L’expérience de la prière de Adrienne von Speyr (1902-1967)

je mets ce reportage sur Adrienne von Spyre parce que, j’ai trouvé, aujourd’hui, en article sur ce personnage sur le journal « Avvenire » et alors je ai pensé de mettre quelque réflexion ancre sur le Blog français pour la richesse spirituelle de sa vie contemplative;

http://www.spiritualite2000.com/Archives/meditation/meditation_novembre2001.htm

L’expérience de la prière
de Adrienne von Speyr (1902-1967)

Née à La Chaux-de-Fonds (Suisse). Fille d’un médecin protestant. Médecin elle-même, mariée , mère de famille, elle se convertit au catholicisme en 1940, suite à sa rencontre avec le père Hans, Urs von Balthasar. Avec la collaboration de ce dernier, pendant vingt-sept ans, elle fonde un institut séculier et publie une ouvre théologique considérable (environ soixante volumes) d’une grande richesse spirituelle et biblique. Elle meurt à Bâle en 1967.8 (+ 17 september 1967)

Quand sur la terre le Fils prie en contemplant le Père, il n’a besoin ni de chercher ses mots, ni de réfléchir à ce qu’il veut dire : ce lui est déjà donné. Pourtant, c’est bien comme Fils incarné qu’il se présente au Père, comme l’envoyé du Père, celui que le Père aime et qui aime le Père. Il doit en être ainsi puisque le Fils se présente en même temps comme le Fils unique du Père. Lui, le Fils éternel, et lui, le Fils incarné parmi nous, il est la même personne. Il ne veut souffrir aucune distance entre les deux : il est l’Un. Cette unité, il la tire de celle qu’il a au sein de la Trinité : de ce qu’il représente Dieu. Mais il la tire également de ce qu’il représente les hommes : il est Un de par son unité avec les hommes.

Chacune de ses prières est dite au Père avec nous. Même quand nous ne l’entendons pas, quand nous n’en avons aucune idée, elle s’adresse à Dieu en notre nom, renferme ce qui fécondera la nôtre, ne peut se réduire à une prière isolée, privée. Les limites qu’il a assumées en tant qu’homme, et qui concerne son temps et son espace, sont un avec l’illimité de sa divinité. Comme Dieu, il est la source de l’illimité; comme homme, la source de la limitation; en tant que source, il unit en lui l’un et l’autre. Les limites que nous connaissons et sur lesquelles nous achoppons partout dans notre être, participent en lui à l’infini et ont, dans sa prière -et à travers lui dans la nôtre-, accès au Dieu infini. Nous sommes comme des invités à une fête à laquelle nous pensons ne rien comprendre, la fête se passe entre les trois Personnes divines; or entre les trois Personnes divines revient toujours à dire à l’intérieur de la divinité une, unique.

Lorsque nous conversons avec d’autres hommes, beaucoup de nos paroles disent notre intention d’aider, de conseiller. Mais souvent les paroles restent sans effet. Il arrive toutefois que notre interlocuteur, après un certain laps de temps, suive notre conseil et nous en remercie. Dans ce cas, notre parole a porté, elle l’a empoigné . Il l’a gardée en lui et elle l’a changé, elle a déclenché quelque chose. Bien d’autres paroles sont perdues sans que nous puissions d’avance en calculer la perte – ou, comme nous venons de le dire, l’effet. Quand une parole porte, cela paraît être un accident, Nous y sommes, au fond, si peu habitués que nous nous étonnons chaque fois qu’une parole produit son effet.

Entre Dieu le père et Dieu le Fils, aucune parole ne se perd. L’effet que produit une parole du Fils sur son Père est toujours clair ; l’effet d’une parole du Père sur le Fils l’est tout autant. Or, à cette efficacité de la parole, le Fils nous invite à participer. Il ne réitère pas cette invitation à chacune des prières qu’il fait, à chacun des instants où il contemple le Père, à chacune des pensées qu’il a pour son Père, à chacune des réponses qu’il lui donne; une fois pour toutes il nous l’adresse. Aussi corrélativement sommes-nous une fois pour toutes dans sa prière, non en nous y plaçant, mais en raison de la plénitude de sa grâce. Cette grâce s’attache à chacune de ses prières, elle englobe toute parole qu’il profère.

De sa part, il s’agit d’une invitation sans artifice, dans laquelle il ne cache aucune exception : c’est pour tous, en effet, qu’il est venu dans le monde, et tout homme, croyant ou non, pourrait, s’il consultait l’écriture, affirmer : je suis concerné. Ce ne serait là présomption ni de la part du Juif ni de la part du Gentil. Dans l’espace qu’ouvre cette invitation, se situent toute conversion, toute orientation vers le Fils, tout retour à la maison du Père, pour le plus éloigné aussi bien que pour le plus proche déjà à l’abri dans l’église. Au cours des siècles cet espace ne perd rien de son actualité. Aussi, pouvons-nous, avec un regard toujours neuf, contempler le Fils en prière pour nous remettre à sa prière, nous confier à sa parole, marcher sous son regard sur le chemin qui mène au Père, accueillir, comme ses invités, le don de son dialogue au sein de la Trinité et nous en nourrir comme du fruit qu’il nous partage, que nous le recevions tout simplement comme prière ou comme Eucharistie. Une Eucharistie qui ne serait pas participation au dialogue du Père et du Fils dans l’Esprit n’en serait pas une. Car dans le corps eucharistique du Seigneur est incluse la signification de son corps terrestre, qui est d’être présent devant le Père, de converser avec lui, de le connaître par l’Esprit -Saint. Ces trois choses font un dans le Fils et constituent pour nous aujourd’hui la vie chrétienne. église, sacrements, prière, tout est déjà dans le Fils, participant de sa prière, pleinement accompli.

Adrienne von Speyr. L’expérience de la prière, préface de H.U. von Balthasar, Editions Lethielleux, Paris, 1978.

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