P. Cantalamessa : L’Ecriture apporte la preuve que les morts ressuscitent

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P. Cantalamessa : L’Ecriture apporte la preuve que les morts ressuscitent

Dieu se définit « Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob » et est un Dieu des vivants

ROME, Vendredi 9 novembre 2007 (ZENIT.org

) Nous publions ci-dessous le commentaire de lEvangile du Dimanche 11 novembre, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Evangile de Jésus Christ selon saint Luc 20, 27-38

Des sadducéens – ceux qui prétendent qu’il n’y a pas de résurrection – vinrent trouver Jésus,
et ils l’interrogèrent : « Maître, Moïse nous a donné cette loi : Si un homme a un frère marié mais qui meurt sans enfant, qu’il épouse la veuve pour donner une descendance à son frère.
Or, il y avait sept frères : le premier se maria et mourut sans enfant ; le deuxième, puis le troisième épousèrent la veuve, et ainsi tous les sept : ils moururent sans laisser d’enfants. Finalement la femme mourut aussi. Eh bien, à la résurrection, cette femme, de qui sera-t-elle l’épouse, puisque les sept l’ont eue pour femme ? »
Jésus répond : « Les enfants de ce monde se marient. Mais ceux qui ont été jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection d’entre les morts ne se marient pas, car ils ne peuvent plus mourir : ils sont semblables aux anges, ils sont fils de Dieu, en étant héritiers de la résurrection.
Quant à dire que les morts doivent ressusciter, Moïse lui-même le fait comprendre dans le récit du buisson ardent, quand il appelle le Seigneur : le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob.
Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants ; tous vivent en effet pour lui. »

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Dieu n’est pas le Dieu des morts

En réponse à la question piège des sadducéens sur le sort de la femme qui a eu sept maris sur terre, Jésus réaffirme avant tout le fait de la résurrection, en corrigeant dans le même temps la représentation matérialiste et caricaturale quen font les sadducéens. La béatitude éternelle nest pas un simple accroissement et un prolongement des joies terrestres, avec les plaisirs de la chair et de la table à satiété. Lautre vie est vraiment une autre vie, une vie de qualité différente. Elle est, certes laccomplissement de toutes les attentes de lhomme sur la terre – et même infiniment plus – mais sur un autre plan. « Ceux qui ont été jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection d’entre les morts ne se marient pas, car ils ne peuvent plus mourir : ils sont semblables aux anges ».

Dans la partie finale de lEvangile, Jésus explique la raison pour laquelle il doit y avoir une vie après la mort. « Quant à dire que les morts doivent ressusciter, Moïse lui-même le fait comprendre dans le récit du buisson ardent, quand il appelle le Seigneur : le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob. Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants ; tous vivent en effet pour lui ». Mais où est, dans cette phrase, la preuve que les morts ressuscitent ? Si Dieu se définit « Dieu dAbraham, dIsaac et de Jacob » et est un Dieu des vivants et non des morts, cela signifie quAbraham, Isaac et Jacob vivent quelque part, même si, au moment où Dieu parle à Moïse, ceux-ci sont morts depuis des siècles.

Interprétant de manière erronée la réponse que Jésus donne aux sadducéens, certains ont affirmé que le mariage na aucune suite au ciel. Avec cette phrase Jésus rejette lidée caricaturale que les sadducéens présentent de lau-delà, comme sil sagissait dun simple prolongement des relations terrestres entre les conjoints ; il nexclut pas le fait que ceux-ci puissent retrouver, en Dieu, le lien qui les a unis sur la terre.

Est-il possible que deux époux, après une vie qui les a associés à Dieu dans le miracle de la création, naient plus rien en commun dans la vie éternelle, comme si tout avait été oublié, perdu ? Cela ne serait-il pas en opposition avec la parole du Christ qui dit que lon ne doit pas séparer ce que Dieu a uni ? Si Dieu les a unis sur la terre, comment pourrait-il les séparer au ciel ? Une vie commune peut-elle finir dans le vide sans que soit démenti le sens même de la vie ici-bas qui est de préparer lavènement du royaume, les cieux nouveaux et la terre nouvelle ?

LEcriture elle-même – et pas seulement le désir naturel des époux – confirme cette espérance. Le mariage, dit lEcriture, est « un grand sacrement » car il symbolise lunion entre le Christ et lEglise (Ep 5, 32). Est-il donc possible que cela soit annulé précisément dans la Jérusalem céleste, où lon célèbre l’éternel banquet de noces entre le Christ et lEglise, dont le mariage est limage ?

Selon cette vision, le mariage ne se termine pas avec la mort, mais il est transfiguré, spiritualisé. On lui enlève toutes les limites qui caractérisent la vie sur la terre. De la même manière, les liens entre parents et enfants ou entre amis ne tombent pas non plus dans loubli. Dans la préface de la messe des défunts, la liturgie dit quavec la mort « la vie est changée, elle nest pas enlevée » ; cela vaut également pour le mariage qui est partie intégrante de la vie.

Que dire à ceux pour qui le mariage terrestre a été une expérience négative, dincompréhension et de souffrance ? Lidée que le lien ne soit pas rompu même avec la mort nest-elle pas pour eux davantage un motif de peur que de réconfort ? Non, car avec le passage du temps à l’éternité le bien demeure, le mal tombe. Lamour qui les a unis, même sil na duré que peu de temps, demeure ; les défauts, les incompréhensions, les souffrances quils se sont infligées mutuellement, s’évanouissent. De très nombreux conjoints nexpérimenterons le véritable amour entre eux, et avec cet amour, la joie et la plénitude de lunion quils nont pas connues sur la terre, que lorsquils serons réunis « en Dieu ». Cest aussi la conclusion de Goethe sur lamour entre Faust et Marguerite : « Seul au ciel, linaccessible (cest-à-dire lunion pleine et pacifique entre deux créatures qui saiment) deviendra réalité ». En Dieu on comprendra tout, on excusera tout, on pardonnera tout.

Et que dire de ceux qui ont été mariés, de manière légitime avec plusieurs personnes comme les veufs et les veuves remariés ? (Ce fut le cas présenté à Jésus, des sept frères qui avaient eu successivement la même femme pour épouse). Pour eux également, il convient de répéter la même chose : ce quil y a eu damour et de don authentiques avec chacun des maris et des femmes, cela étant objectivement un « bien » et venant de Dieu, ne sera pas annulé. Au ciel il ny aura plus de rivalité en amour ou de jalousie. Ces choses nappartiennent pas à lamour vrai, mais à la limite intrinsèque de la créature. 

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