Archive pour le 22 novembre, 2007
22 novembre, 2007
du site:
http://www.christianmusicians.be/fr.php/artikels/musiciens/cecilia3
Caecilia: La légende de Sainte Cécile
Pendant déjà plus de mille ans, Cécile a été l’un des martyrs des débuts de l’Eglise les plus vénérés. Son nom, le fait qu’elle fonda une église et qu’elle fut enterrée dans une crypte des catacombes de St Callixte, le contexte tout comme l’existence d’un Valérien et d’un Tubercius est tout ce qui est historiquement vérifiable a son sujet. Toutefois, il est certain que cette vie de saint est basée sur quelques faits réels.
L’histoire de Sainte Cécile, qui n’est pas dénuée de beauté et de mérite, est construite en partie de légendes. La romance de Cécile et Valérien est connue depuis la légendaire passion de Cécile écrite en 535. A cette époque, beaucoup de fondateurs d’église et martyrs ont été canonisés. La première mention de Cécile dans le canon de la messe date de 496.
Ste Cécile naquit dans la noble famille pratiquante de Rome des Coecilia dont sont issus beaucoup de sénateurs. Elle possédait tous les dons de grâce, de beauté et d’innocence qu’une jeune fille pouvait avoir. Riche et cultivée, elle était fervente des arts et avait un talent tout particulier pour la musique. Très jeune, elle voua sa vie à Dieu et fit vœu de virginité.
Contre son gré, son père la maria à un jeune païen nommé Valérien. Le jour des noces arriva et, pendant que tout le monde chantait et dansait, Cécile s’était retirée pour invoquer la protection du Ciel dans cette situation difficile, tout en chantant dans son cœur et en récitant des psaumes. Cette situation est à l’origine de la vénération en temps que patronne de la musique. Valérien, homme remarquable, était connu pour être de grande compréhension.
Au soir du mariage lorsque les jeunes époux se retrouvèrent dans leur chambre, Cécile dit à son mari :- Je vais te conter un secret qu’il faut jurer de ne divulguer à personne. Je suis accompagnée d¹un ange qui veille sur moi. Si tu me touches dans le cadre du mariage, il se mettra en colère et tu souffriras. Si tu respectes ma décision, il t’aimera comme il m’aime.Valérien répliqua :- Montre moi cet ange.Elle lui dit :- Si tu crois en Dieu, et que tu deviens baptisé, tu le verras .Valérien accepta Cécile comme épouse et promit de respecter son vœu sans revendiquer les droits issus du mariage.Il restait très impressionné par la piété et l’état de grâce de sa femme. Avec l’aide du pape St Urbain, Cécile réussit à convertir son mari au christianisme et à le faire baptiser.En retournant vers son épouse, il la trouva en prière avec un ange aux ailes de feu à côté d’elle. L’ange couronna Cécile de roses et Valérien de lilas et leur dit alors :- Recevez ces couronnes, elles sont un signe du Ciel. Jamais elles ne sécheront ni ne perdront leurs parfums. Quant à toi Valérien, demande moi ce que tu veux. Il souhaita que son frère Tiburcius, qui lui était très cher, l’accompagne dans sa foi. Son vœu fut accepté. Lorsque Tiburcius entra dans la maison, le parfum des fleurs invisibles à ses yeux le saisirent et il se laissa convaincre par Cécile et Valérien de renoncer à ses faux dieux. Il se convertit et fut baptisé par St Urbain.
Les deux jeunes époux vécurent dans la chasteté et se dévouèrent aux bonnes oeuvres. Cécile chantait les louanges de Dieu avec assiduité et y joignait souvent un instrument de musique.
Mais les persécutions cruelles des chrétiens, perpétrées par l’empereur Marc-Aurèle auront raison d’eux. A cause de leur ardeur à ensevelir les corps des martyrs chrétiens dans les catacombes à l’extérieur de la ville, ils furent arrêtés. Le préfet Almachius les incita à renoncer à leur foi ce qu’ils refusèrent. Alors afin qu’ils ne puissent pas prendre de dispositions pour faire don de leur bien, ils furent condamnés à être décapités après flagellation. Maximus, l’officier chargé de rendre la sentence, après avoir vu une apparition de martyrs, se convertit soudainement à la religion chrétienne et subit le même sort. Les trois hommes furent exécutés aux alentours de Rome.
Bravant le danger, Cécile les ensevelit dans les catacombes de St Praetextatus sur la Via Appia et décida d’utiliser à l’avenir sa maison pour prêcher la foi. Avec une éloquence sans pareille, Cécile convertit de plus en plus de gens. Un jour, lorsque le pape Urbain lui rendit visite à domicile, il baptisa plus de 400 personnes.
Peu de temps après Valérien , elle fut arrêtée et amenée devant le préfet pour avoir enterré les corps de son mari et de Tiburcius. Elle n’eut pas d’autres choix que la vénération des dieux païens ou la mort. Après une glorieuse profession de foi, elle fut condamnée à mort.
Mais exécuter une fille d’une telle noblesse au service des pauvres n’était pas chose aisée même au temps des empereurs cruels. Rejetant une exécution publique elle fut condamnée à être enfermée dans la salle de bain (sudatorium) de sa propre maison à Trastevere et à suffoquer par la vapeur. Le foyer fur chargé à sept reprises de sa charge normale. La chaleur et la vapeur n’eurent pas raison d’elle. Lorsqu’elle tomba inconsciente, au bout d¹un jour et une nuit le préfet en colère ordonna de la décapiter.
A la vue de la sainte, le soldat envoyé perdit courage et tremblant frappa à trois reprises, mais en vain. La loi romaine interdisant le quatrième coup, elle fut abandonnée gisant dans son sang. Aussitôt les chrétiens se ruèrent dans la maison et essuyèrent les blessures avec les habits de lin, sans la bouger du sol. Cécile survécut trois jours pendant lesquels elle n’avait de cesse à prêcher sa foi et d’encourager les pauvres. Lorsque St Urbain arriva, elle fit don de sa maison pour y construire une église et légua ses biens aux pauvres. Alors tournant sa face contre terre, Cécile mourut le 22 novembre de l’an 230.
Elle fut inhumée dans la position exacte où elle expira, avec les doigts étendus, dans les catacombes de St callixte à côté de la crypte des papes avec, à ses pied, les vêtements ayant essuyé ses plaies. Les catacombes de Saint Callixte se trouvent parmi les plus grandes de Rome. Cet ensemble cimetiéral construit au milieu du second siècle occupant 15 hectares de terrain se compose de 20 km de galeries à plusieurs niveaux à 20 mètres sous terre
En 817, le pape Pascal 1er entrepris de déplacer des milliers de dépouilles hors des catacombes tombant en ruine, vers des lieux plus sûrs et à l’abri des envahisseurs. Mais les reliques de Cécile restaient introuvables. Un matin de l’an 822, tandis qu’il célébrait à Rome, Cécile apparut au Pape Pascal 1er lui révélant l’emplacement de la sépulture. Celui-ci fut découvert le même jour dans les catacombes de Saint Callixte. Dans le cercueil de cyprès se trouvait Cécile habillée d’une robe de tissu or et des vêtements de lin imbibés de sang à ses pieds. On mit à jour également la tombe de Valérien, Tiburcius et Maximus. Le pape fit transférer Cécile sous l’autel principal de l’église de Trastevere qui sera appelée plus tard : Titulus Sanctae Caeciliae : » Eglise fondée par une femme appelée Cécile « . Replacée dans la position découverte, le pontife déposa le cercueil dans un sarcophage de marbre. Valérien et ses amis furent placés à un autre endroit de la chapelle
Sous le règne du pape Clément VIII en 1599, lors des travaux de rénovation de l’église Ste Cécile et de la construction de son grand autel, le cardinal Paul Emilius Sfondrati ouvrit la tombe et trouva le sarcophage de marbre blanc contenant le corps Cécile intact.
Après plus de 800 ans, elle était miraculeusement et admirablement bien conservée. Couchée sur le côté droit face contre terre, comme dans un profond sommeil, sa nuque portant encore les traces des coups. Le vert et or de sa robe luxueuse n’avaient pas été altérés par le temps. Il n’existe aucun autre fait semblable dans l’histoire de l’Eglise : la préservation d’un corps dans la position du décès et immortalisé par le marbre. A l’ouverture de sa tombe, des artistes furent autorisés à peindre des tableaux et des images. Des milliers de gens eurent le privilège de la voir dans son cercueil et durant 4 à 5 semaines, elle fut exposée à la vénération. Puis le corps se décomposa rapidement au contact de l’air.
Actuellement Cécile et Valérien sont à nouveau réunis pour l’éternité. Leurs reliques ainsi que celle de St Urbain se trouvent dans une voûte somptueuse sous le grand autel de l’église Sainte Cécile de Trastevere qui lui a été dédiée par Sfondrati. La cérémonie de fermeture de la tombe avec les reliques dans un cercueil d’argent eut lieu en présence du pape lui-même et de 42 cardinaux.
Sous cet autel se trouve une magnifique statue de marbre sculptée en 1601 par Stefano Maderno et représentant fidèlement la martyr baignant dans son sang comme elle tomba après les coups et telle que on la trouva lors de l’ouverture de sa tombe en 1599. Dans cette oeuvre, Maderno, tombé amoureux d’elle, a pu exprimer toute la grâce de Cécile travaillant le marbre dans une » représentation lumineuse et chaude « . Une réplique de cette statue occupe la place originale de la Sainte dans les catacombes de Callixte où la crypte de Sainte Cécile est entièrement décorée de fresques et de mosaïques (début du IX siècle) . Sur le mur, près de la réplique de la statue, se trouve une image antique de Sainte Cécile dans une attitude de prière.
Jusqu’au moyen-âge, le patron des musiciens était le pape Saint Grégory, mais quand l’académie de musique de Rome fut créée en 1584, elle fut placée sous la protection de Sainte Cécile. Ainsi s’établit sa vénération devenue universelle, comme patronne des musiciens. L’association de Ste Cécile avec la musique date de la fin du V siècle et est due aux pèlerins venus voir ses reliques. Elle devient alors le sujet de bon nombre de représentations (peinture, fresques, mosaïques) et est à la source de prières, de chants qui ont contribué à sa popularité. Dryden a écrit » Une chanson pour la fête de Sainte Cécile » et le poète Alexander Pope composa » Ode à la musique pour la fête de Ste Cécile « .
Depuis le XVème siècle, l’emblème de Sainte Cécile est devenu l’orgue. Sur des représentations imagées, elle y est figurée avec un orgue, une harpe ou un autre instrument de musique. Auparavant elle était couronnée de roses, portant une palme ou occupée à convertir son mari Saint Valérien, etc… Les plus anciennes images de Cécile sans instruments de musique ont été trouvées au VIème siècle sur des fresques romaines dans les catacombes de St Callixte. Après qu’elle fut peinte par Raphaël en organiste, son image est devenue un sujet favori pour les vitraux.
Sainte Cécile patronne de la musique, des musiciens, des compositeurs des luthiers des chanteurs et des poètes, est fêtée le 22 novembre.
Bibliographie :
St Patrick’s church : Cecilia of Rome
Catholic Community Forum : images of Ste Cecilia
La crypte de Ste Cécile
Thais : 1200 anni di scultura italiana
Sergio Caggia : Santa Cecilia
Encyclopédie Catholique : Ste Cécile
Judilynn Niedercorn : Who was St Cécilia ?
Extraits du Livre des Martyrs.
William Caxton : la vie de Ste Cécile
par Sandro Magister : Pour une lecture du Coran renouvelée: la leçon d’un grand islamologue (4.6.2007)
22 novembre, 2007l’article de Magister je le publie moitié aujourd’hui et moitié demain parce qu’il est très long, du site:
http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/145581?fr=y
Pour une lecture du Coran renouvelée: la leçon d’un grand islamologue
Michel Cuypers applique au livre sacré de l’islam les méthodes déjà appliquées à la Bible. Les résultats sont stupéfiants. Par exemple, contrairement à ce que prétendent les zélateurs de la guerre sainte, les versets les plus belliqueux du Coran n’ »abrogent » pas, en réalité, ceux qui sont plus tolérants et pacifiques par Sandro Magister
ROMA, le 4 juin 2007 – 38 musulmans compétents avaient signé, en octobre dernier, une « Lettre ouverte à Sa Sainteté le pape Benoît XVI » qui commentait son discours du 12 septembre à Ratisbonne. Aujourd’hui, les signataires sont 100.Leurs noms et leurs qualifications sont indiqués à la fin de la « Lettre », qui a fait l’objet d’une grande rediffusion par « Islamica Magazine », le trimestriel édité aux Etats-Unis et imprimé en Jordanie qui en avait assuré le premier la publication.Ces 100 personnes appartiennent à plusieurs dizaines de nations et aux divers courants de la pensée musulmane, sunnites et chiites: un événement rarissime. Parmi eux figure Aref Ali Nayed, dont www.chiesa a déjà publié en avant-première deux essais qui commentent le discours de Ratisbonne; il intervient à nouveau dans le dossier consacré par « Islamica Magazine » aux idées concernant la foi, la raison et la violence que Benoît XVI avait exposées à Ratisbonne.Le 11 mai dernier, Nayed a donné une « lectio » à Rome, à l’Institut Pontifical d’Etudes Arabes et d’Islamologie (PISAI), sur le thème de la « compassion » comme premier attribut de Dieu dans la théologie musulmane. Dans le passé, Nayed – qui exerce des responsabilités à l’université de Cambridge et est musulman pratiquant « d’obédience acharite en théologie, malikite en jurisprudence et chadhilite-rifai pour ce qui est de l’orientation spirituelle” – a également été enseignant au PISAI pendant deux ans.Dans le public qui a écouté sa « lectio » se trouvaient des représentants des ambassades des Etats-Unis, de Russie e d’autres pays. Etait également présent le directeur d’
« Islamica Magazine », le Jordanien Sohail Nakhooda.Le lendemain, 12 mai, accompagné par le père Miguel Angel Ayuso Guixot, directeur du PISAI, Nayed a eu des entretiens à la secrétairerie d’état au Vatican.L’un des points critiques qui rendent difficile la compréhension entre chrétiens et musulmans est l’interprétation du Coran. La « Lettre des 100″ n’aborde pas directement la question, même si elle est présente en toile de fond.En revanche un certain nombre de chercheurs sérieux, musulmans ou chrétiens, travaillent depuis longtemps à de nouvelles interprétations du Coran.Du côté musulman, la recherche se fait de manière confidentielle et, jusqu’à présent, avec un effet trè
s faible par rapport les lectures dominantes.Du côté chrétien, les travaux sont davantage menés au grand jour. Mais ils demandent beaucoup plus d’attention qu’ils n’en obtiennent.Une importante interview sur ce sujet a été publiée dans le n° 4 de 2007 de la revue « Il Regno », éditée à Bologne par les Prêtres du Sacré-Cœur.L’interviewé est Michel Cuypers, 65 ans, belge, Petit Frère de Jésus, la communauté religieuse fondée au XXe siècle par Charles de Foucauld.Cuypers a passé douze ans en Iran, d’abord dans une léproserie à Tabriz, puis comme étudiant en langue et littérature persanes à Téhéran. Il a obtenu un doctorat en littérature persane à l’université di Téhéran en 1983. Il a ensuite étudié l’arabe en Syrie et en Egypte et en 1989 il est parti pour Le Caire, où il ré
side.Il est chercheur à l’Institut Dominicain d’Etudes Orientales, fondé au Caire il y a un demi-siècle par les dominicains islamologues Georges Anawati, Jacques Jomier et Serge Beaurecueil.Depuis 1994 Cuypers a entièrement concentré ses études sur la composition du texte du Coran, en employant la méthode de l’analyse rhétorique. Ses articles et essais sont de plus en plus appréciés, y compris par des spécialistes musulmans. En mai il a publié, en France, un ouvrage consacré à l’analyse d’une sourate du Coran: « Le Festin. Une lecture de la sourate al-Mâ’ida », préfacée par l’é minent chercheur musulman Mohamed-Ali Amir-Moezzi. L’interview publiée par « Il Regno », réalisée originellement en français, est de Francesco Strazzari. La voici:La Bible, le Coran et Jésus: comment arriver au coeur du credo musulman
Audience générale : Aphraate, le Sage persan
22 novembre, 2007du site:
http://www.zenit.org/article-16679?l=french
Audience générale : Aphraate, le Sage persan
Texte intégral
ROME, Mercredi 21 novembre 2007 (ZENIT.org
) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse donnée par le pape Benoît XVI au cours de l’audience générale, ce mercredi, place Saint-Pierre.
Chers frères et sœurs,
Dans le cadre de notre parcours dans le monde des Pères de l’Eglise, je voudrais aujourd’hui vous conduire dans une partie peu connue de cet univers de la foi, c’est-à-dire dans les territoires où ont fleuri les Eglises de langue sémitique, qui n’étaient pas encore influencées par la pensée grecque. Ces Eglises, durant le IVe siècle, se développent au Proche Orient, de la Terre Sainte au Liban et à la Mésopotamie. Au cours de ce siècle, qui est une période de formation au niveau ecclésial et littéraire, ces communautés voient l’affirmation du phénomène ascétique et monastique avec des caractéristiques autochtones, qui ne subissent pas l’influence du monachisme égyptien. Les communautés syriaques du IVe siècle représentent donc le monde sémite, dont la Bible elle-même est née, et elles sont l’expression d’un christianisme dont la formulation théologique n’est pas encore entrée en contact avec des courants culturels différents, et qui vit dans des formes de pensée qui lui sont propres. Ce sont des Eglises où l’ascétisme sous diverses formes érémitiques (ermites dans le désert, dans les cavernes, reclus, stylites), et le monachisme sous des formes de vie communautaire, exercent un rôle d’importance vitale dans le développement de la pensée théologique et spirituelle.
Je voudrais présenter ce monde à travers la grande figure d’Aphraate, également connu sous le nom de « Sage », un des personnages les plus importants, et dans le même temps les plus énigmatiques du christianisme syriaque du IVe siècle. Originaire de la région de Ninive-Mossoul, aujourd’hui en Irak, il vécut dans la première moitié du IVe siècle. Nous ne possédons que peu d’informations sur sa vie ; il entretint cependant des rapports étroits avec les milieux ascétiques et monastiques de l’Eglise syriaque, dont il nous a transmis des informations dans son œuvre et auxquels il consacre une partie de sa réflexion. Selon certaines sources, il fut même responsable d’un monastère et, pour finir, il fut également consacré Evêque. Il écrivit 23 discours, connus sous le nom d’Expositions ou Démonstrations, dans lesquels il traite de divers thèmes de vie chrétienne, comme la foi, l’amour, le jeûne, l’humilité, la prière, la vie ascétique elle-même, et également le rapport entre judaïsme et christianisme, entre Ancien et Nouveau Testament. Il écrit dans un style simple, en employant des phrases brèves et en utilisant des parallélismes parfois contrastants ; il réussit toutefois à formuler un discours cohérent avec un développement bien articulé des divers thèmes qu’il traite.
Aphraate était originaire d’une communauté ecclésiale qui se trouvait à la frontière entre le judaïsme et le christianisme. C’était une communauté profondément liée à l’Eglise-mère de Jérusalem, et ses Evêques étaient traditionnellement choisis parmi ceux qu’on appelle « les proches » de Jacques, le « frère du Seigneur » (cf. Mc 6, 3) : il s’agissait en fait de personnes liées par le sang et par la foi à l’Eglise hyérosimilitaine. La langue d’Aphraate est la langue syriaque, une langue donc sémitique comme l’hébreu de l’Ancien Testament et comme l’araméen parlé par Jésus lui-même. La communauté ecclésiale dans laquelle se déroule la vie d’Aphraate était une communauté qui cherchait à rester fidèle à la tradition judéo-chrétienne, dont elle se sentait la fille. Celle-ci conservait donc un lien étroit avec le monde juif et avec ses Livres sacrés. Aphraate se définit de manière significative « disciple de l’Ecriture Sainte » de l’Ancien et du Nouveau Testament (Démonstrations 22, 26), qu’il considère son unique source d’inspiration, ayant recours à celle-ci d’une manière si fréquente qu’il en fait le centre de sa réflexion.
Aphraate développe plusieurs arguments dans ses Démonstrations. Fidèle à la tradition syriaque, il présente souvent le salut accompli par le Christ comme une guérison et, donc, le Christ lui-même comme un médecin. En revanche, le péché est vu comme une blessure, que seule la pénitence peut guérir : « Un homme qui a été blessé lors d’une bataille, dit Aphraate, n’a pas honte de se remettre entre les mains d’un sage médecin… ; de la même façon, celui qui a été blessé par Satan ne doit pas avoir honte de reconnaître sa faute et de s’éloigner d’elle, en demandant le remède de la pénitence » (Démonstrations 7, 3). Un autre aspect important de l’œuvre d’Aphraate est son enseignement sur la prière, et en particulier sur le Christ comme maître de prière. Le chrétien prie en suivant l’enseignement de Jésus et son exemple d’orant : « Notre Sauveur nous a enseigné à prier ainsi, en disant : “Prie dans le secret Celui qui est caché, mais qui voit tout” ; et encore : “Entre dans ta chambre et prie ton Père dans le secret, et le Père qui voit dans le secret te récompensera” (Mt 6, 6)… Ce que notre Sauveur veut montrer est que Dieu connaît les désirs et les pensées du cœur » (Démonstrations 4, 10).
Pour Aphraate, la vie chrétienne est centrée sur l’imitation du Christ, sur le fait de prendre son joug et de le suivre sur la voie de l’Evangile. Une des vertus qui s’adapte le mieux au disciple du Christ est l’humilité. Celle-ci n’est pas un aspect secondaire dans la vie spirituelle du chrétien : la nature de l’homme est humble, et c’est Dieu qui l’exalte pour sa propre gloire. L’humilité, observe Aphraate, n’est pas une valeur négative : « Si la racine de l’homme est plantée dans la terre, ses fruits croissent devant le Seigneur de la grandeur » (Démonstrations 9, 14). En restant humble, même dans la réalité terrestre dans laquelle il vit, le chrétien peut entrer en relation avec le Seigneur : « L’humble est humble, mais son cœur s’élève à des hauteurs éminentes. Les yeux de son visage observent la terre et les yeux de l’esprit, les hauteurs éminentes » (Démonstrations 9, 2).
La vision qu’Aphraate a de l’homme et de sa réalité corporelle est très positive : le corps de l’homme, à l’exemple du Christ humble, est appelé à la beauté, à la joie, à la lumière : « Dieu s’approche de l’homme qu’il aime, et il est juste d’aimer l’humilité et de rester dans la condition d’humilité. Les humbles sont simples, patients, aimés, intègres, droits, experts dans le bien, prudents, sereins, sages, calmes, pacifiques, miséricordieux, prêts à se convertir, bienveillants, profonds, pondérés, beaux et désirables » (Démonstrations 9, 14). Chez Aphraate, la vie chrétienne est souvent présentée dans une claire dimension ascétique et spirituelle : la foi en est la base, le fondement ; elle fait de l’homme un temple où le Christ lui-même demeure. La foi rend donc possible une charité sincère, qui s’exprime dans l’amour envers Dieu et envers le prochain. Un autre aspect important chez Aphraate est le jeûne, qu’il entend au sens large. Il parle du jeûne de la nourriture comme d’une pratique nécessaire pour être charitable et vierge, du jeûne constitué par la continence en vue de la sainteté, du jeûne des paroles vaines ou détestables, du jeûne de la colère, du jeûne de la propriété des biens en vue du ministère, du jeûne du sommeil pour s’appliquer à la prière.
Chers frères et sœurs, revenons encore — pour conclure — à l’enseignement d’Aphraate sur la prière. Selon cet antique « Sage », la prière se réalise lorsque le Christ demeure dans le cœur du chrétien, et il l’invite à un engagement cohérent de charité envers son prochain. Il écrit en effet :
« Apporte le réconfort aux accablés, visite les malades,
sois plein de sollicitude envers les pauvres : telle est la prière.
La prière est bonne,
et ses œuvres sont belles.
La prière est acceptée lorsqu’elle apporte le réconfort au prochain.
La prière est écoutée
lorsque dans celle-ci se trouve également le pardon des offenses.
La prière est forte
lorsqu’elle est remplie de la force de Dieu » (Démonstrations 4, 14-16).
Avec ces paroles, Aphraate nous invite à une prière qui devient vie chrétienne, vie réalisée, vie pénétrée par la foi, par l’ouverture à Dieu et, ainsi, par l’amour pour le prochain.
Voici le résumé de la catéchèse, en français, lu par le pape
Chers Frères et Sœurs,
Aphraate, surnommé le Sage persan, est une des plus importantes figures du quatrième siècle de l’Église syriaque, dans laquelle la vie monastique et ascétique a beaucoup contribué au développement d’une pensée théologique et spirituelle propre, qui n’a pas encore eu de contact avec d’autres courants culturels. Originaire de la région de Ninive-Mossoul, Aphraate fut, selon certaines sources, responsable d’un monastère. Consacré Évêque, il écrivit, dans un style simple, vingt-trois discours, connus sous le nom de Démonstrations ; il y traite de certains thèmes de la vie chrétienne : la foi, l’amour, le jeûne, l’humilité, la prière, la vie ascétique, les relations entre judaïsme et christianisme, entre Ancien et Nouveau Testament. Il est originaire d’une communauté à la frontière entre judaïsme et christianisme, liée avec l’Église-mère de Jérusalem. Sa communauté cherchait à rester fidèle à la tradition judéo-chrétienne. Il présente le salut comme une guérison, et Jésus comme un médecin, qui guérit les blessures que sont les péchés. La vie chrétienne est centrée sur l’imitation du Christ en suivant l’Évangile. Aussi, la première des vertus est-elle l’humilité ; elle permet d’entrer en relation avec le Christ. Aphraate montre que le corps humain est appelé à la beauté, à la joie, à la lumière, faisant apparaître la dimension ascétique de la vie chrétienne, dont la foi est le fondement. Il enseigne à prier comme le Christ, car la prière se réalise chez le chrétien lorsque le Christ habite son cœur et qu’il l’invite à une charité active envers le prochain.
Je suis heureux de vous accueillir, chers pèlerins francophones. Je salue particulièrement les jeunes, ainsi que les responsables chrétiens d’associations humanitaires, du diocèse de Fréjus-Toulon, avec leur Évêque, Monseigneur Dominique Rey. Que votre foi et votre prière augmente et affermisse votre charité. Avec ma Bénédiction apostolique.
APPEL LANCE PAR LE PAPE APRES L’AUDIENCE
Des nouvelles douloureuses nous parviennent à propos de la situation humanitaire précaire en Somalie, en particulier à Mogadiscio, toujours plus frappée par l’insécurité sociale et par la pauvreté. Je suis avec inquiétude l’évolution des événements et je fais appel à ceux qui ont des responsabilités politiques, au niveau local et international, afin qu’ils trouvent des solutions pacifiques et que l’on soulage cette chère population. J’encourage également les efforts de ceux qui, malgré l’insécurité et les difficultés, restent dans cette région pour apporter aide et soulagement aux habitants.
pour vous ce joli bonne journée
22 novembre, 2007Pleurer avec le Christ
22 novembre, 2007Saint Isaac le Syrien (7ème siècle), moine à Ninive, près de Mossoul dans l’actuel Irak
Discours ascétiques, 1ère série, n° 60 (trad. DDB 1981, p. 323)
Pleurer avec le Christ
Ne méprise pas le pécheur, car nous sommes tous coupables. Si pour l’amour de Dieu tu t’élèves contre lui, pleure plutôt sur lui. Pourquoi le méprises-tu ? Méprise ses péchés, et prie pour lui, afin d’être pareil au Christ, qui ne s’est pas irrité contre les pécheurs mais a prié pour eux. Ne vois-tu pas comment il a pleuré sur Jérusalem ? Car nous aussi plus d’une fois sommes joués par le diable. Pourquoi mépriser celui qui comme nous a été joué par le diable qui se moque de nous tous ? Pourquoi, ô homme, mépriser le pécheur ? Est-ce parce qu’il n’est pas juste comme toi ? Mais où est ta justice, dès lors que tu n’as pas l’amour ? Pourquoi n’as-tu pas pleuré sur lui ? Au contraire tu le persécutes. C’est par ignorance que certains s’irritent, eux qui croient avoir le discernement des oeuvres des pécheurs.