SAINT AUGUSTIN – LES CONFESSIONS – CHANGEMENT PRODUIT DANS L’AME D’AUGUSTIN

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SAINT AUGUSTIN  – LES CONFESSIONS 

LIVRE DIXIÈME.

CHANGEMENT PRODUIT DANS L’AME D’AUGUSTIN

CHAPITRE PREMIER.

ÉLÉVATION.1. Que je vous connaisse, intime connaisseur de l’homme! que je vous connaisse comme vous me connaissez ( I Cor. XIII, 12)! Force de mon âme, pénétrez-la, transformez-la, pour qu’elle soit vôtre et par vous possédée sans tache et sans ride (Ephés. V, 27)! C’est là tout mon espoir, toute ma parole! Ma joie est dans cet espoir lorsqu’elle n’est pas insensée. Quant au reste des choses de cette vie, moins elles valent de larmes, plus on leur en donne; plus elles sont déplorables, moins on les pleure ! Mais, vous l’avez dit, vous aimez la vérité, Seigneur (Ps, L, 8); et celui qui l’accomplit vient à la lumière (Jean, III, 21): qu’elle soit donc dans mon coeur qui se confesse à vous, qu’elle soit dans cet écrit qui me confesse à tous!CHAPITRE II.

CONFESSION DU COEUR.

2. Et quand même je vous fermerais mon coeur, que pourrais-je vous dérober? Vos yeux, Seigneur, ne voient-ils pas à nu l’abîme de la conscience humaine? C’est vous que je cacherais â moi-même, sans me cacher à vous. Et maintenant que mes gémissements témoignent que je me suis en dégoût, voilà qu’aimable et glorieux vous attirez mon coeur et mes désirs, afin que je rougisse de moi, que je me rejette et vous élise; afin que je ne trouve grâce devant moi-même, comme devant vous, que grâce à vous. Quel que j e sois, vous me connaissez donc toujours, Seigneur; et j’ai dit cependant quel fruit je recueillais de ma confession. Je vous la fais, non de la bouche et de la voix, mais en paroles de l’âme, en cris de la pensée qu’entend votre oreille. En effet, suis-je mauvais, c’est me confesser à vous que de me déplaire à moi-même; suis-je pieux, c’est me confesser à vous que de ne pas m’attribuer les bons élans de mon âme. Car c’est vous, mon Dieu! qui bénissez le juste ( Ps. V, 13), mais vous l’avez d’abord justifié comme pé

cheur ( Rom. IV, 5).

Ma confession en votre présence, Seigneur, est donc explicite et tacite: silence des lèvres, cris d’amour! Que dis-je de bon aux hommes que vous n’ayez d’abord entendu au fond de moi-même, et que pouvez-vous entendre de tel en moi-même que vous ne m’ayez dit d’abord?

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