Archive pour décembre, 2007
« Tu as fait resplendir cette nuit des clartés de la vraie lumière » (Prière d’ouverture de la messe)
24 décembre, 2007Julien de Vézelay (vers 1080-vers 1160), moine bénédictin
1er sermon pour Noël (trad. SC 192, p. 45s ; cf Delhougne, Le Pères commentent)
« Tu as fait resplendir cette nuit des clartés de la vraie lumière » (Prière d’ouverture de la messe)
« Un silence paisible enveloppait toute chose, et la nuit était au milieu de son cours rapide. Alors ta Parole toute-puissante, Seigneur, est venue de ton trône royal » (Sg 18,14-15). Ce texte de l’Écriture désigne le temps très saint où la Parole toute-puissante de Dieu est venue jusqu’à nous pour nous parler de notre salut. Partant du secret le plus intime du Père, elle est descendue dans le sein d’une mère… La Parole de Dieu vient donc à nous de son trône royal ; elle s’abaisse pour nous élever ; elle s’appauvrit pour nous enrichir ; elle se fait homme pour nous diviniser.
Cette Parole avait dit : Que le monde soit, et le monde a été fait ; elle avait dit : Que l’homme soit, et l’homme a été fait. Mais ce qu’elle avait créé, la Parole ne l’a pas recréé aussi facilement. Elle a créé par son commandement, mais elle a recréé par sa mort. Elle a créé en commandant, mais elle a recréé en souffrant. « Vous m’avez donné bien de la peine », dit-elle (cf Ml 2,17). L’univers, dans toute sa complexité, ne m’a donné aucune peine pour l’organiser et le gouverner, car « je déploie ma vigueur d’un bout du monde à l’autre et je gouverne l’univers avec douceur » (Sg 8,1). Seul l’homme, violateur de ma loi, m’a donné de la peine, avec ses péchés. C’est pourquoi, venant du trône céleste, je n’ai pas refusé de me renfermer dans le sein d’une vierge et de m’unir en une seule personne avec l’humanité déchue. Dès ma naissance on m’enveloppe de langes, on me couche dans une mangeoire parce qu’il n’y a pas de place à l’auberge pour le Créateur du monde…
Toutes choses étaient plongées au milieu du silence, c’est-à-dire entre les prophètes qui ne parlaient plus et les apôtres qui parleront plus tard… Que la parole du Seigneur vienne encore maintenant vers ceux qui font silence. Ecoutons ce que le Seigneur nous dit au fond de nous-mêmes. Que les mouvements et les cris malencontreux de notre chair se taisent, que les images désordonnées de notre spectacle intérieur fassent silence, pour que nos oreilles attentives écoutent librement ce que dit l’Esprit, pour qu’elles écoutent la voix qui est au-dessus du firmament.
Noël
23 décembre, 2007Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus : Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus
23 décembre, 2007du site:
http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/carmel/thereseenfj/poesies3/064.htm#001
Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus
L’Ange de l’Enfant Jésus (1),
à genoux près de la Crèche, tenant un encensoir et des roses
Air: Tombé du nid.
O Verbe-Dieu! gloire du Père !
Je te contemplais dans le ciel ;
Maintenant je vois sur la terre
Le Très-Haut devenu mortel
Enfant, dont la lumière inondeLes Anges du brillant s
éjour,Jésus, tu viens sauver le monde,
Qui donc comprendra ton amour ?
O Dieu dans les langes,
Tu ravis les Anges !
Verbe fait enfant,
Vers toi, je m’incline en tremblant.
Qui donc comprendra ce mystère
Un Dieu se fait petit enfant ?
Il vient s’exiler sur la terre,
Lui, l’Eternel, le Tout-Puissant !
Divin Jésus, beauté suprême,
Je veux répondre à ton amourPour t
émoigner combien je t’aime,
Je te veillerai nuit et jour.
L’éclat de tes langes
Attire les Anges ;
Verbe fait enfant,
Vers toi, je m’incline en tremblant.
1 Rôle rempli par la Bienheureuse Thérèse de l’Enfant-Jésus.
Depuis que ce séjour de larmesPoss
ède le Roi des élus,
Pour moi, les cieux n’ont plus de charmes,
Et j’ai volé vers toi, Jésus !
Je veux te couvrir de mes ailes,
Te suivre partout ici-bas;
Et toutes les fleurs les plus belles,
Je les sèmerai sous tes pas.Je veux d’une étoile brillante,
Enfant, te former un berceau ;
Et, de la neige éblouissante,
Te faire un gracieux rideau.
Je veux, des lointaines montagnes,
Abaisser pour toi les hauteurs ;
Je veux que pour toi les campagnes
Produisent de célestes fleurs.
De Dieu, la fleur est le sourire ;
Elle est l’écho lointain du ciel,
Le son fugitif de la lyre
Que tient en sa main l’Eternel.
Cette note mélodieuse
De la bonté du CréateurVeut, de sa voix myst
érieuse,
Glorifier le Dieu Sauveur.
Douce mélodie,
Suave harmonie,
Silence des fleurs,
D’un Dieu vous chantez les grandeurs!
Je sais que tes chères amies,
Jésus, sont les vivantes fleurs…Tu viens des c
élestes prairies
Pour chercher les âmes, tes soeurs.Une
âme est la fleur embaumée,
Enfant, que tu voudrais cueillir;
Ta petite main l’a semée
Et pour elle tu veux mourir !
Mystère ineffable !
Le Verbe adorable
Versera des pleurs
En cueillant sa moisson de fleurs !
bonne nuit e bonne dimanche
23 décembre, 2007« On lui donnera le nom d’Emmanuel »
23 décembre, 2007Aelred de Rielvaux (1110-1167), moine cistercien
Sermon pour l’Annonciation (trad. cf. Solesmes, Lectionnaire, t.1, p. 395)
« On lui donnera le nom d’Emmanuel »
« Emmanuel, qui se traduit ‘ Dieu-avec-nous ’ ». Oui, Dieu avec nous ! Jusqu’alors, il était « Dieu au-dessus de nous », « Dieu en face de nous », mais aujourd’hui il est « Emmanuel ». Aujourd’hui il est Dieu avec nous dans notre nature, avec nous dans sa grâce ; avec nous dans notre faiblesse, avec nous dans sa bonté ; avec nous dans notre misère, avec nous dans sa miséricorde ; avec nous par amour, avec nous par lien de famille, avec nous par tendresse, avec nous par compassion…
Dieu avec nous! Vous n’avez pas pu, vous les fils d’Adam, monter au ciel pour être avec Dieu ; Dieu descend du ciel pour être Emmanuel, Dieu-avec-nous. Il vient chez nous pour être Emmanuel, Dieu-avec-nous, et nous, nous négligeons de venir à Dieu pour être en lui ! « Vous, humains, jusqu’où votre coeur sera-t-il engourdi ? Pourquoi aimez-vous le néant et cherchez-vous le mensonge ? » (Ps 4,3) Voici venue la vérité ; « pourquoi aimer le néant et chercher le mensonge ? » Voici venue la parole vraie et inaltérable ; « pourquoi chercher le mensonge ? » Voici Emmanuel, voici Dieu-avec-nous.
Comment pourrait-il être davantage avec moi ? Petit comme moi, faible comme moi, nu comme moi, pauvre comme moi — en tout, il est devenu semblable à moi, prenant ce qui est mien et donnant ce qui est sien. Je gisais mort, sans voix, sans sens ; la lumière même de mes yeux n’était plus avec moi. Il est descendu aujourd’hui, cet homme si grand, « ce prophète puissant en oeuvres et en paroles » (Lc 24,19). « Il a posé sa face sur ma face, sa bouche sur ma bouche, ses mains sur mes mains » (2R 4,34) et il s’est fait Emmanuel, Dieu-avec-nous !
Noël
22 décembre, 2007Office Central de Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus : A l’Enfant Jésus
22 décembre, 2007du site:
http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/carmel/thereseenfj/poesies1/038.htm
Office Central de Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus
A l’Enfant Jésus.
Jésus, tu connais mon nom,
Et ton doux regard m’appelle…
Il me dit : « Simple abandon,
Je veux guider ta nacelle. »
De ta petite voix d’enfant,
Oh ! quelle merveille!
De ta petite voix d’enfant
Tu calmes le flot mugissant,
Et le vent.
Si tu veux te reposer,
Alors que l’orage gronde,
Sur mon coeur daigne poser
Ta petite tête blonde.
Que ton sourire est ravissant
Lorsque tu sommeilles!
Toujours avec mon plus doux chant,
Je veux te bercer tendrement,
Bel Enfant!
P. Cantalamessa : L’espérance fait littéralement des miracles
22 décembre, 2007du site:
http://www.zenit.org/article-16919?l=french
P. Cantalamessa : L’espérance fait littéralement des miracles
Homélie du dimanche 23 décembre
ROME, Vendredi 21 décembre 2007 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile du dimanche 23 décembre, proposé par le père Raniero Cantalamessa, OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.
Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 1, 18-24Voici quelle fut l’origine de Jésus Christ. Marie, la mère de Jésus, avait été accordée en mariage à Joseph ; or, avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint.
Joseph, son époux, qui était un homme juste, ne voulait pas la dénoncer publiquement ; il décida de la répudier en secret.
Il avait formé ce projet, lorsque l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse : l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle mettra au monde un fils, auquel tu donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
Tout cela arriva pour que s’accomplît la parole du Seigneur prononcée par le prophète : Voici que la Vierge concevra et elle mettra au monde un fils, auquel on donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ».
Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse.
© Copyright AELF – Paris – 1980 – tous droits réservésVoici quelle fut l’origine de Jésus Christ
Il y a un point commun entre les trois lectures de ce dimanche : elles parlent toutes d’une naissance : « Voici que la jeune femme est enceinte, elle enfantera un fils, et on l’appellera Emmanuel, (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous) » (1ère lecture) ; « Jésus Christ… selon la chair… est né de la race de David » (2ème lecture) ; « Voici quelle fut l’origine de Jésus Christ… » (Evangile). Nous pourrions l’appeler, le « Dimanche des naissances » !
Nous ne pouvons pas ne pas nous poser immédiatement la question : pourquoi y a-t-il aussi peu de naissances en Italie et dans d’autres pays occidentaux ? La raison principale de cette faible natalité n’est pas essentiellement économique. Sinon, les naissances devraient augmenter à mesure que l’on se rapproche des couches plus aisées de la société, ou à mesure que l’on remonte du sud vers le nord du monde, alors que nous savons que c’est exactement le contraire.
La raison de cela est plus profonde. C’est le manque d’espérance, avec ce que cela comporte : confiance dans l’avenir, élan vital, créativité, poésie et joie de vivre. Si se marier est toujours un acte de foi, mettre au monde un enfant est toujours un acte d’espérance. Rien ne se fait dans le monde sans espérance. Nous avons besoin de l’espérance comme nous avons besoin de l’oxygène pour respirer. Lorsqu’une personne est sur le point de s’évanouir on crie à ceux qui l’entourent : « Donnez-lui quelque chose de fort à respirer ! ». On devrait faire la même chose avec celui qui est sur le point de se laisser aller, de baisser les bras face à la vie : « Donnez-lui une raison d’espérer ! ». Lorsque dans une situation humaine, l’espérance renaît, tout semble différent, même si en réalité rien n’a changé. L’espérance est une force primordiale. Elle fait littéralement des miracles.
L’Evangile a une chose essentielle à offrir au monde, en ce moment de l’histoire : l’Espérance avec un E majuscule, en tant que vertu théologale, c’est-à-dire qui a pour auteur et garant, Dieu lui-même. Les espérances terrestres (maison, travail, santé, réussite des enfants…), même si elles sont réalisées, déçoivent inexorablement s’il n’y a pas quelque chose de plus profond qui les soutienne et les élève. Regardons ce qui se passe avec la toile d’araignée. La toile d’araignée est une œuvre d’art. Elle a une symétrie, une élasticité, une fonctionnalité parfaites ; elle est bien tendue, horizontalement, de tous les côtés, par des fils. Mais elle est soutenue au centre par un fil qui vient d’en haut, le fil que l’araignée a tissé en descendant. Si l’on endommage l’un des fils latéraux, l’araignée sort, le répare rapidement et retourne à sa place. Mais si vous cassez le fil qui vient d’en haut, tout s’effondre. L’araignée sait qu’il n’y a plus rien à faire et s’éloigne. L’Espérance théologale est, pour notre vie, le fil qui vient d’en haut, celui qui soutient toute la trame de nos espérances.
En ce moment, alors que nous sentons si fortement le besoin d’espérance, la fête de Noël peut représenter une occasion pour inverser la tendance. Souvenons-nous de ce que dit un jour Jésus. « Celui qui accueille un enfant en mon nom, m’accueille ». Ceci vaut pour celui qui accueille un enfant pauvre et abandonné, pour celui qui adopte ou nourrit un enfant du tiers-monde ; mais ceci vaut avant tout pour deux parents chrétiens qui, en s’aimant, dans la foi et l’espérance, s’ouvrent à une vie nouvelle. Je suis sûr que de nombreux couples, pris d’angoisse à l’annonce d’une grossesse, auront ensuite le sentiment de pouvoir faire leurs les paroles de l’oracle d’Isaïe de Noël : « Tu as prodigué l’allégresse, tu as fait grandir la joie… un enfant nous est né, un fils nous a été donné ».
Traduit de l’italien par Gisèle Plantec