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L’INVENTION DE LA SAINTE CROIX
4 octobre, 2007du site:
http://www.abbaye-saint-benoit.ch/voragine/tome02/069.htm
L’INVENTION DE LA SAINTE CROIX
Cette fête est appelée l’Invention de la Sainte Croix, parce qu’on rapporte que la sainte croix fut trouvée à pareil jour. Mais auparavant, elle avait été trouvée par Seth, fils d’Adam, dans le paradis. terrestre, comme il est raconté plus bas; par Salomon, sur le Liban ; par la reine de Saba, dans le temple, de Salomon ; par les Juifs, dans l’eau de la piscine ; et en ce Jour par sainte Hélène, sur le mont du Calvaire.
L’Invention de la Sainte Croix eut lieu plus de deux cents ans après la résurrection de J.-C. On lit dans l’évangile de Nicodème (ch. XIX) qu’Adam étant devenu malade, Seth, son fils, alla à la porte du paradis et demanda de l’huile du bois de la miséricorde pour oindre le corps de son père afin qu’il recouvrât la santé. L’archange Michel lui apparut et lui dit : « Ne pleure pas et ne te mets point en peine d’obtenir de l’huile du bois de la miséricorde, car il te sera absolument impossible d’en obtenir, avant que cinq mille cinq cents ans soient révolus. Cependant on croit, que d’Adam jusqu’à la passion du Seigneur il s’écoula seulement 5099 ans. On lit encore ailleurs que l’ange lui offrit un, petit rameau et lui ordonna de le planter sur le mont Liban. Mais ou lit, dans une histoire apocryphe des Grecs, que l’ange lui donna du bois de l’arbre par le fruit duquel Adam avait péché, en l’informant que sole père serait guéri. quand ce bois porterait du fruit. A son retour, Seth trouva son père mort et il planta ce rameau sur sa tombe. Cette branche plantée devint en croissant un grand arbre qui subsista jusqu’au, temps de Salomon. (Mais il faut laisser au lecteur à juger si ces choses sont vraies, puisqu’on n’en fait mention dans aucune chronique, ni dans aucune histoire authentique.) Or, Salomon considérant la beauté de cet arbre le fit couper et mettre dans la maison du Bois *.* Au IIIe livre des Rois, ch. VII, il est question de cette maison qui. fut construite par Salomon. Elle reçut le nom de maison du Bois, saltus, à cause de la quantité de cèdres qui entra dans sa construction.
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Cependant, ainsi que le dit Jean Beleth. (ch. CLI), On ne pouvait le mettre nulle part, et il n’y avait pas moyen de lui trouver un endroit où il pût être employé convenablement : car il était tantôt trop long, tantôt trop court : si on l’avait raccourci dans les proportions qu’exigeait la place où on le voulait employer, il paraissait si court qu’on ne le regardait plus comme bon à rien. En conséquence, les ouvriers, de dépit, le rejetèrent et le mirent sur une pièce d’eau pour qu’il servît de pont aux passants. Or, quand la reine de Saba vint entendre la Sagesse de Salomon, et voulut passer sur cette pièce, elle vit en esprit que le Sauveur du monde devait être suspendu à ce bois, et pour cela elle ne voulut point passer dessus, mais aussitôt elle l’adora. Cependant dans l’Histoire scholastique (liv. III Rois, c. XXVI), on lit que la reine de Saba vit cette pièce dans la maison du Bois, et en revenant à son palais elle communiqua à Salomon que sur ce bois devait être suspendu celui dont la mort devrait être la cause de la destruction du royaume des Juifs. C’est pourquoi Salomon le fit ôter du lieu où il était, et enterrer dans les entrailles les plus profondes de la terre. Dans la suite on y établit la Piscine Probatique où les Nathinéens * lavaient les victimes, et ce n’est pas seulement à la descente de l’ange, mais* C’
étaient des Gabaonites qui étaient attachés au service du temple depuis Josué. Cf. Paralipomènes, IX, 2; Sigonius, De Repub. Hebraeor., liv. IX, ch. VII.
encore à la vertu de ce. bois que l’on attribue que l’eau en était troublée et que les infirmes y étaient guéris. Or, quand approcha le temps de la passion de J.-C., on rapporte que cette pièce surnagea, et les Juifs, en la voyant, la prirent pour en fabriquer la croix du Seigneur. On dit encore que cette croix fut faite de quatre essences de bois, savoir de palmier, de cyprès, d’olivier et de cèdre. De là ce vers :
Ligna Crucis palma, cedrus, cupressus, oliva.
Car dans la croix, il y avait le bois qui servait de montant droit, la traverse,la tablette de dessus, et le tronc où était fixée la croix, ou bien, selon Grégoire de Tours*, la tablette qui servait de support, sous les pieds de J.-C. Par là on, peut voir que chacune des pièces pouvait être d’une de ces essences de bois dont on vient de parler. Or, l’apôtre paraît avoir eu en vue ces différentes sortes de bois quand il dit : « Afin que vous puissiez comprendre avec tous. les saints quelle est la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur » (Ep. aux Ephés., c. II, 18). Ces paroles sont expliquées comme il suit par l’illustre docteur saint Augustin : « La largeur de la croix du Seigneur, dit-il, c’est la traverse, sur laquelle on a étendu ses mains sa longueur allait depuis la terre jusqu’à cette traverse en largeur sur quoi tout le corps de J.-C. fut attaché, moins les mains; sa hauteur, c’est à partir de cette largeur jusqu’à l’endroit de dessus où se trouvait la tête; sa profondeur, c’était la partie
* Miracul., liv. I, c. VI.
cachée et enfoncée dans la terre. Dans la croix on trouve décrites toutes les actions d’un homme chrétien, qui sont de faire de bonnes oeuvres en J.-C., de lui être persévéramment attaché, d’espérer les biens célestes, et ne pas profaner les sacrements.
Ce bois précieux de la croix resta caché sous terre deux cents ans et plus : mais il fut découvert ainsi qu’il suit par Hélène, mère de l’empereur Constantin. En ce temps-là, sur les rives du Danube, se rassembla une multitude innombrable de barbares voulant passer le fleuve, et soumettre à leur domination tous les pays jusqu’à l’occident. Dès que l’empereur Constantin le sut, il décampa et vint se placer avec son. armée sur le Danube. Mais la multitude des barbares s’augmentant, et passant déjà le fleuve, Constantin fut, frappé d’une grande terreur, en considérant qu’il aurait à livrer bataille le lendemain. Or, la nuit suivante, il est réveillé par un ange qui l’avertit de regarder en l’air. Il tourne les veux vers le ciel et voit le signe de la croix formée par une lumière fort resplendissante, et portant écrite en lettres d’or cette inscription : « In hoc signo vinces, par ce signe tu vaincras. » Réconforté par cette vision céleste, il fit faire une croix semblable qu’il ordonna de porter à la tête de son armée: se précipitant alors sur les ennemis, il les mit en fuite et en tua une multitude immense. Après quoi Constantin convoqua tous les pontifes des temples et s’informa avec beaucoup de soin de quel Dieu c’était le signe. Sur leur réponse qu’ils l’ignoraient, vinrent plusieurs chrétiens qui lui firent connaître le mystère de la sainte croix et la foi de la Trinité. Constantin (57) crut alors parfaitement en J.-C. et reçut le saint baptême des mains d’Eusèbe, pape, ou selon quelques livres, évêque de Césarée. Mais dans ce récit, il y a beaucoup de points contredits par l’Histoire tripartite et par l’Ecclésiastique, par la Vie de saint Silvestre et les Gestes des pontifes romains. D’après certains auteurs, ce ne fut pas ce Constantin que le pape Silvestre baptisa après sa conversion à la foi, comme paraissent l’insinuer plusieurs histoires, mais ce fut Constantin, le père de ce Constantin, ainsi qu’on le voit dans des historiens. En effet ce Constantin reçut la foi d’une autre manière rapportée dans la légende de saint Silvestre, et ce n’est pas Eusèbe de Césarée qui le baptisa, mais bien saint Silvestre. Après la mort de son père, Constantin, qui n’avait pas perdu le souvenir de la victoire remportée par la vertu de la sainte croix, fit passer Hélène, sa mère, à Jérusalem pour trouver cette croix, ainsi que nous le dirons plus bas.Voici maintenant un r
écit tout différent de cette victoire, d’après l’Histoire Ecclésiastique (ch. IX). Elle rapporte donc que Maxence ayant envahi l’empire romain, l’empereur Constantin. vint lui présenter la bataille vis-à-vis le pont Albin. Comme il était dans une grande anxiété, et qu’il levait souvent les yeux au ciel pour implorer son secours, il vit en songe, du côté de l’orient dans le ciel, briller une croix, couleur. de feu : des anges se présentèrent devant lui et lui dirent : « Constantin, par cela tu vaincras. » Et, selon le témoignage de l’Histoire tripartite *, tandis que
* Liv. IX, c. IX.
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Constantin s’étonnait de ce prodige, la nuit suivante, J.-C. lui apparut avec le signe vu dans le ciel; il lui ordonna de faire des images pareilles qui lui, porteraient bonheur dans les combats. Alors Constantin fut rendu à la joie et assuré de la victoire ; il se marqua le front du signe qu’il avait vu dans le ciel, fit transformer les enseignes militaires sur le modèle de la croix et prit à la main droite une croix d’or. Après quoi il sollicita du Seigneur que cette droite, qu’il avait munie du signe salutaire de la croix, ne fût ni ensanglantée, ni souillée du sang romain, mais qu’il remportât la victoire sur le tyran sans effusion de sang. Quant à Maxence, dans l’intention de tendre un piège, il fit disposer des vaisseaux, fit couvrir le fleuve de faux ponts. Or, Constantin s’étant approché du fleuve, Maxence accourut à sa rencontre avec peu de monde, après avoir donné ordre aux autres corps de le suivre; mais il oublia lui-même qu’il avait fait construire un faux pont, et s’y engagea avec une poignée de soldats. Il fut pris au piège qu’il avait tendu lui-même, car il tomba dans le fleuve qui était profond; alors Constantin fut acclamé empereur à l’unanimité. D’après ce qu’on lit dans une chronique assez authentique, Constantin ne crut pas parfaitement d’ès ce moment; il n’aurait même pas alors reçu le baptême; mais peu de temps après, il eut une vision de saint Pierre et de saint Paul; et quand il eut reçu la vie nouvelle du baptême et obtenu la guérison de sa lèpre, il crut parfaitement dans la suite en J.-C. Ce fut alors qu’il envoya sa mère Hélène à Jérusalem pour chercher la croix du Seigneur. Cependant saint Ambroise; dans (59) la lettre où il rapporte la mort de Théodose, et l’Histoire tripartite *, disent que Constantin reçut le baptême seulement dans ses derniers moments; s’il le différa jusque-là, ce fut pour pouvoir le recevoir dans le fleuve du Jourdain. Saint Jérôme en dit autant dans sa chronique. Or, il est certain qu’il fut fait chrétien sous le pape saint Silvestre, quant à savoir s’il différa son baptême, c’est douteux ; ce qui fait qu’en la légende de saint Silvestre, il y a là-dessus, comme en d’autres points, bien peu de certitude. Or, l’histoire de l’Invention de la sainte croix, telle qu’on la lit dans les histoires ecclésiastiques conformes en cela aux chroniques, paraît plus authentique de beaucoup que celle qu’on récite dans les églises. Il est en effet constant qu’il s’y trouve des endroits peu’ conformes à la vérité, si ce n’est qu’on veuille dire, comme ci-dessus, que ce ne fut pas Constantin, mais son père qui portait le même nom : ce qui du reste né paraît pas très plausible, quoique ce soit le récit de certaines histoires d’outre-mer.Hélène arrivée à Jérusalem fit réunir autour d’elle les savants qu’on trouva dans toute la contrée. Or, cette Hélène était d’abord restée dans une hôtellerie**, mais épris de sa beauté, Constantin se l’attacha, selon que saint Ambroise l’avance en disant : « On assure qu’elle fut hôtelière, mais elle fut unie à Constantin
* Liv. III, ch. XII.
** Le mot latin stabularia voudrait dire servante de cour. Saint Ambroise paraît l’indiquer quelques lignes plus loin. Nous avons mieux aimé donner un féminin au mot, hôtelier, hôtelière est un mot qui a vieilli.
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l’ancien qui, dans la suite, posséda l’empire. Bonne hôtelière, qui chercha avec tant de soin la crèche du Seigneur! Bonne hôtelière, qui connut cet hôtelier dont les soins guérirent cet homme blessé parles brigands *! Bonne hôtelière, qui a regardé toutes choses comme des ordures afin de gagner J.-C. **! Et pour cela Dieu l’a tirée de l’ordure pour l’élever sur un trône » (saint Ambroise). D’autres affirment, et c’est l’opinion émise dans une chronique assez authentique, que cette Hélène. était fille de Clohel, roi des Bretons ;Constantin en venant dans la Bretagne la prit pour femme, parce qu’elle était fille unique. Delà vient qui• l’île de Bretagne échut à Constantin après la mort clé Clohel. Les Bretons eux-mêmes (attestent; on lit pourtant ailleurs qu’elle était de Trèves. Or, les Juifs, remplis de crainte, se disaient les uns aux autres : « Pour quel motif pensez-vous que la Reine nous ait convoqués auprès d’elle? » L’un d’eux nommé Judas, dit : « Je sais, moi, qu’elle veut apprendre de nous. l’endroit oit se trouve le bois de la croix sur lequel le Christ a été crucifié. Gardez-vous bien d’être assez présomptueux pour le lui découvrir. Sinon tenez pour très certain que notre loi sera détruite et que toutes les traditions de nos pères seront totalement. abolies : car Zachée mon aïeul l’a prédit à mon père Siméon et mon père m’a dit avant de mourir : « Fais attention, mon fils, à l’époque où l’on cherchera la croix du Christ : dis où elle se trouve, avant d’être* Allusion
à la parabole du Samaritain de l’Evangile. ** Expression de saint Paul dans l’Epître aux Philippiens, c. III, 8.
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mis à la torture; car à dater de cet instant le pouvoir des Juifs, à Jamais aboli, passera entre les mains de ceux qui adorent le crucifié, parce que ce Christ était le fils de Dieu.» Alors j’ai répondu : «Mon père, si vraiment nos ancêtres ont su que ce Christ était le fils de Dieu, pourquoi l’ont-ils attaché au gibet de la croix? » « Le Seigneur est témoin, répondit-il, que je n’ai jamais fait partie de leur conseil; mais que souvent je me suis opposé à leurs projets : or, c’est parce que le Christ reprochait les vices des Pharisiens qu’ils le firent crucifier : mais il est ressuscité le troisième jour et il a monté au ciel à la vue de ses disciples. Mon frère Etienne, que les Juifs en démence ont lapidé, a cru en lui. Prends garde donc, mon fils, de n’oser jamais blasphémer le Christ ni ses disciples. » — « Il ne paraît cependant pas, très probable que le père de ce Judas ait existé au temps de la Passion de J.-C., puisque de la passion jusqu’au temps d’Hélène, sous laquelle vécut Judas, il s’écoula plus de 270 ans; à moins qu’on ne veuille dire qu’alors les hommes vivaient plus longtemps qu’à présent. » Cependant les Juifs dirent à Judas : « Nous n’avons jamais entendu dire choses semblables. Quoi. qu’il. en soit, si: la Reine t’interroge, aie soin de ne lui faire aucun aveu.» Lors donc qu’ils furent en présence, de la Reine, et qu’elle leur eut demandé le lieu où le Seigneur avait été crucifié, pas un d’eux ne consentit à le lui indiquer alors elle les condamna tous à être brûlés. Ils furent saisis d’effroi et signalèrent Judas, en disant : « Princesse, voici le fils d’un juste et d’un prophète qui a connu parfaitement la loi ; demandez-lui tout ce que (62) vous voulez, il vous l’indiquera. » Alors elle les congédia tous à l’exception de Judas qu’elle retint et auquel elle dit : « Je te propose la vie ou la mort; choisis ce que tu préfères. Montre-moi donc le lieu qui s’appelle Golgotha, où le Seigneur a été crucifié, afin que je puisse trouver sa croix. » Judas répondit
« Comment puis-je le savoir, puisque deux cents ans et plus se sont écoulés et que je n’étais pas né à cette époque ? » La Reine lui dit : « Par le crucifié, je te ferai mourir de faim, si tu ne me dis la vérité. » Elle ordonna donc qu’il fût jeté dans tin puits desséché pour y endurer les horreurs de la faim. Or, après y être resté six jours sans nourriture, le septième il demanda à sortir, en promettant de découvrir la croix. On le retira. Quand il fut arrivé à l’endroit, après avoir fait une prière, tout à coup la terre tremble, il se répandit une fumée d’aromates d’une admirable odeur; Judas lui-même, plein d’admiration, applaudissait des deux mains et disait : « En vérité, ô Christ, vous êtes le Sauveur du monde ! » Or, d’après l’Histoire ecclésiastique, il y avait, en ce lieu, un temple de Vénus construit, autrefois par l’empereur Hadrien, afin que si quelque chrétien eût voulu y adresser ses adorations, il parût adorer Vénus : et, pour ce motif, ce lieu avait cessé d’être fréquenté et était presque entièrement délaissé, mais la Reine fit détruire ce temple jusque dans ses fondements et en fit labourer la place. Après quoi Judas se ceignit et se mit à creuser avec courage. Quand il eut atteint à la profondeur de vingt pas, il trouva trois croix enterrées, qu’il porta incontinent à la reine. Or, comme l’on ne savait pas (63) distinguer celle de J.-C. d’avec celles des larrons; on les plaça au milieu de la ville pour attendre que la gloire de Dieu se manifestât. Sur la onzième heure, passa le corps d’un jeune homme qu’on portait en terre : Judas arrêta le cercueil, mit une première et nue seconde croix sur le cadavre du défunt, qui ne ressuscita pas, alors on approcha la troisième croix dit corps et à l’instant il revint à la vie.
On lit cependant, dans les histoires ecclésiastiques *, qu’une femme des premiers rangs de la ville gisait demi-morte, quand Macaire, évêque de Jérusalem, prit la première et la deuxième croix, ce qui ne produisit aucun résultat : mais quand il posa sur elle la troisième,, cette femme rouvrit les yeux et fut guérie à l’instant. Saint Ambroise dit, de son côté, que Macaire distingua la croix du Seigneur, par le titre qu’avait fait mettre Pilate, et dont l’évêque lut l’inscription qu’on trouva aussi. Alors le diable se mit à vociférer en l’air : « O Judas, disait-il, pourquoi as-tu fait cela? Le Judas qui est le mien a fait tout le contraire : car celui-ci, poussé par moi, fit la trahison, et toi, en me reniant, tu as trouvé la croix de Jésus. Par lui, j’ai Bagué les âmes d’un grand nombre; par toi, je parais perdre celles que j’ai gagnées : par lui, je régnais sar le peuple; par toi, je suis chassé de mon royaume. Toutefois je te rendrai la pareille, et je susciterai contre toi un autre roi qui, abandonnant la foi dit crucifié, te fera renier dans les tourments le crucifié. »
* Sozomène. — Hist. eccl., l. II, c. I ; — Nicéph. cal., l. XVII, c. XIV, XV ; — Evagr., IV, 26.
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Ceci paraît se rapporter à l’empereur Julien : celui-ci, lorsque Judas fut devenu évêque de Jérusalem, l’accabla de nombreux tourments et le fit mourir martyr de J.-C. En entendant les vociférations du diable, Judas ne craignit rien, mais il ne cessa de maudire le diable en disant : « Que le Christ te damne dans l’abîme du feu éternel! » Après quoi Judas est baptisé, reçoit le nom de Cyriaque, puis est ordonné évêque de Jérusalem, quand le titulaire fut mort. (Belette, c. XXV). Mais comme la bienheureuse Hélène ne possédait pas les clous du Seigneur, elle pria l’évêque Cyriaque d’aller au Golgotha et de les chercher. Il y vint et aussitôt après avoir adressé des prières à Dieu, les clous apparurent brillants dans la terre, comme de l’or. Il les prit et les porta à la reine. Or, celle-ci se mit à genoux par terre et, après avoir incliné la tête, elle les adora avec grande révérence. Hélène porta une partie de la croix à son fils, et renferma l’autre dans des châsses d’argent qu’elle laissa à Jérusalem ; quant aux clous avec lesquels le corps du Seigneur avait été attaché, elle les porta à son fils. Au rapport d’Eusèbe de Césarée, elle en fit deux freins dont Constantin se servait dans les batailles, et elle mit les autres à son casque en guise d’armure. Quelques auteurs, comme Grégoire de Tours*, assurent que le corps du Seigneur fut attaché avec quatre clous Hélène en mit deux au frein du cheval de l’empereur, le troisième à la statue de Constantin qui domine la ville de Rome, et elle jeta le quatrième dans la mer
* Miracul., lib. I, ch. VI.
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Adriatique qui jusque-là avait été un gouffre pour les navigateurs. Elle ordonna que cette fête de l’Invention de la sainte croix fût célébrée chaque année solennellement. Voici ce que dit saint Ambroise e : « Hélène chercha les clous du Seigneur et les trouva. De l’un elle fit faire des freins ; elle incrusta l’autre dans le diadème : belle place que la tête pour ce clou ; c’est une couronne sur le front, c’est une bride à la main : c’est l’emblème de la prééminence du sentiment, de la lumière de la foi, et de la puissance impériale. » Quant à l’évêque saint Cyriaque, Julien l’apostat le fit mourir plus tard, pour avoir trouvé la sainte croix dont partout il prenait à tâche de détruire le signe. Avant de partir contre les Perses, il fit inviter Cyriaque à sacrifier aux idoles : sur le refus du saint, Julien lui fit couper le bras en disant : « Avec cette main il a écrit beaucoup de lettres qui ont détourné bien du monde de sacrifier aux dieux. » Cyriaque lui répondit : « Chien insensé, tu m’as bien rendu service ; car avant de croire à J.-C., trop souvent j’ai écrit des lettres que j’adressais aux synagogues des Juifs afin que personne ne crût en J.-C. et voilà que tu viens de retrancher de mon corps ce qui en avait été le scandale. » Alors Julien fit fondre du plomb qu’il ordonna de lui verser dans la bouche ; ensuite il fit apporter un lit en fer sur lequel Cyriaque fut étendu et au-dessous on mit des charbons ardents et. de la graisse. Comme Cyriaque restait immobile, Julien lui dit : « Si tu ne veux pas sacrifier aux idoles, dis au moins
* De obitu Theod., nos 47-48.
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que tu n’es pas chrétien. » L’évêque s’y refusa avec horreur. Julien fit creuser une fosse profonde qu’on fit remplir de serpents venimeux. Cyriaque y fut jeté, mais les serpents moururent aussitôt. Julien ordonna alors que Cyriaque fût jeté dans une chaudière pleine d’huile bouillante. Or, comme le saint voulait y entrer spontanément, il se signa, et pria le Seigneur de le baptiser une seconde fois dans l’eau du martyre, mais Julien furieux lui fit percer la poitrine avec une épée. Ce fut ainsi que saint Cyriaque mérita de consommer son martyre dans le Seigneur.
La grandeur de la vertu de la Croix est manifeste dans ce notaire fidèle, trompé par un magicien qui le conduisit en un lieu où il avait fait venir des démons, en lui promettant des richesses immenses. Il vit un Ethiopien de haute stature, assis sur un trône élevé, et entouré d’autres Ethiopiens- debout, armés de lances et de bâtons. Alors l’Ethiopien demanda à ce magicien : « Quel est cet enfant ? » Le magicien répondit: « Seigneur, c’est votre serviteur. » Le démon dit au notaire : « Si tu veux m’adorer, être mon serviteur, et renier ton Christ, je te ferai asseoir à ma droite. » Mais le notaire se hâta de faire le signe de la croix et s’écria qu’il était de toute son âme le serviteur du Sauveur J.-C. Il n’eut pas plutôt fait le signe de la croix que toute cette multitude de démons disparut. Peu de temps après, ce même notaire entra un jour avec son maître dans le temple de Sainte-Sophie; se trouvant ensemble devant une image du Sauveur, le maître remarqua que cette image avait les yeux fixés sur le notaire qu’elle regardait attentivement (67). Plein de surprise, le maître fit passer le jeune homme à droite et vit que l’image avait encore tourné les veux de ce côté, en les dirigeant sur le notaire. I1 le fit de nouveau revenir à gauche, et voici que l’image tourna encore les yeux et se mit à regarder le notaire comme auparavant. Alors le maître le conjura de lui dire ce qu’il avait fait à Dieu pour mériter que l’image le regardât, ainsi. Il répondit qu’il n’avait la conscience d’aucune bonne action, si ce n’est qu’il n’avait pas voulu renier le Sauveur devant le diable.
Une rencontre entre Benoît XVI et Alexis II serait un « point de départ
4 octobre, 2007du site:
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Une rencontre entre Benoît XVI et Alexis II serait un « point de départ »
Perspective du card. Ricard
ROME, Mercredi 3 octobre 2007 (ZENIT.org) – « Une rencontre » entre le patriarche Alexis II et le pape Benoît XVI serait un « point de départ » et pas d’abord un « aboutissement », a fait observer le cardinal Ricard en recevant le patriarche russe à Paris (cf. « Documents » pour le texte intégral de l’allocution du cardinal).
Le cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux et Bazas, et président de la conférence des évêques de France, a prononcé une allocution de bienvenue lors de la réception du patriarche russe Alexis II et de sa délégation à la Maison de la conférence des évêques de France, ce 3 octobre, à Paris.
« Vous savez qu’il y a dans le cœur de beaucoup de catholiques ce souhait et ce désir qu’il puisse y avoir dans l’avenir, au moment approprié, une rencontre entre votre Sainteté et sa Sainteté le pape Benoît XVI », a souligné le cardinal Ricard.
Il suggérait en effet une perspective nouvelle: « Celle-ci pourrait être, non pas forcément le point d’aboutissement d’un long processus de clarification préalable, même si des points doivent, de fait, auparavant être abordés, mais le point de départ commun d’une longue marche à parcourir ensemble au service de Dieu et au service tous les hommes, aimés de Dieu ».
« Puisse votre voyage en France contribuer à impulser cette dynamique de la fraternité. Nous sommes prêts à nous y engager avec vous. Que le Seigneur nous bénisse tous, en nous donnant sa lumière et la force de son Esprit », disait encore le cardinal français.
D’autre part, le cardinal Ricard avait souligné la tâche commune de témoignage à rendre, catholiques et orthodoxes ensemble « de la dimension transcendante et sacrée de toute personne humaine, de l’importance de la solidarité et de la destination universelle des biens ».
Pour ce qui est de l’Europe, il ajoutait : « A la dernière Assemblée œcuménique européenne de Sibiu, les Eglises chrétiennes ont rappelé quelle responsabilité les chrétiens doivent assumer dans l’édification de l’Europe. Ils ne peuvent pas déserter ce lieu de construction et parfois de combat. Certes, on a raison de parler des racines chrétiennes de l’Europe, mais il ne faut pas en parler, même si c’est très important, seulement en termes historiques ou patrimoniaux, c’est-à-dire en référence au passé. Il est important de montrer par l’engagement de tous les chrétiens et de toutes les Eglises que ces racines, aujourd’hui, sont sources de vie et peuvent porter beaucoup de fruits ».
Discours d’Alexis II à l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe
4 octobre, 2007du site:
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Discours d’Alexis II à l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe
Texte intégral
ROME, Mercredi 3 octobre 2007 (ZENIT.org) – Nous reprenons ci-dessous le texte intégral du discours prononcé par le patriarche de Moscou et de toutes les Russies, Alexis II, à l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, le 2 octobre, à Strasbourg, publié sur le site du Conseil de l’Europe.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les membres de l’Assemblée Parlementaire,
Je vous remercie pour l’invitation à m’adresser à un aussi éminent auditoire qui m’a été transmise en votre nom par Monsieur Van der Linden, président de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe. C’est avec un grand plaisir que je profite aujourd’hui de la possibilité d’exposer aux parlementaires du Conseil de l’Europe notre vision sur le passé, le présent et l’avenir du continent européen, notre maison commune.
Ces derniers temps, le Conseil de l’Europe a entrepris de nouvelles démarches sans précédent pour mettre en oeuvre une collaboration avec les communautés religieuses. Nous voyons en cela la réponse si longtemps attendue à l’appel au dialogue maintes fois lancé par les leaders religieux.
L’un des thèmes importants d’un tel dialogue pourrait être le thème de l’homme car c’est autour des problèmes de l’anthropologie que surgissent aujourd’hui les discussions les plus violentes et même parfois des conflits liés aux différences des points de vue sur ce sujet entre les traditions religieuses et l’humanisme laïc.
Le continent européen a été soumis à l’influence de nombreuses cultures qui y sont présentes jusqu’à nos jours. Mais c’est justement dans le cadre du système chrétien des valeurs que s’est formée la représentation de la haute dignité de l’homme et des conditions de sa réalisation. Le christianisme a appris à tous les peuples européens que l’homme a été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. Mais en même temps le christianisme a toujours souligné que l’homme ne deviendra l’ami de Dieu (Jn. 15, 15) et n’atteindra la liberté (Jn. 8, 32) que s’il suit la voie d’une vie morale.
Ce message non seulement élève l’homme à une grande hauteur dans l’échelle des valeurs mais il dit également quelles sont les conditions pour se maintenir à cette hauteur. L’homme se laisse facilement aller à des actes répréhensibles et ainsi il s’écarte de sa dignité s’il ne se soucie pas en permanence de perfectionner ses propres pensées et ses sentiments. Et ce sont justement les normes morales qui orientent cette tâche, qui servent de référence pour définir ce qui est admissible et inadmissible dans la vie de l’homme. Les idées chrétiennes de dignité, de liberté et de morale dans leur corrélation créent un code unique de conscience européenne qui possède un potentiel créateur inépuisable pour la vie privée et la vie publique.
Tout investigateur honnête de l’histoire de l’Europe témoignera que grâce à la relation chrétienne par rapport à l’homme l’esclavage a été condamné et aboli, s’est formée la procédure d’un jugement objectif, ont été atteints de hauts niveaux de vie sociale et politique, s’est déterminée une éthique raffinée des relations entre les gens, se sont développées la science et la culture. Plus encore, la conception même des droits de l’homme, cette idée d’extrême importance de l’Europe est née non sans l’influence de l’enseignement chrétien sur la dignité de l’homme, sa liberté et sa vie morale. Dès leur genèse, les droits de l’homme se sont développés sur le terrain de la morale chrétienne et en quelque sorte formaient avec elle un tandem.
Cependant, aujourd’hui il y a dans la civilisation européenne une fracture funeste dans le lien entre les droits de l’homme et la morale. Cela s’observe dans l’apparition d’une nouvelle génération de droits en contradiction avec la morale, de même que dans la justification d’actes amoraux à l’aide des droits de l’homme. En liaison avec cela j’aimerais que nous nous rappelions tous que dans la Convention européenne des droits de l’homme et des libertés fondamentales est inclus un appel à la morale dont doit tenir compte l’activité de défense des droits de l’homme. Je suis convaincu que les créateurs de cette convention ont inclus la moralité dans son texte non comme une vague notion mais comme un élément bien déterminé de tout le système des droits de l’homme.
Si nous ne faisons pas cas de la morale, en définitive nous ne faisons pas cas de la liberté. La morale représente une liberté d’action. C’est une liberté déjà réalisée à la suite d’un choix responsable qui se donne des limites pour le bien et l’intérêt de l’individu lui-même ou de la société dans son ensemble. La morale assure la viabilité et le développement de la société et son unité, les atteindre est l’un des buts de la Convention européenne de défense des droits de l’homme. Tandis que la destruction des normes morales et la promotion d’un relativisme dans les moeurs peuvent miner la perception du monde de l’homme européen et amener les peuples du continent à une ligne de démarcation au-delà de laquelle il y a la perte par les peuples européens de leur identité spirituelle et culturelle et par conséquent de leur place indépendante dans l’histoire.
Je suis en même temps convaincu qu’aucun Etat ne doit se mêler de la vie privée de l’homme. Etre moral ou amoral c’est en définitive la conséquence d’un libre choix de l’individu. Cependant dans le domaine public, la société et l’Etat doivent soutenir et encourager une moralité acceptable pour la majorité des citoyens. Pour cela ils doivent diriger leurs efforts à l’aide des mass-médias, du réseau des institutions sociales et publiques, du système éducatif, en faveur de la promotion des idéaux de moralité liés à la tradition spirituelle et culturelle des peuples européens.
Je suis convaincu que pour conserver l’identité culturelle européenne et surtout lorsqu’elle est en contact avec d’autres normes culturelles et d’autres civilisations, il est extrêmement important de conserver la dimension morale qui donne une âme et ennoblit la vie des européens. Ou au moins ni faire la promotion, ni favoriser en s’appuyant sur les institutions de l’Etat de tout ce qui affaiblit ou détruit les fondements moraux de la société.
Le refus d’une évaluation morale des actes d’un homme, d’un pouvoir et d’un peuple rend insolubles de nombreux problèmes sociaux. C’est ainsi qu’en Russie, dans les autres pays de la CEI, comme dans certains pays d’Europe, et pas seulement à l’Est mais également à l’Ouest s’élargit la fracture entre les riches et les pauvres, se nivelle la notion d’équité sociale. Notre Eglise a maintes fois initié la discussion sur la situation indigente de millions d’honnêtes travailleurs qui côtoient le luxe inouï et le gaspillage de quelques uns. Nous sommes heureux qu’aujourd’hui cette initiative est soutenue par de nombreuses forces politiques et sociales. Nous voyons que dans le pays se renforcent les conditions pour adopter des décisions adéquates dans les domaines social et économique.
Au demeurant, le système de droit et le système social, même le plus perfectionné, ne peut totalement limiter la soif d’enrichissement des uns au préjudice des autres. La générosité n’apparaît pas là où les gens ne sentent pas leur responsabilité pour leurs concitoyens. Elle est le résultat de l’éducation y compris dans l’esprit de la morale chrétienne traditionnelle.
Les principes moraux traditionnels c’est également la base pour l’intégration d’une société multiculturelle et c’est le cas de l’Europe actuelle. C’est ce qu’a bien démontré, en particulier, le sommet des chefs religieux qui s’est tenu à Moscou en juillet de l’année dernière. Les participants à ce forum, représentants du christianisme, de l’islam, du judaïsme, du bouddhisme, du shintoïsme, de l’hindouisme venant de 49 pays, ont exprimé leur inquiétude au sujet de la détérioration de l’état moral de l’humanité.
C’est justement sur la base de la morale traditionnelle, du respect des modèles sociaux et des modes de vie de chacun, qu’ont coexisté en Russie différentes traditions religieuses et elle n’a pas connu de guerres de religions. Et maintenant notre Eglise continue à renforcer la paix interreligieuse ayant créé un dialogue efficace et une collaboration avec les autres communautés religieuses traditionnelles aussi bien en Russie que dans les autres pays de la CEI.
Nous savons tous qu’aujourd’hui en Europe et dans le monde la menace de l’extrémisme et du terrorisme est très importante, en particulier celui qui se dissimule sous des slogans religieux. Et le terrain favorable pour cette force destructrice c’est l’ignorance religieuse, l’indigence morale. C’est pour cela que je suis convaincu que la génération montante doit avoir la possibilité du libre choix d’étudier sa tradition religieuse de façon approfondie dans une école accessible par tous. Des connaissances de base des autres traditions sont également nécessaires car elles créent une base pour une vie pacifique en commun.
Le progrès technique pose d’une façon nouvelle la question des droits de l’homme. Et les croyants ont leur mot à dire quand cela concerne la bioéthique, l’identification électronique et les autres orientations du développement des techniques qui inquiètent de nombreuses personnes. L’homme doit rester un homme et non une marchandise, un élément non contrôlable des réseaux électroniques, un objet d’expérimentations, un organisme à moitié artificiel. C’est pour cela que la science et la technique ne doivent pas non plus être détachées de l’évaluation morale de leurs objectifs et de leurs conséquences.
L’Eglise Orthodoxe Russe se rend bien compte qu’en Europe et dans le monde il y a d’autres conceptions religieuses du monde. Et nous sommes prêts au dialogue avec leurs adhérents comme avec les représentants de la vision laïque sur la vie. Mais en même temps nous sommes convaincus qu’aucune conception du monde, y compris la conception laïque, ne peut insister pour avoir le monopole ni en Europe, ni dans le monde. C’est pour cela que nous considérons comme inadmissible le rejet de la religion hors de l’espace public.
Le temps est venu d’admettre que la motivation religieuse a le droit d’exister y compris dans le domaine public. Et c’est justement pour éviter les affrontements possibles des différentes conceptions du monde qu’un dialogue interculturel sérieux est nécessaire avec une participation très active des représentants des religions traditionnelles et du monde laïc. Je pense que l’une des plateformes possibles pour un tel dialogue doit être le Conseil de l’Europe qui a le potentiel et l’expérience d’organiser un dialogue des conceptions sur les valeurs européennes.
bonne nuit
4 octobre, 2007Le maître de la moisson
4 octobre, 2007Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermon 101 ; PL 38, 605s (trad. Luc commenté, DDB 1987, p. 73 et Delhougne p. 417)
Le maître de la moisson
L’évangile qui vient d’être lu nous invite a chercher quelle est cette moisson dont le Seigneur nous dit : « La moisson est abondante, les ouvriers peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson ». C’est alors qu’il a envoyé, en plus des douze disciples qu’il a appelé apôtres (« envoyés »), soixante-douze autres personnes. Tous, comme on le voit d’après ses propres paroles, il les a envoyés travailler à une moisson déjà préparée. A quelle moisson ? Ils n’allaient pas moissonner chez les païens, où rien n’avait été semé. Il faut donc penser que la moisson avait lieu au milieu des juifs ; c’est pour moissonner là qu’est venu le maître de la moisson. Aux autres peuples il envoie non des moissonneurs, mais des semeurs. Chez les juifs, donc, la moisson ; ailleurs les semailles. Et c’est bien en moissonnant chez les juifs qu’il a choisi les apôtres ; c’était le temps de la moisson, elle était mûre, car les prophètes avaient semé parmi eux…
Le Seigneur n’a-t-il pas déclaré à ses disciples : « Vous dites que l’été est encore loin. Levez les yeux et regardez les champs, ils sont blancs pour la moisson » (Jn 4,35). Il a dit encore : « D’autres ont pris de la peine, et vous, vous profitez de leurs travaux » (v. 38). Abraham, Isaac, Jacob, Moïse et les prophètes ont pris de la peine ; ils ont peiné pour semer le grain. A son avènement, le Seigneur a trouvé la moisson mûre, et il a envoyé les moissonneurs avec la faux de l’Evangile.