Pourquoi Dieu nous cache-t-il l’heure de notre mort ?

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Pourquoi Dieu nous cache-t-il l’heure de notre mort ?

Homélie du dimanche 2 décembre, par le P. Cantalamessa

ROME, Vendredi 30 novembre 2007 (ZENIT.org

) Nous publions ci-dessous le commentaire de lEvangile du dimanche 2 décembre, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 24, 37-44

L’avènement du Fils de l’homme ressemblera à ce qui s’est passé à l’époque de Noé.
A cette époque, avant le déluge, on mangeait, on buvait, on se mariait, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche.
Les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’au déluge qui les a tous engloutis : tel sera aussi l’avènement du Fils de l’homme.
Deux hommes seront aux champs : l’un est pris, l’autre laissé.
Deux femmes seront au moulin : l’une est prise, l’autre laissée.
Veillez donc, car vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendra.
Vous le savez bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison.
Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra.

© Copyright AELF – Paris – 1980 – tous droits réservés

Veillez !

La première année du cycle liturgique triennal, dite année A, commence aujourdhui. Au cours de cette année, cest lEvangile de Matthieu qui nous accompagnera. Cet Evangile est caractérisé par : lampleur accordée aux enseignements de Jésus (les discours célèbres, comme celui de la montagne) et lattention au rapport Loi-Evangile (lEvangile est la « Loi nouvelle »). Il est considéré comme lEvangile le plus « ecclésiastique », de par le récit du primat à Pierre et lutilisation du terme Ecclesia, Eglise, que lon ne trouve pas dans les autres Evangiles.

La phrase clé de lEvangile de ce premier dimanche de lAvent est : « Veillez donc, car vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendraTenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra ». On se demande parfois pourquoi Dieu nous cache une chose aussi importante que lheure de sa venue, qui pour chacun de nous, pris individuellement, coïncide avec lheure de notre mort. La réponse traditionnelle est : « Pour que nous soyons vigilants, et que chacun soit conscient du fait que la mort peut survenir à tout moment » (cf. St Ephrem le Syrien). Mais la raison principale est que Dieu nous connaît ; il sait langoisse terrible quaurait signifié pour nous le fait de savoir à lavance lheure exacte, et de la voir sapprocher lentement et inexorablement. Cest ce qui fait le plus peur de certaines maladies. Davantage de personnes meurent aujourdhui de maladies subites de cœur, que de « maladies graves ». Et pourtant, ces dernières font beaucoup plus peur, car on a limpression quelles ôtent cette incertitude qui permet despérer.L

incertitude de lheure ne doit pas nous pousser à vivre de manière insouciante, mais faire de nous des veilleurs. Lannée liturgique commence mais lannée civile se termine. Une excellente occasion pour laisser un peu despace à une réflexion pleine de sagesse sur le sens de notre existence. La nature elle-même, en automne, nous invite à réfléchir sur le temps qui passe. Ce que le poète Giuseppe Ungaretti disait des soldats dans les tranchées sur le Karst, pendant la première guerre mondiale, vaut pour tous les hommes : « On est / Comme en automne / sur les arbres / les feuilles ». Cest-à-dire, sur le point de tomber à tout moment. Le temps passe et lhomme ne sen rend pas compte, disait Dante Alighieri.

Un philosophe antique a exprimé cette expérience fondamentale par une phrase restée célèbre : panta rei, cest-à-dire : tout passe. Dans la vie, cest comme sur l’écran de télévision : les émissions, les grilles de programmation, se succèdent et lune remplace lautre. L’écran reste le même mais les images changent. Il en est de même pour nous : le monde demeure, mais nous, nous partons, les uns après les autres. Que restera-t-il, dans quelques années ou quelques décennies, de tous les noms, des visages, des nouvelles qui remplissent la presse écrite et les journaux télévisés aujourdhui, de moi, de vous, de nous tous ? Absolument rien. Lhomme nest qu « un dessin créé par la vague sur la plage, que la vague successive efface ».Voyons ce que la foi a

à dire sur le fait que tout passe. « Or le monde passe avec ses convoitises ; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement » (1 Jn 2, 17). Il y a donc quelquun qui ne passe pas, Dieu, et il existe aussi un moyen pour que nous ne passions pas complètement, nous non plus : faire la volonté de Dieu, cest-à-dire croire, adhérer à Dieu. Dans cette vie, nous sommes comme des personnes placées sur un radeau transporté par le courant dun fleuve en crue dirigé vers la haute mer, doù lon ne revient pas. A un moment donné, le radeau se retrouve près de la rive. Le naufragé dit : « Maintenant ou jamais ! » et saute sur la terre ferme. Quel soulagement lorsquil sent le rocher sous ses pieds ! Nous pourrions rappeler, pour conclure cette réflexion, les paroles que sainte Thérèse dAvila nous a laissées comme testament spirituel : « Que rien ne te trouble, que rien ne teffraie. Dieu seul suffit ». [Nada te turbe, nada te espante, solo Dios basta, ndlr]

Traduit de l’italien par Gisèle Plantec/jmc

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