Monde 1 : Que pouvons-nous espérer?

du site: 

http://www.spiritualite2000.com/Emmaus/Monde/monde1.htm

Monde 1 : Que pouvons-nous espérer?

La dernière phrase de la profession de foi: J’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir, est la réponse de la foi chrétienne à l’espérance inscrite au cour de l’homme. Cette réponse rencontre une des grandes préoccupations de nos contemporains, et pourtant, elle apparaîtra sans doute étrange à beaucoup d’entre eux. Elle rencontre une de nos préoccupations, car elle nous ouvre une perspective d’espérance. Espérer est un sentiment humain tout à fait fondamental. Aucun homme ne peut vivre sans espérance. L’espérance est autre chose que l’optimisme, qui consiste à penser que les choses finiront bien par s’arranger. L’espérance va plus profond et plus loin.

Elle est une attente orientée vers l’avenir; elle est convaincue que la monotonie souvent pesante de la vie quotidienne, l’inégalité et l’injustice, le mal et la souffrance, n’auront pas le dernier mot et ne sont pas la fin de tout. L’espérance suppose que la réalité est ouverte sur un avenir meilleur. L’attente d’un monde nouveau reste à vrai dire ambiguë. Beaucoup d’hommes sont aujourd’hui inquiets devant les menaces qui planent sur l’avenir de l’humanité. Une espérance purement terrestre se heurte au fait de la mort. Mais l’humanité n’a jamais pu vraiment se résigner à l’évidence de la mort. Toutes les religions, d’une manière ou d’une autre, nous font entrevoir un au-delà de la mort. Cependant, la question de notre avenir n’est pas seulement une question religieuse; elle est aussi une question fondamentale de la pensée humaine. Elle est insé

parable de la question du sens de notre existence: qu’est- ce qui reste, qu’est-ce qui compte vraiment, quel est le sens de la vie, du monde, de l’histoire? Pourquoi sommes-nous sur terre? La derni

ère phrase de la profession de foi apparaîtra sans doute étrange à beaucoup de nos contemporains. Quand nous y réfléchissons, elle soulève une foule de questions. La réponse à celles-ci se trouve dans la doctrine des fins dernières: la mort, le jugement, le ciel, l’enfer, le purgatoire, la résurrection des morts, le retour du Christ, le jugement dernier, la fin du monde et la nouvelle création du monde. Il suffit de prononcer ces mots pour percevoir aussitôt que la profession de foi chrétienne pose à l’homme moderne bien des problèmes. Comment concilier ces affirmations avec nos conceptions actuelles concernant l’évolution de l’univers?

Demander ce que nous pouvons espérer pour l’avenir, conduit immédiatement à demander ce que nous pouvons savoir à ce sujet. Pouvons-nous savoir quelque chose de sûr à propos d’un au-delà? N’en sommes-nous pas réduits à des hypothèses? Toutes ces affirmations ne sont-elles pas uniquement des projections de nos désirs et de nos aspirations, ou bien de vagues promesses qui nous détournent de nos responsabilités envers ce monde et nous dissuadent de trouver notre joie en ce monde? Plutôt que de réfléchir sur de telles espérances, qu’ils considèrent comme illusoires, beaucoup de nos contemporains estiment plus important de se demander ce que nous pouvons faire pour garantir et faire progresser le bonheur, la paix, la justice et la liberté en ce monde. Au lieu d’une vie nouvelle dans l’au-delà, ils espè

rent une vie meilleure ici-bas. Face

à ces questions, la foi chrétienne est plus que jamais mise au défi de rendre compte devant tous les hommes de l’espérance qu’elle implique (cf. l P 3,15). A cet effet, nous devons d’abord nous assurer du fondement de l’espérance chrétienne. Le point de départ et le fondement de l’espérance chrétienne, ce n’est pas un rêve, la projection de nos désirs ou de vaines spéculations, ce n’est pas un optimisme à bon marché, ce n’est pas une position de principe ni une confiance a priori dans le progrès, dans l’évolution ou la révolution. Dans la foi, nous pouvons dire quelque chose sur notre avenir parce que cet avenir a déjà commencé en Jésus-Christ. La conviction fondamentale et le cour de la foi chrétienne, c’est que Jésus est le premier homme ressuscité d’entre les morts (cf. Rm 8,29; l Co 15,20; Col 1,18).

Le fondement et la mesure de notre espérance, c’est donc la résurrection de Jésus-Christ. Tout ce que nous pouvons dire en tant que chrétiens sur notre résurrection à la vie éternelle, n’est que le développement et le prolongement de l’affirmation fon- damentale de notre foi à propos de Jésus-Christ, de sa résurrection et de son exaltation. Puisque nous sommes unis par la foi et le baptême à Jésus-Christ et à sa mort, nous pouvons aussi espérer être unis dans l’avenir à sa résurrection (cf. Rm 6,5). Saint Augustin a parfaitement formulé ce rapport: En Jésus-Christ se trouve déjà réalisé ce qui n’est encore pour nous qu’une espérance. Ce que nous espérons, nous ne le voyons pas de nos yeux. Mais nous sommes le Corps de cette Tête dans laquelle est devenu réalité

ce que attendons. D’apr

ès la Sainte Ecriture, c’est au Saint-Esprit qu’il revient d’insérer la création tout entière dans la nouvelle création qui a commencé avec Jésus-Christ, et de la mener à la glorification future. C’est la raison pour laquelle les affirmations concernant la vie du monde à venir forment la conclusion de la troisième partie de la profession de foi, qui est consacrée à l’action du Saint-Esprit. La foi en Jésus-Christ et en l’action du Saint-Esprit ne nous permet pas de faire pour ainsi dire un reportage anticipé sur ce qui se passe après la mort et de relater dès maintenant la suite des événements qui se dérouleront à la fin des temps. La Sainte Ecriture s’exprime sur ce sujet à travers des images et des symboles, qui se situent sur un autre plan que les hypothèses scientifiques parlant soit de la mort du cosmos par le froid, soit d’un univers animé de pulsations. Il faut également distinguer entre le contenu doctrinal du message biblique et les procédés littéraires utilisés par les auteurs sacrés.

La foi n’entend pas nous donner une description de la vie éternelle et du monde à venir, comme on le ferait pour des objets de ce monde; en nous faisant entrevoir le monde à venir, elle veut plutôt nous inspirer force, courage et espérance; elle veut aussi nous exhorter à la conversion, en menaçant du jugement celui qui ne se convertit pas. A partir des indications de la Sainte Ecriture, nous ne pouvons pas dire comment se passera le dernier jour, ni imaginer le ciel ou l’enfer. Les représentations artistiques du ciel et de l’enfer, du jugement dernier et de la fin des temps, ne sont pas pour autant dépourvues de toute signification. Elles peuvent et doivent nous amener à réfléchir, mais elles ne peuvent pas nous fournir une représentation objective de ce que l’oil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cour de l’homme, tout ce que Dieu a préparé

pour ceux qui l’aiment (l Co 2,9).

Quand nous parlons du contenu de l’espérance chrétienne, nous devons donc avoir conscience du caractère inadéquat des mots et des images que nous utilisons. Cela n’enlève rien à la certitude de l’espérance chrétienne. Elle trouve son fondement solide dans la fidélité de Dieu.

(Cet article est tirée du Catéchisme allemand pour adultes. La foi de l’église, Centurion / Cerf, 1987)

Laisser un commentaire