Deuxièmement, en présence de toute activité criminelle, il est nécessaire de pouvoir en référer directement aux autorités.

Troisièmement, nous devons être vraiment attentifs au moment de la sélection des personnes qui veulent accéder au sacerdoce ou à la vie religieuse, être sûrs de leur état psychologique ou physique, veiller à ce qu’elles soient prêtes à entreprendre la vie à laquelle elles se sentent appelées.

Enfin, comme a dit le Saint-Père, et je m’en félicite, nous devons faire tout notre possible en tant que communauté pour développer un meilleur système de protection pour les enfants. Ce qui veut dire que nous devons chercher tous les moyens qui puissent donner aux enfants le plus haut niveau de protection possible.

ZENIT – Après tant de scepticisme de la part des médias vis-à-vis de l’Eglise, dans quelle mesure la Journée mondiale des Jeunes est parvenue à briser ce préjugé ?

Mgr Wilson - Je ne suis pas certain de l’effet général produit, mais je pense que l’expérience de la Journée mondiale de la jeunesse, non seulement à Sydney mais dans d’autres régions d’Australie, a permis aux gens d’avoir une nouvelle vision de l’Eglise.

Souvent les gens pensent que l’Eglise n’a aucune relation vivante avec les jeunes, et ceci crée des difficultés, car nous vivons dans une culture qui n’encourage pas les personnes à croire ou à répondre à l’Eglise.Les faits nous disent que pr

ès de 500.000 jeunes sont venus du monde entier manifester explicitement leur foi ; qu’ils sont venus pour être guidés, non seulement par le pape, mais par leurs évêques aussi.

Dès leur arrivée, ils ont pris part à des programmes de formation fondés sur le divertissement mais aussi sur le spirituel. Il me semble que cela peut donner aujourd’hui une vision différente de la vie de l’Eglise.

ZENIT – Que doit faire l’Eglise en Australie après la Journée mondiale de la jeunesse ?

Mgr Wilson - Je ne pense pas que notre travail puisse se considérer fini. Nous devons expliquer qui nous sommes, pas seulement par la parole, mais à travers notre style de vie aussi.

Je pourrais tenir de longues conférences sur la théologie de l’Eglise et parler de la réalité de la « communio », qui reste quelque chose de bon et de puissant, mais sa valeur n’est rien par rapport à une expérience concrète de « communio ». C’est cela que nous devons faire. Nous devons apporter aux jeunes cette exp

érience de la communauté. Et la Journée mondiale de la jeunesse y est parvenue, comme j’ai pu le constater de près quand j’ai rendu visite à une paroisse de Sydney à l’occasion d’une catéchèse.

Quand je suis arrivé, tôt le matin, la communauté paroissiale était en train de donner généreusement à manger aux pèlerins, de s’occuper d’eux, ceci étant une manière de créer des liens entre eux. Puis, ils se sont réunis pour prier et ont eu une conversation avec moi, avant la messe et le déjeuner. Les jeunes étaient presque gênés devant tant de générosité et d’attentions.Cela arrive parfois quand vous allez quelque part et que l’on vous donne g

énéreusement à manger.

Ceci est la réelle expression de notre « communio » et hospitalité, qui consiste à présenter au monde notre mission.

Saint François avait raison de dire : prêchez sans cesse mais en n’utilisant que rarement les paroles. Car s’il est vrai que nous pouvons nous servir de paroles merveilleuses pour expliquer notre œuvre, l’impact que nous produisons n’est jamais celui d’une expérience directe de cet amour, vécu physiquement et de manière interactive.

Catherine Smibert

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