« Je parle ainsi, en ce monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés »

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Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermons sur saint Jean, n° 107

« Je parle ainsi, en ce monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés »

Ayant dit à son Père : « Désormais, je ne suis plus dans le monde…; moi, je viens vers toi » (Jn 17,11), notre Seigneur recommande à son Père ceux qui allaient être privés de sa présence physique : « Père saint, garde en ton nom ceux que tu m’as donnés ». En tant qu’homme Jésus prie Dieu pour les disciples qu’il a reçus de Dieu. Mais attention à la suite : « Pour qu’ils soient un comme nous ». Il ne dit pas : Pour qu’ils soient un avec nous, ou : Pour que nous ne soyons, eux et nous, qu’une seule chose, comme nous sommes un, mais il dit : « Pour qu’ils soient un comme nous ». Qu’ils soient un dans leur nature, comme nous sommes un dans la nôtre. Ces paroles, pour être vraies, exigent que Jésus ait parlé comme ayant la même nature divine que son Père, comme il le dit ailleurs : « Mon Père et moi, nous sommes un » (Jn 10,30). Selon sa nature humaine, il avait dit : « Mon Père est plus grand que moi » (Jn 14,28), mais comme en lui Dieu et l’homme ne font qu’une seule et même personne, nous comprenons qu’il est homme parce qu’il prie, et nous comprenons qu’il est Dieu parce qu’il ne fait qu’un avec celui qu’il prie…

« Et maintenant que je viens à toi, je dis ces choses dans ce monde, pour qu’ils aient en eux ma joie en sa plénitude ». Il n’avait pas encore quitté le monde, il y était toujours, mais puisqu’il allait bientôt le quitter, il n’y était pour ainsi dire déjà plus. Mais quelle est cette joie dont il veut que ses disciples soient comblés ? Il l’a déjà expliqué plus haut, quand il a dit : « Pour qu’ils soient un comme nous ». Cette joie qui est la sienne et qu’il leur a donnée, il leur en prédit l’accomplissement parfait, et c’est pour cela qu’il en parle « dans le monde ». Cette joie, c’est la paix et le bonheur du monde à venir ; pour l’obtenir, il nous faut vivre dans ce monde-ci dans la modération, la justice et la piété.

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