Archive pour le 16 novembre, 2007
Audience générale 14.11.07 : saint Jérôme (II) (I -7.11.07)
16 novembre, 2007du site:
http://www.zenit.org/article-16628?l=french
Audience générale 14.11.07 : saint Jérôme (II)
Texte intégral
ROME, Mercredi 14 novembre 2007 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse donnée par le pape Benoît XVI au cours de l’audience générale, ce mercredi, place Saint-Pierre.Chers frères et sœurs,
Nous poursuivons aujourd’hui la présentation de la figure de saint Jérôme. Comme nous l’avons dit mercredi dernier, il consacra sa vie à l’étude de la Bible, au point d’être reconnu par l’un de mes prédécesseurs, le pape Benoît XV, comme « docteur éminent dans l’interprétation des Saintes Ecritures ». Jérôme soulignait la joie et l’importance de se familiariser avec les textes bibliques : « Ne te semble-t-il pas habiter — déjà ici, sur terre — dans le royaume des cieux, lorsqu’on vit parmi ces textes, lorsqu’on les médite, lorsqu’on ne connaît ni ne recherche rien d’autre ? » (Ep 53, 10). En réalité, dialoguer avec Dieu, avec sa Parole, est dans un certain sens une présence du Ciel, c’est-à-dire une présence de Dieu. S’approcher des textes bibliques, surtout du Nouveau Testament, est essentiel pour le croyant, car « ignorer l’Ecriture, c’est ignorer le Christ ». C’est à lui qu’appartient cette phrase célèbre, également citée par le Concile Vatican II dans la Constitution Dei Verbum (n. 25)
Réellement « amoureux » de la Parole de Dieu, il se demandait : « Comment pourrait-on vivre sans la science des Ecritures, à travers lesquelles on apprend à connaître le Christ lui-même, qui est la vie des croyants » (Ep 30, 7). La Bible, instrument « avec lequel Dieu parle chaque jour aux fidèles » (Ep 133, 13), devient ainsi un encouragement et la source de la vie chrétienne pour toutes les situations et pour chaque personne. Lire l’Ecriture signifie converser avec Dieu : « Si tu pries, — écrit-il à une noble jeune fille de Rome — tu parles avec l’Epoux ; si tu lis, c’est Lui qui te parle » (Ep 22, 25). L’étude et la méditation de l’Ecriture rendent l’homme sage et serein (cf. In Eph., prol.). Assurément, pour entrer toujours plus profondément dans la Parole de Dieu, une application constante et progressive est nécessaire. Jérôme recommandait ainsi au prêtre Népotien : « Lis avec une grande fréquence les divines Ecritures ; ou mieux, que le Livre Saint reste toujours entre tes mains. Apprends-là ce que tu dois enseigner » (Ep 52, 7). Il donnait les conseils suivants à la matrone romaine Leta pour l’éducation chrétienne de sa fille : « Assure-toi qu’elle étudie chaque jour un passage de l’Ecriture… Qu’à la prière elle fasse suivre la lecture, et à la lecture la prière… Au lieu des bijoux et des vêtements de soie, qu’elle aime les Livres divins » (Ep 107, 9.12). Avec la méditation et la science des Ecritures se « conserve l’équilibre de l’âme » (Ad Eph., prol.). Seul un profond esprit de prière et l’assistance de l’Esprit Saint peuvent nous introduire à la compréhension de la Bible : « Dans l’interprétation des Saintes Ecritures, nous avons toujours besoin de l’assistance de l’Esprit Saint » (In Mich. 1, 1, 10, 15).
Un amour passionné pour les Ecritures imprégna donc toute la vie de Jérôme, un amour qu’il chercha toujours à susciter également chez les fidèles. Il recommandait à l’une de ses filles spirituelles : « Aime l’Ecriture Sainte et la sagesse t’aimera ; aime-la tendrement, et celle-ci te préservera ; honore-la et tu recevras ses caresses. Qu’elle soit pour toi comme tes colliers et tes boucles d’oreille » (Ep 130, 20). Et encore : « Aime la science de l’Ecriture, et tu n’aimeras pas les vices de la chair » (Ep 125, 11).
Pour Jérôme, un critère de méthode fondamental dans l’interprétation des Ecritures était l’harmonie avec le magistère de l’Eglise. Nous ne pouvons jamais lire l’Ecriture seuls. Nous trouvons trop de portes fermées et nous glissons facilement dans l’erreur. La Bible a été écrite par le Peuple de Dieu et pour le Peuple de Dieu, sous l’inspiration de l’Esprit Saint. Ce n’est que dans cette communion avec le Peuple de Dieu que nous pouvons réellement entrer avec le « nous » au centre de la vérité que Dieu lui-même veut nous dire. Pour lui, une interprétation authentique de la Bible devait toujours être en harmonieuse concordance avec la foi de l’Eglise catholique. Il ne s’agit pas d’une exigence imposée à ce Livre de l’extérieur ; le Livre est précisément la voix du Peuple de Dieu en pèlerinage et ce n’est que dans la foi de ce Peuple que nous sommes, pour ainsi dire, dans la juste tonalité pour comprendre l’Ecriture Sainte. Il admonestait donc : « Reste fermement attaché à la doctrine traditionnelle qui t’a été enseignée, afin que tu puisses exhorter selon la saine doctrine et réfuter ceux qui la contredisent » (Ep 52, 7). En particulier, étant donné que Jésus Christ a fondé son Eglise sur Pierre, chaque chrétien — concluait-il — doit être en communion « avec la Chaire de saint Pierre. Je sais que sur cette pierre l’Eglise est édifiée » (Ep 15, 2). Par conséquent, et de façon directe, il déclarait : « Je suis avec quiconque est uni à la Chaire de saint Pierre » (Ep 16).
Jérôme ne néglige pas, bien sûr, l’aspect éthique. Il rappelle au contraire souvent le devoir d’accorder la vie avec la Parole divine et ce n’est qu’en la vivant que nous trouvons également la capacité de la comprendre. Cette cohérence est indispensable pour chaque chrétien, et en particulier pour le prédicateur, afin que ses actions, si elles étaient discordantes par rapport au discours, ne le mettent pas dans l’embarras. Ainsi exhorte-t-il le prêtre Népotien : « Que tes actions ne démentent pas tes paroles, afin que, lorsque tu prêches à l’église, il n’arrive pas que quelqu’un commente en son for intérieur : Pourquoi n’agis-tu pas précisément ainsi ? Cela est vraiment plaisant de voir ce maître qui, le ventre plein, disserte sur le jeûne ; même un voleur peut blâmer l’avarice ; mais dans le prêtre du Christ, l’esprit et la parole doivent s’accorder » (Ep 52, 7). Dans une autre lettre, Jérôme réaffirme : « Même si elle possède une doctrine splendide, la personne qui se sent condamnée par sa propre conscience se sent honteuse » (Ep 127, 4). Toujours sur le thème de la cohérence, il observe : l’Evangile doit se traduire par des attitudes de charité véritable, car en chaque être humain, la Personne même du Christ est présente. En s’adressant, par exemple, au prêtre Paulin (qui devint ensuite Evêque de Nola et saint), Jérôme le conseillait ainsi : « Le véritable temple du Christ est l’âme du fidèle : orne-le, ce sanctuaire, embellis-le, dépose en lui tes offrandes et reçois le Christ. Dans quel but revêtir les murs de pierres précieuses, si le Christ meurt de faim dans la personne d’un pauvre ? » (Ep 58, 7). Jérôme concrétise : il faut « vêtir le Christ chez les pauvres, lui rendre visite chez les personnes qui souffrent, le nourrir chez les affamés, le loger chez les sans abri » (Ep 130, 14). L’amour pour le Christ, nourri par l’étude et la méditation, nous fait surmonter chaque difficulté : « Aimons nous aussi Jésus Christ, recherchons toujours l’union avec lui : alors, même ce qui est difficile nous semblera facile » (Ep 22, 40).
Jérôme, défini par Prospère d’Aquitaine « modèle de conduite et maître du genre humain » (Carmen de ingratis, 57), nous a également laissé un enseignement riche et varié sur l’ascétisme chrétien. Il rappelle qu’un courageux engagement vers la perfection demande une vigilance constante, de fréquentes mortifications toutefois, avec modération et prudence, un travail intellectuel ou manuel assidu pour éviter l’oisiveté (cf. Epp 125, 11 et 130, 15), et surtout l’obéissance à Dieu : « Rien… ne plaît autant à Dieu que l’obéissance…, qui est la plus excellente et l’unique vertu» (Hom. de oboedientia : CCL 78,552). La pratique des pèlerinages peut également appartenir au chemin ascétique. Jérôme donna en particulier une impulsion à ceux en Terre Sainte, où les pèlerins étaient accueillis et logés dans des édifices élevés à côté du monastère de Bethléem, grâce à la générosité de la noble dame Paola, fille spirituelle de Jérôme (cf. Ep 108, 14).
Enfin, on ne peut pas oublier la contribution apportée par Jérôme dans le domaine de la pédagogie chrétienne (cf. Epp 107 et 128). Il se propose de former «une âme qui doit devenir le temple du Seigneur» (Ep 107, 4), une «pierre très précieuse» aux yeux de Dieu (Ep 107, 13). Avec une profonde intuition, il conseille de la préserver du mal et des occasions de pêcher, d’exclure les amitiés équivoques ou débauchées (cf. Ep 107, 4 et 8-9 ; cf. également Ep 128, 3-4). Il exhorte surtout les parents pour qu’ils créent un environnement serein et joyeux autour des enfants, pour qu’ils les incitent à l’étude et au travail, également par la louange et l’émulation (cf. Epp 107, 4 et 128, 1), qu’ils les encouragent à surmonter les difficultés, qu’ils favorisent entre eux les bonnes habitudes et qu’ils les préservent d’en prendre de mauvaises car — et il cite là une phrase de Publiulius Syrus entendue à l’école — « difficilement tu réussiras à te corriger de ces choses dont tu prends tranquillement l’habitude » (Ep. 107, 8). Les parents sont les principaux éducateurs des enfants, les premiers maîtres de vie. Avec une grande clarté, Jérôme, s’adressant à la mère d’une jeune fille et mentionnant ensuite le père, admoneste, comme en exprimant une exigence fondamentale de chaque créature humaine qui commence son existence : « Qu’elle trouve en toi sa maîtresse, et que sa jeunesse inexpérimentée regarde vers toi avec émerveillement. Que ni en toi, ni en son père elle ne voie jamais d’attitudes qui la conduisent au péché, si elles devaient être imitées. Rappelez-vous que… vous pouvez davantage l’éduquer par l’exemple que par la parole » (Ep 107, 9). Parmi les principales intuitions de Jérôme comme pédagogue, on doit souligner l’importance attribuée à une éducation saine et complète dès la prime enfance, la responsabilité particulière reconnue aux parents, l’urgence d’une sérieuse formation morale et religieuse, l’exigence de l’étude pour une formation humaine plus complète. En outre, un aspect assez négligé à l’époque antique, mais considéré vital par notre auteur, est la promotion de la femme, à laquelle il reconnaît le droit à une formation complète : humaine, scolaire, religieuse, professionnelle. Et nous voyons précisément aujourd’hui que l’éducation de la personnalité dans son intégralité, l’éducation à la responsabilité devant Dieu et devant l’homme, est la véritable condition de tout progrès, de toute paix, de toute réconciliation et d’exclusion de la violence. L’éducation devant Dieu et devant l’homme : c’est l’Ecriture Sainte qui nous indique la direction de l’éducation et ainsi, du véritable humanisme.
Nous ne pouvons pas conclure ces rapides annotations sur le grand Père de l’Eglise sans mentionner la contribution efficace qu’il apporta à la préservation d’éléments positifs et valables des antiques cultures juive, grecque et romaine au sein de la civilisation chrétienne naissante. Jérôme a reconnu et assimilé les valeurs artistiques, la richesse des sentiments et l’harmonie des images présentes chez les classiques, qui éduquent le cœur et l’imagination à de nobles sentiments. Il a en particulier placé au centre de sa vie et de son activité la Parole de Dieu, qui indique à l’homme les chemins de la vie, et lui révèle les secrets de la sainteté. Nous ne pouvons que lui être profondément reconnaissants pour tout cela, précisément dans le monde d’aujourd’hui.
Voici le résumé de la catéchèse, en français, lu par le pape
Chers Frères et Sœurs,Nous continuons aujourd’hui la présentation de saint Jérôme, qui nous montre qu’il est important de se familiariser avec les textes de la Bible. Le Pape Benoît XV le présentait comme «un docteur éminent de l’interprétation de la Sainte Écriture». Pour saint Jérôme, «l’ignorance des Écritures, c’est l’ignorance du Christ». L’Écriture stimule et oriente la vie chrétienne de chacun dans toutes les situations. L’aspect moral n’est donc pas négligé. Souvent, saint Jérôme rappelle le devoir de mettre sa vie en accord avec la Parole de Dieu, soulignant que la perfection requiert une vigilance constante. L’étude et la méditation rendent l’homme sage et serein. Saint Jérôme précise cependant que pour s’imprégner toujours plus de la Parole de Dieu, il est nécessaire de la lire fréquemment, «car la méditation et la science de la sainte Écriture maintiennent l’équilibre de l’âme». Pour être introduit à la compréhension de la Bible, il faut un profond esprit de prière et l’aide de l’Esprit Saint. Toute interprétation authentique doit avoir comme critère d’être en harmonie avec la foi de l’Église. Toute la vie de saint Jérôme est traversée par un amour passionné de l’Écriture. Mais saint Jérôme se montre aussi un excellent pédagogue de la vie chrétienne, pour que l’âme devienne le temple du Seigneur, une pierre précieuse aux yeux de Dieu. Il invite les parents à créer une ambiance sereine et joyeuse pour que les enfants soient poussés au travail et qu’ils puissent acquérir de bonnes habitudes. Que saint Jérôme soit pour tous un modèle, vous invitant à vous nourrir fréquemment de la Parole de Dieu.
Je suis heureux de saluer les francophones, notamment les jeunes prêtres de Belley-Ars, avec leur Évêque, Mgr Bagnard. J’adresse un salut tout particulier aux pèlerins de France venus avec les reliques de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte-Face, accompagnés par Mgr Pican, Évêque de Bayeux et Lisieux. Nous nous souvenons qu’il y a cent vingt ans, la petite Thérèse est venue rencontrer le Pape Léon XIII, pour lui demander la permission d’entrer au Carmel malgré son jeune âge. Il y a quatre-vingt ans, le Pape Pie XI la proclamait Patronne des Missions et, en 1997, le Pape Jean-Paul II la déclarait Docteur de l’Église. Après cette audience, j’aurai la joie de prier devant ses reliques, comme de nombreux fidèles peuvent le faire pendant toute la semaine dans différentes églises de Rome. Sainte Thérèse aurait voulu apprendre les langues bibliques pour mieux lire l’Écriture. À sa suite et à l’exemple de saint Jérôme, puissiez-vous prendre du temps pour lire la Bible de manière régulière. En devenant familiers de la Parole de Dieu, vous y rencontrerez le Christ pour demeurer en intimité avec lui. Avec ma Bénédiction apostolique.
bonne nuit
16 novembre, 2007Keywords: Rubiaceae | Deppea splendens Breedlove & Lorence | Huntington Botanical Garden, San Marino, California
http://www.ubcbotanicalgarden.org/potd/2007/11/deppea_splendens.php#002358
L’arche de l’Eglise
16 novembre, 2007Origène (vers 185-253), prêtre et théologien
Homélies sur la Genèse, II, 3 (trad. cf SC 7bis, p. 89)
L’arche de l’Eglise
Autant que la petitesse de mon esprit me le permet, je pense que le déluge, qui a mis alors presque un terme au monde, est le symbole de la fin du monde, fin qui doit véritablement arriver. Le Seigneur lui-même l’a déclaré quand il a dit : « Aux jours de Noé, les hommes achetaient, vendaient, bâtissaient, se mariaient, donnaient leurs filles en mariage, et le déluge arriva, qui les fit tous périr. Ainsi sera également l’avènement du Fils de l’homme ». Dans ce texte, il semble bien que le Seigneur décrit d’une seule et même façon le déluge qui a déjà eu lieu et la fin du monde qu’il annonce pour l’avenir.
Ainsi donc, jadis il a été dit à l’antique Noé de faire une arche et d’y introduire avec lui non seulement ses fils et ses proches mais des animaux de toute espèce. De même, à la consommation des âges, il a été dit par le Père au Seigneur Jésus Christ, notre nouveau Noé, le seul Juste et le seul Parfait (Gn 6,9), de se faire une arche de bois équarri et de lui donner des mesures qui sont pleines de mystères divins (cf Gn 6,15). Cela est indiqué dans un psaume qui dit : « Demande et je te donnerai les nations pour héritage et pour domaine les extrémités de la terre » (2,8). Il a construit donc une arche avec toutes sortes d’abris pour recevoir les animaux divers. Un prophète parle de ces demeures quand il écrit : « Va, mon peuple, entre dans tes abris, cache-toi pour quelques instants, jusqu’à ce que la colère ait passé » (Is 26,20). Il y a en effet une correspondance mystérieuse entre ce peuple qui est sauvé dans l’Eglise, et tous ces êtres, hommes et animaux, qui ont été sauvés du déluge dans l’arche.