Une oeuvre que vous ne croiriez pas si on vous la racontait

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Une oeuvre que vous ne croiriez pas si on vous la racontait

1. C’est sans doute par une disposition spéciale de la Providence, que les deux hommes qui ont le mieux formulé le mystérieux dessein divin concernant les deux familles que Dieu a élues, soient Pierre, l’apôtre des circoncis et Paul, l’apôtre des païens. (Cf. Jr 33, 24; cf. Ga 2, 8)

2. Après avoir mis sur le compte d’une erreur du peuple et de ses chefs la condamnation à mort du Christ, Pierre affirme que Jésus doit rester au ciel jusqu’aux temps de la réalisation finale (litt. : ‘apocatastase’ *) de tout ce que Dieu a dit par la bouche de ses saints prophètes d’autrefois. (Ac 3, 21)

3. Paul, méditant sur l’indicible, expose le mystère de la volonté de Dieu : ce dessein bienveillant qu’Il avait formé en lui, par avance, en vue de la dispensation de la plénitude des temps : tout récapituler dans le Christ, tant ce qui est dans les cieux que ce qui est sur la terre. (Ep 1, 9-10. On remarquera que même les réalités célestes doivent être restaurées, cf. He 9, 23)

4. Dans ces deux textes, nous avons l’expression, normative autant qu’illuminatrice pour notre foi, d’un mystère enveloppé de silence aux siècles éternels, mais aujourd’hui manifesté par des Écritures qui le prédisent. (Rm 16, 25-26).

5. Cette double formulation du mystère que nous sondons ici s’articule autour de deux termes grecs, dont la recherche n’a pas encore perçu le sens exact dans ce contexte, ni les implications pour l’achèvement du dessein de Dieu, par l’établissement de son Royaume sur la terre. Il s’agit des mots «rétablissement» (en grec : apokatastasis *), et «récapitulation» (en grec : anakephalaiôsis). Le premier figure dans un passage, aussi fameux que mal compris jusqu’à ce jour, du discours que Pierre adressait aux Juifs lors de la Pentecôte : « Repentez-vous donc et convertissez-vous, afin que vos péchés soient effacés et qu’ainsi le Seigneur fasse venir le temps du répit. Il enverra alors le Christ qui est chargé de vous, Jésus, celui que le ciel doit garder jusqu’aux temps de l’apocatastase * [1] de tout ce qu’il a énoncé par la bouche de ses saints prophètes d’autrefois ». (Cf. Mt 6, 10 et Ap 5, 10; Ac 3, 21)

6. Au plan théologique de la dispensation du Plan divin de Salut, l’«apocatastase» * est la manifestation soudaine de l’aboutissement de toutes les virtualités incluses dans les promesses de Dieu : « énoncées par la bouche de ses saints prophètes d’autrefois ». (Ac 3, 21)

7. La compréhension du passage de Paul, cité plus haut (voir 5.), a souffert du même handicap que celle du texte de Pierre, que nous avons tenté d’éclairer. Que veut dire l’Apôtre lorsqu’il affirme que le dessein de Dieu est de tout ‘récapituler’ dans le Christ ? De quelle nature peut bien être la ‘récapitulation’ dont il parle? Le verbe anakephalaioomai signifie littéralement ‘reprendre depuis le début’, ‘récapituler de façon condensée’. En rhétorique, il connote un résumé. L’emploi du même terme, dans un autre passage de Paul, nous aidera à mieux en cerner le sens : En effet, le précepte : Tu ne commettras pas d’adultère, tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne convoiteras pas, et tous les autres se résument (anakephalaiountai) en cette formule : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. (Ep 1, 10; Rm 13, 9).

8. On l’aura remarqué : le même mot grec, que plusieurs versions françaises rendent par ‘se résumer’, est traduit, dans l’autre passage de Paul, par ‘récapituler’ (voire ‘restaurer’, ce qui est inexact). La réponse de Jésus, dans un contexte parallèle, éclaire le caractère prégnant d’essentialité connotée par ce terme : A ces deux commandements (aimer Dieu et son prochain) se rattachent (litt. : ‘sont suspendus’) toute la Loi et les Prophètes. (Mt 22, 40).

9. La ‘récapitulation’ dont il est question, tant chez Paul que chez les Pères de l’Église – qui la lui ont d’ailleurs empruntée -, connote une opération complexe de concentration, d’intégration et d’extension. Lors du surgissement de l’événement christique, tout s’est passé comme si, tel un génial généticien, Dieu était intervenu sur le génome d’une humanité, mue à son insu par le programme chromosomique scripturaire qui sous-tend et conditionne sa croissance et son accomplissement historiques, encore chaotiques et illisibles à nos yeux, parce que les événements annoncés par l’Ecriture ne sont pas parvenus à la plénitude de leurs virtualités. (Cf. Ep 1, 10).

10. L’incarnation du Christ a été le début d’un véritable processus de ‘grossesse messianique’. Depuis, la création toute entière est comme prégnante de cette effusion du divin dans la matrice de l’histoire. Ce processus rénovateur et salvifique va inexorablement à son terme. Il est à l’œuvre, non seulement chez ceux qui en sont conscients ou y collaborent dans la mesure de leurs forces, mais également chez ceux qui l’ignorent, le nient, ou le combattent par tous les moyens. (Le thème de ‘l’accouchement messianique’, déjà présent dans l’AT (cf. Is 66, 7 ss., se retrouve dans le NT, cf. Mt 24, 8 = Mc 13, 8; Jn 16, 21 ss., etc.).

11. Peut-être est-ce là le sens de la mystérieuse geste de la Femme, que nous décrit l’Apocalypse, enceinte et criant dans les douleurs et le travail de l’enfantement. En tout état de cause, c’est cette image de grossesse, déjà utilisée par Isaïe, qu’utilise Jésus, en parlant de la fin des temps comme du commencement des douleurs de l’enfantement. Quant à Paul, il donne à cet événement des proportions cosmiques : « Nous le savons, en effet, toute la création, jusqu’à ce jour, gémit en travail d’enfantement. » Le judaïsme rabbinique, quant à lui, emploie la même symbolique pour caractériser les souffrances, mais aussi l’heureuse issue de l’avènement des temps messianiques, en utilisant, à leur propos, l’expression de heveleï mashiah : les douleurs de l’enfantement du Messie. (Cf. Ap 12, 2; Mt 24, 8; Is 26, 17; Mc 13, 8; Rm 8, 22. Pour la littérature rabbinique, voir, p. ex. : Netsah yisrael, chap. 36, p. 161).

12. Une grossesse finit toujours par arriver à son terme. Pourtant, durant des mois, ni la future mère ni ses proches ne s’en formalisent outre mesure. L’issue n’en est-elle pas, a priori, heureuse? Pourquoi s’inquiéter? Mais s’il est avéré que l’accouchement sera difficile, voire dangereux, se peut-il qu’on ignore l’avertissement et qu’on omette de prendre toutes les dispositions pour préserver la vie de la mère et celle de l’enfant? Et pourtant, c’est bien ainsi qu’agissent les chrétiens en ne prenant pas au sérieux les mises en garde dramatiques du Christ qui, lui aussi, comparait la venue des temps messianiques à un accouchement : « La femme sur le point d’enfanter s’attriste parce que son heure est venue. Mais, lorsqu’elle a donné le jour à l’enfant, elle ne se souvient plus des douleurs, dans la joie qu’un homme soit venu au monde. » (Jn 16, 21).

13. Jésus a multiplié les paraboles et les avertissements pour prévenir ceux qui ont cru en Lui de ce que la Fin des Temps serait une époque troublée. Il a mis en garde contre les faux prophètes et les faux messies. Mais Il a aussi donné des signes positifs, tel, surtout, celui du figuier, qui sera traité ailleurs. Mais voici une objection sérieuse. Au prophète Daniel, qui voulait connaître les circonstances futures (ou ultimes, hébreu : aharit) des événements eschatologiques que l’ange lui avait partiellement dévoilés, ce dernier répondit : « Ces paroles sont closes et scellées jusqu’au temps de la Fin. » (Mt 24, 24 = Mc 13, 22; Mt 24, 32; Dn 12, 8-9).

14. S’il convient de se garder des spéculations futiles sur l’eschatologie, faut-il, pour autant, ignorer l’interpellation d’événements révélateurs? Ce serait tomber sous le coup du reproche que Jésus adressait à ses contemporains, insensibles aux signes des temps, alors qu’ils s’avéraient capables d’interpréter les phénomènes météorologiques. Comment, en effet, ne pas voir, dans le retour contemporain d’une grande partie du Peuple juif sur sa terre ancestrale, un ‘signe’, au sens scripturaire du terme ? C’est bien ainsi que le perçoivent un certain nombre de chrétiens. Mais beaucoup d’autres refusent en bloc cette lecture, qualifiée de fondamentaliste, pour diverses raisons qui ne sont pas toujours droites. Et il ne suffit pas, pour écarter cette interprétation, de se prévaloir de l’argument, classique et confortable, selon lequel aucun texte scripturaire n’étant probant en la matière, il est plus sage de ne pas prendre position. (Mt 16, 3).

15. Il faut n’avoir jamais lu les Écritures, ou pécher contre l’Esprit, pour affirmer, sans hésitation, comme le font nombre de chrétiens et de théologiens, que toutes les prophéties sont accomplies et que celles qui ne le sont pas sont à comprendre «au sens spirituel», ou n’ont aucun caractère d’annonce d’événements futurs. De même, prétendre que les passages eschatologiques de l’Ecriture sont allégoriques * ou symboliques, c’est prendre et faire courir à d’autres un risque spirituel considérable. Et ceux qui professent ou adoptent ces conceptions risquent de ne pas discerner les signes du Messie et de s’entendre dire par Celui qui vient comme un voleur : Dès que le maître de maison se sera levé et aura fermé la porte, et que, restés dehors, vous vous serez mis à frapper à la porte, en disant : Seigneur, ouvre-nous, il vous répondra: Je ne sais d’où vous êtes. (Lc 13, 25; Cf. 1 Th 5, 2.4; 2 P 3, 10; Ap 3, 3; Ap 16, 15).

16. Il est – Dieu merci! – des fidèles qui, espérant avoir, eux aussi, l’Esprit de Dieu, voient la main du Seigneur dans le retour progressif du peuple juif dans sa terre, après la plus grande hécatombe de son histoire. Mieux, la contradiction qu’il ne cesse de susciter parmi les nations, en étant prétexte au bavardage et au commérage des gens, leur apparaît comme la preuve a contrario de sa vocation messianique. (Cf. 1 Co 7, 40); Ez 36, 3ss).

17. Ce retour progressif, des prophètes l’ont annoncé. Témoin, Ézéchiel : Ainsi parle le SEIGNEUR Dieu : Voici que je parle dans ma jalousie et ma fureur : puisque vous subissez l’insulte des nations… je lève la main, je le jure, les nations qui vous entourent subiront elles-mêmes leur insulte. Et vous, montagnes d’Israël, vous allez donner vos branches et porter vos fruits pour mon peuple Israël, car il est près de revenir. (Ez 36, 6-8).

18. Témoin encore, Jérémie : Je vous prendrai, un d’une ville, deux d’une famille, pour vous amener à Sion. Je vous donnerai des pasteurs selon mon cœur, qui vous paîtront avec intelligence et prudence. Et quand vous vous serez multipliés et que vous aurez fructifié dans le pays, en ces jours-là, on appellera Jérusalem Trône du SEIGNEUR. Toutes les nations convergeront vers elle, vers le nom du SEIGNEUR, à Jérusalem, et elles ne suivront plus l’obstination de leur cœur mauvais. En ces jours-là, la maison de Juda ira vers la maison d’Israël. Ensemble, elles viendront du pays du Nord, vers le pays que j’ai donné en héritage à vos pères. (Jr 3, 14-18).

19. Et c’est sans doute à l’attention des aveugles que nous sommes, incapables de discerner ce temps-ci, que Habaquq a prononcé cet oracle : Voici que j’accomplis, de vos jours, une œuvre que vous ne croiriez pas si quelqu’un la racontait! (Ha 1, 5 = Ac 13, 41).

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