Archive pour novembre, 2007

aujourd’hui (avec Saint Clément Ier) Saint Colomban, abbé

23 novembre, 2007

aujourd'hui (avec Saint Clément Ier) Saint Colomban, abbé dans saints 

http://santiebeati.it/immagini/?mode=album&album=30200&dispsize=Original 

Saint Colomban, du site:

http://nominis.cef.fr/contenus/saint/121/Saint-Colomban.html

Vers 580, il quitta l’Irlande en compagnie du futur saint Gall et parcourut l’Europe Occidentale, entre Meuse et Rhin et jusqu’en Germanie, accepté, refusé, repoussé, mais toujours fondateur d’abbayes dont le rayonnement sera l’un des éléments les plus dynamiques de l’évangélisation durant l’ère mérovingienne. Il menait la vie dure à ses moines par une règle austère, mais grâce à cela bien des saints y ont trouvé le chemin de leur sainteté : saint Donat de Besançon, saint Faron de Meaux, saint Babolin de l’abbaye de Saint Maur des Fossés près de Paris, saint Omer de Thérouanne, saint Desle de Lure, saint Romaric de Remiremont, saint Wandrille, saint Achaire, saint Amand, saint Philibert, saint Valéry, etc… Le plus célèbre de ses monastères est sans aucun doute celui de Luxeuil dans la Franche-Comté où affluèrent des moines francs, gaulois et burgondes. Un monastère qui, pendant deux siècles, fut le plus grand centre de la vie monastique en Occident. En 610, il dut fuir la Gaule où la cruelle reine Brunehaut le poursuivait parce qu’il lui reprochait ses vices et ses crimes. Il avait envisagé de retourner en Irlande et, pour cette raison, nous le trouvons à Nantes. Obligé de revenir sur ses pas, il traverse les Alpes et se réfugia à Bobbio en Lombardie méridionale où il fonda son dernier monastère. Il y mourut. La règle monastique originale qu’il avait donnée à ses monastères fut très influente dans l’Europe pendant deux siècles. Plusieurs localités se sont placées sous son patronage : Saint-Colomban-des-Villards-73130, Saint Colomban-44310.

 

suite de l’article de Magister d’hier: Interview de Michel Cuypers

23 novembre, 2007

suite de l’article de Magister d’hier, du site:

http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/145581?fr=y  

 

La Bible, le Coran et Jésus: comment arriver au coeur du credo musulman

Interview de Michel Cuypers


 

D. – Fr. Michel Cuypers, que signifie votre recherche? Pourquoi ce livre: « Le Festin. Un lecture de la sourate al-Mâ’ida »?R. – Depuis une dizaine d’années, je poursuis une recherche sur la composition du texte du Coran, à l’aide d’une méthode qui a fait ses preuves dans les études bibliques, appelée « analyse rhétorique ». Celle-ci est l’aboutissement de deux siècles et demi d’études sur la Bible, et a été excellemment systématisée depuis vingt ans par Roland Meynet, jésuite, professeur de théologie biblique à l’Université Grégorienne, à Rome.Cette méthode est en fait la redécouverte des techniques d’écriture et de composition que les scribes du monde sémitique ancien mettaient en œuvre pour rédiger leurs textes. Le mot « rhétorique » est donc ici à prendre au sens précis de « l’art de la composition du texte » (qui correspond seulement à une partie de ce qu’Aristote entendait par rhétorique: la « dispositio »).

Cette rhétorique biblique et, plus largement, sémitique diffère totalement de la rhétorique grecque dont toute notre culture occidentale a hérité (et même la culture arabe, après son ouverture à l’héritage grec).

Elle est fondée sur un principe simple: la symétrie, laquelle peut prendre la forme de parallélismes synonymiques, antithétiques, ou complémentaires (vous reconnaissez les trois sortes de parallélismes que l’exégèse biblique, à la suite de Robert Lowth et ses « Leçons sur la poésie sacrée des Hébreux », paru en 1753, a mis en évidence, dans les psaumes), ou encore la forme du chiasme ou « parallélisme inversé » (AB/B’A'), et enfin du « concentrisme », quand figure un centre entre les deux versants symétriques du texte (AB/x/B’A').

Ces correspondances se présentent à divers niveaux textuels: membres, groupes de membres etc., jusqu’à sept ou huit niveaux, pour des textes importants. C’est le repérage de ces symétries qui permet le découpage du texte en unités sémantiques, et la mise en évidence de sa structure, laquelle oriente à son tour son interprétation. Tel est en effet le but final de ces techniques d’analyse, comme de toute exégèse: comprendre le sens du texte. Ma recherche est donc tout à fait interdisciplinaire, puisque j’applique au Coran un système d’analyse issu des études bibliques.

Bien sûr, au départ, ce n’était qu’une hypothèse de recherche: il fallait vérifier si effectivement l’analyse rhétorique biblique était applicable au Coran. J’ai commencé par analyser de courtes sourates, et très rapidement j’ai acquis l’évidence que ce système convenait parfaitement pour l’analyse du texte coranique: je n’avais rien à changer à la théorie, tous ses principes se vérifiaient exactement dans le texte du Coran.

Après l’étude d’une trentaine de sourates brèves, réputées dater des débuts de la prophétie muhamadienne, j’ai voulu entreprendre l’analyse d’une longue sourate. J’ai choisi la sourate 5 (appelée habituellement « la Table dressée », en arabe al-Mâ’ida), parce qu’elle serait, selon la tradition, chronologiquement la dernière: ainsi aurait été vérifiée la pertinence de la méthode à la fois pour le début chronologique du Coran, et pour la fin. Ce qui permettrait d’extrapoler raisonnablement et d’affirmer que, selon toute vraisemblance, la totalité du Coran est construite selon ces mêmes principes de composition.

D. – La rhétorique comme analyse de la structure du Coran: pourquoi? Avez-vous pratiqué précédemment une lecture « atomiste »?

R. – C’est une expérience absolument commune à tout lecteur – en tout cas à tout lecteur non musulman qui n’a pas grandi avec ce texte depuis son enfance – d’être déconcerté et vite découragé par l’apparent désordre du texte coranique. Celui-ci ne se déroule pas de manière linéaire, comme le développement progressif d’un ou de plusieurs thèmes, tel que nous l’a appris la rhétorique grecque. Les sujets, dans le Coran, s’entremêlent; un thème à peine abordé est aussitôt interrompu, pour réapparaître éventuellement plus loin. Des incises introduisent parfois un sujet totalement étranger au contexte. Bref, le lecteur a très vite l’impression d’une totale incohérence, et se trouve emporté malgré lui dans une lecture atomiste de fragments indépendants les uns des autres.

Remarquez qu’il n’y a pas que nous, Occidentaux modernes, à avoir cette impression. Déjà dans le Coran, des nouveaux musulmans font remarquer la chose au Prophète (Coran 25, 32), et dans les premières générations musulmanes, certains critiqueront cet aspect du Coran, ce qui donnera lieu à toute une série d’ouvrages qui tenteront de justifier la cohérence (nazm) du Livre. Leurs arguments, à vrai dire, ne sont pas convaincants, et ne portent que sur des détails, en sorte que le problème demeura entier.

Les islamologues occidentaux modernes pendant longtemps ont simplement pris acte de cette incohérence du texte, comme un fait d’évidence. Et comme ils pratiquaient tous la méthode historico-critique, ils trouvaient dans les incohérences du texte des arguments pour détecter des couches rédactionnelles, des insertions tardives ou des remaniements du texte qu’ils n’hésitaient pas parfois à restituer dans un ordre plus « logique », en déplaçant certains versets.

La recherche d’un ordre du texte apparaissait donc comme un vrai défi. Quelques rares islamologues ont, dans les années 1980, tenté de comprendre la composition des brèves sourates de l’époque mekkoise (la première époque de la révélation coranique), avec des résultats très partiels. Mais eux-mêmes déclaraient qu’il était désormais impossible de trouver un ordre quelconque dans les longues sourates composites de l’époque médinoise (les sourates qui se situent au début du texte du Coran, mais qui sont chronologiquement réputées les dernières). Comme mes analyses sur les brèves sourates avaient donné des résultats tout à fait positifs, il fallait tenter l’essai sur les longues sourates médinoises. D’où est né Le Festin.

D. – En quoi votre lecture diffère-t-elle des autres lectures?

R. – Essentiellement, dans le fait que l’analyse rhétorique du texte permet une lecture contextuelle. Le morcellement du texte a sans doute été la principale raison pour laquelle tous les commentaires classiques commentent le texte verset par verset, de manière « atomiste », en dehors de toute considération du contexte littéraire immédiat de ces versets. C’est aussi la raison pour laquelle ils expliquent les versets par des éléments externes au texte, ce qu’ils appellent techniquement les « occasions de la révélation »: en recourant à des anecdotes ou des faits de la vie du Prophète, puisés dans les traditions (hadîths) attribués au Prophète ou à ses compagnons, ils donnent la raison historique pour laquelle tel ou tel verset a été révélé, lui donnant ainsi un certain sens.

Or, quand un verset est resitué dans son contexte, délimité par la structure textuelle dont il fait partie, son véritable sens apparaît souvent sans qu’on ait besoin de recourir à ces « occasions de la révélation », dont on peut penser que, le plus souvent, elles ont été forgées post eventum, pour expliquer les obscurités du texte.

Je donne un exemple. Le verset 2,106 fait dire à Dieu: « Dès que Nous abrogeons un verset ou dès que nous le faisons oublier, nous le remplaçons par un autre, meilleur ou semblable ». Ce verset est présenté par les juristes, les fuqahâ’, comme le fondement coranique de leur théorie de l’abrogation, selon laquelle certains versets du Coran en abrogent d’autres. Cette théorie a permis de résoudre d’apparentes contradictions entres les versets, surtout les versets normatifs. On a donc considéré que les versets les plus récents abrogeaient les plus anciens, et pour déterminer quels étaient les versets les plus récents, on a admis a priori que les versets les plus durs et les plus restrictifs devaient être les plus récents et qu’ils abrogeaient les versets plus doux ou plus tolérants, qui les précédaient.

Or, pour en revenir au verset 2, 106, si on le resitue dans son contexte, on voit qu’il ne veut absolument pas dire cela: c’est une réponse à des juifs qui protestaient contre Muhammad parce qu’il avait proclamé, dans sa récitation du Coran, des versets de la Torah, tout en les modifiant. A cette accusation de « falsification », Dieu répond qu’il est libre d’abroger une révélation antérieure par une nouvelle, meilleure. Il s’agit donc d’une abrogation de la Torah par le Coran et non du Coran par lui-même.

Bien que plusieurs savants musulmans, au cours du XXe siècle, et encore tout récemment l’islamologue français Geneviève Gobillot ont dénoncé avec force cette erreur d’interprétation, elle continue à avoir largement cours. Cette question est d’une extrême actualité, car les extrémistes islamistes se servent de l’argument de l’abrogation pour considérer notamment que les versets les plus durs de la sourate 9 (versets 29, 73), incitant les musulmans à combattre les infidèles, abrogent à peu près 130 versets plus tolérants qui ouvrent les voies d’une coexistence pacifique entre les musulmans et les autres communautés.

Fidèles à la logique de l’abrogation telle qu’ils la comprennent, les extrémistes estiment (comme déjà certains commentateurs anciens) que la sourate 9 est la dernière sourate révélée, abrogeant notamment les versets plus « ouverts » et tolérants de la sourate 5, alors que tout, dans cette dernière, montre qu’il s’agit d’un texte-testament, qui clôt la révélation.

D. – Qu’est-ce qui permet d’affirmer cela?

R. – La seule analyse rhétorique ne permet pas d’arriver à cette conclusion. Mais c’est encore une contextualisation de la sourate qui y conduit, mais cette fois, dans le cadre d’une approche intertextuelle. Cette sourate contient en effet plusieurs citations tout à fait claires de la Bible ou de textes para-bibliques: la révolte des fils d’Israël qui refusent d’entrer dans la Terre sainte (reprise du livre des Nombres), l’assassinat d’Abel par Caïn, la loi du talion, une sentence de la Mishna (reprise textuellement), des scènes apocryphes de l’enfance de Jésus, ainsi qu’une évocation assez mystérieuse de la dernière Cène (d’où le titre de la sourate).

Ces choses sont connues depuis longtemps. Mais une lecture attentive du texte révèle nombre d’autres réminiscences bibliques, moins apparentes mais non moins réelles, qui, mises ensemble, ne laissent aucun doute sur l’arrière-fond deutéronomique de la sourate: le mélange de lois et de récits, le thème central de l’Alliance, celui de l’entrée dans une terre sainte, le vocabulaire (répétition de « l’aujourd’hui » de Dieu, les injonctions à l’obéissance aux préceptes, etc.).

Or, le Deutéronome se présente comme le testament prophétique de Moïse qui clôt le Pentateuque, la Torah: il meurt d’ailleurs en fin du livre. Selon la tradition, la sourate 5 aurait été révélée lors du solennel pèlerinage d’adieu du Prophète, qui serait mort très peu de temps après. La similitude de situation est frappante, si ce n’est que Moïse n’entre pas lui-même dans la Terre sainte, alors que Muhammad, lui, se trouve, avec sa communauté triomphante dans la terre sainte du sanctuaire de la Mecque.

Le récit de la révolte des fils d’Israël, s’il figure d’abord dans le livre des Nombres, est repris dans le Deutéronome. Or, ce récit est la clé de compréhension de toute la sourate 5: il figure le refus des gens du Livres, juifs et chrétiens, d’entrer dans l’alliance islamique, alors que les musulmans, eux, y sont entrés. Tout à la fin de la sourate, l’évocation de la Cène est encore liée à la thématique de l’Alliance, dans un contexte où se lisent des traces du discours d’adieu de Jésus, en saint Jean, autre discours-testament. Enfin, il faut remarquer que la sourate se termine par le jugement de Jésus qui nie formellement devant Dieu avoir proclamé être le fils de Dieu et proclame solennellement, au contraire, le plus pur monothéisme (5, 116-117).

Tel est le dernier mot, chronologiquement parlant, de la révélation coranique, et il correspond exactement à la fin du texte du Livre, puisque la sourate 112 proclame le même monothéisme intransigeant, niant toute filiation en Dieu (les sourates 113 et 114, deux prières qui ne figuraient pas dans certains codex primitifs, doivent être considérées comme un encadrement liturgique du Coran, avec la sourate 1: la sourate 112 est donc la conclusion réelle du Livre).

D. – Est-ce que vous considérez qu’il est important maintenant d’aborder le Coran avec une méthodologie scientifique, à l’instar de l’herméneutique et de l’exégèse biblique?

R. – Je le crois de la première importance, en effet. L’exégèse traditionnelle, après avoir donné tout ce qu’elle pouvait, a épuisé ses ressources depuis longtemps: pendant des siècles on n’a fait que répéter les commentaires des trois ou quatre premiers siècles de l’hégire. Les grands commentaires classiques restent des références et il faut les consulter, notamment pour les questions de grammaire ou de philologie. Mais ils ne peuvent guère répondre aux préoccupations de l’homme moderne, qui vit dans un tout autre monde.

C’est bien pourquoi sont apparus, au XXe siècle, d’importants commentaires idéologiques, dont les plus connus sont ceux de l’Indo-pakistanais Mawdûdî et de l’Egyptien Sayyid Qutb, l’idéologue des Frères musulmans. Ce sont des interprétations du Coran en fonction de préoccupations sociales et politiques actuelles. Les courants islamistes contemporains s’en réclament directement. Leur slogan est celui du retour au Coran, au-delà de toutes les déviances et décadences de l’histoire de la communauté musulmane. Mais c’est bien là la question: comment « revenir au Coran »?

La voie la plus rapide et la plus facile est de projeter sur le Coran ses propres aspirations, en manipulant le texte à volonté. Un nombre croissant d’intellectuels musulmans dénoncent vigoureusement cette manière de procéder et réclament une étude scientifique du texte, comme les chrétiens l’ont fait pour la Bible. Le chemin est évidemment beaucoup plus long et laborieux, et les résultats en sont imprévisibles, d’où peut-être, la crainte qu’elle suscite. Du côté musulman, la recherche dans ce sens n’en est (à quelques exceptions près) qu’à ses premiers balbutiements, alors que l’orientalisme, depuis un siècle et demi, a déjà fourni une masse énorme de données (que l’on peut trouver notamment dans l’ »Encylopédie de l’Islam », et la toute récente »Encyclopaedia of the Qur’ân »). Les grands centres de théologie musulmane, comme l’Université al-Azhar, au Caire, restent jusqu’à ce jour très méfiants à l’égard de ces méthodes modernes.

D. – Comment arriver au cœur du Coran, sans se laisser prendre par les diverses traditions interprétatives qui peuvent en faire dévier?

R. – La « méthode », si l’on peut dire, n’est pas différente de celle que requiert toute autre recherche scientifique, et c’est l’esprit critique. Cela demande toute une ascèse de l’esprit: savoir prendre du recul par rapport à l’objet d’étude, être prêt à remettre en question les idées reçues et à découvrir l’inattendu (il n’est pas vrai qu’on ne trouve que ce que l’on cherche!), rien affirmer sans en avoir fait la démonstration, se plier, dans l’étude du texte, à la discipline des sciences humaines modernes (linguistique, histoire, critique littéraire, notamment).

Le penseur français d’origine algérienne, Muhammad Arkoun, a dit avec raison et quelque humour que la manière la plus efficace de lutter contre la violence et le terrorisme des extrémistes islamistes serait d’imposer, dans le cycle d’éducation des jeunes, la lecture de l’Encyclopédie du Coran, fruit de ce type d’approche scientifique et critique du Livre. La grande difficulté, au Moyen-Orient, est que l’éduction repose essentiellement sur la tradition et la mémorisation, et non sur la réflexion et l’esprit critique. Il y a là un phénomène de culture qui rend problématique le progrès scientifique en général, et l’évolution de l’exégèse en particulier.

D. – Est-ce que votre approche du texte coranique peut donner l’impression d’attaquer l’islam, ou au contraire, de parvenir à la pureté de la foi coranique?

R. – L’islam ne s’est pas construit à partir du Coran seul. Les traditions (hadîths) attribuées au Prophète qui forment la sunna (ou les traditions remontant aux imams, pour les chiites), et ensuite l’élaboration du droit musulman (le fiqh) et de la loi (chari’a) ont joué un rôle au moins aussi important, sinon plus. Le commentaire (tafsîr) du Coran fait partie de cette Tradition, et s’appuie en très grande partie sur les hadîths sensés expliquer le texte en fournissant les « circonstances de la révélation ».

L’analyse rhétorique prend le texte tel qu’il est, dans sa version canonique, et seulement le texte. Méthodologiquement, elle fait abstraction de la Tradition (du moins dans un premier temps). Et comme elle aborde le texte d’une toute autre façon que la Tradition, elle aboutira souvent à des interprétations qui ne concordent pas avec celle-ci. Pour autant, elle n’attaque en rien ce qui fait le cœur de la foi musulmane, tout au contraire: elle la met davantage en lumière, en la débarrassant d’ajouts qui l’ont encombrée, au long de l’histoire.

L’exemple que j’ai donné plus haut en est une preuve: la fin chronologique de la révélation muhammadienne (fin de la sourate 5) et la conclusion du Livre (la sourate 112) ont un contenu strictement identique, soulignant le fait que le monothéisme islamique rejette rigoureusement l’idée de la filiation divine de Jésus. On est là au cœur du credo musulman. On pourrait encore donner l’exemple de l’évocation de la Cène, dans les versets 112-115. Les commentaires traditionnels sont extrêmement décevants, traitant le texte comme un récit merveilleux, décrivant avec complaisance la riche nourriture du repas que Dieu fait descendre du ciel.

Or, une lecture attentive du texte y repère nombre de réminiscences du discours sur le pain de vie, en saint Jean, chapitre 6, ce qui donne immédiatement une toute autre dimension au texte, comme allusion à la nouvelle alliance apportée par Jésus et le choix qui s’impose aux apôtres (et aux chrétiens après eux) d’entrer dans cette alliance ou de la dépasser, dans l’alliance apportée par Muhammad. La lecture contextuelle et intertextuelle permet de sortir de l’anecdotique pour rejoindre des dimensions théologiques ignorées des commentateurs anciens, et cependant tout à fait conformes à la foi islamique.

D. – Est-ce que les théologiens musulmans vont comprendre que l’analyse rhétorique du texte ouvre à une interprétation du texte qui devrait permettre un renouveau de l’exégèse coranique, comme elle le fait pour l’exégèse biblique?

R. – Ces choses-là prennent du temps. Souvenons-nous des difficultés rencontrées par l’exégèse moderne avec l’Eglise catholique, à ses débuts. Il y a aussi des écoles de pensée: l’analyse rhétorique biblique a dû s’imposer, non pas contre, mais à côté de l’approche historico-critique de la Bible, qui a longtemps été la seule école reconnue.

Vu l’énorme poids de la tradition en islam, on peut prévoir que les choses y avanceront plus lentement (« avec une vitesse géologique » plaisantait un grand connaisseur de l’islam!). Ce sera sans doute la tâche lourde et difficile des intellectuels musulmans, ayant parfaitement assimilé l’esprit scientifique moderne, de faire le lien entre les théologiens traditionnels et les approches nouvelles du texte coranique. Ces intellectuels, eux, sont parfaitement conscients de l’enjeu. C’est pourquoi je n’ai pas hésité à solliciter une préface pour mon livre de la part d’un éminent chercheur musulman, le professeur Mohamed-Ali Amir-Moezzi.

D. – L’analyse rhétorique situe le Coran dans le contexte de la littérature sémitique antique. Qu’est-ce que cela comporte? Quelles en sont les conséquences?

R. – Cela suppose d’abord que l’on considère le Coran en tant que texte littéraire. Déjà dans les années 1930, le grand penseur et écrivain égyptien Taha Husein réclamait le droit de lire le Coran comme œuvre littéraire, aux côtés d’Homère ou de Shakespeare. Le fait d’analyser le Coran sous l’angle de la rhétorique sémitique, situe en effet ce texte dans le cadre de la littérature sémitique de l’Antiquité tardive.

On sait les résistances de l’islam traditionnel à une telle approche, puisque le Coran y est considéré comme Parole divine, descendue du Ciel, où elle est conservée sur une Table céleste. Cette Parole est par conséquent supposée n’avoir aucun lien d’origine avec quelque réalité terrestre. Cette position théorique ne tient évidemment pas dans la pratique: le Coran est écrit en « langue arabe claire », comme il le dit lui-même, une langue qui a donné prise, dès les débuts de l’exégèse coranique, à des analyses grammaticales et lexicologiques, en lien avec la langue arabe existante, en un lieu et une époque bien définis.

Dès lors, on ne voit pas pourquoi cela poserait un vrai problème théologique de considérer la composition du texte sous l’angle de sa similitude avec la composition des autres textes sémitiques de l’Antiquité? La rhétorique, comme nous l’avons définie, n’est pas autre chose, en somme, qu’une grammaire du texte, à un niveau supérieur de la grammaire des mots et de la phrase.

En dehors de cette difficulté possible, les musulmans devraient se réjouir de découvrir que ce texte, tant décrié par certains pour son incohérence, est en fait très bien construit, avec beaucoup de finesse, je dirais même, parfois jusqu’à la sophistication. A condition, bien sûr, d’accepter qu’il puisse y avoir une autre logique et une autre rhétorique que celles de la tradition grecque! Certains musulmans un peu pressés pourront même y voir une preuve du caractère miraculeux du Coran!

D. – Une question qui est sur toutes les lèvres: est-ce que tout le Coran doit être pris à la lettre? Qu’est-ce qui peut en être laissé au passé?

R. – La question se pose aussi pour la Bible, et la réponse que l’on peut donner est la même. L’exégèse a pour tâche première de dire la lettre du texte, aussi fidèlement que possible. Mais cette lettre est elle-même d’emblée très complexe et pleine de contradictions, apparemment impossibles à concilier. D’où la nécessité d’une interprétation qui tienne compte non seulement du détail du texte, mais aussi de l’ensemble du Livre.

Et si l’on croit que ces textes fondateurs sont des textes vivants qui ont encore quelque chose à nous dire aujourd’hui, on ne saurait faire abstraction, dans la lecture, de l’évolution morale et spirituelle de l’humanité. Déjà le grand penseur réformiste égyptien, le cheikh Muhammad Abduh (m. 1905), affirmait que l’on ne pouvait pas mettre tous les versets du Coran sur le même plan: beaucoup d’entre eux sont des versets circonstanciels, qui valaient pour une situation donnée, celle de la fondation de la communauté musulmane, à présent révolue depuis longtemps.

A côté de ces versets, il en est d’autres qui reflètent une sagesse universelle, valable pour tous les temps, et c’est sur eux qu’il faut fonder la foi et la pratique religieuse. C’est ce que font, dans leur « Lettre ouverte à sa sainteté Benoît XVI », les cent intellectuels signataires, dont un grand nombre de « grands muftis » de différents pays: ils mettent en avant des versets qui permettent un convivium pacifique des musulmans avec les autres communautés humaines.

Cela peut signifier qu’ils considèrent implicitement les versets combatifs, que l’on trouve notamment dans la sourate 9, déjà citée, comme caducs dans leur application. Mais il faudrait que cela soit déclaré officiellement, en toute clarté, et considéré comme définitif et irréversible. Ici, on se heurte à une autre difficulté: celle de l’absence de Magistère, en islam, qui puisse faire une telle démarche.

D. – Encore une question: avec les musulmans, le dialogue est-il culturel ou religieux? Un débat en cours (cf. Benoît XVI).

R. – Sans entrer ici sur l’opportunité ou non des remaniements structurels de la Curie pontificale, il me semble évident que le dialogue avec les musulmans, comme avec les autres religions, ne peut être que les deux à la fois.

Si l’on croit aux déclarations du Concile Vatican II, dans « Nostra Aetate », sur les religions, et notamment sur les musulmans, il est clair que l’islam représente une religion majeure de notre temps, plus proche du christianisme, par ses racines historiques, que la plupart des autres religions. Elle a certes un statut différent que le judaïsme, l’arbre sur lequel a été greffé le christianisme, mais elle possède des traits communs essentiels avec notre foi, signalés par le texte conciliaire.

L’épître aux Hébreux ne dit-elle pas aussi que « celui qui s’approche Dieu doit croire qu’il existe et qu’il se fait le rémunérateur de ceux qui le cherchent » (He 11,6)? En écho, le Coran déclare à deux reprises que « ceux qui croient (les musulmans), les juifs, les sabéens et les chrétiens – quiconque croit en Dieu et au dernier Jour et fait le bien – n’éprouveront aucune crainte (de l’enfer) et ils ne seront pas affligés » (5, 69 et 2, 62).

Mais il est vrai que l’islam n’est pas seulement une religion, mais aussi une vaste et multiple culture (tout comme le christianisme), et que cet aspect doit également faire partie du dialogue. Le père Georges Anawati, fondateur de l’Institut Dominicain d’Etudes Orientales du Caire, aimait à répéter: « Pas de culture sans religion, pas de religion sans culture ».

Mgr Georg Ratzinger : la plus grande aide pour le pape est de prier pour lui

23 novembre, 2007

from the site: 

http://www.zenit.org/article-16680?l=french

 

Mgr Georg Ratzinger : la plus grande aide pour le pape est de prier pour lui

ROME, Mercredi 21 novembre 2007 (ZENIT.org)

La plus grande aide que lon puisse apporter au pape, cest de prier pour lui, a affirmé le frère de Benoît XVI, Mgr Georg Ratzinger.Dans un bref entretien accordé à ZENIT, Mgr Ratzinger a expliqué que son frère, en tant que pape, porte certes un lourd fardeau, mais que malgré cela, il a la certitude de ne pas être seul, d’être au contraire « soutenu par toute lEglise, par tous ses confrères, par tous les fidèles ».« Il sait quune multitude de personnes prie pour lui, quil peut compter sur son ange gardien et sur la protection de Dieu qui la choisi pour cette tâche »

, a-t-il poursuivi.En effet, a-t-il précisé, la plus grande aide que lon puisse apporter à l’évêque de Rome est de prier pour lui « et daffirmer et de représenter dans le milieu dans lequel on vit, les encouragements quil fournit et ce quil proclame ».Mgr Georg se souvient avec joie des jours passés avec son frère à loccasion du voyage de Benoît XVI en Bavière du 9 au 14 septembre 2006 : « Je dois dire surtout que j’étais partout traité avec une grande attention et serviabilité. Je me sentais soutenu par des personnes toujours prêtes à aider et jai trouvé un grand climat de fête. Le mauvais temps naurait jamais pu me troubler »

.A cette occasion, le pape avait réservé une journée spéciale à ses proches, avec la visite chez Mgr Georg à Ratisbonne, chez les Pentling où il avait vécu lorsquil enseignait à lUniversité de Ratisbonne, et au cimetière de Ziegetzdorf où reposent ses parents (Maria et Josef) et sa sœur, Maria.Dans sa description détaillée des années de son enfance et de sa jeunesse dans la maison paternelle, Mgr Georg Ratzinger, né en 1924 à Pleiskirchen dans la commune de Altötting, a souligné la profonde dévotion qui a toujours imprégné

leur vie de famille.La vérité fondamentale qui a toujours guidé les trois frères et sœurs, a-t-il précisé, est celle qui est contenue dans le Catéchisme : « Pour quelle raison sommes-nous sur la Terre ? Afin de pouvoir honorer Dieu et aller au Ciel ».Joseph Ratzinger et son frère Georg ont été ordonnés le même jour, le 29 juin 1951. Georg a alors poursuivi sa passion pour la musique, devenant premier maître de chœur à Traunstein puis, en 1964, directeur du chœur de voix blanches de la cathé

drale de Ratisbonne.Concernant le choix du sacerdoce, Mgr Georg Ratzinger a expliqué que tout sest déroulé « de manière spontanée » : « le terrain avait été préparé par une bonne vie de famille, où la foi était vivante ».

Le collège cardinalice consulté sur l’œcuménisme – Réunion précédant le consistoire

23 novembre, 2007

du site: 

http://www.zenit.org/article-16698?l=french

Le collège cardinalice consulté sur l’œcuménisme

Réunion précédant le consistoire

ROME, Jeudi 22 novembre 2007 (ZENIT.org)

Le pape Benoît XVI consultera les cardinaux actuels et les 23 nouveaux cardinaux qui seront « créés » samedi, dès ce vendredi 23 novembre, au Vatican, sur l’œcuménisme.

En effet, à l’occasion du consistoire public de samedi prochain, le collège cardinalice est réuni vendredi par Benoît XVI pour cette journée de prière et de ré

flexion.Apr

ès la prière de l’office de Tierce, en la nouvelle salle du synode, le pape adressera quelques mots de salutation à l’auditoire.

Ensuite, le président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, le cardinal Walter Kasper fera un exposé intitulé : « Informations, réflexions, et évaluations du moment actuel du dialogue œcuménique »

.Les cardinaux pourront ensuite intervenir jusqu

’à 12 h 30.

Les travaux reprendront à 17 h avec la prière des Vêpres. Le pape Benoît XVI introduira ensuite un temps d’échanges libres « sur la vie de l’Eglise en général »

.Un discours de Beno

ît XVI conclura cette journée « de prière et de réflexion » à 19 h.

Lors de l’audience générale du 17 octobre dernier, en annonçant le consistoire, le pape Benoît XVI avait en effet invité les fidèles à prier pour les nouveaux cardinaux en disant : « Confions les nouveaux élus à la protection de la Vierge Marie, en lui demandant de les assister dans leurs ministères respectifs, afin qu’ils sachent témoigner, avec courage, en toute circonstance leur amour du Christ et de l’Eglise », disait le pape après avoir annoncé

les noms des 23 nouveaux cardinaux.Le pape soulignait aussi combien leur groupe refl

ète l’universalité de l’Eglise : « Les nouveaux cardinaux viennent de différentes régions du monde. Leur groupe reflète bien l’universalité de l’Eglise et la multiplicité des ministères : à côté de prélats méritants pour le service rendu au Saint-Siège, il y a des pasteurs qui dépensent leurs énergies au contact direct avec les fidèles ».

Benoît XVI a eu aussi quelques mots pour les pasteurs auxquels il espère avoir un jour la possibilité de remettre la barrette de cardinal : « Il y aurait d’autre personnes, qui me sont très chères, qui, par leur dévouement au service de l’Eglise mériteraient d’être élevées à la dignité cardinalice. J’espère avoir à l’avenir l’occasion de leur témoigner, aussi de cette façon, ainsi qu’aux pays auxquels elles appartiennent, mon estime et mon affection »

.Rappelons aussi que le pape Beno

ît XVI à peine élu avait indiqué l’unité des chrétiens comme une des priorités de son pontificat.

Dès le 19 avril 2005, il avait en effet déclaré en la chapelle Sixtine y voir un « devoir pressant », il confiait se laisser « interpeller personnellement par cette question » et sa volonté de s’inscrire dans le « sillage » de ses prédé

cesseurs.

« C’est, en toute conscience, au début de son ministère dans l’Eglise de Rome que Pierre a baignée de son sang, que l’actuel successeur prend comme premier engagement celui de travailler sans épargner ses forces, à la reconstruction de l’unité pleine et visible de tous les disciples du Christ », a-t-il affirmé.

Il insistait sur les gestes concrets en disant : « Telle est son ambition, tel est son devoir pressant. Il est conscient que pour cela les manifestations de bons sentiments ne suffisent pas. L’on a besoin de gestes concrets qui pénètrent les âmes et secouent les consciences, incitant chacun à cette conversion intérieure qui est la condition nécessaire à tout progrès sur le chemin de l’œcuménisme »

.Il mettait surtout en

évidence la nécessité d’une « purification de la mémoire », selon l’expression de Jean-Paul II : « Le dialogue théologique est nécessaire, l’approfondissement des motivations historiques de choix faits dans le passé est même indispensable. Mais le plus urgent est cette « purification de la mémoire », évoquée si souvent par Jean-Paul II, qui seule peut disposer les âmes à accueillir la pleine vérité du Christ. C’est devant Lui, Juge suprême de tout être vivant, que chacun de nous doit se placer, conscient de devoir un jour Lui rendre compte de ce qu’il a fait ou n’a pas fait pour le grand bien de l’unité pleine et visible de tous ses disciples ».

« L’actuel successeur de Pierre se laisse interpeller personnellement par cette question, insistait le pape, et il est disposé à faire ce qui est en son pouvoir pour promouvoir la cause fondamentale de l’œcuménisme. Dans le sillage de ses prédécesseurs, il est pleinement déterminé à exploiter toute initiative pouvant apparaître opportune pour promouvoir les contacts et l’entente avec les représentants des différentes Eglises et Communautés ecclésiales. Il leur adresse d’ailleurs, également à cette occasion, le salut le plus cordial, dans le Christ, unique Seigneur de tous »

.Et, le 24 avril 2005, le pape affirmait en inaugurant son pontificat :

« De l’image du pasteur et de celle du pêcheur émerge de manière très explicite l’appel à l’unité », a affirmé le pape Benoît XVI dans son homélie.

Il citait l’Evangile : « J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie ; celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur » (Jn 10,16), dit Jésus à la fin du discours du bon pasteur. Le récit des 153 gros poissons se conclut avec la constatation joyeuse : ‘Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré’ (Jn 21,11) »

.

Il déplorait : « Hélas, Seigneur bien-aimé, aujourd’hui le filet s’est déchiré, aurions-nous envie de dire avec tristesse ! Mais non – nous ne devons pas être tristes ! Réjouissons-nous de ta promesse, qui ne déçoit pas, et faisons tout ce qui est possible pour parcourir la route vers l’unité que tu as promise. Faisons mémoire d’elle comme des mendiants dans notre prière au Seigneur : oui Seigneur, souviens-toi de ce que tu as promis. Fais que nous ne soyons qu’un seul Pasteur et qu’un seul troupeau ! Ne permets pas que ton filet se déchire et aide-nous à être des serviteurs de l’unité ! »

bonne nuit

23 novembre, 2007

bonne nuit dans image bon nuit, jour, dimanche etc. 9144-south-plaza-pelican

Pelican
Location: South Plaza Island, Galapagos Islands
Date: 6 May 2006
Camera: Canon EOS 20D
Lens Focal Length: 160mm
Shutter Speed: 1/80
Aperture: f/11.0
ISO: 100

http://www.mountaininterval.org/photos/galapagos-2006/highlights/pages/2006-05-A/9144-south-plaza-pelican.html#top

Les marchands du Temple

23 novembre, 2007

Maître Eckhart (vers 1260-1327), théologien dominicain
Sermon 1 sur Mt 21,12 (trad. Ancelet, Seuil 1974, rev. Tournay)

Les marchands du Temple

« Emportez cela d’ici ! » dit Jésus aux marchands (Jn 2,16). Ce sont des « marchands du Temple » ceux qui, tout en se gardant des péchés les plus grossiers, aimeraient être des gens de bien, font de bonnes oeuvres, mais afin que notre Seigneur leur donne autre chose en échange. Ils veulent que Dieu leur rende en échange ce qui leur est agréable ; ils veulent trafiquer avec notre Seigneur. Mais c’est une erreur de chercher à faire ce commerce. Car même s’ils donnaient tout ce qu’ils font et tout ce qu’ils ont, même s’ils sacrifiaient tout pour Dieu, le Seigneur ne serait pas tenu de donner ou de faire quoi que ce soit à moins qu’il ne le veuille gratuitement, de son plein gré. Ce qu’ils sont, ils le sont par Dieu ; ce qu’ils ont, ils le tiennent de Dieu et non d’eux-mêmes…

D’ailleurs comment agiraient-ils de leur propre initiative, alors que le Christ nous dit : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15,5) ; c’est être complètement insensé que de vouloir commercer ainsi avec Jésus, c’est ne rien savoir de la vérité. C’est pourquoi notre Seigneur chasse les marchands du Temple. La lumière et les ténèbres ne peuvent pas cohabiter ensemble ; or Dieu est lumière, il est vérité et lumière en lui-même. Quand donc il entre dans son Temple, il en chasse l’ignorance ; la Vérité ne supporte aucun esprit mercantile.

Car Dieu ne cherche pas son bien propre ; en tout il est dégagé et libre, il fait tout par vrai amour. Et c’est ainsi que fait l’homme qui est uni à Dieu ; il est lui aussi, par la grâce du Christ, dégagé et libre en tous ses actes ; il ne les fait que pour l’honneur de Dieu et non pour son bien propre — ou plutôt il les accomplit en Dieu. Si tu veux donc être totalement dégagé du mercantilisme spirituel, fais tout pour la louange de Dieu, sans rien demander en échange. Alors tes oeuvres sont spirituelles, divines ; Dieu y est seul, seul en vue.

Santa Cecilia

22 novembre, 2007

Santa Cecilia dans images sacrée
http://santiebeati.it/immagini/?mode=view&album=25350&pic=25350AB.JPG&dispsize=Original&start=0

22 novembre, 2007

du site:

http://www.christianmusicians.be/fr.php/artikels/musiciens/cecilia3

Caecilia: La légende de Sainte Cécile

Pendant déjà plus de mille ans, Cécile a été l’un des martyrs des débuts de l’Eglise les plus vénérés. Son nom, le fait qu’elle fonda une église et qu’elle fut enterrée dans une crypte des catacombes de St Callixte, le contexte tout comme l’existence d’un Valérien et d’un Tubercius est tout ce qui est historiquement vérifiable a son sujet. Toutefois, il est certain que cette vie de saint est basée sur quelques faits réels.

L’histoire de Sainte Cécile, qui n’est pas dénuée de beauté et de mérite, est construite en partie de légendes. La romance de Cécile et Valérien est connue depuis la légendaire passion de Cécile écrite en 535. A cette époque, beaucoup de fondateurs d’église et martyrs ont été canonisés. La première mention de Cécile dans le canon de la messe date de 496.

Ste Cécile naquit dans la noble famille pratiquante de Rome des Coecilia dont sont issus beaucoup de sénateurs. Elle possédait tous les dons de grâce, de beauté et d’innocence qu’une jeune fille pouvait avoir. Riche et cultivée, elle était fervente des arts et avait un talent tout particulier pour la musique. Très jeune, elle voua sa vie à Dieu et fit vœu de virginité.

Contre son gré, son père la maria à un jeune païen nommé Valérien. Le jour des noces arriva et, pendant que tout le monde chantait et dansait, Cécile s’était retirée pour invoquer la protection du Ciel dans cette situation difficile, tout en chantant dans son cœur et en récitant des psaumes. Cette situation est à l’origine de la vénération en temps que patronne de la musique. Valérien, homme remarquable, était connu pour être de grande compréhension.

Au soir du mariage lorsque les jeunes époux se retrouvèrent dans leur chambre, Cécile dit à son mari :- Je vais te conter un secret qu’il faut jurer de ne divulguer à personne. Je suis accompagnée d¹un ange qui veille sur moi. Si tu me touches dans le cadre du mariage, il se mettra en colère et tu souffriras. Si tu respectes ma décision, il t’aimera comme il m’aime.Valérien répliqua :- Montre moi cet ange.Elle lui dit :- Si tu crois en Dieu, et que tu deviens baptisé, tu le verras .Valérien accepta Cécile comme épouse et promit de respecter son vœu sans revendiquer les droits issus du mariage.Il restait très impressionné par la piété et l’état de grâce de sa femme. Avec l’aide du pape St Urbain, Cécile réussit à convertir son mari au christianisme et à le faire baptiser.En retournant vers son épouse, il la trouva en prière avec un ange aux ailes de feu à côté d’elle. L’ange couronna Cécile de roses et Valérien de lilas et leur dit alors :- Recevez ces couronnes, elles sont un signe du Ciel. Jamais elles ne sécheront ni ne perdront leurs parfums. Quant à toi Valérien, demande moi ce que tu veux. Il souhaita que son frère Tiburcius, qui lui était très cher, l’accompagne dans sa foi. Son vœu fut accepté. Lorsque Tiburcius entra dans la maison, le parfum des fleurs invisibles à ses yeux le saisirent et il se laissa convaincre par Cécile et Valérien de renoncer à ses faux dieux. Il se convertit et fut baptisé par St Urbain.

Les deux jeunes époux vécurent dans la chasteté et se dévouèrent aux bonnes oeuvres. Cécile chantait les louanges de Dieu avec assiduité et y joignait souvent un instrument de musique.

Mais les persécutions cruelles des chrétiens, perpétrées par l’empereur Marc-Aurèle auront raison d’eux. A cause de leur ardeur à ensevelir les corps des martyrs chrétiens dans les catacombes à l’extérieur de la ville, ils furent arrêtés. Le préfet Almachius les incita à renoncer à leur foi ce qu’ils refusèrent. Alors afin qu’ils ne puissent pas prendre de dispositions pour faire don de leur bien, ils furent condamnés à être décapités après flagellation. Maximus, l’officier chargé de rendre la sentence, après avoir vu une apparition de martyrs, se convertit soudainement à la religion chrétienne et subit le même sort. Les trois hommes furent exécutés aux alentours de Rome.

Bravant le danger, Cécile les ensevelit dans les catacombes de St Praetextatus sur la Via Appia et décida d’utiliser à l’avenir sa maison pour prêcher la foi. Avec une éloquence sans pareille, Cécile convertit de plus en plus de gens. Un jour, lorsque le pape Urbain lui rendit visite à domicile, il baptisa plus de 400 personnes.

Peu de temps après Valérien , elle fut arrêtée et amenée devant le préfet pour avoir enterré les corps de son mari et de Tiburcius. Elle n’eut pas d’autres choix que la vénération des dieux païens ou la mort. Après une glorieuse profession de foi, elle fut condamnée à mort.

Mais exécuter une fille d’une telle noblesse au service des pauvres n’était pas chose aisée même au temps des empereurs cruels. Rejetant une exécution publique elle fut condamnée à être enfermée dans la salle de bain (sudatorium) de sa propre maison à Trastevere et à suffoquer par la vapeur. Le foyer fur chargé à sept reprises de sa charge normale. La chaleur et la vapeur n’eurent pas raison d’elle. Lorsqu’elle tomba inconsciente, au bout d¹un jour et une nuit le préfet en colère ordonna de la décapiter.

A la vue de la sainte, le soldat envoyé perdit courage et tremblant frappa à trois reprises, mais en vain. La loi romaine interdisant le quatrième coup, elle fut abandonnée gisant dans son sang. Aussitôt les chrétiens se ruèrent dans la maison et essuyèrent les blessures avec les habits de lin, sans la bouger du sol. Cécile survécut trois jours pendant lesquels elle n’avait de cesse à prêcher sa foi et d’encourager les pauvres. Lorsque St Urbain arriva, elle fit don de sa maison pour y construire une église et légua ses biens aux pauvres. Alors tournant sa face contre terre, Cécile mourut le 22 novembre de l’an 230.

Elle fut inhumée dans la position exacte où elle expira, avec les doigts étendus, dans les catacombes de St callixte à côté de la crypte des papes avec, à ses pied, les vêtements ayant essuyé ses plaies. Les catacombes de Saint Callixte se trouvent parmi les plus grandes de Rome. Cet ensemble cimetiéral construit au milieu du second siècle occupant 15 hectares de terrain se compose de 20 km de galeries à plusieurs niveaux à 20 mètres sous terre

En 817, le pape Pascal 1er entrepris de déplacer des milliers de dépouilles hors des catacombes tombant en ruine, vers des lieux plus sûrs et à l’abri des envahisseurs. Mais les reliques de Cécile restaient introuvables. Un matin de l’an 822, tandis qu’il célébrait à Rome, Cécile apparut au Pape Pascal 1er lui révélant l’emplacement de la sépulture. Celui-ci fut découvert le même jour dans les catacombes de Saint Callixte. Dans le cercueil de cyprès se trouvait Cécile habillée d’une robe de tissu or et des vêtements de lin imbibés de sang à ses pieds. On mit à jour également la tombe de Valérien, Tiburcius et Maximus. Le pape fit transférer Cécile sous l’autel principal de l’église de Trastevere qui sera appelée plus tard : Titulus Sanctae Caeciliae :  » Eglise fondée par une femme appelée Cécile « . Replacée dans la position découverte, le pontife déposa le cercueil dans un sarcophage de marbre. Valérien et ses amis furent placés à un autre endroit de la chapelle

Sous le règne du pape Clément VIII en 1599, lors des travaux de rénovation de l’église Ste Cécile et de la construction de son grand autel, le cardinal Paul Emilius Sfondrati ouvrit la tombe et trouva le sarcophage de marbre blanc contenant le corps Cécile intact.

Après plus de 800 ans, elle était miraculeusement et admirablement bien conservée. Couchée sur le côté droit face contre terre, comme dans un profond sommeil, sa nuque portant encore les traces des coups. Le vert et or de sa robe luxueuse n’avaient pas été altérés par le temps. Il n’existe aucun autre fait semblable dans l’histoire de l’Eglise : la préservation d’un corps dans la position du décès et immortalisé par le marbre. A l’ouverture de sa tombe, des artistes furent autorisés à peindre des tableaux et des images. Des milliers de gens eurent le privilège de la voir dans son cercueil et durant 4 à 5 semaines, elle fut exposée à la vénération. Puis le corps se décomposa rapidement au contact de l’air.

Actuellement Cécile et Valérien sont à nouveau réunis pour l’éternité. Leurs reliques ainsi que celle de St Urbain se trouvent dans une voûte somptueuse sous le grand autel de l’église Sainte Cécile de Trastevere qui lui a été dédiée par Sfondrati. La cérémonie de fermeture de la tombe avec les reliques dans un cercueil d’argent eut lieu en présence du pape lui-même et de 42 cardinaux.

Sous cet autel se trouve une magnifique statue de marbre sculptée en 1601 par Stefano Maderno et représentant fidèlement la martyr baignant dans son sang comme elle tomba après les coups et telle que on la trouva lors de l’ouverture de sa tombe en 1599. Dans cette oeuvre, Maderno, tombé amoureux d’elle, a pu exprimer toute la grâce de Cécile travaillant le marbre dans une  » représentation lumineuse et chaude « . Une réplique de cette statue occupe la place originale de la Sainte dans les catacombes de Callixte où la crypte de Sainte Cécile est entièrement décorée de fresques et de mosaïques (début du IX siècle) . Sur le mur, près de la réplique de la statue, se trouve une image antique de Sainte Cécile dans une attitude de prière.

Jusqu’au moyen-âge, le patron des musiciens était le pape Saint Grégory, mais quand l’académie de musique de Rome fut créée en 1584, elle fut placée sous la protection de Sainte Cécile. Ainsi s’établit sa vénération devenue universelle, comme patronne des musiciens. L’association de Ste Cécile avec la musique date de la fin du V siècle et est due aux pèlerins venus voir ses reliques. Elle devient alors le sujet de bon nombre de représentations (peinture, fresques, mosaïques) et est à la source de prières, de chants qui ont contribué à sa popularité. Dryden a écrit  » Une chanson pour la fête de Sainte Cécile  » et le poète Alexander Pope composa  » Ode à la musique pour la fête de Ste Cécile « .

Depuis le XVème siècle, l’emblème de Sainte Cécile est devenu l’orgue. Sur des représentations imagées, elle y est figurée avec un orgue, une harpe ou un autre instrument de musique. Auparavant elle était couronnée de roses, portant une palme ou occupée à convertir son mari Saint Valérien, etc… Les plus anciennes images de Cécile sans instruments de musique ont été trouvées au VIème siècle sur des fresques romaines dans les catacombes de St Callixte. Après qu’elle fut peinte par Raphaël en organiste, son image est devenue un sujet favori pour les vitraux.

Sainte Cécile patronne de la musique, des musiciens, des compositeurs des luthiers des chanteurs et des poètes, est fêtée le 22 novembre.

Bibliographie :
St Patrick’s church : Cecilia of Rome
Catholic Community Forum : images of Ste Cecilia
La crypte de Ste Cécile
Thais : 1200 anni di scultura italiana
Sergio Caggia : Santa Cecilia
Encyclopédie Catholique : Ste Cécile
Judilynn Niedercorn : Who was St Cécilia ?
Extraits du Livre des Martyrs.
William Caxton : la vie de Ste Cécile

http://users.swing.be/lottert/cecilehist.htm

Musiciens Chrétiens

par Sandro Magister : Pour une lecture du Coran renouvelée: la leçon d’un grand islamologue (4.6.2007)

22 novembre, 2007

l’article de Magister je le publie moitié aujourd’hui et moitié demain parce qu’il est  très long, du site: 

http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/145581?fr=y

 

Pour une lecture du Coran renouvelée: la leçon d’un grand islamologue

Michel Cuypers applique au livre sacré de l’islam les méthodes déjà appliquées à la Bible. Les résultats sont stupéfiants. Par exemple, contrairement à ce que prétendent les zélateurs de la guerre sainte, les versets les plus belliqueux du Coran n’ »abrogent » pas, en réalité, ceux qui sont plus tolérants et pacifiques par Sandro Magister

 

 ROMA, le 4 juin 2007 38 musulmans compétents avaient signé, en octobre dernier, une « Lettre ouverte à Sa Sainteté le pape Benoît XVI » qui commentait son discours du 12 septembre à Ratisbonne. Aujourdhui, les signataires sont 100.Leurs noms et leurs qualifications sont indiqués à la fin de la « Lettre », qui a fait lobjet dune grande rediffusion par « Islamica Magazine », le trimestriel édité aux Etats-Unis et imprimé en Jordanie qui en avait assuré le premier la publication.Ces 100 personnes appartiennent à plusieurs dizaines de nations et aux divers courants de la pensée musulmane, sunnites et chiites: un événement rarissime. Parmi eux figure Aref Ali Nayed, dont www.chiesa a déjà publié en avant-première deux essais qui commentent le discours de Ratisbonne; il intervient à nouveau dans le dossier consacré par « Islamica Magazine » aux idées concernant la foi, la raison et la violence que Benoît XVI avait exposées à Ratisbonne.Le 11 mai dernier, Nayed a donné une « lectio » à Rome, à lInstitut Pontifical dEtudes Arabes et dIslamologie (PISAI), sur le thème de la « compassion » comme premier attribut de Dieu dans la théologie musulmane. Dans le passé, Nayed qui exerce des responsabilités à l’université de Cambridge et est musulman pratiquant « dobédience acharite en théologie, malikite en jurisprudence et chadhilite-rifai pour ce qui est de lorientation spirituelle a également été enseignant au PISAI pendant deux ans.Dans le public qui a écouté sa « lectio » se trouvaient des représentants des ambassades des Etats-Unis, de Russie e dautres pays. Etait également présent le directeur d

« Islamica Magazine », le Jordanien Sohail Nakhooda.Le lendemain, 12 mai, accompagné par le père Miguel Angel Ayuso Guixot, directeur du PISAI, Nayed a eu des entretiens à la secrétairerie d’état au Vatican.Lun des points critiques qui rendent difficile la compréhension entre chrétiens et musulmans est l’interprétation du Coran. La « Lettre des 100″ naborde pas directement la question, même si elle est présente en toile de fond.En revanche un certain nombre de chercheurs sérieux, musulmans ou chrétiens, travaillent depuis longtemps à de nouvelles interprétations du Coran.Du côté musulman, la recherche se fait de manière confidentielle et, jusqu’à présent, avec un effet trè

s faible par rapport les lectures dominantes.Du côté chrétien, les travaux sont davantage menés au grand jour. Mais ils demandent beaucoup plus dattention quils nen obtiennent.Une importante interview sur ce sujet a été publiée dans le n° 4 de 2007 de la revue « Il Regno », éditée à Bologne par les Prêtres du Sacré-Cœur.L’interviewé est Michel Cuypers, 65 ans, belge, Petit Frère de Jésus, la communauté religieuse fondée au XXe siècle par Charles de Foucauld.Cuypers a passé douze ans en Iran, dabord dans une léproserie à Tabriz, puis comme étudiant en langue et littérature persanes à Téhéran. Il a obtenu un doctorat en littérature persane à luniversité di Téhéran en 1983. Il a ensuite étudié larabe en Syrie et en Egypte et en 1989 il est parti pour Le Caire, où il ré

side.Il est chercheur à l’Institut Dominicain dEtudes Orientales, fondé au Caire il y a un demi-siècle par les dominicains islamologues Georges Anawati, Jacques Jomier et Serge Beaurecueil.Depuis 1994 Cuypers a entièrement concentré ses études sur la composition du texte du Coran, en employant la méthode de lanalyse rhétorique. Ses articles et essais sont de plus en plus appréciés, y compris par des spécialistes musulmans. En mai il a publié, en France, un ouvrage consacré à l’analyse dune sourate du Coran: « Le Festin. Une lecture de la sourate al-Mâ’ida », préfacée par l’é minent chercheur musulman Mohamed-Ali Amir-Moezzi. L’interview publiée par « Il Regno », réalisée originellement en français, est de Francesco Strazzari. La voici:La Bible, le Coran et Jésus: comment arriver au coeur du credo musulman

Audience générale : Aphraate, le Sage persan

22 novembre, 2007

du site: 

http://www.zenit.org/article-16679?l=french

 

Audience générale : Aphraate, le Sage persan

Texte intégral

ROME, Mercredi 21 novembre 2007 (ZENIT.org

) Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse donnée par le pape Benoît XVI au cours de laudience générale, ce mercredi, place Saint-Pierre.

Chers frères et sœurs,

Dans le cadre de notre parcours dans le monde des Pères de l’Eglise, je voudrais aujourd’hui vous conduire dans une partie peu connue de cet univers de la foi, c’est-à-dire dans les territoires où ont fleuri les Eglises de langue sémitique, qui n’étaient pas encore influencées par la pensée grecque. Ces Eglises, durant le IVe siècle, se développent au Proche Orient, de la Terre Sainte au Liban et à la Mésopotamie. Au cours de ce siècle, qui est une période de formation au niveau ecclésial et littéraire, ces communautés voient l’affirmation du phénomène ascétique et monastique avec des caractéristiques autochtones, qui ne subissent pas l’influence du monachisme égyptien. Les communautés syriaques du IVe siècle représentent donc le monde sémite, dont la Bible elle-même est née, et elles sont l’expression d’un christianisme dont la formulation théologique n’est pas encore entrée en contact avec des courants culturels différents, et qui vit dans des formes de pensée qui lui sont propres. Ce sont des Eglises où l’ascétisme sous diverses formes érémitiques (ermites dans le désert, dans les cavernes, reclus, stylites), et le monachisme sous des formes de vie communautaire, exercent un rôle d’importance vitale dans le développement de la pensée théologique et spirituelle.

Je voudrais présenter ce monde à travers la grande figure d’Aphraate, également connu sous le nom de « Sage », un des personnages les plus importants, et dans le même temps les plus énigmatiques du christianisme syriaque du IVe siècle. Originaire de la région de Ninive-Mossoul, aujourd’hui en Irak, il vécut dans la première moitié du IVe siècle. Nous ne possédons que peu d’informations sur sa vie ; il entretint cependant des rapports étroits avec les milieux ascétiques et monastiques de l’Eglise syriaque, dont il nous a transmis des informations dans son œuvre et auxquels il consacre une partie de sa réflexion. Selon certaines sources, il fut même responsable d’un monastère et, pour finir, il fut également consacré Evêque. Il écrivit 23 discours, connus sous le nom d’Expositions ou Démonstrations, dans lesquels il traite de divers thèmes de vie chrétienne, comme la foi, l’amour, le jeûne, l’humilité, la prière, la vie ascétique elle-même, et également le rapport entre judaïsme et christianisme, entre Ancien et Nouveau Testament. Il écrit dans un style simple, en employant des phrases brèves et en utilisant des parallélismes parfois contrastants ; il réussit toutefois à formuler un discours cohérent avec un développement bien articulé des divers thèmes qu’il traite.

Aphraate était originaire d’une communauté ecclésiale qui se trouvait à la frontière entre le judaïsme et le christianisme. C’était une communauté profondément liée à l’Eglise-mère de Jérusalem, et ses Evêques étaient traditionnellement choisis parmi ceux qu’on appelle « les proches » de Jacques, le « frère du Seigneur » (cf. Mc 6, 3) : il s’agissait en fait de personnes liées par le sang et par la foi à l’Eglise hyérosimilitaine. La langue d’Aphraate est la langue syriaque, une langue donc sémitique comme l’hébreu de l’Ancien Testament et comme l’araméen parlé par Jésus lui-même. La communauté ecclésiale dans laquelle se déroule la vie d’Aphraate était une communauté qui cherchait à rester fidèle à la tradition judéo-chrétienne, dont elle se sentait la fille. Celle-ci conservait donc un lien étroit avec le monde juif et avec ses Livres sacrés. Aphraate se définit de manière significative « disciple de l’Ecriture Sainte » de l’Ancien et du Nouveau Testament (Démonstrations 22, 26), qu’il considère son unique source d’inspiration, ayant recours à celle-ci d’une manière si fréquente qu’il en fait le centre de sa réflexion.

Aphraate développe plusieurs arguments dans ses Démonstrations. Fidèle à la tradition syriaque, il présente souvent le salut accompli par le Christ comme une guérison et, donc, le Christ lui-même comme un médecin. En revanche, le péché est vu comme une blessure, que seule la pénitence peut guérir : « Un homme qui a été blessé lors d’une bataille, dit Aphraate, n’a pas honte de se remettre entre les mains d’un sage médecin… ; de la même façon, celui qui a été blessé par Satan ne doit pas avoir honte de reconnaître sa faute et de s’éloigner d’elle, en demandant le remède de la pénitence » (Démonstrations 7, 3). Un autre aspect important de l’œuvre d’Aphraate est son enseignement sur la prière, et en particulier sur le Christ comme maître de prière. Le chrétien prie en suivant l’enseignement de Jésus et son exemple d’orant : « Notre Sauveur nous a enseigné à prier ainsi, en disant : Prie dans le secret Celui qui est caché, mais qui voit tout ; et encore : Entre dans ta chambre et prie ton Père dans le secret, et le Père qui voit dans le secret te récompensera (Mt 6, 6)… Ce que notre Sauveur veut montrer est que Dieu connaît les désirs et les pensées du cœur » (Démonstrations 4, 10).

Pour Aphraate, la vie chrétienne est centrée sur l’imitation du Christ, sur le fait de prendre son joug et de le suivre sur la voie de l’Evangile. Une des vertus qui s’adapte le mieux au disciple du Christ est l’humilité. Celle-ci n’est pas un aspect secondaire dans la vie spirituelle du chrétien : la nature de l’homme est humble, et c’est Dieu qui l’exalte pour sa propre gloire. L’humilité, observe Aphraate, n’est pas une valeur négative : « Si la racine de l’homme est plantée dans la terre, ses fruits croissent devant le Seigneur de la grandeur » (Démonstrations 9, 14). En restant humble, même dans la réalité terrestre dans laquelle il vit, le chrétien peut entrer en relation avec le Seigneur : « L’humble est humble, mais son cœur s’élève à des hauteurs éminentes. Les yeux de son visage observent la terre et les yeux de l’esprit, les hauteurs éminentes » (Démonstrations 9, 2).

La vision qu’Aphraate a de l’homme et de sa réalité corporelle est très positive : le corps de l’homme, à l’exemple du Christ humble, est appelé à la beauté, à la joie, à la lumière : « Dieu s’approche de l’homme qu’il aime, et il est juste d’aimer l’humilité et de rester dans la condition d’humilité. Les humbles sont simples, patients, aimés, intègres, droits, experts dans le bien, prudents, sereins, sages, calmes, pacifiques, miséricordieux, prêts à se convertir, bienveillants, profonds, pondérés, beaux et désirables » (Démonstrations 9, 14). Chez Aphraate, la vie chrétienne est souvent présentée dans une claire dimension ascétique et spirituelle : la foi en est la base, le fondement ; elle fait de l’homme un temple où le Christ lui-même demeure. La foi rend donc possible une charité sincère, qui s’exprime dans l’amour envers Dieu et envers le prochain. Un autre aspect important chez Aphraate est le jeûne, qu’il entend au sens large. Il parle du jeûne de la nourriture comme d’une pratique nécessaire pour être charitable et vierge, du jeûne constitué par la continence en vue de la sainteté, du jeûne des paroles vaines ou détestables, du jeûne de la colère, du jeûne de la propriété des biens en vue du ministère, du jeûne du sommeil pour s’appliquer à la prière.

Chers frères et sœurs, revenons encore pour conclure à l’enseignement d’Aphraate sur la prière. Selon cet antique « Sage », la prière se réalise lorsque le Christ demeure dans le cœur du chrétien, et il l’invite à un engagement cohérent de charité envers son prochain. Il écrit en effet :

« Apporte le réconfort aux accablés, visite les malades,
sois plein de sollicitude envers les pauvres : telle est la pri
è
re.
La pri
è
re est bonne,
et ses
œ
uvres sont belles.
La pri
ère est acceptée lorsqu’elle apporte le ré
confort au prochain.
La pri
ère est écouté
e
lorsque dans celle-ci se trouve
é
galement le pardon des offenses.
La pri
è
re est forte
lorsqu’elle est remplie de la force de Dieu
» (Démonstrations
4, 14-16).

Avec ces paroles, Aphraate nous invite à une prière qui devient vie chrétienne, vie réalisée, vie pénétrée par la foi, par l’ouverture à Dieu et, ainsi, par l’amour pour le prochain.

Voici le résumé de la catéchèse, en français, lu par le pape

Chers Frères et Sœurs,

Aphraate, surnommé le Sage persan, est une des plus importantes figures du quatrième siècle de l’Église syriaque, dans laquelle la vie monastique et ascétique a beaucoup contribué au développement dune pensée théologique et spirituelle propre, qui na pas encore eu de contact avec dautres courants culturels. Originaire de la région de Ninive-Mossoul, Aphraate fut, selon certaines sources, responsable dun monastère. Consacré Évêque, il écrivit, dans un style simple, vingt-trois discours, connus sous le nom de Démonstrations ; il y traite de certains thèmes de la vie chrétienne : la foi, lamour, le jeûne, lhumilité, la prière, la vie ascétique, les relations entre judaïsme et christianisme, entre Ancien et Nouveau Testament. Il est originaire dune communauté à la frontière entre judaïsme et christianisme, liée avec l’Église-mère de Jérusalem. Sa communauté cherchait à rester fidèle à la tradition judéo-chrétienne. Il présente le salut comme une guérison, et Jésus comme un médecin, qui guérit les blessures que sont les péchés. La vie chrétienne est centrée sur limitation du Christ en suivant l’Évangile. Aussi, la première des vertus est-elle lhumilité ; elle permet dentrer en relation avec le Christ. Aphraate montre que le corps humain est appelé à la beauté, à la joie, à la lumière, faisant apparaître la dimension ascétique de la vie chrétienne, dont la foi est le fondement. Il enseigne à prier comme le Christ, car la prière se réalise chez le chrétien lorsque le Christ habite son cœur et quil linvite à une charité active envers le prochain.

Je suis heureux de vous accueillir, chers pèlerins francophones. Je salue particulièrement les jeunes, ainsi que les responsables chrétiens dassociations humanitaires, du diocèse de Fréjus-Toulon, avec leur Évêque, Monseigneur Dominique Rey. Que votre foi et votre prière augmente et affermisse votre charité. Avec ma Bénédiction apostolique.

APPEL LANCE PAR LE PAPE APRES L’AUDIENCE

Des nouvelles douloureuses nous parviennent à propos de la situation humanitaire précaire en Somalie, en particulier à Mogadiscio, toujours plus frappée par l’insécurité sociale et par la pauvreté. Je suis avec inquiétude l’évolution des événements et je fais appel à ceux qui ont des responsabilités politiques, au niveau local et international, afin qu’ils trouvent des solutions pacifiques et que l’on soulage cette chère population. J’encourage également les efforts de ceux qui, malgré l’insécurité et les difficultés, restent dans cette région pour apporter aide et soulagement aux habitants.

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