Archive pour le 16 décembre, 2007

ce matin visite du Pape à la paroisse « Santa Maria del Rosario » à Rome

16 décembre, 2007

ce matin visite du Pape à la paroisse

Pope Benedict XVI is helped with his robe at St. Mary of the Rosary church during a parish visit in Rome December 16, 2007.
REUTERS/Chris Helgren (ITALY)

http://news.yahoo.com/nphotos/Papacy-and-Vatican-Rome-Chris-Helgren-Pope-Benedict-XVI/ss/events/wl/033002pope/im:/071216/ids_photos_wl/r2178156881.jpg/;_ylt=AspxWzTt2dqj0Deyp9V2duNgWscF

 dans Pape Benoit

Pope Benedict XVI is helped with his robe at St. Mary of the Rosary church during a parish visit in Rome December 16, 2007.
REUTERS/Chris Helgren (ITALY)

http://news.yahoo.com/nphotos/Papacy-and-Vatican-Rome-Chris-Helgren-Pope-Benedict-XVI/ss/events/wl/033002pope/im:/071216/ids_photos_wl/r2398672113.jpg/;_ylt=AorIv.E8FYLRDDmlg_eCM4dgWscF

La patience, la vigilance et l’espérance (Esprit et Vie n°136 – octobre 2005)

16 décembre, 2007

du site:

http://www.esprit-et-vie.com/article.php3?id_article=1309

La patience, la vigilance et l’espérance

P. Charles Mullier

Esprit et Vie n°136 – octobre 2005 – 2e quinzaine, p. 34-35.

La fête du Christ, Roi de l’univers, célébrée dimanche dernier, a clôturé l’année liturgique. Nous entrons dans un autre temps, le temps de l’avent préparant Noël. Cette période ouvre pour l’Église une nouvelle étape dans sa marche en avant sous la conduite de l’Esprit Saint. Les lectures de ce jour nous invitent à méditer sur La patience, la vigilance et l’espérance.

Un temps de patience

Nous avons le sentiment aigu d’une absence de Dieu dans la vie du monde. Le créateur apparaît de moins en moins nécessaire à l’explication de la formation de l’univers, comme aux moyens d’assurer la vie et le bonheur des hommes. Aux yeux de nos contemporains, la religion chrétienne semble souvent obsolète, dépassée. La vie économique et sociale se construit habituellement sans référence à la conception chrétienne de l’existence. Nous participons nous-mêmes à cette vision du monde. Qui peut dire : « Je me réfère constamment à Dieu, à l’Évangile, aux enseignements de l’Église, dans mes choix, mes décisions, ma conduite, tout ce qui fait l’étoffe de ma vie » ?

Devant cette situation, même si l’interprétation traditionnelle est légitime, il serait dommage de réduire la portée des textes de ce dimanche à une mise en garde de caractère moral : « Attention ! le maître est parti en voyage mais il reviendra et chacun devra rendre compte de sa conduite ! » L’accent est à mettre aujourd’hui sur l’absence apparente du maître. Isaïe s’exclamait déjà : « Tu nous as caché ta face […] nous vivons le temps de l’absence de Dieu. » Dans l’exercice de la pastorale, nous sommes pressés de cueillir les fruits de nos efforts. N’oublions pas que d’excellents vins proviennent de vendanges tardives et qu’on ne tire pas sur une plante pour la faire grandir. Dieu a le temps pour lui, il laisse du temps au temps face à ses enfants distraits, endormis, indifférents, repliés sur la recherche égoïste de leurs petits bonheurs, incapables de comprendre où se situe leur vrai bien.

Ce temps de la patience n’est pas un temps mort, il nous est donné pour prendre des initiatives, nous secouer et agir. Les événements ne sont pas le seul résultat de la fatalité. En ce temps marqué, au premier abord, par l’absence d’un Dieu qui se serait retiré de la vie des hommes livrés à toutes sortes de convoitises, sachons qu’en permanence, malgré les apparences, l’Esprit Saint est à l’œuvre dans le cœur de chacun. Ne vivons pas en somnambules mais en veilleurs.

Un temps de vigilance

« Ce que je vous dis, je le dis à tous : veillez ! » Selon l’Évangile de Marc, ces mots clôturent la prédication du Christ, par la promesse de la venue du Fils de l’homme, à la fin du monde. Il ne s’agit pas d’une attente passive : le maître de maison délègue aux serviteurs la mission d’agir, chacun selon sa vocation : il ordonne au portier de veiller. En quelques lignes, à quatre reprises, ce verbe revient et prend même une tournure insistante : « Veillez donc ! »

Veiller, c’est l’attitude du médecin de garde dans un hôpital, du guetteur qui, du haut d’un mirador, s’efforce de détecter un incendie récent dans la forêt. C’est le rôle de la sentinelle qui veille sur le camp des soldats endormis. La vigilance n’est pas une mission confiée à des spécialistes, c’est l’affaire de tous. Elle est à l’opposé du rêve, de la distraction et le danger demeure si chacun s’enferme dans sa spécialité. Nous l’avons constaté quand, en Asie, l’annonce de l’imminence d’un raz de marée n’a pas été transmise aux populations au moment même où les sismographes enregistraient un tremblement de terre sous-marin.

Il en est de même pour le chrétien, non seulement appelé à transmettre le message de l’Évangile, mais à le faire dans un langage audible pour nos contemporains. Mieux encore, par la conviction que l’efficacité de notre témoignage dépend d’une recherche commune de la vérité.

Le pouvoir de prévention et d’action dont disposent les hommes n’est pas seulement applicable à la construction d’une digue, à la solidité d’un édifice ou au respect de la nature. Il a une dimension morale par l’appel à un meilleur partage des biens de la terre, la recherche inlassable de la paix et le respect de la justice, par exemple. En de nombreux domaines, il eût été plus judicieux de prévenir que de tenter de guérir, après coup, en catastrophe !

Un temps d’espérance

Le Christ évoque le temps de l’absence du maître… Il prophétise aussi, comme une certitude, le temps de son retour. Autant il ne convient pas de s’obnubiler sur la fin des temps au point de déserter les tâches terrestres, autant il serait déraisonnable de faire l’impasse sur les promesses de l’Écriture. Nous appartenons à un peuple en marche, tendu vers l’avenir, la rencontre du Christ et la vie éternelle.

« Veilleur, où en est la nuit ? », interroge le prophète Isaïe, et, dans un chant inspiré par son message, l’Église chante depuis des décennies : « Peuple qui marchez dans la longue nuit, le jour va bientôt se lever ; il est temps de lever les yeux vers un monde qui vient. » Cessons de nous lamenter sur la crise de la foi, la perte des valeurs, l’effondrement de la pratique religieuse. L’Évangile n’a pas pris une ride. Les jeunes des JMJ le pressentent. Les foules spontanément rassemblées place Saint-Pierre à la mort de Jean-Paul II en témoignent. Les fidèles de plus en plus nombreux présents à Lourdes le confirment. Les évêques et les théologiens réfléchissent et travaillent. L’implosion culturelle, institutionnelle et sociale de certaines formes de présence de l’Église au monde ne doit pas nous désespérer. Les insondables richesses du Christ ne sauraient être figées dans leur expression par une culture particulière. Les promesses de Dieu répondent aux légitimes aspirations des hommes.

Imitons le mieux possible la patience du Seigneur ; soyons des veilleurs attentifs aux signes des temps ; rendons compte de l’espérance qui est en nous, bien convaincus de l’amour de Dieu pour tous les hommes.

 

Nazareth au temps de Jésus

16 décembre, 2007

du site:  

http://www.mariedenazareth.com/63.0.html

Nazareth au temps de Jésus

« Dieu envoya l’ange Gabriel à Nazareth, une ville de la Galilée… » (Luc 1 : 26)

Nazareth est aujourd’hui la ville arabe la plus importante d’Israël et 35 % de ses habitants sont chrétiens..

Comme on le sait, le nom de Nazareth est mentionné pour la première fois dans le récit des Evangiles pour signaler que c’est là, dans l’humble bourgade de Galilée que s’est déroulée une scène capitale pour le reste de l’histoire des hommes: l’Annonciation à Marie, par l’archange Gabriel envoyé de Dieu, que d’elle naîtrait un Fils et qu’il serait le Messie, Fils de Dieu, et que de Lui viendrait le salut du monde (cf Luc, 1:26).

Pourtant, jusque là Nazareth n’était qu’un petit village agricole où résidaient, « retirés des affaires », les héritiers princiers de la lignée davidique du Nord (cf Joseph et Marie). Cependant nulle part dans les livres des prophètes d’Israël le nom de Nazareth n’avait été cité. D’où l’expression dubitative de Nathanaël de Cana demandant, plus tard, à l’apôtre Philippe quel bien pourrait sortir d’un hameau aussi insignifiant (Jean 1 : 46).

Un certain nombre de lieux saints chrétiens de Nazareth sont associés à l’Annonciation, à l’enfance et aux débuts du ministère de Jésus.

Outre l’imposante basilique de l’Annonciation, citons l’église grecque-orthodoxe de l’archange Gabriel (construite sur une source connue sous le nom de « puits de Marie »), « l’église-synagogue » catholique grecque (site supposé de la synagogue où Jésus étudia et où, par la suite, il donna lecture des prophéties d’Isaïe), et l’église franciscaine de Saint-Joseph édifiée sur une grotte identifiée par la tradition locale et indiquée ainsi dans les textes depuis le XVIIe siècle comme « l’atelier » de Joseph.

Ainsi, par son « oui » à Dieu, lors de la salutation de l’archange Gabriel, à Nazareth, la Vierge Marie va permettre l’incarnation du Christ Jésus en son sein.

Alors va commencer un Nouveau Testament entre Dieu et les hommes, une Nouvelle Alliance d’amour qui sera scellée sur la Croix, au mont des Oliviers à Jérusalem (capitale de la Judée, autre province de Palestine); une Croix d’où sortira, en même temps que la Résurrection du Fils, le salut des peuples.

Or c’est à Nazareth de Galilée qu’a été prononcé ce « fiat  » de Marie, tellement décisif pour l’histoire de l’humanité que depuis lors, la date de la naissance de Jésus-Christ marque la césure universelle des calendriers de notre histoire humaine.

Deuxième prédication de l’Avent : Jean Baptiste, « plus qu’un prophète »

16 décembre, 2007

 du site:

 http://www.zenit.org/article-16865?l=french

 

Deuxième prédication de l’Avent : Jean Baptiste, « plus qu’un prophète »

Proposée par le P. Cantalamessa, au pape et à la curie romaine

ROME, Vendredi 14 décembre 2007 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la deuxième prédication de l’Avent prononcée ce vendredi matin, au Vatican, dans la chapelle Redemptoris Mater, par le P. Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale, en présence du pape et de membres de la curie romaine.

P. Raniero Cantalamessa

Deuxième prédication de l’Avent

JEAN BAPTISTE, « PLUS QU’UN PROPHETE »

La dernière fois, j’ai essayé, en partant du texte de la Lettre aux Hébreux 1, 1-3 de définir l’image de Jésus qui ressort de la confrontation avec les prophètes. Mais entre le temps des prophètes et celui de Jésus, il y a une figure spéciale qui sert de charnière entre les premiers et le second : Jean Baptiste. Rien dans le Nouveau Testament n’éclaire mieux la nouveauté du Christ que la confrontation avec Jean Baptiste.

Le thème de l’accomplissement, du tournant décisif, ressort clairement des textes dans lesquels Jésus lui-même parle de sa relation avec le Précurseur. Les experts reconnaissent aujourd’hui que les déclarations à ce sujet qui figurent dans les Evangiles ne sont ni des inventions ni des adaptations apologétiques de la communauté postérieure à la Pâque, mais remontent essentiellement au Jésus historique. Certaines d’entre elles deviennent même incompréhensibles si on les attribue à la communauté chrétienne posté

rieure (1).Le meilleur moyen d’entrer en harmonie avec la liturgie de l’Avent est d’entreprendre une r

éflexion sur Jésus et Jean Baptiste. La figure et le message du Précurseur sont précisément au coeur de l’Evangile du deuxième et du troisième Dimanche de l’Avent. Il y a une progression dans l’Avent : la première semaine, la voix qui domine est celle du prophète Isaïe qui annonce le Messie de loin ; la deuxième et la troisième semaine, c’est celle de Jean Baptiste qui annonce le Christ présent ; la dernière semaine, le prophète et le Précurseur laissent la place à la Mère qui le porte dans son sein.

Dans cette chapelle, nous avons le Précurseur devant les yeux à deux moments : sur le mur latéral nous le voyons en train de baptiser Jésus, penché sur lui en signe de reconnaissance de sa supériorité ; sur le mur du fond, dans l’attitude de la Deesis

typique de l’iconographie byzantine.

1. Le grand tournant

Le texte le plus complet dans lequel Jésus s’exprime sur sa relation avec Jean Baptiste est le passage de l’Evangile que la liturgie nous fera lire dimanche prochain à la messe. De sa prison, Jean envoie ses disciples demander à Jésus : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » (Mt 11, 2-6 ; Lc 7, 19-23).

Jean a l’impression que la prédication du Maître de Nazareth qu’il avait lui-même baptisé et présenté à Israël, prend une direction bien différente de la direction flamboyante à laquelle il s’attendait. Il prêche davantage la miséricorde présente, offerte à tous, justes et pé

cheurs, que le jugement imminent de Dieu.Le passage le plus significatif de tout le texte est l’

éloge que Jésus fait de Jean Baptiste après avoir répondu à sa question : « Qu’êtes-vous allés voir… ? …Un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète… Amen, je vous le dis : Parmi les hommes, il n’en a pas existé de plus grand que Jean Baptiste ; et cependant le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui. Depuis le temps de Jean Baptiste jusqu’à présent, le Royaume des cieux subit la violence, et des violents cherchent à s’en emparer. Tous les Prophètes, ainsi que la Loi, ont parlé jusqu’à Jean. Et, si vous voulez bien comprendre, le prophète Élie qui doit venir, c’est lui. Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! » (Mt 11, 11-15).

Une chose apparaît clairement dans ces paroles : entre la mission de Jean Baptiste et celle de Jésus il s’est passé une chose décisive qui représente une ligne de séparation entre deux époques. Le barycentre de l’histoire s’est déplacé : l’élément le plus important ne se trouve plus dans un avenir plus ou moins imminent, mais est « maintenant et ici », dans le royaume qui est déjà à l’œuvre dans la personne du Christ. Un saut de qualité s’est produit entre les deux prédications : le plus petit dans le nouvel ordre est supérieur au plus grand dans l’ordre précé

dent.Ce th

ème de l’accomplissement et du tournant décisif est confirmé dans de nombreux autres passages de l’Evangile. Il suffit de rappeler quelques paroles de Jésus comme : « Il y a ici bien plus que Jonas !… Il y a ici bien plus que Salomon ! » (Mt 12, 41-42). « Mais vous, heureux vos yeux parce qu’ils voient, et vos oreilles parce qu’elles entendent ! Amen, je vous le dis : beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu ! » (Mt 13, 16-17). Toutes celles que l’on a surnommées les « paroles du royaume » – on peut penser à celles du trésor caché et de la perle précieuse – expriment, chaque fois de manière différente, la même idée de fond : avec Jésus, l’heure décisive de l’histoire a sonné, devant lui s’impose la décision dont dépend le salut.

C’est cette constatation qui a amené les disciples de Bultmann a se séparer de leur maître. Bultmann situait Jésus dans le judaïsme, faisant de lui les prémisses du christianisme, pas encore un chrétien ; il attribuait en revanche le grand tournant à la foi de la communauté née après la Pâque. Bornkamm et Conzelmann se sont rendus compte de l’incohérence de cette thèse : le « tournant décisif » est déjà amorcé par la prédication de Jésus. Jean appartient aux « prémisses » et à la préparation, mais avec Jésus on est déjà

dans le temps de l’accomplissement.Dans son livre

« Jésus de Nazareth », le Saint-Père confirme cette conquête de l’exégèse plus sérieuse et mise à jour. Il écrit : « Pour qu’on en vienne à ce choc radical, pour qu’on recoure à l’extrémité qui consistait à livrer Jésus aux Romains, il avait bien fallu que se produise et que se dise quelque chose de dramatique. Ce qu’il y a de scandaleux et de grand se situe justement au commencement, et l’Eglise naissante a dû faire un long chemin pour en mesurer toute la grandeur, pour la saisir progressivement dans un processus de remémoration’ réflexive. [...] Non, ce qu’il y a de grand, de nouveau et de scandaleux est justement le fait de Jésus. Tout cela se développe dans la foi et dans vie de la communauté, mais ce n’est pas là que cela est créé. Oui, la communauté‘ ne se serait pas d’abord constituée et n’aurait pas survécu, si une réalité extraordinaire ne l’avait pas précédée » (2).

Dans la théologie de Luc il est évident que Jésus occupe « le centre du temps ». Par sa venue il a divisé l’histoire en deux parties, créant un « avant » et un « après » absolus. Aujourd’hui est en train de s’affirmer, surtout dans la presse laïque, l’habitude d’abandonner la manière traditionnelle de dater les événements « avant Jésus Christ » ou « après Jésus Christ » (ante Christum natum e post Christum natum)

, en faveur de la formule plus neutre « avant l’ère vulgaire » et « de l’ère vulgaire ». Il s’agit d’un choix motivé par le désir de ne pas heurter la sensibilité des peuples d’autres religions qui utilisent la chronologie chrétienne ; en ce sens, elle est à respecter, mais pour les chrétiens le rôle « discriminant » de la venue du Christ pour l’histoire religieuse de l’humanité reste incontesté.

2. Il vous baptisera dans l’Esprit Saint

Maintenant, comme toujours, nous allons partir de la certitude exégétique et théologique mise en lumière pour en venir à notre vie aujourd’hui.

La comparaison entre Jean Baptiste et Jésus est cristallisée dans le Nouveau Testament par la comparaison entre le baptême de l’eau et le baptême de l’Esprit. « Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau, mais lui vous baptisera avec l’Esprit Saint » (Mc 1, 8 ; Mt 3, 11 ; Lc 3, 16). « Et moi, je ne le connaissais pas, dit Jean Baptiste dans l’Evangile de Jean, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau, celui-là m’avait dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est lui qui baptise dans l’Esprit Saint’ » (Jn 1, 33). Et Pierre, chez Corneille : « Je me suis alors rappelé cette parole du Seigneur. Jean, disait-il, a baptisé avec de l’eau mais vous, vous serez baptisés dans l’Esprit Saint »

(Ac 11, 16).Que signifie affirmer que J

ésus est celui qui baptise dans l’Esprit Saint ? Cette expression ne sert pas seulement à différencier le baptême de Jésus de celui de Jean ; elle sert aussi à distinguer toute la personne et l’œuvre du Christ de celles de son Précurseur. En d’autres termes, dans toute son œuvre, Jésus est celui qui baptise dans l’Esprit Saint. Baptiser a ici un sens métaphorique ; cela signifie inonder, envelopper de toutes parts, comme fait l’eau avec les corps qui y sont immergés.

Jésus « baptise dans l’Esprit Saint » dans le sens où il reçoit et donne l’Esprit « sans mesure » (cf. Jn 3, 34), qui « répand » son Esprit (Ac 2, 33) sur toute l’humanité rachetée. Cette expression se réfère davantage à l’événement de la Pentecôte qu’au sacrement du baptême. « Jean, lui, a baptisé avec de l’eau, mais vous, c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés sous peu de jours » (Ac 1, 5), dit Jésus aux apôtres, en faisant bien sûr référence à la Pentecô

te qui allait avoir lieu quelques jours plus tard.L’expression

« baptiser dans l’Esprit » définit donc l’œuvre essentielle du Messie qui, déjà dans les prophètes de l’Ancien Testament se présente comme orientée à régénérer l’humanité à travers une grande et universelle effusion de l’Esprit de Dieu (cf. Jl 3, 1 ss.). Si nous appliquons tout cela à la vie et au temps de l’Eglise, nous devons conclure que Jésus ressuscité ne baptise pas dans l’Esprit Saint uniquement à travers le sacrement du baptême mais, de manière différente, également à d’autres moments : dans l’Eucharistie, dans l’écoute de la Parole, et, en général, à travers tous les moyens de grâce.

Saint Thomas d’Aquin écrit : « Il y a une mission invisible de l’Esprit chaque fois que s’accomplit un progrès dans la vertu ou une augmentation de grâce… ; lorsque quelqu’un passe à une nouvelle activité ou à un nouvel état de grâce » (3). La liturgie même de l’Eglise enseigne cela. Toutes ses prières et ses hymnes à l’Esprit Saint commencent par le cri : « Viens ! » : « Viens Esprit Créateur », « Viens, Esprit Saint ». Et pourtant, celui qui prie ainsi a déjà reçu une fois l’Esprit. Cela signifie que l’Esprit est quelque chose que nous avons reçu et que nous devons recevoir toujours à nouveau.

3. L’effusion de l’Esprit

Dans ce contexte il faut évoquer ce que l’on a appelé le « baptême de l’Esprit », une expérience vécue depuis un siècle par des millions de croyants de presque toutes les dénominations chrétiennes. Il s’agit d’un rite fait de gestes d’une grande simplicité, accompagnés par des dispositions de repentir et de foi dans la promesse du Christ : « Le Père donnera l’Esprit Saint à ceux qui l’en prient ».

Il s’agit d’un renouvellement et d’une activation, non seulement du baptême et de la confirmation mais de tous les événements de grâce de notre état : ordination sacerdotale, profession religieuse, mariage. La personne intéressée s’y prépare, à travers une bonne confession mais aussi en participant à des rencontres de catéchèse, dans lesquelles il redécouvre de manière vivante et joyeuse les principales vérités et réalités de la foi : l’amour de Dieu, le péché

, le salut, la vie nouvelle, la transformation dans le Christ, les charismes, les fruits de l’Esprit. Le tout dans un climat de profonde communion fraternelle.Parfois en revanche, tout se passe de mani

ère spontanée, en dehors de tout plan précis, et on est comme « surpris » par l’Esprit. Un homme a donné ce témoignage : « J’étais dans l’avion et je lisais le dernier chapitre d’un livre sur l’Esprit Saint. A un moment donné, c’est comme si l’Esprit Saint était sorti des pages du livre et était entré dans mon corps. Les larmes commencèrent à ruisseler de mes yeux. Je me mis à prier. J’étais submergé par une force qui me dépassait totalement » (4).

L’effet le plus courant de cette grâce est que l’Esprit Saint, qui était un objet de foi intellectuelle plus ou moins abstrait, devient un fait d’expérience. Karl Rahner a écrit : « On ne peut nier que l’homme puisse faire ici-bas des expériences de grâce, qui lui donnent un sentiment de libération, lui ouvrent des horizons complètement nouveaux, s’impriment profondément en lui, le transforment, et façonnent, même pour longtemps, son comportement chrétien le plus profond. Rien n’interdit d’appeler ces expériences effusion de l’Esprit »

(5).A travers ce que l’on appelle justement

« effusion de l’Esprit » [littéral. « baptême de l’Esprit », ndlr] on fait l’expérience de l’onction de l’Esprit Saint dans la prière, de sa puissance dans le ministère pastoral, de son réconfort dans l’épreuve, de sa présence comme guide dans les choix. Avant même de le percevoir dans la manifestation des charismes, on le perçoit comme Esprit qui transforme intérieurement, donne le goût de la louange de Dieu, ouvre l’esprit à la compréhension des Ecritures, enseigne à proclamer Jésus « Seigneur » et donne le courage d’assumer des tâches nouvelles et difficiles, au service de Dieu et de son prochain.

Cette année, c’est le quarantième anniversaire de la retraite qui marqua, en 1967, la naissance du Renouveau charismatique dans l’Eglise catholique que l’on estime avoir touché, en quelques années, pas moins de quatre-vingts millions de catholiques. Voici comment l’une des personnes présentes à cette première retraite décrivait les effets de l’effusion de l’Esprit :

« Notre foi est devenue vive : notre croyance est devenue une sorte de connaissance. À l’improviste, le surnaturel est devenu plus réel que le naturel. En bref, Jésus est devenu une personne vivante pour nous… La prière et les sacrements sont vraiment devenus notre pain quotidien et non plus de pieuses pratiques’. Un amour pour les Écritures que je n’aurais jamais cru possible, une transformation de nos relations avec les autres, un besoin et une force de témoigner au-delà de toute attente ; tout cela fait maintenant partie de notre vie. L’expérience initiale du baptême dans l’Esprit ne nous a pas donné une émotion extérieure particulière mais la vie s’est remplie de calme, de confiance, de joie et de paix… Nous avons chanté le Veni creator Spiritus avant chaque rencontre, en prenant au sérieux ce que nous disions et nous n’avons pas été déçus… Nous avons aussi été inondés de charismes et tout cela nous a mis dans une parfaite atmosphère œcuménique » (6).

Nous voyons tous clairement que ce sont précisément les choses dont l’Eglise a le plus besoin aujourd’hui pour annoncer l’Evangile à un monde devenu réfractaire à la foi et au surnaturel. Il n’est pas dit que tous soient appelés à faire l’expérience de la grâce d’une nouvelle Pentecôte de cette manière. Cependant, nous sommes tous appelés à ne pas rester en dehors de ce « courant de grâce » qui traverse l’Eglise de l’après Concile. Jean XXIII parla, à son époque, d’une « nouvelle Pentecôte » ; Paul VI est allé plus loin et a parlé d’une « perpétuelle Pentecôte », d’une Pentecôte continuelle. Cela vaut la peine de réentendre les paroles qu’il prononça au cours d’une audience générale :

« Nous nous sommes demandés souvent [...] quel est le besoin premier et dernier pour notre Église bénie et très chère [...]. Nous devons le dire, presque anxieux et en priant parce que c’est son mystère et sa vie, vous le savez : l’Esprit, l’Esprit-Saint, animateur et sanctificateur de l’Église, son souffle divin, le vent de ses voiles, son principe unificateur, sa source intérieure de lumière et de force, son soutien et son consolateur, sa source de charismes et de chants, sa paix et sa joie, son gage et son prélude de vie bienheureuse et éternelle (cf. Lumen gentium, 5). L’Église a besoin de sa perpétuelle Pentecôte ; elle a besoin de feu dans le cœur, de parole sur les lèvres, de prophétie dans le regard [...] L’Église a besoin d’acquérir de nouveau l’anxiété, le goût, la certitude de sa vérité » (7).

Le philosophe Heidegger concluait son analyse de la société par un cri d’alarme : « Seul un dieu peut nous sauver ». Ce Dieu qui peut nous sauver, et qui nous sauvera, nous chrétiens, le connaissons : c’est l’Esprit Saint ! L’aromathérapie est aujourd’hui très à la mode. Il s’agit de l’utilisation des huiles essentielles, qui distillent un parfum, pour maintenir en forme ou pour soigner certains troubles. Internet est rempli d’annonces pour l’aromathérapie. Celles-ci ne se limitent pas à promettre un bien-être physique comme soigner le stress ; il y a aussi les « parfums de l’âme », par exemple le parfum pour obtenir « la paix intérieure »

.Les m

édecins invitent à se méfier de cette pratique qui n’est pas prouvée scientifiquement et qui comporte même dans certains cas, des contre-indications, mais, ce que je veux dire, c’est qu’il existe une aromathérapie sûre, infaillible, qui ne comporte aucune contre-indication : celle qui est faite avec l’arôme spécial, le « saint chrême de l’âme » qui est l’Esprit Saint ! Saint Ignace d’Antioche a écrit : « Le Seigneur a reçu sur la tête une onction parfumée (myron) pour répandre l’incorruptibilité sur l’Eglise » (8). Nous ne pourrons être à notre tour « la bonne odeur du Christ » dans le monde (2 Co 2, 15) que si nous recevons cet « arôme ».

L’Esprit Saint est avant tout un spécialiste des maladies du mariage et de la famille, qui sont les grands malades d’aujourd’hui. Le mariage consiste à se donner l’un à l’autre, c’est le sacrement du don. L’Esprit Saint est le don devenu personne ; c’est le don du Père au Fils et du Fils au Père. Là où il arrive renaît la capacité de se donner et avec elle la joie et la beauté de vivre ensemble, pour les époux. L’amour de Dieu qu’il « répand dans nos cœurs » ravive toutes les autres expressions d’amour et en premier lieu l’amour conjugal. L’Esprit Saint peut véritablement faire de la famille « la principale agence de paix », comme la définit le Saint-Père dans le message pour la prochaine Journé

e mondiale de la paix.Il existe de nombreux exemple de mariages morts, ressuscit

és à une vie nouvelle par l’action de l’Esprit. Précisément ces jours-ci, j’ai recueilli le témoignage émouvant d’un couple que je pense faire écouter lors de mon émission télévisée sur l’Evangile pour la fête du baptême de Jésus…

L’Esprit ravive naturellement aussi la vie des consacrés qui consiste à faire de sa vie un don et une oblation d’ « agréable odeur » à Dieu pour ses frères (cf. Ep 5, 2).

4. La nouvelle prophétie de Jean Baptiste

Revenons à Jean Baptiste. Il peut nous éclairer sur la manière d’accomplir notre tâche prophétique dans le monde d’aujourd’hui. Jésus définit Jean Baptiste « plus qu’un prophète », mais où est la prophétie dans son cas ? Les prophètes annonçaient un salut à venir ; mais le Précurseur n’annonce pas un salut à venir ; il indique un salut qui est présent. Dans quelle mesure peut-on alors l’appeler prophète ? Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, aidaient le peuple à dépasser la barrière du temps ; Jean Baptiste aide le peuple à dépasser la barrière, plus grande encore, des apparences contraires, du scandale, de la banalité et de la pauvreté avec lesquelles l’heure fatidique se manifeste.

Il est facile de croire à quelque chose de grandiose, de divin, lorsqu’il se projette dans un avenir indéfini : « en ces jours », « les derniers jours », dans un cadre cosmique, avec les cieux qui distillent la douceur et la terre qui s’ouvre pour faire germer le Sauveur. C’est plus difficile quand on doit dire : « Le voici ! Il est là ! C’est lui ! »

.Par les paroles :

« Au milieu de vous se tient quelqu’un que vous ne connaissez pas ! » (Jn 1, 26), Jean Baptiste a inauguré la nouvelle prophétie, celle du temps de l’Eglise, qui ne consiste pas à annoncer un salut à venir et lointain, mais à révéler la présence cachée du Christ dans le monde, à arracher le voile qui se trouve devant les yeux des personnes, à secouer leur indifférence, en répétant avec Isaïe : « Voici que je vais faire une chose nouvelle, déjà elle pointe, ne la reconnaissez-vous pas ? » (cf. Is 43, 19).

Il est vrai que vingt siècles se sont écoulés depuis et nous savons sur Jésus beaucoup plus de choses que Jean. Mais le scandale demeure. Au temps de Jean le scandale venait du corps physique

de Jésus, de sa chair si semblable à la nôtre, à l’exception du péché. Aujourd’hui encore, c’est son corps, sa chair qui présente des difficultés et qui scandalise : son corps mystique, si semblable au reste de l’humanité, y compris, malheureusement, le péché.

« Le témoignage de Jésus – lit-on dans l’Apocalypse – c’est l’esprit de prophétie » (Ap 19, 10), c’est-à-dire que pour rendre témoignage à Jésus il faut un esprit de prophétie. Cet esprit de prophétie existe-t-il dans l’Eglise ? Le cultive-t-on ? L’encourage-t-on ? Ou croit-on, tacitement, pouvoir s’en passer, en misant davantage sur les moyens et les talents humains ?

Jean Baptiste nous enseigne que pour être prophète, une grande doctrine et une grande éloquence ne sont pas nécessaires. Ce n’est pas un grand théologien ; il a une christologie pauvre et rudimentaire. Il ne connaît pas encore les titres les plus élevés de Jésus : Fils de Dieu, Verbe, ni même celui de Fils de l’homme. Et pourtant, il réussit à transmettre la grandeur et l’unicité du Christ ! Il utilise des images extrêmement simples, des images de paysan. « Je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales ». Le monde et l’humanité apparaissent, à travers ses paroles, comme contenus dans un crible que lui, le Messie, tient et secoue dans ses mains. Devant lui se dé

cide qui reste et qui tombe, qui est le bon grain et qui est l’ivraie que le vent disperse.En 1992 a eu lieu une retraite sacerdotale

à Monterrey au Mexique, à l’occasion des 500 ans de la première évangélisation de l’Amérique latine. Environ 70 évêques et 1700 prêtres étaient présents. Au cours de l’homélie de la messe de clôture, j’avais parlé du besoin urgent de prophétie qui existe dans l’Eglise. Après la communion il y a eu une prière pour une nouvelle Pentecôte en petits groupes répartis dans la grande basilique. J’étais resté dans le chœur. A un moment donné, un jeune prêtre s’est approché de moi en silence, s’est agenouillé devant moi et avec un regard que je n’oublierai jamais il m’a dit : « Bendígame, Padre, quiero ser profeta de Dios! » (Bénissez-moi, Père, je veux être un prophète de Dieu). J’ai été saisi car je voyais qu’il était manifestement touché par la grâce.Nous pourrions humblement faire nôtre le désir de ce prêtre : « Je veux être un prophète de Dieu ». Petit, inconnu de tous, peu importe, mais un prophète qui, comme le disait Paul VI, a « le feu dans le coeur, la parole sur les lèvres, la prophétie dans le regard ».

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NOTES

(1) Cf. J. D.G. Dunn, Christianity in the Making, I. Jesus remembered, Grand Rapids. Mich. 2003, parte III, cap. 12, trad. ital. Gli albori del Cristianesimo, I, 2, Paideia, Brescia 2006, pp. 485-496.

(2) Benoît XVI, Jésus de Nazareth

, Flammarion 2007, p. 352(3) S. Tommaso d’Aquino,

Somma teologica, I,q. 43, a. 6, ad 2.; cf. F. Sullivan, in Dict.Spir. 12, 1045.

(4) In « New Covenant »(Ann Arbor, Michigan), Giugno 1984, p.12.

(5) K. Rahner, Erfahrung des Geistes. Meditation auf Pfingsten, Herder, Freiburg i. Br. 1977.

(6) Témoignage rapporté dans P. Gallagher Mansfield, As by a New Pentecost

, Steubenville. (7) Discours lors de l’audience g

énérale du 29 novembre 1972, Paul VI

(8) S. Ignazio d’Antiochia, Agli Efesini

17.

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Traduit de l’italien par Gisèle Plantec/J.M. Coulet

bonne nuit

16 décembre, 2007

bonne nuit dans image bon nuit, jour, dimanche etc. fountain.water

http://www.cepolina.com/freephoto/vf/fountain.water-country.htm

Jean le Baptiste, précurseur du Christ dans la mort comme dans la vie

16 décembre, 2007

Saint Grégoire le Grand (vers 540-604), pape, docteur de l’Église
Homélies sur l’Evangile, n° 6 (trad. Barroux rev.)

Jean le Baptiste, précurseur du Christ dans la mort comme dans la vie

Pourquoi, une fois emprisonné, Jean le Baptiste envoie-t-il ses disciples demander : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? », comme s’il ne connaissait pas celui qu’il avait montré ?… Cette question trouve vite sa réponse si l’on examine le temps et l’ordre dans lesquels se sont déroulés les faits. Sur les rives du Jourdain, Jean a affirmé que Jésus était le Rédempteur du monde (Jn 1,29) ; une fois emprisonné, il demande pourtant s’il est bien celui qui doit venir. Ce n’est pas qu’il doute que Jésus soit le Rédempteur du monde, mais il cherche à savoir si celui qui était venu en personne dans le monde va aussi descendre en personne dans les prisons du séjour des morts. Car celui que Jean a déjà annoncé au monde en tant que précurseur, il le précède encore aux enfers par sa mort… C’est comme s’il disait clairement : « De même que tu as daigné naître pour les hommes, fais-nous savoir si tu daigneras aussi mourir pour eux, de sorte que, précurseur de ta naissance, je le devienne aussi de ta mort et que j’annonce au séjour des morts que tu vas venir, comme j’ai déjà annoncé au monde que tu étais venu ».

C’est pour cela que la réponse du Seigneur traite de l’abaissement de sa mort aussitôt après avoir énuméré les miracles opérés par sa puissance : « Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, les pauvres sont évangélisés. Heureux celui qui ne trébuchera pas à cause de moi ! » A la vue de tant de signes et de si grands prodiges, personne n’avait sujet de trébucher, mais bien plutôt d’admirer. Il s’éleva cependant une grave occasion de scandale dans l’esprit de ceux qui ne croyaient pas lorsqu’ils le virent mourir, même après tant de miracles. D’où le mot de Paul : « Nous prêchons un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens » (1Co 1,23)… Quand donc le Seigneur dit : « Heureux celui qui ne trébuchera pas à cause de moi », ne veut-il pas désigner clairement l’abjection et l’abaissement de sa mort ? C’est comme s’il disait ouvertement : « Il est vrai que je fais des choses admirables, mais je ne refuse pas pour autant de souffrir des choses ignominieuses. Puisque je vais suivre Jean le Baptiste en mourant, que les hommes se gardent bien de mépriser en moi la mort, eux qui vénèrent en moi les miracles ».