Saint Jean Damascène : Homélies sur la Dormition de la Vierge Marie
je mets seulemet la première partie, du site:
http://www.jesusmarie.com/jean_damascene_homelies_sur_la_dormition_1.html
Saint Jean Damascène – Saint Jean de Damas
Homélies sur la Dormition de la Vierge Marie
édition numérique par Myriam Stagnaro et www.JesusMarie.com – septembre 2002
PREMIERE HOMELIE SUR LA DORMITION
Première partie
Eloge de la Mère de Dieu. Mais voulez-vous que nous disions d
’abord qui elle est, quelle est son origine, comment elle a été accordée à ce monde, tel le don de tous les dons de Dieu le plus haut à la fois et le plus aimable ; comment elle a vécu dans la vie présente et de quels mystères elle fut jugée digne ? Expliquons ces quelques points. Les Grecs, dans les oraisons funèbres dont ils honoraient les disparus, rassemblaient avec un soin parfait tout ce qu’ils trouvaient d’utile pour que l’éloge, d’une part, pût s’appliquer au héros célébré, et de l’autre fût pour les survivants un stimulant et une exhortation à la vertu – et ils tissaient généralement leur discours de fables et de fictions sans nombre, leurs personnages n’ayant pas de quoi fournir par eux-mêmes à la louange. Dans ces conditions, comment nous-mêmes, si nous dissimulions dans les abîmes du silence selon l’expression courante ce qui est absolument vrai et respectable, et ce qui, existant réellement, procure réellement à tous bénédiction et salut, n’encourrions-nous pas la risée générale, et la même condamnation que celui qui enfouit son talent ? Mais nous veillerons à la concision du discours, de peur qu’il ne fatigue les oreilles, comme porte préjudice aux corps un excès de nourriture.
Ses parents. Naissance et vie dans le temple.
5. Joachim et Anne furent ses parents. Joachim, tel un pasteur de brebis, menait ses pensées comme on guide ses troupeaux, les gardant sous son autorité et les conduisant à son gré. Car, ayant lui-même, comme une brebis, le Seigneur Dieu pour pasteur, il ne manquait d’aucun bien excellent. Et que personne ne s’imagine que j’appelle biens excellents ces objets auxquels pense la multitude, auxquels aspire toujours l’esprit des hommes trop avide, qui ne sont ni durables par leur nature, ni capable de rendre meilleur celui qui les possède : ces plaisirs de la vie présente, qui ne peuvent acquérir de valeur stable, mais s’évanouissent d’eux-mêmes et sont dissipés sur l’heure, quand même on les aurait à profusion. Non, loin de nous la pensée de les admirer ! Telle n’est pas la part de ceux qui craignent le Seigneur. Mais je parle des biens vraiment désirables et aimables pour les hommes de jugement droit, des biens qui demeurent pour l’éternité, qui réjouissent Dieu et offrent à leurs possesseurs du fruit en leur saison : j’entends par là les vertus, qui donneront leur fruit en leur temps, c’est-à-dire au siècle futur la vie éternelle, à ceux du moins qui les auront dûment cultivées, en travaillant eux-mêmes selon leurs forces. Le travail précède, la félicité éternelle le suit. Joachim était accoutumé à mener intérieurement ses propres pensées « sur un pré d’herbe fraîche », – car il demeurait dans la contemplation des oracles sacrés -, et « vers les eaux du repos » de la divine grâce, où il trouvait ses délices ; il les détournait de la vanité et les guidait « par des sentiers de justice ».
Quant à Anne, dont le nom signifie « grâce », elle était sa compagne autant par ses mœurs que par la communauté de vie ; favorisée de tous les biens, elle était cependant, pour une raison mystique, frappée du mal de la stérilité. Effectivement, la grâce était stérile, n’ayant pas la force de fructifier dans l’âme des hommes : car « tous étaient dévoyés, ensemble corrompus », il n’y en avait « pas un d’intelligent, pas un qui cherchât Dieu ». Alors Dieu dans sa bonté, regardant et prenant en pitié l’ouvrage de sa propre main, et voulant le sauver, met fin à la stérilité de la grâce, c’est-à-dire d’Anne aux pensées divines : et elle met au monde une enfant, telle que nulle autre ne naquit avant elle, ni ne naîtra jamais. Et la gu
érison de cette stérilité montrait en toute clarté que la stérilité du monde, incapable de produire les biens, allait elle-même cesser, et que le tronc de la béatitude interdite allait fructifier. 6. Voilà pourquoi la Mère de Dieu vient au jour en vertu d’une promesse : un ange révèle la conception de celle qui va naître. Car il convenait que, sur ce point aussi, elle ne le cédât à personne ni ne vînt au second rang, celle qui devait engendrer selon la chair le Dieu unique et réellement parfait. Puis elle est offerte par consécration au temple saint de Dieu : et c’est là qu’elle vit, donnant l’exemple d’une ferveur et d’une conduite plus parfaites et plus pures que les autres, à l’écart de toute relation avec les hommes et les femmes éloignés du bien. Mais comme elle atteignait la fleur de son âge, et que la loi l’empêchait de rester plus longtemps dans la clôture du lieu saint, elle est remise par le chœur des prêtres aux mains d’un époux comme à un gardien de sa virginité, à Joseph, qui, jusque dans son âge mûr, mieux que tout autre gardait la loi dans sa pureté. C’est chez lui que vivait cette jeune fille sainte et toute irréprochable, occupée des affaires domestiques, et sans rien savoir de ce qui se passait devant sa porte.
Annonciation
7. « Puis quand vint la plénitude du temps », comme dit le divin Apôtre, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu à celle qui était vraiment la fille de Dieu, et il lui dit : « Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi. » Admirable propos de l’ange, adressé à celle qui est au-dessus de l’ange : il apporte la joie de tout l’univers. « Elle cependant fut troublée de cette parole », inaccoutumée qu’elle était à s’entretenir avec des hommes. Car elle avait résolu fermement de garder la virginité. Et « elle se demandait en elle-même ce que signifiait cette salutation ». L’ange alors : « Ne crains pas, Marie, lui dit-il, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. » Oui, vraiment, elle a trouvé grâce, elle qui est digne de grâce. Elle a trouvé grâce, elle qui a travaillé et labouré le champ de la grâce, et moissonné de lourds épis. Elle a trouvé grâce, celle qui produisit les semences de la grâce et moissonna de la grâce la récolte abondante. Elle a trouvé un abîme de grâce, celle qui a gardé sauf le navire d’une double virginité. Elle avait, en effet, veillé à la pureté de son âme non moins qu’à celle de son corps, et sa virginité corporelle en fut elle-même préservée.
« Et tu enfanteras, lui dit-il, un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus ? Jésus signifie Sauveur ? ; c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » Que répond à ces mots le véritable trésor de la sagesse ? Elle n’imite pas Ève, sa première mère ; elle corrige plutôt le geste inconsidéré de celle-ci, et s’abritant derrière la protection de la nature, elle tient en quelque sorte ce discours, en réplique à la parole de l’ange : « Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais pas d’homme ? » Ce que tu dis est impossible : ta parole renverse les lois de la nature, que son auteur a fixées. Je ne consens pas à tenir le rôle d’une seconde Ève, ni à enfreindre la volonté du Créateur. Si tu ne parles pas contre Dieu, explique-moi le mode de cette conception, pour lever mon embarras. L’ange de la vérité lui dit alors : « L’Esprit-Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi l’être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu. » Le mystère qui s’accomplit n’est pas soumis aux lois de la nature. Car l’auteur et le maître de la nature modifie à son gré les bornes de la nature. Au nom divin, toujours entouré d’amour et d’honneur, qu’elle entendit avec un saint respect, elle prononça les paroles de l’obéissance, remplies de crainte et de joie : « Voici la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait selon ta parole. »
Incarnation et Nativité 8.
« Ô abîme de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ! ?J’emprunterai ici les paroles de l’Apôtre?. Que ses décrets sont insondables, et incompréhensibles ses voies ! » O immensité de la bonté de Dieu ! O amour qui dépasse toute explication ! « Celui qui appelle le néant à l’existence », celui qui « remplit le ciel et la terre », celui dont le ciel est le trône et la terre l’escabeau de ses pieds, s’est fait une spacieuse demeure du sein de sa propre servante, et accomplit en elle le mystère de tous le plus nouveau. Etant Dieu, il devient homme, et, le temps venu de sa naissance, il est enfanté surnaturellement ; il ouvre le sein maternel sans avoir endommagé le sceau de la virginité. Sur des bras humains il est porté comme un petit enfant, lui « l’éclat de la gloire, l’empreinte de la substance » du Père, lui qui soutient tout l’univers par la parole de sa bouche.
O merveilles vraiment divines, mystères qui dépassent la nature et l’intelligence ! O privilèges surhumains de la virginité ! Quel est donc autour de toi, Mère sainte et Vierge, ce grand mystère ? « Tu es bénie entre les femmes, et béni le fruit de son sein. » Tu es bienheureuse dans les générations des générations, la seule digne d’être appelée bienheureuse. Voici en effet que toutes les générations te disent bienheureuse, comme tu l’as déclaré. Les filles de Jérusalem, c’est-à-dire de l’Eglise, t’ont vue et ont proclamé ton bonheur ; les reines, qui sont les âmes des justes, te loueront dans les siècles. Figures de la Vierge dans l
’Ancien Testament.
Car tu es le trône royal, près duquel se tenaient les anges, contemplant leur maître et créateur qui y était assis.
Tu es devenue l’Eden spirituel, plus sacré et plus divin que l’ancien. Dans le premier habitait l’Adam « terrestre », en toi c’est le Seigneur « venu du ciel ». L
’arche t’a préfigurée, elle qui sauva le germe de la seconde création : car tu enfantas le Christ, le salut du monde, qui a submergé le péché et apaisé ses flots.
D’avance c’est toi que le buisson a dépeinte, que les tables écrites par Dieu ont dessinée, que l’arche de la loi a racontée ; c’est toi que l’urne d’or, le candélabre, la table, « le rameau d’Aaron qui avait fleuri » ont manifestement préfigurée. De toi en effet est né celui qui est la flamme de la divinité, « la définition et l’expression du Père », la manne délicieuse et céleste, le nom innommé « qui est au-dessus de tout nom », la lumière éternelle et inaccessible, « le pain de vie » venu du ciel, le fruit récolté sans travail : de toi il est sorti corporellement. N
’est-ce point toi que désignait d’avance la fournaise au feu mêlé de rosée et de flamme, image du feu divin qui vint habiter en toi ?
La tente d’Abraham est de toi un présage très manifeste : car à Dieu le Verbe, venu habiter en ton sein comme sous la tente, la nature humaine a offert le pain cuit sous la cendre, c’est-à-dire les prémices d’elle-même à partir de ton sang très pur, cuites et transformées en pain par le feu divin, subsistantes dans sa personne, et servant vraiment de nourriture à un corps vivifié par une âme raisonnable et intelligente. J
’allais omettre l’échelle de Jacob. Quoi donc ? N’est-il pas clair pour chacun qu’elle a tracé d’avance et montré ton image ? Comme Jacob vit le ciel réuni à la terre par les extrémités de l’échelle, et par elle les anges descendre et monter, et Celui qui est réellement le fort et l’invincible engager avec lui une lutte symbolique ; ainsi toi-même tu es devenue la médiatrice et l’échelle par laquelle Dieu est descendu vers nous et a pris sur lui la faiblesse de notre substance, l’embrassant et se l’unissant étroitement ; et il a fait de l’homme un esprit qui voit Dieu ; par là tu as rapproché ce qui était désuni. Et ainsi les anges descendaient vers lui, pour le servir comme leur Dieu et leur maître, et les hommes de leur côté, embrassant une vie angélique, sont élevés au ciel.
9. Quelle place donnerai-je aux oracles des prophètes ? N’est-ce point à toi qu’il faut les rapporter, si nous voulons montrer qu’ils sont vrais ? Quelle est donc cette toison évoquée par David, sur laquelle le fils du roi et du Dieu universel, sans principe lui-même et souverain comme son Père, est descendu comme une pluie ? N’est-ce point toi, de toute évidence ? Qui est la vierge, dont Isa
ïe, dans une vue prophétique, annonça qu’elle concevrait et enfanterait un fils qui serait « Dieu avec nous », ce qui veut dire que, devenu homme, il demeurerait Dieu ?
Quelle est cette montagne de Daniel, dont la pierre d’angle, le Christ, fut détachée, sans intervention d’un instrument humain ? N’est-ce point toi, qui conçus virginalement et restas toujours vierge ? Qu
’Ézéchiel le tout divin s’avance, et qu’il montre la porte fermée, franchie par le Seigneur sans être ouverte, telle qu’il l’a annoncée prophétiquement ; qu’il montre l’accomplissement de ses dires. C’est toi qu’il désignera certainement, toi en qui Dieu le prince universel a passé et a pris chair, sans ouvrir la porte de la virginité. Oui, le sceau virginal demeure et persiste à jamais.
Hommage universel à l’approche de sa mort. Ainsi les proph
ètes te célèbrent, les anges te sont soumis, les apôtres sont à ton service ; le disciple demeuré vierge et l’oracle de Dieu, te sert, toi la toujours-vierge et la Mère de Dieu. En ce jour où tu t’en allas vers ton Fils, les anges, les âmes des justes, des patriarches, des prophètes t’entouraient d’honneur ; les apôtres te faisaient escorte, avec la foule immense des Pères divinement inspirés ; des extrémités de la terre, par l’ordre de Dieu, ils étaient rassemblés, amenés comme sur une nuée vers cette divine et sainte Jérusalem, et à toi qui fus la source du corps du Seigneur, principe de la vie, ils adressaient des hymnes sacrés dans un transport tout divin.
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