par Sandro Magister : Pour le Vatican, le roi Abdallah a plus de poids que 138 intellectuels musulmans

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Pour le Vatican, le roi Abdallah a plus de poids que 138 intellectuels musulmans

 C’est ce que laisse entendre « L’Osservatore Romano », qui dialogue avec le souverain saoudien au moment même où les critiques pleuvent sur le pape pour avoir baptisé un musulman converti célèbre. Pietro De Marco répond à Aref Ali Nayed

par Sandro Magister 

ROMA, le 31 mars 2008 – Le Saint-Siège a réagi de deux manières, directe et indirecte, aux accusations lancées contre Benoît XVI pour avoir baptisé le musulman converti Magdi Cristiano Alam pendant la veillée pascale – voir l’article du 28 mars de www.chiesa à ce sujet.

Le Saint-Siège a exprimé son point de vue de manière directe dans “L’Osservatore Romano“ du 25-26 mars par une note de son directeur Giovanni Maria Vian. Puis par une déclaration faite sur Radio Vatican, le 27 mars, par son directeur, le père Federico Lombardi.

Les manières indirectes dont le Saint-Siège a répondu à ces critiques, à peu près au même moment, sont encore plus intéressantes.

Là encore, c’est “L’Osservatore Romano“ qui a servi de support à ces réponses indirectes.

Le jeudi 27 mars, le journal du pape a consacré un grand article à Ramon Lull – connu en Italie sous le nom de Raimondo Lullo. Ce franciscain, qui a vécu aux XIIIe et XIVe siècles, était un grand connaisseur de la langue et de la littérature arabe. Il défendait ardemment une prédication missionnaire visant à convertir et baptiser les populations musulmanes dans les pays méditerranéens dominés par l’islam.

Le titre de l’article – signé par une spécialiste en la matière, Sara Muzzi – était éloquent: “Raimondo Lullo et le dialogue entre les religions. Si je te montre la vérité, tu finiras par la faire tienne“.

En effet, comme le montrent aussi ses livres, Lullo s’est battu pour promouvoir une prédication missionnaire pacifique, fondée entièrement sur la connaissance des deux croyances, sur la force de conviction et sur l’argumentation rationnelle de la vérité.

Deux jours plus tard, le samedi 29 mars, “L’Osservatore Romano“ a consacré deux articles à deux phases de dialogue entre l’Eglise catholique et l’islam. Ils montraient comment ce dialogue aboutit à des résultats prometteurs, au moment même où la polémique contre le baptême d’Allam par le pape faisait rage.

Le premier signe prometteur vient d’Indonésie, le plus grand pays musulman du monde. Les 8 et 9 mars, une rencontre entre représentants chrétiens et musulmans a eu lieu à Yogyakarta. Des bouddhistes et des hindouistes étaient également présents. La rencontre portait sur les moyens permettant aux religions de collaborer pour répondre aux défis de la globalisation. En outre, au moment de Pâques, à Jakarta, la capitale, 35 oulémas réputés, venant d’autant d’écoles islamiques, ont lancé un appel pour que l’instruction donnée aux jeunes musulmans se fasse de manière correcte et respectueuse, loin de toute justification de la violence. Titre de l’article: “En Indonésie, des preuves de dialogue entre chrétiens et musulmans“.

Mais, sur la même page, “L’Osservatore Romano“ mettait encore plus en évidence certains faits survenus récemment en Arabie Saoudite. L’article était intitulé: “Le roi saoudien en faveur d’une rencontre ‘avec les frères de foi‘. Abdallah, face à la crise des valeurs éthiques, ouvre le dialogue avec chrétiens et juifs“.

L’article du journal du Vatican s’ouvrait sur ces mots du roi Abdallah:

“Une pensée m’obsède depuis deux ans. Le monde souffre et cette crise a provoqué un déséquilibre de la religion, de l’éthique et de l’humanité toute entière. […] Nous avons perdu la foi dans la religion et le respect pour l’humanité. La désintégration de la famille et la diffusion de l’athéisme dans le monde sont des phénomènes effrayants que toutes les religions doivent prendre en considération et vaincre. […] C’est pourquoi j’ai eu l’idée d’inviter les autorités religieuses à exprimer leur avis sur ce qui se produit dans le monde. Si Dieu le veut, nous commencerons à organiser des rencontres avec nos frères appartenant aux religions monothéistes, entre représentants du Coran, de l’Evangile et de la Bible“.

Le journal du Vatican a ajouté que la proposition du roi Abdallah a été approuvée par les principaux intellectuels musulmans du royaume.

Mais les remarques les plus intéressantes qu’ait apportées « L’Osservatore Romano » sont les deux suivantes:

La première concerne la date de la déclaration d’Abdallah: le 24 mars, soit le lundi de Pâques pour les chrétiens.

Ce qui signifie qu’au moment même où les accusations pleuvaient sur Benoît XVI à cause du baptême d’Allam, non seulement le roi saoudien n’en a pas tenu compte, mais il s’est exprimé en des termes diamétralement opposés.

La seconde est textuellement la suivante:

“Dialogue interculturel et interreligieux; collaboration entre chrétiens, musulmans et juifs pour la promotion de la paix. Ces sujets sont ceux qui ont été abordés le 6 novembre 2007 lors de la rencontre entre Benoît XVI et le roi Abdallah, reçu en audience au Vatican avec sa suite. Au cours de cette rencontre historique – il s’agit de la première visite d’un souverain saoudien au pape – il a aussi été question de la présence positive en Arabie Saoudite de la communauté chrétienne (qui représente environ 3% d’une population presque exclusivement musulmane). Le gouvernement de Riyad a tout récemment décidé de fournir une formation complémentaire à 40 000 imams, dans le but de favoriser une interprétation plus modérée de l’islam et de décourager les extrémistes“.

Que celui qui a des oreilles pour entendre entende. Pour l’Eglise de Rome, le dialogue avec l’islam ne se réduit pas aux suites de la lettre des 138 – dont l’un des fers de lance, Aref Ali Nayed, a lancé des accusations très sévères contre le pape à cause du baptême d’Allam – mais il se développe sur plusieurs terrains, certains étant considérés comme plus prometteurs.

En ce qui concerne Benoît XVI, il est de plus en plus évident que son discours de Ratisbonne et sa décision de baptiser un musulman converti pendant la nuit de Pâques à Saint-Pierre ne sont pas des gestes de rupture. Au contraire, ils rendent intelligible et claire – pour les musulmans comme pour les chrétiens – sa volonté de dialogue telle qu’il l’avait exprimée par sa prière silencieuse dans la Mosquée Bleue d’Istanbul et lors de la chaleureuse audience accordée au roi d’Arabie Saoudite.

Pour en revenir aux critiques adressées au pape suite au baptême d’Allam – tant par des catholiques que par l’intellectuel musulman Aref Ali Nayed – voici une réponse raisonnée aux uns et à l’autre. Elle a été écrite pour www.chiesa par Pietro De Marco, professeur de sociologie de la religion à l’Université de Florence et à la Faculté théologique d’Italie Centrale:

Double réponse: aux catholiques et à Aref Ali Nayed

par Pietro De Marco 

 

je ne peu pas mettre touts mais, comme toujours, est vraiment très intéressant 

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