« Vous ne voyez pas ? Vous ne comprenez pas encore ? »

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Jean-Pierre de Caussade (1675-1751), jésuite
L’Abandon à la Providence divine, II, 1 (§26)

« Vous ne voyez pas ? Vous ne comprenez pas encore ? »

Si nous percions le voile, et si nous étions vigilants et attentifs, Dieu se révélerait sans cesse à nous, et nous jouirions de son action en tout ce qui nous arrive ; à chaque chose, nous dirions : « Dominus est, c’est le Seigneur ! » (Jn 21,7) Et nous trouverions dans toutes les circonstances que nous recevons un don de Dieu.

Nous considérerions les créatures comme de très faibles instruments entre les mains d’un tout-puissant ouvrier ; et nous reconnaîtrions sans peine que rien ne nous manque, et que le soin continuel de Dieu le porte à nous départir, à chaque instant, ce qui nous convient. Si nous avions la foi, nous saurions bon gré à toutes les créatures ; nous les caresserions, et nous les remercierions intérieurement de ce qu’elles servent et se rendent si favorables à notre perfection, appliquée par la main de Dieu. Si nous vivions sans interruption de la vie de la foi, nous serions dans un commerce continuel avec Dieu ; nous lui parlerions bouche à bouche.

La foi est l’interprète de Dieu : sans les éclaircissements qu’elle donne, on n’entend rien au langage des créatures. C’est une écriture en chiffres, où on ne voit que confusion ; c’est un amas d’épines, du milieu desquelles on ne soupçonne pas que Dieu puisse parler. Mais la foi nous fait voir, comme à Moïse, le feu de la divine charité brûlant au sein de ces épines (Ex 3,2) ; elle nous donne la clef de ces chiffres, et nous fait découvrir dans cette confusion les merveilles de la sagesse d’en haut. La foi donne une face céleste à toute la terre ; c’est par elle que le coeur est transporté, ravi, pour converser dans le ciel… C’est la clef des trésors, la clef de l’abîme, la clef de la science de Dieu.

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