Archive pour le 5 janvier, 2008
Jacopone de Todi : Noël : Nativité
5 janvier, 2008du site:
http://users.skynet.be/prier/textes/PR0781.HTM
Noël : Nativité
Auteur : Jacopone de Todi (12ème siècle)
Dis, douce Marie, avec quel tendre amour,
tu regardais ton Enfant Jésus-Christ, mon Dieu.
Lorsque tu l’eus mis au monde sans douleur,
la première chose, je crois bien, que tu fis,
ce fut de l’adorer, ô pleine de grâce.
Puis sur le foin, dans la crèche,tu le posas,
de quelques pauvres langes l’emmaillota,
tout émerveillée et joyeuse, je crois.
Oh quelle grande joie tu avais et quel bien
quand tu le tenais dans tes bras maternels !
Dis-le moi, car peut-être il convient
que par une pitié un peu tu me satisfasses.
Tu mettais alors des baisers sur sa face,
n’est-ce pas, et tu disais : ô mon enfant !
Tantôt mon enfant, tantôt Père et Seigneur,
tantôt Dieu, tantôt Jésus tu le nommais.
O quel doux amour tu sentais dans ton coeur,
quand dans ton giron, serré, tu l’allaitais.
Que de gestes doux, pleins d’amour adorable
tu voyais, étant avec ton doux enfant.
Anselm Grün: L’Épiphanie
5 janvier, 2008du site:
http://www.spiritualite2000.com/page.php?idpage=1258
L’Épiphanie
Anselm Grün
Anselm Grün, moine bénédictin, est abbé du monastère de Münsterscharzach en Allemagne. Docteur en théologie et psychologie, il est accompagnateur spirituel. Ses livres connaissent un grand succès en Europe. Plusieurs ont été traduits en français.
Au lieu de celle du petit enfant soleil, les chrétiens ont célébré la naissance du véritable soleil, de Jésus, né lui aussi dans une grotte, à Bethléem.
Pour les Grecs, l’Épiphanie était le jour anniversaire de la naissance du dieu; pour les chrétiens l’incarnation du Christ est la plus haute épiphanie qui puisse se concevoir.
Peut-être l’Église primitive a-t-elle aussi voulu donner une réplique à la fête grecque de Dionysos. Dionysos était le dieu de l’ivresse. La veille de sa fête, dans la nuit du 5 au 6 janvier, on plaçait dans son temple trois cruches remplies d’eau, que l’on retrouvait au matin pleines de vin. Lors de la fête de l’Épiphanie, l’Église primitive n’évoquait pas seulement les Mages venus adorer l’Enfant divin, mais aussi le baptême de Jésus et les noces de Cana. La triple manifestation de la majesté de Dieu : face au monde entier (l’adoration des Mages), dans les éléments de la Création (le baptême de Jésus dans le Jourdain) et dans l’amour humain (les noces de Cana) répondait à la nostalgie des Grecs telle qu’elle s’exprimait dans leur philosophie, leur culte du dieu solaire, Aion, et celui de Dionysos.
Dionysos représente l’ivresse qui vise à nous élever au-dessus de la sphère terrestre et à donner à notre vie un goût nouveau et plus fort, ce que Dieu réalise en se faisant homme; l’eau de la vie humaine se change en vin. L’Église primitive a repris à son compte la nostalgie de la religion grecque, elle a annoncé et fêté la naissance de Jésus de telle façon que les hommes, à l’époque, ont senti qu’en ce Jésus de Nazareth leur désir le plus profond était comblé. Le culte de Dionysos voulait établir un lien entre l’esprit et le corps, entre la mystique et l’Éros. En la personne de Jésus, Dieu a célébré ses noces avec nous, il s’est lié à nous pour toujours. Quand le culte de Dionysos dégénéra, devenant trop effréné, trop barbare, il fut remplacé par celui d’Orphée, le divin chanteur que l’Église primitive a considéré comme un prototype du Christ. Quand Orphée chantait, le tigre et le lion, le loup et l’agneau se couchaient, paisibles, à côté de lui pour l’écouter. En Jésus, cette promesse du paradis est devenue réalité; le boeuf et l’âne sont là, devant sa crèche. Jésus chante le nouveau chant de l’amour, qui promet à l’être humain déchiré la réconciliation entre l’amour et la sexualité, entre l’esprit et la pulsion, entre Dieu et l’homme.
Les textes tardifs du Nouveau Testament présentent déjà l’Incarnation de Jésus-Christ comme une épiphanie. Dans son Épître à Tite (2,11), Paul dit que « la grâce de Dieu [est] source de salut pour tous les hommes ». L’amour de Dieu s’est rendu visible en Jésus-Christ. Seul peut nous toucher et nous transformer ce qui se manifeste à nos sens; les paroles qui ne s’adressent qu’à la pensée n’ont pas le pouvoir de nous délivrer à tous les niveaux de notre être. Pour qu’il nous soit donné de nous éprouver comme des hommes nouveaux, la majesté de Dieu doit se rendre visible. L’Épître à Tite sait même décrire le mystère de la Nativité comme l’apparition de « la bonté de Dieu notre Sauveur et [de] son amour pour les hommes [humanitas] » (3,4). Cette phrase a touché au plus profond le philosophe catholique Péter Wust; destitué par les nazis, malade, mourant, il l’a reprise dans un message de Noël adressé à ses étudiants. Au plus profond de l’inhumanité du Troisième Reich, il puisait sa consolation dans l’idée que la naissance du Christ avait rendu visible la véritable humanité, l’humanité idéale de Dieu lui-même; il était convaincu que cette humanité s’imposerait contre toutes les violences, extérieures et intérieures.
À l’Épiphanie, nous célébrons la manifestation de la majesté de Dieu dans notre chair. Lors d’un exercice de méditation, nous avons pris à la lettre cette célébration ; tout un Jour durant, nous l’avons méditée, et nous avons cherché à sentir, en pratiquant des exercices corporels, le sens de ce fait : la majesté de Dieu se manifeste dans ma chair ; mon corps est le lieu où son éclat devient visible ici-bas, sur cette terre. Quelle expérience fais-je de moi-même, s’il est vrai qu’à travers ce corps. Source de tant de souffrances, c’est la beauté lumineuse de Dieu qui apparaît ? De quel oeil vois-je mes frères et mes sœurs, si je crois qu’en eux c’est la visage même de Dieu qui rayonne pour moi ? Dans son livre Ich hörte auf die Stille (littéralement : « J’ai prêté l’oreille au silence »), Henri Nouwen rapporte que son abbé lui donna comme thème de méditation, pour des journées entières, ces mots : « Je suis la majesté de Dieu », afin qu’il apprît qui il était dans sa vérité. De même, cette fête de l’apparition de la majesté divine dans la chair vise à te faire découvrir, à toi qui me lis, le mystère de ton propre corps, le vrai sens de l’antique commandement de la philosophie grecque : « Connais-toi toi-même ! » Tu te connaîtras toi-même si tu trouve Dieu en toi, et si tu te trouves en Dieu. Tu accéderas à la véritable humanité si ta chair, devenant un lieu de l’Épiphanie, fait rayonner la majesté de Dieu.
Grün¸ Anselm, Petite méditation sur les fêtes de Noël, traduit de l’allemand par Claude Maillard, Albin Michel, Partis, 1999.
SERMON DE SAINT AUGUSTIN POUR NOËL : Nous serons rassasiés par la vision du Verbe
5 janvier, 2008de mon bréviaire Office des Lecture de ce matin, second lecture:
SERMON DE SAINT AUGUSTIN POUR NOËL
(Disc. 194, 3-4; Pl 38, 1016-1017)
Nous serons rassasiés par la vision du Verbe
Qui donc, parmi les hommes, connaît tous les trésors de sagesse et de science cachés dans le Christ, et enfouis dans la pauvreté de sa chair? Car lui qui est riche est devenu pauvre à cause de nous, pour que nous devenions riches par sa pauvreté. Puisqu’il venait pour endosser la condition mortelle et pour terrasser la mort elle-même, il s’est infiltré dans l’état de pauvre; mais lui qui nous a promis des richesses lointaines n’a pas réellement perdu celles dont il s’est éloigné.
Comme ils sont surabondants, ses bienfaits! Il les tient en réserve pour ceux qui le craignent, il en comble ceux qui espèrent en lui!
Car notre connaissance est partielle, jusqu’à ce que vienne l’achèvement. Afin que nous devenions capables de le saisir, celui qui est égal au Père comme ayant la nature de Dieu est devenu semblable à nous en prenant la nature du serviteur, et il nous recrée à la ressemblance de Dieu.
Devenu fils d’homme, l’unique Fils de Dieu transforme de nombreux hommes en fils de Dieu. Et après avoir nourri les serviteurs par sa nature visible de serviteur, il les rend libres pour qu’ils puissent contempler la nature de Dieu.
Car nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons ne paraît pas encore clairement. Nous le savons, lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est. En quoi consistent, en effet, ces trésors de sagesse et de science, ces richesses divines? Tout ce que nous savons, c’est qu’ils nous suffisent pleinement. Et cette surabondance de ses bienfaits? Tout ce que nous savons, c’est qu’elle nous rassasie. Montre-nous le Père, donc, et cela nous suffit.
Et dans les psaumes, l’un d’entre nous, l’un de ceux qui sont en nous ou parlent de nous, dit au Seigneur: Je serai rassasié lorsque se manifestera ta gloire. Lui-même et le Père ne sont qu’ un, et celui qui le voit voit aussi le Père. Donc le Seigneur de l’univers, c’est lui, le Roi de gloire. Nous faisant revenir, il nous montrera son visage; nous serons sauvés, nous serons rassasiés, et cela nous suffira.
En attendant que réellement il nous montre ce qui nous suffit, en attendant de boire à cette source de vie et d’être rassasiés, tandis que nous progressons par la foi en voyageant loin de lui, tandis que nous avons faim et soif de la justice, et que nous désirons d’une ardeur inexprimable contempler la beauté de la nature divine, célébrons avec ferveur le jour de sa naissance, où il prend la nature de serviteur.
Puisque nous ne pouvons pas encore contempler sa génération par le Père dès l’aurore, célébrons sa naissance d’une vierge, aux heures de la nuit. Puisque nous ne saisissons pas encore que son nom existait avant le soleil, reconnaissons qu’il a posé sa tente dans le soleil. Puisque notre regard ne découvre pas encore le Fils unique demeurant en son Père, souvenons-nous de l’Epoux sortant de la chambre nuptiale. Puisque nous ne sommes pas encore capables de savourer le banquet de notre Père reconnaissons la crèche de notre Seigneur Jésus Christ.
bonne nuit
5 janvier, 2008http://levangileauquotidien.org/
5 janvier, 2008du site:
http://levangileauquotidien.org/
Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermons sur St Jean, n° 7
« Quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu »
Nathanaël était assis sous un figuier, comme à l’ombre de la mort. Et c’est là où le Seigneur l’a vu, lui dont il est dit : « La lumière s’est levée sur ceux qui étaient assis à l’ombre de la mort » (Is 9,2). Qu’a-t-il donc dit à Nathanaël ? Tu me demandes comment je t’ai connu ? Tu me parles en ce moment, parce que tu as été appelé par Philippe. Mais avant que son apôtre l’appelle, Jésus avait déjà vu qu’il faisait partie de son Eglise. Toi, Eglise chrétienne, véritable fils d’Israël…, toi aussi tu connais maintenant Jésus Christ par les apôtres, comme Nathanaël a connu Jésus Christ par Philippe. Mais sa miséricorde t’a découvert avant que tu aies pu le connaître, lorsque tu étais étendu, accablé sous le poids de tes péchés.
Est-ce nous, en effet, qui avons cherché Jésus Christ les premiers ? N’est-ce pas lui au contraire qui nous a cherchés le premier ? Est-ce nous, pauvres malades, qui sommes venus au-devant du médecin ? N’est-ce pas plutôt le médecin qui est venu trouver les malades ? Est-ce que la brebis ne s’était pas égarée avant que le pasteur, laissant les quatre-vingt-dix-neuf autres, se soit mis à sa recherche, l’ait trouvée et rapportée plein de joie sur ses épaules ? (Lc 15,4). La pièce d’argent n’était-elle pas perdue avant que la femme allume une lampe et la cherche dans toute sa maison jusqu’à ce qu’elle l’ait trouvée ? (Lc 15,8)… Notre pasteur a retrouvé sa brebis, mais il a commencé par la chercher ; comme cette femme, il a retrouvé sa pièce d’argent, mais seulement après l’avoir cherchée. Nous avons donc été cherchés, et c’est seulement après avoir été trouvés que nous pouvons parler ; loin de nous donc tout sentiment d’orgueil. Nous étions perdus sans retour, si Dieu ne nous avait pas cherchés pour nous retrouver