Le Christ est-il beau ?
cette réflexion de Von Balthasar est beaucoup voisine à la pensée du Pape qui, dans son livre de lorsque il était Cardinal, écrit même sur le psaume 44, du site:
http://www.assomption.org/Ressources/ItinerairesAugustiniens/IA31/Balthasar.htm
Le Christ est-il beau ?
La beauté éternelle de Dieu devient homme, elle entre dans le monde déchu, aliéné, du temps et de l’espace ; elle apparaît dans l’humilité et l’obscurité. Le Christ est-il beau ? La catégorie du beau est-elle tout simplement applicable à cette épiphanie de la beauté éternelle ? D’après les Pères de l’Eglise, deux textes de l’Ecriture paraissent se contredire : la parole du psaume 44 qui salue le Christ comme le plus beau des enfants des hommes (44, 3), et la parole d’Isaïe qui lui refuse toute beauté et toute apparence (Is 53, 2). Se fondant sur la première, Chrysostome et Jérôme soutiennent la beauté même physique du Christ, tandis que Justin, Clément d’Alexandrie, Tertullien et Ambroise lui refusent cette beauté. D’après Origène, le Christ était sans beauté pour les non-purifiés, les « charnels », mais aux yeux des purifiés et des « spirituels », il pouvait apparaître (du moins quand il le voulait, comme sur le Thabor) dans sa beauté éternelle.
Augustin exprime cette idée typiquement origénienne dans sa propre manière de parler : on doit aimer le Christ et posséder des yeux purs pour voir sa beauté spirituelle intérieure, car pour les éloignés, a fortiori pour les persécuteurs, il est voilé jusqu’à apparaître haïssable. Et s’il a voilé sa beauté, ce fut non seulement pour devenir en tout semblable à nous, haïssables, mais aussi pour rendre beaux par son amour ceux qui étaient haïssables. Par cette déclaration, Augustin s’éloigne de sa première affirmation d’après laquelle on ne peut aimer que ce qui est beau. L’affirmation platonicienne dont la hardiesse culmine en ce que l’amant, l’ eros du beau, ne doit lui-même être beau, est dépassée par l’affirmation chrétienne que l’amour pour le beau produit le beau dans le Christ d’une manière créatrice : comment ne le ferait-il pas, puisque l’amour du Christ est l’apparition de l’Amour divin créateur de tout ? Dans le commentaire de la première épître de saint Jean, cela est largement développé. Hans Urs von Balthasar, La gloire et la croix
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