Archive pour le 14 octobre, 2007
LE XIV OCTOBRE. SAINT CALLISTE Ier, PAPE ET MARTYR.
14 octobre, 2007Naturellement aujourd’hui, dimanche, liturgiquement cette fête passe davant la fête de Saint Calliste, du site:
http://www.abbaye-saint-benoit.ch/gueranger/anneliturgique/pentecote/pentecote05/048.htm
pour le catacombe vour aussi:
http://www.catacombe.roma.it/fr/dettaglio.html
LE XIV OCTOBRE. SAINT CALLISTE Ier, PAPE ET MARTYR.
Celui-là fut un signe de contradiction dans Israël (1). Autour de lui ou contre lui se groupèrent de son temps les baptisés ; or, l’émoi qu’excitait son nom il y a seize cents ans n’apparut pas moindre, lorsqu’au milieu du siècle qui finit, la découverte d’un livre fameux offrit aux sectaires de nos jours l’occasion de se compter comme ceux d’autrefois contre Calliste et l’Eglise. PHILOSOPHUMENA ou réfutation des hérésies : c’était le titre du livre, qui remontait par sa date décomposition au troisième siècle de notre ère; Calliste, dont on présentait le caractère et la vie sousles plus sombres couleurs, y était rangé parmi les pires corrupteurs de la doctrine.Au IIIe siècle cependant, l’auteur des Philosophumena s’attaquant au Pontife qu’il eût voulu supplanter, dressant dans Rome, comme il l’avoue, chaire contre chaire, ne fit qu’afficher devant l’Eglise sa propre honte, en prenant place lui-même parmi les dissidents dont son ouvrage se donnait comme la réfutation et l’histoire. Le nom de ce premier des antipapes ne devait pas arriver jusqu’à nous ; mais, suprême châtiment ! dédaignée des contemporains, l’œuvre de sa plume envieuse viendrait à l’heure voulue réveiller l’attention endormie de la lointaine postérité ; l’impartiale critique des derniers âges, écartant les insinuations,
1. LUC. II, 34.
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mais retenant les faits apportés par l’accusateur, les apprécierait à la lumière des multiples données de la science, et dégagerait de ses perfidies les éléments de la glorification la plus inattendue pour son rival détesté. Ainsi, une fois de plus, l’iniquité se serait menti à elle-même (1) ; ainsi se vérifierait la parole de l’Evangile du jour: Il n’y a rien de caché qui ne se découvre enfin, rien de secret qui ne doive être connu (2).
Ecoutons le plus grand des archéologues chrétiens ; l’enthousiasme s’empare de son intelligence si sûre, si réservée, à tant de lumière jaillissant d’une telle source. « Tout cela, s’écrie le Commandeur de Rossi dans l’étude de l’odieux document, tout cela me fait clairement voir pourquoi l’accusateur dit de Calliste avec ironie qu’il fut réputé le très admirable
; pourquoi, lorsque toute connaissance des actes de celui-ci était perdue, son nom pourtant est venu jusqu’à nous si grand et si vénéré ; pourquoi dans les siècles troisième et quatrième, où la mémoire de son gouvernement était fraîche encore, il fut plus honoré qu’aucun de ses prédécesseurs ou successeurs de l’âge des persécutions. Calliste régit l’Eglise quand elle était à l’apogée du premier stade de sa course divine, et s’acheminait à de nouveaux et plus grands triomphes. La foi chrétienne, embrassée d’abord par chaque croyant en son nom propre, était devenue la foi des familles, et les pères en faisaient profession pour eux et pour leurs enfants. Ces familles formaient la presque majorité déjà dans chaque ville ; la religion du Christ était à la veille de devenir la religion publique du peuple et de l’empire. Que de problèmes nouveaux de droit social chrétien,1. Psalm. XXVI, 12.
— 2. Matth. X, 26.
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de droit ecclésiastique, de discipline morale, ne surgissaient pas tous les jours dans le champ de l’Eglise, étant donnée sa grande situation de l’heure présente, étant donné l’avenir encore plus grand qui s’ouvrait devant elle ! Calliste résolut ces doutes; il régla les jugements relatifs à la déposition des clercs, prit les mesures qui s’imposaient pour ne pas détourner les catéchumènes du baptême, les pécheurs de la pénitence ; il définit la notion de l’Eglise que le génie d’Augustin devait développer plus tard (1). En face des lois civiles, il affirma le droitdela conscience chrétienne et celui de l’Eglise touchant le mariage de ses fidèles. Il ne connut esclaves ni libres, grands ou petits, nobles ou plébéiens dans la fraternité évangélique qui minait les bases de la société romaine et adoucissait l’inhumanité des mœurs. Et c’est pourquoi son nom est grand jusqu’à nos jours ; et c’est pourquoi la voix des jaloux ou de ceux qui mesuraient les temps à l’étroitesse de leur esprit superbe, fut étouffée sous le cri de l’admiration et méprisée (2). »
L’espace nous manque pour faire suivre des développements qu’il comporterait cet exposé magistral. On sait comment, à l’heure où Cécile vierge et martyre céda aux Pontifes le lieu primitif de son repos dans la mort, Calliste, alors diacre de Zéphyrin, disposa l’hypogée des Cœcilii pour ses destinées nouvelles. Auguste crypte en1. Quo referendum aiebat Apostoli verbum : Tu quis es qui judices servum alienum? Atque etiam lolii parabolam, Sinite zizania crescere cum tritico, id est, sinite peccatores in Ecclesia manere. Dicebat etiam Ecclesiae instar arcam Noe fuisse, qua canes, lupi, corvi, aliaque omnia pura et impura animantia comprehendebantur ; oportere autem item esse de Ecclesia. PHILOSOPHUMENA, Lib IX, de Callisto. — 2. De Rossi, Bullettino, 1866, N. 1, 2, 5, 6.
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laquelle, pour la première fois, l’Etat reconnut à l’Eglise son droit de posséder sur terre; sanctuaire autant que nécropole, où jusqu’au triomphe de la Croix Rome chrétienne accumula pour le lourde la résurrection ses trésors. Jugé le plus digne de rappeler tant de gloires, le nom donné à ce Cimetière par excellence fut celui de notre grand Pontife martyr, bien que la Providence eût arrêté que lui-même n’y reposerait jamais. Sous le règne bienveillant d’Alexandre Sévère, il perdit la vie au quartier du Transtévère, dans une sédition des païens contre lui. La cause en fut sans doute l’acquisition qu’il avait faite de la fameuse Taberna meritoria
du sol de laquelle, au temps d’Auguste, une fontaine d’huile avait jailli et coulé tout un jour. Le Pontife érigea ce lieu en église, et le dédia à la Mère du Sauveur; c’est la basilique de Sainte-Marie au delà du Tibre. La propriété en fut disputée à Calliste, et la cause déférée à l’empereur, qui décida pour les chrétiens (1), La mort violente de Calliste semble une vengeance des adversaires, et elle eut lieu tout près de l’édifice que sa fermeté avait conservé à l’Eglise. Les séditieux le précipitèrent dans un puits, que l’on voit encore dans l’église de Saint-Calliste, à quelques pas seulement de la basilique Transtibérine. La sédition ne permit pas de transporter le corps du martyr sur la voie Appienne; on le déposa dans un cimetière déjà ouvert sur la voie Aurélia, où sa sépulture donna origine à un nouveau centre historique de Rome souterraine (2).1. Lamprid. in Alex. Severo, C XIX.
— 2. Histoire de sainte Cécile, 1849, p. 5 ; Sainte Cécile et la société romaine aux deux premiers siècles, 1874, p. 424.
Voici la brève notice rédigée dans un temps où l’histoire de Calliste était moins connue qu’
elle ne l’est de nos jours.Calliste, n
é à Rome, gouverna l’Eglise au temps de l’empereur Antonin Hé-liogabâle. Il établit les Quatre-Temps, ordonnant que le jeûne dont la tradition venait des Apôtres y serait observé par tous. Il construisit la basilique de Sainte-Marie au delà du Tibre, et agrandit sur la voie Appienne un ancien cimetière où grand nombre de saints Pontifes et de Martyrs furent ensevelis; on l’appela de lui le cimetière de Calliste.
Le corps du bienheureux Calépodius Prêtre et Martyr avant été jeté au Tibre, il le fit dans sa piété rechercher avec grand soin, et, l’ayant trouvé, l’ensevelit avec honneur. Le consulaire Palmatius, le sénateur Simplicius, Félix et Blanda, tous ensuite Martyrs, reçurent de lui le baptême. Mis en prison pour ce motif, il y gagna à Jésus-Christ le soldat Privatus, en le guérissant par un miracle des ulcères qui le couvraient; Privatus venait à peine d’embrasser la foi, qu’il mourait pour elle sous les fouets armé
s de plomb.Calliste avait si
égé cinq ans, un mois et douze jours. En cinq ordinations au mois de décembre, il avait créé seize prêtres, quatre diacres, huit évèques Soumis au supplice de la faim, à des flagellations répétées, il fut enfin précipité dans un puits et couronné ainsi du martyre sous l’empereur Alexandre Sévère. On le transporta au cimetière de Calépodius, au troisième mille sur la voie Aurélia. C’était la veille des ides d’octobre. Son corps fut par la suite ramené dans la basilique de Sainte-Marie au delà du Tibre, qu’il avait bâtie, et placé sous l’autel majeur où on l’entoure d’une grande vénération.
L’Esprit-Saint, qui garde l’Eglise, vous prépara comme un auxiliaire d’élite dans la souffrance et l’humiliation. Vous naquîtes esclave; la fourberie judaïque sema de bonne heure les embûches sous vos pas ; jeune encore, les mines de Sardaigne comptaient en vous un forçat déplus, mais c’était pour le Seigneur. Serf de la peine
, comme disait l’ancienne Rome, vous ne l’étiez plus de votre ancien maître; et délivré des mines à l’heure marquée par Celui qui conduit les événements au gré de sa providence, le titre de Confesseur, en vous ennoblissant pour jamais, vous recommandait à l’attention maternelle de l’Eglise.Tels apparurent d
ès lors votre mérite et vos vertus, qu’inaugurant le plus long pontificat de l’époque des martyrs, Zéphyrin vous choisit pour le conseiller, l’appui, le suppléant de sa vieillesse; en attendant que l’Eglise, suffisamment instruite
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par l’expérience de ces dix-huit années, vous élût à son tour comme pasteur suprême.
Combien grande vous la laissez aujourd’hui, cette noble Epouse du Fils de Dieu ! Toute la noblesse des anciens âges, toute la valeur morale, tout l’essor intellectuel de l’humanité apparaissent concentrés en elle à cette heure. Où sont les mépris de jadis, les calomnies d’aman? Le monde n’ignore plus qu’il a devant lui la reine de l’avenir ; l’atrocité des persécutions que l’Etat païen lui réserve encore viendra de cette conviction qu’il s’agit pour lui de la lutte, et d’une lutte désespérée, pour la vie. Aussi hésite-t-il, et semble-t-il plutôt vouloir aujourd’hui transiger avec les chré
tiens.Vous f
ûtes l’initiateur des voies nouvelles, pleines de péril comme de grandeur, où entrait l’Eglise. De l’absolu et brutal Non licet esse vos (1) des jurisconsultes bourreaux, vous sûtes le premier amener l’empire à reconnaître en quelque chose officiellement les droits de la communauté chrétienne : Cécile assurait par vous à celle-ci la propriété de la tombe, la faculté de se réunir, de se cotiser, pour honorer ses morts; à Marie, fons olei, et ce fut l’occasion de votre martyre, il vous était donné de consacrer le premier sanctuaire légalement acquis dans Rome aux chrétiens. Or, loin de céder quoi que ce fût des droits de Dieu en pactisant avec César, vous affirmiez dans le même temps à l’encontre de celui-ci, comme nul ne l’avait fait encore, l’indépendance absolue de l’Eglise concernant cette question du mariage soustraite de par le Christ-roi à la juridiction des pouvoirs civils. D’ores et déjà « ne dirait-on pas une nation dans la nation ? oui ; jusqu’à ce que la nation
1. Il ne vous est pas permis d’être.
elle-même ait passé tout entière dans les rangs de ce peuple nouveau (1). »
Au sein de l’Eglise, autres soucis, l’ardeur des luttes doctrinales est à son comble et s’est portée sur le premier de nos mystères : Sabellius, condamné pour son audace à déclarer incompatible avec l’unité de Dieu la réelle distinction de la Trinité sainte, laisse le champ libre à l’école qui sépare les augustes personnes au risque de multiplier Dieu même. Puis c’est Montan, dont les disciples, ennemis des théories sabelliennes antérieurement à Sabellius même, escomptent la faveur du premier Siège pour leur système de fausse mystique et de réforme outrée. Mais comme le pilote expérimenté déjoue les écueils, entre les subtilités des dogmatisants, les prétentions des rigoristes, les utopies des politiques, vous dirigiez d’une main dont la sûreté était celle de l’Esprit-Saint lui-même la barque de Pierre à ses immortelles destinées. En la mesure où Satan vous déteste et vous poursuit jusqu’à nos jours, soyez glorifié à jamais ; bénissez en nous vos disciples et vos fils.
1. Le Temps pascal, t. II ; Jeudi de la troisième semaine après Pâques.
bonne nuit
14 octobre, 2007« Il se jeta la face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce »
14 octobre, 2007Saint Claude la Colombière (1641-1682), jésuite
Retraite de 1674, quatrième semaine (Ecrits spirituels, DDB 1922, p. 125)
« Il se jeta la face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce »
A la méditation de l’amour de Dieu, j’ai été fort touché à la vue des biens que j’ai reçus de Dieu depuis le premier moment de ma vie jusqu’ici. Quelle bonté ! Quel soin ! Quelle providence, et pour le corps, et pour l’âme ! Quelle patience ! Quelle douceur !… Dieu m’a fait pénétrer, ce me semble, et voir clairement cette vérité : premièrement, qu’il est dans toutes les créatures ; secondement, qu’il est tout ce qu’il y a de bon en elles ; troisièmement, qu’il nous fait tout le bien que nous recevons d’elles. Et il m’a semblé de voir ce roi de gloire et de majesté appliqué à nous échauffer en nos habits, à nous rafraîchir en l’air, à nous nourrir dans les viandes, à nous réjouir dans les sons et dans les objets agréables, à produire en moi tous les mouvements nécessaires pour vivre et pour agir. Quelle merveille !
Qui suis-je, ô mon Dieu, pour être ainsi servi par vous, en tout temps, avec tant d’assiduité et en toutes choses avec tant de soin et d`amour ! Il agit de même dans toutes les autres créatures ; mais tout cela pour moi, comme un intendant zélé et vigilant qui fait travailler dans tous les endroits du royaume pour son roi. Ce qui est de plus admirable, c’est que Dieu fait cela pour tous les hommes, quoique presque personne n’y pense, si ce n’est quelque âme choisie, quelque âme sainte. Il faut du moins que j’y pense, que j’en sois reconnaissant.
Je m’imagine que, comme Dieu a sa gloire pour dernière fin de toutes ses actions, il fait toutes ces choses principalement pour l’amour de ceux qui y pensent et qui admirent en cela sa bonté, qui lui en savent gré, qui prennent de là occasion de l’aimer : les autres reçoivent les mêmes biens, comme par hasard et par bonne fortune… Dieu rapporte incessamment à nous l’être, la vie, les actions de tout ce qu’il y a de créé dans l’univers. Voilà son occupation dans la nature ; la nôtre doit être de recevoir sans cesse ce qu’il nous envoie de toutes parts et de le lui renvoyer par des actions de grâces, en le louant et reconnaissant qu’il est l’auteur de toutes choses. J’ai promis à Dieu de le faire autant que je le pourrai.