Archive pour le 12 septembre, 2007

12 septembre – Saint Nom de Marie

12 septembre, 2007

12 septembre - Saint Nom de Marie dans images sacrée

image:

http://www.santiebeati.it/dettaglio/69950

12 septembre

Saint Nom de Marie

Prière:

Oui, ô Marie ! votre nom sublime et admirable est sorti du trésor de la Divinité ; car c’est la sainte Trinité tout entière qui vous a donné ce nom au-dessus de tous les noms après celui de votre divin Fils, et qui l’a enrichi de tant de majesté et de puissance, qu’il faut que, par respect pour ce saint nom, dès qu’il est prononcé, tout genou fléchisse dans le ciel, sur la terre et aux enfers .

Richard de Saint-Laurent

Historique

La fête du Saint Nom de Marie, disparue aujourd’hui du calendrier liturgique, venait de la ville de Cuenca, en Espagne (Nouvelle-Castille), à qui elle fut concédée en 1513, sous le rite double. Un temps abrogée par saint Pie V (1570), la fête du Saint Nom de Marie fut rétablie par Sixte V (1585-1590) et assignée au 17 septembre. Réservée à Cuenca, au diocèse de Tolède, puis à toute l’Espagne, la fête du Saint Nom de Marie fut ensuite permise par Clément X au royaume de Naples (1671) ; le diocèse de Milan la célébra le 11 septembre et d’autres le 22 septembre. La fête du Saint Nom de Marie ne fut instituée à Rome qu’en 1683, par Innocent XI, en action de grâce pour la délivrance de Vienne assiégée par les Turcs (12 septembre 1683).

Tandis que la Hongrie se révoltait contre les Habsbourgs, les trois cent mille hommes des armées turques conduites par le grand vizir de Mehmed IV, Kara Mustapha Pacha, et guidées par le comte hongrois et protestant Tököly, bloquaient Vienne depuis le 14 juillet 1683. L’empereur Léopold I° (1640-1705) et son beau-frère, Charles de Lorraine, avaient déserté la ville où treize mille hommes attendaient sous le commandement du comte de Sarhenberg. Innocent XI qui eût voulu former une ligue catholique contre les Turcs, ne put compter que sur l’alliance de Jean III Sobieski (1624-1696), roi de Pologne depuis 1674, que l’on joignit lors d’un pèlerinage à Chestokowa dont il partit le 15 août. Le dimanche 12 septembre 1683, Jean Sobieski servit la messe, communia, arma son fils chevalier et prit le commandement de l’armée catholique où, en plus de ses troupes polonaises, il y avait celles du duc de Lorraine et du prince de Waldeck ; « Aujourd’hui, s’écria-t-il, il y va tout ensemble de la délivrance de Vienne, de la conservation de la Pologne et du salut de la chrétienté entière ! » Puis, il se mit à la tête des coalisés et chargea en criant : « Non nobis, Domine, non nobis, sed nomini tuo da gloriam ! » Les Ottomans furent battus à Kahlenberg et, dans Vienne délivrée, Jean Sobieski vint se prosterner avec ses généraux devant la statue de Notre-Dame de Lorette vénérée dans l’église des Augustins où l’on chanta un Te Deum ; ce jour-là, on avait fait à Rome une grande procession suivie, malgré sa goutte, par la pape ; le 24 septembre, le cardinal-vicaire prescrit des sonneries de cloches et des prières d’action de grâces et, le 25 novembre, un décret établissait la fête du Saint Nom de Marie et l’assignait au dimanche dans l’octave de la Nativité de la Bienheureuse Vierge.

Innocent XIII étendit la fête du Saint Nom de Marie à l’Eglise universelle en 1721. La fête du Saint Nom de Marie fut placée au 12 septembre par Pie X lors de la grande réforme du Bréviaire romain[1]. La fête du Saint Nom de Marie a disparu lors de la réforme du calendrier par Paul VI (1969), mais lui a laissé une messe votive ce qu’a ratifié Jean-Paul II dans Les messes en l’honneur de la Vierge Marie, publié à Rome le 15 août 1986, où la vingt-et-unième messe est en l’honneur du saint Nom de Marie.

texte: 

http://missel.free.fr/Sanctoral/09/12.php

Quand on aime, on se parle.

12 septembre, 2007

du site:

http://www.ayletmarcharbel.org/lecture25.htm

Quand on aime, on se parle.

Dieu nous aime, Il nous parle. Il nous parle par la Bible qui est sa parole écrite. Il nous parle par Jésus son Fils que est sa parole incarnée, son Verbe, toujours vivant parmi nous, toujours vivant dans son Église, toujours vivant au plus profond de nos cœurs de baptisés.

Dieu nous parle par son Esprit qui pénètre et oriente nos pensées, nos affections et nos sentiments si nous le voulons bien.

Il nous parle aussi à travers les événements, petits et grands, de notre vie quotidienne et de la vie du monde.

Est-ce que je suis suffisamment à l’écoute de Dieu qui me parle ?

Est-ce que je ne laisse pas couler sa parole comme de l’eau sur du marbre ?

Quand on aime, on écoute l’autre, et on lui parle à notre tour, on lui répond. Est-ce que je parle à Dieu ? Est-ce que je prie ? Est-ce que je traite Dieu comme mon Père bien-aimé, et Jésus comme mon frère, mon ami ?

Bernard Prévost.

Quand on aime, on se parle. dans méditation 0170

Pages Orthodoxes: Dieu est lumière

12 septembre, 2007

du site:

http://www.pagesorthodoxes.net/pages-choisies/struve-lumiere.htm

Pages Orthodoxes – Pages choisis sur la Vie spèirituelle

Deisis: l’intercession de l’église

Dieu est lumière

par Père Pierre Struve

« Dieu est Lumière et ceux qu’il rend dignes de le voir le voient connue Lumière… Ceux qui n’ont pas vu cette Lumière n’ont pas vu Dieu, car Dieu est Lumière… »

Ce texte, tiré d’un sermon de saint Syméon le Nouveau Théologien, nous introduit au cœur même de la mystique de la Lumière qui constitue, surtout dans l’a mesure où elle est profondément liée à l’hésychasme, l’un des plus remarquables sommets, sinon le sommet même, de la spiritualité orthodoxe.

Spiritualité et théologie sont inséparables pour l’Église orthodoxe et la mystique de la Lumière divine ne fait qu’exprimer au niveau de l’homme l’accent profondément eschatologique d’une théologie centrée sur la transfiguration du monde et la déification de l’homme. Très peu connue, la spiritualité de la Lumière a été souvent mal comprise et mal interprétée en Occident. L’un des buts de ce court articule est d’essayer de dissiper certains malentendus et de montrer en particulier que cette mystique de la Lumière divine est profondément enracinée dans la révélation scripturaire.

Nous commencerons notre étude par un bref survol de l’Ancien Testament. Dans l’Ancien Testament, Yahvé se manifeste le plus souvent sous l’aspect du feu, comme, par exemple, dans l’alliance avec Abraham, dans l’épisode du Buisson Ardent, dans la vision de Moïse sur le Mont Sinaï ou encore dans l’ascension d’Élie. Le fait que le mot feu soit utilisé de préférence au mot lumière souligne le caractère sévère et souvent terrifiant de la vision de Dieu (dans l’Ancien Testament), très différente de la vision d’illumination que nous découvrirons dans le Nouveau Testament. Yahvé n’est d’ailleurs jamais dit être feu ou lumière ; ces deux éléments l’accompagnent, le manifestent, mais ne s’identifient pas avec lui. Dans la théophanie du Mont Sinaï, la vision du feu est la vision de la gloire de Yahvé : « Cette gloire de Yahvé revêtait, aux yeux des enfants d’1srail, l’aspect d’une flamme dévorante couvrant la montagne » (Ex 19,8). Nous retrouvons le même thème dans la vision d’Ézéchiel : « C’était quelque chose ayant l’aspect de la gloire de Yahvé » (Éz 1,27). Le Psaume 103 montre Dieu « revêtu de faste et d’éclat, drapé de lumière comme d’un manteau » (Ps 103,1-2). Pareillement le prophète Habacuc décrit la lumière comme l’éclat de Yahvé et non Yahvé lui-même : « Son éclat est pareil au jour, des rayons jaillissent de ses mains » (Ha 3-4).

Ainsi, pour l’ensemble de l’Ancien Testament, la vision de feu ou de lumière n’est jamais une illumination ou une vision d’union divine, mais la manifestation d’un Dieu qui reste extérieur et incommunicable à l’homme. Il faut cependant mettre à part le Livre de la Sagesse, dans lequel la Sagesse personnifiée est comparée à la lumière de Dieu : « Elle est un reflet de la lumière éternelle… comparée à la lumière, elle l’emporte car la lumière fait place à la nuit… » (Sa 7,26 et 30). Ces versets du dernier auteur inspiré de l’Ancien Testament annoncent déjà la théologie de la lumière de l’Évangile.

Dans le Nouveau Testament, la lumière n’est plus un attribut ou une manifestation de Dieu, elle est Dieu lui-même : « Le Verbe était la lumière véritable qui éclaire tout homme » (Jn 1,9).

Dans l’épisode de la guérison de l’aveugle-né, Jésus dit de lui-même qu’il est la « Lumière du Monde » (Jn 9,5). Dans la première épître de saint Jean, ce n’est même pas uniquement le Christ, mais Dieu qui est dit être Lumière (1 Jn 1,5). Et cette affirmation, qui pourrait paraître purement spéculative, se concrétise, se révèle, s’incarne pour ainsi dire dans la Transfiguration du Christ, qui est l’alpha et l’oméga de toute l’expérience spirituelle de la Lumière : « Et il fut transfiguré devant eux : son visage resplendit comme le soleil et ses vêtements devinrent éblouissants comme la lumière » (Mt 17,2). Cette vision du Christ en gloire ne fut pas une vision spirituelle ou intellectuelle niais une contemplation par la totalité de l’être. Saint Pierre y insiste lorsqu’il écrit dans la deuxième épître que les apôtres ont été les « témoins oculaires de sa majesté » (2 P 1,16). La Transfiguration, pour la tradition orthodoxe, apparaît comme la fête eschatologique par excellence, comme la préfiguration et l’annonce du Royaume qui commence déjà ici-bas, de ce Royaume qui sera l’apothéose de la Lumière divine : « De nuit, il n’y en aura plus ; ils se passeront de lampe et de soleil pour s’éclairer, car le Seigneur Dieu répandra sur eux sa Lumière et ils régneront pour les siècles des siècles » (Ap 22,5).

Si le « jour sans soir », la Lumière éternelle ne nous seront donnés que dans l’unitotalité du Royaume, lorsque Dieu sera tout en tous, son avant-goût, l’expérience momentanée d la vision de lumière peut être accordée par le Seigneur dès cette vie, tout comme elle a été accordée à Pierre, Jacques et Jean sur le Mont Thabor et à Paul sur le chemin de Damas « quand soudain une lumière venue du ciel l’enveloppa de sa clarté » (Actes 9,3). Saint Paul dans ses Épîtres développe le thème de l’appel à l’illumination par le Christ de chaque chrétien : « Jadis vous étiez ténèbres, mais à présent vous êtes lumière dans le Seigneur, conduisez-vous en enfants de lumière » (Ép 5,9).

Ainsi pour le Nouveau Testament, non seulement Dieu est Lumière, mais chaque homme qui s’engage dans le combat de la foi, qui passe par l’illumination du baptême, est appelé à être lumière, non pas lumière autonome et tirant sa source de clarté de lui-même mais « lumière du Seigneur », illuminé par la gloire ineffable de celui qui, seul, est la Lumière véritable.
La spiritualité orthodoxe est essentiellement eschatologique, elle est centrée sur la Résurrection et la Transfiguration et, pour elle, le Christ est avant tout le Roi de gloire, le Triomphateur de la mort, le Seigneur Ressuscité. On comprend que dans une telle perspective, le thème de la Lumière ait été toujours un thème central.

Par contre, ce thème a toujours été assez étranger à la théologie et à la piété occidentales, beaucoup plus centrées sur le mystère de la Croix et de la Passion de Notre Seigneur et pour lesquelles le Christ est avant tout le Crucifié et le Serviteur souffrant. C’est dans une telle vision que prend racines la mystique des stigmates, qui reste totalement inconnue dans le monde orthodoxe.

Il faut certes se méfier beaucoup des schémas traditionnels et des généralisations hâtives – et une confrontation attentive de saint Jean de la Croix et des mystiques orthodoxes serait du plus haut intérêt. Il est incontestable que la « Nuit Mystique » du saint espagnol débouche sur l’aube et sur l’illumination ; seulement, cette illumination est de nature surtout spirituelle, elle est illumination de l’âme et non de l’homme tout entier : « Cette transformation’ n’est autre chose que l’illumination de l’entendement par la Lumière surnaturelle de telle sorte qu’il est uni au divin et devient divin… Il en est de même de la volonté, de la mémoire des affections » et de. tendances. Toutes ces transfigurations… Dieu les accomplit et les réalise dans l’âme par l’intermédiaire de cette Nuit Obscure : il éclaire l’âme et l’embrase divinement du désir de posséder Dieu seul et rien de plus ». À aucun moment, saint Jean ne parle de la participation du corps à cette vision de gloire ; à aucun moment, il ne dit, comme saint Pierre, être « le témoin oculaire » de la Majesté de Dieu.

Les mystiques orthodoxes, eux, se situeront dans la perspective de la Transfiguration telle qu’elle a été vécue par les apôtres, pour qui la vision lumineuse sera toujours celle de la Lumière incréée du Thabor, vécue par l’homme dans son intégrité et non seulement par son âme ou son intellect. Trois grands saints dominent cette spiritualité de la lumière : saint Syméon le Nouveau Théologien à la fin du Xe siècle, saint Grégoire Palamas au XIVe siècle et saint Séraphin de Sarov au début du XIXe siècle.

Saint Syméon le Nouveau Théologien est l’un des rares mystiques orthodoxes qui parlent de leur expérience personnelle : « Souvent je voyais la Lumière, parfois elle m’apparaissait à l’intérieur de moi-même, lorsque mon âme possédait la paix et le silence ou bien elle ne paraissait qu’au loin ou même se cachait tout à fait. Mais dès que je témoignais d’un complet détachement de tout, d’une absolue humilité et obéissance, la Lumière réapparaissait à nouveau » (Serm 90).

La vision de la Lumière divine est antinomique par nature, car elle est vision de l’invisible et seul le vocabulaire apophatique, c’est-à-dire procédant par négation, peut prétendre en donner témoignage : « C’est un feu vraiment divin, incréé et invisible, inextinguible et immortel, incompréhensible, au-delà de tout être créé… »
Le don de Lumière n’est accordé à l’homme qu’après un long chemin de purification et de repentir : « Le repentir est la porte qui conduit de la région des ténèbres à celle de la lumière » (Serm. 79).

La vision de la Lumière divine réalise une véritable union entre Dieu et l’homme dans sa totalité, corps, âme et esprit : « Dieu est Lumière et il communique de sa clarté à ceux qui s’unissent à lui dans la mesure de leur purification. Ô miracle ! L’homme s’unit à Dieu spirituellement et corporellement… Dieu entre en union avec l’homme tout entier » (Serm. 25).

Nous sommes là au cœur du mystère de la déification de l’homme, si central pour la théologie et la spiritualité orthodoxes. Quand saint Pierre parle de la participation à la nature divine (2 P 1,4), il exprime en termes scripturaires cette doctrine de la déification qui, dans la pensée patristique, sera résumée par la phrase de saint Athanase : « Dieu est devenu homme afin que l’homme devienne Dieu ». La véritable nature de l’homme, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, est non plus la nature humaine déchue, mais sa nature déifiée. L’homme est appelé à être Dieu non par essence mais par grâce et, pour les théologiens orthodoxes, la nature divine à laquelle l’homme est appelé à participer ne sera jamais une surnature, un don surajouté, mais Dieu lui-même, dans la communion duquel s’accomplit la véritable nature de homme, nature qui s’est obscurcie dans la chute et qui ne redevient elle-même que dans la Lumière de la Sainte Trinité.

Déification et transfiguration sont intimement liées et verront leur accomplissement dans le Royaume. Saint Syméon le Nouveau Théologien le décrit avec un grand lyrisme dans son 27e Sermon : « La grâce de ton Esprit Très Saint brillera comme un astre sur les justes et, au milieu d’eux, tu resplendiras, toi, ô Soleil inaccessible. Alors tous ils seront éclairés dans la mesure de leur foi et de leurs œuvres, de leur espérance et de leur charité, dans la mesure de la purification et de l’illumination par ton Esprit, ô Dieu unique d’infinie mansuétude ».
Saint Grégoire Palamas fut au XIVe siècle le grand docteur de la théologie de la Lumière incréée. Attaqué par un moine calabrais du nom de Barlaam qui l’accusait de messalianisme, c’est-à-dire de prétendre voir l’essence divine avec des yeux corporels, saint Grégaire rédigea plusieurs traités et fut amené à expliciter la distinction de l’essence et des énergies en Dieu. L’essence divine reste totalement incommunicable et Dieu s’unit à l’homme dans ses énergies dans lesquelles il est totalement présent : « L’illumination et la grâce divine et déifiante n’est pas l’essence, mais l’énergie de Dieu ». Dans le Traité contre Akindynos, Palamas écrit : « Dieu est appelé Lumière non selon son essence mais selon son énergie ». Une série de conciles échelonnés de 1340 à 1360 donnèrent raison à saint Grégoire et officialisèrent la doctrine de la distinction de l’essence et des énergies divines.

Saint Grégoire distingue trois types de lumière : la lumière sensible, la lumière intellectuelle ou intelligible et la Lumière divine qui est au-delà tant du sensible que de l’intelligible, tout en étant perçue aussi bien par les sens que par l’intelligence. Le Tome hagioritique souligne le caractère mystérieux du mode de la vision de la Lumière divine : «Comment ? Cela n’est connu que de Dieu et de ceux qui ont eu l’expérience de sa grâce ».

Pour Palamas, la Lumière divine est la Lumière incréée du Thabor : « La Lumière divine est non matérielle ; il n’y avait rien de sensible dans la Lumière qui illumina les apôtres sur le Mont Thabor » (Cont. Akind.) Dans la 35e Homélie, il écrit : « La lumière de la Transfiguration du Seigneur n’a pas commencé et n’a pas pris fin ; elle reste circonscrite dans le temps et l’espace et imperceptible pour les sens bien qu’elle fût contemplée… mais par une transmutation des sens, les disciples du Seigneur passèrent de la chair à l’Esprit ».

Ainsi pour Palamas la Lumière divine se révèle à l’homme dans sa totalité mais, au moment de la vision, il y a « transmutation des sens », c’est-à-dire spiritualisation de la chair dans le sens des paroles de saint Paul : « On sème un corps psychique, il ressuscite un corps spirituel , (1 Co 15, 44). C’est donc uniquement dans la mesure ou il y a une transfiguration pneumatique du corps que la vision de la Lumière devient possible ; on ne peut avoir la révélation de la Transfiguration que si l’on y participe soi-même, cette participation tant toujours ineffable et totalement incompréhensible à la raison humaine. Chez Grégoire Palamas tout comme chez saint Syméon le Nouveau Théologien, la vision de la Lumière incréée est intimement liée à la spiritualité hésychaste, dont les racines se perdent dans le IVe siècle, et qui constitue un des courants les plus remarquables de la spiritualité orthodoxe. L’hésychasme est centré sur la prière de Jésus répétée inlassablement. L’invocation du Nom de Jésus devient une oraison permanente qui imprègne l’homme tout entier et le fait participer corps, âme et esprit, à la vie en Christ selon la parole de saint Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi » (Ga 2,20). Seuls ceux qui demeurent dans cette prière perpétuelle peuvent espérer recevoir la grâce de la vision déifiante. Cependant, et c’est un point sur lequel saint Grégoire insiste, tous sont appelés à y participer : « Cette expérience divine est donnée à chacun selon sa mesure et peut-être plus ou moins grande selon la dignité de ceux qui l’éprouvent » (Hom. 35).

C’est à travers 1a tradition hésychaste que nous allons rejoindre saint Séraphin de Sarov, que près de cinq siècles séparent de saint Grégoire Palamas. Contrairement à ce dernier, saint Séraphin ne fut pas un théologien au sens scientifique du terme. Prêtre et moine, il passa toute sa vie en prière, soit en ermite dans la forêt, soit dans un monastère, le plus souvent seul dans sa cellule. Ce n’est que dans les huit dernières années qu’il accepta d’ouvrir sa cellule aux innombrables pèlerins attirés par le renommée de sa sainteté et qu’il devint leur guide spirituel. Il enseignait que le but de toute vie était « l’acquisition du Saint Esprit » et que cette vie de l’Esprit ne pouvait être obtenue que par la prière perpétuelle et la vie sacramentelle. L’enseignement de saint Séraphim nous est connu surtout par les récits de ses disciples. Le plus célèbre est constitué par les notes de Motovilov, dans lesquelles saint Séraphim apparaît comme l’un des plus grands mystiques de la Lumière.

À la question de Motovilov sur la nature de la vie dans l’Esprit, saint Séraphin répond : « Je vous ai déjà dit, fit le Père Séraphim, que c’est bien simple… Mon ami, nous sommes tous deux en ce moment dans l’Esprit de Dieu… Pourquoi ne voulez-vous pas me regarder ? – Je ne peux pas vous regarder, mon Père, répondis-je, vos yeux. projettent des éclairs, votre visage est devenu plus éblouissant que le soleil et j’ai mal aux yeux en vous regardant. – Ne craignez rien, dit-il, en ce moment, vous êtes devenu aussi clair que moi. Vous êtes aussi à présent dans la plénitude de l’Esprit de Dieu ; autrement, vous ne pourriez me voir tel que vous me voyez… Encouragé par ces paroles, je regardais et je fus saisi d’une frayeur pieuse. Imaginez-vous, au milieu de soleil, dans l’éclat de ses rayons éblouissants de midi, la face de l’homme qui vous parle. Vous voyez le mouvement de ses lèvres, l’expression changeante de ses yeux, vous entendez sa voix, vous sentez ses mains qui vous tiennent par les épaules, mais vous ne voyez ni l’es mains ni le corps de votre interlocuteur, – rien que la lumière resplendissante qui se propage loin, à quelques toises à l’entour, éclairant par son éclat le pré couvert de neige et les flocons blancs qui ne cessent de tomber… ».

Continuant sa description, Motovilov montre que c’est tout son être, sa personne tout entière qui participe à la vision divine : il ressent une paix extraordinaire, une chaleur, bien que l’on soit en plein hiver, un parfum d’une qualité rare.

Ce qui différencie saint Séraphin de Sarov des autres mystiques, c’est l’insistance sur le caractère pneumatique de la lumière divine. La vie en Christ par la prière perpétuelle conduit à l’illumination dans l’Esprit. Saint Séraphin rejoint ici le thème scripturaire du Saint Esprit se révélant comme feu et lumière lors de sa descente sur les apôtres dans la chambre haute de Jérusalem. La Pentecôte, « accomplissement de la promesse et la réalisation de l’espérance », réalise le parachèvement de la révélation trinitaire et, de même que le Christ est Lumière, de même le Saint Esprit est « Lumière et donnant la Lumière », comme le chante un hymne des matines de Pentecôte.

Et si l’illumination ici-bas par le Christ et le Saint Esprit n’est que l’avant-goût de cette Lumière ineffable dans laquelle baignera le Royaume du Père lorsque le Fils à travers le Saint Esprit lui aura tout soumis ; elle est tout de même vision du Royaume conformément à la promesse du Seigneur : « Je vous le dis vraiment, il en est de présents ici même qui ne goûteront pas la mort avant d’avoir vu le Royaume de Dieu » (Lc, 9,27).

Paru dans le Bulletin de l’Amitié
de janvier 1966 « Regards sur l’orthodoxie ».
Reproduit dans Contacts, vol. 21 (1969).

Sandro Magister – Une leçon venue de Vienne: comment chanter la messe

12 septembre, 2007

du site:

http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/166922?fr=y

Une leçon venue de Vienne: comment chanter la messe

Dans la capitale de l’Autriche, la polyphonie de Haydn et les antiennes grégoriennes de l’ancien missel ont accompagné la messe du pape, célébrée entièrement avec le « regard tourné vers Dieu ». Un modèle pour les liturgies catholiques de rite latin dans le monde entier

par Sandro Magister

ROMA, le 12 septembre 2007 Dans tout ce qua dit et fait Benoît XVI pendant ses deux voyages de début septembre, à Lorette et en Autriche, il y a deux moments qui sont tout à fait caractéristiques de son pontificat.

Ils concernent tous les deux la visibilité de lEglise, sa capacité de communiquer: à propos non pas delle-même mais des « choses den haut ».

A Lorette, au cours de la veillée du samedi 1er septembre, le pape a montré comment il entend agir pour que le monde. et en particulier le monde des jeunes, puisse le voir et lentendre.

En Autriche, Benoît XVI a fait comprendre, à travers la messe quil a célébrée à la cathédrale de Vienne le dimanche 9 septembre, comment il veut que lEglise apparaisse aux hommes au moment où elle est le plus reconnaissable: la célébration de l’eucharistie.

* * *

A Lorette, la veillée avec trois cent mille jeunes venus d’Italie et du monde entier sest déroulée en deux temps: dans laprès-midi, une phase de réflexion et de prière; dans la soirée, une phase musicale, avec des célébrités de la chanson.

Cette soirée musicale, transmise en direct par la première chaîne de la télévision d’état italienne, était conçue par Bibi Ballandi, manager dartistes célèbres et grand organisateur d’événements télévisuels. Cest lui qui, lors dune soirée semblable au cours du congrès eucharistique international de Bologne, en 1997, avait fait chanter Bob Dylan et Adriano Celentano devant Jean-Paul II, présent sur lestrade pendant toute la durée du spectacle.

Cette fois-ci, à Lorette, il y avait Claudio Baglioni, Lucio Dalla et le groupe rock « Vibrazioni ». Mais le pape n’était pas présent pendant que les chanteurs se produisaient. Il priait, dans le sanctuaire, devant la relique de la Sainte Maison de Nazareth.

Au cours de la soirée, une seule liaison télévisée a montré le pape, pendant quelques minutes. Elle la montré à genoux devant la statue de la Vierge et de lEnfant Jésus, alors quil lisait une prière avec recueillement.

De la part de Joseph Ratzinger, il fallait sy attendre. Dans un texte publié en 1998, il avait manifesté son désaccord avec ce qui s’était passé lannée précédente au congrès eucharistique de Bologne: « Bob Dylan et les autres avaient un message complètement différent de celui sur lequel le pape sengage »; cest pourquoi « on pouvait douter de lopportunité de faire intervenir ce genre de prophètes », porteurs dun message « vieilli et pauvre » si on le compare avec celui qua communiqué le pape.

En revanche, à Lorette, Benoît XVI a participé personnellement, dans laprès-midi, à la rencontre avec les jeunes, organisée par les responsables de la pastorale des jeunes à la conférence épiscopale italienne.

Mais, là encore, il a pris ses distances par rapport au scénario. Dun côté il y avait de jeunes acteurs qui récitaient tour à tour, avec une bonne technique théâtrale mais de manière un peu artificielle, les textes, souvent tirés de la Bible, quavaient choisis les organisateurs. De lautre, il y avait le pape qui écartait les textes préparés pour lui par les services de la curie et répondait aux questions des jeunes avec des mots spontanés, improvisés: ses mots à lui, indiscutablement, mais capables, justement pour cette raison, dentrer dans les cœurs. Pendant quil parlait et disait des choses profondes, importantes, touchantes, le silence et lattention de ses trois cent mille jeunes qui l’écoutaient étaient impressionnants.

En tout cas Benoît XVI ne paraissait pas isolé. Garçons et filles étaient en pleine harmonie avec lui. Ils racontaient leur vie, parfois dramatique, et lui posaient des questions. Près de lui se trouvait le missionnaire Giancarlo Bossi, libéré depuis peu après avoir été séquestré par des islamistes aux Philippines. Le père Bossi a parlé peu et simplement mais ses propos pouvaient faire comprendre à tous ce que signifie être un authentique missionnaire de lEvangile de Jésus et non un assistant social ou un activiste altermondialiste.

* * *

Autre musique à Vienne aussi, au sens propre. Par la messe quil a célébrée à la cathédrale Saint- Etienne le dimanche 9 septembre, Benoît XVI a redonné vie à une tradition musicale et liturgique interrompue depuis plusieurs décennies.

De mémoire d’homme, en effet, la dernière célébration pontificale accompagnée de l’exécution intégrale Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, Agnus Dei dune grand-messe polyphonique remonte à la lointaine année 1963. Cette messe avait été célébrée à Saint-Pierre et le compositeur choisi était Giovanni Pierluigi da Palestrina, chef de file de la polyphonie romaine du XVIe siècle.

Cette fois-ci, la messe était célébrée à Vienne et le compositeur était, à juste titre, l’autrichien Franz Joseph Haydn, avec sa magnifique « Mariazeller Messe » de 1782, pour choeur, soli et orchestre.

Le chant grégorien a également fait une importante réapparition au cours de la messe du pape le 9 septembre. Pendant la communion, le choeur a chanté plusieurs fois l’antienne « Vovete », propre à ce dimanche dans le missel de lancien rite, en alternance avec des versets du psaume 76 chantés eux aussi en latin: « Faites des voeux à l’Éternel, votre Dieu, et accomplissez-les! Que tous ceux qui l’environnent apportent des dons au Dieu terrible! Il abat l’orgueil des princes, Il est redoutable aux rois de la terre ».

Un critique musical aurait totalement approuvé la splendide exécution, dirigée par Markus Landerer, maître de chapelle de la cathédrale di Vienne. Mais il sagissait dune messe et pas dun concert. Et Benoît XVI a donné à ce sujet une leçon très claire, à deux moments de la journée.

Lors de l’Angélus, quelques minutes après la fin de la messe, il a commencé ainsi:

« Célébrer avec vous tous le jour du Seigneur, de manière si digne, dans la magnifique cathédrale Saint-Etienne a été pour moi, ce matin, une expérience particulièrement belle. Le rite eucharistique accompli avec le décorum nécessaire nous aide à prendre conscience de limmensité du don que Dieu nous fait dans la sainte messe. Cest vraiment ainsi que nous nous approchons lun de lautre et que nous ressentons la joie de Dieu. Je suis donc reconnaissant à tous ceux qui, par leur contribution active à la préparation et au déroulement de la liturgie ou par leur participation recueillie aux saints mystères, ont créé une atmosphère dans laquelle la présence de Dieu était vraiment perceptible ».

Et laprès-midi, au monastère de Heiligenkreutz où, chaque jour, 80 moines cisterciens célèbrent l’office divin en pur grégorien et entièrement en latin, il a déclaré:

« Dans la beauté de la liturgie, [...] là où, ensemble, nous chantons, louons, exaltons et adorons Dieu, nous faisons apparaître sur terre un petit morceau du ciel. Il nest pas vraiment téméraire de voir, dans une liturgie totalement centrée sur Dieu, dans les rites et dans les chants, une image de l’éternité. [...] Dans toute forme dengagement pour la liturgie, le critère déterminant doit toujours être le regard vers Dieu. Nous sommes devant Dieu: Il nous parle et nous lui parlons. Là où, quand on réfléchit à la liturgie, on se demande seulement comment la rendre attrayante, intéressante et belle, la partie est déjà perdue. Ou bien elle est opus Dei, oeuvre de Dieu, avec Dieu comme sujet spécifique, ou bien elle ne lest pas. Dans ce contexte, je vous le demande: célébrez la liturgie sacrée en ayant le regard tourné vers Dieu dans la communion des saints, de lEglise vivante de tous les lieux et de tous les temps, pour quelle devienne expression de la beauté et de la sublimité du Dieu ami des hommes ».

Benoît XVI a encore dit aux moines de Heiligenkreutz: « Une liturgie qui oublie de tourner son regard vers Dieu est, par là même, sur le point de disparaître ». Haydn, catholique à la spiritualité profonde, n’était pas loin de cette vision du beau dans la liturgie chrétienne quand il écrivait à la fin de chacune de ses compositions musicales: « Laus Deo », louange à Dieu.

Lorsque, dans le Credo de la « Mariazeller Messe » le soliste entonne l’ »Et incarnatus est » et que, dans le Sanctus, on chante le « Benedictus », des éclairs d’éternité jaillissent vraiment. La grande musique liturgique communique mieux que mille mots le mystère de « celui qui vient au nom du Seigneur », du Verbe qui se fait chair, du pain qui devient le corps du Christ.

La liturgie qui a inspiré à Haydn comme à dautres grands compositeurs chrétiens ces mélodies sublimes, étincelantes de joie théologique, était lancienne liturgie tridentine: tout le contraire de cette « sensation de fermé » auquel certains l’associent. Cest la liturgie que Benoît XVI a voulu préserver dans ses richesses par son motu proprio « Summorum Pontificum », du 7 juillet 2007, à côté du rite moderne quil a utilisé pour la messe de Vienne.

Largement diffusées en mondovision, les messes du pape sont un exemple pour les liturgies de lEglise latine du monde entier.

Celle qui a été célébrée à Vienne du 9 septembre a voulu l’être dune manière particulière. Et Benoît XVI l’a remarqué.

On peut regretter que certaines chaînes de télévision chargées de retransmettre cette messe aient fait disparaître ses particularités. Dans la diffusion en direct par la télévision italienne d’état, par exemple, les mélodies grégoriennes de la communion ont été traitées comme ne méritant pas d’être écoutées, et remplacées par un bavardage sans intérêt sur les prétendues « grandes questions » de lEglise et de l’Autriche.

Au Vatican, l’événement liturgique de Vienne sera suivi rapidement par le remplacement du maître des célébrations liturgiques pontificales. A monseigneur Piero Marini qui prendra la présidence du comité pontifical pour les congrès eucharistiques internationaux succèdera l’actuel maître des cérémonies de l’archidiocèse de Gênes, monseigneur Guido Marini. Il est proche de son prédécesseur par le nom, mais de Benoît XVI sur le fond.

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