Archive pour le 4 décembre, 2007
Jean de Damas, Docteur de l’Eglise (+ 753)
4 décembre, 2007du site:
http://nominis.cef.fr/contenus/saint/215/Saint-Jean-Damascene.html
Jean de Damas, Docteur de l’Eglise (+ 753)
Jean Mansour est né à Damas en Syrie, dans une famille de fonctionnaires des impôts, arabe et chrétienne. Son grand-père et son père ont servi successivement sous les Perses, les Byzantins et les Arabes. Mansour, à son tour, supervise durant des années, la perception des impôts que les chrétiens doivent à l’émir de Damas. Vers 720, le nouveau calife décide d’islamiser son administration et en chasse les chrétiens. Mansour a 45 ans et il est désormais sans travail. Cette liberté lui permet de se rendre en Palestine où il entre au monastère de Mar Saba (saint Sabas) entre Jérusalem et Bethléem. Devenu prêtre, il prend le nom de Jean et partage désormais sa vie entre la prédication à Jérusalem où le patriarche l’a choisi comme conseiller théologique et l’étude dans son monastère. Son principal écrit » La source de la connaissance » résume toute la théologie byzantine. Il est aussi un grand défenseur des Saintes Images lors de la première crise iconoclaste. On lui doit de nombreux tropaires, des hymnes et des poèmes. C’est lui composa le canon que la liturgie chante à Pâques et il rédigea la plus part des hymnes de l’Octoèque (hymnes pour les dimanches selon les huit tons musicaux) en l’honneur de la résurrection du Seigneur. Le Pape Léon XIII l’a proclamé docteur de l’Eglise en 1890.
A propos des icônes : » Ce n’est pas la matière que j’adore mais le créateur de la matière qui, à cause de moi, s’est fait matière, a choisi sa demeure dans la matière. Par la matière, il a établi mon salut. En effet, » le Verbe s’est fait chair et il a dressé sa tente parmi nous… Cette matière, je l’honore comme prégnante de l’énergie et de la grâce de Dieu.
Saint Jean Damascène-Discours sur les images
par Sandro Magister : L’œcuménisme du cardinal Kasper: la vérité avant tout
4 décembre, 2007du site:
http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/180181?fr=y
L’œcuménisme du cardinal Kasper: la vérité avant tout
Le texte intégral du rapport qu’a lu en consistoire le président du conseil pontifical pour l’unité des chrétiens. Dialogue avec les orthodoxes: bon. Avec les protestants: mauvais. Avec les évangélistes et les pentecôtistes: moyen. Entre temps, avec les musulmans…
par Sandro Magister
ROMA, le 4 décembre 2007 – C’est lors de la réunion d’ouverture du consistoire qui rassemblait à Rome les cardinaux du monde entier que Benoît XVI leur a annoncé sa nouvelle encyclique « Spe salvi » sur l’espérance, huit jours avant sa publication, le 30 novembre dernier.
Pour beaucoup d’entre eux, cette annonce a été une surprise.
Le sujet central de la discussion n’était pourtant pas l’encyclique mais l’état actuel des rapports œcuméniques entre l’Eglise catholique et les autres confessions chrétiennes.
La réunion des cardinaux avec le pape a duré toute la journée du vendredi 23 novembre. Benoît XVI avait chargé le cardinal Walter Kasper, président du conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, d’ouvrir le débat.
Après Kasper, 17 cardinaux sont intervenus. La rencontre avait lieu à huis clos mais, selon un bref résumé fourni par la salle de presse du Saint-Siège, certains cardinaux ont indiqué que la mise en œuvre de la doctrine sociale de l’Eglise et la défense de la vie et de la famille étaient les domaines les plus prometteurs pour l’œcuménisme. D’autres ont proposé de continuer la « purification de la mémoire ». D’autres encore ont demandé plus de soin dans l’utilisation de « formes de communications visant à ne pas heurter la sensibilité des autres chrétiens ».
Cette dernière requête figurait aussi dans le rapport de Kasper. Concernant les « Cinq réponses » publiées en juillet dernier par la congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal a fait remarquer qu’elles « ont créé la perplexité et engendré une certaine mauvaise humeur » au sein de certaines confessions chrétiennes, en particulier protestantes. Il a ajouté:
« Il serait bon de revoir la forme, le langage et la présentation au public de ce genre de déclarations ».
Après la pause-déjeuner, 16 autres cardinaux sont intervenus dans l’après-midi.
Certains d’entre eux ont élargi le débat aux rapports avec les juifs et avec l’islam. La lettre des 138 personnalités musulmanes et la visite du roi Abdallah d’Arabie Saoudite chez Benoît XVI ont été perçues comme un « signe encourageant ».
A ce sujet, une lettre du cardinal secrétaire d’état Tarcisio Bertone adressée au prince jordanien Ghazi bin Muhammad bin Talal a été rendue publique quelques jours plus tard. Elle annonce que le pape recevra en audience le prince et un groupe de signataires de la lettre des 138. Elle annonce aussi une série de dialogues « sur un respect réel de la dignité de chaque être humain, sur la connaissance objective de la religion d’autrui, sur le partage de l’expérience religieuse et, enfin, sur l’engagement commun à promouvoir le respect et l’acceptation réciproque entre les jeunes ».
Une réponse rapide du cardinal Kasper sur des points particuliers et une intervention du pape ont conclu cette journée.
La salle de presse du Saint-Siège n’a pas mis en ligne le rapport de Kasper, qui n’est pas non plus disponible sur le site du Vatican. « L’Osservatore Romano » l’a cependant publié le jour suivant.
Sa lecture est en tout cas d’un grand intérêt. En effet, il expose clairement – il est écrit par une plume qui fait autorité en la matière – l’état actuel des rapports œcuméniques, dans l’ordre suivant:
– avec les Eglises orientales précalcédoniennes;
– avec les Eglises orthodoxes de tradition byzantine, syriaque et slave;
– avec les Communautés ecclésiales nées de la Réforme protestante;
– avec les Communautés évangéliques;
– avec les Communautés charismatiques et pentecôtistes.
Ce diagnostic est accompagné de conseils permettant de poursuivre ce cheminement de manière fructueuse.
Voici donc le texte intégral de son rapport, lu en italien le 23 novembre devant les cardinaux et traduit en d’autres langues par ww.chiesa:
Informations et réflexions sur la situation œcuménique actuelle
par Walter Kasper
Présenter des informations et des réflexions sur la situation œcuménique actuelle dans le temps qui m’est imparti ne sera possible qu’en retraçant quelques grandes lignes et malheureusement de manière non-exhaustive. Cependant, j’espère que mon rapport pourra mettre en évidence l’action de la providence divine, qui conduit vers l’unité les chrétiens séparés pour faire de leur témoignage un signe toujours plus clair face au monde.
I.
Je débuterai par une première observation, qui me paraît essentielle. Ce que nous appelons œcuménisme – à ne pas confondre avec le dialogue interreligieux – trouve son origine dans le testament que nous a laissé Jésus lui-même à la veille de sa mort: “Ut unum sint” (Jean 17,21). Le Concile Vatican II a défini la promotion de l’unité des chrétiens comme l’un de ses principaux objectifs (Unitatis redintegratio 1) et comme une impulsion du Saint Esprit (UR 1, 4). Le pape Jean-Paul II a déclaré que la recherche de l’œcuménisme est une démarche irréversible (Ut unum sint 3) et le pape Benoît XVI, dès le premier jour de son pontificat, s’est fixé comme objectif majeur de travailler sans relâche à la reconstitution de l’unité totale et visible de tous les disciples du Christ. Il est conscient que, pour cela, les manifestations de bons sentiments ne suffisent pas. Il faut des gestes concrets qui pénètrent les âmes et bouleversent les consciences, en poussant chacun de nous à cette conversion intérieure sans laquelle il ne peut y avoir aucun progrès sur la route de l’œcuménisme (homélie du 20 avril 2005 devant le collège cardinalice). L’œcuménisme n’est donc pas un choix en option, mais une obligation sacrée.
Naturellement, l’œcuménisme n’est synonyme ni d’un humanisme débonnaire, ni d’un relativisme ecclésiologique. Il s’appuie sur la conscience solide que l’Eglise catholique a d’elle-même et de ses principes catholiques, dont parle le décret sur l’œcuménisme (UR 2-4). C’est un œcuménisme de la vérité et de la charité: les deux sont intimement liées et on ne peut pas remplacer l’une par l’autre. Il faut avant tout respecter le dialogue de la vérité. Les normes concrètes sont exposées de manière contraignante dans le “Directoire œcuménique“ de 1993.
Le résultat le plus significatif – et aussi le plus gratifiant – de l’œcuménisme au cours des dernières décennies ne se trouve pas dans les différents documents. Il réside dans la fraternité retrouvée, dans le fait que nous ayons redécouvert que nous étions frères et sœurs dans le Christ, que nous ayons appris à nous apprécier les uns les autres et que nous nous soyons engagés ensemble sur le chemin de la pleine unité (cf. UUS 42). Sur ce chemin, la chaire de Pierre est devenue au cours des quarante dernières années un point de référence de plus en plus important pour toutes les Eglises et toutes les Communautés ecclésiales. L’enthousiasme initial a fait place à un comportement plus mesuré, ce qui prouve que l’œcuménisme est devenu plus mûr, plus adulte. C’est désormais une réalité du quotidien, considérée comme normale dans la vie de l’Eglise. C’est avec beaucoup de gratitude que nous devons voir dans ce développement l’action de l’Esprit qui guide l’Eglise.
De manière plus précise, on distingue trois domaines dans l’œcuménisme. Tout d’abord, il faut mentionner les rapports avec les anciennes Eglises orientales et avec les Eglises orthodoxes du premier millénaire, que nous reconnaissons comme Eglises dans la mesure où, au niveau ecclésiologique, elles ont comme nous maintenu la foi et la succession apostoliques. Ensuite, il faut citer les rapports avec les Communautés ecclésiales issues directement ou indirectement – comme les Eglises libres – de la Réforme du XVIe siècle. Elles ont développé leur propre ecclésiologie en se fondant sur les Ecritures Saintes. Enfin, l’histoire récente du christianisme a connu ce que l’on appelle une troisième vague, celle du mouvement charismatique et du mouvement pentecôtiste, qui sont apparus au début du XXe siècle et qui se sont répandus dans le monde entier de manière exponentielle. L’œcuménisme doit donc faire face à une réalité variée et différenciée, caractérisée par des phénomènes très différents selon les contextes culturels et selon les églises locales.
II.
Commençons par les Eglises du premier millénaire. Pendant les dix premières années de dialogue avec les Eglises orientales préchalcédoniennes, déjà, c’est-à-dire entre 1980 et 1990, nous avons obtenu des résultats importants. Le consensus atteint entre Paul VI puis Jean-Paul II et les patriarches de leur temps a permis de dépasser les vieilles controverses christologiques nées à l’époque du Concile de Chalcédoine (451) et, en ce qui concerne l’Eglise assyrienne d’orient, à l’époque du Concile d’Ephèse (381).
Dans sa deuxième phase, le dialogue s’est concentré sur l’ecclésiologie, c’est-à-dire sur le concept de communion ecclésiale et sur ses critères. La prochaine rencontre est prévue du 27 janvier au 2 février 2008 à Damas. A cette occasion, l’ébauche d’un document sur la “Nature, constitution et mission de l’Eglise” fera pour la première fois l’objet d’une discussion. Grâce à ce dialogue, les Eglises d’ancienne tradition et même de tradition apostolique reprennent contact avec l’Eglise universelle, en marge de laquelle elles ont vécu pendant 1 500 ans. Etant données les circonstances, à savoir les longs siècles de séparation et les grandes différences de culture et de mentalité, il est tout à fait normal que cela se passe lentement, pas à pas.
Le dialogue avec les Eglises orthodoxes de tradition byzantine, syriaque et slave a été officiellement ouvert en 1980. Nous partageons avec ces Eglises les dogmes du premier millénaire, l’Eucharistie et les autres sacrements, la vénération de Marie mère de Dieu et celle des saints, la structure épiscopale de l’Eglise. Nous considérons ces Eglises, de même que les anciennes Eglises orientales, comme des Eglises sœurs des églises catholiques locales. Des différences existaient déjà au premier millénaire, mais elles n’étaient pas perçues à l’époque comme un facteur de division interne à l’Eglise. La véritable séparation s’est opérée au cours d’un long processus d’éloignement et d’aliénation, par un manque de compréhension et d’amour réciproques, comme l’a souligné le Concile Vatican II (UR 14). Ce qui se produit aujourd’hui est donc nécessairement un processus inverse de réconciliation mutuelle.
Les premiers pas significatifs ont déjà été accomplis pendant le Concile. On peut citer, par exemple, la rencontre et l’échange de correspondance entre le pape Paul VI et le patriarche œcuménique Athénagoras, le célèbre « Tomos agapis » et la suppression, dans la mémoire de l’Eglise, des excommunications réciproques en 1054, à l’avant-dernier jour du Concile. Sur ces bases, il a été possible de reprendre certaines formes de communion ecclésiale du premier millénaire: l’échange de visites, de messages et de lettres entre le pape et les patriarches, en particulier le patriarche œcuménique; la coexistence cordiale et la collaboration entre de nombreuses églises locales; la concession d’édifices religieux pour un usage liturgique par l’Eglise catholique aux chrétiens orthodoxes de la diaspora qui vivent chez nous, en signe d’hospitalité et de communion. En 2007, lors de l’Angélus prononcé à l’occasion de la Solennité des saints Pierre et Paul, le pape Benoît XVI a souligné que nous sommes déjà en communion ecclésiale presque totale avec ces Eglises.
Dans les dix premières années du dialogue, entre 1980 et 1990, nous avons mis en évidence nos points communs en matière de sacrements (surtout l’Eucharistie) et de ministère épiscopal et sacerdotal. Cependant, le tournant politique de 1989-1990, au lieu de simplifier nos relations, les a compliquées. Le retour des Eglises catholiques d’orient dans la vie publique, après des années de persécutions brutales et de résistance héroïque parfois payée au prix du sang, a été perçu par les Eglises orthodoxes comme la menace d’un nouvel « uniatisme ». Ainsi, dans les années 90, en dépit des importants éclaircissements apportés par les rencontres de Balamand (1993) et de Baltimore (2000) le dialogue s’est enlisé. C’est surtout dans les relations avec l’Eglise orthodoxe russe que la situation de crise s’est aggravée, suite à l’érection canonique de quatre diocèses en Russie, en 2002.
Grâce à Dieu, après de nombreux efforts menés avec patience, il a été possible de relancer le dialogue l’année dernière. En 2006, une rencontre a eu lieu à Belgrade et, il y a un mois environ, nous nous sommes de nouveau réunis à Ravenne. A cette occasion, l’atmosphère et les relations se sont indéniablement améliorées, en dépit du départ de la délégation russe pour des raisons internes aux orthodoxes. Une troisième phase de dialogue prometteuse s’est ainsi ouverte.
Le document de Ravenne, intitulé « Conséquences ecclésiologiques et canoniques de la nature sacramentelle de l’Eglise », a marqué un important tournant. Pour la première fois, les interlocuteurs orthodoxes ont reconnu un niveau universel de l’Eglise et ils ont admis que, même à ce niveau, il existe un protos, un primat, qui ne peut être que l’évêque de Rome selon la taxis de l’ancienne Eglise. Tous les participants savent que ce n’est qu’un premier pas et que le cheminement vers une communion ecclésiale totale est encore long et difficile. Avec ce document, cependant, nous avons posé une base pour le dialogue futur. Le sujet abordé lors de la prochaine session plénière sera « Le rôle de l’évêque de Rome dans la communion de l’Eglise au cours du premier millénaire ».
En ce qui concerne plus spécifiquement le patriarcat de Moscou de l’Eglise orthodoxe russe, les relations se sont sensiblement détendues au cours des dernières années. Nous pouvons dire qu’il n’y a plus gel mais dégel. Selon nous, une rencontre du Saint Père avec le patriarche de Moscou serait utile. Le Patriarcat de Moscou n’a jamais exclu catégoriquement cette rencontre, mais il considère qu’il faut d’abord résoudre les problèmes qui existent, selon lui, en Russie et surtout en Ukraine. Il convient néanmoins de rappeler que de nombreuses rencontres ont également lieu à d’autres niveaux. Citons notamment la récente visite du patriarche Alexis à Paris, considérée par les deux parties comme un pas significatif.
En résumé, nous pouvons affirmer qu’il faudra encore une purification soutenue de la mémoire historique et beaucoup de prières pour réussir à combler la fracture entre orient et occident et à restaurer la pleine communion ecclésiale, sur la base du premier millénaire. En dépit des difficultés qui subsistent, nous espérons fortement et légitimement que, avec l’aide de Dieu et grâce à la prière de nombreux fidèles, l’Eglise, ayant connu la séparation au deuxième millénaire, respirera à nouveau par ses deux poumons au troisième.
III.
Passons maintenant aux relations avec les Communautés ecclésiales nées de la Réforme. Là aussi, des signes encourageants ont été observés. Toutes les Communautés ecclésiales ont déclaré qu’elles étaient intéressées par le dialogue et l’Eglise catholique dialogue avec presque toutes. On est arrivé à un certain consensus sur les vérités de foi, surtout en ce qui concerne les questions fondamentales de la doctrine sur la justification. Il existe en de nombreux endroits une collaboration fructueuse dans la sphère sociale et humanitaire. Peu à peu, une attitude de confiance réciproque et d’amitié s’est répandue, caractérisée par un désir profond d’unité, qui persiste bien que parfois le ton se durcisse ou que l’on connaisse de vives déceptions. De fait, le réseau dense de relations personnelles et institutionnelles qui s’est entre temps développé est en mesure de résister aux tensions occasionnelles.
La situation œcuménique n’est pas au point mort, elle vit au contraire un changement profond, celui que vivent l’Eglise et le monde en général. Je me limiterai ici à quelques aspects de cette transformation.
1) Après être parvenus à un consensus fondamental sur la doctrine de la justification, nous devons désormais discuter à nouveau de sujets de controverse classiques, notamment l’ecclésiologie et les ministères ecclésiaux (cf. UUS 66). A ce sujet, les « Cinq réponses » publiées en juillet dernier par la congrégation pour la doctrine de la foi ont suscité la perplexité et une certaine mauvaise humeur. L’agitation qu’a engendrée ce document était en général injustifiée, puisque le texte ne dit rien de nouveau, mais réaffirme de manière synthétique la doctrine catholique. Cependant, il serait bon de revoir la forme, le langage et la présentation au public de ce genre de déclarations.
2) Les différentes ecclésiologies conduisent nécessairement à avoir des visions différentes de ce qu’est le but de l’œcuménisme. Ainsi, l’absence d’un concept commun d’unité ecclésiale comme objectif à atteindre pose problème. Ce problème est encore plus grave si l’on considère que, pour nous catholiques, la communion ecclésiale est nécessaire à une communion eucharistique et que l’absence d’une communion eucharistique conduit à de grosses difficultés pastorales, surtout dans le cas de couples et de familles mixtes.
3) Alors que nous nous efforçons de dépasser les vieilles controverses, de nouveaux désaccords apparaissent au niveau éthique, notamment en matière de défense de la vie, de mariage, de famille et de sexualité humaine. Ces nouveaux fossés qui se creusent affaiblissent considérablement le témoignage commun public, pour ne pas dire qu’ils le rendent impossible. La situation à laquelle on est arrivé dans la Communion anglicane – ce n’est pas un cas isolé – est un exemple type de la crise qui frappe les différentes communautés.
4) La théologie protestante, marquée dans les premières années du dialogue par la « renaissance luthérienne » et par la théologie de la Parole de Dieu de Karl Barth, est désormais revenue aux thèmes de la théologie libérale. Par conséquent, nous constatons que, du côté protestant, ces fondements christologiques et trinitaires qui étaient jusqu’à présent une base commune sont parfois affaiblis. Ce que nous considérions comme notre patrimoine commun a commencé à fondre ça et là, comme les glaciers des Alpes.
Mais il existe également des tendances qui vont à contre-courant, nées en réaction aux phénomènes mentionnés ci-dessus. On assiste dans le monde entier à une forte croissance des groupes évangéliques. Leurs positions coïncident le plus souvent avec les nôtres sur les questions dogmatiques fondamentales, en particulier dans le domaine éthique, mais elles sont très divergentes en ce qui concerne l’ecclésiologie, la théologie des sacrements, l’exégèse biblique et la compréhension de la tradition. Il y a des groupements de Haute Eglise qui souhaitent faire valoir dans l’anglicanisme et dans le luthérianisme des éléments de la tradition catholique concernant la liturgie et le ministère ecclésial. A cela s’ajoutent des communautés monastiques de plus en plus nombreuses qui, vivant souvent selon la règle de saint Benoît, se sentent proches de l’Eglise catholique. En outre, il existe des communautés piétistes qui, face à la crise en matière d’éthique, se sentent assez mal à l’aise au sein des Communautés ecclésiales protestantes. Ils observent avec gratitude les prises de position claires du pape, qu’ils avaient interpellé il n’y a pas si longtemps de manière beaucoup moins bienveillante.
Tous ces groupements ont récemment constitué, avec les communautés religieuses catholiques et les nouveaux mouvements spirituels, des « réseaux spirituels », souvent regroupés autour de monastères tels que Chevetogne, Bose et surtout Taizé ou dans des mouvements tels que les Focolari et le Chemin neuf. Dès lors, nous pouvons dire que l’œcuménisme revient à ses origines en passant par de petits groupes de dialogue, de prière, d’études bibliques. Depuis quelque temps, ces groupes prennent la parole publiquement, par exemple lors des grands rassemblements des mouvements à Stuttgart, en 2004 et en 2007. C’est ainsi que l’on voit apparaître, à côté des dialogues officiels qui deviennent souvent plus difficiles, de nouvelles formes de dialogue prometteuses.
Ce tour d’horizon général nous montre donc qu’il n’y a pas seulement un rapprochement œcuménique, mais aussi des scissions et des forces centrifuges au travail. Si nous prenons également en considération les nombreuses « Eglises » prétendument indépendantes qui continuent à fleurir en particulier en Afrique et la prolifération de groupuscules souvent très agressifs, nous nous rendons compte que le paysage œcuménique est aujourd’hui très varié et disparate. Ce pluralisme ne fait que refléter le caractère pluraliste de ce que l’on appelle la société postmoderne, qui conduit souvent à un relativisme religieux.
Le contexte actuel rend particulièrement cruciales des rencontres comme l’assemblée plénière du Conseil œcuménique des Eglises qui s’est tenue en février 2006 à Porto Alegre (Brésil), le « Global Christian Forum » et l’« Assemblée œcuménique européenne » qui a eu lieu en septembre 2007 à Sibiu/Hermannstadt (Roumanie). Ces rencontres ont l’ambition de rassembler dans le dialogue des groupes divergents et maintenir dans l’union, autant que possible, le mouvement œcuménique – avec ses lumières, ses ombres et ses nouveaux défis – dans une situation qui a changé et qui continue à changer rapidement
IV.
Parler de pluralisme m’amène à la troisième vague de l’histoire du christianisme, c’est-à-dire à la multiplication des groupes charismatiques et pentecôtistes. Avec 400 millions de fidèles dans le monde entier, ils sont au deuxième rang parmi les communautés chrétiennes en termes d’effectifs et leur croissance est exponentielle. Ils n’ont ni structure commune ni organe central et sont très différents les uns des autres. Ils se considèrent comme le fruit d’une nouvelle Pentecôte. Par conséquent, le Baptême de l’Esprit joue pour eux un rôle fondamental. Parlant d’eux, le pape Jean-Paul II avait déjà fait remarquer que ce phénomène ne doit pas être considéré de manière uniquement négative, dans la mesure où, au-delà de l’existence indéniable de problèmes, il révèle un désir d’une expérience spirituelle. Cela ne doit pas faire oublier que, malheureusement, une grande partie de ces communautés sont devenues entre-temps une religion qui promet le bonheur sur terre.
Il a été possible d’établir un dialogue officiel avec les pentecôtistes classiques. Avec les autres, des difficultés sérieuses persistent à cause de leurs méthodes missionnaires quelque peu agressives. Pour répondre à ce défi, le conseil pontifical pour l’unité des chrétiens a organisé sur plusieurs continents des séminaires pour des évêques, des théologiens et des laïcs qui s’investissent dans l’œcuménisme: en Amérique Latine (São Paulo et Buenos Aires), en Afrique (Nairobi et Dakar), en Asie (Séoul et Manille). Le résultat de ces séminaires se retrouve aussi dans le document final de l’assemblée générale des évêques latino-américains et des Caraïbes à Aparecida (2007). Avant tout, il faut faire un examen de conscience pastorale et nous demander, sur le mode de l’autocritique: pourquoi tant de chrétiens abandonnent-ils notre Eglise? Au lieu de nous demander ce qui ne va pas chez les pentecôtistes, commençons par nous interroger sur nos carences pastorales. Comment pouvons-nous réagir face à ce nouveau défi par un renouvellement liturgique, catéchétique, pastoral et spirituel?
V.
Cette question nous amène à la question finale: comment poursuivre le cheminement œcuménique? Il n’y a pas de réponse unique. La situation est trop différente en fonction de la zone géographique, de la culture, des églises locales. Chaque conférence épiscopale devra assumer ses responsabilités.
D’une manière générale, nous devons partir du patrimoine de foi commun et rester fidèles à ce que, avec l’aide de Dieu, nous avons déjà réalisé sur le plan de l’œcuménisme. Nous devons autant que possible donner un témoignage commun de cette foi dans un monde de plus en plus sécularisé. Cela signifie aussi, dans la situation actuelle, redécouvrir et renforcer les bases de notre foi. De fait, tout vacille et se vide de son sens si nous n’avons pas une foi solide et consciente en un Dieu vivant, Trin et Unique, en la divinité du Christ, en la force salvatrice de la croix et de la résurrection. Pour celui qui ne sait plus ce que sont le péché et la participation au péché, la justification du pécheur n’a aucune importance.
Ce n’est qu’en s’appuyant sur notre foi commune qu’il est possible de dialoguer sur nos différences. Cela doit se faire de manière claire mais non polémique. Nous ne devons pas heurter la sensibilité des autres ou les discréditer; nous ne devons pas mettre l’accent sur ce que nos interlocuteurs œcuméniques ne sont pas et ce qu’ils n’ont pas. Nous devons plutôt témoigner de la richesse et de la beauté de notre foi de manière positive et accueillante. Nous attendons le même comportement de la part des autres. SI cela se produit, il pourra alors y avoir entre nous et nos interlocuteurs, comme le dit l’encyclique « Ut unum sint » (1995), un échange d’idées mais aussi de dons, qui enrichiront les uns et les autres (UUS 28; 57). Cet œcuménisme d’échange n’est pas un appauvrissement, mais un enrichissement mutuel.
Dans l’avenir aussi, le dialogue théologique aura un rôle essentiel dans le dialogue fondé sur l’échange spirituel. Mais il ne sera fécond que s’il peut s’appuyer sur un œcuménisme de la prière, de la conversation du cœur et de la sanctification personnelle. L’œcuménisme spirituel est en effet l’âme même du mouvement œcuménique (UR 8; UUS 21-27) et nous devons être les premiers à le promouvoir. Sans une vraie spiritualité de communion, permettant de faire place à l’autre sans renoncer à notre propre identité, tous nos efforts aboutiraient à un activisme aride et vide.
Si nous faisons nôtre la prière que Jésus a prononcée la veille de sa mort, nous n’avons pas le droit de perdre courage et de vaciller dans notre foi. Comme le dit l’Evangile, nous devons avoir la conviction que ce que nous demandons au nom du Christ sera exaucé (Jean 14,13). Quand, où et comment, ce n’est pas à nous d’en décider. Il faut laisser faire celui qui est le Seigneur de l’Eglise et qui rassemblera son Eglise des quatre vents. Contentons-nous de faire de notre mieux, en étant reconnaissants des dons que nous recevons, c’est-à-dire de ce que l’œcuménisme a déjà réalisé, et regardons avec espoir vers l’avenir. Il suffit de jeter un regard un tant soit peu réaliste vers les « signes des temps » pour comprendre qu’il n’y a pas d’alternative réaliste à l’œcuménisme, en particulier aucune alternative de foi.
Corée : Les évêques sont des « gardiens de l’espérance », dit Benoît XVI
4 décembre, 2007du site:
http://www.zenit.org/article-16778?l=french
Corée : Les évêques sont des « gardiens de l’espérance », dit Benoît XVI
Visite « ad limina » des évêques
ROME, Lundi 3 décembre 2007 (ZENIT.org) – Benoît XVI a encouragé les évêques coréens à être des « gardiens effectifs de l’espérance », à continuer leur travail pour la réconciliation entre les deux « Corées » et à affronter les défis du matérialisme.
Le pape a reçu ce matin au Vatican les évêques de la conférence épiscopale coréenne à l’occasion de leur visite ad limina. Ils étaient accompagnés de Mgr Wenceslas Padilla, vicaire apostolique d’Ulaanbaatar, en Mongolie, où les catholiques sont quelques centaines.
« L’appel du matérialisme et les effets négatifs d’une mentalité sécularisée » préoccupent en effet les évêques de Corée.
Benoît XVI leur répondait en disant : « Lorsque les hommes et les femmes sont emportés loin de la demeure du Seigneur, ils errent inévitablement dans un désert d’isolement individuel et de fragmentation sociale », parce que ce n’est que « dans le Verbe incarné que le mystère de l’homme trouve la vraie lumière ».
« Dans cette perspective, ajoutait le pape, il est évident que, pour être des gardiens effectifs de l’espérance, vous devez vous efforcer de faire en sorte que le lien de communion qui unit le Christ à tous les baptisés soit sauvegardé, et qu’ils en fassent l’expérience, comme étant le cœur de l’expérience du mystère de l’Eglise ».
Or, continuait le pape, « la porte de ce mystère de communion avec Dieu est naturemmement le baptême ».
« Ce sacrement d’initiation, beaucoup plus qu’un rite social ou de bienvenue dans une communauté particulère, est l’initiation à Dieu », a expliqué Benoît XVI.
Par ailleurs, Benoît XVI a encouragé toutes les initiatives visant à la réconciliation pour le bien-être de leurs frères de Corée du Nord.
La Corée, autrefois soumise à la souveraineté japonaise, a été occupée au Nord par la Russie, en 1945 et par les Etats-Unis au Sud, et ensuite séparée en deux Etats en 1948. La conférence épiscopale a juridiction aussi dans le Nord de la péninsule coréenne.
Au début des années 50 elle a été ainsi entraînée dans un conflit sanglant. Aujourd’hui, après plus d’un demi siècle, la pacification, certes complexe, est recherchée. Les 5 millions de catholiques concentrés dans le Sud du pays peuvent y jouer, estime le pape, un rôle positif.
D’autre part, les évêques Coréens se disent préoccupés par le fait que beaucoup d’adultes ne viennent plus aux célébrations liturgiques, alors que c’est à la fois un « droit » et une « obligation » du fait du baptême justement.
C’est pourquoi le pape invite les évêques de Corée à mettre en valeur la messe dominicale, en suggérant en particulier aux laïcs, surtout aux jeunes, d’« explorer la profondeur et l’ampleur » de la célébration eucharistique.
Benoît XVI n’a pas manqué de recommander aux évêques la pastorale du mariage et de la famille, mais aussi de prêter une attention particulière aux questions biomédicales.
Le président de la conférence des évêques de Corée, Mgr John Chang Yik, évêque de Ch’unch’on, a confié aujourd’hui au micro de Radio Vatican que les défis pastoraux sont « très nombreux ».
« Mais le problème difficile, dans une société comme la nôtre, où l’Eglise est petite et minoritaire, disait-il, c’est la cohabitation avec les autres religions, en dépit du relativisme et de l’individualisme de la culture en général à notre époque de consumérisme ».
« Nous tentons de le faire, disait l’évêque, à travers l’éducation, les témoignages, surtout de la vie des chrétiens, ce qui n’est pas facile. Nous tentons de cultiver les petites cellules vivantes de la communauté. Chaque paroisse est divisée en petits secteurs où les gens se connaissent et se réunissent pour former la communauté ».
« C’est ainsi que nous essayons de raviver dans ces cellules vivantes, le sens de l’appartenance, le sens de la mission par les gens eux-mêmes, non seulement pour conserver l’Eglise catholique, mais pour vivre de façon à vraiment témoigner de l’Evangile à travers la vie de chacun, à la foi vécue ».
A propos de la juridiction de la conférence épsiscopale sur les deux parties de la péinsule coréenne, Mgr Chang Yik soulignait : « Nous avons la juridiction, mais pas le libre accès au Nord. Nous tentons donc d’offrir des aides humanitaires de différentes façons, et nous ne cesserons pas de le faire, en distinguant le régime et le peuple : nous visons le bien-être du peuple, surtout des personnes et de leur dignité humaine. C’est la chose la plus importante. Nous n’instrumentalisons pas l’aide pour en faire un moyen d’évangélisation, mais nous le faisons parce que c’est une valeur en soi ».
Anita S. Bourdin
bonne nuit
4 décembre, 2007« Beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous voyez »
4 décembre, 2007Saint Bernard (1091-1153), moine cistercien et docteur de l’Église
Sermon 2 sur le Cantique des Cantiques (trad. Béguin, Seuil 1953, p. 92 rev.)
« Beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous voyez »
Le désir ardent des patriarches appelant la présence corporelle de Jésus Christ est pour moi le sujet de méditations fréquentes. Je ne peux pas y penser sans que des larmes de honte me viennent aux yeux. Car je mesure alors la tiédeur et la somnolence de notre époque misérable. Nous avons reçu cette grâce, le corps du Christ nous est montré à l’autel, mais personne d’entre nous n’en éprouve une joie aussi intense qu’était le désir inspiré à nos ancêtres par la simple promesse de l’Incarnation.
Noël est proche et bien des gens s’apprêtent à le célébrer ; puissent-ils se réjouir vraiment de la Nativité, et non pas des vanités ! L’attente des anciens, leur impatience fébrile me paraissent exprimées à merveille par les premiers mots du Cantique des Cantiques : « Qu’il me baise d’un baiser de sa bouche ! » (1,2). En ces temps-là, quiconque était doué du sens spirituel devinait la grâce immense répandue sur ces lèvres (Ps 44,3), et par ces paroles lourdes de tous les désirs, souhaitait passionnément ne pas être privée d’une si grande douceur.
Toute âme parfaite disait en effet : « A quoi me servent désormais les textes obscures des prophètes ? J’attends que vienne ‘ le plus beau des enfants des hommes ’ (Ps 44,3), qu’il vienne me baiser du baiser de sa bouche. La langue de Moïse est confuse (Ex 4,10), les lèvres d’Isaïe sont impures (6,5), Jérémie est un enfant qui ne sait pas parler (1,6) ; tous les prophètes sont privés du don des langues. C’est lui-même, c’est celui dont ils parlent, qui doit parler maintenant et me baiser du baiser de sa bouche ; je ne souhaite plus qu’il s’exprime en eux et par eux, car l’eau reste opaque tant qu’elle est retenue par les nuages. J’attends la présence divine, les eaux ruisselantes de la doctrine admirable, qui deviendront en moi une source jaillisant jusqu’en la vie éternelle » (Jn 4,14).