Archive pour décembre, 2007

Message de Noël Urbi et Orbi du Pape Benoît XVI

26 décembre, 2007

du site: 

http://www.radiovaticana.org/fr1/Articolo.asp?c=176038

Message de Noël Urbi et Orbi du Pape Benoît XVI 

Un jour saint est apparu pour nous. Venez tous adorer le Seigneur. Aujourd’hui une grande lumière est descendue sur la terre ».Chers Frères et Sœurs !

«Un jour saint est apparu pour nous». Un jour de grande espérance : aujourd’hui nous est né le Sauveur de l’humanité ! La naissance d’un enfant apporte normalement une lumière d’espérance à ceux qui l’attendent avec impatience. Lorsque Jésus est né dans la grotte de Bethléem, une « grande lumière » est apparue sur la terre ; une grande espérance a pénétré le cœur de ceux qui l’attendaient : « lux magna », chante la liturgie de ce jour de Noël. Ce ne fut certainement pas une « grande lumière » selon le critère de ce monde, puisque ceux qui, les premiers, la virent, furent seulement Marie, Joseph et quelques bergers, puis les Mages, le vieux Syméon, la prophétesse Anne : ceux que Dieu avaient d’avance choisis. Et pourtant, dans le secret et le silence de cette nuit sainte, s’est allumée pour tout homme une lumière splendide et sans déclin ; la grande espérance, porteuse de bonheur, est arrivée dans le monde : « Le Verbe s’est fait chair et nous avons contemplé sa gloire » (Jn 1, 14).« Dieu est lumière – affirme saint Jean – en lui point de ténèbres » (1 Jn 1, 5). Dans le livre de la Genèse nous lisons qu’à l’origine de l’univers, « la terre était informe et vide, les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme ». « Dieu dit : « Que la lumière soit ! » et la lumière fut » (Gn 1, 2-3). La Parole créatrice de Dieu – Dabar en hébreu, Verbum en latin, Logos en grec – est Lumière, source de la vie. Tout a été fait par le Logos et sans Lui rien de tout ce qui existe n’a été fait (cf. Jn 1, 3). Voilà pourquoi toutes les créatures sont fondamentalement bonnes et portent en elles l’empreinte de Dieu, une étincelle de sa lumière. Cependant, lorsque Jésus est né de la Vierge Marie, la Lumière elle-même est venue dans le monde : « Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière » proclamons-nous dans le Credo. En Jésus, Dieu a assumé ce qui n’était pas tout en restant ce qu’il était : « La toute puissance est entrée dans un corps d’enfant et ne s’est pas soustraite aux lois de l’univers » (cf. S. Augustin, Sermon 184, 1, sur Noël). Il s’est fait homme, Celui qui est le créateur de l’homme pour apporter au monde la paix. C’est pourquoi, dans la nuit de Noël, la troupe des anges chante : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes, qu’il aime » (Lc 2, 14).

« Aujourd’hui une grande lumière est descendue sur la terre». La lumière du Christ est porteuse de paix. Dans la Messe de la nuit, la liturgie eucharistique s’ouvrait justement par ce chant : « Aujourd’hui, la paix véritable vient du ciel sur notre terre » (Antienne d’ouverture). En fait, seule la « grande » lumière apparue avec le Christ peut donner aux hommes la paix « véritable » : voilà pourquoi toutes les générations sont appelées à la recevoir, à accueillir le Dieu qui, à Bethléem, s’est fait l’un de nous.

C’est cela Noël ! Événement historique et mystère d’amour qui depuis plus de deux mille ans interpelle les hommes et les femmes de tout temps et de tous lieux. C’est le jour saint où resplendit la « grande lumière » du Christ, porteuse de paix ! Il est vrai que pour la reconnaître, pour l’accueillir, il faut la foi, il faut l’humilité. L’humilité de Marie, elle qui a cru à la parole du Seigneur et qui, la première, inclinée au-dessus de la mangeoire, a adoré le Fruit de son sein ; l’humilité de Joseph, homme juste, qui eut le courage de la foi et préféra obéir à Dieu plutôt que d’avoir soin de sa réputation ; l’humilité des bergers, des pauvres bergers anonymes, qui ont accueilli l’annonce du messager céleste et sont allés en hâte vers la grotte où ils ont trouvé l’enfant qui venait de naître, et là, pleins d’étonnement, ils l’ont adoré en louant Dieu (cf. Lc 2, 15-20). Les petits, les pauvres de cœur : voilà les protagonistes de Noël, hier comme aujourd’hui ; ce sont les protagonistes de toujours dans l’histoire de Dieu, les bâtisseurs infatigables de son Royaume de justice, d’amour et de paix.

Dans le silence de la nuit de Bethléem Jésus est né et a été reçu entre des mains pleines de sollicitude. Et maintenant, en ce Noël qui est le nôtre et où continue à résonner l’annonce joyeuse de sa naissance rédemptrice, qui est prêt à lui ouvrir la porte de son cœur ? Hommes et femmes de notre temps, pour nous aussi le Christ vient apporter la lumière, pour nous aussi, il vient donner la paix ! Mais qui, dans la nuit du doute et des incertitudes, veille avec un cœur vigilant et priant ? Qui attend l’aurore du jour nouveau en tenant allumée la petite flamme de la foi ? Qui prend le temps d’écouter sa parole et de se laisser prendre et fasciner par son amour ? Oui ! Son message de paix est pour tous; c’est pour tous qu’il vient s’offrir lui-même comme espérance certaine du salut.

La lumière du Christ, qui vient illuminer tout être humain, peut enfin briller et être la consolation pour toutes les personnes qui se trouvent dans les ténèbres de la misère, de l’injustice, de la guerre ; pour les personnes dont est encore niée la légitime aspiration à une existence plus assurée, à la santé, à l’éducation, à un emploi stable, à une participation plus pleine aux responsabilités civiles et politiques, hors de toute oppression et à l’abri de conditions qui offensent la dignité humaine. Ce sont tout particulièrement les franges les plus vulnérables, les enfants, les femmes, les personnes âgées, qui sont les victimes de conflits armés sanglants, du terrorisme et des violences de toutes sortes, qui provoquent des souffrances inouïes à des populations entières. Dans le même temps, les tensions ethniques, religieuses et politiques, l’instabilité, les rivalités, les oppositions, les injustices et les discriminations, qui déchirent le tissu intérieur de nombreux pays, enveniment les relations internationales. Et dans le monde, le nombre des migrants, des réfugiés, des déplacés, va toujours croissant, à cause aussi des catastrophes naturelles, qui sont souvent la conséquence de préoccupants désastres écologiques.

En ce jour de paix, ma pensée se tourne surtout vers les lieux où résonne le bruit des armes : les terres déchirées du Darfour, la Somalie et le nord de la République démocratique du Congo, les confins de l’Érythrée et de l’Éthiopie, tout le Moyen-Orient, en particulier l’Iraq, le Liban et la Terre Sainte, ainsi que l’Afghanistan, le Pakistan et le Sri Lanka, la région des Balkans et tant d’autres situations de crise, souvent malheureusement oubliées. Que l’Enfant Jésus apporte le réconfort aux personnes qui sont dans l’épreuve et donne aux responsables des gouvernements la sagesse et le courage de rechercher et de trouver des solutions humaines, justes et durables. À la soif de sens et de valeur qui habite le monde d’aujourd’hui, à la recherche de bien-être et de paix qui marque la vie de toute l’humanité, aux attentes des pauvres, le Christ, vrai Dieu et vrai Homme, répond par sa Naissance. Que les personnes et les peuples n’aient pas peur de le reconnaître et de l’accueillir ; avec Lui, « une grande lumière » illumine l’horizon de l’humanité ; avec Lui, s’ouvre « un jour saint » qui ne connaît pas de déclin. Que ce Noël soit vraiment pour tous un jour de joie, d’espérance et de paix !

« Venez tous adorer le Seigneur ». Avec Marie, Joseph et les bergers, avec les Mages et la troupe innombrable des humbles adorateurs de l’Enfant nouveau-né qui, tout au long des siècles, ont accueilli le mystère de Noël, nous aussi, Frères et Sœurs de tous les continents, laissons la lumière de ce jour se répandre partout : qu’elle entre dans nos cœurs, qu’elle éclaire et réchauffe nos maisons, qu’elle apporte sérénité et espérance à nos cités, qu’elle donne au monde la paix ! C’est là mon vœu pour vous qui m’écoutez. Vœu qui se fait prière, humble et confiante, à l’Enfant Jésus, afin que sa lumière fasse disparaître les ténèbres de votre vie et qu’elle vous comble d’amour et de paix. Que le Seigneur, qui a fait resplendir dans le Christ son visage de miséricorde vous comble de son bonheur et vous rende messagers de sa bonté ! Bon Noël ! 

bonne nuit

26 décembre, 2007

bonne nuit dans image bon nuit, jour, dimanche etc. nativity2

voir…il est beau

26 décembre, 2007

sur le site:

http://jerusalem.cef.fr/index.html

ici:

http://jerusalem.cef.fr/pop/51creche.html

Voir le diaporama « Noël »

(document Flash – 4M)

il est vraiment beau,

Gabriella

 

Saint Etienne, le premier à suivre dans les pas du Christ

26 décembre, 2007

Saint Césaire d’Arles (470-543), moine et évêque
Sermons au peuple, n° 37 (trad. SC 243, p. 233)

Saint Etienne, le premier à suivre dans les pas du Christ

« Le Christ a souffert pour nous, vous laissant un exemple pour que vous suiviez ses pas » (1P 2,21). Quel exemple du Seigneur aurons-nous à suivre ? Est-ce celui de ressusciter les morts ? Est-ce de marcher sur la mer ? Pas du tout, mais d’être doux et humbles de coeur (Mt 11,29) et d’aimer non seulement nos amis mais même nos ennemis (Mt 5,44).

« Afin que vous suiviez ses pas », écrit saint Pierre. Le bienheureux évangéliste Jean le dit aussi : « Celui qui dit qu’il demeure dans le Christ doit marcher comme lui il a marché » (1Jn 2,6). Comment le Christ a-t-il marché? Sur la croix il a prié pour ses ennemis, en disant : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,34). Ils ont en effet perdu le sens et sont possédés d’un esprit mauvais, et alors qu’ils nous persécutent, ils souffrent du diable une plus grande persécution. C’est pourquoi nous devons prier plus pour leur délivrance que pour leur condamnation.

C’est bien ce qu’a fait le bienheureux Étienne, lui qui le premier a suivi très glorieusement les pas du Christ. Car, alors qu’il était frappé d’une grêle de pierres, il a prié debout pour lui-même ; mais pour ses ennemis, s’étant mis à genoux, il s’est écrié de toutes ses forces : « Seigneur Jésus Christ, ne leur impute pas ce péché » (Ac 7,60). Donc, si nous pensons que nous ne pouvons pas imiter notre Seigneur, imitons au moins celui qui était son serviteur comme nous.

Noël 2007

25 décembre, 2007

Noël 2007 dans Noël 2007 - Epiphanie 2008

http://santiebeati.it/immagini/?mode=view&album=20650&pic=20650AH.JPG&dispsize=Original&start=20

MESSE DE MINUIT, NOËL 2007: HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

25 décembre, 2007

du site:  

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/homilies/2007/documents/hf_ben-xvi_hom_20071224_christmas_fr.html

 

MESSE DE MINUIT 

SOLENNITÉ DE LA NATIVITÉ DU SEIGNEUR 

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI  

Basilique Vaticane
25 décembre 2007 
  

Chers Frères et Sœurs,  

« Pour Marie, arrivèrent les jours où elle devait enfanter. Et elle mit au monde son fils premier-né; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune » (cf. Lc 2, 6ss). De manière toujours nouvelle, ces mots nous touchent le cœur. Il est arrivé le moment annoncé par l’Ange à Nazareth : « Tu vas enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut » (cf. Lc 1, 31). Il est arrivé le moment attendu par Israël depuis tant de siècles, durant tant d’heures sombres – le moment attendu en quelque sorte par toute l’humanité à travers des figures encore confuses : le moment où Dieu prendrait soin de nous, où il ne serait plus caché, où le monde deviendrait sain et où il renouvellerait tout. Nous pouvons imaginer par quelle préparation intérieure, avec quel amour Marie est allée au devant de cette heure. La courte notation « elle l’emmaillota » nous laisse entrevoir une part de la joie sainte et de l’empressement silencieux de cette préparation. Les langes étaient prêts pour que l’enfant puisse être bien accueilli. Mais dans la salle commune, il n’y avait pas de place. D’une certaine façon, l’humanité attend Dieu, elle attend qu’il se fasse proche. Mais quand arrive le moment, il n’y a pas de place pour lui. Elle est si occupée d’elle-même, elle a besoin de tout l’espace et de tout le temps de manière si exigeante pour ses propres affaires qu’il ne reste rien pour l’autre – pour le prochain, pour le pauvre, pour Dieu. Et plus les hommes deviennent riches, plus ils remplissent tout d’eux-mêmes. Et moins l’autre peut y entrer. 

Dans son Évangile, saint Jean, allant à l’essentiel, a approfondi la brève allusion de saint Luc sur la situation à Bethléem : « Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçu » (1, 11). Cela concerne d’abord Bethléem : le Fils de David vient dans sa ville, mais il doit naître dans une étable, parce que, dans la salle commune, il n’y a pas de place pour Lui. Cela concerne ensuite Israël : l’envoyé vient chez les siens, mais on ne le veut pas. Cela concerne en réalité l’humanité tout entière : Celui par lequel le monde a été fait, le Verbe créateur, entre dans le monde, mais il n’est pas écouté, il n’est pas accueilli. 

Ces paroles, en définitive, nous concernent nous, chacun en particulier et la société dans son ensemble. Avons-nous du temps pour le prochain qui a besoin de notre parole, de ma parole, de mon affection ? Pour la personne souffrante qui a besoin d’aide ? Pour le déplacé ou le réfugié qui cherche asile ? Avons-nous du temps et de l’espace pour Dieu ? Peut-il entrer dans notre vie ? Trouve-t-il un espace en nous, ou avons-nous occupé pour nous-mêmes tous l’espace de notre réflexion, de notre agir, de notre vie ? 

Grâce à Dieu, l’élément négatif n’est pas l’unique ni l’ultime que nous trouvons dans l’Évangile. De même qu’en Luc nous rencontrons l’amour de la Vierge Mère Marie et la fidélité de saint Joseph, la vigilance des bergers ainsi que leur grande joie, de même qu’en Matthieu nous assistons à la visite des Mages, pleins de sagesse, venus de loin, de même aussi Jean nous dit : « Mais à tous ceux qui l’ont reçu, … il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu » (1, 12). On trouve des personnes qui l’accueillent et ainsi, à partir de l’étable, de l’extérieur, grandit silencieusement la maison nouvelle, la cité nouvelle, le monde nouveau. Le message de Noël nous fait reconnaître l’obscurité d’un monde clos, et il illustre ainsi, sans aucun doute, une réalité que nous rencontrons quotidiennement. Mais il nous dit aussi que Dieu ne se laisse pas mettre dehors. Il trouve un espace, même s’il faut entrer par une étable; on trouve des personnes qui voient sa lumière et qui la transmettent. A travers la parole de l’Évangile, l’Ange nous parle à nous aussi et, dans la sainte liturgie, la lumière du Rédempteur entre dans notre vie. Que nous soyons bergers ou sages – sa lumière et son message nous appellent à nous mettre en chemin, à sortir de notre enfermement dans nos désirs et dans nos intérêts, pour aller à la rencontre du Seigneur et pour l’adorer. Nous l’adorons en ouvrant le monde à la vérité, au bien, au Christ, au service des personnes marginalisées, dans lesquelles Lui nous attend. 

Dans certaines représentations de la Nativité à la fin du Moyen-Âge et au début de l’époque moderne, l’étable apparaît comme un palais un peu délabré. Si l’on peut encore en reconnaître la grandeur d’autrefois, il est maintenant en ruines, les murs sont effondrés – il est précisément devenu une étable. Bien que n’ayant aucun fondement historique, cette interprétation exprime cependant sur un mode métaphorique quelque chose de la vérité qui se cache dans le mystère de Noël. Le trône de David, auquel était promis une durée éternelle, est vide. D’autres exercent leur domination sur la Terre Sainte. Joseph, le descendant de David, est un simple artisan; le palais est, de fait, devenu une cabane. David lui-même était à l’origine un pasteur. Quand Samuel le chercha en vue de l’onction, il semblait impossible et contradictoire qu’un jeune berger comme lui puisse devenir celui qui porterait la promesse d’Israël. Dans l’étable de Bethléem, de là où précisément tout est parti, la royauté davidique renaît de façon nouvelle – dans cet enfant emmailloté et couché dans une mangeoire. Le nouveau trône d’où ce David attirera le monde à lui est la Croix. Le nouveau trône – la Croix – correspond au nouveau commencement dans l’étable. Mais c’est précisément ainsi qu’est construit le vrai palais de David, la véritable royauté. Ce nouveau palais est tellement différent de la façon dont les hommes imaginent un palais et le pouvoir royal. Il est constitué par la communauté de ceux qui se laissent attirer par l’amour du Christ et, avec Lui, deviennent un seul corps, une humanité nouvelle. Le pouvoir qui vient de la Croix, le pouvoir de la bonté qui se donne – telle est la véritable royauté. L’étable devient palais – à partir de ce commencement, Jésus édifie la grande et nouvelle communauté dont les anges chantent le message central à l’heure de sa naissance : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes, qu’il aiment », aux hommes qui déposent leur volonté dans la sienne, devenant ainsi des hommes de Dieu, des hommes nouveaux, un monde nouveau. 

Dans ses homélies de Noël, Grégoire de Nysse a développé la même perspective en partant du message de Noël dans l’Évangile de Jean : « Il a planté sa tente parmi nous » ( 1, 14). Grégoire applique ce mot de tente à la tente de notre corps, devenu usé et faible, toujours exposé à la douleur et à la souffrance. Et il l’applique au cosmos tout entier, lacéré et défiguré par le péché. Qu’aurait-il dit s’il avait vu les conditions dans lesquelles se trouvent aujourd’hui la terre en raison de l’utilisation abusive des ressources et de leur exploitation égoïste et sans aucune précaution ? De manière quasi prophétique, Anselme de Canterbury a un jour décrit par avance ce que nous voyons aujourd’hui dans un monde pollué et menacé dans son avenir : « Tout ce qui avait été fait pour servir à ceux qui louent Dieu était comme mort, avait perdu sa dignité. Les éléments du monde étaient oppressés, avaient perdu leur splendeur à cause de l’excès de ceux qui les asservissaient à leurs idoles, pour lesquelles ils n’avaient pas été créés » (PL 158, 955 ss). Ainsi, selon la vision de Grégoire, dans le message de Noël, l’étable représente la terre maltraitée. Le Christ ne reconstruit pas un palais quelconque. Il est venu pour redonner à la création, au cosmos, sa beauté et sa dignité : c’est ce qui est engagé à Noël et qui fait jubiler les anges. La terre est restaurée précisément par le fait qu’elle est ouverte à Dieu, qu’elle retrouve sa vraie lumière; et, dans l’harmonie entre vouloir humain et vouloir divin, dans l’union entre le haut et le bas, elle retrouve sa beauté, sa dignité. Aussi, la fête de Noël est-elle une fête de la création restaurée. À partir de ce contexte, les Pères interprètent le chant des anges dans la Nuit très sainte : il est l’expression de la joie née du fait que le haut et le bas, le ciel et la terre se trouvent de nouveau unis ; que l’homme est de nouveau uni à Dieu. Selon les Pères, le chant que désormais les anges et les hommes peuvent chanter ensemble fait partie du chant de Noël des anges; c’est ainsi que la beauté du cosmos s’exprime par la beauté du chant de louange. Le chant liturgique – toujours selon les Pères – possède une dignité particulière parce qu’il unit le chant de la terre aux chœurs célestes. C’est la rencontre avec Jésus Christ qui nous rend capables d’entendre le chant des anges, créant ainsi la véritable musique qui disparaît quand nous perdons la possibilité de chanter ensemble et d’écouter ensemble. 

Dans l’étable de Bethléem, le ciel et la terre se rejoignent. Le ciel est venu sur la terre. C’est pourquoi, de là émane une lumière pour tous les temps; c’est pourquoi, là s’allume la joie; c’est pourquoi, là naît le chant. Au terme de notre méditation de Noël, je voudrais citer une parole extraordinaire de saint Augustin. Interprétant l’invocation de la Prière du Seigneur : « Notre Père qui est aux cieux », il se demande : quel est ce ciel ? Où est-il ce ciel ? Et suit une réponse étonnante : « … qui est aux cieux – cela signifie : dans les saints et dans les justes. En effet, les cieux sont les corps les plus élevés de l’univers, mais, étant cependant des corps, qui ne peuvent exister sinon en un lieu. Si toutefois on croit que le lieu de Dieu est dans les cieux comme dans les parties les plus hautes du monde, alors les oiseaux seraient plus heureux que nous, parce qu’ils vivraient plus près de Dieu. Mais il n’est pas écrit : ‘Le Seigneur est proche de ceux qui habitent sur les hauteurs ou sur les montagnes, mais plutôt : ‘Le Seigneur est proche du cœur brisé’ (Ps 34 [33], 19), expression qui se réfère à l’humilité. Comme le pécheur est appelé ‘terre’, ainsi, à l’inverse, le juste peut être appelé ‘ciel’ » (Serm. in monte II 5, 17). Le ciel n’appartient pas à la géographie de l’espace, mais à la géographie du cœur. Et le cœur de Dieu, dans cette Nuit très sainte, s’est penché jusque dans l’étable : l’humilité de Dieu est le ciel. Et si nous entrons dans cette humilité, alors, nous toucherons le ciel. Alors, la terre deviendra aussi nouvelle. Avec l’humilité des bergers, mettons-nous en route, en cette Nuit très sainte, vers l’Enfant dans l’étable ! Touchons l’humilité de Dieu, le cœur de Dieu ! Alors, sa joie nous touchera et elle rendra le monde plus lumineux. Amen. 

 

Joyeux Noël

25 décembre, 2007

Joyeux Noël dans image bon nuit, jour, dimanche etc. 7art-00236_Dahlia-decorative-light-pink-flower

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« Voilà le signe qui vous est donné : un nouveau-né…couché dans une mangeoire » (Lc 2,12)

25 décembre, 2007

Bienheureux Guerric d’Igny (vers 1080-1157), abbé cistercien
1er sermon pour la Nativité (trad. Brésard, 2000 ans C ; cf SC 166, p. 167s)

« Voilà le signe qui vous est donné : un nouveau-né…couché dans une mangeoire » (Lc 2,12)

« Un petit enfant nous est né » (Is 9,5). Et le Dieu de majesté, s’anéantissant lui-même (Ph 2,7), s’est rendu semblable non seulement au corps terrestre d’un mortel, mais encore à l’âge tendre et faible des enfants… Ô sainte et douce enfance qui restitue à l’homme la véritable innocence ! Par toi tout âge peut revenir à une bienheureuse enfance (Mt 18,3) et devenir conforme à l’Enfant-Dieu, non par la petitesse de ses membres, mais par l’humilité du coeur et la douceur des moeurs…

Pour te servir d’exemple, Dieu a voulu, alors qu’il était le plus grand de tous, devenir le plus humble et le plus petit de tous. C’était peu pour lui de se rendre au-dessous des anges en prenant la condition de la nature mortelle ; il lui a fallu se faire plus petit que les hommes en prenant l’âge et la faiblesse d’un enfant. Que l’homme pieux et humble y prête attention, et qu’il s’en félicite. Que l’homme impie et orgueilleux y prête attention, et qu’il en soit confondu. Qu’ils voient le Dieu infini devenu enfant, un tout-petit qu’il faut adorer…

En cette première manifestation aux mortels, Dieu préfère se montrer sous les traits d’un petit enfant, apparaître plus aimable que redoutable. Ainsi, puisqu’il vient sauver et non juger, il montre pour l’instant ce qui pourrait susciter l’amour, et remet à plus tard ce qui pourrait inspirer la crainte. Approchons-nous donc avec confiance du trône de sa grâce (He 4,16), nous qui ne pouvons même pas penser sans trembler au trône de sa gloire. Ici, rien de terrible ni de sévère à redouter. Au contraire, tout est bonté et douceur pour t’inspirer confiance. Vraiment, rien de plus facile à apaiser que le coeur de cet enfant ; il devance tes offrandes de paix et de satisfaction, et le premier, il t’envoie des messagers de paix pour t’encourager à une réconciliation, à toi le coupable. Il te suffit de le vouloir, et de le vouloir vraiment et parfaitement. Non seulement il t’accordera son pardon, mais il te comblera de sa grâce. Bien plus, estimant que ce n’est pas un gain négligeable que d’avoir retrouvé la brebis perdue, il célébrera une fête avec ses anges (Lc 15,7).

NOËL

24 décembre, 2007

NOËL dans Noël 2007 - Epiphanie 2008 f_nat_80

Chant de Noël tzigane

24 décembre, 2007

du site: 

http://www.granby.net/~santschi/noel/nh09.htm

Chant de Noël tzigane

Le père de Marcou Magar est un riche propriétaire, dont les terres s’étendent plus loin que l’horizon. Inlassablement il les parcourt pour se rendre de ferme en ferme afin de ramasser ses bénéfices, donner des ordres et châtier cruellement tous ceux, qui ne montrent pas assez de zèle à l’ouvrage. Il est détesté autant que craint.Tout au long de l’année une multitude de paysans avec leurs femmes et leurs enfants peinent à son service. Le nombre de ses domestiques est encore augmenté par des tziganes, qui accomplissent toutes sortes de besognes : jardinage, dressage des chevaux, tonsure des mulets, soins vétérinaires de tous les troupeaux et surtout cueillette pour laquelle ils sont spécialement doués.Bambin, Marcou Magar invente toutes sortes de ruses pour échapper à sa gouvernante et rejoindre l’un ou l’autre campement tzigane. Certains vivent dans des sortes de huttes de branchages et de peaux, d’autres ont de superbes roulottes sculptées et décorées de peintures vives. Il aime se glisser à l’intérieur et rêvasser, bien au chaud, glissé au fond des édredons douillets.

Quand les musiciens tziganes, qu’on appelle lautarous dans son pays, viennent jouer des horas, de fameux morceaux de virtuosité, aux réceptions que donnent ses parents, le petit Marcou est ravi. Sa joie approche du délire, quand il peut les écouter aux noces paysannes. Ce sont les musiciens, qui conduisent le cortège, jouent pendant que sonnent les cloches et, bien sûr, font danser les invités.

Partout on le cajole, l’embrasse. Marcou Magar est bien trop jeune et trop égoïste pour prêter attention à la misère des serviteurs de son père. Pourtant la révolte gronde dans le cœur des opprimés et Radou Réou le plus ambitieux des intendants de son père profite de toute occasion pour attiser la colère des malheureux et les pousser au meurtre, afin de prendre la place de son maître et d’opprimer à son tour.

Marcou a à peine huit ans, quand son père est assassiné. Juste avant d’être saisie par les paysans fous de colère, sa mère e confie à un vieux saltimbanque. Marcou Magar se souviendra toujours de sa fuite éperdue, caché sous une ourse, au fond d’une verdine tirée par des bœufs. Avançant à grand peine dans la nuit, ils franchissent des guets et des cols.

Chaque fois qu’ils sont arrêtés par ceux qui recherchent l’héritier pour le massacrer, le brave tzigane soulève la bâche. L’ourse grogne en montre ses crocs, ce qui les met tous en fuite. C’est grâce à ces sauveteurs, que le petit Marcou arrive chez le frère aîné de sa mère, Boris Bogat, un marchand richissime. Leurs enfants étant déjà mariés et installés dans leurs propres foyers, Fourmosa, sa femme, est tout heureuse d’accueillir l’orphelin. Rien n’était trop beau ou trop bon pour le neveu.

Marcou a la plus dévouée des gouvernantes et les précepteurs les plus qualifiés. Mais il est si paresseux et si méchant, qu’il ne tire guère profit de leur enseignement. Habitué à courir la campagne, il s’ennuie beaucoup en ville et occupe son temps à jouer des tours à la cuisinière, aux valets, aux livreurs et aux voisins, sans toutefois parvenir à tarir la patience de son oncle et la tendresse de sa tante à son égard.

A quinze ans, c’est lui, qui, lassé d’être chouchouté, les quitte en emportant avec lui, sans le moindre scrupule, les bijoux de sa tante et la bourse de son oncle. De par le vaste monde, il veut toujours plus de force et de puissance. Pour l’obtenir et comme rien ne l’effraie, il désire rencontrer le diable.

Et, une nuit, alors qu’il est justement à sa recherche dans un cimetière, il sent très nettement sa présence derrière lui. Il n’ose pas se retourner de peur d’être terrifié par l’horreur de sa personne. Quand enfin il a le courage de le faire, grande est sa stupéfaction. Jamais il n’a rencontré un être aussi séduisant. Mis en confiance par son aspect agréable, il dit au diable :

-  » Il est écrit que tu es Prince de ce monde. Grand est donc ton pouvoir. Accorde-moi richesse et gloire.  »

Le diable lui répond :

- » Il te faut choisir. Si je te donne la richesse, tu vivras vieux. Si je te donne la gloire, tu mourras jeune. Mais pour l’une comme pour l’autre il faut que tu me cèdes ton âme.  »

Sans hésiter une seconde, Marcou choisit la gloire et donne son âme au diable.
Celui-ci, satisfait, le quitte sur le champs. Marcou, lui, sort du cimetière tout fier de son expérience et curieux de la suite.

Eh ! oui,
immédiatement
Marcou Magar,
se met à rédiger.
Tout ce qu’il crée
Il vend,
Immédiatement.
Marcou Magar.
Marcou Magar a seulement vingt-cinq ans et il est déjà mondialement connu pour son talent. Cependant il n’est pas heureux. Il angoisse de voir arriver la mort le faucher en pleine jeunesse et l’amener au Diable. Quand il croit avoir trouvé un ami, Marcou Magar lui confie son tourment. Soit on sourit avec indulgence de sa fertile imagination d’artiste ; soit, on lui conseille d’aller consulter un médecin.En ce très rude jour d’hiver, Marcou Magar aperçoit à l’angle d’une rue, une tzigane, qui mendie avec deux petits enfants accrochés à ses jupes. En souvenir des jours heureux passés parmi son peuple, il se dirige vers elle avec l’intention de mettre une pièce dans sa main tendue. Elle arrête son geste et s’écrie :-  » Non ! Dieu me garde de ton argent ! Va ton chemin.  »

-  » Tu ne veux rien de moi ?  »

-  » Non ! Car le diable te possède.  »

Puis, le regardant droit dans les yeux, la tzigane ajoute :
 » Qui pourrait te tirer des griffes du diable ? … Notre drabarni, peut-être. Pour le moment il n’y a personne à notre campement, excepté le vieux Yéneu. Les hommes sont ici, au marché, à vendre ce qu’ils ont taillé dans du bois. Les femmes font comme moi. Elles mendient ou chinent. Les enfants chantent de maison en maison. Viens donc ce soir ! Nous sommes derrière les remparts de la ville, dans le bosquet, pas trop loin de la rivière. Viens, on aura ramassé de quoi faire la fête ! C’est Noël
aujourd’hui !  »

Marcou Magar hésite longuement. Il est si désemparé ! La nuit est tombée depuis longtemps, quand il se dirige enfin vers le lieu indiqué par la tzigane. A son approche les chiens aboient. Les chèvres ont un mouvement de frayeur. Deux chevaux tournent vers lui leurs regards si doux.

Un pleur d’enfant, venant comme des airs, lui fait lever la tête. C’est alors que Marcou Magar réalise, que pour moins souffrir du froid, les tziganes se sont installés dans des arbres. Serrés les uns contre les autres, ils tendent leurs mains vers des braseros calés entre les branches nues.

Plusieurs hommes descendent de leurs perchoirs pour examiner le nouveau venu et l’accueillir. Après une brève hésitation Marcou Magar s’éclaircit la voix, se présente et explique la raison de sa venue. Le plus âgé lui répond :

 » Tcharaïna la drabarni n’est pas encore rentrée. Elle soigne un malade quelque part dans une ferme. »

Puis on l’invite à monter les rejoindre. Il grimpe dans le premier arbre venu. Tout de suite on lui propose un verre de thé brûlant. Tandis qu’on l’installe le plus confortablement possible, Saduk, le conteur du groupe, lui lance :

 » Eh ! Justement je venais de raconter que la Vierge Marie a accouché comme le font nos femmes, dehors à l’air libre ! Qu’ensuite, Saint Joseph a trouvé refuge pour elle et l’enfant dans une grotte de tziganes. A peine la sainte famille installée chez eux, ces tziganes ont vu arriver les bergers. Quel festin que leurs agneaux tournés à la broche !

Un beau jour Joseph et Marie ont porté l’enfant au temple, comme nous le faisons aussi pour donner à nos enfants des prénoms chrétiens. Eux, ils l’ont appelé Jésus.
Plus tard, les mages sont venus ! Guidés par  » Tchalaï  » l’étoile de Noël. Balthasar, le mage noir de peau, était, comme tous le savent ici, un des nôtres. C’est en souvenir de lui que nous nous appelons  » fils de la comète « .

Bon je ne vais pas, encore une fois, énumérer tous leurs cadeaux qu’ils ont apporté un divin enfant. Venons-en, où j’en étais, quand tu es arrivé Marcou Magar.
Je disais qu’en rêve Joseph a vu un ange, qui lui a conseillé de partir en Egypte, car un roi de gadgés, voulait tuer l’enfant Jésus. D’effroi Joseph s’est réveillé. Il s’est mis sur son séant et tout le restant de la nuit il n’a plus pu dormir. Le lendemain matin le voyant les yeux cernés, la mine défaite, son auréole tout de travers, notre chef lui a demandé :

 » Mais que t’arrive-t-il Saint Joseph ? Tu es tout retourné.  »

- » C’est qu’il y a de quoi !  »

Et Saint Joseph lui confie le rêve. Le chef tzigane lui répond :

 » Les rêves sont à prendre au sérieux. Si ton enfant est en danger, les nôtres le sont aussi. On s’en va avec toi. Le chemin on le connaît. J’ai mes bibis, mes chères tantes, là-bas en Egypte. De fameuses danseuses ! Allez ! On y va ! Tu peux faire monter ta femme et ton enfant sur cet âne là… »

Un galop de cheval interrompe Saduk, le conteur. Il s’arrête dans son récit le temps d’identifier, qui approche de leur campement si tard dans la nuit. Enfin il apostrophe Marcou Magar :

- » Elle arrive, notre drabarni. Si tu tiens vraiment à la rencontrer, va la rejoindre plus loin. Elle est des nôtres, mais nous préférons, qu’elle se tienne à l’écart.  »

Marcou Magar glisse de l’arbre et rejoint Tcharaïna, la drabarni. A bonne distance des autres, elle s’active à frotter la sueur de son cheval avec du foin. Il s’attendait à une sorte de sorcière échevelée et sauvage. Il se trouve en face d’une jeune fille soignée et paisible. Décontenancé, troublé, Marcou Magar prend une poignée de foin et l’aide. Alors qu’ils sont tous deux occupés à bichonner le cheval, Tcharaïna rompt le silence embarrassé en chantant :

En ce Noël, Jésus
Apprends à l’étranger
Parmi les miens venu.
Que contre tout danger
Ton nom seul Oh !Jésus
Au prix du sang versé
Est pour lui le salut.
En ce Noël, Jésus !

Après un moment, elle ajoute :- » Je pense t’avoir donné la solution à ton problème. »- » Oui Tcharaïna. Mais cela me paraît bien simple, juste ce nom de Jésus…  »

- » Le Beng, le Diable, sait que ce nom est au-dessus de tout nom. Tu trembles parce que tu as vendu ton âme au Diable. Jésus l’a rachetée depuis longtemps ! Ne crois plus ce que t’a dit le Diable. Le Beng est un menteur.  »

- » Oh ! Comme je veux te croire toi Tcharaïna ! Tu as presque tout deviné de moi. Qui es-tu, toi ?  »

- »Jumelle d’une fillette morte à la naissance, je suis considérée depuis comme sorcière.  »

- » Je ne te crois pas sorcière.  »

Tout en donnant de l’avoine à son cheval, Tcharaïna lui rétorque :

- » C’est pourtant ce dont mon peuple est certain. Ma mère, qui me chérissait, est morte d’une pneumonie un hiver.- Les morts, en cette rude saison, sont fréquentes parmi mon peuple.- Bien que je n’avais alors que neuf ans, j’ai été jugée responsable de sa mort. Fou de chagrin, mon père n’a fait que boire et boire. Il a fini par en mourir. Cette seconde mort a confirmé aux tziganes que je porte malheur.  »

- » C’est pour cela qu’ils te mettent à l’écart ?  »

- » Absolument. Mon peuple est très superstitieux. Le tien l’est tout autant, sinon tu ne serais pas venu me consulter. »

Tcharaïna prend le cheval par son licol pour l’emmener boire à la rivière. N’ayant nulle envie de la quitter, Marcou Magar leur emboîte le pas. Il remarque que Tcharaïna, tout en serrant son châle, a joint les mains et probablement prie en son âme. Des flocons de neige se mettent à tomber, doucement. Tandis qu’ils cheminent sous le ciel étoilé, un miracle se produit. Le cœur de pierre de Marcou Magar est rempli d’une telle chaleur, que tout mal, toute crainte, tout lien satanique, en est éliminé.
Une joie débordante le remplit au point qu’il se met, tout seul, à danser.

Lorsqu’il s’arrête enfin, hors d’haleine, il constate avec soulagement aucune moquerie dans le doux et paisible regard de la drabarni. Il a envie d’entendre à nouveau la voix chantante de Tcharaïna. C’est ce qui l’amène à lui poser encore une question :

- » Comment a-tu appris tout ce que tu sais ?  »

- » Livrée à moi-même la plupart du temps, j’ai sondé les mystères… Le plus doux, le plus beau, je t’assure, c’est Noël. Heureux Noël Marcou Magar. Que le Del te bénisse »

Marcou, n’arrivant toujours pas à se résoudre à prendre congé de Tcharaïna, s’enhardit à lui demander :

-  » Es-tu mariée ou fiancée ? « .

Elle rit, puis répond :

-  » Qui voudrait d’une femme, qui porte malheur ?  »

- » Moi, Tcharaïna.  »

Bouleversée, Tcharaïna, à qui l’on n’avait exprimé aucune tendresse depuis la mort de sa mère, se couvre le visage de ses cheveux comme d’un voile pour cacher les larmes jaillissant de ses yeux. Quand elle peut parler, elle murmure :

- »Marcou Magar c’est impossible. Tu es gadgo. Je suis tzigane. Les tiens me rejetteraient. Les miens te tueraient… »

Pour toute réponse Marcou saute en selle et hisse Tcharaïna devant lui. C’est ainsi qu’ils partent vivre leur amour. Ils ont assez souffert chacun pour l’apprécier et bien le protéger. Qui sait, peut-être qu’en sortant d’ici allez-vous les rencontrer.

HEUREUX NOËL a vous tous !!! Que le Del vous bénisse !

Christiane Dupuy

Chant de Noël tzigane dans Noël 2007 - Epiphanie 2008 s100

http://www.fantasygif.it/index_2.htm

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