Le mystère de l’absence. Une lecture du Psaume 21

j’espère ne pas avoir posté déjà cet article, je ne me suis pas fait énumère de post pour le compte mien parce-que utilise celui du serveur, je devrais mettre tout en ordre alphabétique, ne réussis maintenant pas à le faire, peut-être entre un peu de temps, du site:

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Le mystère de l’absence. Une lecture du Psaume 21

Jean Duhaime

La maladie et la souffrance remettent souvent en question la relation avec Dieu et avec les autres. Une personne qui souffre peut avoir le sentiment d’être abandonnée de tous, de Dieu comme de ses proches. Mais si elle sen sort, elle associe spontanément les siens à son bonheur. Le Psaume 21, un des plus connus de la tradition chrétienne, évoque pareille situation. (Le psaume est publié à la fin de cet article.)

LE THÈME DU PSAUME ET SA STRUCTURE Ce psaume fait entendre la supplication d

un souffrant qui a le sentiment d’être seul pour affronter la mort avançant à grands pas (v. 2-22). Dieu est appelé à laide (v. 12.22) : cet appel nourrit lespérance de jours meilleurs. La guérison du suppliant deviendra signe que Dieu peut procurer le salut aux personnes qui se tournent vers lui (v. 23-32). La différence de ton entre le début et la fin du psaume est assez surprenante. Pour lexpliquer, certains commentateurs ont formulé lhypothèse quil était récité au cours dune liturgie et quun prêtre intervenait durant la cérémonie pour assurer le fidèle du secours de Dieu.

LEXPÉRIENCE DE SOUFFRANCE Le psalmiste se pr

ésente comme sil était aux prises avec un mal qui entraîne la mort. Il sent son cœur fondre, ses os se disloquer et il a limpression de n’être plus quun filet deau qui s’écoule. En même temps, il a peine à parler, tant sa bouche est desséchée. Il se voit déjà réduit en poussière, allongé comme un mort (v. 15). Pourtant, il nattire ni la pitié ni la compassion. Au contraire, ceux qui le regardent le trouvent aussi repoussant quun ver de terre et se moquent de lui au lieu de le soutenir (v. 7).

LE SENS DONNÉ À LA SOUFFRANCE Pour le psalmiste, Dieu est derri

ère son épreuve : « Tu me mènes à la poussière de la mort. » (v. 16) Mais il ne sait pas vraiment comment expliquer sa souffrance. Il ne fait aucun lien avec des fautes quil aurait commises et que Dieu voudrait punir; il ne parle pas non plus de la fragilité de la condition humaine ou dune épreuve que Dieu lui enverrait. Une seule explication est plausible : Dieu la laissé tomber, il lui refuse ses bienfaits, il ne noccupe pas de lui, sans aucune raison.

RÉACTION DEVANT LA SOUFFRANCE Aux prises avec son malheur, le psalmiste crie,

« rugit » vers Dieu, jour et nuit. Il se tourne vers Dieu qui lui a donné la vie et auquel il demeure fidèle depuis son enfance (v. 11). Il se rappelle, et il rappelle à Dieu en même temps, comment ses ancêtres ont eu raison de garder leur confiance en Dieu. Il sait que Dieu est sa seule force ; sa seule chance de salut est que le Seigneur lentende et cesse de se tenir loin de lui.

Si une telle prière est formulée au cours dune liturgie, il est possible quun prêtre vienne assurer le fidèle que Dieu a entendu sa prière et quil va le délivrer. On peut aussi penser que la prière elle-même a un effet apaisant : elle permet de se rappeler la bienveillance de Dieu qui donne la vie et qui a régulièrement secouru les ancêtres. Quoi quil en soit, le psalmiste anticipe déjà sa guérison. Il se voit au milieu de lassemblée, réinséré dans sa communauté, partageant un sacrifice daction de grâce avec ceux qui cherchent comme lui le Seigneur et qui sassocient à sa louange au lieu de laccabler de leur mépris. Il va jusqu’à croire que sa délivrance sera publicisée aux quatre coins du monde pendant plusieurs générations et quelle amènera des gens de partout à se tourner vers Dieu. POUR AUJOURD

HUI

Puisque le psalmiste pense que sa délivrance aura pareil retentissement, certains commentateurs pensent quil doit sagir dun grand personnage, peut-être David ou un autre roi dIsraël, ou encore le fameux « serviteur souffrant » du Livre dIsaïe (voir en particulier Isaïe 52, 13 53, 12). Mais il peut aussi sagir dun fidèle « ordinaire », dun pauvre qui cherche Dieu en toute sincérité (v. 27). Après tout, le Dieu dIsraël sest surtout rendu célèbre par son souci du pauvre et de lopprimé. La tradition chr

étienne a identifié sans hésitation ce pauvre à Jésus. Des évangélistes lui mettent ce psaume en bouche lorsquil est en croix. Abandonné des siens et méprisé par les foules, Jésus va au bout de la souffrance, jusqu’à ce sentiment dabsence de Dieu au moment le plus critique de sa vie. Pourtant, comme le psalmiste, Jésus crie vers Dieu et garde espoir en lui malgré le mystère de cette absence. Pour la foi chrétienne, sa prière nest pas vaine. La foi en la résurrection de Jésus, la foi en la victoire de la vie sur la souffrance et sur la mort, est rappelée partout où des chrétiens se réunissent, en mémoire de lui, pour célébrer le repas eucharistique. Elle est devenue un point de ralliement et une source despérance pour les pauvres de la terre qui, génération après génération, cherchent Dieu. (N.B. titre et paragraphe en italique ci-dessous centrés sur toute la page)

PSAUME 21

Nous vous proposons un aménagement du psaume sarticulant autour de la question que plusieurs se posent en lisant ou en écoutant les récits de la passion ou en voyant la souffrance actuelle du monde : mais où donc est Dieu ? Cet aménagement, qui peut être utilisé comme temps de prière ou de réflexion, fait appel à un lecteur ou une lectrice, un psalmiste et à lassemblée, divisée en deux chœurs. Lecteur ou lectrice :
Dress

ée, tendue vers le ciel,
la croix offrait l
homme
et l
homme soffrait à
Dieu.

Mais où donc était Dieu ? Psalmiste :
2 Mon Dieu, mon Dieu,
pourquoi m

as-tu abandonné ?
Le salut est loin de moi,
loin des mots que je rugis.

3 Mon Dieu, jappelle tout le jour,
et tu ne r
é
ponds pas ;
m
ê
me la nuit,
je n
ai pas de repos. Lecteur ou lectrice :
Dress

é, tendu vers Dieu,
l
homme offrait sa foi
et, dans sa foi, il tenait bon malgr
é
tout.

Mais où donc était Dieu, le Très Saint ? Psalmiste :
4 Toi, pourtant, tu es saint,
toi qui habites les hymnes d

Israël !
5 C
est en toi que nos pères espé
raient,
ils esp
éraient et tu les dé
livrais.
6 Quand ils criaient vers toi, ils
é
chappaient ;
en toi ils esp
éraient et n’étaient pas déç
us.

Lecteur ou lectrice :
Dress
é, tendu vers la rencontre,
l
homme offrait sa solitude
et, dans sa solitude, il cherchait la pr
é
sence. Mais o

ù donc était Dieu, le Tout Proche ?

Psalmiste :
7 Et moi, je suis un ver, pas un homme,
raill
é par les gens, rejeté par le peuple.
8 Tous ceux qui me voient me bafouent,
ils ricanent et hochent la t
ê
te :
9
« Il comptait sur le Seigneur : quil le dé
livre !
Qu
il le sauve, puisquil est son ami ! »
Lecteur ou lectrice :
Dress

é, tendu vers la renaissance,
l
homme offrait son combat
et, dans son combat, il aspirait
à
la vie.

Mais où donc était Dieu, le Créateur ? Psalmiste :
10 C

est toi qui mas tiré du ventre de ma mère,
qui m
a mis en sûreté
entre ses bras.
11
À toi je fus confié dè
s ma naissance ;
d
ès le ventre de ma mè
re, tu es mon Dieu.

12 Ne sois pas loin : langoisse est proche,
je n
ai personne pour m
aider. Lecteur ou lectrice :
Dress

é, tendu vers la liberté,
l
homme offrait sa dé
tresse
et, dans sa d
étresse, il quê
tait un peu de compassion.

Mais où donc était Dieu, le Tout-Puissant ? Psalmiste :
13 Des fauves nombreux me cernent,
des taureaux de Basan m

encerclent.
14 Des lions qui d
é
chirent et rugissent
ouvrent leur gueule contre moi.

15 Je suis comme leau qui se répand,
tous mes membres se disloquent.
Mon c
œ
ur est comme la cire,
il fond au milieu de mes entrailles.
16 Ma vigueur a s
éché comme l
argile,
ma langue colle
à
mon palais. Tu me m

ènes à la poussière de la mort.

17 Oui, des chiens me cernent,
une bande de vauriens m
entoure.
Ils me percent les mains et les pieds ;
18 je peux compter tous mes os.
Ces gens me voient, ils me regardent.
19 Ils partagent entre eux mes habits
et tirent au sort mon v

êtement.

20 Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin :
ô ma force, viens vite à mon aide !
21 Pr
éserve ma vie de l’épé
e,
arrache-moi aux griffes du chien ;
22 sauve-moi de la gueule du lion
et de la corne des buffles.
Lecteur ou lectrice :
Dress

é, tendu vers le salut,
l
homme offrait sa confiance
et, dans sa confiance, il n
a pas été déç
u.

Dieu le Vivant était au rendez-vous. Psalmiste :
Tu m

as répondu !
23 Et je proclame ton nom devant mes fr
è
res,
je te loue en pleine assembl
é
e.

Premier chœur de lassemblée :
24 Vous qui le craignez, louez le Seigneur,
glorifiez-le, vous tous, descendants de Jacob,
vous tous, redoutez-le, descendants d
Israë
l. Deuxi

ème chœur de lassemblée :
25 Car il n
a pas rejeté
,
il n
a pas réprouvé le malheureux dans sa misè
re ;
il ne s
est pas voilé
la face devant lui,
mais il entend sa plainte.

Psalmiste :
26 Tu seras ma louange dans la grande assembl
ée ;
devant ceux qui te craignent,
je tiendrai mes promesses.
Premier ch

œur de lassemblée :
27 Les pauvres mangeront : ils seront rassasi
é
s ;
ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent :
« À vous, toujours, la vie et la joie ! »

Deuxième chœur de lassemblée :
28 La terre enti
è
re se souviendra
et reviendra vers le Seigneur,
chaque famille de nations se prosternera devant lui :
29
« Oui, au Seigneur la royauté
,
le pouvoir sur les nations !
»
Premier ch

œur de lassemblée :
30 Tous ceux qui festoyaient s
inclinent ;
promis
à la mort, ils plient en sa pré
sence.

Psalmiste :
31 Et moi, je vis pour lui :
ma descendance le servira ;
on annoncera le Seigneur
aux g
énérations à venir. Les deux chœurs :
32 On proclamera sa justice au peuple qui va na
î
tre :
Voil
à son œuvre !

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