Archive pour avril, 2008

25 avril – Saint Marc évangéliste

25 avril, 2008

sur le site « Maison-russie » j’ai trouvé cet histoire de Saint Marc évangéliste, il donne une présentation particulière de l’évangéliste, je vous le présente et, au-dessous, la présentation du site catholique « nominis »: 

http://www.maison-russie.fr/invites/icone/saints_fetes/textes/marc_evangeliste.html 

SAINT MARC 

Le Saint et glorieux Apôtre Marc, appelé aussi Jean, était fils d’une pieuse femme de Jérusalem, Marie, qui offrait sa maison aux disciples des Apôtres pour leurs réunions de prières. Saint Pierre s’y rendait souvent et prit en affection le jeune Marc, qu’il instruisit dans la foi et qu’il baptisa, le considérant comme son fils. Il était aussi cousin du Saint Apôtre Barnabé, que celui-ci prit avec lui lorsqu’il partit pour Antioche en compagnie de Saint Paul. Pendant ces voyages d’évangélisation, Marc assistait humblement les deux prédicateurs, pourvoyant à leurs besoins matériels et assimilant leur enseignement. 

Parvenu à Pergé de Pamphylie, Marc fut saisi de crainte devant les difficultés de la mission, et se sépara de Paul et Barnabé pour retourner à Jérusalem. Saint Paul semble avoir été froissé de cette séparation, aussi, quand ils le retrouvèrent à Antioche, il se refusa à emmener : « celui qui les avait abandonnés en Pamphylie et n’avait pas été à l’oeuvre avec eux » La discussion s’échauffa et Barnabé décida de s’embarquer pour Chypre avec Marc, alors que Paul partait avec Silas pour évangéliser la Syrie et la Cilicie (52). 

Dix ans plus tard, on retrouve Saint Marc à Rome, en compagnie d’Aristarque et de Jésus le Juste, pour assister Paul dans sa captivité. De là il partit avec la bénédiction du Grand Apôtre pour visiter les Chrétiens de Colosses. Lors de sa seconde captivité, Paul écrivant à Timothée, lui recommande d’amener Marc avec lui : «Car il m’est précieux pour le ministère» assure-t-il .C’est aussi vers l’an 65 que Marc retrouva Saint Pierre à Rome, au moment où les deux Coryphées allaient subir leur martyre. L’éclat de l’enseignement de Saint Pierre avait brillé tellement dans l’esprit des nouveaux convertis de Rome qu’ils supplièrent Marc de mettre par écrit cette doctrine divine. Confirmé par une révélation divine, et avec l’accord de Pierre, il se mit à l’uvre et rédigea de manière brève, simple, populaire et pleine de vie un résumé des actes et des paroles du Sauveur, conforme à la prédication du Coryphée des Apôtres. Sans se préoccuper de la présentation littéraire ni de répondre à toutes les questions que pouvaient se poser les fidèles, il écrivit tout ce qui est utile au Salut et à la connaissance du Fils de Dieu fait homme, et rien de plus .
Une fois cette oeuvre achevée, Saint Pierre l’envoya en Egypte pour y porter la Bonne Nouvelle. Pendant la traversée le navire fut pris dans une tempête que Marc apaisa par sa prière, et il put faire escale dans l’île de Pittyouse, en face de la Cilicie, où il fut reçu par un notable nommé Bassos, qui avait été converti par Saint Pierre à Antioche, et grâce à son appui il convertit la plupart des habitants de l’île. 

Lorsqu’il aborda à Alexandrie, la sandale de Marc, usée par la marche, s’étant rompue, il la donna à racommoder à un savetier nommé Anien. Celui-ci, frappé par l’éclat extraordinaire qui se dégageait du visage de l’Apôtre, laissa échapper son aiguille et se perça le doigt, en s’écriant : « Un seul Dieu ! » Saint Marc le guérit de sa blessure et saisit cette occasion pour l’instruire sur la vérité du seul Dieu devenu homme pour notre salut. Anien écouta avec attention ces paroles de vie et, après avoir fait baptiser toute sa maison, il quitta sa profession et tout attachement au monde pour devenir le plus étroit collaborateur de l’Apôtre. 

Dans cette immense cité, métropole du paganisme et de la culture hellénique, la parole de l’Apôtre, simple et dépourvue des ornements futiles de la rhétorique, retentissait comme un tonnerre, et ses miracles confirmaient la prophétie du Psaume disant : « Le Seigneur mettra la parole dans la bouche de ceux qui annoncent la Bonne Nouvelle avec une grande puissance ». Au Nom de Jésus, Lumière du monde, il rendit la vue à un aveugle. Aussitôt on lui amena malades et possédés pour qu’il leur imposât les mains. Et, devant le spectacle des guérisons accomplies par la puissance de Dieu, jusqu’à trois cents païens en un seul jour demandèrent à recevoir le Baptême. De manière semblable au Christ, Marc ressuscita aussi le fils d’une veuve qui était venue se jeter en larmes à ses pieds, et la foule, voyant le jeune homme se relever, s’écria : « Il n’y a qu’un seul Dieu, le Christ prêché par Marc ! » 

La semence évangélique commençant donc à germer, Marc organisa les premières institutions liturgiques de l’Eglise d’Egypte, ordonna Anien Evêque d’Alexandrie avec pour le seconder trois Prêtres : Milée, Sabin et Cerdon, sept Diacres et onze autres Clercs de rang inférieur, puis il continua ses missions vers l’Ouest. 

D’Alexandrie il se rendit à Mendession et y délivra du démon un enfant aveugle. Les parents de l’enfant, au comble de la joie, lui offrirent une forte somme d’argent, mais Marc la refusa, en disant que la grâce de Dieu ne s’échange pas pour de l’argent, et il leur recommanda de le distribuer en aumônes. Un nombre considérable de païens s’étant convertis à la suite de ce miracle, Marc fonda dans cette cité une Eglise et ordonna un Evêque, des Prêtres et des Diacres, puis il continua son voyage vers Cyrène de Pentapole, où il délivra nombre de païens des ténèbres de l’idolâtrie. Il alla ensuite évangéliser la Libye. Dès son arrivée dans la capitale, la fille du phylarque Ménodore, qui était tourmentée par un démon depuis son enfance, entra dans une crise furieuse qui provoqua sa mort ; mais la prière de l’Apôtre la ressuscita et entraîna la conversion d’un grand nombre. 

De là, Saint Marc passa en Marmorique, répandant sur son passage la lumière de l’Evangile. Une nuit le Seigneur lui apparut en vision et lui ordonna de retourner à Alexandrie pour y achever sa mission. Malgré les pleurs et les supplications des nouveaux convertis qui voulaient retenir leur père et sauveur, l’Apôtre, confirmé par une nouvelle vision lui annonçant qu’il devrait sceller sa mission par la gloire du martyre, s’embarqua pour Alexandrie, où il put admirer les progrès de l’évangélisation pendant ses deux années d’absence. 

Toutefois les païens et les Juifs ne pouvaient supporter les succès remportés par le disciple du Christ et, grinçant des dents, ils cherchaient une occasion de le perdre. Une année où la célébration de Pâques coïncidait avec la fête du dieu Sérapis, fête que les païens d’Alexandrie avaient coutume de célébrer par d’ignobles dérèglements, ils se précipitèrent sur le Saint, au moment où il célébrait la Divine Liturgie et le traînèrent jusqu’à l’amphithéâtre, où se trouvait le gouverneur, en l’accusant de pratiques magiques. Aux accusations pleines de haine l’Apôtre répondit calmement et exposa, comme à son habitude, en peu de mots, la sublime doctrine du Salut. Déconcerté et ne pouvant rien objecter à ses arguments, le gouverneur se tourna vers la foule, demandant ce qu’il devait faire de Marc. Les uns criaient de le brûler devant le temple de Sérapis, les autres de le lapider. Finalement, sur l’ordre du magistrat, il fut étendu à terre, les membres écartelés, et fut cruellement fustigé. Puis la populace, s’emparant du corps meurtri du Saint et lui passant une corde aux pieds, le traîna durant tout le jour dans les rues de la ville, en arrosant les Pierres et la terre de son sang. Le soir venu, on l’enferma en prison, où, vers minuit, un Ange vint le réconforter. Au matin du samedi 4 avril, les bourreaux l’attachèrent à une corde et le traînèrent, comme la veille, jusqu’à un lieu escarpé, en bordure de mer, nommé Boucole, où il trouva la mort. Il était âgé de cinquante-sept ans. 

Les païens voulurent brûler son corps, mais un violent orage les mit en fuite et permit aux Chrétiens de l’enlever et de le déposer dans un rocher creux. Par la suite, on construisit une église au-dessus du tombeau du Saint Apôtre à Boucole , qui devint le haut lieu de la piété des Chrétiens d’Alexandrie. Au IXe siècle, le corps de Saint Marc fut transporté à Venise, dans la fameuse basilique qui lui est dédiée. 

du site: 

http://nominis.cef.fr/

Saint Marc
Un des quatre évangélistes (1er s.)

Second dans l’ordre des évangiles synoptiques, serait-il l’inventeur du genre évangélique ? C’est possible puisque son livre, en mauvais grec, semé de sémitimes, fut composé très tôt à Rome, selon les données orales de Saint Pierre. Sans doute au plus tard en 70. L’auteur en serait le jeune Jean, surnommé Marc, fils de Marie chez qui la première communauté chrétienne de Jérusalem se réunissait pour prier (Actes 12. 12). Il accompagne Paul et Barnabé dans leur mission à Chypre. Peu après, il refuse de suivre Paul, en partance pour l’Asie Mineure. Il préfère rentrer à Jérusalem. Saint Paul lui en voudra, un moment, de ce lâchage : il préféra se séparer de Barnabé plutôt que de reprendre Marc (Acte 15. 39) Mais Marc se racheta et deviendra le visiteur du vieux prisonnier à Rome. Dans le même temps, saint Pierre le traite comme un fils (1ère lettre de Pierre 5. 13). Certains considèrent que saint Marc aurait été l’évangélisateur de l’Egypte. Ce n’est pas invraisemblable. D’autres affirment que son corps serait désormais à Venise. Après tout, pourquoi pas ? En tous cas, il fut un fidèle secrétaire pour saint Pierre dont il rédigea les « Mémoires », qui sont l’évangile selon saint Marc, à l’intention des Romains. 

L’OSSERVATORE ROMANO : LE VOYAGE DU PAPE AUX ETATS UNIS

25 avril, 2008

http://www.vatican.va/news_services/or/or_fra/index.html

Message pour la Journée de prière pour la sanctification des prêtres

25 avril, 2008

http://www.zenit.org/article-17791?l=french

bonne nuit

25 avril, 2008

bonne nuit dans image bon nuit, jour, dimanche etc. bird.swallow1

http://www.cepolina.com/freephoto/tt/T.asp?P=3&C=&S=animal

« Proclamez la Bonne Nouvelle à toute le création »

25 avril, 2008

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/www/main.php?language=FR&localTime=04/25/2008#

Saint Irénée de Lyon (vers 130-vers 208), évêque, théologien et martyr
Contre les hérésies, III 1,1 ; 10,6

« Proclamez la Bonne Nouvelle à toute le création »

Après que notre Seigneur a été ressuscité d’entre les morts et que les apôtres ont été revêtus de la force d’en haut par la venue de l’Esprit Saint (Lc 24,49), ils ont été remplis de certitude au sujet de tout et ont eu la connaissance parfaite. Alors ils s’en allèrent jusqu’aux extrémités de la terre (Ps 18,5), proclamant la bonne nouvelle qui nous vient de Dieu, et annonçant aux hommes la paix du ciel, eux qui possédaient tous également et chacun en particulier l’Évangile de Dieu.

Ainsi Matthieu, chez les Hébreux, dans leur propre langue, a publié une forme écrite d’Evangile alors que Pierre et Paul évangélisaient Rome et y fondaient l’Église. Après leur mort, Marc, le disciple de Pierre et son interprète (1P 5,13), nous a transmis lui aussi par écrit la prédication de Pierre. De son côté Luc, le compagnon de Paul, a consigné en un livre l’Évangile prêché par celui-ci. Enfin, Jean le disciple du Seigneur, le même qui avait reposé sur sa poitrine, a publié lui aussi l’Évangile, pendant son séjour à Éphèse…

Marc, interprète et compagnon de Pierre, a présenté ainsi le début de sa rédaction de l’Évangile : « Commencement de l’Évangile de Jésus Christ, Fils de Dieu. Selon qu’il est écrit dans les prophètes : Voici que j’envoie mon messager devant toi pour préparer ton chemin »… On le voit, Marc fait des paroles des saints prophètes le commencement de l’Évangile, et celui que les prophètes ont proclamé Dieu et Seigneur, Marc le met en tête comme Père de notre Seigneur Jésus Christ… A la fin de son Évangile, Marc dit : « Et le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé aux cieux et s’assit à la droite de Dieu ». C’est la confirmation de la parole du prophète : « Oracle du Seigneur à mon maître : Siège à ma droite, tes ennemis j’en ferai ton marchepied » (Ps 109,1).

prière: Sainte Marie

25 avril, 2008

du site:

http://viacrucis.free.fr/prieres/index2.html

Sainte Marie

par L. de Grandmaison
Sainte Marie, Mère de Dieu
Gardez moi un coeur d’enfant,
Pure et transparent comme une source;
Obtenez moi un coeur simple
Qui ne savoure pas les tristesses;
Un coeur magnifique à se donner,
Tendre à la compassion;
Un coeur fidèle et généreux,
Qui n’oublie aucun bien
Et ne tienne rancune d’aucun mal.
Faites moi un coeur doux et humble,
Aimant sans demander de retour,
Joyeux de s’éffacer daans un autre coeur
Devant votre divin Fils;
Un coeur grand et indomptable
Qu’aucune ingratitude ne ferme,
Qu’aucune indifférence ne lasse;
Un coeur tourmenté de la Gloire de Jésus Christ,
Blessé de son Amour
Et dont la plaie ne guérisse qu’au ciel.

The Torah Scroll

24 avril, 2008

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The Torah Scroll Covers were designed by artist Ina Golub and the needlepoint work was done by members of the congregation.

http://www.tbegreatneck.org/tbe_art.htm

« Une lampe sur mes pas, ta parole, une lumière sur ma route » (Ps 119, 105)

24 avril, 2008

du site:

http://www.sidic.org/it/reviewViewArticolo.asp?id=190

« Une lampe sur mes pas, ta parole, une lumière sur ma route » (Ps 119, 105)
2002, Volume XXXV, Numero 2-3
Pagina: 7-13


Après avoir mentionné la descendance de Terah, le texte biblique note brièvement quun de ses fils, Abram, prit pour femme Sarah, et que cette dernière était stérile ; elle navait pas denfants. Terah vécut 205 ans et mourut à Haran (Gn 11, 27-32). Cette courte note sert dintroduction à lhistoire dAbraham.Abraham et son père Terah – le départLa tradition juive sest posée la question suivante : « Terah avec sa famille partit dUr Casdim pour se rendre en Canaan, mais arrivé à Haran, il sy arrêta et renonça à rejoindre le but quil s’était proposé ». Pourquoi ? Et une seconde question vient spontanément : « Pourquoi le Seigneur demande-t-il à Abraham de reprendre le voyage interrompu et ne lui dit-il pas demmener aussi son père, comme cela serait naturel ? »

.La Bible ne répond pas à cette question, mais les Maîtres du Talmud et du Midrash ont toujours trouvé des réponses à ce genre de demandes. Terah voulait partir en Canaan par peur de son roi, le grand Nimrod, fortement ému par les événements dont Abraham avait été le principal protagoniste. En effet, on lit dans deux textes midrashiques, le Tana debè Eliahu, et le Bereshit Rabba, que Terah fabriquait des idoles et les faisait vendre au marché par ses fils ; mais Abraham, qui croyait alors en un Dieu unique, Seigneur de lunivers, décourageait les acheteurs et, chaque jour, rapportait toutes les idoles à la maison. Après un conseil de famille qui constata lincapacité dAbraham à faire du commerce, on décida den faire un prêtre. Il devait seulement offrir aux dieux les dons que les fidèles apportaient. Abraham décida alors den finir avec cette comédie, et comme une femme lui apportait un vase plein de farine à offrir aux dieux, il prit un bâton, brisa toutes les idoles sauf une, la plus grosse, et il lui mit un bâton dans les mains. Quand Terah eut constaté tous ces dégâts, il interrogea son fils. Celui-ci répondit quune femme avait apporté de la farine aux idoles et que toutes avaient voulu la manger ; alors la plus grosse, prenant un bâton, avait brisé toutes les autres, puis mangé la farine. Terah dénonça Abraham à Nimrod qui, le reconnaissant coupable de sacrilège, le condamna à être brûlé dans une fournaise ; mais le Seigneur le sauva et le fit sortir vivant de l’épreuve. Alors Terah prit peur et décida de partir pour Canaan ; mais quand il fut à Haran, loin de Nimrod, et quil se vit hors de danger, il renonça à aller plus loin.Abraham, mécontent, voulait poursuivre la route, mais avec son père. Le Seigneur le convainquit alors en lui disant : « Pars de ton pays, de ta patrie, de la maison de ton père et va vers la terre que je te montrerai »

(Gn 12, 1).
L
affection dAbraham pour son père était telle que le Seigneur, en un crescendo significatif, ne lui révèle que peu à peu le sacrifice à accomplir. En effet, il lui montre dabord la nécessité dabandonner la Mésopotamie, puis le pays où il est né, enfin la maison paternelle, et tout cela pour affronter linconnu, la terre que Dieu lui indiquerait mais qui nest pas encore nommé
e.Terah navait pas de vrais motifs pour quitter Haran, lui qui vivait de la fabrication des idoles et qui ne se posait guère de problèmes moraux. Il en allait autrement pour Abraham. Pour lui qui avait maintenant une notion précise de son Dieu, il n’était plus tolérable de vivre dans cette ambiance, et son désir de partir se faisait de plus en plus impérieux.Daprès le Zohar, texte fondamental de la mystique juive, Abraham était obsédé par cette pensée ; en effet, se demandant comment le Seigneur avait pu dire à Abraham : « Va-t-en », et non pas : « Allez vous-en », ce qui aurait inclus aussi Terah, le Zohar répond que ce dernier ne pouvait vivre avec son fils parce quil navait pas la même conception de la divinité ; mais le Seigneur comprenait parfaitement le conflit qui troublait l’âme dAbraham, écartelé entre lamour filial et la nécessité de servir le Dieu unique dans une ambiance plus favorable que celle de Haran. Cest pourquoi il lui dit : « Va-t-en », toi seul avec ta famille. Ce qui nous enseigne, ajoute le texte, que le ciel vient en aide à celui qui est prêt à se purifier. En effet, à peine Abraham pense-t-il à quitter Haran que le Seigneur intervient pour lui dire : « Va-t-en » ; mais tant que cette nécessité ne sest pas fait sentir, le Seigneur ne lui a rien dit. Nous contemplons là une réalité mystérieuse : lorsque nous regardons une lampe à huile, nous y voyons une flamme avec une partie obscure, celle de la mèche en contact avec lhuile, et au-dessus une lumière claire et brillante ; la lumière brillante nexiste que si, dabord, sallume au-dessous la pâle lumière de la mèche. A peine la lumière pâle et bleuâtre de la mèche sallume-t-elle que jaillit la grande lumière claire. Cest ce que nous voyons dons le cas dAbraham, dans le cas de tous les hommes de tous les temps. Il suffit que sur la terre sallume une petite lumière, quun sentiment de foi ou de repentir jaillisse du cœur de lhomme pour quaussitôt une grande et belle lumière venue de Dieu rejoigne cette petite flamme pour lanimer et lalimenter. Dautres Maîtres ont exprimé plus brièvement la même idée, faisant dire au Seigneur : « Ouvrez-moi une porte grande comme le chas dune aiguille, et jouvrirai pour vous un portail large comme celui dun palais »

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Une foi « hospitalière » – Abraham et Melchisedek

Ainsi Abraham laisse Terah

à Haran et sen va vers linconnu avec Sarah sa femme, qui na pas denfant, avec son neveu Lot et sa famille, témoignant dune grande confiance en ce Dieu en qui il a cru et qui lui a promis au moment de son départ : « Je ferai de toi une grande nation, je rendrai grand ton nom, tu seras une bénédiction et en toi seront bénies toutes les familles de la terre». Le Zohar, dans la suite de son commentaire, fait observer quil existe une correspondance entre les paroles du Seigneur à Abraham lorsquil lui ordonne de partir et celles qui font entrevoir la récompense promise. A labandon de la patrie répond : « Je ferai de toi une grande nation », à labandon de la terre natale : « Je rendrai grand ton nom », enfin à labandon de la maison paternelle. « Tu seras une bénédiction, et en toi seront bénies toutes les familles de la terre» (Gn. 12, 2-3).Une expression du texte à propos du départ dAbraham de Haran attire lattention des interprètes. En Genèse 12, 3 nous lisons : « Il prit avec lui Sarah sa femme, Lot le fils de son frère, tous les biens quils possédaient et toutes les personnes quils avaient faites à Haran ». Il est évident quil ne sagit pas des enfants quils avaient mis au monde pendant leur séjour à Haran puisque Sarah était stérile, ou alors le texte aurait dû dire : « et les enfants quils avaient eus à Haran ». Les paroles de ce passage biblique sont donc à interpréter différemment. Dans le Bereshit Rabba et dans les Midreshé Ha-Zohar, on relève quAbraham et Sarah étaient très hospitaliers et recevaient chez eux tous ceux qui étaient dans le besoin, se mettant à leur disposition, leur donnant à manger et à boire, les hébergeant pour la nuit, les initiant et les convertissant au monothéisme. Selon la tradition, le « gher » est le prosélyte qui accepte la conception juive de la divinité et se soumet aux règles de la vie juive. Quel que soit l’âge du converti, il est considéré comme né le jour même où il embrasse le judaïsme. Voici donc la signification du verset : « les personnes quils avaient faites en Haran », c’étaient les païens quAbraham et Sarah avaient convertis, à qui ils avaient transmis leur foi. Abraham soccupait des hommes et Sarah des femmes. Ce qui nous rappelle un passage similaire de lExode. Quand les Hébreux sortirent dEgypte, ils ne quittèrent pas seuls le pays, ils étaient accompagnés dune « foule de personnes appartenant à dautres nations » (Ex. 13, 38). Qui étaient ces gens, sinon les personnes que Moïse et les enfants dIsraël « avaient faites », avaient converties à leur foi en Egypte ?Abraham est donc considéré comme le premier homme au monde qui ait eu cette notion de lexistence dun Dieu unique, créateur du ciel et de la terre, maître de lunivers. Et pourtant cette affirmation nest pas tout à fait exacte. Quand Abraham, après une lutte victorieuse, eut réussi à libérer Lot prisonnier des quatre rois coalisés contre les rois du Pentapole et que, refusant toute récompense pour le service rendu à ces derniers, il sapprêtait à rentrer chez lui, il vit venir vers lui Melchisedek, roi de Salem et prêtre du Très-Haut, qui lui offrit du pain et du vin et le bénit en disant : « Béni sois-tu, Abraham, par le Dieu Très-Haut, maître du ciel et de la terre, et béni soit le Très-Haut qui a livré tes ennemis entre tes mains ». Abraham, refusant toute récompense, dit alors : « Je jure par le Dieu Très-Haut, maître du ciel et de la terre, que je ne prendrai pas même un lacet de tes chaussures, rien de ce qui est à toi »

(Gn 14, 19-22).Les paroles de Melchisedek montrent bien quil croyait au Dieu dAbraham et que, donc, ce dernier n’était pas le seul à croire au Dieu unique. Le fait quils le désignent tous deux par les mêmes attributs, « Dieu Très-Haut, maître du ciel et de la terre », ne laisse aucun doute à ce sujet. Reste à savoir pourquoi le Seigneur a préféré, par exemple à Melchisedek, Abraham pour en faire le chef dun grand peuple, bénédiction pour tous les peuples du monde.Il existe, à mon avis, une grande différence entre eux deux, du moins daprès le texte biblique : tandis que Melchisedek présente son sacerdoce sous une forme, disons, personnelle et privée, Abraham sent le besoin dy faire participer les autres, et pas seulement les membres de sa famille. Les personnes « faites » à Haran en sont la preuve la plus éloquente. Le monothéisme du roi de Salem finit avec lui, celui dAbraham se perpétue dans le temps et devient le patrimoine, non seulement de ses descendants, mais dune multitude de peuples. Voilà pourquoi le Seigneur le choisit et fit avec lui une premiè

re alliance en lui disant :« A ta descendance jai attribué cette terre, du fleuve dEgypte au Grand fleuve, lEuphrate, les Qénites, les Qénizzites, les Qadmonites, les Hittites, les Périzites, les Réfaites, les Amorites, les Cananéens, les Guirgashites et les Jébuséens » (Gn 15, 18-20).Cest ainsi que le monothéisme prit pied dans ces territoires où le paganisme régnait dune manière abominable et inhumaine et où le sens du divin était associé aux plus révoltantes ignominies. Cest Dieu qui va vaincre le paganisme, le sens moral lemporter sur limmoralité, la pureté repousser limpureté, la justice triompher de linjustice et de liniquité. La conquête de ces territoires se fera non par les armes mais par la pré

dominance du bien sur le mal.Confiance dAbraham – Alliance et circoncisionAvant la conclusion de lalliance, nous ne pouvons dire que notre Patriarche ait été heureux et satisfait. Les paroles de la Genèse, immédiatement après l’épisode de Melchisédek, nous en donnent la preuve la plus sûre. Le Seigneur s’était révélé à Abraham en lui disant : « Ne crains pas, Abraham, je suis ton bouclier, ta récompense sera grande ». Et il avait répondu : « Seigneur Dieu, que me donneras-tu ? Je suis seul et lhéritier de ma maison est Eliézer de Damas », puis il avait ajouté : « Tu ne mas pas donné de descendance, mon serviteur sera mon héritier »

(Gn 15, 1-2).Ce dialogue nous fait entrevoir Abraham et Sarah déjà âgés et seuls dans leur maison, avec un serviteur qui soccupe deux, nespérant plus avoir de postérité et donc tristes et déçus. Cela explique la réaction dAbraham quand Dieu lui dit quil recevra une grande récompense : « Que me donneras-tu ? Je suis seul ».Le Seigneur le fait alors sortir et, dans la nuit étoilée, lui fait lever les yeux en lui disant : « Regarde le ciel et compte les étoiles, si tu le peux … aussi nombreuse sera ta descendance ». Quelle est la réaction dAbraham devant cette promesse qui lui semble irréalisable ? « Il crut en Dieu, et cest pourquoi le Seigneur le considéra comme juste » (Gn 15, 5-6). La joie succède à la tristesse, et lespérance renaît dans son cœur. La confiance dAbraham, qui est certitude que la promesse se réalisera, devient foi, cette foi que nous rencontrons dans chaque page de la Bible. Croire, selon la Bible, cest attendre des événements heureux et conformes à la justice au moment même où cela semble impossible et contredit par les faits ; ce qui exige une espérance ferme et, aussi laction de lhomme appelé à faire le bien auquel il croit, à souffrir et à espérer pour un bien difficile à atteindre et lointain, mais quil a la certitude de rejoindre. Telle est la foi qui a pris naissance avec Abraham et qui est devenue celle du peuple juif. Nous lisons dans la Mechilta : « Abraham, notre Père, gagna ce monde et le monde futur comme prix de sa foi ». Il crut en limpossible. Sachant que Dieu avait créé de rien lunivers entier, il crut aussi quil pouvait sans difficulté faire naître de lui et de Sarah, alors quils étaient âgés et stériles, une descendance appelée à un avenir prodigieux. Cette foi a été un modèle pour le peuple juif qui a maintenu vivante lexpérience abrahamique, gardant confiance en un avenir heureux et fécond, dans le miracle de sa résurrection, cela avec une constance extraordinaire et à travers les événements les plus sombres et les plus tragiques. Il nest besoin pour lui que de lever les yeux au ciel par une nuit étoilé

e.Le Seigneur, sachant que dAbraham naîtrait un peuple immense, fit avec lui un pacte éternel, changeant tout dabord son nom dAbram en celui dAbraham. Le premier signifiait « père très-haut », tandis que le second, « roi des multitudes », est une référence claire aux promesses. Immédiatement après, pour sceller lalliance, Dieu ordonne la circoncision : « Ceci est mon alliance que vous observerez entre moi et vous, moi et ta descendance après toi : que, tous vos mâles soient circoncis » (Gn 17, 5 et 10-12).Le fait que cette alliance soit scellée par une intervention sur lorgane de la reproduction peut être considéré comme une allusion claire à deux réalités : la première, cest quAbraham, après avoir été circoncis, devient fécond et peut donner naissance à un fils, ce fils dont naîtra celui qui sera nommé plus tard Israël ; la seconde, cest que les juifs, les fils dIsraël, devront à travers les siècles témoigner de leur fidélité à lalliance du Seigneur en restant toujours fidèles au monothéisme, par le maintien de la circoncision considérée comme le rite qui introduit dans lalliance abrahamique. Le Midrash Ha-Zohar affirme que celui qui soumet son fils au précepte de la circoncision sera considéré comme ayant offert à Dieu tous les sacrifices quil est possible d

offrir et comme ayant construit un autel parfait devant Lui. Il continue ainsi :« Au moment où un homme prend son fils pour lintroduire dans lalliance dAbraham, le Saint, béni soit-il, appelle ses anges et leur dit : Regardez ce que font mes enfants dans le monde, puis il appelle le prophète Elie et le fait descendre dans le monde pour participer au rite. Ce qui nous enseigne que nous devons lui préparer un trône et que nous devons dire : Ceci est le trône dElie. S’il ne trouve pas de place préparée pour lui, il sen va ».Voilà pourquoi, de nos jours encore, quand on doit faire une circoncision on prépare un fauteuil spécial, et le père qui porte lenfant sarrête devant ce fauteuil en disant par deux fois : « Ceci est le fauteuil dElie ». Chacun sait que ce prophète annoncera la venue du Messie ; aussi sa présence lors de la cérémonie de la circoncision peut-elle être interprétée comme une annonce de la venue du Ré

dempteur.Comme nous lavons vu précédemment, Abraham est, par excellence, lhomme de la foi, celui qui croit aveuglément à la parole de Dieu, même si parfois cette parole lui paraît irréalisable ; mais sa femme Sarah avait-t-elle, à son exemple, atteint une telle foi ? Daprès le texte biblique, il semble que non. En effet, quand les trois envoyés du Seigneur redisent à Abraham que dans un an il aura un fils, elle rit en disant : « Usée comme je le suis, retrouverai-je la fraîcheur ? et, de plus, mon seigneur est vieux ». Le Seigneur sirrita contre Abraham et lui dit : « Pourquoi Sarah a-t-elle ri? Y a-t-il chose impossible à Dieu? Je reviendrai dans un an et Sarah aura déjà un fils » (Gn 18, 10-14).Nous avons pu apprécier jusquici en Abraham trois grandes qualités qui l’élèvent bien au-dessus de ses contemporains : il est lhomme qui a d

é

couvert Dieu, qui obéit à la parole de son Seigneur, qui a foi et confiance en son Créateur.  

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24 avril, 2008

Le juste qui intercède

Dans l’épisode qui précède la destruction de Sodome et Gomorrhe, nous découvrons chez Abraham une autre qualité, de valeur inestimable, la justice. Je ne vais pas reprendre ici son dialogue avec Dieu qui a décidé de détruire les deux villes. Il ne peut supporter lidée que le Seigneur veuille détruire une population au milieu de laquelle peuvent se trouver des innocents, des justes, et de son cœur jaillit la question qui révèle son trouble intérieur : « Est-il possible que le juge de toute la terre ne fasse pas justice ? »

Abraham se fait le défenseur de cette foule destinée à périr, et cela pour lamour des quelques justes qui se trouvent au milieu delle. Cest lidée, exprimée pour la première fois, que la justice, lhumilité de quelques-uns peut sauver une collectivité entière de la destruction et de la mort. Cest une idée que nous trouvons exprimée aussi dans les Proverbes où il est dit : « La justice sauve de la mort » (Pr 10, 2 et 11, 4). Le Seigneur ne sirrite pas contre Abraham qui le rappelle au sens de la justice, mais il lencourage au contraire à discuter avec lui pour lui montrer quil na pas tort de penser ainsi, mais que le jugement porté contre Sodome et Gomorrhe est plus que justifié. Selon le Talmud, le dialogue dAbraham avec Dieu devait être interprété ainsi : Abraham aurait dit :

« O Seigneur, tu veux que le monde existe, alors tu ne peux exercer une justice absolue ; et si tu veux que la justice et le droit absolus triomphent, tu dois alors renoncer à ce monde ».

Cette idée rapproche Abraham de Moïse et montre bien que le Dieu vénéré et servi par le premier est le même avec qui Moïse parlait et discutait. Chez les deux hommes, on note le même sens et le même désir dune justice parfaite, le même amour pour les hommes, le même désir de sauver lhumanité de ses peines et de ses maux, même mérités. Quand Moïse intercède pour son peuple qui a péché gravement envers Dieu, ce sont des mots expressifs et passionnés qui jaillissent de son cœur : « Si tu lui pardonnes, c’est bon ; sinon efface-moi du livre de vie où les noms sont inscrits ».

Moïse non plus ne veut pas que Dieu applique le « summum jus », le droit absolu des Romains, la loi rigide et inflexible, parce quelle pourrait devenir une « summa injuria », une justice terrible et insupportable, surtout venant de ce Dieu qui est le juste par excellence.

Cette conception de la justice, que nous trouvons déjà bien développée en Abraham, va demeurer celle du peuple juif, non seulement en Moïse, mais dans la prédication des prophètes et des Maîtres dIsraël, cela jusqu’à nos jours et sans déviations ni divergences dans linterprétation. Lintervention dAbraham pour le salut de Sodome et Gomorrhe, riche de ces traits à la fois humains et divins qui seront caractéristiques par la suite de tout le système philosophique du judaïsme, dénote son antiquité en même temps que son originalité et sa nouveauté dans le domaine de lhistoire des religions et des cultures humaines. Il ne sagit pas dune conception de la justice propre à une tribu ou à une nation, mais dune justice universelle, significative pour tous les peuples, à limage de ce Dieu qui transcende la notion tribale ou nationale du peuple juif pour devenir universel. « Le Dieu de toute la terre ne rendra pas justice ? » (Gn 18, 25). Dieu nest pas le Dieu dAbraham, de sa famille, de son clan, mais le juge de toute la terre et de tous les peuples. Cest dans cette conception large de la divinité que senracine la justice du Patriarche.

L’épreuve de la foi

De toutes ses vertus, Dieu ne doutait pas, mais, pour le mettre à l’épreuve, il voulut le soumettre à une terrible épreuve qui, peut-être, ébranlerait sa foi, son obéissance et sa confiance en la justice divine. Il lui dit en effet : « Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, et va au pays de Moriah et là offre-le en holocauste sur lune des montagnes que je te montrerai » (Gn 22, 2). Là encore nous trouvons trois expressions, consécutives, une sorte de gradation pour désigner Isaac, comme si le Seigneur nosait pas annoncer à Abraham cette terrible nouvelle dun seul coup. Cela na pas échappé au Midrash qui interprète ainsi les paroles divines : quand Dieu lui dit : « Prends ton fils », Abraham pense : jen ai deux, Isaac et Ismaël ; « ton fils unique que tu aimes », il pense : tous deux sont fils uniques, Ismaël dAgar et Isaac de Sarah, et je les aime tous les deux. Alors seulement Dieu lui dit quil sagit dIsaac. Cest une sorte de préparation à la terrible demande, comme si Dieu ne voulait pas trop le désespérer et usait de précautions envers lui.

Il est intéressant de noter comment réagit Abraham à cet ordre péremptoire. Le texte biblique, dans sa merveilleuse simplicité, ne sarrête nullement au tumulte des sentiments qui se sont certainement emparés de lui, mais il préfère ne mentionner que ses actions. Ce qui suit la lutte terrible qui dut se déchaîner en lui lorsque le Seigneur lui eut manifesté sa volonté, cest ce que dit la Genèse (22, 3) :

« Tôt le matin, Abraham mit le bât sur l’âne, prit avec lui deux serviteurs et son fils Isaac, fendit du bois pour lholocauste et partit pour le lieu que Dieu lui avait indiqué ».

Une fois encore, le Patriarche obéit sans mot dire, sans poser de questions, sans attacher apparemment dimportance à sa douleur et au sort de son fils. Il est seul, avec son drame, devant son Dieu à qui, malgré tout, il sent quil ne doit rien demander et à qui il doit seulement obéir. Isaac ne sait rien, ni les serviteurs. Et Sarah ? Même elle, elle nest pas au courant de ce qui se passe, du sort qui attend son fils. Le Midrash imagine quAbraham lui fait un discours du genre de celui-ci :

« Notre fils grandit, nous devons lui donner une éducation religieuse convenable ; il doit apprendre ses devoirs envers Dieu, aussi ai-je décidé de le conduire chez une personne capable de les lui enseigner et de lui apprendre à prier ».

Sarah, bien que contrariée, aurait consenti à laisser partir son fils tout en recommandant à Abraham : « Va, mon seigneur, mais ne t’éloigne pas trop » : et lui laurait rassurée par ces mots « Aie confiance en Dieu ».

« Le drame dAbraham, écrit Cantoni, est un drame privé qui a comme seuls protagonistes lintériorité cachée du Patriarche et le commandement divin. Pas de témoins, pas de juges qui puissent intervenir dans le dialogue solitaire qui se déroule en sa conscience ». « Abraham ne peut parler, affirme Kierkegaard, et cest dans cette impossibilité que réside sa souffrance, son angoisse, car la parole réconforte mais le silence aiguise la douleur ».

Ce nest pas un hasard si le sacrifice dIsaac a été choisi comme sujet fondamental de la liturgie du Jour de lan juif. De la foi dAbraham et de sa piété poussée à lextrême est né le concept que le mérite des Pères est un moyen efficace de salut et de pardon pour leurs descendants. Au jour du jugement, cest-à-dire chaque premier de lan, les juifs lisent dans le Pentateuque le passage du sacrifice dIsaac, le chantent dans des hymnes dune délicate sensibilité, composés par leurs poètes et invoquent en leur propre faveur les mérites des Pères, afin quils pèsent de tout leur poids dans le jugement que Dieu va porter sur leurs actions. Et pour rendre, si possible, cette invocation plus manifeste, plus concrète, ils font retentir le son du shofar, une corne de bélier, qui rappelle à Dieu et aux hommes le profond sens religieux dAbraham, sa foi sans compromis, son obéissance absolue à la voix du Seigneur, tout ce qui, au moment suprême, avait amené ce dernier à arrêter la main prête à frapper lenfant. Cette corne qui représente et rappelle celle du bélier pris dans un buisson non loin du lieu du sacrifice et immolé à la place dIsaac, nest pas un simple instrument de musique, il est le signe de la pénitence, de la fidélité de lhomme à son Dieu et aussi du pardon de Dieu accordé à lhomme.

Le rabbin et grand théologien de Livourne, Elie Benamozegh, donne une explication frappante de limportance de cette sonnerie du shofar :

« Pour le Décalogue, écrit-il, le son du shofar a retenti ; pour les paroles de clôture, à la fin du monde, quand les morts ressusciteront et que la terre sera renouvelée, un autre shofar retentira avec un son si vibrant, si divin quil aura la puissance, comme disent les Ecritures, de réveiller ceux qui dorment dans la poussière ».

Ces deux shofars, disent les Docteurs, sont les deux cornes du bélier substitué à Isaac ; lun sonne pour la Révélation, lautre sonnera pour la Résurrection ; 1un marque le début, lautre la fin de la vie morale de lhumanité, ou plutôt il en marque une étape plus élevée; ce sont les deux respirations de Dieu, deux émissions, deux émanations de son Esprit infini [...].

Lanimal sacrifié par Abraham à la place de son fils a été consumé par le feu et il nen est resté que les deux cornes : le Seigneur a voulu accorder à ces deux pauvres restes une importance digne du grand exemple donné par Abraham. Daprès les paroles de Benamozegh, nous voyons que le son émis par cette corne a une valeur en soi et pour soi, une valeur cosmologique, éternelle, infinie. Il a une valeur propre absolue et il a des relations et des harmoniques avec lordre universel et la nature des choses.

Dans le traité Avot V, 3 de la Mishna, nous lisons : « Notre Père Abraham fut soumis à dix épreuves et triompha de toutes, ce qui prouve combien grand fut son amour ». Le sacrifice de son fils fut l’épreuve ultime à laquelle le Seigneur le soumit. Après quoi, finalement, il put jouir de la paix et de la tranquillité en récompense des preuves damour quil avait données. On peut, en effet, se demander comment il aurait pu surmonter ces épreuves si chacun de ses doutes, chacune de ses incertitudes concernant la bonté et la justice de Dieu navait été repoussés par lamour et par cette certitude que seule lobéissance, fortifiée par la foi, pouvait répondre au mystère de la bonté divine.

Un peuple … bénédiction pour lhumanité

La vie dAbraham na été ni facile ni heureuse. Il a été soumis à une série d’épreuves plus dures et plus douloureuses les unes que les autres, au-delà desquelles il nentrevoyait quune espérance lointaine, une réalité faite seulement de songes et de luttes. Ce quil possédait, ce n’était que cette notion de Dieu pour laquelle il valait la peine daffronter tous les sacrifices, toutes les adversités, et aussi cette certitude quun jour ou lautre se réaliserait la promesse faite par Dieu en une nuit étoilée : cette terre où il se trouvait serait donnée en héritage éternel à ses descendants qui, avec lui, seraient une bénédiction pour toute lhumanité.

Abraham est resté dans lhistoire, malgré la noblesse de lidéal quil apportait au monde, tout simplement un homme. Le peuple juif, issu de lui, na pas enveloppé son image dune auréole de gloire, il nen a pas fait un héros ou une semi-divinité ; il la présenté comme un homme, avec ses qualités et ses défauts, ses vertus et ses faiblesses. Il a vécu et il est mort comme tout homme. Quant à son fils Isaac, après avoir été annoncé par les anges à ses parents privés de toute espérance et avoir échappé par miracle au sacrifice sur le mont Moriah, il na pas dhistoire. Sur le fond de cette annonciation angélique il ne reste que le rire de Sarah incrédule, ses larmes et sa joie succédant à la souffrance, ainsi que lhéroïque obéissance dAbraham. Mais le peuple né de lui a eu en héritage son idéal : une foi poussée jusquau sacrifice ultime, une idée de justice universelle, le sens inentamé dun monothéisme absolu. Cest un héritage que personne ne pourra jamais retirer ou contester au peuple dIsraël ; pendant les longs siècles de son histoire, il ne la jamais abandonné, mais il le tient au contraire comme un bien inaliénable ; pour lui, il vaut la peine daffronter, comme le fit le Patriarche, toutes sortes d’épreuves, si douloureuses soient-elles, toutes les adversités, quand on entrevoit à lhorizon, au loin, cette bénédiction qui, annoncée à Abraham pour toutes les nations, est comme laube de la rédemption universelle, de la paix et de la justice pour toute lhumanité, de l’ère messianique. 

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* Le Rabbin Elio Toaff a été Grand rabbin de Rome pendant 50 ans, de 1951 jusqu’à 2001. Très engagé dans le dialogue avec les chrétiens, cest lui qui a accueilli Jean Paul II lors de sa mémorable visite à la Grande Synagogue de Rome, le 13 avril 1986.
Cette causerie a
été donnée par lui à SIDIC, le 13 dé
cembre 1978, et a paru dans la revue Sidic, Vol. XV, n 1 (1982).

Comprendre la Torah

24 avril, 2008

du site:

http://www.massorti.com/spip.php?article244

Comprendre la Torah

dimanche 14 janvier 2007

Lire la Bible n’est pas chose aisée. C’est un parcours semé d’embûches qui traverse notre histoire et nos consciences.

La Bible ne peut se lire comme un roman : sa richesse inouïe , sa profondeur , son universalité en font une œuvre complexe dont le sens caché est à découvrir. « Comprendre la Torah » est ce guide qui accompagne cette lecture. En outre, il fait de cette étude de la Bible un voyage passionnant dans les racines de notre civilisation. Ce livre de 144 pages illustré par Faye Yari s’adresse à des enfants de 9 à 13 ans, ainsi qu’à leurs parents, et couvre l’ensemble du Houmach (Pentateuque). Il contient des explications, des commentaires, des midrachim, du vocabulaire hébreu, des activités ludiques et des révisions. Il comprend en outre une introduction de 16 pages sur la Torah Ecrite, la Torah Orale et les principaux commentateurs.

Il nous faut un guide : le voici. Il vous prendra véritablement par la main et d’une façon simple, claire, lumineuse vous fera visiter la maison Bible qui est la maison dans laquelle plongent les racines de nombre de nos conduites morales.

Cet ouvrage est destiné à tous, petits et grands. Il s’agit avant tout d’un outil pédagogique d’initiation et de formation mais c’est aussi un merveilleux moyen d’acquérir simplement un savoir. Car si la Bible est, sans conteste, le fondement de religions majeures elle constitue aussi un savoir universel, ne serait-ce que sur le plan de l’éthique. Et c’est là que se situe l’essentiel de la transmission juive, transmission millénaire avec laquelle beaucoup souhaitent pouvoir renouer. Pour ceux-là et pour tous ceux qui souhaitent découvrir ou approfondir les textes bibliques, ce travail sera précieux.

Auteur : Yael Azoulay

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