Archive pour le 13 novembre, 2007
SAINT BRICE – Evêque de Tours (+ 444)
13 novembre, 2007du site:
http://www.abbaye-saint-benoit.ch/voragine/tome03/168.htm
SAINT BRICE – Evêque de Tours (+ 444)
Brice, diacre de saint Martin, était jaloux de lui et souvent il l’accablait d’outrages. Un pauvre en effet étant venu demander Martin, Brice lui dit : « Si tu cherches ce radoteur, lève la tête, c’est celui qui regarde le ciel comme un insensé. » Le pauvre ayant reçu ce qu’il demandait de saint Martin, le saint homme* Toute cette l
égende est prise de saint Grégoire de Tours, passim.
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appela Brice et lui dit : « Je te semble donc un radoteur, Brice ? » Or, comme il avait honte d’avoir ainsi parlé et qu’il le niait, Martin lui dit : « Est-ce que mes oreilles n’étaient pas près de ta bouche quand tu disais cela tout haut.? Je te dis en vérité que j’ai obtenu du Seigneur de t’avoir pour successeur dans l’épiscopat; mais sache que tu éprouveras alors bien des adversités. » En entendant cela, Brice se moquait en disant : « N’ai-je pas dit vrai, que c’était un radoteur? » Après la mort de Martin, Brice fut élu évêque, et depuis ce moment il se livra à la prière, et quoique encore orgueilleux, il était. toutefois chaste de corps. Or, la trentième année de son épiscopat, une femme qui portait l’habit d’une religieuse, et qui lavait ses vêtements, conçut et mit au monde un fils. Alors tout le peuple se rassembla avec des pierres, à la porte de Brice, en disant : « Par égard pour saint Martin, nous avons caché ta luxure; mais nous ne pouvons plus désormais baiser des mains polluées. » Brice nia vigoureusement le crime qu’on lui imputait. « Amenez-moi l’enfant », dit-il. Quand on lui eut amené cet enfant qui n’avait que trente jours, Brice lui dit : « Je t’adjure, par le fils de Dieu, de déclarer, en présence de tout le monde, si c’est moi qui t’ai engendré. » L’enfant répondit : «Ce n’est pas toi qui es mon père. » Le peuple pressa alors l’évêque de lui demander le nom de son père, et il répondit : « Ceci n’est pas mon affaire; j’ai fait ce qui m’intéressai. » Alors le peuple attribua tout cela à la magie en disant : « Tu n’exerceras plus désormais sur nous le pouvoir sous le nom mensonger de pasteur. » Alors Brice, pour se (307) justifier, porta, sous les yeux de tous, des charbons ardents jusqu’au tombeau de saint Martin, et quand il les eut jetés, il ne parut pas que son vêtement en eût été atteint, et il dit : « De même que ce vêtement, qui est le mien, -est resté intact, de même mon corps est pur de tout contact avec une femme.» Le peuple, qui n’était point encore convaincu, accabla saint Brice d’outrages et d’injures, et lui enleva sa dignité, afin que la parole de saint Martin s’accomplit. Brice vint alors en pleurant auprès du Pape, y resta sept ans, et effaça par sa pénitence toutes ses fautes envers saint Martin.
Le peuple mit Justinien à sa place, et l’envoya à Rome pour soutenir contre Brice ses droits à l’épiscopat. Mais il mourut en route, dans la ville de Verceil : alors tout, le peuple établit Arménius à sa place ! Sept ans après, Brice revint par l’autorité du pape, et reçut l’hospitalité à six milles de la ville. Or, cette nuit-là même, Arminius rendit l’âme. Brice, qui l’apprit par révélation, dit à ses gens de se lever pour. aller en toute hâte avec lui inhumer l’évêque de Tours. Or, comme Brice entrait dans la ville par une porte, par l’autre on portait en terre, le corps d’Arminius. Quand il eut été enseveli, Brice prit son siège qu’il gouverna sept ans avec une conduite digne d’éloge. Il s’endormit en paix la 48° année de son épiscopat.
Chantez au Seigneur un chant nouveau
13 novembre, 2007du site:
http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20010508_agostino-vescovo_fr.html
Chantez au Seigneur un chant nouveau
« Nous sommes invités à chanter au Seigneur un chant nouveau. L’homme nouveau connaît ce chant nouveau. Le chant est affaire de joie, et si nous y réfléchissons plus attentivement, il est affaire d’amour. Donc, celui qui sait aimer la vie nouvelle sait chanter le chant nouveau. Qu’est-ce que la vie nouvelle ? Nous y sommes invités à cause du chant nouveau. Car tout appartient au même royaume: l’homme nouveau, le chant nouveau, le testament nouveau. Donc l’homme nouveau chantera le chant nouveau et appartiendra au testament nouveau.
Chacun aime, mais on doit chercher quel est l’objet de cet amour. Par conséquent, on ne nous demande pas de renoncer à l’amour, mais de choisir ce que nous devons aimer. Mais que pourrons-nous choisir, si d’abord nous ne sommes choisis ? Écoutez l’Apôtre Jean : Nous aimons parce que Dieu lui-même nous a aimés le premier
. Cherche comment l’homme peut aimer Dieu, et tu ne trouveras absolument rien d’autre que ceci : c’est Dieu le premier qui l’a aimé. Celui que nous avons aimé s’est donné lui-même, il s’est donné pour que nous ayons de quoi aimer. Qu’a-t’il donné pour que nous ayons de quoi aimer? Sachez plus clairement en écoutant l’Apôtre Paul, qui dit: L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs. D’où cela vient-il? de nous? de qui donc ? Par l’Esprit Saint qui nous a été donné. Puisque nous avons une telle garantie, aimons Dieu de par Dieu.
Écoutez cette parole plus explicite de saint Jean : Dieu est amour. Celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui. Il ne suffit pas de dire : L’amour vient de Dieu. Mais qui d’entre nous oserait dire comme saint Jean : Dieu est amour ? Celui qui a dit cela savait ce qu’il avait en lui.
Dieu se donne à nous plus parfaitement. Aimez-moi, dit-il, et vous me possèderez; car vous ne pouvez m’aimer sans me posséder.
Ô mes frères! Ô mes fils! Enfants de l’Église catholique! Plantation sainte et céleste! Vous qui êtes régénérés dans le Christ et qui avez reçu la naissance d’en haut, écoutez-moi, ou plutôt écoutez par ma voix : Chantez au Seigneur un chant nouveau! Et bien, dis-tu, je chante! Tu chantes, oui, tu chantes, je l’entends. Mais il ne faut pas que ta vie porte témoignage contre tes paroles.
Chantez avec la voix, chantez avec le cœur, chantez avec la bouche, chantez par toute votre vie: Chantez au Seigneur un chant nouveau
. Vous cherchez comment chanter celui que vous aimez? Car, sans aucun doute, tu veux chanter celui que tu aimes. Tu cherches quelles louanges lui chanter? Vous avez entendu: Chantez au Seigneur un chant nouveau. Vous cherchez où sont ses louanges? Sa louange est dans l’assemblée des fidèles. La louange de celui que l’on veut chanter, c’est le chanteur lui-même. Vous voulez dire les louanges de Dieu? Soyez ce que vous dites. Vous êtes sa louange, si vous vivez selon le bien.«
Des Homélies de saint Augustin, évêque (Serm. 34, 1-3.5-6; CCL 41, 424-426)
Prière
Seigneur, tu ouvres ton Royaume à ceux qui renaissent de l’eau et de l’Esprit : fais croître en eux la grâce pour que, déjà purifiés de leurs fautes, ils ne rendent vaine aucune de tes promesses. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen
Préparé par le Département de Théologie Spirituelle de
L’Université Pontificale de la Sainte-Croix
LE PEUPLE JUIF ET SES SAINTES ÉCRITURES DANS LA BIBLE CHRÉTIENNE – PRÉFACE
13 novembre, 2007je mets aujourd’hui dans le Blog la préface du alors Cardinal Ratzinger au document sur la Sacrée Écriture de peuple du hébreu dans la Bible chrétienne, parce que, je retiens que soit un document très important dans la compréhension de notre foi, qui veut légères tout le link que j’ai mis report tout le teste, du site:
COMMISSION PONTIFICAL BIBLIQUE
LE PEUPLE JUIF
ET SES SAINTES ÉCRITURES
DANS LA BIBLE CHRÉTIENNE
Préface
La question de l’unité interne de la Bible de l’Église, qui se compose de l’Ancien et du Nouveau Testament, était un thème central dans la théologie des Pères de l’Église. Qu’il ne s’agissait pas seulement — tant s’en faut — d’un problème théorique, on peut, pour ainsi dire, le toucher du doigt dans le chemin spirituel de l’un des plus grands maîtres de la chrétienté, saint Augustin d’Hippone. En 373, Augustin, âgé alors de 19 ans, avait vécu une première expérience marquante de conversion. La lecture d’une œuvre de Cicéron — l’Hortensius, perdu depuis — avait opéré en lui une profonde transformation, qu’il décrit lui-même rétrospectivement de la façon suivante: « Vers toi, Seigneur, il orientait mes prières… Je commençais à me relever pour revenir à toi… Quelle ferveur j’avais, ô mon Dieu, quelle ferveur, pour laisser là ce qui est terrestre et m’élever vers toi » (Conf. III, 4, 7-8). Pour le jeune Africain qui, dans son enfance, avait reçu le sel qui faisait de lui un catéchumène, il était clair que se convertir à Dieu impliquait l’adhésion au Christ; sans le Christ, il ne pouvait pas trouver Dieu réellement. Il alla donc de Cicéron à la Bible et éprouva une terrible déception: dans les difficiles prescriptions légales de l’Ancien Testament, dans ses récits compliqués et parfois cruels, il n’arrivait pas à reconnaître la Sagesse, vers laquelle il voulait aller. Dans sa recherche, il rencontra des gens qui annonçaient un nouveau christianisme spirituel, un christianisme qui faisait mépriser l’Ancien Testament comme déficient spirituellement et rebutant; un christianisme dont le Christ n’avait pas besoin du témoignage des prophètes hébreux. Ces gens promettaient un christianisme de la simple et pure raison, un christianisme dans lequel le Christ était le grand illuminateur, qui conduisait les hommes à une vraie connaissance d’eux-mêmes. C’étaient les manichéens.1 La grande promesse des manich
éens se révéla trompeuse, mais le problème n’était pas résolu pour autant. Au christianisme de l’Église catholique Augustin ne put se convertir que lorsqu’il eut appris à connaître, par Ambroise, une interprétation de l’Ancien Testament qui rendait transparent le rapport de la Bible d’Israël avec le Christ et rendait ainsi visible en elle la lumière de la Sagesse recherchée. Ce qui fut alors surmonté, ce ne fut pas seulement l’obstacle extérieur de l’insatisfaisante forme littéraire de la vieille Bible latine, mais aussi et surtout l’obstacle intérieur d’un livre qui n’apparaissait plus simplement comme un document de l’histoire religieuse d’un peuple déterminé, avec tous ses errements et égarements, mais se révélait être la voix d’une Sagesse qui s’adressait à tous et venait de Dieu. Une telle lecture de la Bible d’Israël, qui, dans les cheminements historiques de celle-ci, reconnaissait par transparence le Christ et, du même coup, le Logos, la Sagesse éternelle elle-même, n’était pas seulement fondamentale pour la décision de foi d’Augustin; elle était et elle est la base de la décision de foi de l’Église dans sa totalité.
Mais est-elle vraie? Est-elle aussi, aujourd’hui encore, démontrable et tenable? Du point de vue de l’exégèse historico-critique, il semble — à première vue en tout cas — que tout parle en sens contraire. C’est ainsi qu’en 1920, le théologien libéral très en vue Adolf Harnack a formulé la thèse suivante: « Rejeter l’Ancien Testament au IIe siècle (allusion à Marcion) était une erreur, que la grande Église a eu raison de repousser; le conserver au XVIe siècle était une fatalité, à laquelle la Réforme ne fut pas encore capable de se soustraire; mais depuis le XIXe siècle le maintenir dans le protestantisme comme un document canonique, de valeur égale au Nouveau Testament, c’est la conséquence d’une paralysie religieuse et ecclésiale ».2 Harnack a-t-il raison? De prime abord, bien des choses semblent aller en ce sens. Si l’ex
égèse d’Ambroise a ouvert pour Augustin le chemin vers l’Église et est devenue dans son orientation de base — mais dans une mesure fort variable, naturellement, pour les détails — le fondement de sa foi en la parole biblique de Dieu, qui est bipartite et pourtant une, on peut cependant faire aussitôt cette objection: Ambroise avait appris cette exégèse à l’école d’Origène, qui avait été le premier à la développer méthodiquement. Mais Origène — ajoute-t-on — n’avait fait qu’appliquer à la Bible la méthode d’interprétation allégorique pratiquée dans le monde grec pour expliquer les écrits religieux de l’antiquité — Homère, en particulier —; il avait donc, non seulement réalisé une hellénisation intrinsèquement étrangère à la parole biblique, mais il s’était servi d’une méthode qui en elle-même n’était pas fiable, parce qu’en dernière analyse, elle visait à conserver comme sacré ce qui, en réalité, constituait le témoignage d’une culture désormais non susceptible d’actualisation. — Mais cela n’est pas si simple. Plus encore que sur l’exégèse d’Homère par les Grecs, Origène pouvait bâtir sur l’interprétation de l’Ancien Testament qui avait pris naissance en milieu juif, spécialement à Alexandrie avec Philon comme tête de file, et cherchait, d’une manière absolument propre, à initier à la Bible d’Israël les Grecs, qui, depuis longtemps, au delà du polythéisme, étaient à la recherche du Dieu unique, qu’ils pouvaient trouver dans la Bible. Et Origène s’est instruit auprès des rabbins. En fin de compte, il a élaboré des principes chrétiens complètement spécifiques: l’unité interne de la Bible comme règle d’interprétation, le Christ comme point focal de tous les chemins de l’Ancien Testament.3
Quelle que soit la façon dont on peut juger dans le détail l’exégèse d’Origène et d’Ambroise, son dernier fondement n’était ni l’allégorie hellénistique, ni Philon, ni les méthodes rabbiniques. A proprement parler, son fondement — au delà des détails de l’interprétation — était le Nouveau Testament lui même. Jésus de Nazareth a émis la prétention d’être le véritable héritier de l’Ancien Testament — « l’Écriture » — et d’en apporter l’authentique interprétation, une interprétation qui, assurément, n’était pas à la manière des lettrés, mais provenait de l’autorité de l’Auteur lui-même: « Il enseignait comme ayant autorité (divine) et non pas comme les scribes » (Mc 1,22). Le récit d’Emmaüs exprime de nouveau cette prétention: « En parlant de Moïse et de tous les prophètes, il leur interpréta dans toutes les Écritures ce qui le concernait » (Lc 24,27). Les auteurs du Nouveau Testament ont cherché à fonder cette prétention dans le détail, Matthieu avec grande insistance, mais Paul aussi bien, qui utilisait à ce propos les méthodes rabbiniques d’interprétation et tâchait de montrer que cette interprétation développée par les scribes conduisait au Christ comme clé des « Écritures ». Pour les auteurs et fondateurs du Nouveau Testament, l’Ancien Testament est tout simplement « l’Écriture »: c’est seulement ensuite que l’Église, dans son devenir, put former peu à peu un canon du Nouveau Testament, qui alors constitua pareillement une Écriture Sainte, mais toujours en ce sens qu’il présuppose comme telle la Bible d’Israël, la Bible des apôtres et de leurs disciples, qui reçoit alors seulement le nom d’Ancien Testament, et de celle-ci il fournit la clé d’interprétation. De ce point de vue, les P
ères de l’Église n’ont rien créé de nouveau en donnant une interprétation christologique de l’Ancien Testament; ils n’ont fait que développer et systématiser ce qu’il trouvaient d’abord eux-mêmes dans le Nouveau Testament. Cette synthèse fondamentale pour la foi chrétienne devait devenir problématique au moment où la conscience historique développait des règles d’interprétation à partir desquelles l’exégèse des Pères devait apparaître comme non-historique et donc objectivement indéfendable. Dans le contexte de l’humanisme et de sa nouvelle conscience historique, mais surtout dans le contexte de sa doctrine de la justification, Luther a forgé une nouvelle formule pour la relation entre les deux parties de la Bible chrétienne, une formule qui ne se base plus sur l’harmonie interne de l’Ancien et du Nouveau Testament, mais sur leur rapport essentiellement dialectique dans l’histoire existentielle du salut, l’antithèse entre Loi et Évangile. Bultmann a exprimé cette approche fondamentale d’une manière moderne en disant que l’Ancien Testament s’est accompli dans le Christ en échouant. Plus radicale est la proposition de Harnack mentionnée ci-dessus; autant que je peux voir, elle n’a guère été accueillie, mais elle était tout à fait logique à partir d’une exégèse pour laquelle les textes du passé ne peuvent avoir chacun que le sens que leurs auteurs voulaient leur donner au moment même dans leur contexte historique. Que les auteurs bibliques des siècles d’avant le Christ, qui s’expriment dans les livres de l’Ancien Testament, aient voulu se référer à l’avance au Christ et à la foi du Nouveau Testament, cela apparaît plus qu’invraisemblable à la conscience historique moderne.
En conséquence, la victoire de l’exégèse historico-critique sembla sonner l’échec de l’interprétation chrétienne de l’Ancien Testament inaugurée par le Nouveau Testament lui-même. Il ne s’agit pas ici, nous l’avons vu, d’un problème historique de détail; ce sont les fondements même du christianisme qui se trouvent mis en discussion. On comprend dès lors pourquoi personne n’a voulu se conformer à la proposition de Harnack, qui invitait à effectuer enfin maintenant pour de bon la rupture avec l’Ancien Testament que Marcion avait voulu réaliser prématurément. Ce qu’alors on laisserait subsister, notre Nouveau Testament, serait en soi vide de sens. Le Document de la Commission biblique pontificale, que cette préface introduit, déclare à ce sujet: « Sans l’Ancien Testament, le Nouveau Testament serait un livre indéchiffrable, une plante privée de ses racines et destinée à se dessécher » (no 84). A cet endroit, on peut voir la grandeur de la t
âche devant laquelle la Commission Biblique Pontificale s’est vue placée, lorsqu’elle décida d’aborder le thème de la relation entre Ancien et Nouveau Testament. S’il doit y avoir un moyen de sortir de l’impasse décrite par Harnack, il faut que ce soit en élargissant et en approfondissant le concept d’une interprétation de textes historiques qui soit défendable de nos jours en face de la vision des intellectuels libéraux et qui soit applicable en particulier au texte de la Bible reçu dans la foi comme Parole de Dieu. En cette direction, les dernières décennies ont apporté d’importantes contributions. La Commission Biblique Pontificale a présenté l’essentiel de leur apport dans son Document publié en 1993 sur « L’interprétation de la Bible dans l’Église ». La reconnaissance de la pluridimensionalité du langage humain, qui ne reste pas fixé à un unique point de l’histoire, mais a prise sur l’avenir, a été une aide permettant de mieux comprendre comment la Parole de Dieu peut se servir de la parole humaine pour conférer à une histoire en progrès un sens qui va au delà du moment présent et pourtant produit, précisément de cette façon, l’unité de l’ensemble. En partant de l’apport de ce document précédent et en se basant sur d’attentives réflexions de méthode, la Commission Biblique a examiné la relation qu’ont entre eux les divers grands ensembles thématiques des deux Testaments et elle a pu conclure que l’herméneutique chrétienne de l’Ancien Testament, qui assurément est profondément différente de celle du judaïsme, « correspond cependant à une potentialité de sens effectivement présente dans les textes » (no 64). C’est là un résultat qui me semble de grande importance pour la poursuite du dialogue, mais aussi et surtout pour le fondement de la foi chrétienne.
Dans son travail, la Commission Biblique ne pouvait pas faire abstraction de notre contexte actuel, où le choc de la Shoah a mis toute la question dans une autre lumière. Deux problèmes principaux se posent: les chrétiens peuvent-ils, après tout ce qui est arrivé, avoir encore tranquillement la prétention d’être des héritiers légitimes de la Bible d’Israël? Ont-ils le droit de continuer à proposer une interprétation chrétienne de cette Bible ou ne doivent-ils pas plutôt renoncer avec respect et humilité à une prétention qui, à la lumière de ce qui est arrivé, doit apparaître comme une usurpation? La deuxième question se rattache à la première: la façon dont le Nouveau Testament lui-même présente les Juifs et le peuple juif n’a-t-elle pas contribué à créer une hostilité contre le peuple juif, qui a fourni un appui à l’idéologie de ceux qui voulaient anéantir Israël? La Commission s’est posé ces deux questions. Il est clair qu’un rejet de l’Ancien Testament de la part des chrétiens, non seulement, comme on l’a indiqué ci-dessus, abolirait le christianisme lui-même, mais en outre ne pourrait pas favoriser la relation positive entre les chrétiens et les Juifs, car ils perdraient précisément le fondement commun. Mais ce qui doit résulter de ce qui s’est passé, c’est un nouveau respect pour l’interprétation juive de l’Ancien Testament. A ce sujet, le Document dit deux choses. D’abord, il déclare que « la lecture juive de la Bible est une lecture possible, qui se trouve en continuité avec les Saintes Écritures juives de l’époque du second Temple, une lecture analogue à la lecture chrétienne, laquelle s’est développée parallèlement » (no 22). Il ajoute que les chrétiens peuvent apprendre beaucoup de l’exégèse juive pratiquée depuis plus de 2000 ans; en retour, les chrétiens peuvent espérer que les Juifs pourront tirer profit des recherches de l’exégèse chrétienne (ibid.). Je pense que ces analyses seront de grande utilité pour la poursuite du dialogue judéo-chrétien, ainsi que pour la formation intérieure de la conscience de soi chrétienne. La question de la fa
çon dont les Juifs sont présentés dans le Nouveau Testament est traitée dans la dernière partie du Document; les textes « anti-judaïques » y sont soigneusement éclairés. Ici, je voudrais seulement souligner un aspect qui me paraît spécialement important. Le Document montre que les reproches adressés aux Juifs dans le Nouveau Testament ne sont ni plus fréquents ni plus virulents que les accusations contre Israël dans la Loi et les prophètes, donc à l’intérieur de l’Ancien Testament lui-même (no 87). Ils appartiennent au langage prophétique de l’Ancien Testament et sont donc à interpréter comme les oracles des prophètes: ils mettent en garde contre des égarements contemporains, mais ils sont toujours essentiellement temporaires et laissent aussi toujours prévoir de nouvelles possibilités de salut.
Aux membres de la Commission Biblique je voudrais exprimer gratitude et reconnaissance pour leur labeur. De leurs discussions, poursuivies patiemment pendant plusieurs années, est issu ce Document qui, j’en suis convaincu, peut offrir une aide précieuse pour l’étude d’une question centrale de la foi chrétienne ainsi que pour la recherche si importante d’une nouvelle entente entre chrétiens et Juifs.
Rome, en la fête de l’Ascension 2001
Joseph Cardinal Ratzinger
bonne nuit
13 novembre, 2007« Des serviteurs quelconques »
13 novembre, 2007Saint Silouane (1866-1938), moine orthodoxe
Écrits (trad. Eds. Présence 1973, p. 289)
« Des serviteurs quelconques »
Il y a bien des degrés d’humilité. L’un est obéissant et se fait des reproches à lui-même en toutes choses ; cela, c’est de l’humilité. Un autre se repent de ses péchés et se considère comme un misérable devant Dieu. Cela, c’est aussi de l’humilité. Mais autre est l’humilité de celui qui a connu le Seigneur par le Saint Esprit : sa connaissance et ses goûts sont différents.
Lorsque, dans le Saint Esprit, l’âme voit combien le Seigneur est doux et humble, elle s’humilie elle-même jusqu’au bout. Cette humilité est tout à fait particulière et personne ne peut la décrire. Si les hommes pouvaient savoir par le Saint Esprit quel Seigneur nous avons, ils changeraient entièrement : les riches mépriseraient leurs richesses ; les savants, leur science ; les gouvernements, leur pouvoir et leur prestige. Tous vivraient dans une paix profonde et avec amour, et sur terre régnerait une grande joie.