la suite de le passage du livre de Lustiger posté hier
je continue où j’ai laissé hier la lecture du livre « Le choix de Dieu », e reporte seul les deux pages suivantes au but de finir le discours entreprise, page 595:
D.W. – Qu’en est- il de l’histoire humaine? Dieu fait l’histoire, sait l’histoire, voit l’histoire des hommes?
J.M.L. – C’est un difficile problème à maîtriser en peu de mots, parce qu’il sous-entend le rapport de la volonté divine et de la liberté des hommes. Les représentations trop simplistes consistent à s’imaginer les hommes comme marionnettes dont Dieu tirerait les ficelles. Une autre vision, non moins simpliste, consiste à se représenter un principe tellement transcendant qu’il est absent, c’est-à-dire qu’il ne s’occupe de rien. Ecartez ces deux caricature de la contingence des libertés humaines et de l’absolu de la liberté divine, du temps et de l’éternité, et vous découvrirez la position intuitive du croyant. Le croyant « sait » qu’il a reçu sa liberté de Dieu et que le champ de l’expérience humaine est un lieu de liberté; il « sait » que sa liberté se déploie avec d’autant plus de puissance qu’il entre dans une plus grande soumission à Dieu. C’est une affirmation paradoxale: Dieu agit d’autant plus qu’il donne à l’homme une plus grande et souveraine liberté d’agir. Loin de se présenter comme deux entités antinomiques et contradictoires, exclusives l’une de l’autre, la liberté de l’homme se reçoit de la liberté de Dieu. Alors, « Dieu sait » et « Dieu voit »? Oui, ce sont des paroles de l’Ecriture qu’il faut garder et que qui sont d’une puissante consolation, d’une grande force! « Dieu sait », oui, Dieu sait même ce que l’homme ne sait pas, et Dieu voit ce qui échappe au regard des hommes. Cette référence à l’Alliance est une fantastique source de liberté.
D.W. – Ce que vous appelez liberté n’est en général pas vécu comme cela.
J.M.L. – Je pense à cette phrase de Victor Hugo : » l’œil était dans la tombe et regardait Caïn » C’est une très belle phrase; elle a pourtant le défaut de transporter dans le registre de la culpabilité le regard paternel de Dieu. C’est donc en contresens, car la culpabilité exprime précisément l’absence de liberté de l’homme pécher.
D.W. – Voulez-vous dire que la liberté, c’est de se savoir pécheur?
J.M.L. – La liberté, c’est de se savoir pécheur pardonné, alors que la culpabilité, c’est finalement le refus de reconnaître et le péché er le pardon; elle fait de Dieu l’image de son propre tourment. « L’œil était dans la tombe et regardait Caïn. » Ce qui regardait Caïn, suivant le poète, c’était son crime, sa culpabilité, ce n’était pas le pardon! Et l’œil était « dans la tombe »! Cette phrase est admirable, mais elle est fausse, car Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants.
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