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La Liturgie céleste (Benoît XVI, Jean Hani, Frank-Duquesne)
25 mai, 2008Cet article je le doit traduire pour mon Blog Saint Paul apôtre, je le mets sur ce Blog parce que est, oui, du Pape Benoît, mais, aussi, l’étude sur la « La Liturgie céleste », extrait da le livre L’Esprit de la liturgie (de « Joseph Ratzinger ») se livre c’est, pour moi, une d’étude plus profonde, plus admirable, je l’ai lis et relis plusieurs fois,
du site:
http://www.sombreval.com/La-Liturgie-celeste-Benoit-XVI,-Jean-Hani,-Frank-Duquesne-_a652.html
La Liturgie céleste (Benoît XVI, Jean Hani, Frank-Duquesne)
Un des grands mérites du théologien Joseph Ratzinger est d’avoir redécouvert la notion éminemment biblique de «liturgie céleste», ancrée dans l’Ecriture sacrée mais perdue de vue par de nombreux catholiques qui, pour la plupart, ont cessé de voir dans la liturgie un «mystère, une réalité cachée en Dieu» pour reprendre les mots mêmes du pape. Il est à prévoir que, dans les années à venir, elle prenne une place plus importante dans l’enseignement magistériel de l’Eglise. Pour Benoît XVI, la liturgie doit être comprise comme liturgie céleste. Nous lisons dans le rapport établi par le cardinal Scola avant la réunion générale du Synode des Evêques sur l’Eucharistie (octobre 2005) ceci : Dans l’action eucharistique, la liturgie terrestre est intimement unie à la liturgie céleste». Cette conception peut être inférée de nombreux textes bibliques (nous y reviendrons), de prières eucharistiques de l’ancien et du nouveau missel mais aussi d’Encycliques (Mediator Dei) et de documents conciliaires (Sacrosanctum Concilium 8 : «dans la liturgie terrestre, nous participons par un avant-goût à cette liturgie céleste qui se célèbre dans la sainte cité de Jérusalem…»).
Dans L’Esprit de la Liturgie, le pape note que «la théologie chrétienne du culte, à la suite de Jean-Baptiste, a reconnu dans le Christ l’“Agneau” donné par Dieu, que l’Apocalypse présente, à la fois vivant et sacrifié , comme le centre de la liturgie céleste». Benoît XVI conclut que par le sacrifice du Christ, préfiguré par les sacrifices lévitiques, «cette liturgie est maintenant présente au milieu du monde», historiquement, effectivement, par le sacrifice du calvaire, accompli une fois pour toutes au Golgotha, et hinc et nunc par le canal de la messe. Plus loin, précisant sa pensée, il écrit : «La liturgie chrétienne nous donne accès à la liturgie céleste, par la médiation de signes terrestres que le Rédempteur nous a donnés comme gages du monde à venir».
Le Sacrifice du Christ est un fait qui relève de l’histoire mais qui appartient aussi au monde éternel et transcendant. C’est une réalité intemporelle manifestée dans le cadre du temps… La Nouvelle Alliance, signifiée par le déchirement du voile du temple, a été fondée par le sacrifice du Golgotha mais celui-ci tire son sens, sa portée, son efficace du sacrifice offert par le Christ-Verbe, hors de l’espace du temps, donc «avant même la création du monde », dans les cieux, « par son éternel (et immuable) esprit» (Hebr, 9:14 ; 13:9). Autrement dit : «dès avant la création du monde» et du temps, donc éternellement, le Christ «a été désigné», indiqué au sein de la Trinité, vu par le Père et montré à l’Esprit, «comme l’Agneau sans tache et sans défaut», «autant dire immolé» (1 Pierre, 1:19-20 ; Apoc, 5:7). De telles affirmations sont récurrentes dans le magnifique Via Crucis d’Albert Frank-Duquesne, aujourd’hui presque introuvable. De même le Père Boulgakov, dans son Verbe incarné résume cette doctrine par une formule riche d’intuitions mystiques : «La Croix de la voie terrestre réalise la Croix de la kénose céleste». Le sacrifice de la Croix, en effet, «n’est pas seulement un événement terrestre se situant dans le cadre de la vie humaine, mais aussi un événement céleste accompli dans les profondeurs de la Divinité même : la kénose du Dieu-Verbe» (sur la kénose crucigène du Verbe je vous renvoie à mon article sur l’Apocalypse).
Toute réflexion sur les sacrifices doit prendre en compte cet aspect métaphysique du problème. On ne comprend rien à la messe si l’on s’en tient à une représentation strictement temporelle du drame salvifique. Comme l’écrit Jean Hani, «le fondement métaphysique du sacrifice, c’est le sacrifice éternel de Dieu». Dans sa Divine Liturgie, publié en 1981, ce même Jean Hani a exposé des vues très profondes sur la liturgie céleste à laquelle, comme j’ai écrit dans un article récent, nos offices offrent un «débouché» sur le plan de la «chair». Il insiste sur la nécessité d’adopter un point de vue métaphysique, dégagé de la temporalité, pour comprendre comment à chaque messe peut se reproduire le sacrifice du Golgotha et surtout comment celui-ci réfracte le sacrifice céleste du Verbe. Il cite ce passage de M. Olier, fondateur du premier séminaire français, qui, au XVIIe siècle, rapprochait déjà la messe de la liturgie céleste : «Pour faire entendre le mystère du très saint sacrifice de la messe, il faut savoir que ce sacrifice est le sacrifice du ciel… il y a un sacrifice dans le Paradis, lequel, en même temps, est offert en la terre, et il est différent en cela seulement qu’il se présente ici-bas sous les voiles». M. Olier se référait pour corroborer son propos à cette grande scène entrevue par saint Jean dans son Apocalypse : l’Agneau égorgé, mais vivant, sur un trône, les vingt-quatre Vieillards l’adorant en jouant de la Cithare et en brûlant de l’encens, et les multitudes d’anges ainsi que toutes les créatures chantant les louanges de l’Agneau (Apo, 5:6-14).
Suivent des développements très intéressants, incontournables, où Jean Hani s’emploie à réfuter l’objection selon laquelle cette conception «métaphysique» tendrait à «déréaliser» la liturgie terrestre : «Cette façon de comprendre le sacrifice de la messe, écrit-il, n’est pas une théorie personnelle qui n’engagerait que les théologiens dont nous parlons. Elle est attestée par les plus anciennes liturgies où nous trouvons des prières telles que celle-ci : “Elevez vos regards vers les réalités célestes et contemplez les mystères actuellement célébrés : les séraphins, dans une crainte respectueuse, se tiennent devant le Trône de gloire du Christ, chantant les louanges du Corps offert, du Calice mélangé. Et ici-bas le peuple implore, le prêtre supplie et demande miséricorde pour le monde entier” (Prière après la consécration à la messe assyro-chaldéenne)».
En dehors des textes bibliques mentionnés ci-dessus, l’idée du sacrifice céleste se retrouve dans l’épitre aux Hébreux où saint Paul affirme que le Christ, lors de son Ascension, est monté au ciel pour y être le suprême Pontife (Hébr, 6:1 ; 20:20).
La consécration de la messe, dans cette perspective, doit être regardée comme «la manifestation visible d’un acte éternel». La suite de son analyse rappelle certaines lignes superbes de Frank-Duquesne sur la messe, considérée sous son double aspect : temporel et intemporel, visible et invisible.
Citons d’abord Jean Hani pour qui l’intelligence du symbolisme conditionne celle de la liturgie :
« La messe a son prototype dans le sacrifice céleste de l’Agneau décrit par l’Apocalypse. Il est vain d’objecter comme le font certains d’un point de vue profane, que cette façon de concevoir les choses, n’est qu’une projection de la liturgie terrestre, qu’on s’imagine se dérouler ainsi dans le ciel. Pour le spirituel, en effet, c’est l’inverse qui est vrai, car il sait que la liturgie visible n’est que la réfraction symbolique, dans le plan de la corporéité sur lequel l’homme se meut pendant l’existence terrestre, de la réalité invisible d’En-haut, de même que la musique n’est que l’expression approximative, comme l’a écrit Marcel de Corte, d’un silence essentiel. Les textes de l’écriture que nous avons cités nous décrivent sous une forme sensible une réalité spirituelle et nous présentent dans un déroulement temporel quelque chose qui, en réalité, n’a jamais cessé d’exister et appartient à l’éternité. Ce qui ressort d’un autre passage, essentiel, de l’Apocalypse, où nous lisons que “l’agneau est immolé dès le commencement” (Apo.13:8) et également d’un passage de saint Pierre disant que le Christ est “l’Agneau sans défaut et sans tache ; celui qui, prédestiné dès avant la création du monde, a été manifesté pour nous en ces derniers temps” (1 Pi, 1:19), termes qui rejoignent l’enseignement de saint Paul sur “le mystère caché depuis l’origine”».
Citons maintenant ces quelque lignes du grand écrivain catholique Albert Frank-Duquesne, tirées de Via Crucis (publié quelques mois avant sa mort en 1955) :
« Le sacrifice offert ici-bas au Calvaire, l’unique oblation, suffisante à réparer la faute universelle et les fautes de chacun, cette offrande terrestre qui réverbéra sur le Golgotha, par voie d’identifiante analogie, le parfait holocauste offert “par l’éternel esprit” de l’“Agneau autant dire immolé dès avant la création du monde”, le Christ le présente, dans l’immobile Maintenant de la Divinité, en guise de Liturgie céleste à la gloire du Père. Nous-mêmes, “attirés en-haut par Celui qui S’est élevé de terre” dans les cieux, tout en “évoquant”, en “ re-présentant”, en rendant mystiquement présente cette Vie sacrifiée du Médiateur, tout en nous associant ici-bas comme des ombres à l’Eucharistie-modèle célébrée là-haut, nous signifions, notifions efficacement, exprimons en concepts, paroles et gestes symboliques – c’est-à-dire tout chargés de réalité mystérieuse – ce que le Christ accomplit sur la Croix, parce que la Crucifixion est elle-même, avec la Cène dont elle est inséparable, la première Messe, la manifestation terrestre du Sacrifice in aeternum. Si le Christ eucharistique “descend parmi nous”, c’est parce que nous-mêmes, “attirés par l’Elevé de terre”, d’ores et déjà siégeons avec Lui, en Lui, dans les cieux, la Messe réalisant inchoativement et mystiquement notre parution avec le Christ, notre vie, dans la gloire. “Aller à la Messe”, c’est donc se tenir, avec Marie et Jean, aux pieds de la Croix, après avoir pris part au banquet d’adieux. “Aller à la Messe”, cette pieuse corvée, c’est figurer à la table des Douze, c’est se nourrir du Pain céleste, je ne dis pas : recevoir en soi Jésus-Christ, L’héberger, L’avoir en soi comme un contenu dans un contenant, mais Le recevoir comme nourriture, en tant qu’aliment pour la vie divine, éternelle, et plutôt être présent au Christ que de Le “posséder”, bref : devenir, sinon le Christ Lui-même, du moins “une seule plante, un seul esprit avec Lui”, être “rendu conforme au Christ”, l’Esprit-Saint réalisant en nous l’image du Fils, et l’Eucharistie servant, sur ce plan d’incarnation, à nous L’inoculer.
Mais il y a plus : comme Saül “avait approuvé le meurtre d’Étienne” en acceptant le dépôt, par les assassins du Protomartyr, de leurs vêtements à ses pieds, ainsi, la manducation du Christ eucharistique est celle d’une Victime sacrifiée ; “nos actions de grâces” après la Communion, au lieu de s’absorber dans la gratitude et la joie d’avoir “en soi” le Christ, feraient peut-être mieux de L’offrir en nous au Père, Lui, comme crucifié satisfactoire et ressuscité, comme victime propitiatoire, et de nous offrir nous-mêmes, filii in Filio, comme suffisamment identifiés à l’Agneau par l’adhésion vitale qu’exprime la manducation de sa chair.
Sources :
L’Esprit de la liturgie de Joseph Ratzinger
Le Verbe incarné de Serge Boulgakov
Via Crucis d’Albert Frank-Duquesne
La Divine liturgie de Jean Hani. A propos de ce livre, Jean Borella écrit : « Avec La divine liturgie Jean Hani aborde ce qui est le sommet de l’Activité divine, de la “ théurgie ” au sens étymologique de ce terme, c’est-à-dire la réalisation sacramentelle de la dramaturgie salvatrice du Christ. C’est pourquoi cet ouvrage (Trédaniel, 1981) revêt une importance exceptionnelle et devrait figurer dans la bibliothèque de tout chrétien. Car nous ne saurions nous dispenser de comprendre ce qui se passe à la messe dominicale, centre et sommet de la vie du chrétien. En écrivant ce livre, Jean Hani, qui connaît directement la liturgie catholique orientale, renoue avec la tradition grecque et russe des laïcs liturgistes, tels Nicolas Cabasilas et Gogol. Toutefois il ne se contente pas de nous informer sur certains rites propres aux églises syriennes, copte, maronite, etc. Il prend en compte également les rites de la liturgie romaine. Sur la symbolique de tous les gestes de cette dramaturgie sacrée, de toutes ses paroles, de toutes les pièces du mobilier liturgique (autel, chandeliers, linges, encens, chants, cloches, vêtements sacerdotaux, etc.), il n’existe rien de plus juste et de plus profond. Disons le clairement, nous sommes convaincu que la vie tout entière de la chrétienté est suspendue à l’accomplissement exact du rite de la messe. Plaise au ciel que ce livre béni serve à la restauration du culte catholique !»
Dimanche 27 Janvier 2008
Sombreval
Pape Benoît: Solennité du « Corpus Domini », ou Fête Dieu
25 mai, 2008du site:
http://www.zenit.org/article-18044?l=french
Dans l’Eucharistie, la « force de la révolution chrétienne », déclare Benoît XVI
Solennité du « Corpus Domini », ou Fête Dieu
ROME, Vendredi 23 mai 2008 (ZENIT.org) – Dans l’Eucharistie se trouve la « force de la révolution chrétienne », la « plus profonde de l’histoire humaine », qui donne à l’homme une « vraie liberté », déclare Benoît XVI.
Le pape a présidé jeudi soir en la basilique Saint-Jean du Latran la messe de la solennité du Saint-Sacrement ou « Fête Dieu », qui se fête dans beaucoup de pays (dont l’Italie et la France) dimanche prochain. Il a ensuite présidé la traditionnelle procession eucharistique jusqu’à Sainte-Marie Majeure (cf. Zenit du 13 mai 2008).
Benoît XVI a expliqué la force de l’Eucharistie à partir des trois attitudes suggérées par la célébration : se rassembler, pour l’Eucharistie, marcher, dans la procession, adorer, avant la bénédiction finale.
Le rassemblement dans le Christ
Le pape a souligné la dimension « publique » et non « ésotérique » de l’eucharistie : « L’Eucharistie, a-t-il dit, ne peut jamais être un simple fait privé, réservé à des personnes qui se sont choisies par affinité ou amitié. L’Eucharistie est un culte public, qui n’a rien d’ésotérique ou d’exclusif. Ici aussi ce soir, ce n’est pas nous qui avons choisi de nous rencontrer, nous sommes venus et nous nous retrouvons les uns à côté des autres, avec une foi commune, appelés à devenir un unique corps en partageant l’unique Pain qui est le Christ. Nous sommes unis au-delà de nos différences de nationalités, de profession, de milieu social, d’idées politiques : nous nous ouvrons les uns aux autres pour devenir une seule chose à partir de Lui ».
Le pape a donc recommandé aux catholiques que les « tentations récurrentes de particularisme, même de bonne foi, n’aillent pas en sens inverse ».
En revanche, il les a invités à marcher avec le Seigneur qui, disait-il, « nous libère de nos paralysies, nous fait nous relever » pour avancer.
Le Christ marche avec les chrétiens« L’Eucharistie, expliquait Benoît XVI, est le Sacrement du Dieu qui ne nous laisse pas seuls sur le chemin, mais se place à nos côtés, et nous indique la direction. En effet, il ne suffit pas d’avancer, il faut voir ce vers quoi l’on va ! Le « progrès » ne suffit pas, sans critères de référence. Et si l’on court en dehors du chemin, on risque de finir dans un précipice ou de toute façon de s’éloigner plus rapidement de l’objectif. Dieu nous a créés libres, mais il ne nous a pas laissés seuls : il s’est fait lui-même « chemin » et il est venu marcher avec nous, afin que notre liberté ait aussi le critère pour discerner le bon chemin ».
L’adoration, remède aux idolâtries« Adorer le Dieu de Jésus Christ, qui, par amour s’est fait pain rompu, soulignait ensuite le pape, est le remède le plus valide et radical contre les idolâtries d’hier et d’aujourd’hui. S’agenouiller devant l’Eucharistie est une profession de liberté : qui s’incline devant Jésus ne peut et ne doit pas se prosterner devant aucun autre pouvoir terrestre, si fort fût-il. Nous, chrétiens, nous ne nous agenouillons que devant le Saint-Sacrement, parce que nous savons et nous croyons qu’en lui l’unique vrai Dieu est présent, lui qui a créé le monde et l’a tant aimé qu’il lui a donné son Fils unique ».
« Nous nous prosternons devant un Dieu qui le premier s’est incliné vers l’homme comme un bon Samaritain, pour le secourir et lui redonner la vie », a insisté le pape.
« Adorer le Corps du Christ veut dire croire qu’en lui, dans ce morceau de pain, il y a réellement le Christ, qui donne un vrai sens à la vie, à l’immense univers et à la créature la plus petite, à toute l’histoire humaine comme à la plus brève existence. L’adoration est prière qui prolonge la célébration et la communion eucharistique et dans laquelle l’âme continue à se nourrir : à se nourrir d’amour, de vérité, de paix ; se nourrit d’espérance, parce que Celui devant lequel nous nous prosternons ne nous juge pas, ne nous écrase pas, mais nous libère et nous transforme ».
Anita S. Bourdin
bonne fête du Corpus Domini
25 mai, 2008L’Eucharistie, lien entre la première création et la nouvelle création
25 mai, 2008du site:
http://www.levangileauquotidien.org/www/main.php?language=FR&localTime=05/25/2008#
Pape Benoît XVI
Sacramentum caritatis, 92 (trad. DC 2377 1/4/07, p. 341 © Libreria Editrice Vaticana)
L’Eucharistie, lien entre la première création et la nouvelle création
Pour développer une spiritualité eucharistique profonde, capable aussi de peser significativement sur le tissu social, il est nécessaire que le peuple chrétien, qui rend grâce par l’eucharistie, ait conscience de le faire au nom de la création tout entière, aspirant ainsi à la sanctification du monde et travaillant intensément à cette fin… La liturgie elle-même nous éduque à tout cela quand, durant la présentation des dons, le prêtre adresse à Dieu une prière de bénédiction et de demande en relation avec le pain et le vin, « fruit de la terre », « de la vigne » et du « travail des hommes ». Par ces paroles, en plus d’impliquer dans l’offrande à Dieu toute l’activité et l’effort humains, le rite nous pousse à considérer la terre comme création de Dieu, qui produit pour nous ce dont nous avons besoin pour notre subsistance.
La terre n’est pas une réalité neutre, une simple matière à utiliser indifféremment selon l’instinct humain. Elle se place au coeur même du bon dessein de Dieu, par lequel nous sommes tous appelés à être fils et filles dans l’unique Fils de Dieu, Jésus Christ (Ep 1,4-12). Les légitimes préoccupations concernant les conditions écologiques de la création en de nombreuses parties du monde trouvent des points d’appui dans la perspective de l’espérance chrétienne, qui nous engage à oeuvrer de manière responsable pour la sauvegarde de la création.
Dans la relation entre l’eucharistie et le cosmos, en effet, nous découvrons l’unité du dessein de Dieu et nous sommes portés à saisir la profonde relation entre la création et la « nouvelle création », inaugurée dans la résurrection du Christ, nouvel Adam. Nous y participons déjà maintenant en vertu du baptême (Col 2,12s) ; ainsi, pour notre vie chrétienne nourrie de l’eucharistie, s’ouvre la perspective du monde nouveau, du ciel nouveau et de la terre nouvelle, où la Jérusalem nouvelle descend du ciel, de chez Dieu, « toute prête, comme une fiancée parée pour son époux » (Ap 21,2).
Le Corps et le Sang du Christ année A – Jean 6, 51-58
25 mai, 2008du site:
http://www.stignace.net/homelies/stsacrementA.htm
Le Corps et le Sang du Christ année A
St Sacrement A
Jean 6, 51-58
Père Philippe Lécrivain, jésuite. Professeur au Centre Sèvres
En ce dimanche où nous sommes invités à accomplir une démarche responsable, les textes de la liturgie de ce jour, nous invitent à un autre discernement. Les questions qu’ils nous posent sont simples : Qu’est-ce qui nourrit nos vies ? De quoi avons-nous besoin pour grandir ? Quelle est la nourriture indispensable pour qu’une personne ou une société poursuive sa route en bonne santé ?
Les droits fondamentaux parlent de nourriture et d’eau propre, de soins et d’éducation, de respect et de sécurité. Mais nombreux sont les hommes, les femmes et les enfants qui n’ont pas accès à ce minimum. En France même, le nombre de ceux qui ne mangent pas à leur faim, qui se trouvent entassés dans des hôtels insalubres ou qui ne trouvent pas la sécurité, ce nombre, loin de diminuer, augmente.
En réalité, il semblerait que nous sommes devenus incapables de donner une consistance réelle à nos paroles et à nos convictions. Ces paroles et ces convictions ne nourrissent plus ou, du moins, ne nourrissent pas assez. Si bien que ce que nous déclarons nécessaire à la vie ressemble davantage à de la paille que le vent emporte.
Donner sa vie, ses forces, son intelligence, pour permettre au monde de grandir, de se fortifier, de se construire. Donner sa vie, comme on donne du pain à un enfant, à un travailleur fatigué ou un voyageur égaré. Donner sa vie pour le monde. Tout le monde. La parole du Christ n’est pas un propos creux.
Quand Jésus demande à ses auditeurs de comprendre qui il est et ce qu’il fait, il leur a déjà donné de cette nourriture qui leur manquait tant : l’assurance d’être aimé de Dieu et la guérison de leurs paralysies intérieures. Sa présence au milieu d’eux est comparable à une eau qui n’épuise jamais les ressources de la confiance.
Ceux qui écoutent le Seigneur ont fait cette expérience fondatrice. Ils savent que ce que le Christ leur offre, c’est bien plus que la manne au désert. Car lui-même est don en vue de la vie éternelle, la vie avec le Père. En lui se manifeste la générosité du premier commencement : la gratuité de la vie pour une plénitude de communion.
« Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » En mettant cette question, sur les lèvres de ceux qui écoutent Jésus mais se heurtent à un langage dont ils ne perçoivent guère le double sens, l’évangéliste Jean nous invite à progresser.
Aujourd’hui, grâce aux exégètes, nous le savons mieux : la « chair » n’est pas l’aspect matériel de la vie humaine opposé à un principe spirituel. Au contraire, cette notion évoque la totalité de la réalité de l’homme et son insertion dans la création.
Le pain que Jésus nous donne, c’est son humanité, avec ses possibilités et ses limites. Ce qui veut dire que la foi seule perçoit la présence divine là où les yeux de la chair voient le scandale de l’ordinaire.
Le Christ nous demande de le recevoir comme un don du ciel afin qu’à notre tour, nous puissions accomplir la vocation qui nous est adressée. Ce qu’il nous donne est vraiment nourriture, c’est-à-dire une réalité que nous pouvons intégrer pleinement dans nos existences qui, à travers cette assimilation, s’en trouvent fortifiées.
Transformés, relevés de la fatigue des travaux et des jours, soulagés du poids du péché, nous devenons les témoins d’une autre Alliance. Témoins et partenaires. Car la vie donnée jusqu’à la croix et reprise dans la force de l’Esprit ouvre à jamais une brèche dans les impasses de nos infidélités. Nous en sommes sauvés. Et nous sommes envoyés avec le Christ.
Chaque eucharistie nous le rappelle… Il est vraiment très grand, ce mystère de foi, ce mystère d’amour !