« Prends pitié de moi pécheur »
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Saint Jean Climaque (vers 575-vers 650), moine au Mont Sinaï
L’Echelle sainte, ch. 28 (trad. Petite Philocalie, Seuil 1979, p. 91 rev)
« Prends pitié de moi pécheur »
Que votre prière soit toute simple ; une seule parole a suffi au publicain et à l’enfant prodigue pour obtenir le pardon de Dieu (Lc 15,21)… Point de recherche dans les paroles de votre prière ; que de fois les bégaiements simples et monotones des enfants fléchissent leur père ! Ne vous lancez donc pas dans de longs discours afin de ne pas dissiper votre esprit par la recherche des paroles. Une seule parole du publicain a ému la miséricorde de Dieu ; un seul mot plein de foi a sauvé le bon larron (Lc 23,42). La prolixité dans la prière souvent emplit l’esprit d’images et le dissipe tandis que souvent une seule parole a pour effet de le recueillir. Vous sentez-vous consolé, saisi par une parole de la prière ? Arrêtez-vous-y, car c’est que notre ange alors prie avec nous. Pas trop d’assurance, même si vous avez obtenu la pureté, mais plutôt une grande humilité, et vous sentirez alors une plus grande confiance. Même si vous avez gravi l’échelle de la perfection, priez pour demander le pardon de vos péchés ; écoutez ce cri de saint Paul : « Je suis un pécheur, moi le premier » (1Tm 1,15)… Si vous êtes revêtu de douceur et libre de toute colère, il ne vous en coûtera plus beaucoup pour libérer votre esprit de la captivité.
Tant que nous n’aurons pas obtenu la prière véritable, nous ressemblerons à ceux qui apprennent aux enfants à faire leurs premiers pas. Travaillez à élever votre pensée ou mieux à la contenir dans les paroles de votre prière ; si la faiblesse de l’enfance la fait tomber, relevez-la. Car l’esprit est instable de nature mais Celui qui peut tout affermir peut fixer aussi l’esprit… Le premier degré de la prière consiste donc à chasser par une parole simple les suggestions de l’esprit au moment même où elles se présentent. Le second, c’est de garder notre pensée uniquement à ce que nous disons et que nous pensons. Le troisième, c’est la saisie de l’âme dans le Seigneur.
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