Archive pour janvier, 2008

Le pape explique pourquoi Jésus fait des miracles

28 janvier, 2008

27-01-2008, du site:

http://www.zenit.org/article-17139?l=french

Le pape explique pourquoi Jésus fait des miracles

Angélus, 27 janvier 2008

ROME, Dimanche 27 janvier 2008 (ZENIT.org) – Les miracles accomplis par Jésus étaient une provocation à l’empire romain, a expliqué Benoît XVI dans son allocution avant la prière de l’Angélus, car ils montraient que le « Royaume de Dieu » était arrivé, que « le Seigneur du monde » était « Dieu, et non l’empereur ».

Le pape a commenté l’Evangile de ce dimanche qui décrit le début de la vie publique du Christ, lorsque celui-ci annonçait le Royaume de Dieu et guérissait les malades.

« Au temps de Jésus, a expliqué Benoît XVI, le terme ‘évangile’ était utilisé par les empereurs romains pour leurs proclamations. Indépendamment du contenu, celles-ci étaient définies comme des bonnes nouvelles’, c’est-à-dire des annonces de salut, car l’empereur était considéré comme le seigneur du monde et chacun de ses édits comme annonciateur de bien ».

« Le fait d’appliquer cette parole à la prédication de Jésus a donc eu un sens fortement critique, comme pour dire : Le Seigneur du monde est Dieu, et non l’empereur, et le véritable Evangile est celui de Jésus Christ’ », a poursuivi le pape.

Benoît XVI a expliqué que la « bonne nouvelle » que Jésus proclame se résume ainsi : « Le royaume de Dieu – ou royaume des cieux – est proche ».

« La nouveauté du message du Christ, a-t-il ajouté, est donc qu’en Lui Dieu s’est fait proche, qu’il règne désormais au milieu de nous, comme le démontrent les miracles et les guérisons qu’il accomplit ».

« Dieu règne dans le monde à travers son Fils fait homme et avec la force de l’Esprit Saint qui est appelé le doigt de Dieu’ », a précisé le pape.

« Là où Jésus arrive, l’Esprit créateur apporte la vie et les hommes sont guéris des maladies du corps et de l’esprit. La seigneurie de Dieu se manifeste alors dans la guérison intégrale de l’homme », a déclaré Benoît XVI.

« Jésus veut ainsi révéler le visage du vrai Dieu, le Dieu proche, plein de miséricorde pour tout être humain ; le Dieu qui nous donne la vie, sa vie, en abondance. Le royaume de Dieu est donc la vie qui s’affirme sur la mort, la lumière de la vérité qui dissipe les ténèbres de l’ignorance et du mensonge », a souligné le pape.

Benoît XVI a conclu en encourageant l’Eglise à toujours avoir pour le Royaume la passion qui a animé la mission de Jésus : « passion pour Dieu, pour sa seigneurie d’amour et de vie, passion pour l’homme, rencontré dans la vérité avec le désir de lui donner le trésor le plus précieux : l’amour de Dieu, son Créateur et Père ».

Jesús Colina

bonne nuit

28 janvier, 2008

bonne nuit dans image bon nuit, jour, dimanche etc. mh_Dsc01184

http://wallpapers.russian-women.net/animals_index2.shtml

Le Prince de ce monde est jeté dehors

28 janvier, 2008

du site: 

http://levangileauquotidien.org/

Saint Thomas d’Aquin (1225-1274), théologien dominicain, docteur de l’Église
Somme théologique (trad. rev. Tournay)

Le Prince de ce monde est jeté dehors

Les miracles du Christ étaient ordonnés à manifester sa divinité ; or celle-ci devait rester cachée aux démons, sinon le mystère de la Passion en aurait été empêché : « S’ils avaient connu le Seigneur de gloire, ils ne l’auraient pas crucifié. » (1 Co 2,8) Il semble donc que le Christ ne devait pas faire de miracle sur les démons… Pourtant, le prophète Zacharie avait prédit ces prodiges, en s’écriant : « J’ôterai du pays l’esprit impur » (Za 13,2). En effet, les miracles du Christ étaient des preuves en faveur de la foi qu’il enseignait. Or, par la puissance de sa divinité ne devait-il pas abolir dans les hommes qui allaient croire en lui le pouvoir des démons, selon le mot de saint Jean : « Maintenant, le Prince de ce monde est jeté dehors » ? (Jn 12,31)

Il convenait donc qu’entre autres miracles le Christ délivre des démons les hommes qui en étaient possédés… Par ailleurs, écrit saint Augustin, « le Christ s’est fait connaître aux démons pour autant qu’il l’a voulu, et il l’a voulu pour autant qu’il l’a fallu… par certains effets matériels de sa puissance ». A voir ses miracles, le démon en vint à croire par conjecture que le Christ était Fils de Dieu : « Les démons savaient qu’il était le Christ », dit saint Luc. S’ils confessaient qu’il était le Fils de Dieu, « c’était par voie de conjecture plutôt que par voie de certitude » remarque saint Bède. Quant aux miracles que le Christ a accomplis en expulsant les démons, il ne les a pas faits pour leur utilité, mais pour celle des hommes, afin qu’ils rendent gloire à Dieu. C’est pourquoi il empêchait les démons de parler de ce qui touche à sa louange. Saint Jean Chrysostome observe : « Il ne convenait pas que les démons s’arrogent la gloire du rôle des apôtres, ni qu’une langue de mensonge prêche le mystère du Christ ».

Adam et Eve (catacombe Naples)

27 janvier, 2008

Adam et Eve (catacombe Naples) dans images sacrée 04%20CATACOMBE%20ADAM%20ET%20EVE%20NAPLES%20ST%20JANVIER.

http://www.artbible.net/1T/Gen0204_2ndTale_eden/index.htm

en approfondissement pour le jour de la memoire: Le silence de Dieu

27 janvier, 2008

du site:

http://www.lamed.fr/actualite/shoah/1946.asp

Le silence de Dieu 

« Où était D.ieu en ces jours-là ? ». Telle est la question qu’a posée le pape Benoît XVI. « Pourquoi s’est-il tu ? Comment a-t-il pu permettre ce massacre interminable, comment a-t-il pu laisser triompher le mal ? » 

Nul ne peut éviter cette question à Auschwitz, vaste usine de mort dans laquelle les Nazis torturèrent, affamèrent, tuèrent et gazèrent pas moins d’un million et demi de créatures innocentes, la plupart d’entre elles juives.  » Dans un lieu comme celui-là, on ne trouve pas ses mots,  » a affirmé le pape,  » au fond, seul un silence rempli de stupeur peut régner, un silence qui est un cri intérieur vers Dieu : pourquoi es-tu resté silencieux, Seigneur ? «  

Les comptes rendus parus dans la presse ont particulièrement insisté sur cette question. Tous ont noté que l’homme qui l’a formulée, fut, ainsi qu’il l’a reconnu,  » un enfant du peuple allemand. « 

Nul n’a pu ignorer l’intense portée historique que constituait le pèlerinage d’un pape allemand en Pologne, suppliant D.ieu de donner des réponses, dans cet abattoir où, il y a tout juste 60 ans, et ce en battant tous les records précédents, les Allemands répandirent le sang des Juifs à profusion.  

Cependant, certains commentateurs ont accusé Benoît XVI d’avoir éluder le problème de l’antisémitisme. Le directeur national de la Anti-Defamation League (la Ligue contre la diffamation) a déclaré que le pape  » n’avait prononcé aucun mot au sujet de l’antisémitisme, ni reconnu explicitement que des vies de Juifs avaient été annihilées simplement parce qu’ils étaient juifs.  » Dans son journal, l’association américano-canadienne National Catholic Register rapporte qu’ » il n’a fait aucune référence à l’antisémitisme moderne. «  

 
   
 

En vérité, le pape n’a pas seulement reconnu la réalité de la haine contre les Juifs, mais il a expliqué la pathologie qui la sous-tend. D’après lui, ce qui anime les antisémites, c’est une hostilité non pas juste à l’égard des Juifs mais aussi envers le message de morale divine que ceux-ci furent les premiers à apporter au monde. 

 » En leur for intérieur, ces criminels pervers  » ? C’est Hitler et ses partisans que le pape désigne ?  » voulaient, en anéantissant ce peuple, tuer le D.ieu qui s’était adressé à Abraham, qui avait parlé sur le Sinaï et établi les principes devant servir de guide aux hommes, principes qui demeurent éternellement valables. Si, par son existence même, ce peuple demeurait le témoin du D.ieu qui avait parlé à l’humanité et qui l’avait pris en charge, alors ce D.ieu devait finalement mourir et Sa suprématie n’appartenir qu’à l’homme? à ceux qui considéraient que, par la force, ils avaient réussi à devenir les maîtres du monde. «  

Le but ultime des Nazis, selon Benoît XVI, c’était d’extirper la moralité chrétienne en en arrachant les racines juives et en la remplaçant par  » une foi de leur propre invention : foi dans le gouvernement de l’homme, le gouvernement de la force.  » Hitler savait que sa volonté de pouvoir n’avait de possibilité de réussir que s’il détruisait tout d’abord les valeurs judéo-chrétiennes. Dans le Reich de mille ans, D.ieu et Son code de morale seraient liquidés. L’homme, délivré de la conscience, régnerait à Sa place. C’est là une des tentations les plus anciennes et Auschwitz fut un moyen d’y accéder.  

 » Où était D.ieu en ces jours-là ?  » a demandé le pape. Comment un Créateur juste et affectueux a-t-Il pu permettre qu’une suite sans fin de cargaisons humaines soit transportée à Auschwitz pour y être massacrées ? Mais pourquoi ne poser cette question qu’au sujet d’Auschwitz ? Après tout, où était D.ieu dans le Goulag ? Où était D.ieu lorsque les Khmers rouges exterminèrent un million sept cent mille Cambodgiens ? Où était D.ieu durant le génocide arménien ? Où était D.ieu au Rwanda ? Où est D.ieu dans le Darfour ?

 

D’ailleurs, où est D.ieu lorsque même une seule victime innocente est assassinée, violée ou torturée ? 

 
   

Bien que le pape ne l’ait pas dit aussi clairement, la réponse est que la liberté n’existerait pas dans un monde où D.ieu interviendrait constamment pour empêcher la cruauté et la violence – et la vie sans liberté n’aurait pas de sens. D.ieu accorde aux être humains le pouvoir de distinguer le bien du mal. Certains choisissent d’aider leurs prochains ; d’autres préfèrent leur faire du mal. Dans l’Europe nazie, il y eut ceux qui conduisirent les Juifs dans les chambres à gaz et ceux qui risquèrent leur vie en les dissimulant à la Gestapo.  

Le D.ieu  » qui parla sur le mont Sinaï  » ne s’adressait pas à des anges ou à des robots qui ne pouvaient rien faire de mauvais même s’ils le voulaient. Il parla à des personnes réelles qui avaient la possibilité de faire des choix réels avec des conséquences réelles provenant de ces choix. Auschwitz, ce n’est pas de la faute de D.ieu. Ce n’est pas Lui qui l’a construit. Et ce n’est qu’en transformant en marionnettes ceux qui le bâtirent et qui avaient donc toute liberté d’action, qu’Il aurait pu les empêcher de perpétrer leurs crimes horribles. 

Ce n’est pas D.ieu qui a échoué pendant la Shoah ou dans le Goulag ou le 11 septembre ou en Bosnie. Ce n’est pas D.ieu qui échoue quand des êtres humains se comportent de manière barbare envers leurs semblables. Auschwitz n’arrive pas parce que le D.ieu qui a dit :  » Ne tue pas  » et  » Tu aimeras ton prochain comme toi-même  » est silencieux. Auschwitz survient lorsque les hommes et les femmes refusent d’entendre. 

Traduction et adaptation de Claude Krasetzki 

L’avenir du christianisme en occident, selon Mgr Bruno Forte

27 janvier, 2008

27-01-2008, du site:

http://www.zenit.org/article-17133?l=french 

L’avenir du christianisme en occident, selon Mgr Bruno Forte

Rencontre-débat du 24 janvier à Rome

ROME, Dimanche 27 janvier 2008 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de l’intervention de Mgr Bruno Forte, archevêque de Chieti-Vasto, à la rencontre-débat « Quel avenir pour le christianisme en Occident » organisée le jeudi 24 janvier au Centre culturel Saint-Louis de France, à Rome, par le quotidien « La Croix ». La rencontre était présidée par le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. 

Quel avenir pour le christianisme ?  

par 

+ Bruno Forte 

Archevêque de Chieti-Vasto 
  

      Pendant cinq semaines, en novembre et décembre dernier, le quotidien La Croix s’est interrogé sur l’avenir du christianisme en Occident, notant les motifs d’inquiétude comme les raisons d’espérer. L’enquête offre ainsi un panorama avec lequel se confronteront utilement ceux qui ont à cœur le futur de la cause de l’Evangile, en particulier dans les pays d’ancienne tradition chrétienne. Je voudrais réfléchir à partir de ce panorama, en élargissant l’horizon pour montrer comment, de manière assez singulière, de nombreux jugements recueillis par l’enquête coïncident avec divers modèles d’interprétation de la crise de l’Occident proposés au XXe siècle. Afin de dépasser cette identification absolue du christianisme avec la culture occidentale, je voudrais m’interroger sur la tâche qui semble la plus urgente pour les chrétiens et sur les priorités qui se dessinent pour l’action pastorale de l’Eglise. Je vais alors présenter un diptyque: d’une part, le tableau « Occident et Christianisme », dédié au conflit des interprétations et à la « réserve eschatologique » de la foi; d’autre part, le tableau « priorités pour l’avenir de la conscience chrétienne », touchant les voies de la « martyria », de la « koinonia » et de la « diakonia ».  

 1. Occident et Christianisme: le conflit des interprétations et la « réserve eschatologique » de la foi  

      Le destin de l’Occident s’est prêté aux interprétations les plus diverses au cours du XXe siècle. Parmi les métaphores utilisées, plusieurs expriment un jugement tragique, comme, par exemple, celles de « déclin » et de « naufrage ». C’est Oswald Spengler qui privilégie la catégorie du « déclin ». Né en opposition à la modernité décadente, son ouvrage Le déclin de l’Occident1 en est en réalité l’extrême épigone. Il veut montrer les tendances de destruction innées de la modernité occidentale, en lisant le processus en action sous le signe d’un déclin inévitable: les deux âmes du Faust, la technique et la tragique, sont polarisées au détriment de la seconde. La volonté de pouvoir tend à sacrifier la force de vie. Selon Spengler, le changement nécessaire ne pourra être provoqué ni par la démocratie, ni par la dictature de l’argent, ni par les idéologies du progrès esclaves de la technique, comme le socialisme, mais par une tension tragique, qui ira réconcilier histoire et nature dans un nouveau début. Il n’est pas difficile de constater comment ces analyses ont pût produire de terribles fruits, liée à des lectures idéologiques et violentes, tant de droite que de gauche. 

      Bien diverse est l’origine de la métaphore du « naufrage », que Hans Blumenberg prend comme clé pour analyser la condition actuelle de l’Occident dans son ouvrage Naufrage avec spectateur2. Il part d’un texte de Lucrèce: les spectateurs, de la rive, assistent, rassurés, à un naufrage3: l’opposition entre la sécurité de la terre ferme et la mer en tempête exprime la condition classique de l’existence, où celui qui peut regarder la scène de la vie et du monde parle à partir d’un point stable. C’est cette certitude qui s’est perdu avec la modernité. « Vous êtes embarqué », a dit  Pascal4. Le naufragé est désormais lui-même spectateur: il n’y a plus de lieu stable, à partir duquel on peut se poser comme un spectateur détaché. Nous sommes nous même la vague sur laquelle nous allons à la dérive dans l’océan. La condition postmoderne, à laquelle a abouti le voyage de l’Occident, consiste à voir les naufragés nager au milieu de la mer de la vie, cherchant à construire un radeau sur lequel se réfugier. 

      Les modèles interprétatifs de la crise de l’Occident, que je viens de rappeler, présentent une convergence très forte avec beaucoup des jugements recueillis par La Croix dans son enquête sur la condition du christianisme occidental aujourd’hui: si on substitue à l’idée de l’Occident celle du christianisme, la convergence saute aux yeux. Prenons quelques-uns des termes relevés par l’enquête à propos du présent et de l’avenir de l’aventure chrétienne: « déclin annoncé », « pessimisme lancinant », « enfouissement », « glissement d’identité »… Comme si, pour beaucoup, occident et christianisme s’identifiaient tout court, dans leur trajectoire de grandeur et décadence. En ce sens, l’enquête accueille les lieux communs souvent présentés pour interpréter l’actualité chrétienne. Cette identification absolue est-elle juste? Et peut-on en tirer la conclusion que « déclin de l’Occident » signifie au même temps « déclin du christianisme »? Ou au contraire, la « réserve eschatologique » de la foi ne comporte-t-elle pas des surprises, non quantifiables au regard d’un jugement historique, ou d’une évaluation des processus culturels purement mondains? 

      En réalité, il est relativement aisé d’observer que c’est justement à partir de la dimension religieuse de l’existence humaine que sont nés quelques-uns des processus les plus radicaux de contestation des univers totalisants et idéologiques, qui ont occupé la scène de la modernité en Occident. Le christianisme, loin de s’identifier avec la parabole de la modernité idéologique, en a constitué plutôt la plus forte réserve critique. Ainsi, Dietrich Bonhoeffer, le théologien mort martyr du nazisme, exprime sur l’histoire de l’Occident des deux derniers siècles un jugement très pertinent pour mesurer la « différence chrétienne ». Pour lui, la faillite des idéologies devait céder la place à une véritable « décadence », où il n’y a plus de confiance dans la vérité, et on lui substitue les sophismes de la propagande. La décadence prive l’homme de la passion pour la vérité et le dépouille des motivations fortes que l’idéologie encore semblait lui offrir. C’est la victoire du nihilisme, qui permet aux hommes d’échapper à l’infinie douleur de l’évidence du rien, se fabriquant des masques, derrière lesquels se trouve le vide. Face à cette situation, Bonhoeffer propose la centralité du Dieu souffrant et l’Evangile du christianisme non religieux, dans un net contraste avec les autres réponses théologiques, à son avis encore victimes des idéologies et compromises avec les séductions de l’esprit moderne. 

      De manière analogue et dans le même contexte (Berlin, 1939), le penseur catholique Romano Guardini, contraint par le régime national-socialiste à quitter l’enseignement, développe une réflexion sur les « choses ultimes »5, témoignage extraordinaire d’ »écriture codée ». Face à une vision du monde qui présume d’embrasser l’horizon entier, le message de la foi sur les choses ultimes résiste à toute explication seulement mondaine, et se présente comme la « réserve eschatologique » qui fait office d’alarme vers toute interprétation exclusivement idéologique. La priorité donnée au Dieu personnel et transcendant, contredit l’obéissance absolue demandée au « Führer ». C’est à Dieu seul, juge de l’humanité et de l’histoire, que reviennent la confiance et l’obéissance, dans la vie comme dans la mort. Loin de décliner parallèlement au déclin de l’Occident, le christianisme pourra se régénérer dans sa nature évangélique, centrée sur la bonne nouvelle du Dieu crucifié et ressuscité pour nous. 

      Ici, les voix de Bonhoeffer et de Guardini révèlent leur force prophétique, qui en font des témoignages significatifs du rôle joué par la foi chrétienne dans le développement effectif du processus critique du XXe siècle en Occident: dans l’écart entre pouvoir et valeurs, ils n’hésitent pas à choisir la valeur, comme l’on fait les martyrs et tous ceux qui, dans l’histoire, ont opposé la résistance au pouvoir au nom de l’obéissance à Dieu. C’est le primat inaliénable du bien et du vrai, à qui aucun pouvoir de ce monde n’a le droit de substituer d’autres priorités: et si ce constat inquiétant était prophétique dans la crise européenne il y a soixante ans, il ne l’est pas moins dans la culture faible de notre inquiète postmodernité. Une postmodernité qui, avec la fin des assurances idéologiques, abandonne souvent la passion de la vérité et le sens d’un horizon plus grand, capable de fonder l’engagement pour la justice et le bien, comme la responsabilité envers les autres. Ces voix chrétiennes nous aident ainsi à cueillir l’extraordinaire valeur que le Dieu vivant et transcendant a aussi pour nous, héritier du naufrage de la culture idéologique dominante jusqu’à il y a peu, et ayant besoin d’une espérance qui puisse nous porter au-delà de nos solitudes et de nos démissions. 

      Serait-ce cela, le devoir du christianisme prochain dans la culture de l’Occident? C’est ce que semblent relever de nombreux voix de l’enquête de La Croix: « Le passage d’un christianisme transmis de génération en génération, par une sorte d’appartenance passive, à une foi de libre choix, vécue comme une démarche délibérée d’adhésion, marque aujourd’hui les pays occidentaux hier encore dits ‘de chrétienté’ » – « Par dizaines de milliers, dans la plupart des pays concernés, des adultes sont en route pour devenir chrétiens. Ils ne demandent pas le baptême pour adopter un corps de doctrines, mais pour adhérer à une personne qu’ils ont rencontrée comme vivante et source de vie dans leur existence: Jésus, découvert dans les Évangiles, à travers des chrétiens ou à l’occasion d’un moment fort de l’existence »… Le diagnostic se concentre donc sur un devoir qui concernerait chaque croyant comme l’Eglise dans son ensemble et sur lequel se joue l’avenir du christianisme en Occident: « Croire plus, croire mieux ». C’était d’ailleurs le défi fait, plus de quarante années par le concile Vatican II dans la Constitution traitant l’Eglise dans le monde contemporain Gaudium et Spes : « On peut légitimement penser que l’avenir sera entre les mains de ceux qui auront su donner aux générations de demain des raisons de vivre et d’espérer »(n. 31).  

      2. Des priorités pour l’avenir de la conscience chrétienne: « martyria » – « koinonia » – « diakonia »  

      Comment vivre et transmettre ces raisons de vivre et d’espérer? Comment croire plus et croire mieux, afin que le monde croit? Quelques priorités se profilent pour la foi chrétienne, au seuil du troisième millénaire en Occident: elles semblent émerger, en effet, de manière diverse, même de l’enquête conduite par La Croix. Avec une terminologie ancienne, je voudrais les appeler « martyrìa », « koinonìa » et « diakonìa ». 

      La voie de la « martyrìa » correspond à une exigence renouvelée de spiritualité qui émerge de notre époque. La modernité avait opposé la vérité universelle et nécessaire de la raison et la vérité contingente de la vie, favorisant ce divorce entre réflexion et spiritualité, qui avait rendu souvent le discours sur Dieu plutôt aride et intellectualiste, alors qu’au contraire la spiritualité devenait plutôt sentimentale et intimiste. L’époque post-moderne pousse à dépasser ce fossé: l’alternative que la foi oppose à l’idéologie consiste précisément dans la possibilité d’expérimenter un rapport personnel avec la Vérité, nourri par l’écoute et le dialogue avec le Dieu vivant. Loin d’apparaître comme fuite hors du monde, selon la critique des années de l’idéologie dominante, la dimension contemplative de la vie et l’expérience spirituelle semblent s’offrir comme une réserve d’humanité et d’une authentique socialité. Cela signifie que, face à la chute des grands-récits des idéologies, les croyants sont appelés à dire par leur vie qu’il y a des raisons pour vivre et vivre ensemble, et que ces raisons nous ont étés données en Jésus-Christ. Il s’agit de retourner au primat de Dieu, reconnu dans la prière et dans la vie et célébré par la liturgie. Il y a besoin de chrétiens adultes, convaincus de leur foi, experts de la vie selon l’Esprit, prêts à rendre raison de leur espérance. Sur la base de ces considérations, on peut supposer que l’avenir du christianisme sera plus « spirituellement marqué », et mystique, ou bien ne pourra contribuer à vaincre la crise et les changements du présent. Avec les mots d’André Malraux, repris par Karl Rahner: « le christianisme du XXIe siècle sera plus mystique ou ne sera pas » 

      A côté de la voie de la « martyrìa », celle de la « koinonìa » me semble tout aussi nécessaire: elle correspond à la nostalgie de l’unité que l’on voit, même dans une forme ambiguë et complexe, dans le processus de globalisation de la planète. En particulier en Europe, la désagrégation qui a suivi la chute du mur de Berlin et l’émergence violente de régionalisme et de nationalisme, défient les Eglises à se poser comme signe et instruments de réconciliation entre et au service de leur peuple. La foule de solitudes est le produit typique du nihilisme de la postmodernité: en face, les chrétiens doivent témoigner la possibilité d’être ensemble, tous responsables dans l’Église, de se vouloir communion, rendant la communauté accueillante, attractive, où l’on se sent aimé, respecté, réconcilié dans la charité. Le monde sorti du naufrage du totalitarisme idéologique a plus que jamais besoin de cette charité concrète, qui sait se faire compagnie de la vie et construire le chemin en communion. C’est dans ce contexte qu’une nouvelle attention à la catholicité se fait jour, que cela soit entendu dans la sens d’un universalisme géographique, rendu plus que jamais d’actualité par le processus de globalisation de la planète, ou d’une plénitude et totalité, inhérente à l’intégralité de la foi, et de l’actualisation pleine de la mémoire du Christ. On peut ainsi oser l’affirmation que le christianisme futur sera plus catholique – et donc pleinement de communion -, ou deviendra totalement inadapté à la proposition de l’Evangile pour le salut du monde. 

      Enfin, la « diakonìa », la charité vécue dans l’engagement pour la justice, la paix et la sauvegarde de la création, apparaît comme la troisième priorité pour le christianisme en ce début de troisième millénaire. Au regard de la globalisation, les défis de la justice sociale paraissent aujourd’hui clairement liés avec ceux des rapports internationaux de dépendance et avec la question écologique: les chrétiens, présents dans les contextes les plus divers de la planète, sont appelés à être les protagonistes privilégiés pour tenir en éveil une conscience critique attentive à défendre la qualité de la vie pour tous, à se faire la voix de ceux qui n’ont pas de voix, pour affronter les logiques égoïstes des intérêts économiques et politiques sur le plan mondial. Dans cet engagement, les croyants ne devront pas compter sur d’autres forces que celles de leur témoignage et de la vitalité de leur foi et efficacité évangélique. Le réveil d’une conscience de la responsabilité écologique apparaît tout aussi urgent, qui tienne ensemble le devoir de justice, la paix, et la sauvegarde de la création. Les chrétiens seront en somme appelés à se faire toujours plus serviteurs par amour, vivant le dépouillement de soi sans retour dans la suite de l’Abandonné, construisant un chemin en communion, solidaire envers les plus faibles, et les plus pauvres des compagnons de route. L’avenir du christianisme sera marqué par le primat de la charité, et donc de l’engagement pour la justice et la paix, ou ne sera pas. 

      Certes, ce style de partage et de solidarité comporte, sur le plan de la pensée comme celui de l’expérience vécue, la nécessité de prendre position et de dénoncer l’injustice et le péché: aimer concrètement les autres signifie aussi transformer leur forme de vie. Il s’agit dans chaque cas de mettre au premier rang, non pas l’intérêt mondain ou le calcul politique, mais l’engagement exclusif pour la vérité du Christ et sa justice; il s’agit de donner sa vie au nom de cela, en la mettant en jeu par son témoignage, si nécessaire même en portant la croix, cherchant toujours avec tous la voie en communion. La foi vécue et pensée des chrétiens doit avoir l’audace des idées et des gestes significatifs et non équivoques, vécus en suivant l’Abandonné de la Croix: le christianisme du troisième millénaire sera plus crédible dans le témoignage de la foi, de la charité et de l’espérance, ou bien il ne parlera pas au cœur des naufragés de l’époque moderne en Occident, qui restent, malgré tout, à la recherche du sens perdu, capable de donner saveur à la vie et à l’histoire, comme le Christ dans son amour crucifié a su faire pour chacun, pour tous…  

27 JANVIER JOUR DE LA MEMOIRE: JEAN MARIE LUSTIGER PARLE DE LA SHOAH

27 janvier, 2008

du site:

http://www.cardinalrating.com/cardinal_54__article_680.htm  

Le cardinal Lustiger parle de la Shoah 

Jan 28, 2005 


L’archevêque de Paris représentera Jean-Paul II aux commémorations de la libération du camp d’Auschwitz. Il s’est expliqué sur le sens de cette «mission»

Le cardinal Lustiger ne voulait plus retourner à Auschwitz. Lui qui s’y était rendu en 1983, en compagnie de Mgr Albert Decourtray, ancien archevêque de Lyon, ne souhaitait plus revenir sur «ce lieu de mort». Là même où sa mère, et plus d’une trentaine de membres de sa famille paternelle, ont été assassinés.

À Auschwitz pourtant, l’archevêque de Paris sera bien présent, jeudi 27 janvier. Parce que «le Pape le lui a demandé». Parce qu’il doit le représenter aux commémorations du 60e anniversaire de la libération du camp d’extermination. C’est ainsi que Jean-Marie Lustiger situe le cadre de ce qu’il appelle sa «mission».

Il ne se rendra pas à Auschwitz à titre personnel – «je ne suis pas un ancien déporté», glisse-t-il avec pudeur, «même si je fais partie de ceux qui auraient dû, auraient pu être embarqués» – mais comme responsable, avec d’autres, des hommes croyants et des hommes incroyants. Par devoir. Pour «qu’on ne se trompe pas sur l’importance de cet anniversaire».

Mgr Lustiger veut souligner la portée universelle de la Shoah
Dès vendredi 21 janvier, devant quelques journalistes, il s’est attelé à ce travail d’explicitation et de mémoire. L’archevêque de Paris a déjà plus d’une fois évoqué la singularité de la Shoah, mais cette fois-ci, c’est sa portée universelle qu’il a tenu à souligner.

Face à «au moins trois entreprises de falsification de la réalité de l’extermination» – la première par les nazis eux-mêmes, la seconde par le régime stalinien, et la troisième par les révisionnistes occidentaux –, il lui paraît urgent de bien prendre la mesure de l’événement, pour l’humanité tout entière. La Shoah est certes d’abord l’affaire du peuple juif, estime-t-il. Mais elle est aussi celle des bourreaux. Et au-delà encore, elle concerne «l’ensemble de l’humanité».

La Shoah, c’est «l’extermination technique, moderne, délibérée d’un peuple, souligne le cardinal. Elle est le symptôme décisif, singulier, unique en son genre, de ce qu’est capable de faire l’humanité, quand elle déraisonne et met au service de la folie sa puissance.» La Shoah montre jusqu’où peut aller la folie humaine, et il faut que les générations à venir soient éduquées à cette responsabilité. Non comme une culpabilité, mais comme une «mise en garde».

À son ton devenu brusquement plus grave, on sent combien la question préoccupe le cardinal : «Comment graver dans les consciences des générations à venir qu’ils ont à gérer leur liberté pour qu’elle ne soit pas folle ?», s’interroge-t-il.

Universelle, la Shoah l’est aussi par ceux qu’elle a voulu exterminer, poursuit Mgr Lustiger : il n’y a aucune explication sociale, économique, démographique, culturelle à une telle volonté de supprimer le peuple juif. Si ce peuple a été tué, développe Mgr Lustiger reprenant là une idée qui lui est chère, c’est parce qu’il est porteur de cette loi morale fondamentale que sont les dix commandements (les droits de l’homme). C’est en ce qu’il est porteur de l’idée d’une transcendance que l’athéisme peut nier «mais dont toute personne humaine de la civilisation occidentale porte la trace, ne serait-ce que dans son histoire».

On a voulu «tuer le messager pour supprimer le message»
La loi nazie était une loi de prétention divine, analyse l’archevêque de Paris. Avec le peuple juif, il «s’agissait de tuer le témoin». De «tuer le messager pour supprimer le message». En cela aussi, la portée d’Auschwitz est universelle, conclut le cardinal : « Auschwitz dévoile ce que nous refusons de voir dans tous les malheurs, toutes les tragédies humaines, les massacres et les guerres : tous relèvent du même mépris de l’homme. Cet homme qui est, pour les croyants, l’image de la représentation de Dieu.»

Et ici, la Shoah peut servir de clé de lecture pour lire les autres événements qui touchent l’homme, souligne Jean-Marie Lustiger. Elle reste, par sa dimension religieuse et technique, à la cime des destructions humaines, l’événement qui permet de voir le défi posé à l’humanité. Avec la disparition progressive des derniers témoins, observe encore le responsable du diocèse de Paris, «nous allons passer du souvenir à l’histoire».

Il y a urgence à comprendre cette histoire, estime le cardinal. D’où l’utilité de tous ces témoignages de rescapés dont sont emplis les journaux depuis une semaine. D’où l’importance, aux yeux du cardinal, de la commémoration du 60e anniversaire de la libération d’Auschwitz. 

bonne nuit

27 janvier, 2008

bonne nuit dans image bon nuit, jour, dimanche etc. Helleborus%20x%20hybridus%20Ballards%20Group%20from%20the%20side

Helleborus x hybridus

http://www.mygarden.me.uk/march05.htm

« Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent »

27 janvier, 2008

du site: 

http://levangileauquotidien.org/

Philoxène de Mabboug (?-vers 523), évêque en Syrie
Homélie 4, 77s (trad. SC 44, p. 95 ; rev. Brésard, Année C, p. 256)

« Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent »

De même que l’oeil sain et pur reçoit le rayon lumineux qui lui est envoyé, ainsi l’oeil de la foi, avec la pupille de la simplicité, reconnaît la voix de Dieu aussitôt que l’homme l’entend. La lumière émanant de sa parole se lève en lui, il se lance joyeusement au-devant d’elle et il la reçoit, comme l’a dit notre Seigneur dans son Évangile : « Mes brebis entendent ma voix et elles me suivent » (Jn 10,27)…

C’est avec cette pureté et cette simplicité que les apôtres ont suivi la parole du Christ. Le monde n’a pas pu les empêcher, ni les habitudes humaines les retenir, ni aucun des biens qui passent pour être quelque chose dans le monde les entraver. Ces âmes avaient senti Dieu et vivaient de la foi, et chez de telles âmes, rien dans le monde ne peut l’emporter sur la parole de Dieu. Celle-ci est faible dans les âmes mortes ; c’est parce que l’âme est morte que, de puissante, la Parole devient faible et que l’enseignement de Dieu, de valide, devient sans force chez elles. Car toute l’activité de l’homme se porte là où il vit ; celui qui vit pour le monde met au service du monde ses pensées et ses sens, tandis que celui qui vit pour Dieu se tourne vers ses commandements puissants dans toutes ses actions.

Tous ceux qui ont été appelés ont obéi sur-le-champ à la voix qui les appelait lorsque le poids de l’amour des choses terrestres n’était pas suspendu à leur âme. Car les liens du monde sont un poids pour l’intelligence et les pensées, et ceux qui en sont liés et entravés entendent difficilement la voix de Dieu qui les appelle. Mais les apôtres et, avant eux, les justes et les pères n’étaient pas ainsi ; ils ont obéi comme des vivants, et ils sont sortis légers, parce que rien du monde ne les liait de son poids. Rien ne peut lier et entraver l’âme qui sent Dieu ; elle est ouverte et prête, en sorte que la lumière de la voix divine la trouve en état de la recevoir chaque fois qu’elle vient.

Sts Timothée et Tite, évêques, compagnons de saint Paul

26 janvier, 2008

Sts Timothée et Tite, évêques, compagnons de saint Paul  dans saints

 dans saints

http://santiebeati.it/index.html

12345...17