Archive pour mai, 2008
« Pour le mettre à l’épreuve, ils lui demandaient un signe »
12 mai, 2008du site:
http://www.levangileauquotidien.org/www/main.php?language=FR&localTime=05/12/2008#
Bienheureuse Teresa de Calcutta (1910-1997), fondatrice des Soeurs Missionnaires de la Charité
A Simple Path (trad. Un Chemin tout simple, Plon Mame 1995, p.65 rev.)
« Pour le mettre à l’épreuve, ils lui demandaient un signe »
Dieu est partout, dans tout, et sans lui nous ne pouvons pas exister. Pas un seul instant, je n’ai douté de son existence mais je sais que certains sont dans le doute. Si vous ne croyez pas en Dieu, vous pouvez déjà aider les autres par des actes inspirés par l’amour, et le fruit de ces oeuvres sera les grâces supplémentaires qui descendront dans votre âme. Vous commencerez alors à vous épanouir lentement et vous aspirerez à la joie d’aimer Dieu.
Il y a tant de religions ! Chacun suit Dieu à sa manière. Moi, je suis la voie du Christ : Jésus est mon Dieu, Jésus est mon Époux, Jésus est mon seul Amour, Jésus est mon Tout en tout, Jésus est tout pour moi.
C’est la raison pour laquelle je n’ai jamais peur. Je fais mon travail avec Jésus, je le fais pour lui en le lui dédiant ; c’est pourquoi les résultats sont les siens, pas les miens. Si vous avez besoin d’un guide, vous n’avez qu’à tourner les yeux vers Jésus. Vous devez vous en remettre à lui et compter entièrement sur lui. Quand vous faites cela, le doute se dissipe et l’assurance vous envahit. Mais Jésus a dit : « Si vous ne devenez pas semblables à un enfant, vous ne pouvez pas venir à moi » (Mt 18,3).
Pentecôte
11 mai, 2008par Sandro Magister : Quand les turbans iraniens rendent hommage au pasteur de Rome
11 mai, 2008
du site:
http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/200742?fr=y
Quand les turbans iraniens rendent hommage au pasteur de Rome
Une rencontre de deux jours, au Vatican, entre experts du christianisme et de l’islam chiite. Comme dans les disputes du Moyen âge. Sur le sujet de prédilection de Joseph Ratzinger: foi et raison. Les étranges ouvertures du président iranien Ahmadinejad
par Sandro Magister
ROMA, le 7 mai 2008
– La lettre des 138, avec ses suites, n’est ni la seule ni la principale piste de dialogue entre l’Eglise catholique et l’islam. Le Vatican travaille sur plusieurs terrains et avec des interlocuteurs différents.
La dernière rencontre avec des représentants musulmans a eu lieu au Vatican. La délégation était composée de huit membres de l’Islamic Culture and Relations Organization de Téhéran. C’est donc l’islam chiite qui était représenté; son centre de gravité se trouve en Iran mais il est présent dans beaucoup d’autres pays, formant ainsi de 12% à 15% de la communauté musulmane mondiale.
La rencontre a débuté le lundi 28 avril et s’est achevée le mercredi 30 par une entrevue avec Benoît XVI dans une salle contiguë à celle des audiences générales. Dans un communiqué, le Saint-Siège a déclaré que “le pape s’est dit particulièrement satisfait du choix du sujet“.
Et pour cause: le sujet, “Foi et raison dans le christianisme et dans l’islam“, est l’un des préférés de Benoît XVI.
Il s’articulait autour de trois axes, présentés l’un après l’autre par un représentant catholique et un représentant musulman:
1. “Foi et raison: quelle relation?“, avec, du côté catholique, Vittorio Possenti, professeur de philosophie politique à l’Université de Venise et membre de l’Académie pontificale des sciences sociales;
2. “Théologie/Kalam comme enquête sur la rationalité de la foi“, avec, du côté catholique, Piero Coda, professeur de théologie à l’Université pontificale du Latran et président de l’Association théologique italienne;
3. “Foi et raison face au phénomène de la violence“, avec, du côté catholique, le jésuite Michel Fédou, théologien et historien de l’Eglise, du Centre Sèvres à Paris.
En plus de ces trois rapporteurs, la délégation catholique comprenait Ramzi Garmou, archevêque chaldéen de Téhéran; Pier Luigi Celata, archevêque secrétaire du conseil pontifical pour le dialogue interreligieux; Khaled Akasheh, chef du bureau pour l’islam dans ce même conseil; Ilaria Morali, professeur de théologie dogmatique à l’Université pontificale grégorienne et spécialiste des relations non-chrétiennes.
La rencontre a été présidée conjointement par le cardinal Jean-Louis Tauran, président du conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, et par Mahdi Mostafavi, président de l’Islamic Culture and Relations Organization de Téhéran.
Mostafavi est un “Seyyed“, c’est-à-dire un descendant direct du prophète Mahomet. Jusqu’à il y a deux ans, il a été vice-ministre des Affaires étrangères à Téhéran. Avant de repartir pour l’Iran, il a déclaré au quotidien de Rome “il Riformista“:
“Je vois le président Ahmadinejad au moins deux fois par semaine. Les valeurs spirituelles et morales sont fondamentales dans nos choix gouvernementaux et je suis son conseiller spirituel“.
Ces quelques mots montrent combien la délégation iranienne était haut placée et étroitement liée au leadership d’Ahmadinejad, qui représente l’aile la plus dure du régime khomeyniste, la plus hostile à l’Occident et la plus déterminée à refuser à Israël le droit d’exister.
Il faut toutefois rappeler que le régime de Téhéran s’était distingué par sa modération lors de l’explosion de violence qui avait fait suite au discours de Benoît XVI à Ratisbonne. Depuis de nombreuses années, l’islam chiite iranien devance l’islam sunnite dans ses rapports avec l’Eglise de Rome, sur le plan religieux, culturel et politique. Après avoir rencontré, le 6 avril dernier, le nouveau nonce apostolique en Iran, l’archevêque Jean-Paul Gobel, le président Ahmadinejad a défini le Vatican comme une force positive pour la paix et la justice dans le monde. Ou plutôt, pour les intérêts iraniens, un allié potentiel contre les pressions des Etats-Unis et des pays européens.
La rencontre de ces jours derniers est la sixième de la série. La prochaine aura lieu d’ici deux ans à Téhéran et sera précédée d’une rencontre préparatoire.
Cela ne veut pas dire que l’Eglise de Rome se montre docile lors de ces rencontres. Le 3 novembre 2005, le professeur Possenti, l’un des rapporteurs de la dernière rencontre, avait signé un appel contre le président iranien Ahmadinejad à cause des déclarations anti-israéliennes de ce dernier. Un sit-in de protestation avait suivi devant l’ambassade d’Iran à Rome.
Même absence de complaisance chez Ilaria Morali, qui faisait également partie de la délégation catholique lors de la dernière rencontre. Selon elle, le dialogue entre l’Eglise catholique et les religions non-chrétiennes doit s’inspirer des deux documents de 1964 qui ont indiqué pour la première fois la conduite à tenir: l’encyclique de Paul VI “Ecclesiam Suam“ et la constitution conciliaire “Lumen Gentium“. Les religions non-chrétiennes ne figurent comme voie de salut dans aucun des deux documents. Seul Jésus-Christ est le sauveur de l’humanité toute entière, comme l’a souligné en 2000 la déclaration “Dominus Iesus“. Le dialogue est donc avant tout missionnaire, il a pour but de poursuivre le “colloquium salutis“ instauré par Dieu dans le Christ avec l’humanité. Ce n’est que secondairement qu’il cherche un terrain d’entente éthique et culturelle, pour une cohabitation plus pacifique
Le 17 avril dernier, à Washington, Benoît XVI s’exprimait devant quelque 200 représentants de religions non-chrétiennes. Il a confirmé ce qui précède par ces mots sans équivoque:
« Les chrétiens proposent Jésus de Nazareth. [...] C’est Lui que nous portons au forum du dialogue interreligieux. L’ardent désir de suivre ses traces pousse les chrétiens à ouvrir leurs esprits et leurs cœurs au dialogue“.
Dans le discours qu’il a lu à ses interlocuteurs musulmans, le professeur Possenti a interprété la rencontre d’Assise pour la paix (27 novembre 1986) selon le point de vue christologique suivant:
“La rencontre était centrée sur l’incompatibilité de l’Evangile avec la violence. Celui qui est mort sur la croix est une victime et pas un bourreau. La passion de Jésus révèle la violence que renfermaient les religions païennes: elle provoque une révolution qui est aujourd’hui irrépressible. Elle propose l’icône du Serviteur souffrant par amour, le symbole de l’amour non-violent, donné“.
En ce qui concerne le rapport entre la religion et la violence, Possenti a déclaré:
“La violence doit être laïcisée et attribuée à l’homme, non à Dieu“.
A la fin de la rencontre du 28 au 30 avril, les deux délégations se sont mises d’accord sur sept points, résumés dans un communiqué en ces termes:
“Premièrement: foi et raison sont toutes deux des dons de Dieu à l’humanité.
“Deuxièmement: foi et raison ne s’opposent pas; même si dans certains cas la foi peut être au-dessus de la raison, elle ne lui est jamais contraire.
“Troisièmement: foi et raison sont intrinsèquement non-violentes. Ni la raison ni la foi ne devraient être utilisées pour perpétrer la violence; malheureusement, dans certains cas, elles ont toutes les deux été mal utilisées dans le but de perpétrer la violence. Quoi qu’il en soit, ces événements ne peuvent faire douter ni de la raison ni de la foi.
“Quatrièmement: les deux parties ont décidé de coopérer encore plus pour favoriser une religiosité authentique, en particulier la spiritualité pour promouvoir le respect des symboles sacrés et des valeurs morales.
“Cinquièmement: chrétiens et musulmans devraient dépasser le stade de la tolérance, en acceptant les différences, en restant conscients de ce qu’ils ont en commun et en rendant grâce à Dieu pour cela. Ils sont appelés à se respecter mutuellement et donc à condamner la dérision des croyances religieuses.
“Sixièmement: il faudrait éviter les généralisations quand on parle de religions. Les différences entre les confessions au sein du christianisme et de l’islam et la diversité des contextes historiques sont des facteurs importants à prendre en compte.
“Septièmement: on ne peut pas juger les traditions religieuses sur la base d’un seul verset ou passage présent dans l’un ou l’autre livre sacré. Il convient d’avoir une vision globale et une méthode herméneutique adaptée pour les comprendre correctement“.
Outre Seyyed Mahdi Mostafavi, la délégation musulmane était composée de quatre chercheurs possédant le titre de hodjatoleslam: Mohammad Jafar Elmi, de l’Islamic College for Advanced Studies de Londres; Hamid Parsania, professeur de philosophie et de mystique à Qom et recteur de l’université Baqir al-Ulum; Mahdi Khamoushi; Mohammed Masjedjamei. Etaient aussi présents Rasoul Rasoulipour, doyen de la faculté d’études humanistes de l’université de Tarbiat Moallem; Mohsen Daneshmand, membre du corps diplomatique, et Abdolrahim Gavahi.
Les huit représentants chiites ont offert à Benoît XVI un exemplaire du Coran. L’agence officielle iranienne ISNA a rapporté que le pape l’a défini comme “un livre précieux“ et qu’il a évoqué le sujet de la rencontre en ces termes:
“Foi et raison sont les deux choses dont le monde a besoin, aujourd’hui plus que par le passé, et il est de notre devoir de satisfaire ce besoin de la société“.
bonne nuit
11 mai, 2008« Tous nous les entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu » (Ac 2,11)
11 mai, 2008du site:
http://www.levangileauquotidien.org/www/main.php?language=FR&localTime=05/11/2008#
Cardinal Joseph Ratzinger [Pape Benoît XVI]
Retraite Vatican 1983 (trad. Le Ressuscité, DDB 1986, p.146)
« Tous nous les entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu » (Ac 2,11)
Le jour de la Pentecôte révèle la catholicité de l’Église, son universalité. L’Esprit Saint manifeste sa présence par le don des langues. Il renouvelle ainsi, mais en l’inversant, l’événement de Babel (Gn 11), cette expression de l’orgueil des hommes qui veulent devenir comme Dieu et construire par leurs propres forces, c’est-à-dire sans Dieu, un pont vers le ciel, la tour de Babel. Cet orgueil provoque les divisions dans le monde et dresse les murs de la séparation. À cause de l’orgueil, l’homme reconnaît seulement sa propre intelligence, sa propre volonté, son propre coeur ; de ce fait, il n’est plus capable ni de comprendre le langage des autres, ni d’entendre la voix de Dieu.
L’Esprit Saint, l’amour divin, comprend et fait comprendre les langues ; il crée l’unité dans la diversité. Ainsi, dès son premier jour, l’Eglise parle en toutes les langues. Elle est d’emblée catholique, universelle. Le pont entre ciel et terre existe bien : c’est la croix qui est ce pont, et l’amour du Seigneur a construit ce pont. La construction de ce pont dépasse les possibilités de la technique. La visée de Babel devait et doit échouer ; seul l’amour incarné de Dieu pouvait répondre à pareille visée…
L’Église est catholique dès le premier instant de son existence ; elle embrasse toutes les langues. Le signe des langues exprime un aspect très important d’une ecclésiologie fidèle à l’Écriture : l’Eglise universelle précède les Églises particulières, l’unité vient avant les parties. L’Église universelle n’est pas une fusion secondaire des Eglises locales ; c’est l’Eglise universelle, catholique, qui engendre les Églises particulières, et celles-ci ne peuvent pas demeurer des Églises qu’en communion avec la catholicité. Par ailleurs, la catholicité exige la multiplicité des langues, la mise en commun et l’harmonisation des richesses de l’humanité dans l’amour du Crucifié.
bonne fête de Pentecôte à touts
10 mai, 2008Saint Chrysostome: sur la Pentecote
10 mai, 2008du site:
http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/chrysostome/homt3/pentecote001.htm
Saint Chrysostome
HOMÉLIES SUR LA PENTECOTE.
PREMIÈRE HOMÉLIE. Pourquoi il ne se fait plus de miracles, et sur cette pensée qu’il y a un livre où sont inscrites nos actions et nos pensées.
AVERTISSEMENT ET ANALYSE.
Dans la cinquième homélie sur Anne, mère de Samuel, saint Chrysostome se plaint du peu de compte qu’on a tenu d’un avertissement donné par lui dans une précédente homélie prononcée le jour de la Pentecôte; il avait dit que ce n’était pas seulement les jours de grandes fêtes qu’il fallait fréquenter l’église, mais encore pendant toute l’année. Or, le saint docteur s’étend assez longuement sur ce sujet dans la première homélie sur la Pentecôte. — Nous serions tentés de conclure de là que l’homélie qu’on va lire est bien celle que saint Chrysostome prononça le jour de la Pentecôte de l’an 387, année à laquelle appartiennent les homélies sur Anne, mère de Samuel; par malheur, il y a quelque chose qui s’y oppose. Dans la même cinquième homélie sur Anne, mère de Samuel, nous lisons ce qui suit : En ce même jour de la Pentecôte, nous vous avons expliqué la parabole de ce prodigue, qui, après avoir dévoré son patrimoine, revint à la maison paternelle; nous vous avons fait la peinture de sa misère, de sa faim, de sa dégradation, de ses opprobres, et de tout ce qu’il endura chez l’étranger. Or, de tout cela pas un mot dans la présente homélie, dont il est impossible par conséquent de déterminer l’année.
Enumérant les principales fêtes des chrétiens, saint Chrysostome nomme l’Epiphanie, Pâques, et la Pentecôte. On se demande aussitôt pourquoi la Nativité du Seigneur est omise, pourquoi c’est l’Epiphanie qui figure en premier rang. — On ne peut pas dire que la Nativité et l’Epiphanie n’étaient qu’une seule et même fête; cela avait été la vérité, mais avait cessé de l’être à l’époque où parlait l’orateur; la Nativité se célébrait déjà à Antioche le 25 décembre et l’Epiphanie le ô janvier. — Saint Chrysostome lui-même distingue parfaitement ces deux fêtes dans les homélies sur la Nativité et sur l’Epiphanie. — tout cela semble contradictoire, cependant tout s’explique si l’on réfléchit que la célébration de la fête de la Nativité le 25 décembre était une innovation très-récemment empruntée à l’Occident, qu’autrefois l’on fêtait simultanément, le 6 janvier, sous le nom d’Epiphanie et la Nativité, et l’adoration des Mages, et le baptême de Notre-Seigneur, de sorte qu’en nommant l’Epiphanie et en omettant la Nativité l’orateur ne faisait que se conformer à l’ancienne coutume, à l’ancienne manière de parler.
1° C’est une fête continuelle qui devrait régner dans l’église. — C’était assez sous la loi ancienne de se montrer trois fois l’an devant le Seigneur Dieu; pour les chrétiens, c’est tous les jours que Dieu veut qu’ils soient devant lui; ceux qui ne paraissent dans l’église que les jours de grandes fêtes sont donc infidèles à leur vocation de chrétiens. — 2° Saint Paul nous apprend à quelle condition cette fête perpétuelle est possible : Célébrons, dit-il, une fête perpétuelle, non avec le vieux levain, ni avec le levain de la malice et de l’iniquité, mais avec les azymes de la sincérité et de la vérité. (I Cor. V, 8.) — 3° Le don de l’Esprit-Saint est un don de réconciliation. C’est pour cela qu’il n’est descendu qu’après que Jésus-Christ eut été glorifié, c’est-à-dire après qu’il eut effacé par sa passion les crimes qui empêchaient notre réconciliation. — 4° Il prouve la vérité de la réconciliation et celle de la descente du Saint-Esprit par les miracles que les apôtres opérèrent après l’avoir reçu. — Objection : Si les miracles sont la preuve de la présence du Saint-Esprit, il n’est donc plus maintenant dans l’Eglise, puisqu’on n’y voit plus de miracles. — Réponse : Si le Saint-Esprit n’était plus dans l’Eglise, il n’y aurait plus ni baptême, ni ministère pastoral, etc. — Si les miracles ne se voient plus, c’est parce qu’ils sont devenus inutiles, la foi des chrétiens étant suffisamment établie et affermie. — 5° et 6° L’orateur avait souhaité d’expliquer pourquoi le Saint-Esprit était descendu le jour de la Pentecôte, pourquoi en forme de langues de feu, et pourquoi dix jours après l’Ascension, mais craignant de trop prolonger son discours, il le finit en exhortant ses auditeurs à vivre de façon qu’ils puissent participer un jour à la gloire que Jésus-Christ est allé leur préparer.
1. Nouvelle fête, nouvelle assemblée, nouvelle joie pour l’Eglise, fière du grand nombre de ses enfants, nouvelle gloire pour cette mère féconde et pleine d’amour. Mais que fait cet amour à son bonheur, si ce n’est qu’aux jours de fête , si ce n’est pas continuellement qu’elle voit ses enfants chéris comme un beau vêtement dont il ne lui serait pas permis de se parer toujours? Le vêtement de l’Eglise, c’est la foule des fidèles, selon la parole du Prophète qui adressait à l’Eglise cette parole descendue du ciel : Vous les mettrez tous autour de vous comme une parure nuptiale, comme une robe d’épouse. (Isa. XLIX, 18.) Comme une femme (260) de moeurs honnêtes et de condition libre, dont la robe tombe jusque sur ses talons, paraît plus belle et plus sage, ainsi l’Eglise se montre plus brillante en ce jour où votre foule l’entoure comme une robe à longs plis. Car aujourd’hui on ne peut rien découvrir en elle qui soit resté à nu, comme dans les jours précédents. Mais à qui faut-il imputer cette nudité des autres jours ? à ceux qui viennent aujourd’hui seulement près de leur mère, qui ne restent pas toujours à ses côtés. Il n’y a pas un médiocre danger à négliger sa mère qu’on laisse ainsi à nu; rappelons-nous une vieille histoire , rappelons-nous ce fils qui vit son père nu, et qui fut puni pour l’avoir vu ainsi. (Gen. IX, 21 et seq.) Cependant ce n’était pas lui qui avait fait que son père était nu, il n’avait fait que le voir nu ; même dans cette circonstance, il n’échappa pas au châtiment; il n’avait fait que le voir, mais ceux qui sont aujourd’hui présents, qui, les jours passés, n’étaient pas présents, ceux-là ne voient pas seulement la nudité, ils font la nudité de leur mère. Eh bien ! si le fils qui a seulement vu la nudité n’a pas échappé au châtiment, quel pardon pourraient mériter ceux qui produisent la nudité ? Je ne veux blesser personne, mais fuyons le châtiment, fuyons la malédiction de Cham; imitons la piété de Sem et de Japhet, et nous aussi enveloppons toujours cette mère qui est notre mère. C’est l’esprit des Juifs de ne se montrer que trois fois dans l’année en la présence de Dieu. C’est à eux qu’il a été dit : Trois fois dans l’année, tu te présenteras au Seigneur ton Dieu (Exod. XXIII, 17); quant à nous, Dieu veut que nous nous présentions toujours devant lui. Pour les Juifs, c’étaient les distances des lieux qui réduisaient ainsi le nombre de leurs assemblées, car le culte d’alors était renfermé dans un seul lieu; voilà pourquoi ils ne pouvaient se réunir, paraître que dans des occasions dont le nombre était limité ; on ne pouvait adorer qu’à Jérusalem, ailleurs, défense expresse. Voilà pourquoi l’ordre était de se présenter trois fois l’an devant Dieu, la longueur du voyage servait d’excuse; pour nous, aucune excuse ne peut valoir. En outre, les Juifs étaient dispersés par toute la terre. Or il y avait dans Jérusalem des juifs pieux, de toutes les nations qui sont sous le ciel (Act. II, 5) ; nous, au contraire, nous habitons , tous tant que nous sommes, une seule et même ville, les mêmes murailles nous renferment, souvent même une ruelle ne nous sépare pas de l’église, et on dirait que de longs espaces de mers nous en tiennent écartés à voir combien sont rares nos apparitions dans cette sainte assemblée. Les Juifs encore ne reçurent d’ordre que pour la célébration de trois fêtes, mais vous avez, vous, l’ordre de Dieu de célébrer toujours la fête , car c’est pour nous toujours fête. Et pour vous montrer que notre fête est de tous les jours, je veux vous dire les sujets de fêtes et vous comprendrez que chaque jour est une fête pour nous. Eh bien ! chez nous, la première c’est l’Epiphanie (1). Quel en est le sujet? C’est que Dieu a paru sur la terre, et il a conversé avec les hommes (Baruch. III, 38); c’est que le Dieu, fils unique de Dieu, était avec nous; mais cela dure toujours : Car voici, dit-il, que je serai toujours avec vous, jusqu’à la consommation des siècles (Matth. XXVIII, 20); voilà pourquoi on peut tous les jours célébrer l’Epiphanie. Que signifie la fête de Pâques? quel en est le sujet? C’est la mort du Seigneur que nous annonçons alors; voilà la fête de Pâques, mais nous ne la célébrons pas dans un temps exclusivement déterminé. En effet, Paul voulant nous affranchir de la nécessité des temps, et nous montrer que l’on peut toujours célébrer la Pâque : Toutes les fois, dit-il, que vous mangerez ce pain, et que vous boirez ce calice, vous annoncerez la mort du Seigneur. (I Cor. XI, 26.) Donc si nous pouvons toujours annoncer la mort du Seigneur, nous pouvons toujours célébrer la Pâque. Voulez-vous savoir que la fête d’aujourd’hui peut chaque jour être accomplie, je dis plus, que c’est réellement la fête de tous les jours? Voyons quel est le sujet de la présente fête, et pourquoi la célébrons-nous? C’est que l’Esprit est venu à nous, car de même que le Fils unique de Dieu est avec les hommes fidèles, ainsi demeure avec eux l’Esprit de Dieu. Qui le prouve? Celui qui m’aime, dit le Seigneur, gardera mes commandements, et moi je prierai mon Père et il vous donnera un autre Consolateur, afin qu’il demeure éternellement avec vous, l’Esprit de vérité. (Jean, XIV, 15, 17.) Donc, comme le Christ a dit, en parlant de lui-même : Voici que je serai toujours avec vous, jusqu’à la consommation
1 Saint Chrysostome se conforme à l’usage antique de l’Orient, selon lequel l’Epiphanie était à la fois et la fête de la naissance de Jésus-Christ, et celle de son adoration par les Mages, et celle de son baptême. En d’autres endroits, notamment dans le panégyrique de saint Philogone, tom. II, pag. 136, il se conforme à l’usage récemment établi de célébrer à part la Nativité, et il nomme cette dernière fête la première de toutes les fêtes.
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des siècles, ce qui fait que nous pouvons toujours célébrer l’Epiphanie; ainsi, en parlant de l’Esprit, il dit : L’Esprit demeure éternellement avec vous, ce qui fait que nous pouvons toujours célébrer la Pentecôte.
2. Et ce qui prouve que nous pouvons toujours être en fête, qu’il n’y a pas de temps déterminé, qu’il n’y a pas de nécessité de temps où il se faille renfermer, écoutez ce que dit saint Paul : C’est pourquoi célébrons la fête. (I Cor. V, 8.) Quand il écrivait ces paroles, ce n’était ni Pâques, ni l’Epiphanie, ni la Pentecôte, mais l’Apôtre indiquait par là que ce n’est pas le temps qui constitue la fête, que c’est la pureté de la conscience; fête n’est pas autre chose que joie; la joie de l’intelligence, la joie de l’esprit réside uniquement dans la conscience des bonnes actions; celui qui a une bonne conscience et une bonne vie, peut toujours être en fête. Vérité que Paul démontre en ces mots : C’est pourquoi célébrons la fête, non avec le vieux levain, ni avec le levain de la malice et de la corruption, mais avec les pains sans levain de la sincérité et de la vérité. Voyez-vous comme il se garde bien de vous lier par une nécessité de temps, mais comme il vous exhorte à vous faire une conscience pure ? Je consacrerais volontiers tout cet entretien à cette pensée ; car lorsqu’au bout d’un long temps on tient certaines personnes entre ses mains, on ne les lâche pas facilement; il en est de même de vous après un an d’absence, nous vous avons pris dans nos filets, nous ne voulons pas vous lâcher aujourd’hui; mais il faut bien vous instruire de la présente fête, et par conséquent notre discours doit vous en parler. Des grâces abondantes souvent sont descendues dix ciel sur la terre pour le bonheur de tous les hommes, jamais présents célestes n’ont égalé autrefois ceux que nous recevons en ce jour. Apprenez les premiers dons, ceux d’aujourd’hui, et appréciez-en la différence. Dieu a fait pleuvoir la manne sur la terre, et il leur a donné le pain du ciel. (Psalm. LXXVII, 24.) L’homme a mangé le pain des anges; grande faveur et digne de l’amour de Dieu pour les hommes ! Plus tard, le feu est descendu du ciel, et il guidait la marche errante du peuple juif, et il a consumé le sacrifice sur l’autel. Autre prodige : la famine était générale et desséchait tout; la pluie tomba et produisit une grande abondance de fruits. (III Rois, XVXIX, 38.) Voilà de grandes merveilles, mais bien plus admirables sont celles de nos jours; ni la manne, ni le feu, ni la pluie ne sont tombés aujourd’hui, mais la rosée des grâces spirituelles : des nuages sont descendus, non pas pour réveiller la fécondité de la terre, mais pour tirer, de la nature humaine, par la persuasion, les fruits de vertu qui récompensent le cultivateur des âmes. Ceux qui en ont reçu la moindre goutte, ont aussitôt oublié leur nature, et voilà que tout à coup des anges ont rempli toute la terre ; non dans des anges célestes, mais dans des corps humains s’est montrée la vertu des puissances qui n’ont pas de corps. Ce ne sont pas les anges du ciel qui sont descendus, mais ce qui est plus admirable, les habitants de la terre se sont élevés à la vertu des puissances célestes ; ils n’ont pas été, dépouillant leur chair, de pures âmes, mais persistant dans leur nature, ils sont devenus des anges, par leur volonté. Et voici qui vous fera comprendre, que même l’ancien châtiment n’était pas un châtiment, lorsque Dieu dit : Vous êtes poudre, et vous retournerez en poudre (Gen. III, 19). Si Dieu vous a permis de rester sur la terre, c’est pour mieux faire éclater la puissance de l’Esprit, produisant de telles oeuvres par le moyen d’un corps fait de terre. En effet, on a pu voir une langue d’argile commander aux démons; une main d’argile guérir les maladies, ou plutôt ce n’était pas même une main d’argile qu’on voyait, c’était une merveille, plus admirable encore, les ombres de ces corps d’argile triomphaient de la mort et des puissances qui n’ont pas de corps, je veux dire des démons. Comme l’apparition du soleil chasse l’obscurité, fait rentrer les bêtes féroces dans leurs repaires, précipite les meurtriers, les brigands, les violateurs de tombeaux dans les montagnes dont les sommets les recèlent; ainsi, à la vue, à la voix de Pierre, les ténèbres de l’erreur étaient dissipées, le démon se retirait, les puissances de l’enfer prenaient la fuite, les maladies des corps disparaissaient, c’en était fait des maux qui affligent les âmes, de toute perversité, la vertu revenait sur la terre. Et, de même que si, dans les trésors des rois, où se trouvent de l’or et des pierreries, on prend si peu que ce soit de cette précieuse épargne, une seule pierre suffit à faire la fortune de celui qui la tient, de même pour ce qui tombait des bouches des apôtres; (262) leurs bouches étaient comme des trésors de rois où se trouvait une réserve de guérisons d’un prix inestimable; chaque parole qui s’échappait de leurs lèvres faisait tout un trésor spirituel. C’était vraiment alors qu’on pouvait voir que les paroles du Seigneur sont plus désirables que l’or et la grande quantité des pierres précieuses (Psalm. CXVIII, 11), car ce que ne pouvait faire ni l’or, ni aucune pierre précieuse, les paroles de Pierre l’opéraient. Combien aurait-il fallu de talents d’or pour faire marcher droit celui qui était boiteux de naissance?
La parole de Pierre suffit pour faire disparaître ce défaut de nature. Il lui dit: Au nom de Jésus-Christ, lève-toi et marche (Act. III, 6), et la parole devint une réalité. Comprenez-vous combien de telles paroles sont plus désirables que l’or et la grande quantité des pierres précieuses? Comprenez-vous comment leurs bouches étaient comme des trésors de rois? En réalité, ils étaient les médecins de la terre, et les agriculteurs et les pilotes; les médecins, puisqu’ils guérissaient les maladies ; les agriculteurs puisqu’ils semaient les paroles de la piété; les pilotes, puisqu’ils apaisaient la tempête de l’erreur. De là, ce qui est écrit : Allez, guérissez les malades (Matth. X, 8), comme on dit aux médecins. Quelquefois le Seigneur dit : Voici que je vous envoie moissonner, ce qui n’est pas venu par votre travail (Jean, IV, 38), comme s’il parlait à des agriculteurs; et ailleurs encore : Je ferai de vous des pêcheurs d’hommes (Matth. IV, 19); et à Pierre : Ne crains rien, dorénavant tu prendras des hommes (Luc, V, 10), comme s’il parlait à des pilotes et à des pêcheurs; et l’on voyait miracles sur miracles. Notre nature, il y a dix jours, s’est élevée jusqu’au trône du roi, et en ce jour l’Esprit-Saint est descendu sur notre nature; le Seigneur a porté nos prémices en haut, et il a fait descendre l’Esprit-Saint. C’est un autre Seigneur qui nous distribue ces présents; car l’Esprit est aussi Seigneur, et le Père, le Fils et le Saint-Esprit se sont partagés le soin de nous gouverner. Il n’y a pas dix jours que le Christ est remonté au ciel, et il nous a envoyé les grâces spirituelles, présents de la grande réconciliation. Car, pour que personne ne puisse douter, ni s’informer de ce qu’a fait le Christ de retour au ciel, s’il nous a réconciliés avec son Père, s’il nous l’a rendu propice, pour preuves manifestes de la réconciliation, il nous en a
bien vite envoyé les présents. Car lorsque des ennemis ne font plus qu’un même coeur, lorsqu’ils sont réconciliés, aussitôt après la réconciliation viennent les invitations , les festins, les présents. Nous avons donc envoyé au ciel notre foi, et nous avons reçu d’en-haut les présents; nous avons envoyé notre obéissance, et nous avons reçu la justice.
3. Il vous faut comprendre que le don de notre réconciliation avec Dieu, c’est l’Esprit-Saint. J’essayerai de vous en persuader par les saintes Ecritures; ma première preuve se fera par les contraires; je vous montrerai que Dieu retire à lui la grâce de l’Esprit, lorsqu’il est en colère contre nous; si vous acquérez la persuasion que la colère de Dieu se prouve par ce fait qu’on ne voit plus l’Esprit-Saint, l’apparition de l’Esprit, descendant de nouveau, vous fera comprendre que si Dieu n’était pas réconcilié avec nous il n’enverrait pas l’Esprit-Saint. D’où tirerons-nous nos preuves? Héli était ion vieillard, d’ailleurs juste et sage, mais ne sachant pas corriger ses enfants, et portant un amour exagéré aux fils sortis de lui. Ecoutez tous tant que vous êtes qui avez des enfants, apprenez à faire la juste part de l’affection et du devoir. Héli, par cette raison, irrita Dieu à tel point qu’il se détourna de tout le peuple. Eh bien ! celui qui écrit ces choses dit, pour montrer que Dieu s’était tout à fait détourné des Juifs: La parole du Seigneur était précieuse et il n’y avait plus de vision distincte. (I Rois, III, 1.) Ici, précieuse, veut dire rare; cette parole signifie que les prophéties étaient rares alors. Un autre maintenant se lamentant et gémissant à cause de la colère de Dieu, disait Et il n’y a dans ce temple ni prince, ni prophète (Dan. III, 38); de son côté l’Evangéliste dit : Le Saint-Esprit n’avait pas encore été donné, car Jésus n’avait pas encore été glorifié. (Jean, VII, 39.) Comme il n’avait pas encore été crucifié, dit-il, l’Esprit-Saint n’était pas encore un don accordé aux hommes; cette expression, n’avait pas encore été crucifié, correspond tout à fait à n’avait pas encore été glorifié. Car si, à ne considérer que le fait en lui-même, c’est une honte, comme cette honte n’a été subie que par amour, le Christ l’appelle une gloire. Et pourquoi, répondez-moi, l’Esprit n’a-t-il pas été accordé avant la mise en croix? C’est que la terre était dans le péché, dans les offenses, un objet de haine et d’ignominie, avant l’oblation de l’Agneau qui enlève (263) le péché du monde. Le Christ n’étant pas encore crucifié, la réconciliation n’était pas encore faite; or, la réconciliation n’étant pas encore faite, il était convenable que le Saint-Esprit ne fût pas envoyé, de telle sorte que ce qui prouve la réconciliation c’est l’envoi du Saint-Esprit. Voilà pourquoi le Christ dit encore : Il est avantageux pour vous que je m’en aille, car, si je ne m’en vais pas, celui-là ne viendra pas. (Jean, XVI, 7.) Si je ne m’en vais, et ne réconcilie le Père, dit-il, je ne vous enverrai point le Paraclet. Vous voyez par combien de textes je vous ai prouvé que c’est un signe de la colère de Dieu que l’absence du Saint-Esprit parmi les hommes : La parole de Dieu était précieuse et il n’y avait point de vision distincte; il n’y a dans ce peuple, ni prince, ni prophète; le Saint-Esprit n’avait pas encore été donné, car Jésus n’avait pas encore été glorifié; il est avantageux pour vous que je m’en aille, car si je ne m’en vais, celui-là ne viendra pas. C’est pourquoi l’absence du Saint-Esprit est un signe de la colère divine ; au contraire, quand vous voyez l’Esprit-Saint descendre en abondance, ne doutez plus de la réconciliation. Mais, dira-t-on, où est le Saint-Esprit maintenant? Sans doute, on en pouvait parler quand on en voyait des signes, quand des morts étaient ressuscités, quand tous les lépreux étaient purifiés; mais aujourd’hui qui nous montrera que le Saint-Esprit est présent au milieu de nous? Soyez sans crainte, car je vais vous démontrer qu’aujourd’hui encore le Saint-Esprit est en nous. Comment et de quelle manière? Si le Saint-Esprit n’est pas en nous, comment ceux que vous voyez qui, dans cette sainte nuit, ont été illuminés, ont-ils pu être affranchis de leurs péchés? Vous savez bien qu’il est impossible d’être affranchi des péchés sans l’opération de l’Esprit. Ecoutez ce que dit Paul: Car nous étions aussi nous-mêmes autrefois insensés, désobéissants, égarés, asservis aux diverses passions; mais depuis que la bonté de Dieu, notre Sauveur, et son amour pour les hommes a paru, il nous a sauvés, non à cause des oeuvres de justice que nous eussions faites, mais à- cause de sa miséricorde, par le baptême de la renaissance, et par le renouvellement du Saint-Esprit (Tit. III, 3-5) ; et encore ailleurs : Ne vous y trompez pas, ni les fornicateurs, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les luxurieux, ni ceux qui pratiquent l’abomination, ni les voleurs, ni les avares, ni ceux qui s’enivrent, ni les médisants, ni les ravisseurs, ne posséderont point le royaume de Dieu. (I Cor. VI, 9-11.) Voyez-vous toutes les espèces de perversité ? C’est ce que quelques-uns de vous ont été autrefois, mais vous avez été lavés, vous avez été sanctifiés, vous avez été justifiés. Comment? car voilà ce que nous cherchons, si c’est par la grâce du Saint-Esprit que nous avons déposé notre perversité. Donc, écoutez : Mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom de Notre-Seigneur Jésus, et dans l’Esprit de notre Dieu. Voyez-vous que c’est l’Esprit-Saint qui a fait disparaître toute cette perversité ?
4. Où sont-ils maintenant les blasphémateurs de l’Esprit? Car s’il ne remet pas les péchés, c’est en vain qu’on le reçoit dans le baptême ; si, au contraire, il les remet, c’est en vain que les hérétiques le blasphèment. Si le Saint-Esprit n’existait pas, nous ne pourrions pas dire que Jésus est Notre-Seigneur : Car nul ne peut dire que Jésus est Notre-Seigneur, sinon par le Saint-Esprit. (I Cor. XII, 3.) Si le Saint-Esprit n’existait pas, nous ne pourrions pas prier Dieu, nous fidèles; en effet, nous disons : Notre Père, qui êtes aux cieux. (Matth. VI, 9.) Or, de même que nous ne pourrions pas appeler Notre-Seigneur, de même nous ne pourrions pas appeler Dieu notre Père. Qui le prouve? L’Apôtre disant : Parce que vous êtes enfants, Dieu a envoyé dans vos coeurs l’Esprit de son Fils, qui crie Abba, mon Père. (Galat. IV, 6.) C’est pourquoi , quand vous invoquez le Père, rappelez-vous qu’il a fallu que l’Esprit ait touché votre âme pour que vous fussiez jugés dignes d’appeler Dieu de ce nom. Si le Saint-Esprit n’existait pas, les discours de la sagesse et de la science ne seraient pas dans l’Eglise : Car l’Esprit a donné à l’un de parler avec sagesse; à l’autre, de parler avec science. (I Cor. XII, 8.) Si le Saint-Esprit n’existait pas, il n’y aurait dans l’Eglise ni pasteurs, ni docteurs, car c’est l’Esprit qui les fait, selon ce que dit Paul: Sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques et pasteurs. (Act. XX, 28.) Voyez-vous que cela encore se fait par l’opération de l’Esprit? Si l’Esprit-Saint n’existait pas en celui qui est notre commun Père et Docteur, quand tout à l’heure il est monté à cette tribune sainte, quand il vous a donné, à tous, la paix, vous ne lui auriez pas répondu, tous d’une commune voix : Et avec votre esprit; c’est pourquoi non-seulement quand il (264) monte à l’autel, ou qu’il s’entretient avec vous, ou qu’il prie pour vous, vous faites entendre cette parole ; mais encore quand il se tient auprès de cette table sainte, quand il est sur le point d’offrir ce sacrifice redoutable, c’est ce que savent bien les initiés; il ne touche pas les offrandes, avant d’avoir imploré pour vous la grâce du Seigneur, avant que vous lui ayez répondu : Et avec votre esprit, cette réponse même vous rappelant que celui qui est là ne fait rien par lui-même, que les dons qu’on attend ne sont nullement des ouvrages de l’homme ; que c’est la grâce présente de l’Esprit, descendue sur tout, qui accomplit seule ce sacrifice mystique. Sans doute il y a là un homme qui est présent, mais c’est Dieu qui agit au moyen de lui. Donc ne vous attachez pas à ce qui frappe vos yeux, mais concevez la grâce invisible. Il n’y a rien qui vienne de l’homme dans toutes les choses qui s’accomplissent au sanctuaire. Si l’Esprit n’était pas présent, l’Eglise ne formerait pas un tout bien consistant; la consistance de l’Eglise manifeste la présence de l’Esprit.
Mais pourquoi donc, me dira-t-on, n’y a-t-il plus aujourd’hui de signes miraculeux? Ici, accordez-moi toute votre attention; car un grand nombre de personnes me font cette question et la répètent sans cesse; pourquoi le don des langues était-il accordé autrefois aux baptisés, pourquoi ne l’ont-ils plus aujourd’hui? Comprenons bien d’abord ce que c’était que le don des langues, et nous expliquerons ensuite ce qui arrive. Qu’est-ce donc que le don des langues? Le nouveau baptisé parlait aussitôt la langue des Indiens, des Egyptiens, des Perses, des Scythes, des Thraces, et un seul homme devenait capable de se faire entendre en beaucoup de langues, et si nos baptisés d’aujourd’hui l’avaient été en ces temps-là, vous les auriez tout de suite entendus parler des langues différentes. Car Paul trouva, dit-il, quelques disciples qui avaient reçu le baptême de Jean, et il leur dit : Avez-vous reçu le Saint-Esprit depuis que vous avez embrassé la foi ? Ils lui répondirent: Nous n’avons pas seulement entendu dire qu’il y ait un Saint-Esprit. (Act. XIX, 2-6.) Et aussitôt, il les fit baptiser : Et après que Paul leur eut imposé les mains, le Saint-Esprit descendit sur eux, et ils parlaient diverses langues. Pourquoi donc cette grâce a-t-elle disparu, n’est-elle plus accordée aux hommes d’aujourd’hui? Ce n’est pas que Dieu nous fasse outrage, au contraire c’est qu’il a grande estime de nous. Comment cela? je vais le dire. Les hommes d’alors étaient d’un esprit grossier, à peine affranchis du culte des idoles; leur intelligence était épaisse et engourdie; ils n’étaient frappés de saisissement, d’admiration que pour les choses corporelles; impossible à eux de comprendre des biens qui n’ont pas de corps ; ils ne pouvaient concevoir la grâce spirituelle, visible seulement aux yeux de la foi; voilà pourquoi il y avait des signes. C’est qu’en effet, parmi les grâces spirituelles, les unes sont invisibles, la foi seule peut les comprendre; les autres sont accompagnées d’un signe sensible, pour convaincre les infidèles. Exemple : la rémission des péchés, affaire spirituelle, grâce invisible : car comment nos péchés sont-ils dissipés de manière à purger notre âme, c’est ce que nous ne voyons pas des yeux de la chair. Pourquoi ? c’est que c’est l’âme qui est purifiée; or l’âme n’est pas visible aux yeux du corps. Donc la purification des péchés est un présent spirituel, qui ne peut être sensible aux yeux du corps; mais le don des langues est aussi un effet de l’opération spirituelle de l’Esprit; et, en même temps, cette opération est accompagnée d’un signe sensible, que les infidèles mêmes peuvent apercevoir. Quand l’opération a lieu dans l’âme, je dis l’opération invisible, la langue que l’on entend au dehors, en est la manifestation et la preuve. De là ce que dit Paul : A chacun la manifestation de l’Esprit a été donnée pour l’utilité. (I Cor. XII, 7.) Donc aujourd’hui, moi du moins, je n’ai pas besoin de signes. Pourquoi? C’est que j’ai appris à avoir foi dans le Seigneur, indépendamment de tout signe. L’infidèle a besoin de garantie; mais moi qui suis un fidèle, je n’ai besoin ni de garantie ni de signe; bien que je ne parle pas une langue miraculeusement, je sais que j’ai été purifié de mes péchés. Les hommes d’alors n’auraient pas cru, s’ils n’avaient pas reçu un signe; voilà pourquoi des signes leur furent donnés comme garantie de la foi qu’on leur demandait. Pour prouver que ce n’était pas aux fidèles, mais aux infidèles que des signes étaient donnés, afin de les rendre fidèles, Paul dit : Les signes ne sont pas pour ceux qui croient, mais pour ceux qui ne croient pas. (I Cor. XIV, 22.) Comprenez-vous que Dieu ne nous fait pas outrage, que c’est, au contraire, par estime pour nous, qu’il a supprimé la manifestation des signes ? Il a voulu montrer que (265) notre foi est indépendante des garanties et des signes, voilà pourquoi Dieu a fait ce qu’il a fait: les hommes d’autrefois demandaient avant tout un signe, une garantie pour croire Dieu sur les choses invisibles; mais moi, indépendamment de tout cela, je montre une foi entière : voilà donc pourquoi il n’y a plus de signes aujourd’hui:
5. J’aurais voulu vous parler du sujet de cette fête, vous expliquer ce qu’est la Pentecôte, et pourquoi le Saint-Esprit a été donné en ce jour, et pourquoi il est descendu en langues de feu, et pourquoi au bout de dix jours; mais je vois que cet enseignement serait trop long ; je n’ajouterai donc que quelques mots et je terminerai ce discours. Quand les jours de la Pentecôte furent accomplis, les disciples virent paraître comme des langues de feu qui se partagèrent (Act. II, 13) ; non pas des langues de feu, mais, comme de feu, ceci afin que vous ne soupçonniez rien de sensible au sujet de l’Esprit. Car, de même que, sur le Jourdain, ce ne fut pas une colombe qui descendit, mais l’Esprit sous une forme de colombe, de même ici encore ce ne fut pas un feu, mais une forme de feu; et de même, dans le verset qui précède, il dit : On entendit comme un souffle violent, non pas un souffle violent, mais comme un souffle violent. Pourquoi donc Ezéchiel n’a-t-il pas reçu le don de prophétie sous forme de feu, mais par le moyen d’un livre, tandis que les apôtres reçoivent par le feu les grâces de l’Esprit? En ce qui touche Ezéchiel, l’Ecriture dit qu’on lui porta à la bouche un livre où étaient écrites des plaintes, avec des cantiques et des malédictions, et ce livre était écrit dedans et dehors, et il le mangea, et il devint doux à sa bouche comme le miel. (Ezéch. II, 9; III, 3.) Quant aux apôtres, il n’en est pas ainsi : mais, ils virent paraître comme des langues de feu. Pourquoi donc, d’un côté, un livre et des caractères écrits; de l’autre, une langue et du feu ? C’est que le prophète allait accuser les péchés, faire entendre des gémissements sur les malheurs des Juifs; les apôtres, au contraire, allaient dissiper les péchés de la terre : voilà pourquoi le prophète reçut un livre destiné à lui rappeler les malheurs à venir; les apôtres reçurent le feu qui devait brûler les péchés de la terre, et les détruire entièrement. Car, de même que le feu, tombant sur des épines, les détruit toutes facilement, de même la grâce de l’Esprit dissipait les péchés des hommes. Mais les Juifs, insensés, à la vue de ces prodiges qui auraient dû les frapper d’admiration et de crainte et les porter à adorer l’auteur de telles grâces, montrent encore l’aveuglement qui leur est propre, ils accusent d’ivresse les apôtres remplis de l’Esprit-Saint. Ces gens-là, disent-ils, sont ivres et pleins de vin doux. (Act. II, 13.) Remarquez l’aveuglement des hommes, et observez la sagesse des anges : les anges, en voyant nos prémices monter dans le ciel, se réjouissaient et disaient : Levez vos portes, ô princes; et vous, portes éternelles, levez-vous, et il entrera le roi de gloire (Psalm. XXIII, 7) ; mais les hommes, en voyant descendre jusqu’à nous la grâce de l’Esprit, disent que ceux qui ont reçu la grâce, sont des gens ivres, sans que la considération de la saison où l’on était, empêche un tel jugement; car ce n’est pas au printemps que l’on trouve du vin doux, et l’on était alors au printemps. Mais laissons de côté ces anciens hommes; appliquons-nous à considérer la rétribution que nous accorde la bonté de Dieu. Le Christ a reçu les prémices de notre nature, et il nous a donné en retour la grâce de l’Esprit; et de même qu’il arrive, après une longue guerre, quand les combats ont cessé, quand on fait la paix, que ceux qui se haïssaient mutuellement, se donnent réciproquement des garanties et des otages, ainsi est-il arrivé entre Dieu et la nature humaine; elle lui a envoyé, à titre de garanties et d’otages, les prémices que le Christ a emportées au ciel; Dieu, en retour, nous a envoyé à titre de garanties et d’otages l’Esprit-Saint. Or maintenant que ce soient là des garanties et des otages, en voici la preuve : il faut que ceux qui servent de garanties et d’otages soient de race royale : voilà pourquoi il a envoyé du ciel vers nous le Saint-Esprit comme étant, au plus haut degré, d’une essence royale; celui qui était auprès de nous et qui s’est élevé au ciel, était bien aussi de race royale, car il était du sang de David. Voilà pourquoi je suis désormais sans crainte, nos prémices siègent là-haut; voilà pourquoi, quand on m’objecterait le ver qui ne meurt pas, le feu qui ne s’éteint pas, les autres châtiments et supplices, je suis désormais sans épouvante; ou plutôt, je suis toujours plein d’épouvante, mais je ne désespère pas de mon salut. Car si Dieu n’avait pas résolu de nous accorder de grands biens, il n’aurait pas reçu nos prémices dans le ciel. Auparavant quand nos regards s’y portaient, quand nos (266) pensées concevaient les puissances qui n’ont pas de corps, notre bassesse nous paraissait plus évidente; c’était là l’effet de la comparaison (lue nous faisions de nous avec les puissances d’en-haut; mais maintenant, quand nous voudrons nous convaincre de notre noblesse, nous élèverons nos regards jusqu’au ciel ; plus haut, jusqu’au trône royal, car c’est là que siègent nos prémices. C’est de là que viendra le Fils de Dieu, descendant du ciel, pour nous juger. Apprêtons-nous donc, afin de ne pas déchoir de cette gloire. Car il n’en faut pas douter, il viendra, et il ne se fera pas attendre celui qui est notre commun Maître ; il viendra, escorté de ses bataillons, de ses légions d’anges, de ses troupes d’archanges, de ses compagnies de martyrs, de ses choeurs de justes, de ses tribus de prophètes et d’apôtres, et au milieu de ces armées spirituelles il apparaîtra, lui, le roi, resplendissant d’une gloire ineffable, qu’aucune parole ne saurait exprimer.
6. Donc faisons tout ce qu’il faut faire pour ne pas déchoir d’une telle gloire. Voulez-vous que je vous dise aussi des pensées qui inspirent l’épouvante? Je ne veux pas vous attrister, mais il faut que je vous établisse dans le droit chemin. Alors un fleuve de feu jaillit devant ce tribunal de Dieu (Dan. VII, 10) ; alors des livres s’ouvrent ; le jugement a lieu, terrible, plein d’épouvante. C’est un jugement où l’on rappelle, où on lit toutes les actions de notre vie, et les prophètes parlent souvent des livres où se fera cette lecture. Ainsi Moïse dit : Si vous leur remettez leur péché, remettez: si non, effacez-moi aussi du livre que vous avez écrit (Ex. XXXII, 31, 32) ; et le Christ disait aussi à ses disciples : Ne vous réjouissez pas de ce que les esprits impurs vous sont soumis, mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans le ciel (Luc, X, 20) ; et David, de son côté : Dans votre livre, tous seront, écrits, les jours y seront formés, et personne dans ces livres…. (Psalm. CXXXVIII, 16.) Autre passage encore : Qu’ils soient effacés du livre des vivants, et ne soient pas inscrits avec les justes. (Psalm. LXVIII, 28.) Voyez-vous comme les uns sont effacés, les autres, inscrits? Voulez-vous avoir la preuve que les justes ne sont pas seuls inscrits dans ces livres du jugement, mais que nos péchés aussi sont inscrits là? C’est aujourd’hui jour de fête, apprenons les oeuvres par lesquelles nous pouvons nous préserver du châtiment. Discours terrible, mais utile et profitable, s’il nous préserve de l’expérience et de la réalité des supplices; apprenons donc que les péchés sont inscrits, que tout ce que nous aurons dit ici-bas, se trouve aussitôt porté là-haut et s’inscrit. Comment en ferons-nous la preuve? car il ne suffit pas en si grave matière d’une pure affirmation. Michée dit aux Juifs : Malheur à vous qui provoquez le Seigneur. Et comment, disent-ils, l’avons-nous provoqué? En disant Tout homme qui fait le mal, est bon en présence du Seigneur (Michée, par erreur : Malach. II, 17) ; paroles de méchants serviteurs; ils disaient, et ces personnes sont agréables au Seigneur; ils entendaient par ces personnes des hommes perdus qui ne s’assujettissent pas à la loi de Dieu. Voici que nous avons gardé ses commandements, et nous célébrons le bonheur des autres (1). (Malach. III, 14, 1.5.) Ce qui veut dire, tous les jours nous servons, et le bonheur est pour les autres. On entend souvent les serviteurs parler ainsi de leurs maîtres ; mais qu’un homme en parlant d’un homme tienne ce langage, il n’y a pas là un si grand mal, quoique pourtant il y ait du mal ; mais parler ainsi au sujet du souverain Maître du inonde, du Dieu de miséricorde et de bonté, voilà ce qui mérite toute espèce de châtiment, et les derniers supplices. Eh bien! sachez que de telles paroles sont inscrites, écoutez ce que dit le prophète : Voici que toutes ces paroles ont été écrites dans le livre des vivants pour servir à Dieu de monument en sa présence (2). (Ibid. verset 16.) Ces paroles sont écrites, non que Dieu tienne à se rappeler le jour, ni à fournir une preuve à l’appui de l’accusation, le tout consigné dans le livre. Peut-être ai-je épouvanté vos esprits ; non les vôtres seulement, mais le mien tout d’abord: Eh bien ! je veux mettre un terme à ce discours, ou plutôt à nos terreurs; je ne veux pas les dissiper, mais les calmer; qu’elles demeurent en nous pour purifier nos
1 Le saint orateur, après avoir nommé Michée an lieu de Malachie, fait encore ici une espèce de confusion, en ce sens qu’il exprime plutôt la pensée qu’il ne reproduit le texte de Malachie, III, 14, 15.
2. Il est, très-important de reproduire ici la traduction du passage de Malachie, auquel le saint orateur fait une allusion qui en change la pensée.
Mais ceux qui craignent le Seigneur ont tenu dans leurs entretiens un autre langage : aussi le Seigneur s’est rendu attentif à leurs paroles : il les a écoutés, et il a fait écrire un livre qui doit lui servir de monument en faveur de ceux qui craignent le Seigneur, et qui s’occupent de la grandeur de son nom. (Malachie, in, 16, traduct. de Lemaîstre de Sacy.) Les paroles que saint Jean Chrysostome ajoute, après sa citation, semblent montrer qu’il se doute que sa mémoire lui fait défaut.
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pensées; mais retranchons ce qu’elles ont d’excessif. Comment faire ce retranchement? en montrant que les péchés ne sont pas seulement écrits, mais qu’ils peuvent aussi être effacés. Dans un procès ordinaire, tout ce que petit dire celui qui est en cause, est écrit tout au long, et rien ne peut plus l’effacer, mais dans ce livre du ciel quelles que soient les mauvaises paroles que vous ayez dites, il dépend de vous de les effacer. Comment le savons-nous? par l’Écriture. Détournez votre face, dit le saint pénitent, de dessus mes péchés, et effacez toutes mes iniquités. (Psalm. L, 9.) Mais personne ne peut effacer ce qui n’est pas écrit; c’est donc parce que les péchés étaient écrits qu’il demande à les voir effacés. Or en voici un autre qui nous enseigne comment on les efface. C’est par la miséricorde et par la foi que les péchés se purifient; non-seulement, s’effacent, mais se purifient (Prov. XV, 27), de telle sorte qu’il ne reste pas la moindre trace de souillure. Et ce n’est pas seulement ce qui a été écrit après le baptême, qui est effacé, mais aussi ce qui était écrit avant cette purification; l’eau du baptême et la croix de Jésus-Christ effacent tout, selon ce que dit Paul : Il a effacé la cédule qui était contre nous, il l’a abolie en l’attachant à sa croix. (Colons. II, 14.) Voyez-vous comme cette cédule a été effacée, et non-seulement effacée, mais déchirée par les clous de la croix, de manière à devenir inutile. Oui, l’ancienne faute, par la grâce, par la bonté, par les mérites de Jésus mis en croix, a été entièrement effacée; quant à ce qui a suivi le baptême, il faut beaucoup de zèle pour que cela soit effacé encore; il n’y a pas de seconde ablution ; par conséquent nos larmes sont nécessaires, et le repentir, et la confession, et l’aumône, et les prières et tous les autres exercices de la piété; ainsi, même après le baptême, les péchés sont purifiés à la condition, il est vrai, de beaucoup de peines et de fatigues. Montrons donc le plus grand zèle pour les effacer d’ici même, afin de ne pas avoir à subir la honte et le châtiment là-bas. Quand nos péchés seraient innombrables, il dépend de nous de nous décharger du fardeau de tous ces péchés. Sachons donc le vouloir, car il vaut bien mieux souffrir un peu ici-bas, et n’avoir pas à craindre l’implacable châtiment, que de vivre un temps bien court dans l’indolence pour tomber dans les supplices qui ne finiront jamais. Il ne nous reste plus qu’à résumer ce que nous avons dit. Nous avons reproché à ceux qui ne viennent ici qu’une fois l’an, de négliger leur mère qu’ils laissent sans vêtement; nous leur avons rappelé une vieille histoire, une malédiction, une bénédiction ; nous avons parlé des fêtes des Juifs, et nous avons expliqué pourquoi l’ordre leur fut donné de paraître trois fois l’an devant Dieu; nous avons dit que l’on pouvait célébrer en tout temps la Pentecôte, la Pâque et l’Épiphanie; nous avons dit qu’une fête consistait dans la pureté de la conscience, et non dans un quantième, dans une saison quelconque; ensuite nous avons fait une digression au sujet des présents que nous avons reçus d’en-haut; nous avons dit que ces présents sont un signe de réconciliation; nous avons prouvé la présence de l’Esprit-Saint par la rémission des péchés, par la réponse que nous faisons à notre pasteur, par les paroles de la sagesse et de la science, par les ordinations, par le sacrifice mystique; nous avons dit que nous avons des garanties, des otages échangés réciproquement; nous avons ajouté à nos réflexions pourquoi les signes miraculeux ont disparu aujourd’hui du milieu de nous; ensuite nous avons rappelé le redoutable jugement, les livres qu’on y ouvre, et nous avons dit que tous nos péchés y sont inscrits; nous avons démontré qu’on peut les effacer, que cela dépend de nous. Retenez toutes ces pensées dans votre mémoire; si vous ne pouvez tout vous rappeler, souvenez-vous principalement de ce qui vous a été dit sur les livres; toutes les fois que vous ferez entendre une réponse, figurez-vous qu’il y a, auprès de vous, quelqu’un, qui est là à vos côtés; et qui écrit vos paroles; soyez donc circonspects dans vos entretiens, et conservez toujours frais dans votre mémoire le discours- que vous venez d’entendre, afin que, parmi vous, les uns augmentent par leurs bonnes couvres le nombre des justes inscrits dans le livre ; les autres, ayant beaucoup de péchés inscrits, les effacent d’ici-même, et qu’ainsi nous n’ayons pas à redouter une terrible publication. Car il est possible, nous vous l’avons montré, par le zèle, par la prière, par la persévérance dans la piété, d’effacer les péchés écrits là-haut, de les effacer tous. Que ce soit donc là notre étude tous les jours de notre vie, afin qu’étant partis d’ici-bas, nous puissions obtenir quelque indulgence, et tous échapper aux inexorables châtiments; et puissions-nous tous, affranchis de ces tourments, être jugés dignes du royaume (268) des cieux, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ à qui appartient, ainsi qu’au Père et au Saint-Esprit, la gloire, la puissance, l’honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Sur les traces de l’Esprit – La fête de la Pentecôte
10 mai, 2008du site:
http://www.catechese.viateurs.ca/spiritualite/traces-esprit/index.cfm
Sur les traces de l’Esprit
La fête de la Pentecôte
Ludger Mageau, c.s.v.
27 février 2007
Aperçu
Fête du don de l’Esprit, la Pentecôte souligne la présence mystérieuse de Celui qui se laisse reconnaître à ses fruits
Nota Bene :
Cet article est une adaptation d’une homélie prononcée par Ludger Majeau, c.s.v. à l’église Saint-Louis-de-Gonzague (Québec) le 15 mai 2005.
Une belle et ancienne fête
« Quand le jour de la Pentecôte arriva, ils se trouvaient réunis tous ensemble. Tout à coup il y eut un bruit qui venait du ciel comme le souffle d’un violent coup de vent: la maison où ils se tenaient en fut toute remplie; alors leur apparurent comme des langues de feu qui se partageaient et il s’en posa sur chacun d’eux. » (Ac 2,1-3)
La Pentecôte, c’est une ancienne fête. C’était autrefois la fête de la moisson. Les Juifs ont « converti » pour ainsi dire cette fête pour remercier la Seigneur qui leur avait donné la Loi, les commandements de Dieu. Ainsi, la fête des moissons est devenue fête de la Loi.
Avec les chrétiens, la Pentecôte deviendra la fête par excellence du don de l’Amour de Dieu en Personne : l’Esprit Saint.
Des symboles évocateurs
L’Esprit Saint, puisqu’il n’est pas visible, est forcément difficile à concevoir. Voilà pourquoi la Bible est si riche en symboles : ils nous aident à s’approcher du mystère, à saisir un peu plus qui peut être l’Esprit de Dieu agissant au cœur de nos vies.
La colombe
Le premier symbole employé dans la Bible est le vol de la colombe
. La colombe évoque la douceur, voire la tendresse au sein de nos vies.
L’eau
L’eau apporte la vie et la fertilité
. Sans eau, c’est la mort, aussi bien pour nous que pour tout vivant.
L’huile
Essentielle dans les engrenages et les rouages de toutes sortes pour leur bon fonctionnement, on dit souvent que les relations humaines harmonieuses sont « bien huilées ».
De plus, les vertus curatives et apaisantes de l’huile
ne sont plus à démontrer. Pas étonnant que ce symbole soit présent dans plusieurs sacrements, dont celui du « sacrement des malades ».
Le feu
Le feu, c’est l’énergie, la vigueur et la force. Également, il apporte la lumière et la chaleur.
« Esprit Saint, éclaire-moi et fortifie-moi! »Le souffle
Le souffle, c’est le vent, c’est l’élan. L’expression « avoir le vent dans les voiles » le dit bien. Plus près de nous, il y a notre respiration, notre « souffle de vie », notre dynamisme. À nos vies parfois essoufflées, l’Esprit redonne l’élan.
Afin de mieux comprendre la nature de l’Esprit Saint, on ne saurait se limiter qu’à un seul symbole. L’ensemble des symboles bibliques au sujet de l’Esprit offre une image plus riche et juste de ce Don par excellence.
Découvrir l’Esprit par ses fruits
Le vent est invisible, mais on devine sa présence par les effets qu’il produit : les branches d’un arbre qui s’agitent, les feuilles qui s’envolent, son sifflement au sein d’une fenêtre entre ouverte…
Pour l’Esprit Saint, c’est un peu la même chose : on peut le découvrir par ses fruits, c’est-à-dire par les effets qu’il produit :
« Mais voici le fruit de l’Esprit: amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi; contre de telles choses, il n’y a pas de loi. » (Ga 5,22-23)
L’amour
C’est le premier fruit de l’Esprit. Quand on voit des gens qui s’aiment et qui s’entraident, quand on voit la tendresse au sein d’un couple, quand une mère prend soin de son enfant avec sollicitude, (…) on devine l’Amour de Dieu à l’œuvre.
La joie
Il y a la joie profonde, celle qui vient du fond de l’être. Elle nourrit et apaise, elle illumine le visage, elle se traduit par le sourire.
La paix« Que la paix soit avec vous ». L’Esprit nous pacifie et nous amène à renoncer à des moyens violents pour arriver à nos fins.
La patience« La patience obtient tout » dit-on. L’agriculteur, l’éducateur, le parent (…) savent d’expérience qu’il faut savoir semer et ne pas être trop pressé pour apprécier les fruits de son travail. L’Esprit donne la force d’espérer et d’attendre.
La bonté
Parfois on entend : « Cette personne-là, c’est tellement bon, c’est comme du bon pain ». Jésus, le Pain de Vie, qui vivait sous la mouvance de l’Esprit, en union avec son Père, était remarquablement bon. Les Évangiles en témoignent à plusieurs reprises.
La confiance
La confiance est au cœur des équipes qui travaillent à un objectif commun.
La confiance au cœur d’une chorale qui pratique régulièrement en vue d’apporter de la joie à ses auditeurs.
La confiance est au cœur des enfants qui apprennent avec joie à l’école.
(…)
Sans confiance, pas d’unité; on reste seul et on ne bâtit rien ensemble.
La douceur« On attire pas des mouches avec du vinaigre mais avec du miel » dit l’adage. En effet, l’être humain aspire à être traité avec délicatesse. L’Esprit de douceur nous invite à être affable, à regarder les autres avec grande considération.
La maîtrise de soiÊtre maître de soi, c’est laisser s’exprimer son cœur profond, son âme, plutôt que certains désirs plus superficiels. L’Esprit nous appelle à la liberté, à libérer le meilleur de nous-même.
L’Esprit Saint, certes, on ne le voit pas, mais à discerner dans mon milieu et en moi-même les fruits de bonté et d’amour, on devine la présence bienfaisante du « Souffle de Dieu ».
« Où il y a l’Amour, le Seigneur est là. »
méditation sur le Saint Esprit
10 mai, 2008du site:
http://www.spiritualite-chretienne.com/stesprit/esprit-9.html#4
Sur le Saint Esprit
A.-D. Sertilanges, o.p. (1863-1948)
Grâce à l’Esprit, l’Eglise universelle, si variée qu’elle soit dans ses tendances locales et superficielles, est toujours l’Eglise ; elle réalise cet idéal de la » permanence du type » qui dans les espèces vivantes peut toujours fléchir. Son idée directrice essentielle est immuable, et elle l’est dans toutes les lignes où l’Eglise s’avance, comme une troupe de toutes armes et d’un seul élan. Son dogme, sa morale, sa discipline, sa liturgie sacramentelle, sa constitution hiérarchique sont essentiellement au XX° siècle ce qu’ils furent sous saint Paul, ce qu’ils sont au Cénacle.Il y a eu des fléchissements individuels, et nombreux ; il y a eu même des maladies collectives ; mais c’était la vivante Église, qui était malade, ou bien tel membre, ou bien telle fonction, et l’Eglise n’était pas réduite pour cela à l’état de cadavre. Cette maladie, comme celle de Lazare, n’était pas la mort. L’Eglise ne meurt pas ; l’Esprit palpite en elle, et ses époques de fléchissement sont précisément celles qui incitent cet Esprit à de violentes et merveilleuses réactions.
Toutes les époques troublées sont des époques de sainteté et d’héroïsme. Dans les siècles déshérités socialement des personnalités puissantes semblent destinées à concentrer et à tenir en réserve l’activité spirituelle commune ; elles sont le ferment de l’avenir. Tel est le travail de l’Esprit, flamme intime, flamme pareille à celle qui soutient nos corps, anime nos foyers et nos cités, ses tributaires.
Enfin du moment qu’il conquiert et qu’il organise, il serait oiseux de dire de l’Esprit divin qu’il rassemble. Il faut noter cependant le caractère universel de ce rassemblement. L’Esprit de Jésus est un Esprit de la race ; c’est de plus un Esprit transcendant à toutes les différences créées ou créables, Esprit des esprits, et, plus loin, Esprit des êtres. Tout dépend de lui, et quand il s’agite, on doit s’attendre à un branle universel.
C’est ici l’âme du monde, pénétrant sa matière multiple et en formant un tout qui est le Royaume de Dieu évangélique, ce Tout que Jésus voyait et qu’il voit plus encore au moment de lui donner son sang.
Jusque-là, le monde était chaotique, ou s’il était en partie organisé, comme la Synagogue, c’était en vertu d’une anticipation, d’un emprunt ; le Cénacle rayonnait en arrière. Mais en avant le rayonnement unifiant révèle plus de puissance ; l’Esprit polarise le monde ; il polarise les âges ; il met en un tous les fils de Dieu dispersés! (Jean, XI, 52) Ceux qui croient lui échapper réalisent d’une autre manière ses desseins et le servent dans ses élus.
Le monde était inanimé, un cadavre, un Lazare dans ses bandelettes et qui sentait la corruption, c’est-à-dire la dissémination des éléments et des forces.
L’Esprit du Christ rattache 1a chaîne de vie. Le vivant univers tient désormais debout ; l’œuvre créatrice est d’une seule venue, dans le temps et dans l’immensité de l’être.
Le langage chrétien manifeste cette unité, en faisant voir identique en tout temps et partout la doctrine qui codifie la vie et la contient pour ainsi dire tout entière. Le langage chrétien si nuancé ici ou là, aujourd’hui ou hier, ne sera jamais qu’une seule voix à travers les âges, les civilisations et les groupes. Il y aura beaucoup de témoins, il n’y aura qu’un seul témoignage. Le don des langues accordé à la doctrine comme à ses premiers prédicateurs ne sera que le don de faire retentir en divers idiomes spirituels une parole identique, d’épanouir dans le prisme humain la lumière blanche du ciel ; et le ciel même, en son silence de multitude et en son mystère, a-t-il un autre langage ?
C’est grâce à l’Esprit que le message de Jésus exprime un autre monde, et que cet autre monde et le monde du pèlerinage ne font qu’un. Le Royaume de Dieu est partout : l’Esprit en est la lumière. Et ce que je dis de l’unité lumineuse se répéterait de l’unité de tendance, de l’unité d’orientation, de l’unité d’action, de l’unité du résultat qui est – invisiblement ici et clairement là-haut – la vie éternelle.
L’Esprit divin est un Esprit d’éternité ; l’eau vive que donne Jésus doit remonter à son niveau ; partie du ciel elle y rejaillit spontanément et elle y demeure. Sa surface d’équilibre est là, et si le Christ ressuscité ne meurt plus, si là où Il est, Il veut et Il fait que nous y soyons aussi, la raison en est que son Esprit souffle entre le Père et le Verbe auquel sa chair est jointe, auquel son âme s’unit, en lequel nous aussi, par Lui, nous ne faisons qu’un seul tout spirituel, que la vie divine traverse. [...] Esprit du Christ, que vous êtes puissant, et que la petite demeure visitée par vous a de vastes horizons au creux de ses arcades ! La Croix maintenant saigne et le Sauveur gémit ; mais le Sauveur gémissant n’est que l’ouvrier qui ahane au cours de sa tâche. La tâche finie, on verra que les moyens et la fin se proportionnent, et que l’éternel Témoin ne mentait pas : » Mon Père, je remets mon Esprit entre tes mains. »
Extrait de Ce que Jésus voyait du haut de la Croix, Paris, Revue des Jeunes, 1924.