Marz 2007, Un pèlerinage émouvant, par le cardinal Paul Poupard
Marz 2007, du site:
http://www.30giorni.it/fr/articolo.asp?id=13798
Un pèlerinage émouvant
par le cardinal Paul Poupard
président du Conseil pontifical de la Culture
L’anniversaire du père de famille est une occasion pour tous ses enfants de lui exprimer leur amour. C’est pourquoi, au moment où nous célébrons le quatre-vingtième anniversaire du Saint-Père, je ne voudrais pas me limiter à honorer ce rendez-vous d’état-civil. Je désire au contraire m’adresser au Saint-Père en puisant dans la mémoire de mon coeur débordant de gratitude pour les nombreuses preuves d’accueil paternel, de souci de rencontre, d’ouverture au dialogue qu’il a offertes au monde entier. L’un de ces témoignages domine les autres et me touche au plus profond de moi-même, parce que je l’ai vécu directement, dans un voisinage spécial et privilégié: le pèlerinage en Turquie. Maintenant que les projecteurs se sont éteints et que l’effervescence de l’actualité journalistique s’est calmée, reste la sérénité pour méditer sur cette visite qui, avec la grâce de Dieu, a pu se dérouler de façon heureuse. Une visite qui est devenue un don important pour l’Église et pour toute l’humanité.
C’est un voyage pastoral – je me réfère à la vision que le Concile Vatican II présente dans la constitution Lumen gentium aux n. 14-16 – qui, comme la mission de l’Église, se déroule sous la forme de “cercles concentriques”. Dans le cercle central, le successeur de Pierre confirme dans la foi les catholiques, dans celui du milieu, il rencontre les autres chrétiens et dans celui de l’extérieur, il s’adresse aux non-chrétiens et à l’humanité entière. La première journée s’est en effet déroulée dans le cadre de ce troisième cercle, le plus large, pour insister sur le fait qu’il est important que les chrétiens et les musulmans conjuguent leurs efforts en faveur de l’homme, de la vie, de la paix et de la justice. Dans le cadre du dialogue interreligieux, la divine Providence a accordé que s’accomplît, presque à la fin du voyage, un geste qui n’avait pas été prévu au départ et qui s’est révélé de grande signification: la visite à la célèbre Mosquée Bleue d’Istanbul. Saint-Père, je garde jalousement gravés dans ma mémoire les quelques instants de recueillement en ce lieu de prière, durant lesquels – j’en suis convaincu – vous vous êtes adressé à l’unique Seigneur du ciel et de la terre, Père miséricordieux de l’humanité entière, pour invoquer des bénédictions, notamment sur l’entretien avec le grand Mufti de Turquie. À l’horizon de ma mémoire apparaît Éphèse et donc le “cercle” central du voyage, en contact direct avec la communauté catholique. Dans le jardin qui précède le sanctuaire, un pèlerinage émouvant de fidèles venus de la ville voisine d’Izmir, d’autres lieux de Turquie et aussi de pays étrangers pour participer à la messe, a fait résonner dans mon cœur, dans toute leur force et leur vérité, ces mots: «Là où est Pierre, là est l’Église». À la “Maison de Marie” nous nous sommes vraiment sentis “chez nous” et, dans ce climat d’harmonie, s’est élevée la prière pour la paix en Terre Sainte et dans le monde entier. Le “cercle” intermédiaire s’est réalisé à l’occasion de la fête de saint André, le 30 novembre. Sur les traces de Paul VI, qui rencontra le patriarche Athénagoras, et de Jean Paul II, qui fut accueilli par le successeur d’Athénagoras, Dimitrios Ier, je vous ai vu, Saint-Père, renouveler avec Sa Sainteté Bartholomeos Ier ce geste de grande valeur symbolique pour confirmer votre engagement réciproque à poursuivre le chemin vers le rétablissement de la pleine communion entre catholiques et orthodoxes. Le retour au “cercle” central, c’est-à-dire la rencontre avec la communauté catholique présente dans toutes ses composantes dans la cathédrale latine de l’Esprit Saint, à Istanbul, a clos ce pèlerinage. Que Dieu Tout-puissant et miséricordieux nous aide à construire des ponts d’amitié et de collaboration fraternelle entre les peuples et les nations, entre les cultures et les religions, ce dont Votre Sainteté ne cesse de témoigner en toute occasion.
Dans ce climat de souvenir joyeux et reconnaissant, dans le grand choeur des témoignages d’affection et de reconnaissance, de joie et de fidélité, que vous parviennent mes vœux les plus cordiaux en cet heureux jour de votre quatre-vingtième anniversaire, en même temps que mes remerciements, venus du fond de mon cœur, pour votre précieux ministère pastoral pour le bien de toute la Sainte Église de Dieu. Puissiez-vous poursuivre votre œuvre de paix et de réconciliation parmi les peuples, de dialogue et de rencontre entre les cultures et les religions! Que le Seigneur vous accorde de guider sagement l’Église et de continuer à nous communiquer cette force dont nous avons constamment besoin pour rendre compte devant les hommes, avec douceur et respect, de l’espérance qui est en nous ( cf. 1P 3, 15). Saint-Père, c’est avec le cœur débordant de gratitude et de filiale reconnaissance que je vous renouvelle tous mes vœux, lesquels maintenant se font prière: que la Sainte Trinité vous éclaire et vous bénisse; que la Vierge Marie, Mère de l’Église, vous accompagne et vous fasse toujours sentir la douceur de sa consolations maternelle! Ad multos annos, Sainteté!
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