« Voilà le signe qui vous est donné : un nouveau-né…couché dans une mangeoire » (Lc 2,12)
Bienheureux Guerric d’Igny (vers 1080-1157), abbé cistercien
1er sermon pour la Nativité (trad. Brésard, 2000 ans C ; cf SC 166, p. 167s)
« Voilà le signe qui vous est donné : un nouveau-né…couché dans une mangeoire » (Lc 2,12)
« Un petit enfant nous est né » (Is 9,5). Et le Dieu de majesté, s’anéantissant lui-même (Ph 2,7), s’est rendu semblable non seulement au corps terrestre d’un mortel, mais encore à l’âge tendre et faible des enfants… Ô sainte et douce enfance qui restitue à l’homme la véritable innocence ! Par toi tout âge peut revenir à une bienheureuse enfance (Mt 18,3) et devenir conforme à l’Enfant-Dieu, non par la petitesse de ses membres, mais par l’humilité du coeur et la douceur des moeurs…
Pour te servir d’exemple, Dieu a voulu, alors qu’il était le plus grand de tous, devenir le plus humble et le plus petit de tous. C’était peu pour lui de se rendre au-dessous des anges en prenant la condition de la nature mortelle ; il lui a fallu se faire plus petit que les hommes en prenant l’âge et la faiblesse d’un enfant. Que l’homme pieux et humble y prête attention, et qu’il s’en félicite. Que l’homme impie et orgueilleux y prête attention, et qu’il en soit confondu. Qu’ils voient le Dieu infini devenu enfant, un tout-petit qu’il faut adorer…
En cette première manifestation aux mortels, Dieu préfère se montrer sous les traits d’un petit enfant, apparaître plus aimable que redoutable. Ainsi, puisqu’il vient sauver et non juger, il montre pour l’instant ce qui pourrait susciter l’amour, et remet à plus tard ce qui pourrait inspirer la crainte. Approchons-nous donc avec confiance du trône de sa grâce (He 4,16), nous qui ne pouvons même pas penser sans trembler au trône de sa gloire. Ici, rien de terrible ni de sévère à redouter. Au contraire, tout est bonté et douceur pour t’inspirer confiance. Vraiment, rien de plus facile à apaiser que le coeur de cet enfant ; il devance tes offrandes de paix et de satisfaction, et le premier, il t’envoie des messagers de paix pour t’encourager à une réconciliation, à toi le coupable. Il te suffit de le vouloir, et de le vouloir vraiment et parfaitement. Non seulement il t’accordera son pardon, mais il te comblera de sa grâce. Bien plus, estimant que ce n’est pas un gain négligeable que d’avoir retrouvé la brebis perdue, il célébrera une fête avec ses anges (Lc 15,7).
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