Christ in the house of Martha and Maria
13 avril, 2008Pieter de Bloot
Rotterdam 1601 – 1658 Rotterdam
Christ in the house of Martha and Maria, Vaduz, 1637
Pieter de Bloot
Rotterdam 1601 – 1658 Rotterdam
Christ in the house of Martha and Maria, Vaduz, 1637
du site:
http://www.ndweb.org/ecrit/bonhoeffer/bonhoeffer.html
du Dietrich BONHOEFFER
La prière d’intercession
Une communauté chrétienne vit de l’intercession de ses membres, sinon elle meurt.
Quand je prie pour un frère, je ne peux plus en dépit de toutes les misères qu’il peut me faire, le condamner ou le haïr. Si odieux et si insupportable que me soit son visage, il prend au cours de l’intercession l’aspect de frère pour lequel le Christ est mort, l’aspect du pécheur gracié. Quelle découverte apaisante pour le chrétien que l’intercession : il n’existe plus d’antipathie, de tension ou de désaccord personnel dont, pour autant qu’il dépend de nous, nous ne puissions triompher. L’intercession est bain de purification où, chaque jour, le fidèle et la communauté doivent se plonger. Elle peut signifier parfois une lutte très dure avec tel d’entre nos frères, mais une promesse de victoire repose sur elle.
Comment est-ce possible ? C’est que l’intercession n’est rien d’autre que l’acte par lequel nous présentons à Dieu notre frère en cherchant à le voir sous la croix du Christ, comme un homme pauvre et pécheur qui a besoin de sa grâce. Dans cette perspective, tout ce qui me le rend odieux disparaît, je le vois dans toute son indigence, dans toute sa détresse, et sa misère et son péché me pèsent comme s’ils étaient miens, de sorte que je ne puis plus rien faire d’autre que prier : Seigneur agis toi-même sur lui, selon Ta sévérité et Ta bonté. Intercéder signifie mettre notre frère au bénéfice du même droit que nous avons reçu nous-mêmes ; le droit de nous présenter devant le Christ pour avoir part à sa miséricorde.
Par là nous voyons que notre intercession est un service que nous devons chaque jour à Dieu et à nos frères. Refuser à notre prochain notre intercession c’est lui refuser le service chrétien par excellence. Nous voyons aussi que l’intercession est, non pas une chose générale, vague, mais un acte absolument concret. Il s’agit de prier pour telles personnes, telles difficultés et plus l’intercession est précise, et plus aussi elle est féconde.
Dietrich BONHOEFFER
Grand théologien de l’Eglise luthérienne allemande, pasteur,
Dietrich Bonhoeffer lutta ouvertement et jusqu’à sa mort contre le nazisme.
(1906 – 1945)
Texte extrait de « De la vie communautaire », Ed : Delachaux et Niestlé, collection « l’actualité protestante », 1947, 141 p, p85 – 87.
du site:
http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/197381?fr=y
« Oremus pro conversione Judæorum ». Le cardinal Kasper intervient
A ceux qui ne veulent pas que l’on prie pour la conversion des juifs, le président de la commission du Saint-Siège pour les relations religieuses avec le judaïsme répond: « Le quand et le comment du salut d’Israël sont remis dans les mains de Dieu »par Sandro Magister
ROMA, le 12 avril 2008
– Les protestations de certains juifs mais aussi de certains chrétiens contre la nouvelle prière introduite par Benoit XVI dans la liturgie du Vendredi Saint selon l’ancien rite ont reçu du Vatican une nouvelle réponse faisant autorité: celle du cardinal Walter Kasper. Kasper est le président du conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens et président de la commission du Saint-Siège pour les relations religieuses avec le judaïsme.
D’autres autorités du Vatican étaient intervenues avant lui pour défendre la nouvelle prière. L’archevêque Gianfranco Ravasi, président du conseil pontifical pour la culture, avec un commentaire paru le 15 février dans « L’Osservatore Romano ». Puis la secrétairerie d’état, avec un communiqué diffusé le 4 avril. La nouvelle prière a aussi reçu le soutien de certains juifs, comme le rabbin américain Jacob Neusner, qui s’est exprimé dans un article paru le 23 février dans le journal allemand « Die Tagespost ».
Mais la controverse ne s’est pas apaisée. Il y a quelques jours, une nouvelle critique était formulée par un important représentant du judaïsme, le grand rabbin de Rome, Riccardo Di Segni. www.chiesa a reproduit les interventions citées plus haut dans leur intégralité et poursuit ici avec celle du cardinal Kasper, parue dans « L’Osservatore Romano » du 10 avril.
Rappel utile: la nouvelle formule de la prière pour les juifs dans l’ancien rite du Vendredi Saint introduite le 6 février dernier par Benoit XVI commence par cette invitation: « Prions afin que Dieu notre Seigneur éclaire leurs cœurs et qu’ils reconnaissent en Jésus-Christ le sauveur de tous les hommes“.
Elle continue avec cette prière: “Dieu éternel et tout-puissant, qui veux que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité, permets, dans ta bonté, que, par l’entrée de tous les peuples dans ton Eglise, Israël tout entier soit sauvé. Par le Christ notre Seigneur. Amen“.
Ce que certains juifs considèrent comme intolérable, c’est que l’Eglise catholique prie pour la conversion d’Israël à la foi en Jésus-Christ. Voici donc comment le cardinal Kasper répond aux critiques:
Débat sur les récentes modifications de la prière du Vendredi Saint pour les juifs par Walter Kasper
La prière du Vendredi Saint pour les juifs a une longue histoire. Sa nouvelle formulation que Benoit XVI a définie pour la forme extraordinaire du rite romain (Missel de 1962) a été opportune car certaines formulations étaient considérées comme offensantes du coté de la communauté juive et choquantes pour certains catholiques. La nouvelle formulation a apporté des améliorations importantes au texte de 1962. Elle a toutefois provoqué de nouvelles réactions de mécontentement, soulevant des questions de principe tant chez les juifs que chez certains chrétiens (1). La plupart des réactions venues de la communauté juive s’expliquent en grande partie de manière émotionnelle plutôt que rationnelle. Néanmoins on ne peut pas les rejeter hâtivement au motif qu’elles seraient dues à une hypersensibilité. Même chez des amis juifs impliqués depuis des décennies dans un dialogue intense avec les chrétiens, le souvenir collectif de catéchèses et de conversions forcées est encore vif. Pour le judaïsme contemporain, le souvenir de la Shoah est un traumatisme identitaire typique qui crée une communion. Beaucoup de juifs voient dans la mission envers les juifs une menace pour leur existence. On parle même parfois d’une Shoah par d’autres moyens. Une grande sensibilité est donc encore nécessaire dans les rapports entre juifs et chrétiens.
Entretemps, les explications fournies à propos de la nouvelle prière du Vendredi Saint ont permis de dissiper les plus gros malentendus. La prière du Vendredi Saint du Missel de 1970 – c’est-à-dire dans la forme ordinaire du rite romain, de très loin la plus utilisée – reste totalement en vigueur. Ce simple fait montre bien que la prière du Vendredi Saint reformulée, utilisée uniquement par une infime partie de la communauté, ne peut être interprétée comme un retour en arrière par rapport à la déclaration « Nostra ætate » du Concile Vatican II.
C’est d’autant plus vrai que l’essentiel de la déclaration « Nostra ætate » est inclus dans un document de plus haut niveau formel, la constitution sur l’Eglise « Lumen gentium » (n° 16). C’est pourquoi, par principe, elle ne peut être remise en question. De plus, à partir du Concile, les papes – y compris Benoit XVI – ont pris position très souvent en se référant à « Nostra ætate », confirmant ainsi l’importance de cette déclaration.
A la différence du texte de 1970, la nouvelle formulation du texte de 1962 parle de Jésus en tant que Christ et salut de tous les hommes, donc aussi des juifs. Beaucoup ont interprété cette affirmation comme nouvelle et inamicale envers les juifs. Mais elle est fondée sur l’ensemble du Nouveau Testament (cf. 1 Timothée 2, 4) et elle montre la différence fondamentale, connue de tous, qui subsiste tant chez les chrétiens que chez les juifs. Même si « Nostra ætate » et la prière de 1970 n’en parlent pas de manière explicite, on ne peut séparer « Nostra ætate » de l’ensemble des autres documents conciliaires, ni la prière du Vendredi Saint du Missel de 1970 de l’ensemble de la liturgie du Vendredi Saint, qui a justement pour objet cette conviction de la foi chrétienne.
La nouvelle formulation de la prière du Vendredi Saint du Missel de 1962 ne dit donc rien de vraiment nouveau. Elle exprime seulement ce qui était déjà considéré comme évident mais qui, de toute évidence, n’avait pas été assez argumenté lors de discussions pourtant nombreuses (2). Dans le passé, la foi dans le Christ, qui différencie les chrétiens des juifs, s’est souvent transformée en un « langage du mépris » (Jules Isaac), avec toutes les graves conséquences qui en découlaient. Si aujourd’hui nous essayons de parvenir à un respect mutuel, il ne peut être fondé que sur la reconnaissance réciproque de nos différences. Demandons donc aux juifs non pas d’être d’accord sur le contenu christologique de la prière du Vendredi Saint, mais de respecter notre façon de prier selon notre foi chrétienne, comme nous le faisons naturellement à leur égard. Dans cette perspective, les deux parties ont encore à apprendre.
La vraie question qui pose problème est: les chrétiens doivent-ils prier pour la conversion des juifs? Peut-il y avoir une mission envers les juifs? Le mot conversion ne figure pas dans la nouvelle formule de la prière, mais il est présent indirectement quand on prie Dieu pour qu’il éclaire les juifs afin qu’ils reconnaissent Jésus-Christ. De plus, dans le Missel de 1962, chacune des prières a son propre titre. Celui de la prière pour les juifs n’a pas été modifié: « Pro conversione Judæorum », pour la conversion des juifs. De nombreux juifs ont interprété la nouvelle formulation à la lumière de ce titre, ce qui a provoqué la réaction décrite plus haut.
En réponse à cela, il convient de rappeler que l’Eglise Catholique, à la différence de certains groupes « evangelical », n’a pas de mission organisée et institutionnalisée envers les juifs. Mais ce rappel ne suffit pas à éclaircir, du point de vue théologique, le problème de la mission envers les juifs. L’intérêt de la prière du Vendredi Saint est qu’elle offre dans sa deuxième partie une première indication pour une réponse théologique sur le fond. Une fois encore, c’est le chapitre 11 de la Lettre aux Romains – également fondamental pour « Nostra ætate » – qui sert de point de départ (3).
Pour Paul, le salut des juifs est un profond mystère de l’élection à travers la grâce divine (9, 14-29). Dieu ne se repent pas de ses dons, et Il n’a pas révoqué les promesses qu’Il a faites à son peuple, malgré la désobéissance de celui-ci (9, 6; 11, 1.29). L’endurcissement d’Israël aboutit au salut des païens. Les rameaux sauvages des païens ont été greffés sur la souche sainte d’Israël (11, 16 sq.). Mais Dieu a le pouvoir de greffer de nouveau les rameaux coupés (11, 23). Quand la totalité des païens sera entrée dans le salut, Israël tout entier sera sauvé (11, 25 sq.). Israël reste donc porteur de la promesse et de la bénédiction. Paul parle, en langage apocalyptique, d’un mystère (11, 25). Il ne veut pas seulement dire par là que les juifs sont souvent une énigme pour les autres peuples et que leur existence est, pour d’autres encore, un témoignage de Dieu. Par « mystère », Paul entend l’éternelle volonté salutaire de Dieu, manifestée dans l’histoire par la prédication de l’Apôtre. Concrètement, il fait référence à Isaïe, 59 20 et à Jérémie 31, 33 sq., pour évoquer le rassemblement eschatologique des peuples à Sion, promis par les prophètes et par Jésus, et la paix universelle (shalom) qui viendra ensuite (4).
Paul voit toute son œuvre missionnaire chez les païens dans cette perspective eschatologique. Sa mission devrait préparer le rassemblement des peuples qui, quand tous les païens y seront intégrés, aboutira au salut d’Israël et fera jaillir pour le monde la paix eschatologique. On peut donc dire que ce n’est pas à cause de la mission envers les juifs mais suite à la mission envers les païens que, lorsque tous les païens auront obtenu le salut, Dieu accordera finalement son salut à Israël. Seul Celui qui a endurci presque tout Israël peut aussi en supprimer l’endurcissement. Il le fera quand de Sion sortira « le libérateur » (11, 26). Celui-ci, dans le langage de Paul (cf. 1 Thessaloniciens, 1, 10), n’est autre que le Christ qui revient. Juifs et païens ont en effet le même Seigneur (10, 12) (5).
La nouvelle formulation de la prière du Vendredi Saint exprime cette espérance dans une prière d’intercession adressée à Dieu (6). Par cette prière l’Eglise répète, au fond, l’invocation du Notre-Père « Que ton règne vienne » (Matthieu 6, 10; Luc, 11, 2) et l’acclamation liturgique proto-chrétienne « Maranà tha »: Viens, Seigneur Jésus, viens vite (1 Corinthiens, 16, 22; Apocalypse, 22, 20; Didachè, 10, 6). De par leur nature, ces prières pour l’avènement du Royaume de Dieu et pour l’accomplissement du mystère du salut ne sont pas un appel adressé à l’Eglise pour qu’elle accomplisse une action missionnaire envers les juifs. Au contraire, elles respectent toute la profondeur abyssale du « Deus absconditus », de Son élection par la grâce, de l’endurcissement, comme de Sa miséricorde infinie.
L’Eglise n’organise donc pas, par sa prière, l’accomplissement de l’insondable mystère. Elle ne le peut absolument pas. En fait, elle remet totalement dans les mains de Dieu le « quand » et le « comment » de cet accomplissement. Seul Il peut faire arriver Son Règne, dans lequel tout Israël sera sauvé et le monde parviendra à la paix eschatologique. Pour soutenir cette interprétation, on peut se référer à un texte de saint Bernard de Clairvaux, qui dit que ce n’est pas à nous de nous occuper des juifs, mais que Dieu lui-même s’en chargera (7). La justesse de cette interprétation est confirmée par la doxologie qui conclut le chapitre 11 de la Lettre aux Romains: « O abîme de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu! Que ses décrets sont insondables et ses voies incompréhensibles! » (11, 33). Cette doxologie montre encore une fois qu’il s’agit de la glorification adorante de Dieu et de son élection insondable à travers la grâce et pas d’un appel à quelque action que ce soit, pas même à la mission.
Exclure une mission ciblée et institutionnalisée envers les juifs ne veut pas dire que les chrétiens ne doivent rien faire. Il faut distinguer la mission ciblée et organisée, d’une part, et le témoignage chrétien, de l’autre. Bien sûr, les chrétiens doivent, là où c’est opportun, donner à leurs frères et sœurs aînés dans la foi d’Abraham (Jean-Paul II) le témoignage de leur foi et de la richesse et de la beauté de cette foi au Christ. C’est ce qu’a aussi fait Paul. A chacun de ses voyages missionnaires, il allait d’abord à la synagogue et ce n’est que quand il n’y trouvait pas la foi qu’il allait chez les païens (Actes des Apôtres, 13, 5.14 sq. 42-52; 14, 1-6 et autres; fondamental: Romains, 1, 16). Aujourd’hui, ce témoignage nous est demandé à nous aussi. Bien sûr, il faut le donner avec tact et respect, mais les chrétiens seraient malhonnêtes si, rencontrant des amis juifs, ils taisaient leur foi ou s’ils allaient jusqu’à la nier.
Nous attendons la même attitude à notre égard de la part des juifs croyants. Dans les dialogues que je connais, cette attitude est tout à fait normale. En fait, un dialogue sincère entre juifs et chrétiens n’est possible que, d’un côté, sur la base de la communauté de la foi au Dieu unique, Créateur du ciel et de la terre et aux promesses faites à Abraham et aux Pères et, de l’autre, dans la conscience et le respect de la différence fondamentale que constitue la foi en Jésus comme Christ et Rédempteur de tous les hommes.L’incompréhension très répandue que suscite la nouvelle formulation de la prière du Vendredi Saint montre l’importance de la tâche qui nous incombe encore dans le dialogue judéo-chrétien. Les réactions hostiles qui se sont manifestées devraient donc être une occasion d’éclaircir et d’approfondir encore plus les bases et les objectifs du dialogue judéo-chrétien. Si l’on pouvait lancer de cette manière un approfondissement du dialogue, l’agitation qui s’est manifestée aboutirait vraiment, en définitive, à un résultat positif. Il ne faut jamais oublier que le dialogue entre juifs et chrétiens restera toujours, par nature, difficile et fragile et qu’il exige des deux parties beaucoup de sensibilité. NOTES
(1) Une synthèse des premières réactions pour et contre se trouve dans « Il Regno » n° 1029, 2008, 89-91. En plus de ces premières réactions dans les médias, la commission du Vatican pour les rapports religieux avec le judaïsme a reçu une série de prises de position détaillées, provenant surtout des Etats-Unis, d’Allemagne et d’Italie, notamment de R. Di Segni, « La preghiera per gli ebrei », dans « Shalom » 2008, n° 3, 4-7.
(2) Ce n’est pas valable pour le dialogue judéo-chrétien international dans lequel cette question a déjà été abordée après la déclaration « Dominus Jesus » (2000). La commission pour les rapports religieux avec le judaïsme en a tenu compte et a organisé dans ce but des colloques d’experts à Ariccia (Italie), Louvain (Belgique) et Francfort (Allemagne); le prochain colloque est programmé depuis longtemps à Notre Dame (Indiana, Etats-Unis). (3) En ce qui concerne l’interprétation, je renvoie surtout au vaste commentaire, riche également pour notre question, de Thomas d’Aquin, « Super ad Romanos », chapitre 11, lectio 1-5. Commentaires plus récents: E. Peterson, « Der Brief an die Römer » (Ausgewählte Schriften, 6), Würzburg, 1997, 312-330, spécialement 323; E. Käsemann, « An die Römer » (Handbuch zum Neuen Testament, 8a), Tübingen 1973, 298-308; H. Schlier, « Der Römerbrief » (Herders Theologischer Kommentar zum Neuen Testament, 6), Freiburg i. Br., 1997, 320-350, spéc. 337-341; O. Kuss, « Der Römerbrief », 3. Lieferung, Regensburg, 1978, 809-825; U. Wilckens, « Der Brief an die Römer » (EKK, VI/2), Zürich-Neukirchen, 1980, 234-274, spéc. 252-257. Le document de la Commission Biblique Pontificale « Il popolo ebraico e le sue Sacre Scritture nella Bibbia cristiana » (2001) est fondamental. De plus: F. Mussner, « Traktat über die Juden », München, 1979, 52-67; J. Ratzinger, « La Chiesa, Israele e le religioni del mondo », Torino, 2000; J. M. Lustiger, « La promesse », Paris, 2002; W. Kasper, « L’antica e la nuova alleanza nel dialogo ebraico-cristiano », dans « Nessuno è perduto. Comunione, dialogo ecumenico, evangelizzazione », Bologna 2005, 95-119. On y ajoute une grande quantité de textes plus récents, pour la plupart en anglais, sur les questions du dialogue judéo-chrétien.
(4) Des passages comme Isaïe, 2, 2-5; 49, 9-13; 60; Michée, 4, 1-3 et autres sont importants. Voir à ce sujet: J. Jeremias, « Jesu Verheißung für die Völker », Göttingen 1959. (5) On aborde ici la question théologique la plus fondamentale de l’actuel dialogue judéo-chrétien: y a-t-il une seule alliance ou bien deux, parallèles, pour les juifs et pour les chrétiens? Cette question traite de l’universalité du salut en Jésus, à laquelle les chrétiens ne peuvent renoncer. Cf. la synthèse de la littérature la plus ancienne dans J. T. Pawlikowski, « Judentum und Christentum », dans « Theologische Realenzyklopädie », 18 (1988), 386-403; Pawlikowski, à cause de mes interventions et de celles d’autres personnes, a développé sa position de manière essentielle et a largement rendu compte de l’état actuel de la discussion dans « Reflections on Covenant and Mission » in: « Themes in Jewish-Christian Relations », éd. E. Kessler and M. J. Wreight, Cambridge (Angleterre), 2005, 273-299.
(6) La prière a modifié ce texte dans la mesure où il parle de l’entrée des païens « dans l’Eglise », ce que l’on ne trouve pas ainsi chez Paul. Certains critiques juifs en ont conclu qu’il s’agissait de l’entrée d’Israël dans l’Eglise, ce qu’on ne dit pas dans la prière. Au sens de l’apôtre Paul on devrait plutôt dire que le salut de la plupart des juifs est communiqué à travers le Christ, mais pas à travers l’entrée dans l’Eglise. A la fin des temps, quand le Royaume de Dieu se réalisera définitivement, il n’y aura plus d’Eglise visible. Il s’agit donc du fait qu’à la fin des temps, l’unique Peuple de Dieu, composé de juifs et de païens devenus croyants, sera de nouveau uni et réconcilié. (7) Bernard de Clairvaux, « De consideratione », III, 1, 3. A ce sujet, voir aussi: « Sermones super Cantica Canticorum », 79, 5.
11-04-2008, du site:
http://www.zenit.org/article-17700?l=french
Discours de Benoît XVI au congrès sur le divorce et l’avortement (5 avril)
Organisé par l’Institut Jean-Paul II et les Chevaliers de Colomb
ROME, Vendredi 11 avril 2008 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le discours que le pape Benoît XVI a adressé samedi 5 avril aux participants au congrès organisé par l’Institut Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille, en collaboration avec les Chevaliers de Colomb, qui avait pour thème : « L’huile sur les blessures : une réponse aux blessures de l’avortement et du divorce ».
Messieurs les cardinaux,
vénérés frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce,
chers frères et sœurs !C’est avec une grande joie que je vous rencontre
à l’occasion du congrès international « L’huile sur les blessures : une réponse aux blessures de l’avortement et du divorce », organisé par l’Institut pontifical Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille, en collaboration avec les Chevaliers de Colomb. Je me réjouis avec vous du sujet qui fait l’objet de vos réflexions durant ces journées, tant il est actuel et complexe, et en particulier pour la référence à la parabole du bon samaritain (Lc 10, 25-37), que vous avez choisi comme clé pour aborder les blessures de l’avortement et du divorce, qui comportent tant de souffrances dans la vie des personnes, des familles et de la société. Oui, de nos jours les hommes et les femmes se trouvent parfois réellement dépouillés et blessés, aux marges des chemins que nous parcourons, souvent sans que personne n’écoute leur appel à l’aide et ne s’approche de leur peine, pour la soulager et la guérir. Dans le débat, souvent purement idéologique, une espèce de conjuration du silence se crée à leur égard. Ce n’est que dans l’attitude de l’amour miséricordieux que l’on peut se rapprocher des victimes pour leur porter secours et leur permettre de se relever et de reprendre le chemin de l’existence.
Dans un contexte culturel marqué par un individualisme grandissant, par l’hédonisme et, trop souvent également, par un manque de solidarité et de soutien social approprié, la liberté humaine, face aux difficultés de la vie, est amenée dans sa fragilité à prendre des décisions contraires à l’indissolubilité du pacte conjugal et au respect dû à la vie humaine à peine conçue et encore protégée dans le sein maternel. Le divorce et l’avortement sont des choix de nature certes différentes, parfois faits dans des circonstances difficiles et dramatiques, qui comportent souvent des traumatismes et qui sont à l’origine de souffrances profondes pour ceux qui les font. Ils font aussi des victimes innocentes : l’enfant à peine conçu et pas encore né, les enfants impliqués dans la rupture des liens familiaux. Tous gardent des blessures qui marquent leur vie de façon indélébile. Le jugement éthique de l’Eglise à l’égard du divorce et de l’avortement est clair et connu de tous : il s’agit de fautes graves qui, dans une mesure différente et exception faite de l’évaluation des responsabilités subjectives, lèsent la dignité de la personne humaine, entraînent une profonde injustice dans les rapports humains et sociaux et offensent Dieu lui-même, garant du pacte conjugal et auteur de la vie. Et cependant l’Eglise, sur l’exemple de son Maître Divin, a toujours face à elle les personnes concrètes, surtout les plus faibles et les plus innocentes, qui sont victimes des injustices et des péchés, et également ces autres hommes et femmes qui, ayant commis ces actes, sont entachés de leurs fautes et en portent les blessures intérieures, cherchant la paix et la possibilité d’une reprise.L’Eglise a comme premier devoir de se rapprocher de ces personnes avec amour et d
élicatesse, avec égard et attention maternelle, pour annoncer la proximité miséricordieuse de Dieu en Jésus Christ. C’est en effet lui, comme nous l’enseignent les Pères, le véritable bon samaritain, qui s’est fait notre prochain, qui verse l’huile et le vin sur nos blessures et qui nous conduit à l’auberge, l’Eglise, dans laquelle il nous fait soigner, en nous confiant à ses ministres et en payant en personne à l’avance pour notre guérison. Oui, l’Evangile de l’amour et de la vie est toujours également l’Evangile de la Miséricorde, qui s’adresse à l’homme concret et pécheur que nous sommes, pour le relever après toutes ses chutes, pour le guérir de toutes ses plaies. Mon bien-aimé prédécesseur, le serviteur de Dieu Jean-PauI Il, dont nous venons de célébrer le troisième anniversaire de la mort, dit à l’occasion de l’inauguration du nouveau sanctuaire de la divine miséricorde à Cracovie : «Il n’existe pas pour l’homme d’autre source d’espérance en dehors de la miséricorde de Dieu » (17 août 2002). A partir de cette miséricorde l’Eglise nourrit une confiance énorme dans l’homme et dans sa capacité à se relever. Elle sait que, avec l’aide de la grâce, la liberté humaine est capable du don de soi définitif et fidèle, qui rend possible le mariage d’un homme et d’une femme comme pacte indissoluble, que la liberté humaine, même dans les circonstances les plus difficiles, est capable de gestes extraordinaires de sacrifice et de solidarité pour accueillir la vie d’un nouvel être humain. On peut ainsi voir que les « non » que l’Eglise prononce dans ses indications morales et sur lesquels l’attention de l’opinion publique s’arrête de façon unilatérale, sont en réalité des grands « oui » à la dignité de la personne humaine, à sa vie et à sa capacité d’aimer. Ils sont l’expression de la confiance constante que, malgré leur faiblesse, les êtres humains sont en mesure de répondre à la vocation la plus haute pour laquelle ils ont été créés : celle d’aimer.
A cette même occasion, Jean-Paul II poursuivait : « Il faut transmettre au monde ce feu de la miséricorde. Dans la miséricorde de Dieu, le monde trouvera la paix » (ibid.). Ici se greffe la grande tâche des disciples du Seigneur Jésus, qui se trouvent des compagnons de route dans les nombreux frères, hommes et femmes de bonne volonté. Leur programme, le programme du bon samaritain, est « un cœur qui voit. Ce cœur voit où l’amour est nécessaire et il agit en conséquence » (Encyclique Deus caritas est, 31). En ces jours de réflexion et de dialogue, vous vous êtes penchés sur les victimes touchées par les blessures du divorce et de l’avortement. Vous avez avant tout constaté les souffrances, parfois traumatisantes, qui touchent les « enfants du divorce », marquant leur vie jusqu’à rendre beaucoup plus difficile leur chemin. Quand se rompt le pacte conjugal, ceux qui en souffrent par dessus tout sont inévitablement les enfants, qui sont le signe vivant de son indissolubilité. L’attention solidaire et pastorale devra donc faire en sorte que les enfants ne soient pas les victimes innocentes des conflits des parents qui divorcent, et que soit assurée dans la mesure du possible la continuité du lien avec leurs parents et aussi ce rapport avec leurs origines familiales et sociales indispensable à une croissance équilibrée, psychologique autant qu’humaine.Vous avez aussi port
é votre attention sur le drame de l’avortement, qui laisse des marques profondes, parfois indélébiles sur la femme qui l’accomplit et sur les personnes qui l’entourent, et qui provoque des conséquences dévastatrices dans la famille et dans la société, notamment par la mentalité matérialiste de mépris de la vie qu’il entretient. Combien de complicités égoïstes sont souvent à la racine d’une décision douloureuse que tant de femmes ont dû affronter seules et dont elles gardent une blessure dans l’âme jamais cicatrisée ! Bien que ce qui s’est produit demeure une grave injustice et ne soit pas en soi remédiable, je fais mienne l’exhortation adressée dans l’Encyclique Evangelium vitae aux femmes qui ont eu recours à l’avortement : « Ne vous laissez pas aller au découragement et ne renoncez pas à l’espérance. Sachez plutôt comprendre ce qui s’est passé et interprétez-le en vérité. Si vous ne l’avez pas encore fait, ouvrez-vous avec humilité et avec confiance au repentir : le Père de toute miséricorde vous attend pour vous offrir son pardon et sa paix dans le sacrement de la réconciliation. [Vous pouvez confier avec espérance votre enfant à ce même Père et à sa miséricorde] » (n.99).
J’exprime ma profonde appréciation pour toutes les initiatives sociales et pastorales qui visent à la réconciliation et au soin des personnes blessées par le drame de l’avortement et du divorce. Elles constituent, avec tant d’autres formes d’engagement, des éléments essentiels pour la construction de cette civilisation de l’amour, dont l’humanité n’a jamais eu autant besoin qu’aujourd’hui.
En implorant le Seigneur Dieu miséricordieux, qu’Il vous invite toujours plus à imiter Jésus, bon samaritain, pour que son Esprit vous enseigne à regarder avec un regard neuf la réalité de nos frères qui souffrent, qu’Il vous aide à réfléchir avec de nouveaux critères et vous pousse à agir dans un élan généreux dans la perspective d’une authentique civilisation de l’amour et de la vie, je donne à tous une bénédiction apostolique spéciale.
du site:
http://www.levangileauquotidien.org/www/main.php?language=FR&localTime=04/13/2008#
Théodore de Mopsueste (?-428), évêque de Mopsueste en Cilicie et théologien
Commentaire de St Jean ; CSCO 115-116, p. 197 (trad. Jean expliqué, DDB 1985, p. 94)
« Celui qui entre par la porte, c’est lui le pasteur, le berger des brebis. Le portier lui ouvre, et les brebis écoutent sa voix »
Le portier de cette bergerie est le bienheureux Moïse, qui l’a établie sur les préceptes de la Loi pour permettre à ceux qui mènent leur existence selon ces normes d’y vivre en toute sécurité. Le pasteur…conduit les hommes comme des brebis au pâturage de la bonne doctrine, en leur montrant l’aliment des paroles, celles dont ils doivent se nourrir d’abord, celles dont ils doivent se nourrir plus tard. Il leur montre quel est le sens profond de ces paroles, comment il faut comprendre les Ecritures, et aussi de quelle doctrine il faut s’écarter, doctrine que d’autres peut-être leur enseigneront en les trompant, pour la perte des brebis…
« Recherchons donc, dit le Seigneur aux pharisiens, qui de vous ou de moi emprunte l’entrée prescrite par la Loi, qui accomplit avec zèle les préceptes de la Loi, à qui Moïse, portier de la bergerie, ouvre vraiment la porte, à qui il accorde louange et honneur en raison de ses oeuvres, qui il déclare le vrai pasteur. Si dans son livre Moïse fait l’éloge de celui qui accomplit les préceptes de la Loi, il est certain que l’accomplissement de ces préceptes se trouve non pas en vous mais en moi…
« Sans rien faire de ce qui est utile aux brebis, vous ne recherchez que votre propre avantage. C’est pourquoi vous n’avez nulle autorité pour chasser quiconque… Moi, c’est à bon droit et à juste titre que je suis appelé pasteur car j’ai d’abord observé la Loi avec soin ; puis j’ai emprunté la porte prescrite par la Loi, que le portier lui-même m’a montrée ; enfin j’ai accompli avec zèle tout ce qui doit être fait pour le bien des brebis. »